L'alcool coulait à flot depuis maintenant pas mal de temps déjà. Valentina n'avait pas l'habitude de boire, c'était plutôt le genre à rester chez elle à étudier tranquillement, ou rester avec des amies. Mais ce soir, elle avait décidé qu'il en serait autrement. Un bon bar, quoi de mieux pour mettre sa timidité de côté et rencontrer des gens ? La belle ne comptait plus le nombre de verre qu'elle avait bu depuis le début de la soirée. Elle savait qu'elle ne devait pas, mais comment refuser quand un beau jeune homme vous propose si gentiment ? Elle devait bien avouer qu'il était attirant, très attirant. Mais Valentina n'était pas ce genre de femme, pas le genre à ramener chez elle dès le premier soir, elle ne voyait pas l'intérêt de coucher avec un homme si aucun sentiment n'est là pour rendre l'acte réel. Elle avait peut-être l'air d'une croqueuse d'homme par son apparence, mais à l'intérieur il n'en était pas de même, loin de là. Finissant son dernier verre, la jeune femme se leva.
« Merci pour cette soirée » Elle se sentait nulle de ne rien dire de plus, mais elle n'était pas habituée et l'attitude à adopter à ce moment même lui échappait complètement. Elle sortit alors simplement avec un grand sourire aux lèvres, elle était tellement heureuse, elle se sentait pousser des ailes.
Une fois dehors elle se tourna dans la direction de sa maison afin de rentrer chez elle. Mais elle n'en eu pas le temps, elle sentit des lèvres se poser sur les siennes dans un baiser fougueux tandis que des mains se perdaient au creux de son dos.
« Arrêtes, je dois rentrer. » Les deux mains sur le torse de son nouvel ami, Valentina essayait de le repousser du mieux qu'elle pouvait. L'alcool l'empêchait d'avoir l'esprit net et elle avait même du mal à parler correctement. Et pourtant, elle avait assez de self-control pour dire non. Elle sentit bien vite la fraicheur du mur contre son dos et le souffle de l'homme tout prêt de son oreille.
« Tu ne vas pas partir maintenant, je commence tout juste à m'amuser » Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus rapides et irréguliers. La peur grandissait en elle d'une manière assez impressionnante. Les lèvres de l'homme se posèrent sur son cou, et elle aurait parié qu'il humait son odeur avec grande adoration. Essayant une fois de plus de se libérer de son emprise elle serra les dents.
« C'est pas marrant arrêtes ! » Des mains s'emparèrent de ses poignets pour les serrer contre le mur et elle sentit une fois de plus les lèvres de son agresseur l'embrasser et son corps se coller contre le sien. Nouvelle tentative pour s'enfuir. Mais cette fois-ci la réaction de l'homme changea radicalement, face au refus de Valentina, il lui assena un coup sur la tête pour l'assommer.
Que s'est-il passé ensuite ? Elle n'en savait rien. Comment était-elle arrivée dans une pièce close avec plusieurs femmes ? Elle ne le savait pas non plus. La seule chose qu'elle savait c'est qu'elle avait faim, soif, et surtout énormément froid. Un mal de dent atroce la frappa, c'est comme si des lames de rasoir lui rappaient les gencives doucement et méthodiquement. Balayant la pièce d'un simple regard, elle fut on ne peut plus surprise de voir les femmes qui l'entouraient une poche de sang à la main, et des crocs plantés dans celles-ci afin d'en extraire le contenu. Apercevant un miroir prêt d'elle, elle se leva et alla jusqu'à celui-ci afin de se regarder dedans. Elle avait bien mauvaise mine, sa coiffure la répugnait et ses vêtements n'étaient plus que des aillons. Mais le plus drôle, était la marque de morsure sur son cou, deux petits trous que l'on voyait bien distinctement. Prise de panique, elle se mit à frapper contre la porte, y donnant des coups de pied, des coups de poing, puis fonçant dessus y mettant tout son corps. Mais rien n'y faisait. Fatigué, mais aussi dépourvu d'espoir, elle s'assit par terre et s'endormit comme une pierre.
