Les couloirs comme gigantesques piliers s’élevaient de leurs hautes colonnes en marbre. Polies était cette matière noble où le monstre de ses arachnéennes phalanges épousait ces rayures solennelles. Régnait dans l’air, dans cette atmosphère putride le céleste paradis où les corps dépravés dans des draps de satin dansaient goutant la gourmandise d’une chaire parfumée de délices infantiles, d’une peau soyeuse, lisse comme la surface d’une eau pure. Calme dans ce lieu lointain, calme dans ce lieu débauché, les sous-sols du palais telle les cachettes surnaturelles d’un être se mariant à l’obscurité dans une sombre mélodie palpitant les souvenirs, il marchait trouvant repos et tranquillité dans cet endroit maudis. Respirant cet oxygène putride possédant ses poumons et son odorat surdéveloppé, la créature mythique visage d’ange et âme disgracieuse sombra dans l’univers doux d’une petite mort déjà vécue, déjà donnée par la main de son créateur. Nul son dans les prémices d’horreur luxuriante à venir, il marchait apaisé et la silhouette tranquille cet homme diabolique, sourire à ses lèvres abjectes que le démon cachait ses plus noires pensées dans des paroles mielleuses trompant ses proches avec cette lueur étrangère dans ses yeux de braises. Souhaitant le repos du juste dans son lit vermeil, voulant la pérennité d’une vie sereine, il avait l’habitude pauvre être désincarné de franchir ces hautes bâtisses faites de briques, infranchissables pour ceux que l’on appelait moins que rien que des esclaves voguant à des occupations indignes d’être vue par ce qu’il était lui : un vampire. Dracula l’ancêtre peut-être de ces divinités prit en son sein le diable, Satan sous ses airs angéliques tendit la main à l’homme damné le maudissant de sa force infernale. Et, comme les insectes se multipliant les secondes égrenées dans un souffle d’hiver impartial, les vampires virent le jour dans l’air pourri de la gueule béante du malin, son haleine nauséabond sur les mortels pauvres choses éphémères ! Stepan l’ange noir de ses cauchemars que les innocents faisaient voyant surgir devant l’ombre d’une silhouette, on aurait dit le monstre ses canines dévoilées et le sang glissant sur l’émail de dents rougeoyante. Le sifflement ténu tel la douce rythmique d’un danger approchant mais joyeux, l’oiseau chantant sur son perchoir, il croisa sur son chemin la divine, son âme, sa cantatrice hurlant sa détresse. Révélation soudaine de morts pointant du doigt l’assassin et les brumes opaques s’élargissant devant ses iris oxydés, il vit. Il vit la femme et l’enfant serrés pour les derniers quarts d’heure, une seconde de vie volée avant que le coup ne s’abattit. Il vit l’incendie embraser de ses flammes léchant le sol de sa rage incandescente, les hommes brulant, cadavres calcinés sous la folie d’un seul… Sous la folie d’Alexej le démon à la face angélique. Terreurs de ces songes où l’homme s’égaie d’une symphonie, sa paume sur la surface rugueuse du mur de brique, sous ses pieds les détritus, la poussière le noyant dans les affres de son esprit torturé.

Mais sa romantique, fleur dans ses cheveux soyeux et yeux deux perles nacrées apparut au détour d’un couloir, le mouvement des ombrages tout autour de lui valsaient de leur ironie précocité vaine de moquerie, Stepan gardait le sommeil enneigé dans les gouffres de son labeur. Il attrapa son délice et, la retourna découvrant comme la première fois son visage angélique où les rayons d’un soleil inexistant sur sa peau diaphane dessinaient des arabesques joviales sur ses pommettes de jeune fille. Ses courbes appels à la tentation profonde d’un paradis terrestre sur la terre des saints, les apôtres même ne résisteraient pas à cette convocation. Convocation à la luxure. Convocation au plaisir des cieux, brisées les lois divines pour un peu d’envie, un peu de chaleur sous les astres de Satan. Il se leva au zénith le désir puissamment les brandons galopant dans ses veines, il se sentait revivre sous le coup d’une émotion passionnée. Ses reins ardents par la souveraine de son cœur désuet et la glace fondit sous le contrechoc de l’aurore. Lui prenant sa main délicatesse féminine, il la porta à ses lèvres rêches d’un homme desséché sous le poids d’une envie profonde de chair s’entremêlant sous les couvertures de soie, une intimité où l’au-delà s’ouvrirait pour ces deux âmes peinées. « Entends-tu le bruit de mon cœur battre à la volée lorsque toi, beauté divine, tu apparais, ton visage souriant la joie de vivre et l’innocence enfantine ? Vois-tu les étendards enflammer mon corps, mes reins, mon torse sous ton joug de femme ? ». Les cupidons ailés de noir sur un nuage de soufre de leurs flèches avaient percé cet organe l’empoisonnant d’une maladie : l’amour. L’amour et l’attrait incendié en éclat voltigeant les ruines d’une méchanceté lorsqu’il la voyait sa dulcinée, son amante ensorcelée. « Viens avec moi tester le bruit du plaisir dansant dans un chambre lointaine ! ». Et chaque jour, chaque heure de cette nébulosité, le monstre emmenait sa princesse pour des plaisirs partagés.

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