L’ennui est mortel, il parait… Je ne sais pas quoi faire dans mes grands appartements et j’ai envie de sortir et si je peux dévorer un humain cette nuit, ça ne me gênerait absolument pas ! Esclave ou clandestin, je m’en fiche, ça a presque le même goût. Etrangement, Alexian me manquait encore alors qu’on s’était vus il n’y a pas longtemps… Quelle terrible sensation ! Jamais je n’avais connu ça et c’était vraiment désagréable de ne plus avoir l’impression d’être soi-même. Alors c’était donc ça l’amour ? Une chose qui vous fait souffrir au point de changer votre personnalité jusqu’à ce que vous ne vous reconnaissiez plus vous-même ? Jamais je n’avais aimé quelqu’un autant que lui et c’était vraiment ce qu’il y avait de plus destructeur.

Je comprenais mieux pourquoi Eleazar avait rapidement changé après le décès d’Elysium, d’ailleurs, je le trouve assez fort pour ne pas avoir mis fin à ses jours après ce drame… Il avait vraiment un sacré courage pour ça et pour tant d’autres choses…

Enfin… Je me rendais sur les falaises, ça me ferait du bien d’aller réfléchir, en espérant que je pourrais être tranquille dans ce lieu qui était censé être paisible. Il fallait que je me vide la tête au lieu de penser sans cesse à lui qui me changeait du tout au tout.

Il n’y avait personne. J’hésitais entre réfléchir ou bien tenter de tout oublier, faire abstraction de mes sentiments rien que pendant quelques secondes. J’allais sur le point culminant pour voir l’horizon. Je me disais que si je n’étais pas venue à Heart Killer, je ne l’aurais jamais rencontré. Je n’aurais pas ressenti de vide, enfin si par rapport à mes amis que je connaissais depuis longtemps mais pas au niveau… De l’amour. Un mot bien étrange. Toute fois, je suis en colère que le père d’Alexian veuille qu’il se marie à une humaine… Quoi de plus dégradant pour un prince comme lui et quelle humiliation pour moi !

Tiens… En parlant d’humain, je sentais l’odeur de son sang chaud. De plus, j’étais affamée et énervée, je sentais que celui-ci allait me servir de dîner…

Arf… C’était lui. Celui-là je ne pourrais pas l’avaler ou j’aurais une indigestion dans la foulée. Quel dommage que John soit si protecteur envers ses esclaves. D’autres diraient qu’ils s’en foutent, que ce n’est qu’un larbin qu’on peut le remplacer sans problème. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas bu à la source… Ah ! Si seulement je pouvais le tuer celui-là, ça serait sans problème ! J’avoue que j’avais envie de l’hypnotiser, j’avais vraiment trop faim mais ce serait triste de ne pas l’enquiquiner un petit peu. Pour une fois qu’il ne léchait pas les bottes de son maître, littéralement. Ce type n’est pas moche, mais il a vraiment une tête à claques ! Il serait peut-être utile en tant qu’incube, ça serait plus intéressant que de faire la vaisselle, la cuisine et toutes ces tâches dégradantes… Même si ça lui correspond bien ce genre de trucs.

Raaah qu’est-ce qu’il peut m’agacer ! J’aurais bien envie de lui arracher la tête tout en le démembrant ! Ce serait beaucoup plus drôle. Quel petit abruti… Il ferait bien de respecter une femme beaucoup plus vieille que lui… Sa phrase était vraiment digne de son niveau mental ! De plus, il se plaçait à côté de moi, ce qui me donnait une sacré envie de le balancer dans le vide. A tous les coups, sa tête exploserait sur chaque petit recoin des rochers de la falaise. J’affichais un sourire sadique et bien que je n’aie pas envie de lui répondre, je disais sur un ton très aimable, presque heureux :

« Bien sûr ! Sauf que… Nous on ne meurt pas, toi tu crèves sur le coup. »

J’explosais de rire, j’imaginais bien la scène et le petit plouf dans l’eau à la fin… ! Je trouvais ça pénible, de ne pas trop pouvoir me servir de lui comme joujou et qu’il appartienne déjà à quelqu’un… Il aurait pu être mon garde-manger sur pattes ! Franchement, je ne sais pas ce que j’ai fait pour qu’il me déteste autant ! Je n’arrive pas à comprendre… Il pourrait profiter que je le trouve plutôt pas mal pour qu’on puisse prendre du bon temps mais non, abruti comme il est ! Enfin, s’il avait su en profiter avant, il l’aurait fait, maintenant je suis avec Alexian donc il peut aller se faire cuire un œuf… ! J’avais envie de le narguer, moi aussi :

« Aaaah ! Si seulement tu étais un vampire… Tu pourrais faire tout ce que tu veux, tu te rends compte ? Alors que là tu sers de bonniche à John ! »

Qu’est-ce que j’aimais lui faire du mal ! Surtout quand il prenait son habituel air de chien battu, c’était d’un comique !

J’étais très contente de la pique je lui avais lancée ! Je le voyais s’énerver, il rougissait de colère et explosait. Ah oui ? Si ce n’était pas un larbin, c’était quoi ? Un truc qui fait la vaisselle, le ménage, la cuisine… Je ne trouvais pas d’autre définition. Ah si ! Gabriel. Haha. Je ne pouvais m’empêcher de rire ! Croyait-il vraiment que j’allais être convaincue ?

