Matt & John

Debout, droit, stoïque j'attendais. Mais quoi donc ? Que le soleil se couche. On pouvait le deviner à ma façon d'admirer le couché du soleil à travers la vitre de mon bureau. Caché derrière un rideau j’empêchais les derniers rayons du soleil de me toucher, sans pour autant m'en priver de leur vu magnifique. De mes 300 ans d’existence je n'arrivais pas à me lasser de ce spectacle magnifique. Lentement le soleil se couchait sous mon regard, je fixais cet astre baignant dans une lumière orangée. Doucement la nuit prit sa place et les étoiles vinrent tapisser le ciel comme des diamants bruts. Ce spectacle me fit sourire alors que j'ouvrais la fenêtre pour laisser entrer l'air fais de la nuit, et en même temps admirer le ciel ainsi que la lune. J'aimais la nuit, tous les vampires l'aimaient. Mais pour moi... Elle me reposait. Je ne me sentais tranquille seulement quand il faisait nuit. Même humain cela avait toujours eu cet effet apaisant sur moi. Au grand désespoir de ma mère qui devait souvent accepter de me voir partir en pleine nuit pour une promenade nocturne. D'ailleurs...L'envie de sortir me prit. Cela faisait plusieurs jours que je travaillais sur le même dossier et je sentais une migraine s'installer. C'était impossible certes car nous ne pouvions souffrir d'aucun maux, mais les habitudes humaines étaient difficile à perdre. Je me retournais pour me rendre dans ma chambre afin de me changer. L'envie de me promener me tentait de plus en plus, et j'avais réellement besoin de prendre l'air. Mon fils était sans doute au palais avec Alice, la maison baignait dans un calme inhabituel.

Même si j'étais un vampire, j'avais toujours fait attention à ce que ma maison déborde de vie, je ne supportais pas les rumeurs qui disaient que nous devions vivre dans un lieu fermé, sans lumière et froid. Cela m’horripilait et je prenais un malin plaisir à contourner toute ces traditions stupides. Pourtant l'heure tournait et si je ne voulais pas perdre la moitié de ma nuit je devais me dépêcher. J'enfilais un simple jean ainsi qu'une chemise rouge, me coiffais rapidement et j'étais déjà prêt pour sortir. Je n'avais pas de destination particulière, juste l'envie de marcher. Et peut-être pourrais-je trouver un petit endroit intéressant pour m’arrêter. Un instant l'idée de venir dans mon bar me traversa, mais il n'y avait trop de monde et trop de bruit. J'avais envie de tout sauf d'entendre une musique assourdissante jusqu'à pas d'heure. Je fis un dernier détour par la cuisine pour croiser ma domestique, après une dernière recommandation je sortis de ma demeure. J'attendis qu'elle ai verrouillé la porte d'entrée pour me mettre en route. C'était une habitude ridicule certes mais j'aimais savoir que personne ne pouvait entrer chez moi si facilement. Enfin tranquille je partis dans les rues calmes de HeartKiller. Il m'arrivait de croiser quelque personne, mais rare étaient ceux qui aimaient se promener dans des ruelles désertes.

Pourtant au détour d'une rue, quelque chose attira mon attention. Un bâtiment semblait hors du temps, il était allumé et de dehors, on pouvait affirmer que l'intérieur était coloré. Contraste étonnant avec les habitations sombres qui peuplaient l'île habituellement. Depuis quelque temps j'avais entendu parler d'une galerie d'art, tout le monde m'en disait du bien. Et surtout les grands de l'île s'y pressaient pour venir admirer les dernières œuvres d'arts qu'exposaient l'artiste. Mais c'était plus une phénomène de mode qu'une véritable passion. C'était tout le contraire me concernant, j'adorais l'art sous toute ses formes. C'était une passion que je partageais avec Alice, pour notre plus grand bonheur. Nous avions assisté à plusieurs expositions ou représentations. Une lubie comme une autre ! Malheureusement ce soir j'étais seul, mais j'avais bien le temps d'emmener ma femme à cette exposition un autre soir. Pour l'heure je me dirigeais avec le sourire vers la galerie d'art. Elle semblait pratiquement vide si j'en jugeais par le silence qui régnait dans le lieu lorsque je franchis les portes. Pas que cela me dérangeait au contraire, j'aimais être tranquille. Mais j'aurais aimé voir l'artiste qui était le maître des œuvres. Dans un silence quasi complet je commençais l'exploration de la galerie, m’arrêtant sur les tableaux me plaisant le plus. L'idée de peut-être en ramener une me traversa. J'avais de la place chez moi, et la personne qui peignait ces tableaux avait beaucoup de talent, assez pour être exposé dans une demeure c'était certain.

