Il est de renommée heartkilienne que l'archiviste Errol Shaw se trouve aux archives jour et nuit. Habituellement, si on le cherche, c'est là qu'on le trouve. Le hic dans ce raisonnement c'es qu'habituellement, personne ne le cherche. Du coup, quand on le trouve, il est effectivement dans la salle d'archives, parce que personne ne le cherche et encore moins dans sa chambre. Depuis quelque jours, il bosse au calme. De jour comme de nuit, il travaille à la restauration d'un vieux manuscrit. Il est facile pour un type de 558 ans de restaurer un bouquin qui a moins d'âge que lui, bien que celui-ci date des premières colonies américaines. De travail de minutie et de délicatesse. Entre les mains d'Errol, ça ne peut être autrement. Depuis quelques jours, déjà, sans relâche, il refait la reliure. Enfin, presque sans relâche. Il garde aussi un oeil sur Kay. Quelques jours plus tôt, il a accueillit Kay et l'a escortée jusqu'au palais. On n'est jamais mieux servit que par soi-même, n'est-ce pas ?

Il doit avouer qu'il a du mal à se concentrer. Non pas que Kay soit agitée ou bruyante, au contraire. Elle bouge à peine, elle ne fait presque pas de bruit, elle ne bavarde pas, rien de tout ça. Mais c'est justement ce qui le dérange. Ce n'est pas son genre. Elle devrait être tout le contraire. Il lève les yeux de son travail et regarde l'heure. Il est 2pm. Oui, c'est en plein jour. Non, il ne dort pas. Sa chambre est bien isolée du soleil, il ne craint pas. I a passé de longues heures assis dans son fauteuil, à faire des noeuds et à lisser le vieux papier, avec délicatesse. Kay n'a pas vraiment bougé plus que lui. Il jette un autre coup d'oeil à l'horloge, un petit chef-d'oeuvre mécanique. Il essaie de se souvenir la dernière fois qu'elle a mangé. Trop longtemps à son avis. Elle doit être affamée.

Errol se lève et va faire chauffer de l'eau. On va dire que c'est 'heure du thé. Il laisse le temps à l'eau de bouillir, puis il jette les feuilles de thé dans la théière. Il laisse infuser quelques minutes, les minutes requises. Puis il verse le thé dans les tasses et rejoint Kay. Il va d'abord poser sa tasse sur son bureau et revient et se profile devant Kay. Il attends quelques secondes, puis se manifeste un peu plus clairement.

- Tu n'as pas mangé depuis des heures, Kay. Tu dois avoir faim.

D'accord, il n'a pas bu depuis des heures lui non plus, mais lui, il est un vampire. Il peut être très longtemps sans boire. Mais à bien y penser, elle ne l'a jamais vu ingérer autre chose qu'un verre de Whiskey et du thé.

Pourtant, le Prince lavait prévenu. Anéantie, c'est ce que le Prince avait dit. Il avait dit " La mort de son frère l'a anéantie et je n'ai pas le temps de m'en occuper " exactement mot à mot. Comme si Errol avait vraiment le temps de s'en occuper davantage. Il avait encore une tâche énorme à accomplir dans les archives américaines. Mais pourtant, il n'avait pas hésité à accepter. Il allait prendre le temps. De toute manière, ce n'est pas comme si sa tâche avait une date limite. Non, il avait plusieurs mois, voir années pour accomplir la mise à jour des archives d'Heartkiller. À l'échelle vampire, ce n'était pas très long. Un an, c'est pas très long et il en avait déjà fait toute une et il avait à peine effleuré l'ensemble des archives pêle-mêle des américains. Il avait accepté parce premièrement Jewel ne lui avait pas demandé si ça lui convenait, mais il l'avait informé de sa situation et il était hors de question que Errol refuse, à moins d'une excellente raison et Errol n'avait pas trouvé. Il n'avait pas cherché. Et ensuite, il avait accepté parce qu'il lui avait semblé avoir une certaine emprise sur Kay, que le prince n'avait pas. Ou peut-être avait-il tout simplement apprécié les réflexion qu'elle lui imposait par sa rébellion. Errol na pas souvent u faire face à des esclaves rebelles. Les esclaves Shaw sont dociles, sans êtres servile, mais ils savent voir quand leurs commentaires ou leurs objections peuvent être entendues. L'attitude de Kay est nettement plus téméraire. Lorsqu'elle lève les yeux sur lui, il devine aussitôt qu'elle ne va pas tout simplement rester muette. Ce n'est pas son genre, mais elle est si amorphe et silencieuse depuis son arrivée. Errol se dit qu'il est temps de la secouer un peu. La réponse de Kay est si vive et si exacte qu'il se dit qu'elle est peut-être prête à sortir de sa torpeur et même si elle baisse les yeux il ne la laissera pas replonger dans ses sombres pensées maintenant qu'il a réussit à attirer son attention. Attention qu'il sait qu'elle a, puisqu'elle sait qu'il n'a pas bu depuis au moins tout aussi longtemps qu'elle.

