People fall out of the world sometimes, but they always leave traces. Little things we can’t quite account for. Faces in photographs, luggage, half-eaten meals… Rings. Nothing is ever forgotten, not completely. And if something can be remembered, it can come back.
Les hurlements résonnaient, se répercutant entre les pierres du château, se faufilant dans les endroits les plus sombres. A l’autre bout de la bâtisse, là, dans cet endroit dénigré de tous, un humain n’aurait pas entendu ces cris de douleur, il n’y aurait perçu que le bruit du vent parfois trop monstrueux. Or, l’enfant possédait ces capacités inhérentes à la créature qu’il était, et le bruit lui parvint immédiatement, le tirant de son sommeil. La pièce était plongée dans le noir, aucun fenêtre n’ayant été percée dans celle-ci mais il voyait clairement, pouvait discerner tous les objets qu’il chérissait tant. Nikolaj resta prostré pendant quelques secondes, ne sachant pas ce qu’il devait faire. Il mit ses mains sur ses oreilles, tentant maladroitement de faire cesser le bruit qui lui vrillait les tympans mais c’était inutile, il était encore incapable de bloquer les sons dérangeants. Il prit le baluchon qu’il avait préparé dès l’âge de dix ans, car il savait depuis le début qu’il ne vivrait pas ici pour toujours. Il y ajouta un parchemin ainsi qu’une plume et fila à travers les couloirs. Le soleil n’était pas encore levé, mais il menaçait à tout moment de déployer ses rayons destructeurs. Ils étaient loin à présent les hurlements mais autre chose attira l’attention du jeune héritier ; une odeur qui le révulsait. Il courra plus vite encore à travers les couloirs, omettant la présence des femmes qui couraient en sens inverse, ignorant toutes ces esclaves que son père avait collectionnées.
Quelque chose n’allait pas, il le sentait.
Le spectacle qui s’offrit à ses yeux acheva toute la retenue du garçon, toute cette timidité dont on l’avait accablé depuis ces années. Un feu immense avait été allumé dans la salle principale du château, un bucher de sorcière destiné à sa mère. Son hurlement n’eut rien d’humain, il ressemblait à une bête à présent, cette terrible créature que l’on trouvait dans les contes, le vampire tel que les humains l’avait imaginé. Les rires s’étaient immédiatement éteints et tous s’étaient retournés vers lui, mi- effrayés, et surtout mi- amusés de n’y voir qu’un simple enfant. Ils ne voyaient pas le danger, ils ne comprenaient pas qu’un enfant-vampire puisse être aussi meurtrier qu’un adulte. Sa mère n’avait cessé de lui apprendre à cacher le monstre, à l’enfuir dans le plus profond de ses entrailles et il y était parvenu, contrairement à ses nombreux frères et sœurs qui étaient devenus de vulgaires animaux. Mais en ce début de journée, il n’était plus ce petit garçon timide, non, c’était un vampire qui se tenait devant eux, un vampire calculant qui était l’être le plus faible du troupeau – prédateur.
Le sang recouvre ses mains.
Cette impression d‘ivresse.
Une fuite à travers les bois, courir, ne pas s’arrêter, jamais.
Le soleil qui se lève, perce à travers les feuillages, lui brûle le bras.
You also think you know life. You stand on the edge of things and watch it go by, but you’re not living it, not really. You’re just a tourist, a ghost.
« Je sais ce que tu es » Il s’était aussitôt figé, prêt à partir dans la seconde où elle prononcerait le mot.
« et… ça ne me dérange pas, enfin, je ne sais pas trop, ils disent que les gens comme toi sont dangereux mais je ne crois pas, enfin, je… tu, je t’aimes bien moi »Il se demanda quelle sensation aurait ressenti un humain en comprenant ces mots ; son cœur aurait-il manqué un, deux ou trois battements ? Il aurait apprécié de connaître cette sensation, mais la surprise se manifesta tout autrement chez le jeune homme – il eut un léger sourire, ceux bien trop rares qu’il n’avait accordé à personne depuis la mort de sa mère.