Matt & John

Le regard perdu dans un tableau magnifique, je n'entendais rien. Depuis toujours l'art avait été une source d'apaisement pour moi. J'aimais me promener dans les galerie, dans les expositions. Jamais l'art ne m'avait autant intéressé que depuis que j'étais vampire. En 300 ans d’existence j'avais pu voyager, visiter les plus beaux musées, les plus belles expositions, rencontrer des artistes. Cela avait enchanté ma vie au même titre que n'importe qu'elle autre passion. Mon père à l'époque était un banquier, un homme respecté, avec une prestance rarement égalé. En revanche ma mère aimait l'art, je me souvenais de l'avoir souvent vu lire, où se rendre chez des artistes pour admirer leurs œuvres. Il m'arrivait de la suivre, pour tout dire j'aimais passer du temps avec elle. Oui... J'aimais mes parents et je chérissais chaque secondes passée prés d'eux. Un bonheur de chaque instant. Pourtant je venais d'une famille noble, et à l'époque les parents ne montraient que rarement l'affection qu'ils portaient à leur enfant. Cela ne se faisait pas, où ça passait par des encouragements discrets et souvent pudiques. Mais mes parents avaient toujours refusés de me cacher leurs sentiments, et pour tout ça j'avais grandi entouré d'amour et de tendresse. Leur mort m'avait littéralement détruite, je me sentais fautif. Encore aujourd'hui j'avais du mal. Une blessure qui ne se refermerait sans doute jamais.

Alors me promener dans des galeries était une manière comme une autre que j'avais de penser à eux, et plus particulièrement à ma chère mère. C'était ridicule je devais l'avouer, mais on exorcise ses douleurs comme on peut. Une voix inconnue brisa la bulle dans laquelle je m'étais enfermé. Une jeune homme c'était glissé en silence à mes côtés, pour tout dire je n'avais même pas fait attention. «Bonsoir, bienvenue chez Michel Ange! Je n’ai pas l’impression de vous avoir déjà vu, est-ce votre première visite?» Lentement je me tournais vers le jeune homme et lui adressais un sourire courtois. « Bonsoir, je vous remercie ! Oui c'est en effet ma première visite. » Le regardant, je remarquais qu'il jeta un coup d’œil à la peinture que j'observais précédemment. Oui elle était magnifique et j'étais tenté de la réserver plus vite que prévu. «Je me présente, Matthew Homes.» Je lui serrais la main qu'il me tendait. J'étais sans doute devant le propriétaire de la galerie, qui d'autre pouvait se présenter ainsi sinon ? J’appréciais qu'il vienne me voir en personne. « John Constantine, enchanté monsieur Homes. Quelque chose me dit que vous être le patron de ce lieu je me trompe ? »

Avant de me répondre il enchaîna sur une autre question. «Puis-je vous offrir quelque chose à boire?» Une délicate attention encore une fois. Je commençais à l’apprécier. Pourtant c'était bel et bien la première fois que je le voyais. Je ne me souvenais pas de l'avoir croisé dans les couloirs du palais, ni en ville. Peut-être qu'il sortait peu. Où alors c'était moi qui avait des tendances ermite... Avec tout le travail que me donnait l'empereur depuis peu cela pouvait se comprendre. Je passais plus de temps dans mes dossiers qu'à sortir. Mais mon devoir envers mon empereur passait avant tout, étant l'avocat et le bras droit de sa majesté... J'étais souvent demandé au grand désespoir de ma compagne. Je sortais quand j'avais le temps mais au moins je faisais de bonne rencontre, cela me rassurait. « Sans façon mais je vous remercie. J'admirais les œuvres, certain sont de vous ? Où bien de jeunes talents que vous découvrez ? »

Matt & John

Il ne faisait aucun doute que l'homme qui se tenait devant moi était un passionné. Si on jugeait par le sourire qui ornait ses lèvres, ainsi que son regard qui s'illuminait lorsqu'il parlait de ses œuvres c'était une évidence. «Eh bien, Monsieur Constantine, c'est un réel plaisir.» J'aimais être bien accueillie, le client est roi disait-on et je comptais être client ce soir. Oui il était certain que j'allais repartir chez moi avec la satisfaction de me faire livrer dans quelque jour une œuvre de cette galerie. Tout était magnifique, et si j'en jugeais par le calme régnant dans le bâtiment j'étais le seul client ce soir. Ou du moins le premier. Il me confirma être le propriétaire de la galerie, chose qui me fit sourire. Au moins j'avais visé juste ! «Les toiles ne sont pas de moi, je n'ai pas ce talent, malheureusement. Elles appartiennent a une de mes dernières découvertes. Un jeune artiste avec un univers peu commun. Ses couleurs sont choisies avec une minuties que j'ai rarement vu dans ma longue carrière. Pour ma part, ça été une véritable révélation. Qu'en pensez-vous? Est-ce votre style de peinture? Êtes-vous plus réaliste, pointillisme, impressionnisme, abstrait?» Je l'écoutais attentivement, j'étais très intéressé par ses paroles. Certes je n'étais pas un spécialiste d'art mais c'était un sujet qui m’intéressait. Alice ma compagne connaissait beaucoup mieux l'art que moi, j'étais un simple novice. Pourtant j'étais sensible aux œuvres. Allez comprendre !