- Je n'ai pas besoin de me nourrir tous les jours, puisque je me nourris de sang frais régulièrement. Toi, par contre tu as besoin de manger tous le jours, dit-il en approchant la tasse d'elle. Il tentera au moins de lui faire avalé ce thé. Et même si tu n'as pas faim, tu dois manger. Il la fixe quelques secondes de brèves secondes. Si je dois t'y obliger, je le ferai.

Il espère la piquer au vif, question de la voir s'animer, voir se rebeller.

Ah, enfin, un peu d'animation dans son regard vague. N'est-ce pas une excellente nouvelle ? Il ne compte pas perdre cette lueur d'intérêt, peu importe la cible de cet intérêt. Même si rien dans son attitude, ni son visage ne laisse paraître quoique ce soit, il apprécie cette réplique vive. Sans trop savoir pourquoi, il est soulagé de voir qu'elle a quand même une certaine combativité, même si elle déprime. C'est bon signe, ce n'est pas encore irréversible. Il a vu des esclaves avec moins de vigueur qu'une limace, mais c'est loin d'être le cas de Kay. Elle déprime, ok, mais elle n'est pas tout à fait vaincue, elle n'est pas totalement brisée. Il ne la laisseras pas se fendiller et se briser. Elle repose les yeux sur lui, elle le fixe directement en fait, sans ciller. Ah, ça lui semble mieux, beaucoup mieux. Le coin des yeux d'Errol se plisse de contentement, à peine perceptible, mais ça le rassure de la voir. Il continue de la fixer et de lui tendre la tasse, dans un immobilisme parfait, sans aucun tremblement. Le thé n’oscille même pas dans la tasse. Le seule mouvement, c'est la fine vapeur qui s'échappe du liquide chaud dont l'odeur a prit toute la place dans la pièce. Le seul autre mouvement, c'est lorsqu'il répond.

- Oui, je sais, tu m'as dit à peu près la même chose lorsque Son Altesse t'as confié à moi la première fois, mais je ne suis toujours pas de cet avis, dit-il en approchant encore un peu la tasse.

Il attends quelques secondes, durant lesquelles ils se dévisagent. Il serre la mâchoire, ça se voit dans le carré soudain plus prononcé. Comme elle ne réagit pas tout de suite, il lui prend la main et la pose sur la tasse. Il espère que la tasse n'est pas trop chaude. Il ne veut tout de même pas la brûler.

- Tu vas me faire le plaisir de boire ce thé et ensuite, tu vas manger, dit-il d'une voix calme, mais ferme.

Ce n'est pas un ordre, c'est une affirmation. Il n'est pas encore rendu à lui ordonner de manger, mais si elle continue de refuser il le fera.Il est bien décidé à la sortir de sa mélancolie, mais il ne veut pas non plus la brusquer. Ce serait bête qu'elle se mette à le détester, puisque selon le Prince, elle risque de passer un petit bout de temps avec lui. Il ne sait pas si c'est une bonne chose, mais l'idée ne lui déplaît pas. Il sait aussi que ça ne sera pas de tout repos. Mais depuis qu'il est sur Heartkiller, l'archiviste est un brin plus téméraire que par le passé. Il ose un peu plus. Jamais avant il n'aurait osé vampiriser Sullivan, et pourtant, il la fait et il ne regrette pas.

Elle s'anime, il voit la contrariété la gagner. C'est un bon début, non ? Elle est toujours combative. C'est rassurant. Oui, il veut l'énerver, il veut la tirer de son engourdissement de tristesse. Il sait que la mort de son frère l'a secoué, mais il ne veut pas lai laisser s'éteindre. C'est pour cette raison que Jewel lui a dit de s'en charger, il le sait. Mais il l'aurait fait. Du moins il aurait tenté d'en convaincre Jewel. Il ne sait pas trop pourquoi, mais ça lui semble être la chose à faire. Elle se braque aussitôt et il se retient de sourire de satisfaction. Mieux vaut continuer de la piquer au vif.

- Je nourris mes poissons tous les jours, même s'ils font presque parti des meubles, dit-il en désignant l'aquarium stylisé qui traîne dans un coin de la pièce. Cet aquarium est en fait la seule source de lumière, excepté la lampe puissante qu'il utilise pour bien éclairer son travail. Il se dit que pour l'animer, il devrait peut-être faire plus de lumières. En même temps, sont en plein jour, peut-être devrait-elle aller profiter du soleil sur la balcon ? Et mon livre peut attendre, il a attendu durant des décennies, quelque minutes de plus ou de moins, ça ne changera rien pour lui. Il ne risque pas de dépérir et d'être malade.

