Une journée comme les autre. Je n'avais rien fait de toute la journée. C'était ainsi depuis que j'étais arrivé sur cette île de malheur. Enfin "île de malheur" était un bien grand mot. Si on regarde bien, ce n'est pas si affreux que ça. Au moins je n'avais pas à travailler ni à me soucier de personne. J'étais comme ... seul au monde. Et ce n’était pas plus mal. Je m'en tirais mieux que tous ces humains qui ont été assez stupide pour se faire prendre, ils vivent comme des esclaves et c'est bien fait pour eux, ils avaient cas pas se faire prendre. La discrétion je connaissais, et je comptais bien rester planqué jusqu'à retrouver mon frère, ensuite je pourrais trouver un plan pour partir d'ici et reprendre mon ancienne vie. J'avais encore croisé que trop peu de gens et la plupart ne valait même pas la peine que je m'arrête dessus. Bien évidemment j'évitais les vampires. Je tenais à la vie. J'en avais tout de même croisé un, pas mal du tout. Une journée de repos, après tant d'autre je dois dire que c'était bien plaisant. Mais je ne voulais pas rester planqué ce soir, la nuit était sur le point de tomber et la fraicheur commençait à se faire sentir. Je n'avais pas une grande maison avec chauffage sur cette île et c'était bien normal.

Je m'étais alors mit en marche. Etant sur l'île depuis pas mal de temps maintenant, j'avais eu largement le temps de tout voir, je connaissais alors le coin comme ma poche et je savais où aller le soir pour le sentir bien. J'avais déjà repéré un coin magnifique, une source d'eau chaude. Rien de mieux le soir lorsqu'il commence à faire froid et qu'on ne sait pas vraiment quoi faire de sa peau. Ma seule peur était d'y croiser quelqu'un. Si je tombais face à un vampire, j'étais dans de beaux draps. Je marchais alors d'un pas rapide, désireux d'enfin pouvoir me détendre.

Arrivant devant l'étendu d'eau, je m'arrêtais pour prendre une goulée d'air. L'air était chaud au bord de l'eau mais s'était pas déplaisant. Il faisait assez sombre, il me fallut donc du temps avant de m'apercevoir qu'il y avait déjà quelqu'un dans l'eau. Poussant un long et profond soupire, je fis demi-tour. Je ne savais pas de qui il s’agissait et chanceux comme j'étais j'allais tomber sur un vampire en manque de sang. Je me retournais alors pour rentrer "chez moi". Mais au lieu de voir devant moi une étendu d'arbre, je me retrouvais face à un homme. Sûrement celui qui se trouvait dans l'eau quelques secondes auparavant puisqu'il n'y avait plus personne. Puis, il était trempé de la tête au pied. Malgré moi, je ne pus m'empêcher de laisser mon regard s'attarder sur son torse nu dégoulinant d'eau. Détournant ensuite le regard je me raclai la gorge. « Tu m'as fait peur. » Cet homme je le connaissais déjà. Nous nous étions donné l'un à l'autre le temps d'une nuit, et soit dit en passant, une nuit inoubliable. C'était un incube, et d'ailleurs, je ne savais pas pourquoi il ne m'avait pas emmené à l'un de ses maîtres. Il pensait peut être que j'en avais déjà un, ou alors il ne voulait pas s'encombrer de moi, car je ne me serais pas laissé faire. Reposant ensuite mon regard sur lui, j'enchainais. « Sur ce, bonne nuit. » Je le contournais ensuite afin de partir. Il m'avait laissé tranquille la première fois mais ça ne garantissait pas qu'il recommence. Je préférais partir avant qu'il n’ait des idées en tête. Je ne fuis pas, mon instinct de survie prend juste le dessus sur le reste.

Sentant sa main sur mon bras je poussais un long soupire. Apparemment il n'avait pas l'intention de me laisser partir sans rien faire. C'était tant pis pour moi. « Bonsoir à toi... Si j'en juge par ton attitude tu me fuis... » Me retournant pour lui faire face à nouveau, j'haussai les épaules. Il n'avait pas tort, je ne pouvais pas nier le fait que je voulais m'éloigner de lui le plus possible. Pas parce que je ne l'aimais pas car je l'aimais bien, il était sympa et en temps normal j'aurais peut-être même essayé d'en faire mon compagnon. Mais là tout été différent. Je ne pouvais pas risquer de perdre ma liberté pour lui. Après tout, ce n'est pas comme si nous étions proches. « Donne-moi une bonne raison de ne pas te fuir, j'ai pas confiance en toi. » Il faut dire que je n'avais confiance en aucun vampire. Ils étaient tous pareil, pas un seul pour rattraper l'autre. La seule chose qui démarquait Esteban des autres était sa beauté. J'étais très compliqué en homme et pourtant j'avais facilement craqué face à lui. N'importe quel homme aurait eu la même réaction que moi.