« Pour tout vous dire je ne suis qu'un simple novice, mais j'ai une tendresse toute particulière pour l'impressionnisme. Je pourrais me promener pendant des heures dans une exposition, juste à regarder ce genre de toile. » J'espérais ne pas lui avoir coupé l'envie de m'exposer les œuvres en lui avouant mon inexpérience en matière d'art. Pas du tout ! Il continua pour mon plus grand plaisir. «Je peux vous parler de cet artiste que j'expose. Son nom d'artiste est Friedrich, il a commencé à peindre il y a une dizaine d'année, il a commencé en exploitant la photographie, puis c'est dirigé dans l'abstrait ordonné, comme il aime l'appeler. Je l'ai découvert il y a quelques semaines. Je viens tout juste de poser ses toiles sur mes murs, vous êtes le premier à voir ses œuvres d'art, vous êtes donc mon premier avis. Je dois vous avouez que je suis très curieux de savoir votre avis sur cet art unique que nous offre cet artiste.» Tout en l'écoutant mon visage se tourna vers la toile. Je la détaillais un sourire sur les lèvres, le mélange de couleur, l'ensemble donnait une harmonie rarement vue. Comme si l'artiste avait choisit ses couleurs pendant des heures, tout la toile semblait avoir subie une attention toute particulière. Elle était magnifique et j'avais un véritable coup de cœur. « Elle est superbe, vraiment. J'ai rarement vu ça ailleurs, c’est un réel plaisir ! » J'étais sincère et comme si il lisait dans mes pensées, il continua.

«Si vous êtes intéressé par une des toiles, je vous conseil de m'en faire part rapidement, car mon petit doigt me dit que ces petits bijoux vont partir comme des petits pains chaud. Mais je ne vous force en rien, ce n'est pas une technique de vente ou quoi ce soit du genre, je me fais que vous avertir. » Je pouvais que croire ses paroles, quand l'exposition allait commencer nul doute que plusieurs personne allaient se faire plaisir. Plusieurs nobles de l'île avaient un intérêt tout particulier pour l'art. Et certain n'hésitaient pas à faire venir des œuvres de très loin, payant le prix fort juste pour exposer dans leur salon. Pourtant on pouvait trouver des trésors du l'île, la preuve si j'en jugeais par la toile sous mon regard. Je hochais la tête d'un air entendu. « Je pense céder et vous réserver cette toile. Peu importe son prix, cela n'est pas important. Vous avez trouvé un véritable artiste monsieur Homes permettez moi de vous féliciter. Vous avez l’œil ! » Je savais exactement où placer cette toile dans ma demeure, elle serait parfaite. Je cherchais dans ma veste mon chéquier et le sortis sans plus de cérémonie. Je préférais être sur d'avoir cette œuvre et pour ça j'étais prêt à lui signe un chèque tout de suite. « Je ne vais pas vous mentir, je préfère être sur de l'avoir, elle me plait et j'hésite rarement. » En disant cela je lui tendis mon chéquier. « Mettez le prix qu'il vous convient, rien n'est trop cher quand c'est aussi beau ! N'allez pas croire que je veux vous impressionner, j'ai juste peu de temps pour moi et je crains ne pas pouvoir repasser souvent. En vous payant à l'avance je suis sur de l'avoir chez moi quand l'exposition sera terminée » J'espérais ne pas l'avoir vexé, loin de moi cette idée. Je notais dans ma tête d'envoyer Gabriel récupérer la toile une fois l'expo finie. Mon esclave était là pour ça après tout, et cela le ferait sortir un peu ! « En revanche... Je craquerais bien pour d'autres œuvres. Vous pourriez m'en conseiller ? Si cela n'est pas trop vous demander et si je n'abuse pas de votre gentillesse bien-sûr ! » Peut-être pourrais-je trouver quelque chose pour Alice, je connaissais ses goûts et lui rapporter un cadeau lui ferait sans doute plaisir.