« Tu devrais être effrayée, les gens de ton espèce le sont toujours. Les humains ont peur de ce qu’ils ne peuvent pas contrôler… » Il y avait une certaine amertume dans la voix de Nikolaj, quelque chose qui faisait remonter de douloureux souvenirs. Ses mots se perdirent, laissant un silence pesant s’installer entre eux jusqu’à ce que la plus jeune s’approche de lui, franchisse ce périmètre qu’il avait toujours instituer entre eux. Il aurait pu aisément éviter son geste mais étrangement, il n’avait pas bougé, recevant alors les bras de la jeune fille autour de son cou, ce contact contre sa peau qu’il ne connaissait pas, cette curieuse chaleur qui percuta le froid éternel de sa peau diaphane.
Precious and fragile things need special handling. My God what have we done to You?
Ils ne le comprennent pas et c’est pourquoi ils le trouvent dangereux parce qu’il est ce soldat silencieux dont le regard vous suit toujours, deux pupilles glacées qui ne vous quittent jamais, deux lames qui vous transpercent insidieusement, s’enfouissent sous votre manteau humain, fouillant votre âme à la recherche d’informations que seul lui connaît. Il ne répond rien lorsqu’on lui demande pourquoi il a rejoint l’armée et il ne le fait pas par orgueil ou mépris, non, c’est simplement qu’il n’a aucune raison. Il n’a pas besoin d’étancher sa soif de sang, il n’est pas un monstre sans éducation, il n’a pas pour ambition de prouver à un clan qu’il est digne de le diriger. Non. Rien de tout ça. Aucune de leurs raisons. Nikolaj est ici par curiosité. Il a vécu pendant deux ans chez des humains, il a apprit à les connaître et il a été fasciné par eux, par leur façon de vivre, tout simplement. Et puis, il y a eu cet Ouragan Roux qui aurait pu le faire changer d’avis, il aurait pu rester pour elle, trop fasciné par sa beauté. Mais ce que les humains qualifient d’amour n’est jamais venu, ce n’était qu’une volonté froide de la posséder, de l’avoir pour lui, une forme de jalousie aussi.
Alors il est parti rejoindre l’armée pour mieux appréhender ceux de son espèce, voir si ils avaient ou non plus de valeur que les humains.
Les corps tombent sous ses yeux. Ce ne sont que des enveloppes, puis ils disparaissent lentement, avalés par la neige qui laisse une vague emprunte. Nikolaj observe tout cela avec un intérêt quasi morbide, dérangeant. Il prend des notes, dessine les corps. Il a un besoin obsessionnel de dessiner tout ce qu’il voit, d’y apporter des annotations.
Il n’y a pas de gagnant dans une guerre, jamais, quoique l’on vous dise, même si vous avez éliminé le clan adverse, la guerre vous arrache aussi une partie de votre être.
Nikolaj a quitté l’armée après avoir servi pendant plus de cent ans, ce qui est bien mineur pour un vampire.
“I’ll confess it is pleasant to look at you asleep. You’re quite beautiful”
“Looks are an accident”
“If comeliness were earned, you’d still be beautiful.”
Les années défilent, il voit les empires s’élever et chuter à une vitesse qui lui semble folle. Cette curieuse faculté des humains le fascine, il ne comprend pas comment ils arrivent toujours à se relever, quoiqu’il arrive, qui plus est car ils ne possèdent pas l’immortalité, et certains se retrouvent si mutilés que Nikolaj ne comprend pas leur souhait de vivre. Il arpente les hôpitaux depuis quelques temps, il fait le travail du Faucheur, beaucoup y croient, certainement parce qu’il a ce visage si singulier, taillé rageusement, et puis ses yeux aussi, deux billes ambrées qui brillent d’un éclat malicieux lorsqu’il le veut bien. Il est le Faucheur Elégant, ce serviteur de la mort habillé de costumes taillés à la perfection, il vogue avec les ombres, se faufile entre les chambres tel un bandit à la recherche de nouvelles victimes – non, ce ne sont pas des victimes. Il ne condamne personne, il leur offre la mort. Voilà trois cent ans qu’il foule la Terre et c’est le meilleur moyen qu’il ait trouvé pour se nourrir mais ceci lui convient un temps – jusqu’à sa rencontre, avec elle, la Beauté Infernale comme il l’a cite toujours.
