Après mon crash d'avion, étrangement, je fus soulagée. Oui, je sais, ceci n'est pas vraiment la réaction normale que quelqu'un devrait avoir après s'être écrasé sur une île mystérieuse au beau milieu de nulle-part coupée de toute civilisation connue mais, en y réfléchissant, c'était ce que je voulais au fond. C'est vrai quoi, j'avais quitté la terre ferme avec l'idée de quitter la civilisation parce que j'en étais écoeurée et parce que j'étais curieuse de voir ce qu'il se passait en ce lieu et pourquoi tout le monde y disparaissait. Prenant ceci en compte, je considérais donc que j'avais de la chance d'être parvenue à mon but et de m'être sortie d'un écrasement d'avion en un seul morceau. Je passai donc la première nuit à roder un peu dans les alentours, n'étant pas capable de dormir tellement j'étais bousculée devant mon objectif accompli puis, durant la deuxième journée, je commençai à construire un abri comme je l'avais vu à la télévision dans des émissions du même genre que Lost. J'avoue que le résultat n'était vraiment pas super, mais je saurais faire avec pour le moment, le temps de m'installer et de me construire quelque chose de plus confortable et joli. Il faut dire qu'à ce moment là, j'étais loin de me douter qu'une civilisation était déjà établie sur cette île. J'en étais donc à finaliser mon ébauche d'abri pour la nuit et sur le bord d'aller me coucher après deux jours sans le faire quand j'entendis une voix derrière mon dos.

«Besoin d'un coup de main?» Comme j'avais cru être seule ici, lorsque j'entendis cette voix, j'eus un violent sursaut qui me fit échapper la branche que je tenais par terre. Je crois que ceci amusa l'homme qui se tenait derrière moi puisque, lorsque je me fus retournée et que je croisai son regard, j'y aperçus une lueur d'amusement. Je l'observai de la tête aux pieds, plutôt sexy, et pas d'arme, il ne comptait donc sûrement pas me tuer, en tout cas, pour ce que je sache. Aussi, je dois avouer qu'une autre présence humaine sur cette île me rassura un peu, peut-être s'était-il aussi écrasé lui aussi, et peut-être avait-il déjà monté une habitation convenable, plus que la mienne en tout cas.

«Vous pouvez passer la nuit chez moi, si vous le désirez. Dormir en pleine jungle serait complètement suicidaire et stupide. Et vous avez l'air d'être une jeune femme intelligente... Je me trompe?» Ceci confirma ma dernière interrogation et j'eus un petit sourire de soulagement et de remerciement face à la proposition qui venait de m'être faite. Je regardai mon tas de branches derrière moi et plaisantai pour le défendre.

-Ah franchement, il est pas si mal mon tas de branches!

Je ris, puis relevai la tête dans un sourire.

-Oui, merci beaucoup, en fait, je ne sais pas si j'aurais pu rester là-dedans bien longtemps. Mon nom est Bailey Petal Matthews, appelez moi comme vous voulez, Bailey ou Petal, mais je préfères un peu Petal, pour des raisons que je vous raconterai plus tard. Je me suis écrasée un peu plus loin par là, un petit avion privé, je voulais quitter la civilisation, j'en étais totalement tannée... Mais bref, je parle, je parle, mais vous, comment êtes-vous arrivé ici?

Je m'avançai un peu d'une démarche décontractée, peut-être un peu lasse aussi, mais il faut dire que j'étais épuisée. J'observai à nouveau ses mains au cas où il avait eu une arme que je n'avais pas remarquée: rien. Je lui tendis donc la main tout sourire.

Le jeune homme eu l'air surpris par mon débit de parole et ça me fit rire intérieurement, on aurait dit qu'à chaque fois que j'étais un tant soit peu stressée, nerveuse ou énervée, je me mettais à parler et je ne m'arrêtais plus, je disais tout ce qu'il me passait par la tête et ça sortait comme ça sortait. Enfin bref, il se présenta à son tour «Enchanté, Petal. Je m'appelle Zachary. Je suis également arrivé à cause d'un crash d'avion, mais cela fait un bon de temps maintenant. Si vous voulez tout savoir, nous ne sommes pas seul sur cette île que vous pensez déserte. Il y a tout une population.» et il sourit; c'est stupide, mais je crus entrevoir quelque chose de prédateur dans son regard. Biensûr, la plupart des garçons me regardaient avec un regard quelque peu prédateur parce qu'ils désirent m'avoir dans leur lit mais, là, c'était une autre sorte de prédation. Ok, ça devait simplement être le manque de sommeil combiné avec le dépaysement et la paranoïa que tout ça entraîne qui m'ont laissé croire cela, mais bon, reste que je m'étais tout de même, sans que cela ne paraisse, mise un peu plus sur mes gardes. Tellement que je n'avais pas vraiment porté attention à ce qu'il avait dit et qu'il me prit une ou deux secondes avant d'arrêter d'hocher la tête comme une idiote et que je m'écriai vraiment surprise:

-Toute une population?!

