L'éternité n'est pas qu'une question de temps, elle est le commencement d'une vie sans fin.
Famille, patrie, professeur, amie, armée. Tant de mots qui n'en forment qu'un en réalité pour Sarraze.
Née d'esclaves traîtres, fragile humaine, orpheline de rebelles, elle devint un pupille de l'armée dès ses premières semaines.
Élevée en soldate parmi ses frères et ses soeurs, elle dut faire ses preuves avant de mériter son nom, Sarraze.
***
Des épreuves, elle en a connu, supportant punitions et missions jusqu'à devenir la meilleure, l'irréprochable. Une revanche sur les mauvais.
-Ne laisse pas ton frère seul dans ces ruines Sarraze,disaient-ils.
- Oui oui, répondait-elle
Je fis passer mon frère Tom devant moi, nous nous engouffrâmes dans les sombres ruines de cet ancien chateau. Tom tremblait: il avait un peu peur. Il faut dire qu'il faisait sombre dans ces long couloir étroit dans lesquels il fallait ramper.
-N'aie pas peur Tom, je suis là. lui disai-je.
Il répondait par un petit couinement. Je lui attrapai la cheville pour lui montrer que j'étais là : il hurla.
-Tais-toi ! Ce n'est que moi, calme-toi, tu vas nous faire repérer, tu veux aller rejoindre Chef ? le coupai-je en étouffant son cri.
-Non c'est bon je veux aller à l'araignée avec toi. pleurnicha-t-il.
-Bien alors tourne à gauche. lui ordonnai-je
Ces pierres étaient de vrais labyrinthes, mais j'avais l'habitude d'y aller et puis ils rejoignaient tous le même endroit, leur cible. Seulement le chemin était plus ou moins loin selon l'endroit où l'on passait. Nous débouchâmes tous deux dans le centre des lieux, l'ancienne salle du trône que nous désignions tous comme l'araignée. Vous savez ces armes à têtes de fer pourvues de cordes extensibles pour tuer ou piéger une cible à distance... Non ? Vous ne voyez toujours pas ? Tant pis. Toujours est-il que nous pouvions enfin nous mettre debout. La nuit éclatante nous arrosait de sa noirceur.
-Attends moi là Tom, tu n'es pas assez grand pour y aller. ordonnai-je à la nouvelle recrue.
Ce n'était pas vrai, juste je n'avais pas envie de perdre notre avance en m'assurant tous les deux pas qu'il ne nous ferait pas éliminer. Tom hocha la tête, il avait compris. Je me mis à avancer, doucement, en silence, tel un fauve traquant sa proie. J'arrivai au but quelques minutes plus tard et regardai en bas pour contempler mon équipier. Mais il n'était plus là. Je rebroussai chemin à toute vitesse et m'engouffrai de nouveau dans les obscurs couloirs ruinés.
"Tom" appelais-je, mais il ne répondit pas.
Je débouchai sur une autre plate-forme où siégeait un feu à peine éteint, aux traces laissées, je repérais une des techniques qu'on nous avait enseigné, signe d'autres pupilles. J'entendais des sons bizarres qui provenaient des débris au nord. Je me glissai à l'intérieur du couloir où ne filtrait pas un rayon de lune et vis deux silhouettes sombres : dans un quoi se tenait Tom, mon équipier était recroquevillé dans un coin et pleurait toutes les larmes de son corps.
J'étais quand à moi incapable de produire le moindre son. Les silhouettes étaient celles de deux de mes ainés, pupilles ombrageux, et pas franchement doués, si ce n'est pour mépriser les talentueux, comme moi.
J'avais déjà eu affaire avec eux, m'en étais déjà sortie, eux cabossés, et moi en riant, mais visiblement, la première leçon ne leur avait pas servi. Je décidai d'utiliser de ceux qu'ils ne possédaient pas, de la jugeote. Je m'enfonçais dans le couloir, pour ramasser suffisamment de cailloux, en revenant, je fis intentionnellement du bruit pour débusquer les kidnappeurs qui s'empressèrent de sortir de leur trous, accueillis par une jolie pluie de cailloux, ils choisirent de prendre Tom en otage. Un problème se posa à moi, attaquer et blesser Tom ou les laisser partir et récupérer la nouvelle recrue saine et sauve. Mais du haut de mes sept ans, je n'en étais pas moins une pupille au même titre qu'eux.