Elle ne savait pas combien de temps elle était restée enfermé. Aucun moyen de savoir et elle n’avait jamais eu la notion du temps à dire vrai. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle était là, ni ce que voulait cet homme aux femmes présentes aux côtés de Valentina. Etait-ce juste pour avoir des femmes à son service ? Ou pour le plaisir de transformer des innocentes qui n’ont rien demandé en créature de la nuit ? Valentina ne le savait pas mais elle ne voulait pas le savoir, elle souhaitait sortir avant qu’il ne vienne la chercher. Elle passa son temps à chercher comment s’enfuir, elle en parlait avec les autres. Elle imaginait des plans, qu’elle savait impossible mais au point où elle en était… Elle était affaiblie par le manque de sang, elle n’en avait que très peu et pourtant elle en avait besoin, sa transformation était achevée.
.
Valentina se promenait alors dans les rues, cela faisait quelques temps qu’elle était libre. Elle pouvait alors faire ce que bon lui semblait. Personne n’a jamais su comment elle s’en était tirée, et si des curieux lui demandaient lorsqu’elle racontait son histoire, elle se contentait de répondre qu’elle avait eu de la chance. Rien de plus. Contre toute attente, Valentina avait considérablement changé. Non seulement elle avait pris plus d’assurance, mais la gentille fille qu’elle avait été avait entièrement disparu. Finit la Valentina sage qui aimait aider les gens et n’osait même pas sortir de chez elle, par pure timidité. Une Valentina bien plus cruelle s’était réveillé, et elle ne risquait pas de changer.
Passant non loin d’un endroit qui avait l’air presque désert. Une odeur de sang volait dans l’air ce qui avait eu le don d’éveiller les sens de Valentina qui ne jurait plus que par le sang, et le sexe. Allant vers cette odeur, elle découvrit un spectacle ma foi distrayant. Un homme, d’un âge pas très avancé, venait de violer une femme avant de l’assassiner. Elle ne saurait comment l’expliquer, mais elle trouvait cet homme plus que charmant. Il dégageait quelque chose qui attirait Valentina au plus haut point. En temps normal elle l’aurait laissé faire et serait partit sans rien demander. Mais là, elle se sentait forcé de rester.
Le jeune homme essuya le sang sur le couteau avant de lever les yeux vers le vampire qui lui faisait alors face. Val connaissait ses intentions, il voulait la tuer pour ne laisser aucun témoin. Alors, avec un bref geste de la main, elle envoya valser le jeune homme contre le mur. C’était trop facile. D’une démarche féline, elle s’approcha de l’homme à terre afin de se présenter, un sourire fixé au coin des lèvres.
« - Je suis Valentina Blacksheep. Et vous êtes? » Elle ne prenait pas souvent la peine de se présenter, à quoi bon ? Mais d’une certaine manière, elle sentait qu’elle allait aimer cet humain, son intention n’était pas de le tuer, loin de là. Mais d’ailleurs, elle ne tuait pas les gens ou très rarement. Elle préférait les hypnotiser afin d’avoir une source de nourriture durable. Il lui arrivait ainsi de s’en prendre plusieurs fois à la même personne. Elle aimait jouer avec ses victimes, s’amuser à les ridiculiser, à les torturer. C’est ce qu’elle faisait quand elle était prêt de Zachary. Elle se nourrissait, et lui finissait le travail.
Valentina se sentait affreusement mal. Elle voyait son amour périr sous ses yeux. Du moins, elle l’imaginait, elle ne pouvait pas assister à la pendaison de Zachary tant le soleil était présent. Mais elle ne préférait pas le voir, elle ne s’en remettrait pas. La seule chose qui pouvait la rassurer était le fait qu’il ne mourrait pas vraiment. Elle lui avait fait boire de son sang afin qu’il puisse vivre. Elle l’aimait, elle ne pouvait pas vivre sans sa présence. Elle qui avait un caractère si fort obéissait à son amant pour le garder prêt d’elle. Elle ne pensait pas être capable d’éprouver de l’amour pour quelqu’un, et pourtant c’était bel et bien le cas. Valentina s’était empressée d’aller chercher l’amour de sa vie pour le ramener. Elle n’avait eu personne pour l’aider lors de sa transformation ; elle s’était débrouillée seule et elle ne comptait pas faire vivre ce calvaire à Zachary. Elle allait être là pour lui, elle se l’était promit.
Assise au bord du lit, Valentina veillait sur son ange, elle lui tenait la main pour guetter le moindre mouvement. Elle attendait sagement, ça ne la gênait pas.
« Valentina… » En l’entendant l’appeler, l’interpelé regarda Zach en serrant d’avantage sa main dans la sienne.