Rejetant mon épaule en arrière pour me libérer de lui, je secouais la tête. « Puis je voudrais pas te déranger » Il est vrai que c'était l'excuse la plus stupide que je n'avais jamais employé. Mais c'était une des seules qui m'étaient venu à l'esprit sur le moment. Il continuait de me regarder comme s'il se foutait bien de ce que je pouvais lui dire. Je croisais alors les bras sur mon torse avant de dire dans un soupir. « Tu pourrais au moins remettre ton tee-shirt... » Non pas qu'il soit horrible à regarder mais le voir torse nu devant moi me ... déconcentrait. Ca bien sûr je n’étais pas prêt de lui avouer. Prétentieux comme il était, il n'allait pas l'oublier de sitôt. Regardant son torse un instant je relevai ensuite mon regard vers lui.

« J'ai le souvenir d'une nuit ou tu as bien eu confiance en moi non ? » Là il marquait un bon point, je n’aimais pas qu’il ait raison. Cela faisait partit du jeu qu’il jouait avec moi, la loi du plus fort. Je ne lui avais pas fait confiance la première nuit, lorsque je m’étais donné à lui. J’avais simplement été trop faible pour résister à son corps et son charme. Car pour être honnête, il en été bourré, il était tellement appétissant à regarder, toucher, embrasser. « Foutaise ! Tu es si peux heureux de me voir ? » Il avait apparemment vu à quel point mon excuse était bidon et irrecevable. Ce n’était pas que je n’étais pas heureux de le voir, j’avais juste peur pour ma peau. Je ne me fiais jamais à un vampire, c’était un ticket gratuit pour l’enfer de leur faire confiance. Je ne connaissais pas bien Esteban, nous n’avions pas vraiment parlé durant notre rencontre. Nous étions bien trop occupés à autre chose.

Je lui demandai finalement de remettre un tee-shirt. Il était trop bien fouttu à mon gout, s’il restait ainsi il y avait de grande chance pour que mes yeux restent scotchés sur son torse. Et il ne manquerait pas de se moquer de moi, je le savais bien. Il se mit alors à me tourner autour tel un prédateur chassant sa proie. Je n’aimais pas avoir le rôle de la proie. En temps normal c’est moi qui dominé, je ne ressentais pas cette impression d’infériorité qui me mettait mal à l’aise. Je faisais alors tout mon possible pour rester calme et faire comme si son comportement me laissait indifférent. Mais il savait bien que c’était le contraire. Surtout lorsque je sentis son torse nu contre mon dos. Un frisson me parcouru de la tête aux pieds. Sentant ses lèvres proches de mon oreille, le désire que j’avais pour lui montait peu à peu. Je sentais son souffle chaud chatouiller mon oreille lorsqu’il me murmura. « Pourquoi je le remettrais ? J'ai chaud... Pas toi ? » Si, il me donnait chaud. Il me donnait même très chaud. Mais je ne l’avouerais pas, pas question. Encore plus en sentant ses lèvres sur ma nuque. Il me faisait vibrer. Je le regardais alors prendre son tee-shirt. « Non, tu me refroidis. » dis-je alors d’un ton tranchant. Alors que c’était tout le contraire. « Sache tout de même que je ne compte pas t'emmener à mon maître. Ni te faire du mal. Tu as ma parole d’ancien soldat. Donc si tu veux me rejoindre dans l'eau c'est à ta guise ! Nous pourrons parler si tu le désire » Ca me rassurait. Je n’avais pas à fuir. Ma confiance en lui n’était pas bien grande mais je savais que c’était un homme de parole.

Il me fit alors signe de le rejoindre en souriant. J’avais deux options. Aller dans l’eau chaude avec ce mec ultra canon, ou rentrer dans ma petite cabane, seul. Le choix n’était pas bien dur à faire. Je marchais alors vers l’eau en retirant mon tee-shirt que je jetais par terre, je retirais ensuite mon pantalon que je laissais tomber à terre. Pas de maillot. Comment trouver un maillot de bain sur une île comme ça alors qu’on passe son temps à se cacher des autres. Je rentrais ensuite dans l’eau rejoignant Esteban. « Tu as le droit de laisser des humains en vie ? Ou ton maître va te taper sur les doigts ? » S’il le faisait c’est sûrement qu’il le pouvait. Son maître ne devait pas être si sévère que ça. Je ne savais pas vraiment comment tout cela fonctionnait. Je ne savais que le peu que j’avais vu. Donc vraiment très peu. Me mettant contre lui, torse contre torse, je posais un doigt sur le sien avec un sourire au coin des lèvres. « Ne me dis pas que tu me laisses la vie sauve par pur charité. »