"Né de la mer, Baptisé dans le sang, Couronné de gloire..." dis-je simplement. Elle jeta le reste des cailloux au loin et se retourna ses yeux vers les deux mécréants qui venaient de lâcher Tom :
"Vous n'avez toujours pas appris ça ? Vous êtes stupide ou quoi ?! Égratignez un seul cheveu de ce gosse et vous êtes bons pour être recalés. Vous êtes pupilles, vous êtes nos frères, vous n'avez toujours pas compris ? On ne blesse pas sa famille bande de lâches !" crachai-je dans leur direction. Je les vis blêmir, pas à cause de moi comme je le crus d'abord, mais parce que Chef nous observait assis sur une des ruines encore stable.
"Bien bien bien les enfants, les garçons, vous aurez une petite pénalité pour votre bêtise de ce soir, Tom, tu auras droit de prendre un prénom qui te plaît, maintenant rentrez, l'activité est finie !"J'observais les autres pupilles partir tandis que je ne bougeais pas, Chef ne m'avait rien dit encore, il avait du oublier. Je m'approchai de lui et surpris son regard :
"A te voir on croirait que tu as attends quelque chose, rentre avec les autres, et enferme toi dans un cachot, c'est ta punition ! La prochaine fois, tu ne laisseras pas ton partenaire seul, tu seras responsable de son sort ! "La dure réalité d'une société misogyne... On a beau tout donner de soi, les portes se ferment avant même de s'ouvrir entièrement.
***
Mais les portes verrouillées sont faites pour être enfoncées, toujours. Car le talent est inné, on ne le crée pas, on ne le reproduit pas, on naît avec.
Janvier 1880, ce jour aurait dut être le plus heureux de mes parents, c'est ce que les naissances sont censées être, mais ce ne fut pas le cas. Je fus à peine née que ma mère craignait la colère des vampires. Ils avaient dû se rendre compte de leur fuite maintenant. Et la mort ne tarderait pas. Un traître humain vit encore moins longtemps qu'un traître vampire. La preuve, tuer deux traîtres humains prend moitié moins de temps que de tuer un vampire. Je l'ai vérifié... à la longue. Je fus prise par l'armée, à la base parce qu'on me prenait pour un garçon. A quoi une fille était-elle bonne ? Quel intérêt y avait-il d’avoir une fille, elle ne pourrait jamais chasser, se battre avec ou tuer. Une fille est tout juste bonne à enfanter, elle ne peut combattre, elle ne permet pas de renforcer le nom de la Famille, et pourtant, l'avenir prouverait le contraire, mais pour l'heure, continuons l'histoire, mon histoire.
J’ai 4 ans, mes pairs m’ignore totalement, tout comme le Chef, dès que je veux m’entraîner avec lui, qu’il m'apprenne des langues, il me repousse, me rejette, dit que je suis inutile. Personne ne calme mes pleurs, m’apprend à vivre, m’explique qu’elle est ma place, alors je décide d'arrêter de pleurer. Les autres enfants, n’osent pas s’approcher de moi, travailler avec moi, de peur d’attirer sur eux le mépris des autres. Je suis seule, il n'y a pas d'autres filles, mais je n'ai pas peur, je n'aurais jamais peur.
Aujourd’hui, le temps est clément, je regarde le bal nuptial des oiseaux, c’est le printemps. On attend de la visite, on m’a fait mettre l'habit sans trous visibles, un peu neuf. Les autres se moquent de moi, disent que je ressemble à un renard mouillé. Eux aussi portent de beaux vêtements, ils sont fiers d'eux, tout comme le Chef. Ils arrivent, le Chef me fait mettre tout au fond, derrière le dernier rang, dans son ombre, il a honte d’avoir une fille dans son groupe d'éducation. Les longues manches de ma tenue, cachent les bleus, aujourd’hui comme presque tous les jours, il m’a battu. J’ai 6 ans et c’est la première fois qu’une autre enfant, une fille, me sourit. Elle est belle, elle est un peu plus vieille que moi, comme Solal, qui est le préféré du Chef, il fait le beau devant elle pour l’impressionner. Pour la première fois, je peux jouer avec une autre enfant, faut pas le dire à Chef ou à mes frères, mais elle est mon amie. Elle s’appelle Amy.
Cela fait deux jours que Amy est partie, elle me manque, Solal m’a frappé. Il me reproche de l’avoir accaparé, il n’a pu lui montrer combien il était doué avec son arc. Pour me punir, il tua les oiseaux dont j’avais admiré la danse.