Elle n'a pas prit la tasse, mais elle n'a pas retiré sa main. Il garde sa main froide sur celle tiède de Kay. Le contraste entre la tiédeur de la main de Kay et la chaleur de la tasse est agréable sur la peau froide du vampire. Il a même l'impression que sa peau se réchauffe. Un peu comme les reptiles, sa peau capte un peu la chaleur environnante. Disons que Errol est habituellement température pièce. Tandis qu'elle réplique, Errol retient la tasse en glissant ses doigts dessous, mais ne lui lâche pas la main. Il pince légèrement les lèvres lorsqu'elle l'informe sans détours qu'elle n'a pas envie de lui faire plaisir. Il s'en doutait, mais ce n'est jamais très agréable de se faire balancer une telle affirmation. Il s'empare de l'autre main de Kay qu'il colle également sur la tasse et ne retire surtout pas ses mains de celles de Kay, elle pourrait lâcher la tasse. Pas maintenant.

- Si tu préfères la bière, je peux t'en obtenir, dit-il sans ciller.

Il le peut, en effet, mais il sait que c'est un prétexte, un essaie de la part de la jolie blonde pour le contrarier. Ça marche juste un peu. Ça l'agace de la voir si têtue, mais en même temps, plus elle réplique plus elle s'anime et c'est tout ce qu'il veut voir. Il veut la voir vivante, animée, même si pour cela, il doit la rendre furieuse. La fureur est mieux que l'apathie.

- Su tu préfères que je t'ignores, soit, mais quand tu auras mangé et bu cette satanée tasse de thé.

Il jete un cou d'oeil à sa propre tasse sur le bureau. Ce n'est pas grave, il peut boire un thé froid, ça ne serait pas la première fois. Habituellement, c'est parce qu'il est trop captivé par un écrit uo quelque chose du genre. Là, c'est pour Kay qu'il laisse son thé refroidir.

Ah, voilà la Kay qu'il connaît. Révoltée, combative, râleuse, mais bon. Évidemment, ele plaide qu,il n'a pas vraiment voulu d'elle et que Jewel la lui a imposé. C'est vrai, mais il n'était pas contre l'idée. Il aurait pu dire non, même si Jewel savait parfaitement qu'il ne le ferait pas. Errol n'est pas du genre à se défiler. Parfois c'est un succès, parfois un échec. Il espère que ce sera un succès. Il ne tient pas à l'échec. Ici, elle sera mieux qu'à Belfast. Plus en sécurité, parce qu'il veillera sur elle. Il a le temps, la possibilité et l'envie de le faire. Oh, il sait bien que ça ne sera pas facile, mais éduquer Sullivan n'est pas aisé non plus. D'ailleurs, il n'a pas vu Sullivan depuis l'arrivée de Kay. Ou à peine, quand elle dormait et qu'il s'est éclipsé silencieusement. Volontairement, parce que les vampires respirent très peu, il inspire, dans le simple but de soupirer ensuite. Il ne répond rien, mais il la fixe, écoutant attentivement chacune de ses protestations. Si vivante, si merveilleusement provocante. Il sait bien que cette attitude va lui nuire, mais la voir autrement, silencieuse, déprimée, malheureuse, c'est insupportable. Mais il doit avouer que cette attitude est toujours aussi exaspérante. En effet, il ne va pas la laisser dépérir et même si c'est contre elle-même.

- Je ne crois pas que tu sois objective à ce sujet, pour le moment, dit-il d'un ton calme.

Il hoche la tête, lorsqu'elle dit ne pas vouloir de bière. Il le savait bien. Mais comment ose-t-elle refuser un thé si délicieux. Mais bon, elle a toujours la tasse entre les mains, rien n'est perdu. Il a un léger sourire lorsqu'elle affirme ne pas vouloir qu'il l'ignore. Ah bon ? Pourquoi a-t-elle dit qu'il devait l'ignorer alors ? Sans savoir pourquoi, cette idée qu'elle ne veut pas qu'il l'ignore lui plait. D'accord, il ne l'ignorera pas. Il n'est pas certain de l'avoir déjà ignoré d'ailleurs. Du moins pas vraiment, Il le lui a fait croire, d'accord, mais il ne l'a jamais ignoré véritablement. Elle se lève, mais il ne lui lâche ps les mains, parce qu'elle tient la tasse. Lui, il ne bouge pas, alors elle se rapproche lorsqu'elle se lève. Il garde son regard bleu délavé rivés sur elle. Elle parle du complexe du sauveur, ce dont il doute, puisque s'il a "sauvé" Sullivan, c'était surtout pour contrarier l'empereur. Enfin, relativement. Disons que c'était une occasion à saisir. Mais tout de même, son comportement le pique au vif. N'est-ce pas une merveilleuse nouvelle ? Il réplique, sans vraiment prendre le temps de réfléchir à la dite réplique.