Ok, peut-être un peu trop surprise, ça sortit plutôt dans une sorte de cri et, en plus, j'avais pris la parole au même moment où il me demanda «Depuis combien de temps êtes-vous là?». Je le fixai encore surprise quelque secondes comme figée pendant que plusieurs d'hypothèses se bousculaient dans ma tête: Peut-être qu'un peuple primitif vivait encore ici, pas encore découvert de la civilisation moderne et qu'il capturait des gens pour les manger ou pour les offrir en sacrifices à leur dieu, c'était quand même drôle comment cette hypothèse ressemblait étrangement à la réalité sur quelques points. D'une manière plus rassurante, je pensai aussi au fait que peut-être que tous ceux qui étaient disparus dans le triangle des bermudes avaient peut-être décidé de se rassembler sur cette île et d'y monter une ville. D'autres hypothèses étaient aussi en formation dans ma tête lorsque je me secouai pour me ramener sur terre.

-Oh, désolée, hum depuis hier, mais parlez moi dont de cette population qu'il y a ici?

Je le regardai en lui offrant vraiment toute mon attention, j’espérais juste vraiment qu'il écarte l'hypothèse du peuple cannibale de mes pensées au plus vite. Sinon, à côté de tout cela, c'était fou comment il avait des beaux yeux, ils brillaient toujours de cette étincelle prédatrice que j'avais décelée plus tôt mais, maintenant que j'y pensais, ça m'attirait assez et en observant l'ensemble de son lui-même, il faut dire qu'il m'attirait totalement physiquement. Remarque que, tant mieux, parce qu'il faudrait bien que j'aille un peu de sex sur cette île parce que, qu'on le veuille ou non, ça devient en quelque sorte un besoin après une certaine période, comme maintenant, à quand remontait ma dernière baise? Peut-être il y a un mois ou deux avec cet homme -quel était son nom?- que j'avais rencontré dans une discothèque... Ouais, j'étais totalement due pour une petite partie de jambe en l'air, mais bon, je n'allais tout de même pas sauter sur cet étranger tout de suite... Quoi, c'est vrai, il m'invitait à passer la nuit chez lui, alors je n'avais qu'à prendre mon mal en patience et à attendre le bon moment.

Pendant que je me questionnais sur cette île où j'étais tombée, ce Zachary se mit à tourner autour de mon abri d'une allure un peu, comment dire..., sensuelle je dirais. Ça m'évoquait encore une fois l'image d'un animal qui tournait autour de sa proie avant de l'attaquer. «Exactement.», c'est ce qu'il répondit à ma première question. Puis, à ma deuxième, il me renvoya une, non, plutôt deux, interrogations, courtes, mais révélatrices; «Croyez-vous au surnaturel?», il s'approcha considérablement, je le fixai dans les yeux ne portant plus aucune attention à ses paroles tant j'étais envoûtée par sa présence "quoi le surnaturel? ouais le surnaturel... qu'est-ce que c'était déjà le surnaturel?", ses yeux qui n'étaient qu'à une toute petite distance des miens, je pouvais y voir tous les infimes détails et m'y plonger totalement. «Aux... Vampires?», "les vampires? comme dans les légendes et les films? en est-il un? oh et puis, qu'est-ce que ça peut bien faire!" puis, il me priva de ce spectacle enivrant qu'était l'abyme de son regard en refermant ses deux paupières; il posa gracieusement, mais fermement sa main sur ma taille, m'attirant vers lui, pressant entièrement mon corps contre le sien et me faisant le vouloir de plus en plus "non mais, qu'est-ce qu'il attend pour m'embrasser celui-là!", ce fut donc sur mes lèvres tremblantes de désir qu'il posa les siennes.

Ce baiser, combien de temps dura-t-il? Aucune idée, ça me sembla une éternité quand bien même il n'aurait pu durer que quelques secondes mais, ce que je savais, c'est que jamais de toute ma vie un baiser -ou une personne- ne m'avait fait cet effet-là. C'est vrai quoi, d'où il sortait celui-là? Je le connaissais depuis à peine quelques minutes et pourtant jamais je n'avais autant désiré que quelqu'un me presse contre lui et m'embrasse. C'est donc penchée sur lui parterre, la main gauche sur le sol pour me soutenir et l'autre main sur sa joue, que je rouvris les yeux quelques secondes pour prendre conscience de la situation.

-Tu es un... vampire?

