Aaron & Elikan

Aujourd'hui Elikan bénéficiait d'une journée de repos bien méritée. Il était en permission pour 24H comme on pouvait le dire. Autant avouer qu'il comptait en profiter et penser à lui. Voir sa sœur ? Non cette dernière était bien trop occupée avec la préparation de son mariage, et il ne voulait pas lui mettre plus de pression encore. Même si il ne se doutait pas que cette journée allait être tout simplement magnifique, il préférait lui laisser le temps libre pour penser à elle et son homme. Voir des amis ? Le jeune soldat n'en avait pas beaucoup et c'était peu dire, son caractère réservé lui permettait de ne pas trop s'attacher pour ne pas souffrir. Une façon comme une autre de se protéger, pas la meilleure certes car parfois il se sentait un peu perdu et seul, mais au fond il était heureux de sa condition. Peu d'amis, mais des gens précieux sur qui il pouvait compter quand il avait besoin. Alors pour son programme aujourd'hui l'idée de se promener lui sembla alléchante. Mais où ? Dans le palais ? Non il le connaissait comme sa poche et ne voulait pas avoir l'impression de travailler.

Les jardin lui donnèrent envie. Cet endroit magnifique gardé par la reine blanche Maëlyss, un lieu où peu de personne osaient s'aventurer. Il était formellement interdit de prendre une fleur ou d’abîmer les plantes, la sœur Bridgestone veillait à son jardin personnel comme à ses yeux ! En pleine belle saison, les fleurs devaient illuminer ce lieu où il faisait bon vivre, c'est avec le sourire qu'Elikan sortit de chez lui pour marcher vers le palais. Simplement habillé d'un jean et d'un tee-shirt, il paraissait banal au milieu de tout les vampires de l'île. Il semblait presque... Esclave ? Oui c'était le mot. Un recruteur de la garde royale, souvent si bien habillé qui se promène dans cette tenue, c'était peu courant ! Mais il ne se sentait pas pour son jour de repos de mettre son uniforme, après tout il n'était pas en service !

Rapidement il arriva dans les jardins après être passé par le palais, il salua des gardes qui veillaient l'endroit. Il connaissait tout le monde ça en devenait déroutant ! Alors d'un air détendu il prit le temps de se promener, s'arrêtant pour respirer une rose particulièrement belle. Apercevant un lapin dans un petit buisson, s'émerveillant sur un papillon d'une couleur qu'il n'avait que rarement vu. Bien, il fallait l'avouer il avait l'air d'être un enfant. Il s'amusait de tout, les yeux grands ouverts aucun détail ne pouvait lui manquer. Non loin un banc en pierre se dessina devant Elikan, il partit s'asseoir et bien vite une petite chose vint glisser entre ses jambes. Un petit chat lui faisait le beau afin d'avoir son attention. L'animal, sans doute en manque de caresses grimpa sur les genoux du garde alors que celui-ci le câlinait lentement. Il le grattouillait en souriant, cela lui rappelait son ancienne vie humaine. Il aimait tant les animaux et avait harcelé ses parents pour avoir un chien. Mais ces derniers avaient toujours refusé, prétextant que ce n'était pas propre. Sans doute l'un des plus grand désespoirs de sa vie !

Le silence le reposait et dans ces jardins il se sentait bien, serein comme il ne l'était que rarement. Son esprit tellement embrouillé ne lui laissait que peu de repos. Il avait retrouvé sa sœur, il c'était fait quelques amis, il avait un bon travail, une fonction important et une renommé dans le royaume qu'il n'attendait plus. Pour tout avouer il était ce qu'il avait toujours espérait. De quoi pouvait-il rêver encore ? De vengeance, et pourtant à mesure que les journées passaient, cette vengeance et l'envie de se faire justice se calmaient un peu plus. Trop à son goût. Il était sur l'île pour ça à la base, il n'avait survécu que dans cette idée et dans cette optique, vivre pour se venger. Mourir peut-être quand cela serait fait. Nul doute qu'il allait y laisser la vie, après tout il avait l'espoir de tuer celle qui avait ôtée la vie à son maître, son créateur et l'homme qui avait fait de lui un immortel. Esfir... Pourtant cette dernière était une proche de sa sœur, c'était ce qu'on lui avait dit. Et l'idée de faire du mal à sa petite perle le faisait tant souffrir, si bien qu'il ne pouvait pas l'accepter. Pourtant il ne comprenait pas les raisons du jugement de son maître, il avait besoin de réponses. Qu'on lui explique comme un enfant.

Qu'on lui dise que son créateur n'était pas un ange et qu'il méritait sa punition. Qu'il n'était plus digne de sa condition d'immortel. Il en avait besoin, et cela le rongeait un peu plus chaque jour. Tellement plongé dans ses pensées qu'il n'entendait rien, pas même les bruits de pas dans le jardin où il était également. Quelqu'un s'approcha et, surpris, réalisant qu'il avait baissé sa garde il releva la tête. Ce qu'il vit le frappa en plein fouet et un instant il resta interdis. Comme si il avait vu un fantôme il détailla l'homme devant lui, le regardant sa gêne. Il aurait du baisser les yeux de son audace et pourtant il ne pouvait pas. Le même regard, le même sourire, la même beauté douloureuse, la perfection faite homme, tout était pareil. Comme si il était là, bien présent et qu'il c'était trompé. Mais c'était impossible, il le savait mort. On le lui avait dit, il avait vu son corps sans vie, sa tête dans la main du bourreau. Il avait tout vu avant que les restes de son maître ne brûle dans un feu incandescent. Elikan sentit la tête lui tourner, il ferma les yeux, pensant que c'était une mauvaise blague de son esprit. A trop penser le cerveau nous joue des tours. Mais quand il les ouvrit il était bien là, réel. Et sans trop y croire il murmura un petit mot, un seul. « Maître... ? »