- Non, ce n'est effectivement pas vraiment une mission, mais Son altesse a été clair. Elle le sait, c'est d'une évidence. Mais il l'aurait fait de toute manière. Et mon complexe se porte très bien, il est parfaitement assouvi avec justement quelqu'un d'autre, lance-t-il, un peu sèchement.

Il n'aurait peut-être pas du le dire comme ça. Mais elle lui a demandé de lui lâcher les mains, ce qu'il fait, s'assurant tout de même qu'elle ait bien en main la tasse. Ce n'est pas le temps de la brûler.

Il sent la colère monter chez Kay. C'est bon signe. Enfin, il le croit. N'est-ce pas mieux la colère que l'apathie ? Il ne sait plus trop. Au moins, il sait maintenant qu'elle n'est pas si mal en point. Elle a encore l'énergie pour se mettre en colère, il suppose que c'est bon signe. Elle se braque. Quoi ? Évidement qu'il est plus objectif qu'elle. Il est archiviste, c'est son rôle et son boulot d'être objectif. Et qu'est-ce qu'elle sait des êtres chers qu'il a perdu ? Il se renfrogne un peu à cette mention. Il a à peu près 27 fois son âge, qu'est-ce qu'elle sait de ceux qu'il a perdu ? Ce n'est pas parce qu'il est vampire qu'il n'a perdu personne. Il n'a jamais perdu sa liberté, certes, mais des êtres chers, il en a perdu assez pour savoir ce que ça fait.

- Je suis né vampire, ce qui signifie que ma mère était humaine et elle l'est restée jusqu'à la fin, informe-t-il avec un calme fabriqué.

Non, il est agacé, il n'est pas calme du tout, mais il ne le montre pas. Pourquoi croit-elle qu'elle est la seule à souffrir ? Parce qu'elle souffre, se dit-il, regrettant d'avoir renchérit sur sa douleur et répondu à sa provocation. Cette fois, il détourne les yeux, juste un peu, brièvement. Il reprend un peu contenance et revient sur Kay, le regard pluvieux, mais déterminé. Il n'est pas du genre à se plaindre. Il n'est ps du genre à jouer la victime. Il n'est pas non plus du genre à renchérir sur ses malheurs et ceux des autres. Il n'est pas du genre à se confier, ni à s'épandre en émotions. Il restait habituellement assez froid et neutre dans toutes situations. comme lors de leur première rencontre, Kay avait le don de remuer certaines pensées habituellement soigneusement rangées dans des compartiments verrouillés du cerveau d'Errol.

Une fois qu'il a lâché ses mains, elle pose avec fracas la tasse sur la table. Mince, elle a lâché la tasse. Il entends la porcelaine se fâler. C'était pas l'idée, mais c'était à prévoir. Elle ne semble pas apprécier qu'il ait dit qu'il avait sauvé quelqu'un. Et pourtant, elle l'avait provoqué. Peut-être devrait-elle éviter de provoquer Errol tout le temps comme ça. N'a-t-elle pas remarqué que lorsque ça se produit, elle n'apprécie jamais les réponses ? Peut-être devrait-il éviter de répondre. Ce serait plus sage, mais ce serait aussi très peu sincère, mais ce n'est effectivement pas toujours délicat de sa part. Le juste milieu est impossible, du moins sans mentir. Mais Errol n'est pas désespéré au point de lui mentir. Et puis, il avait dans l'idée e la secouer, non ? Il jette un coup d'oeil vers son thé. Il sait qu,il refroidit. Il sait aussi que c'est le dernier de ses soucis. Il s'est fait un thé uniquement pour l'accompagner. Mais comme elle refuse de boire le sien, c'est moins agréable de boire le thé seul. Encore une fois, il choisit de répliquer. En fait, il ne prend pas vraiment le temps de choisir, disons qu'il le dit, c'est tout.

- Je l'ai fait parce qu'il me l'a demandé. Et puis, on est en plein jour, il dort, comme tous les vampires, dit-il, sachant très bien que lui ne dort pas tous les jours. Il jette un coup d'oeil aux lourds et épais rideaux qui masquent le soleil, mais qui laissent voir quand même une fine lisière de clarté. Il fait un pas, avec premièer idée de l'éloigner de la fenêtre, c'est dangereux, mais il s'arrête. Si tu veux absolument être tranquille, sors sur le balcon, je ne pourrai pas y aller, dit-il bon joueur.

Elle est humaine, elle est vivante. Il se doute que le soleil est bénéfique pour elle. Et si on y réfléchit bien, elle est dans les Caraïbes, pourquoi ne pourrait-elle pas profiter du soleil ? C'est le bon endroit, non ? Et parce qu'elle risque de le faire, il recule un peu, se plaçant lè où il risque moins d'être touché par le soleil si elle ouvre effectivement le rideau. C'est le jour, le plein jour, Errol n'est pas du genre à reculer, mais il n'est pas de taille contre le soleil.

