De son premier nom Gabrielle Hélène Victoire Perle, la femme que vous avez sous les yeux aujourd'hui est sortie de nul part.

Née en l'an 1835 à Paris, Gabrielle est une enfant choyée par ses parents. Ils vivent modestement dans un petite appartement au rez de chaussée d'une école pour garçons. Hélène, sa mère travaille en tant que gardienne dans l'établissement ce qui lui donne droit à ce logement de fonction. Louis, son père, travaille sur le chemin de fer de la ville.
La petite Gaby est donc élevée dans un environnement huppé et fréquenté par des enfants bourgeois.
En grandissant, le décalage naturel des classes sociales apparaît entre Gabrielle et les élèves. La petite fille était seule et isolée face à des bandes d'enfants pourris gâtés, et indubitablement, des tensions se formèrent très rapidement. Elle était leur souffre douleur, et leur passe temps préféré. Mais malgré cela, elle se défendait admirablement. Le directeur vint même se plaindre à sa mère du comportement de l'enfant qui avait blessé quelques uns de ses précieux élèves.
Ses problèmes de comportement continuèrent jusqu'à ce sa mère l'enferme dans le placard à balais de la loge pour lui remettre les idées en place. A la suite de cette punition, Gabrielle se fit plus discrète et commença à s'intéresser aux études, elle avait appris à lire grâce à sa mère mais n'aimait pas lire avant qu'elle ne découvre la bibliothèque de l'école. C'était un jour où elle accompagnait sa mère pour nettoyer l'établissement. Après cela, elle y passait toujours un peu de temps le week-end.
Bien sûr, quelques élèves l'embêtait toujours et ce n'était pas une vie confortable, mais on s'y faisait.

Quelques années plus tard, son père se retrouva au chômage, il lui fût impossible de retrouver un travail. Déprimé, il sombra dans l'alcoolisme. Il passait son temps dans les bars de soudards, le salaire de la mère ne suffit bientôt plus à payer ses consommations et à nourrir la famille.
Une chose entraînant une autre, le chômeur finit par battre sa femme. Ce ne fût qu'une fois passé la douzaine d'année que Gabrielle se révolta contre son père. Elle poussa sa mère à fuir la loge exiguë, ce ne fut pas facile, autant physiquement que mentalement.
Il fallait avoir des fonds pour survivre sans travail et sans habitations, et surtout, renoncer à l'idée d'un foyer et d'un père ayant été aimant....Mais au final, la fuite eu lieu. Gabrielle et sa mère prirent le train à l'aube, en direction de la Provence. Enfin elles étaient libres, pourrait on dire. Malheureusement, les démons du passé les rattrapèrent, traumatisée par la conduite de son mari, la mère de Gabrielle sauta du train en marche.
C'est certainement à ce moment là que la sociopathie marquée de la jeune fille se développa.