« Oui, mon amour ? » Elle avait dit cela d’une voix douce et inquiète. Elle était toujours ainsi avec lui, un ange, car elle l’aimait. Elle s’attendait à des mots doux. Mais c’était loin d’être ça, à son plus grand désespoir.
« Fous-moi la paix. Lâche-moi et dégage. » Valentina fut blessée par ses paroles. Elle qui faisait tout pour lui, elle qui pourrait mourir pour lui… Voilà comment elle était remerciée. Mais malheureusement pour elle, l’amour la rendait aveugle. Elle refusait de voir qu’elle méritait bien mieux, elle n’avait d’yeux que pour Zachary. C’est pour cela qu’elle lui lâcha la main tristement et quitta la pièce tête basse. S’asseyant contre le mur, elle prit son visage entre ses mains et se mit à sangloter. Sa vie sans Zach n’avait plus aucun sens, elle le savait. Se reprenant, elle se leva et alla marcher un moment afin de trouver le repas idéal pour son amant. Trouvant une femme, elle lui brisa la nuque et l’apporta à Zachary lui présentant son poignet. Elle voulait se faire pardonner, elle en avait besoin plus que tout.
Deux semaines s’étaient écoulées depuis ce jour. Des larmes se faisaient entendre dans la pièce où se trouvaient Zachary et Valentina. Celle-ci ne cessait de pleurer en entendant les paroles de celle pour qui le cœur battait, enfin façon de parler. Il voulait la laisser, partir. Comment pouvait-elle rectifier tout ça ? Elle n’en avait pas la moindre idée, elle aurait donné n’importe quoi pour le faire rester. Malheureusement, elle n’avait rien à lui offrir.
« Reste. Je t'en prie, Zach', reste avec moi. Tu ne m'aimes plus, c'est ça? » Elle avait le cœur remplit d’espoir, espoir qui sera certainement tué à jamais. Elle avait fait tellement d’efforts en vain. Elle attendait la réponse de son homme en le fixant tristement.
« Evidemment que je t'aime... Et tu devrais le savoir, depuis le temps! J'ai juste besoin de faire une pause, tu comprends? » Ces paroles était rassurantes, et pourtant, Valentina n’y croyait pas vraiment. Elle avait tellement peur, peur de se retrouver seule, de perdre le seule homme dont elle soit tombée amoureuse. Perdre sa raison de rester en vie.
« Tu reviendras...? » Les larmes avaient cessées de couler, mais les sanglots dans sa voix se faisaient toujours entendre.
« Je te le promets. » La chose qui la rassura fut le baiser qu’il lui offrit avant de s’en aller. Ce fut le dernier.
Les jours, les semaines, les années étaient passées. Valentina avait attendu, pendant plus de 50 ans elle était restée à Londres dans l’espoir de voir Zachary lui revenir. Mais rien, elle n’avait plus de nouvelles. Elle se rendit à l’évidence, il ne reviendra jamais. Roulée en boule contre la porte, Valentina tenait dans sa main une photo de Zachary et d’elle, heureux. Elle était triste, presque effondrée. Mais bien vite, la tristesse s’évapora laissant place à une rage sans limite. Se relevant, elle déchira la photo et se mit à balancer tout ce qu’elle avait sous la main. Elle était démoralisé et hors d’elle. Cette maison lui rappelait son amour. Tout autour d’elle lui faisait penser à Zachary. Elle devait changer d’air, c’était primordial pour elle. Faisant ses valises le plus vite possible, elle laissa la maison ainsi ne prenant même pas la peine de ranger ou revendre. C’est ainsi que Valentina monta dans l’avion, direction : LOIN ! Elle avait attendu tellement longtemps qu’elle n’en pouvait plus. L’amour pour elle ? Terminé ! Maintenant ce qu’elle voulait était jouer avec les hommes, et elle y arrivait à merveille.
Malheureusement, l’avion s’écrasa sur une île inconnue, Valentina fut encore plus en colère et tout ce qu’elle avait accumulé pendant ce temps allait partir. Elle n’était plus la même. La sagesse avait laissé place à la cruauté. Elle ne sait pas que Zach est sur l’île, mais quand elle l’apprendra, elle n’aura de cesse que le faire souffrir, autant qu’il la fait souffrir. Elle compte bien lui faire payer ce qu’il lui a fait endurer. Elle vient d’arriver sur l’île et pourtant elle s’y sent déjà comme chez elle. Ca va barder !