Je suis né il y a quatre-vingt-treize ans dans les hautes terres d'Ecosse... bon d'accord, je plaisante, j'ai vu le jour dans la bonne ville de Londres en Angleterre, par contre, j'ai bien quatre-vingt-dix-huit ans, je sais je suis bien conservé, mais il y a une raison à cela. Je suis un vampire. Je vous vois rire, vous ne me croyez pas ? Vous pensez sans doute que si ma peau est si pâle c'est parce que je suis souffrant. Pauvres fous, libre à vous de ne pas me croire, cependant ne venez pas vous plaindre si jamais un soir vous croisez mon chemin et que je me nourrisse de vous. Bref, vous vous doutez bien que je n'ai pas toujours été un vampire, non, lorsque je suis venu au monde j'étais un humain tout ce qu'il y a de plus normal, mes parents faisaient partis du beau monde Londonien comme on dit. Oui, je n'ai jamais connu la faim ou la privation de quoi que ce soit lorsque j'étais enfant. Mes études se déroulèrent relativement normalement, je n'étais pas le premier de la classe, mais je n'étais pas un cancre non plus. Mon père me destinait, comme c'était relativement courant pour les gens de mon milieu, à prendre sa suite à la tête de l'entreprise familiale. Je n'étais pas contre, à dire vrai j'ai toujours été un jeune homme obéissant, tout du moins, en apparence, au fond de moi, j'avais envie de hurler devant cette vie qui se dessinait devant moi, une vie déjà toute tracée où je n'aurais jamais à faire mes propres choix. Un autre exemple flagrant, à l'âge de seize ans, on m'annonça que j'allais épouser une fille que je n'avais encore jamais rencontré de ma vie, j'ignorais jusqu'à son existence, mon père me montra une photo d'une jeune personne, relativement charmante à regarder, mais il y avait un petit problème, en dehors du fait que je n'appréciais pas vraiment que l'on me force la main pour les choses de l'amour. Oui, le petit problème était que cette femme ne m'attirait pas le moins du monde. Oh ce n'était pas de sa faute, c'était juste que depuis le début je suis attiré par les hommes, j'ai "essayé" les femmes, mais rien à faire, je n'y arrive pas. Étant donné que, pour mon père, le but premier d'un mariage est d'avoir une descendance, c'est un peu raté de ce côté-là. Évidemment, mon père n'était pas au courant de ce "détail" et moi, peut-être par lâcheté ou bien pour ménager mes parents, je n'ai rien dit, j'ai accepté ce mariage qui me rendrait invariablement malheureux pour le restant de ma vie. Ce mariage allait unir deux puissantes familles c'était donc la chose à faire, le bonheur des concernés n'entrait pas en ligne de compte. J'avais même eu une discussion avec mon père à ce sujet, lorsque je lui avais demandé comment nous ferions pour nous aimer elle et moi puisque nous ne nous connaissions même pas. Mon père m'avait répondu que nous devions nous marier, que l'amour viendrait après et que, quand bien même il ne viendrait pas, cela ne serait pas trop grave, l'important c'est qu'on aurait une famille puissante. Je ne savais pas pourquoi, mais à l'entente de ces mots, je me suis senti un peu malade, comment un père peut-il faire passer ses ambitions et ses intérêts avant le bonheur de son propre enfant ?

Donc, j'étais fiancé, oui à l'âge de vingt ans, soit un an jour pour jour après notre première rencontre, on nous fiança Elisabeth et moi. Charmant vous ne trouvez pas ? Ces fiançailles donnèrent lieu à une soirée somptueuse, tout le gratin Anglais avait été invité, toute la bonne société de Londres se trouvait dans une immense salle de réception que mon père avait loué pour l'occasion. Rien n'était trop beau pour les fiançailles de son fils unique. Pour que la fête soit encore plus amusante, il avait déclaré que ce serait un bal costumé. J'avais donc mis mon plus beau costume noir, une chemise blanche et un loup noir, des mocassins vernies, noires également complétaient ma tenue. Lors de cette fête, je fis la connaissance d'un homme dont le regard m'électrisa, je ne savais pas du tout qui il était, d'où il venait, tout ce que je savais de lui, c'était qu'il était vraiment attirant. Le problème, c'était que à l'époque où nous étions, il était très difficile pour un homme aimant les hommes de trouver quelqu'un comme lui parce que c'était quelque chose de tabou. Pourtant, le hasard a voulu que ce soir là, je tombe sur Cesar Bridgestone. Ce nom ne vous dit probablement rien, en tout cas à moi il ne disait rien du tout, mais lorsque nos regards se sont croisés, j'eus comme l'étrange sensation que mon existence allait être bouleversé à jamais. Tandis que je sortais prendre l'air, Cesar en profita pour m'aborder et... je ne vous dirais pas ce qu'il se passa ce soir là, mais tout ce que vous devez savoir c'est qu'ensuite nous avons entretenu une relation des plus passionnelle, charnelle et c'était vraiment formidable. C'était secret surtout. Et oui, personne ne devait savoir pour nous. Imaginez-vous à quel point je me dégoûtais lorsque je quittais les bras de Cesar pour retourner auprès de ma fiancée, pourtant, je devais le faire, je n'avais pas le choix, je devais sauver les apparences. J'aimais Cesar, oui, profondément, même lorsqu'il m'annonça qu'il était un vampire, cela ne changeait pas les sentiments que j'avais pour lui. Tout allait bien pour moi, j'avais trouvé un certain équilibre grâce à ma relation avec Cesar, cependant, ce secret ne tint pas longtemps. Nous fumes découvert par le frère d'Elisabeth. Oh il ne dit rien lorsque je le vis, tandis que je sortais de l'endroit où je retrouvais Cesar régulièrement, mais un soir, alors qu'Elisabeth était sortie, je m'apprêtais à faire de même, j'avais donné rendez-vous à Cesar et je savais qu'il m'attendait, je ne voulais pas qu'il s'impatiente. Je sortais de chez moi, mais je fus obligé d'entrer à nouveau parce que j'avais oublié mes clés sur le guéridon dans la salle à manger. C'est là qu'il m'attaqua, le frère d'Elisabeth me tomba littéralement dessus, je n'eus pas le temps de me défendre qu'il me poignarda en divers endroits avant de me laisser agoniser. Avant de partir, il m'annonça qu'il savait pour moi, qu'il allait protéger sa soeur et que, de toute façon je ne me relèverais jamais de mes blessures, il parti en riant. Aujourd'hui encore il m'arrive d'entendre son rire dans la nuit.

Je m'apprêtais à mourir seul lorsque je vis apparaître au-dessus de moi le visage de la seule personne que j'ai jamais aimé. Cesar. Il me demanda qui m'avait fait cela, je ne lui ai jamais dit. Ensuite il déclara qu'il allait me transformer, je refusais, cependant je n'avais pas voix au chapitre, je sentis ses dents dans mon cou et je me senti trahi, lui aussi me dictait ses volontés. Est-ce qu'un jour je pourrais faire mes propres choix ? Je l'ignorais. Évidemment, lorsque je repris conscience, j'en voulu à Cesar, il n'avait pas respecté ma volonté, il n'en avait fait qu'à sa tête. J'étais un peu en colère, mais ma rancune fondait comme neige au soleil lorsque je réalisais que dorénavant, je pourrais rester avec lui. Oui, malgré ce qu'il avait fait, je l'aimais toujours.

Cesar est retourné à Heartkiller avec moi dans ses bagages. A présent, notre relation est toujours secrète, mais je suis connu en tant que son bras droit et croyez-moi si je vous dit que je prend mon travail très à coeur.

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