Arrivée au terminus du train, elle n'avait ni de quoi manger, ni de quoi se loger.
Elle se faufila dans une boulangerie et vola du pain de la veille. On ne la remarqua pas, avec un fichu dissimulant ses boucles blondes, on la prenait sans difficulté pour un jeune mendiant. La première nuit, elle dormit sous un pont, mais le froid et l'humidité la firent tomber malade. Le vol devint rapidement son seul moyen de survie. Mais elle n'était pas la seule à avoir besoin de se nourrir. Des rixes éclataient souvent entre les mendiants des ponts, et au cours d'elle, Gabrielle tua un adolescent à peine plus vieux qu'elle en lui frappant une pierre sur la tête. L'indigent avait voulu lui prendre le butin qu'elle avait durement acquis au cours de la journée.
Mais c'est en mendiant pour sa survie qu'elle finit par être sauvée. Elle se fit ramasser par une prostituée. Cette dernière l'emmena dans sa maison close où elle fut présentée à la Madame. Gabrielle changea de prénom et de nom à ce moment là, elle ne voulait plus utiliser son prénom, et modifia le prénom de sa mère. Ellana Pearl était née. La Madame lui prédit un bel avenir dans la maison close, elle était belle, mais elle fut jugée légèrement trop jeune pour travailler en tant que "fille" pour le moment. Ellana travailla donc comme fille à tout faire pendant toute son adolescence. Jusqu'à ce qu'elle soit âgée pour être présentée en tant qu'assistante aux clients.
Elle plaisait, c'était certain... Durant ces années, on lui appris toutes les ficelles pour plaire aux hommes. Mais jamais elle ne se laissa prendre par ses clients. Pourquoi ? A quoi bon être une prostituée si on ne fait pas son boulot correctement... Tout simplement parce que Ellana avait un don pour cela, séduire et satisfaire sans donner trop. Bientôt, elle fut le fruit défendu de ses messieurs.
Là encore, elle tua. Deux fois. Le premier était un client qui lui avait manqué de respect en la traitant de putain. Et le second avait essayé de la violer. Hormis ces malheureux incidents, Ellana s'épanouissait dans toute sa splendeur.
Elle se fit même un nom dans le métier, sous la protection d'un riche mécène de l'art, en tant que Dame Perle, sa renommée était telle que la Madame l'envoya dans la capitale. Elle intégra une Maison connue pour ses filles particulières. Les clients étaient moindres puisqu'elle était nouvelle à Paris, mais quelques fidèles vinrent lui rendre visite, faisant courir du bruit sur sa beauté. Et c'est avec cette aide que Ellana surmonta les langues de vipère parisiennes. Comme toutes les rumeurs, celles-ci furent vite connues de tout Paris, et un soir, un client un peu particulier se présenta, il était beau mais étrangement, ne demanda pas de fille, il resta à les observer toutes, durant la totalité de la nuit. Ce fut quelques nuits plus tard qu'une rencontre indésirable se fit.
La Maison venait juste d'ouvrir, et les clients étaient encore peu nombreux. Un homme demanda la dame Perle pour la nuit et tout naturellement, il fut conduit jusqu'à Ellana après avoir largement payé le prix.
Quand la jeune femme le vit, lui, elle resta figée, immobile jusqu'à ce qu'il s'avance vers elle et lui empoigne l'arrière de la nuque. Il lui projeta la tête contre le mur en hurlant : "Sale petite pute ! Tu oses revenir ici ! T'as oublié ? Tu l'as tuée avec tes putains de caprices, tu veux que ça se reproduise ? Tu crois ça ? Tu crois que tu peux t'en sortir avec une baffe sur la tête dès que tu fais une connerie ?"
Son père. Jamais elle n'avait oublié son visage. Elle n'émit aucun remords, aucun sentiment. Sa mère l'avait abandonnée elle aussi. Elle s'était tuée au lieu de vivre avec elle. Devant son manque de réaction, la fureur de son père s'amplifia et il redoubla ses assauts, la rouant de coups incessants. Sa vision se troubla. Était-ce du sang ? Perdait-elle connaissance ? Le goût du sang envahit sa bouche. Elle porta machinalement sa main à sa lèvre, la découvrant tachée de sang. Puis la douleur devint un lointain souvenir. La scène se déroulait sous ses yeux, comme un film au ralenti. Un coup, puis un autre, ce ballet semblait interminable.
Et soudain tout s'arrêta. Un effort inconnu lui fit relever les yeux. Il n'était plus là. Plus devant elle en tout cas. Elle bascula en avant, tomba du lit d'hôtesse et le vit. Au sol, baignant dans son sang.
Un sourire sadique s'étira sur son visage, elle s'amusait de le voir éclater par terre, sans savoir comment il était parvenu là.
Une paire de jambes apparut devant ses yeux, son regard remonta vers leur propriétaire. C'était l'homme étrange venu quelques jours plutôt. La dernière chose qu'elle vit, fut des dents acérées descendant dans la bouche de l'homme. Elle sombra dans le néant quand il plongea ces étranges dents dans son cou.