Encore, Kay vient remuer des souvenirs que tout vampire normalement constitué tient à cacher. Surtout lorsque ça concerne un humain très cher. Même si ça fait longtemps, il se souvient bien de cette nuit là. Oui, c'était la nuit. C'était il y a des années. Voir des siècles. Il avait à peine 60 ans à l'époque et sa mère n'en avait plus de 90. Une véritable force de la nature cette humaine. Elle s'était éteinte une nuit, comme ça, dans son fauteuil. Il l'avait truové, endormie, comme elle le faisait souvent des derniers temps. Enfin, il n'avait pas cru longtemps qu'elle était endormie. Il avait rapidement comprit que le silence n'était pas normal. Il n'entendait plus les battements de son coeur. Il ne l'entendait plus respirer. Il dévisage Kay et serre les mâchoires.

- Je ne me souviens pas de paroles réconfortantes. Mon père m'a servi le thé, dit-il d'un ton neutre, sans répondre aux autres questions, parce que les réponses sont évidentes.

Le thé lui avait procuré une certaine chaleur, qu'il se rappelait chaque fois qu'il réussissait à boire son thé chaud. Il se souvient que les Read lui ont tout simplement offert leurs condoléances, sauf l'une d'entre elle, qui après avoir posé une main réconfortante sur l'épaule de son père, était venue le serrer dans ses bras. Il avait apprécié, encore une fois, cette chaleur humaine, qu'il avait retrouvé, des décennies plus tard dans les bras de Jane, puis lorsque le petits corps de River se blottissait contre lui, lorsqu'il était gamin. Personne n'avait eu pour lui des paroles réconfortantes. Aucun vampire, elle n'était qu'humaine après tout, les vampires ne s'attristent pas de la mort d'un humain. En fait, le seul vampire qui avait manifesté quelque chose, à part lui, c'était son père et il lui avait servi le thé. Et il avait aussi servit le thé à Kay. C'était au départ pour lui faire boire quelque chose, mais il aurait tout simplement pu lui donner un verre d'eau. Le thé s'était imposé à lui, naturellement, puisque c'était le seul réconfort qu'il eut obtenu d'un vampire. Il est vampire.

Il la regarde s'éloigner vers la fenêtre, tout près de la lumière, et lui, il recule dans l'ombre. Ce serait le meilleur moyen de se débarrasser de lui. Ouvrir tout grand les rideaux, laisser les rayons du soleil entrer dans la pièce. Non, visiblement, elle n'apprécie pas qu'il tente quoi que ce soit pour son bien-être, mais en même temps , ne vient-elle pas de dire qu'elle ne voulait pas qu'il l'ignore ? Il veut qu'il la laisse tranquille, mais elle ne sort pas sur le balcon. Errol se sent un peu coincé, il a l'impression que peu importe ce qu'il dira, elle en sera contrariée. En fait, si, Jewel l'obligeait, puisqu'il est le Prince et qu'il le lui a demandé, ce qui correspond à un ordre obligatoire. Elle n'avait rien demandé, en effet, mais depuis quand on devait attendre la demande avant de faire quelque chose ? D'accord, il avait insisté sur le fait que Jewel l'avait ordonné et qu'il n'agissait que parce qu'on l'y avait obligé, mais depuis que Jewel la lui avait collé entre les pattes la première fois, elle semblait si peu encline à accepter que même s'il y était obligé, il le faisait maintenant de bon coeur. Il n'avait pas hésité lorsque Jewel lui avait laissé entendre qu'il voulait réexpédier Kay sur Heartkiller. Il n'avait même pas pesé le pour et le contre, comme il le faisait tout le temps. Il avait accepté sans même y réfléchir. Il avait accepté et il ne regrettait toujours pas cette décision irréfléchie.

Il ne répond rien sur le coup, parce qu'elle est trop près de la fenêtre. Ce serait si facile pour elle de tirer le rideau si elle est vraiment contrariée. Il ne se méfie pas vraiment, c'est possiblement juste un peu de nervosité face à une femme contrariée près d'une fenêtre en plein jour. Pour un vampire, ça peut s'avérer fatal et à très court terme. Elle jette un bref coup d'oeil à la fenêtre et lance une ineptie. Errol hausse un sourcil. Non, il n'avait pas songé à cette possibilité. Mais maintenant qu'elle le dit, Jewel lui avait dit qu'elle semblait suicidaire et que la hauteur du balcon pouvait être fatale pour un humain.

- J'ose espérer que tu aurais attendu la nuit pour le faire...

