« Tait toi idiote ! » On entendit alors un grand vacarme dans l’arrière bar, puis une charge moyenne tomba violemment à-même le sol. Des gémissements retentirent.   « Te faire sauter pour quelques pièces, voilà à quoi tu es bonne ma minette ! » Puis des coups de pieds d’un acharnement rare. Naëlle était là, ensanglantée au sol n’ayant plus que ses yeux pour pleurer, et sa voix pour crier. Même si cela ne servait à rien, elle savait au fond d’elle que cette nuit serait très certainement la dernière. Naëlle n’était pas la première danseuse érotique à refuser de passer sous le bureau pour avoir une augmentation des plus minimes, et évidemment elle n’aurait pas était la seule à être passée à tabac. « Abrutis. » Calme, du moins elle essayer de l’être pour ne pas l’énerver d’avantage. Ça ne servirait à rien, sauf à mettre sa vie en péril plus qu’elle ne l’est déjà. « Par-pardon ? J’ai mal entendue ta petite voix de salope ambulante. » Voilà à quoi elle était réduite, à être traitée comme de vulgaire salope de salon. Le métier de Naëlle ne consistait en rien à se faire « sauter » pour ne pas récolter un centimes, loin de là d’ailleurs ! Non non, son métier à la jeune minette était plus beau que ça, plus … artistique. En effet, Naëlle est danseuse érotique, c’est-à-dire qu’elle se trémousse pour le plaisir des yeux. Aucun toucher. On ne touche simplement qu’avec les yeux, et encore de pas trop près sinon messieurs les vigils pour jettent dehors assez rapidement. La jeune femme se redresse légèrement sur la paume de ses mains, tenant avec difficulté dans cette position-là. « Je le répète, t’es qu’un abruti fini à l’urine. » L’urine était encore bien trop gentille. M’enfin, les coups reçus à la tête et un peu partout sur son corps commençaient légèrement à se faire sentir sur sa façon de parler, et de se tenir. Se lever était impensable, n’avoir aucun appuie sur ses mains, et encore moins sur ses pieds c’est embêtant pour tenter de fuir. Naëlle suffoquait et recracher des glaires de sang à en avoir la nausée. Cependant, traiter d’abruti son patron alors que vous êtes vous-même en mauvaise posture n’arrange rien du tout, au contraire. La victime n’eut même pas le temps de lever les yeux vers son agresseur, que sa tête fut aussitôt attirée par le sol, allant embrasser de près ce dernier. A l’agonie. « Tu vas crever comme une vulgaire chienne Naëlle. Je ne te demandais pas grand-chose. Tu aurais dû réfléchir à deux fois avant de parler. » Il n’avait peut-être pas tort. Elle allait sans doute mourir cette nuit, seule, dans le sang et la boue dans une ruelle sombre et peu fréquentée. Comme un chien qu’on aimerait voir sous les roues d’un véhicule. Entre la vie et la mort, Naëlle n’avait pas encore totalement perdue la tête, au point qu’elle puisse lever les yeux vers le ciel, se tenant sur le dos une main le long de son corps, l’autre sur sa poitrine. Puis, tout en fermant doucement les yeux, se laissant presque bercer par l’horloge qui sonnait à ce-moment-là, Naëlle fût réveillée par un parfait inconnu, qui sans même chercher à savoir qui elle était, la porta tel un héros dans ses bras. Elle ne pouvait pas réellement parler, pas correctement du moins. « Une si jolie fille, dans si mauvais état. Quel triste gâchis. » Naëlle ne comprenait pas vraiment la situation, et ne savais pas non plus qui était son sauveur. « Je t’explique rapidement  la situation jolie chose. Tu es sur le point de mourir, cependant je peux t’offrir quelque chose que personne d’autre ne pourra te donner. Tu ne souffriras pas. Ou du moins... pas autant que toutes tes blessures subies à cet instant. » Naëlle hocha avec difficulté la tête, tout en se tenant tant bien que mal à lui, ne voulant pas paraitre trop faiblarde non plus. « Laisse toi faire. L’immortalité sera à toi, et ton corps m’appartiendra. » Elle ne voulait pas mourir. Pas maintenant, pas dans des conditions pareils. Non, elle ne voulait pas. Lui appartenir ? Après tout, il allait lui offrir « l’éternité », elle pouvait bien faire ça pour lui. Pour le remercier, non ?

Les années passèrent et Naëlle apprit à connaître mieux que quiconque Samaël. En effet, étant devenue sa succube par excellence, elle se devait de charmer les plus belles proies pour le bon plaisir de son maître. « Samaël ! Je suis rentrée ! » Tout en se lovant dans les bras de ce dernier, la jeune demoiselle ne cessait de penser à ce qu’elle lui devait. La vie.