Heartkiller. Son nouveau lieu de résidence. Plus d'un siècle avait passé depuis son arrivée sur l'île vampire. Comment avait elle ressenti le fait d'être une monstre à crocs ? Ce n'était qu'un détail. Un merveilleux détail. Aucun regret de sa condition d'humaine fragile et pathétique ne l'habitait. Elle embrassait sa vie. La nuit lui convenait, elle était faite pour elle. La noirceur qu'elle possédait au fond de ce qui lui servait de cœur... Cette ombre âcre et perfide, jouait de l'étendue du crépuscule comme l'enfant s'amuse de son jouet.
Et puis, il y avait son maître. Eleazar Bridgestone. Quand elle s'était réveillée, elle se trouvait dans une petite remise, peu meublée. Sur elle, pas de traces de blessures ou de sang. On vint la chercher. Des couloirs et des pièces défilèrent jusqu'à cette chambre. Une fois qu'elle le vit, son regard ne se détacha pas de lui.

Elle avait vu beaucoup d'homme dans sa vie, mais aucun n'était aussi beau. Aucun ne l'avait attirée à ce point, et jamais elle n'avait voulu appartenir à personne avant lui. Ellana fut formée, conditionnée et entrainée à son statut de succube. Puis Eleazar choisit de la garder auprès de lui au plus grand désir de la succube. Aidée de son métier original et de son talent naturel au charme, elle ramena de nombreuses proies de choix au château au fil des ans et vit plusieurs esclaves et jeunes vampires être violées puis tuées par son maître, quelques rescapées furent vendues ou reléguées à des tâches médiocres. Ellana s'occupa souvent de se débarrasser des corps ou de vendre les inutiles. Mais jamais elle n'eut peur d'en faire partie. La seule chose qui l'effrayait était de ne plus satisfaire Eleazar. Et ce fut également une des raisons pour laquelle elle choisit de rester vierge.

Son surnom de Dame Perle la suivit durant toutes ces années, être la succube du Prince royale lui octroya vite une réputation qui fit le tour du palais. Sans compter que ses chasses étaient toujours fructueuses et utiles. Mais mis à part cela, Ellana désirait réellement passé plus de temps au palais, dans la proximité de son Dieu, certes, la chasse était amusante mais être totalement dévouée à Eleazar était plus extatique.
Le Prince entrainait les nouveaux incubes et succubes du château, les préparant au mieux pour leur rôle. Ellana avait déjà fait montre de ces dons à d'innombrables reprises, son charme et sa beauté était indubitable et ceci la rendit apte aux yeux de son maître vénéré, à former avec lui une partie des succubes et des incubes. Bien entendu, travail oblige, il fallait leur apprendre à charmer, mais pas un seul de ses "élèves" ne réussit à la faire succomber. L'inverse se produisait beaucoup plus fréquemment, et cette difficulté lui valut un surnom prestigieux donné par les incubes et succubes qu'elle formait, un surnom qui bien vite se répandit dans le palais et chatouilla les oreilles de certains, Guérilla.

Ellana était plombée de difficultés à surmonter si on voulait l'avoir. Décalage entre sa beauté et son caractère compliqué, allégeance suprême et ancienne prostituée, succube vierge, dans son esprit même se trouvait une véritable guerre civile entre norme et folie. Malgré ses pulsions sociopathes et meurtrières, beaucoup plus fréquentes après sa transformation, Ellana possédait un véritable côté enfantin, elle était sexy et belle mais semblait très jeune par moments. Tout comme son côté enfantin, sa maturité faisait quelques fois des bons en avant, et elle se révélait être totalement espiègle et tentatrice incarnée dans ces moments là. Mais ne cherchez pas trop à la comprendre, elle n'ouvre réellement ses secrets qu'au détenteur de son âme, j'ai nommé, Eleazar.

La dame perle, même si elle n'avait de dame, que la virginité, sert de toute son âme le Prince des Mers. Sa loyauté ne se rapporte qu'à lui et à lui seul, ses désirs sont des ordres pour lesquels il faut tout mettre en œuvre. A tendance sociopathe, n'ont d’intérêt pour elle que ce qui l'amuse et la distrait hormis son maître.
Après tout, Eleazar a fait d'elle ce qu'il voulait, et Ellana veut ce qu'il désire, même si pour cela, elle devra se damner.