Il aurait donc pu être sur le balcon avec elle et l'empêcher de tomber, voir la rattraper. Maintenant qu'elle le dit, il verrouillera les volets lorsqu'il fera jour ou qu'il ne sera pas là. Est-ce qu'elle est sérieuse en disant qu'elle voudrait sauter ? Non, probablement pas, sinon elle ne l'aurait pas dit, elle l'aurait fait. Il y réfléchit lorsqu'il l'entend inspirer profondément, il la voit fermer les yeux et vaciller légèrement. Oubliant momentanément les rideaux et la lumière du jour derrière, il se précipite sur Kay et la retient par le bras. Peut-être n'était-ce pas nécessaire, mais il ne s'est pas posé la question.

- Je sais que tu n'as rien demandé. Je n'ai rien fait depuis ton arrivée et c'était il y a quatre nuits. Tu n'a presque rien mangé, à peine bu quelque chose et je ne sais pas si tu avais mangé ou bu avant, puisque tu n'as pas dit un seul mot, ou presque.

Il ne sait pas vraiment ce qu'il a voulu dire en fait, ni même ce qu'elle retiendra de ses affirmations.

Un point commun. Il se demande si c'est une bonne chose. Peut-être aurait-il du lui dire quelques paroles réconfortantes ? Mais il n'aurait pas su quoi dire. Et puis elle ne lui en avait pas parlé. Il le savait, parce que Jewel le lui avait dit. Mais elle, elle ne lui avait pas dit. Elle n'avait rien dit, du moins pas avant les 10 dernières minutes. Mais là encore, elle n'avait pas parlé de son frère. Peut-être aurait-il du lui offrir ses sympathies ? Errol n'a jamais été très à l'aise avec tout ça, les vampires vivent très longtemps et les morts sont rares. Mais il a vu plusieurs générations de Read mourir. Il tient le registre soigneusement à jour, à l'ancienne, avec les lettrines et les enluminures. Un petit chef-d'oeuvre. Sa mère est morte depuis presque 500 ans. Il a eu tout le temps du monde pour accepter son absence. Kay n'a eu que quelques jours. Elle a besoin de temps. Mais elle doit se nourrir. Autrement, elle n'aura pas le temps...

Errol hoche la tête lorsqu'elle dit que si elle saute de nuit, il pourra la sauver même si elle ne veut pas. Il hoche la tête. En effet, c'est ça. Il ne la laisserait pas sauter, du moins s'il est là. Oui, c'est probablement quelque chose du genre. Il ne la laisserait pas sauter. Sûrement pas. Errol ne peut pas sauver tous les esclaves...i il n'a pas assez d'emprise pour pouvoir le faire, mais il peut agir du peu d'emprise qu'il a sur certaines choses, sur certains événements.

- Si je dois le faire, je le ferai, dit-il, sans autres arrière pensées que ce que ça signifie.

Oh, oui, il le ferait. Il compte même la tenir loin des autres balcons, puisqu'elle ne semble pas encline à sauter de celui-là. Il hésite sur l'attitude à afficher à ce commentaire. Il n'ose rien dire, puisqu'elle proteste à tout ce qu'il dit. Il se contente de l'observer, restant le plus loin possible de la fenêtre et dans le coin le moins susceptible d'être inondé de soleil. Mais pourtant, il n'hésite pas un instant à s'approcher de la fenêtre pour la retenir lorsqu'elle chancelle. Mais évidement, ça ne lui plait pas et après s'être rétablie, elle se dégage, sans vraiment de force. Il n'insiste pas et il l'observe attentivement. Elle avoue qu'elle ne sait pas non plus depuis combien de temps elle n'a ni manger ni bu. Il hoche la tête et il aurait bien répliqué qu'elle devrait vraiment manger quelque chose avant que ce soit pire, mais elle annonce qu'elle ne veut pas qu,il s'occupe d'elle. Aussitôt dit, comme pour la contredire, elle chancelle encore une fois et cette fois, elle perd pied et il la rattrape. Il n'a pas un gros effort à mettre, elle ne pèse presque rien. Elle répète encore une fois qu'elle ne veut pas qu'il s'occupe d'elle.

- Tu pourras me le reprocher autant que tu veux lorsque tu seras un peu plus vigoureuse, dit-il en la soulevant littéralement, sans efforts apparents.

Il franchit les quelques mètres qui les sépare de son lit, lit qui n'a pas servit depuis au moins trois jours. Errol dort rarement dans son lit. Il préfère habituellement son fauteuil, c'est presque toujours là qu'il dort.... quand il ne travaille pas. Bref, le lit est tout propre et il y dépose Kay, délicatement. La posture horizontale la rétablira un peu, mais il faudra bien qu'elle mange. Mais elle va devoir commencer par un thé. Plus très chaud, probablement. C'est tant mieux, elle ne se brûlera pas. Il doit avoir quelques trucs qu'elle peut manger, il avait tout de même préparé sa venue. Il la laisse reprendre contenance, sa respiration, qu'il suit attentivement, tout comme les battements de son coeur, qui pour le moment, sont plutôt affolés.