C’est l’hiver, beaucoup sont malades, les plus jeunes sont presque tous morts, le chef s'est saoulé. Je me suis caché dans la cave, l'instructeur est plus effrayant que les monstres qui s’y cachent. J’ai surpris Solal me regarder comme, le fait le Chef avec certaines filles quand on va dans la ville. Hier, du sang a coulé entre mes jambes, je deviens une femme.
Amy et l'autre groupe de pupilles sont revenus, je suis heureuse. Je ne lui dis pas pour le sang et Tom, je me le suis interdit. Solal ne la regarde pas comme il me regarde, elle ne lui appartient pas, mais il la désire. Je me tais, j’ai honte. Après le départ de Amy et des autres, il m’a rendu visite dans ma chambre, il m’a fait mal. Il m’a prise comme le fait le Chef avec les femmes qu'il amène, c’était la première fois, mais je sais qu’il y en aura d’autre. Le regard de Chef en question sur moi a changé, je sais qu’il sait ce que Solal m’a fait. Je vois la même lueur dans son regard. J’ai décidé de dormir le plus loin possible des autres. Cela met le Chef en colère, il frappe un des plus jeunes, je reviens dormir dans le dortoir.
Amy vient souvent me voir, je ne lui dit rien. Ses visites sont mes seuls moments de joie.
Et un jour, elle ne vint plus. Plus jamais.
J’ai maintenant 12 ans, Amy est morte d'une grippe mal soignée, comme la moitié des pupilles avec qui elle vivait. Nous avons accueilli les survivants dans notre groupe. J'ai rencontré un garçon, il est fort, intelligent mais je ne l'aime pas, peut être pourra-t-il s'occuper de Solal et du Chef pendant que je me cacherai... Il s'appelle Lev, il est spécialisé dans la reconnaissance, prévu à un avenir brillant, la fraction l'a repéré personnellement.
Lev est mort aujourd’hui, un accident de chasse pendant un entraînement de survie, ont-ils dit. Mais je sais que c’est Solal qui l’a tué, je le vois dans son regard. Après la cérémonie funéraire, il est venu dans ma chambre, le Chef était avec lui, ils m’ont prise à tour de rôle. Pour la première fois, j’ai résisté, ils m’ont battus, je n’ai pas pleuré, j'ai juré leur mort, et ma vengeance.
La fraction de Reconnaissance a demandé un procès contre le Chef et Solal pour le meurtre de Lev.
Le jugement a été jugé nul mais le chef de la stratégie a demandé un duel entre Solal et un membre des pupilles, il souhaite la réparation de l'outrage qui lui a été fait et surtout, de quoi effacer l'entorse au règlement. C'est le Chef qui a été désigné pour choisir son adversaire. Et c'est moi qu'il a choisi. Imbécile. Je sais qu'il me croit faible et peu entrainée. Il a tort. Et je le prouverai.
***
"Le duel s'arrêtera au premier sang !" lança le surveillant.
Oh oui, il s’arrêtera au premier sang, jamais Solal n'aura l'occasion d'en accomplir un deuxième, je le jure.
Nous sommes face à face dans la salle, autour de nous en cercles, je vois mes frères d'armes, et les ainés qui nous surveillent. Les plus jeunes se sont assis, ils observent, je vois de la peur dans leur regard, ils sont si jeunes que peu d'entre eux ont déjà vu la couleur du sang. je porte mon regard sur Solal, il n'observe rien d'autre que lui-même, comme toujours. On nous a donné des poignards, adapté à nos carrures, Solal est bien plus grand que moi, son poignard l'est plus que le mien. Mais je constate encore une fois que je n'ai pas peur de son arme. Nous nous mettons à tourner dans le cercle de gens, enfin je vois son regard qui se pose sur moi. J'y vois de la haine, mais aussi un sentiment de supériorité. Je ricane, ça a l'air de la faire enrager. Il est le premier à fondre à ma rencontre. Grossière erreur, je me glisse vers lui, ma petite taille est mon atout, je lui fauche les jambes, puis sa gorge. Je n'ai pas de pitié, pas de sentiments, je suis une arme, j'ai à peine 13 ans et je tue pour la première fois de ma vie.
Quelques secondes passent avant que son corps meurt, exsangue, je l'ai regardé dans les yeux quand il est mort,
"Le sang coule, tu as perdu," ai-je sifflé entre mes dents. Une sensation de liberté s'est éveillée en moi en voyant son désespoir, je lui ai fermé les yeux, parce qu'après tout, il était mon frère d'arme puis j'ai levé mes yeux vers les plus jeunes, la peur était partie, jamais plus elle ne les posséderait.