Je prononçai ces mots avec un léger mouvement de recul, mais je crois que ce mouvement ne resta que dans ma tête puisque ce jeune homme m'attirait beaucoup trop. Aussi, j'estimais que l'on pouvait passer au tutoiement vu la position dans laquelle nous nous retrouvions. Reste qu'il y avait tout de même une pointe de scepticisme dans ma voix, jamais je n'avais imaginé que les vampires puissent exister, mais vu la puissante attirance que j'avais envers lui, je me disais que c'était sûrement là où il voulait en venir puisque, dans les légendes, les vampires avaient toujours une beauté surnaturelle, parfaite. Je l'observais deux secondes encore, le temps de savoir ce que j'allais faire de cette information présumée.

-Oh, et puis on s'en fout!

Puis je reposai mes lèvres sur les siennes fougueusement.

[Note: Les textes en blanc italique sont les pensées de Petal.]

On aurait dit que mon attirance pour lui m'avait fait oublier que, un vampire, c'était dangereux et que ça pouvait tuer. Après m'avoir confirmé ce que j'avais deviné, il échappa un petit rire sexy et cruel à la fois. «Non, ma belle. On ne s'en fout pas.» Oups. La lueur prédatrice dans son regard que j'avais décelée plus tôt s'était intensifiée, j'aimais ça, ça m'excitait, j'étais encore perdue dans mon délire il faut dire. Il me donna aussi des tonnes de petits baisers dans le cou qui me firent monter à l'esprit que peut-être disait-il cela seulement pour plaisanter, m'exciter ou me faire une petite peur. Par contre, lorsqu'il sortit ses canines, ma petite bulle éclata et ce n'est qu'à ce moment que je réalisai que, vraiment, je m'étais foutue dans une situation plutôt dangereuse. C'est vrai quoi, dans les films, les vampires sont souvent des gentils petits garçons qui tombent en amour avec une pauvre petite humaine et qui y font super attention, qui la protègent mais, ce scénario-là, il n'arrive que dans True Blood et Twilight j'imagine, parce que, dans la réalité, j'étais sur le bord de me faire vider de mon sang jusqu'à la toute dernière goutte. Eh oui, mon heure était venue il faut croire, les quelques gens -s'il y en avait- qui tenaient quelque peu à moi sur le grand continent ne feraient donc pas un deuil pour rien, je serai vraiment morte, finie, kaput; j'allais, ici au beau milieu de cette jungle inexplorée, fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. J'observai ces crocs si bien aiguisés pendant les quelques instant où j'en eu la chance, puis, voyant ces deux pics effrayants s'approcher dangereusement de mon cou, je crispai les yeux pour me préparer à rendre l'âme, pour me préparer à affronter la douleur qui allait me tenir de la tête aux pieds dans quelques dixièmes de seconde. C'est alors que ça arriva.

Spoiler:

Sans aucune pitié, il enfonça ses crocs dans la peau de mon cou dans un mouvement tout aussi brusque que délicat et sensuel. Une fraction de seconde plus tard, je sentis une énorme tension dans tout mon corps, comme s'il voulait extraire mon âme par les deux petits trous qu'il avait percés dans ma peau. Cette sensation dura pendant un moment qui me sembla interminable, mais que je n'aurais su définir en terme de minutes et de secondes, j'étais, en fait, dans une sorte d'état de transe et, pendant un instant, je crus que j'allais m'évanouir, peut-être même mourir, car des taches noires commençaient à se former devant mes yeux et que je sentais que mon âme commençait à me quitter, peut-être était-il en train de réussir à l'extraire par mon cou. Par contre, contrairement à ce que je m'attendais, la tension se relâcha soudain et, alors que j'allais perdre conscience, quelque chose de mouillé et de froid se plaqua contre ma bouche. Aucunement dans l'état d'offrir une résistance quelconque, je fis ce qui sembla pour moi le réflexe le plus naturel du monde, un liquide était sur ma bouche, alors je bus. Dès la première goutte avalée, le monde commença à reprendre ses couleurs, comme si j'avais été aveugle pendant un instant, l'avais-je été? Puis, dès que j'eus moi-même repris toutes mes couleurs et même, peut-être en mieux, car je me sentais plutôt différente et plus vive, je pris conscience de ce qui s'était passé pendant que je me croyais aveugle: le regard excité de Zachary qui se posait sur moi, sa main froide qui me caressai la joue et ses belles lèvres sensuelles qui prononçaient "Tu es à moi...". À la fois cette perspective des choses m'allumait, à la fois je trouvais ça un peu étrange que quelqu'un dise que je lui appartenais, mais bref, ce n'était sûrement pas ce détail qui allait changer ma vie, me disais-je, j'avais tord.