« Alors qu’est-ce que tu es ? Tu n’as aucune liberté, tu écoutes toujours ce qu’on te dit de faire. Tu es soumis, faudra bien t’y faire. T’es là pour ça ! »

Aaaah quel bonheur d’exploiter son point faible ! Eleazar s’amuserait sans doute de la scène ! C’est moi qui devrais le filmer là, il était tellement pathétique et impuissant face à notre pouvoir! Qu’est-ce qu’il faisait pitié ! Je ne pouvais plus m’arrêter de rire en plus j’avais toujours envie de le balancer dans le vide ! Pourquoi John tenait-il tant à son joujou ? Il pourrait au moins me le prêter… ! Pauvre chou, il me ferait presque pleurer : non ce n’est pas un vampire, ça se saurait ! Il n’était pas libre, c’est ça le pire dans leur condition. Contrairement à ce qu’il pense… Je peux avoir du cœur, mais c’est très rare et ça dépend des personnes avec qui je suis. Avec Alexian, c’est différent et mes sentiments sont bien réels. Il ne pouvait pas m’atteindre à ce niveau-là. Puis qu’il en doute… Je m’en fiche ! Je ne pouvais pas répondre tout de suite comme il enchaînait.

Je ne supportais pas qu’il porte atteinte à ma peau ! Elle est magnifique d’abord, au moins je n’ai pas de défaut de peau, pas de soucis d’acné, de cellulite… Qu’il adore ma peau ou qu’il me trouve blanche comme un cul, comme il dit, je n’en ai rien à faire ! Le Soleil… C’est encore une chose qui ne me manquera jamais. J’aime la nuit et son monde, je l’adore même. Alors la lumière du jour… Pff, ce n’est qu’un accessoire ! Et cette pointe d’humour-là… Elle n’avait rien à faire là ! Ce n’est pas comme si c’était drôle… C’est quand même un sacré enfoiré ! Je me demande ce que John peut en faire… Enfin, si, son larbin. Il devait être bon qu’à ça, et encore ! J’essayais de faire une mine abattue pour qu’il pense avoir gagné :

« Tu te trouves drôle ? »

Puis je riais cyniquement :

« T’as de la chance, je me fiche complètement de ce que tu me dis… Tu te défiles, tu te sers de l’humour parce que tu sais que tu n’es pas aussi libre que moi et que t’es destiné à nous servir ! »

J’étais sûre de lui avoir fait mal, alors j’étais plus heureuse encore ! Je pensais que j’allais m’ennuyer ce soir mais non, en fait, il était très divertissant quand il voulait !

Je savais que j’avais raison. Normal, j’ai toujours raison ! De toute façon, les esclaves ne sont pas là pour rien. Ils sont là pour assouvir nos moindres désirs et peu importe si ça leur plait ou pas d’être complètement soumis aux vampires. On est censé respecter nos aînés, non ? Alors qu’ils se soumettent et point barre. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il fait là ? Je trouve John trop gentil vis-à-vis de son esclave… C’est ridicule. Je m’apercevais qu’il serrait le poing, il avait l’air vraiment énervé ! Y a que la vérité qui blesse. C’est une bonniche, faudra bien qu’il s’y fasse. Il m’envoie me faire foutre, comme c’est mignon ! Je ne peux pas m’empêcher de rire. Quelle naïveté… S’il pouvait partir aussi facilement qu’il le prétendait, il l’aurait fait depuis bien longtemps ! Chaque humain qui débarquait sur l’île, était destiné à y rester jusqu’à ce qu’il crève. En attendant, il pouvait survivre par ses propres moyens ou être la poche de sang attitrée de tel ou tel vampire.

Quelle idiotie de s’en aller ! Savait-il au moins que les vampires avaient des capacités par rapport à ces pitoyables petits humains ? Celui-là, c’est vraiment le cliché de l’esclave stupide… ! Il marchait vraiment lentement… Comme si je n’allais pas le rattraper. Je me déplaçais aussi rapidement que l’éclair, plus vite que mon ombre et me revoilà devant lui. Je lui disais, d’un air faussement aimable :

« Ben alors… Tu me laisses déjà ? Tu veux pas qu’on s’amuse un peu ? »

Je lui tournais autour, je suis le guépard, il est la gazelle : ce n’est rien de plus qu’une proie. Mais il n’y a rien d’intéressant si on ne joue pas un minimum avec… ! Puis ça tombe bien qu’il soit là, j’ai un peu la dalle. Je le provoquais encore un peu, avec une pointe de sarcasme dans la voix, tout en sortant les crocs :

« N’essaye pas de me faire croire que tu peux partir quand tu veux. Si t’en es si sûr que ça, vas-y essaye, je t’en prie ! »

J’explosais d’un rire pas vraiment discret, mais peu importe. Je savais que ça le mettait hors de lui alors je m’en faisais un malin plaisir. Malheureusement, je ne pourrais pas le mordre. Quel dommage de devoir « demander l’autorisation » au maître de cet… Objet ! Au pire, il y a tout un tas d’humains qui peuvent me servir de repas, donc ce n’est pas si grave. Une chose qui est sûre, je ne compte pas m’en aller tant que je ne l’ai pas carrément poussé à bout.

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