Je me rends compte que j'ai oublié le temps. Combien de minutes, de secondes depuis le coup fatal ? Je n'en ai pas la moindre idée.
Je ne m'en occupe pas. Dans les yeux du chef, il y a de la colère, beaucoup de colère, mais il ne peut plus m'atteindre, je suis déjà bien loin de lui. Après ce silence lourd, le surveillant s'avance dans le cercle. Il me prend la main et la soulève dans les airs :
-Le sang a coulé, réparation est faite, la fille a gagné ! déclame-t-il aux oreilles de tous.
Il fait quelques signes de main et on emporte le corps du déchu.
Alors que tous commencent à s'éparpiller, un duo d'hommes en cape noir fait son apparition dans la salle. Tous se figent. Ils avancent sans bruit dans la salle et s'arrêtent devant le Chef. Je ne vois pas leurs visages, dissimulés dans l'ombre de leurs capes noires.
"Jordan Courtney, vous avez été jugés coupable de trahison et de discrimination d'après le code d'honneur de l'armée d'Heartkiller, votre jugement a déjà été prononcé, vous êtes condamné à la peine capitale. Veuillez nous suivre sans aggraver votre cas." annonce le plus petit, rompant le silence ambiant. Le Chef, dont le visage avait viré cramoisi et dont nous n'avions jamais appris le nom,se jeta sur l'annonceur. L'encapuchonné esquiva sans difficulté et sa capuche tomba sur ses épaules.
Les représentants de la Reconnaissance furent les premiers à bouger en découvrant l'identité de l'assailli.
Le rebelle fut maîtrisé sans attendre, je me souviens encore d'avoir regarder l'encapuchonné en me demandant qui il pouvait bien être, en tout cas, il n'était pas n'importe qui. La Reconnaissance semblait attendre sa prochaine action, comme nous tous. Mais il restait là, immobile. Quand il décida enfin de rompre la paralysie ambiante, ce fut pour donner un nouvel ordre.
"Enfermez la fille dans un cachot jusqu'à ce qu'elle se repente de son acte et qu'elle apprenne que juger ses frères n'est pas de son ressort." Il s'adressait aux seuls adultes présents, puis il se tourna vers moi, et je pus enfin le voir vraiment. D'abord, je le trouvais beau, puis la lueur dans ses yeux m'appris qu'il aurait pu tous nous tuer sans le moindre petit effort. Je le redoutais.
"Toi ! Sers l'armée et deviens meilleure que ça, tu aurais pu mourir trois fois aujourd'hui." me dit-il. Je grommelais intérieurement. Il remit son capuchon, retourna vers le traître. Son acolyte et lui se mirent en route avec le condamné mais au moment où ils allaient nous quitter, le chef tomba au sol, suintant de sang, de l'action qui venait de se passer, je n'avais distingué qu'un vague mouvement dans la cape du vampire.
***
Du temps a passé depuis lors, je me souviens encore être restée pendant des jours dans ce cachot, je me souviens de la nuit permanente, de la soif et de la faim, de la solitude aussi. Je me souviens d'avoir refusé de reconnaître mon tort durant cela, j'ai lutté contre cette mort qui me semblait bénéfique, et finalement, j'ai avoué mon repenti. Je suis sorti de la prison en tant que pupille, laissant derrière moi l'étiquette de meurtrière que j'avais en y entrant.
J'ai rejoins l'entraînement comme mes frères, j'ai sué et saigné avec eux pour l'armée. Je n'ai jamais laissé quiconque me reprocher quoi que ce soit. J'étais une femme, une pupille, et j'étais l'égale de tous mes frères.
J'ai grandi ainsi. Jusqu'à ce que je sois désignée pour passer le test d'entrée à l'armée.
J'étais une Quidam Navititas, j'appartenais déjà à l'armée, mais je devais prouver à tous ma force. En passant les trois épreuves, je me montrerais digne de ma place.
D'abord, il y eut la primam periodum, qui ressembla énormément à mes entraînements quotidiens, je ne fus pas dépaysée, simplement je pris cette occasion pour me tester moi-même durant les différentes épreuves. Même confrontée aux autres postulants, je ne fus jamais la faible.
Et vint l'Ultimum periodo, il restait peu de mes frères à mes côtés, nous étions des dizaines au commencement, nous étions maintenant une seule dizaine. Nous avions pour ordre de combattre à mort, c'était un ordre, il fallait obéir, mais pouvais-je réellement laisser mes frères derrière moi ? Je sus la réponse instantanément. Non, je protégerais mes frères, nous servions l'armée, elle était notre famille, et on ne laissait pas mourir sa famille, on la protégeait.