- Kay ?

Ça ira, ça ira. Ça devrait aller.

Longues sont les secondes avant que Kay ne réponde à son prénom. Pourtant, Errol est un vampire qui aime étirer le temps laisser planer de longs silences. L'archiviste est un vampire qui a habituellement tout son temps, ce qui fait souvent rager ses vis-à-vis. Il a été élevés dans la ferme conviction qu'il n'est jamais trop long de prendre le temps de réfléchir et surtout de ne pas se précipiter. Errol se rend compte que ce principe ne s'applique pas à l'échelle humaine. Il est sur le point de répéter lorsqu'elle réponds enfin qu'elle est là. Ah, elle est là, bonne nouvelle. Il ne pousse pas de soupire de soulagement parce que pour se faire, il aurait été obligé d'inspirer avant et il ne le fait pas. Il pense à respirer uniquement lorsqu'il veut parler. Parce que mortel ou immortel, le seul moyen de parler c'est de faire passer l'air par les cordes vocales. Il esquisse un hochement de tête satisfait et ferme brièvement les yeux, soulagé.

Elle se remet à parler et il ne saisit pas tout à fait le sens de ses paroles. Il saisit les mots, mais pas le sens. Du moins pas le sens qu'elle, elle lui accorde. Sans savoir qu'elle hallucine son frère décédé, Errol répond à sa phrase au sens littérale. Il fronce les sourcils et secoue la tête.

- Non, je n'oserais jamais avoir de tels propos.

Non, ce n'est pas son genre de faire un tel étalage d'une victoire. Errol est plutôt modeste. D'un autre côté, il n'a pas besoin de prononcer une telle affirmation pour qu'on sache que c'est effectivement le cas. Et il n'aurait pas utilisé le terme idiote. Il n'aurait utilisé aucun terme de ce genre. Il peut se contenter d'un "Je l'avais dit" sans renchérir sur une insulte. Ne pas l'évoquer est parfois pire. Un silence est parfois plus blessant qu'une insulte. Errol est devenu doué à ce jeu depuis le temps. Mais il n'aurait jamais usé de ce penchant contre Kay. C'est beaucoup plus amusant contre les vampires. Les joutes durent des décennies parfois.

- Désolée ? C'est moi qui suis désolé. Je vais devoir être tout à fait contrariant, dit-il en se relevant, lui qui s'était assis sur le lit. Il se dirige vers la petite table et prend la tasse de thé, tiède maintenant. Je vais devoir insister. Tu dois boire quelque chose et ensuite, manger, dit-il avec son sérieux habituel avec peut-être une pointe un peu plus impérative.

Elle doit boire et manger. Il ne la laissera pas mourir de faim, ni même risquer de ruiner sa santé parce qu'elle est triste. Il n'a pas pu se résoudre à laisser Sullivan se faire saigner par des vampires, pas question que Kay soit mal. Bon, d'accord, il y avait un peu de vengeance pour le pousser à vampiriser Sullivan, mais il n'y a rien de tout cela envers Kay. Il ne la laissera pas, c'est tout.

Pourquoi veut-il effectivement être si contrariant. En fait, il ne veut pas l'être, mais il semble que Kay prenne tout ce qu'il lui offre comme un affront. Et ce n'est pas le cas. Et comme elle refuse et qu'il est persuadé que c'est pour son bien, eh bien il sera contrariant. Il ne va pas la laisser crever de faim sous prétexte qu'il ne veut pas la contrarier. Il ne peut pas non plus la forcer... difficile de tout doser dans une relation maître esclave. Ce serait beaucoup plus simple de s'en ficher. Mais Errol se fiche de bien peu de choses et surtout pas des humains et encore moins des esclaves. Ils sont nécessaires, alors pourquoi les tuer, voir les maltraiter ? Ça ne rime à rien pour Errol.

- Je suppose que c'est la routine entre nous, dit-il, sans vraiment y penser.

Il revient vers le lit, avec la tasse, et elle annonce qu'elle n'a vraiment pas faim. Il pince les lèvres, désapprobateur, mais elle renchérit et accepte le thé. Il hoche la tête, pas pleinement satisfait, mais tout de même conciliant. Il est toujours aussi sérieux, avec peut-être un petit plis soucieux au front. Il réfléchit à un moyen de lui redonner la faim. Il devrait peut-être contacter River. Lui, il saura bien quoi faire. Il est humain après tout. Il lui tend la tasse. Oui, il lui demandera ce qu'il est préférable de faire, de lui donner à manger. Errol aurait su quoi faire si elle avait été vampire, mais ce n'est pas le cas. Il devra donc se référer à ce qui se rapproche le plus de Kay, à savoir River.

- D'accord, le thé, ça ira, dit-il en lui cédant la tasse, doucement, pour ne pas l'échapper. C'est assez chaud ?