C’était une odeur entêtante qu’il suivait depuis quelques minutes sans parvenir à déterminer qui la portait. Une odeur si singulière qu’il était incapable de lui donner un nom. C’était cela son don le plus singulier, cette capacité d’associer des odeurs à des humains, de les classer aussi car il s’était rendu compte très tôt que ses congénères n’en possédaient pas, ils empestaient la mort, alors Nikolaj avait été, très tôt, attiré par les humains pour cette raison – et bien d’autres. Il arpentait les rues tel un enfant, émerveillé par ce qu’il découvrait et lorsqu’enfin il pu mettre un visage sur ce qui l’avait obsédé durant toute cette soirée, un franc sourire illumina son visage parfois trop terne. Elle était là, à quelques mètres seulement de lui, ses yeux le fixant tout comme il l’observait. Jugement. Il s’approcha lentement d’elle, mesurant sa cadence, contrôlant ses envies. Il était terriblement enivré, prêt à toutes les folies pour la capturer et c’est cela qui le perdit pour les siècles à venir.
Une odeur de jasmin, couplé à un soupçon de musc.
Les yeux émeraude qui le supplient lentement, sans être capable de fuir.
C’est l’éclat des humains qui l’attire.
Il s’accapare leur beauté, la possède jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une chair flétrie par la mort.
They can keep me alive 'til I tear the walls, 'til I slave your heart. And they take your soul and what have we done? Can it be undone? In the evil's heart. In the evil's soul.
Le Fantôme, c’est ainsi qu’on le surnomme sur l’île, il le sait, il entend chaque murmure, se concentre là-dessus. Ce n’est pas de la curiosité malsaine, c’est simplement qu’il apprécie de les entendre parler, il aime les mots, les différentes langues, alors il écoute les conversations des humains qui s’approchent un peu trop près de son repaire.
« Vous savez qu’il est impoli d’entrer chez quelqu’un sans s’annoncer ? » La voix est doucereuse mais on sent l’agacement qui menace. La voix est sans visage, il se masque dans l’ombre, joue avec elle tandis qu’il observe l’intrus, imprime chacun de ses traits dans sa mémoire, y cherchant une correspondance.
« J’ai le droit de vous tuer pour moins que cela. » C’est un fait nouveau, aucun humain ne s’est jamais aventuré ici, ils sentent le danger ; animaux apeurés. Il fait un pas en avant, et l’unique bougie se trouvant dans la pièce éclaire soudainement une partie de son visage. Il est monstrueux ainsi révélé par les tons rougeoyants de la flamme, un diable dont on voudrait fuir la présence mais ses yeux brillent d’une lueur qui vous invite à rester ; quelque chose d’insondable, qu’on préfère ne pas interpréter.
« Vous n’êtes pas marqué. » C’est une remarque à voix haute qu’il aurait pu taire mais il ne fait jamais rien par erreur, tout est calculé d’avance, trois coups sur ses adversaires, toujours. Ce n’est pas un naufragé, ses vêtements en témoignent mais il y a ces battements qui ne cessent pas. Une fuite.
« Les succubes sont des êtres fascinants, je comprend que vous ayez eu des… sentiments à son égard mais manifestement vous l’avez fui. Pourquoi ? » Le vampire s’avance au fur et à mesure de ses paroles, il aime le jeu avec la lumière, cette façon de se dévoiler face à l’humain qu’il a eu tout le temps d’observer – celui dont les traits lui en rappelle un autre. C’est probablement pourquoi il ne l’a pas chassé immédiatement.
« Vous êtes en sécurité ici »QUOTES. Doctor Who ; Skins ; Depeche Mode ; Silence des Agneaux ; Florence + the Machine