J’exécutai néanmoins les ordres, je tuai. Je tuai ceux qui essayèrent de s'en prendre aux miens tout comme les miens tuèrent ceux qui s'en prirent aux nôtres. Quand le bain de sang s'acheva, nous, les Quidam Navititas furent les seuls à émerger de la poussière sanglante, sous les hourras de la foule.
Nous fûmes affectés à l'infanterie, dans la division H, des Hommes sans peur, des soldats loyaux. Je fus affectée à la
caserne, aux camps d'extérieurs, je prouvai une fois de plus que je n'avais rien à envier aux hommes.
Deux ans plus tard, mes frères et moi fûmes sélectionnés pour passer devant le conseil des fractions. Il fut étonnant de comprendre que notre promotion était très convoitée depuis le rite d'initiation. De mes frères, tous furent acceptés dans les différentes fractions. Quand à moi, je choisis de rejoindre la fraction royale. On connaissait mes capacités polyvalentes, allant de l'assassinat aux soins, mais je préférai la protection. Je me destinais à l'élite des gardes royaux. Mon choix provoqua quelques remues-ménages, il était rare qu'un humain soit recruté pour ces missions, encore plus que ce soit une femme.
Enfin, je traçai mon chemin dans ma fraction, je dus prouver ma valeur encore et encore, supporter les misogynes, les jaloux et les idiots. Mais je ne m'arrêtai pas pour ces menus fretins. Jusqu'à l'incident qui modifia mon avenir.
Un "accident" qui fit de moi une vampire. Un des vampires qui avait un statut et un rang inférieur au mien se sentit outragé par le fait que je sois sa supérieure. Une femme, humaine de surcroit, il sembla que cela suffit à lui donner une raison d'essayer de me tuer. Il ne réussit pas, il mourut de ma main après avoir été maîtrisé, de la sentence commune à tous ceux qui tentent de tuer ses frères d'armes. Cet acte me valut le privilège d'être transformée et d'intégrer la fraction d'élite où l'on me plaça sous les ordres directs d'Elikan Sunshine, Chef de fraction et recruteur de l'élite.
Il fallut que j'apprenne à contrôler la soif, mais encore une fois, je ne montrais pas de faiblesse, il était hors de question pour moi de laisser quiconque me considérer comme fragile.
Dans ma quête de contrôle, je me trouvais un masque parfait, le sourire. On pouvait peut être me prendre pour un être faible et insouciant, mais j'avais fait mes preuves, je méritais ma place. Je fis en sorte de ne montrer de moi que la créature chaleureuse et dévouée, et je me fis rapidement accepter par les gardes royaux. Ils devinrent mes frères, une famille dans la famille. On m'affecta d'abord à la protection des nobles invités au palais, ambassadeurs, amis, ennemis courtois, je fis de leur protection mon devoir.
En parallèle, je participai occasionnellement à quelques missions d'assassinats, qui étaient à la base, mon art le plus pointu. Cette discipline était chez moi une seconde nature, elle l'ait toujours, mais elle était si intense pour moi que j'en devins à nouveau trop coutumière, presque addictive.
Je revins entièrement à la solde des gardes royaux quand des nouvelles recrues s'y joignirent.
Il me fallait bien tenir ma réputation de sourire ambulant.
Vous vous dites peut être que tout cela est bien joli, sympa à lire... Mais je suis sûre qu'au fond vous vous demandez autre chose.
Comme par exemple, comment je suis arrivée au service du grand chef de l'armée ?
D'abord, il n'est pas seulement le grand chef pour moi, il est mon employeur, mais surtout, il est mon boss.
Je suis entrée à son service lors d'une promotion, on avait décidé de m'affecter à la protection rapprochée des Bridgestone. Au début, j'étais restée en attente d'une nouvelle personne à servir, j'avais rempli plusieurs tâches, pas vraiment très catholiques, fait de la paperasse, bref, je passais le temps jusqu'à ce qu'on m'annonce que je devais remballer mes affaires pour aller m'installer au service de Seth Bridgestone.
Protéger et servir le chef de l'armée en personne... Franchement ça faisait très bizarre, toute mon enfance on m'avait élevée dans l'idée que j'étais une enfant de l'armée et on m'avait appris à considérer Seth Bridgestone comme un père... J'ai vite changé de point de vue à ce sujet croyez moi.
Je suis la garde du corps de Seth Bridgestone, il ordonne, j’exécute, il est mon boss, et j'ai donné ma vie à son service.