L'air grave, Errol observe Kay et la détaille d'un oeil d'un bleu délavé. Il s'immobilise un instant et plisse les yeux, presque imperceptiblement. Il écoute les battements de son coeur et sa respiration.

Oui, une routine un peu masochiste. Il a un bref froncement de sourcil, il n'aurait pas dit les choses ainsi, mais en y réfléchissant deux secondes, c'est effectivement le cas. Peut-être est-ce tout simplement parce qu'il essaie de rester maître et qu'elle ne veut pas être esclave, bien qu'ils sachent tous les deux qu'il n'agissent pas vraiment comme ils le devraient. Difficile de savoir ce qui en est au juste. Errol est peu habitué avec les esclaves des autres. Il se contente habituellement des Read, les esclaves appartenant aux Shaw, et ceux-ci sont traités plus comme des employés que des esclaves au sens vampirique du terme. Errol agit envers les esclaves qui ne lui appartiennent avec une indifférence feinte. Ces esclaves ne lui appartiennent pas. Il n'a pas de pouvoir sur eux, seul leur maître en ont. L'archiviste se contente de ne pas les maltraiter et de ne pas leur rendre la vie plus pénible qu'elle l'est pour eux. En ce qui concerne Kay, il ne sait trop comment réagir. Il ne la maltraite pas, mais elle se rebiffe. Et il sait bien qu'il ne peut pas la laisser trop se rebeller, sinon, elle va attirer l'attention, ce qui, pour un esclave, n'est pas recommandé. Et ici, sur Heartkiller, il doit se montrer inflexible et flegmatique. Avec river à ses côtés, il n'y aurait aucun problèmes, aucun risque de doutes de la part des autres vampires. Par conte, avec Kay, elle est si impulsive et si sujette à répliquer qu'il doit se surveiller.

- Peut-être..., dit-il, hésitant à ajouter quelque chose. D'abord, il ne sait pas trop quoi ajouter.

Il l'observe tandis qu'elle prend une toute petite gorgée et annonce que c'est assez chaud. Errol se contente d'hocher la tête. Il aurait pu aller le lui réchauffer. Il l'aurait fait. Une autre gorgée, de toutes petites gorgées. Bien. Plusieurs petites gorgées finissent par rassasier la soif. À ce sujet, Errol Shaw sait de quoi il parle. Errol a toujours bu à petites gorgées. Ainsi, c'est plus facile de s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard pour l'humain. Il aurait peut-être du se concentrer sur les battements de son coeur à la dérobée. En s'y concentrant de manière si évidente, elle l'a remarqué et elle lui demande ce qu'il y a. Il la dévisage un instant, sans trop comprendre son interrogation, puis il comprend à son air de quoi elle parle. Il semble soudainement prit en défaut, comme si elle lui avait adressé un reproche.

- Je... j'écoutais les battement de ton coeur... c'est... c'est toujours un bon indicateur...

Un indicateur, mais aussi des tas de trucs. Les battements des coeurs des Read a toujours été une berceuse incroyable, ou une ambiance rassurante.

Les vampires ne savent pas ce qu'il manquent à ne pas faire plus attentions aux humains. La plupart des vampires ne se soucient des humains que pour le sang ou le sexe, mais il y a beaucoup plus. Il y a la chaleur et les battements de leur coeur. C'est une découverte tout à fait récente, enfin, du point de vu d'Errol. En fait, il a toujours été sensible à la chaleur humaine, peut-être parce qu'il est né vampire, mais après la mort de sa mère, il a passé des années sans chaleur, puis il y a eu quelques femmes, mais brièvement. Mais bon, un vampire ne raconte pas ce genre de pensées et d'impressions de cette manière. Non, il y a toujours plus de sang et plus de douleurs. Errol doit avouer que lorsqu'il raconte ces histoires, lorsqu'il a quelqu'un à qui le raconter, il y ajoute un peu de douleur et plus de sang. Il s'est rendu compte assez tôt que c'est nécessaire pour éviter les mauvais commentaires.

- Hum... moui, dit-il, pas très certain de vouloir en dire plus.

Déjà qu'il n'en parle pas aux vampires, il en parle encore moins aux humains.

- Passionnant, je n'en sais rien, dit-il, tout de même. Il réfléchit un instant au qualificatif le plus approprié. Vivant, je dirais.

Errol n'a qu'un ou deux battements de coeur à la minute, parfois moins, lors qu'il est calme, de rare fois, plus, lorsqu'il s'active trop.

- Je... ton coeur a ralentit depuis ta chute... ta respiration est plus calme. Je les entends très bien.

Il n'est certes pas très loin, mais un humain pourrait peut-être entendre la respiration, mais à cette distance, les battements du coeur, c'et un peu trop. Mais Errol n'est pas humain. Il est né vampire.