Je suis née un mois de juillet. Un mois où le soleil brille de mille éclats, où les fleurs pleines de couleurs égaient les journées des passants. Cependant, je ne suis pas née humaine. Les légendes racontent que les vampires sont des êtres damnés, immorales, qui ne veulent que le sang et le chaos. Mais si ce n’était pas le cas ? Je ne peux me résoudre à penser que tous les vampires sont des êtres immondes ! Il y a des humains qui le sont aussi. Je suis née d’une mère humaine et d’un père vampire. Ma mère aimait mon père de toute son âme. Mon père également. Je n’ai jamais connu ma mère. Elle est morte en me donnant naissance. Je suis née dans une famille royale. Vampire d’une famille royale. Lourde tâche qui sera un jour la mienne disait ma grand-mère. J’ai été choyée dans ma famille. Ma naissance fut un jour de fête pour les vampires de Norvège. Mais aussi un jour de deuil. Je n’en veux pas à mon père – comment le pourrais-je – qui s’enferma pendant des jours, des semaines entières, pleurant la mort de ma mère défunte. Pendant ce temps, ma grand-mère s’occupait de moi, ne me lâchant que très rarement. J’étais un bébé tout ce qu’il y avait de plus sage. D’après les dires d’Eve, ma grand-mère. Je démontrais déjà mon intelligence, mon aptitude à obéir, à comprendre les choses. A réagir au monde qui m’entourait. Encore aujourd’hui, quand je vois Eve, elle me regarde de ses yeux enchanteurs, tellement heureuse. De la voir, de la côtoyer tous les jours, cela me rassure. Eve possède une force de caractère que je lui envie. J’ai passé ma petite enfance, mon enfance et mon adolescence au château. Un énorme château où il y faisait bon, où les employés humains de mon père n’étaient pas maltraités. Ils rentraient chez eux le soir. La Norvège était un pays prospère mais caché. J’ai été élevée et éduquée dans une harmonie, une paix, un bien être. Je n’ai connu ce qu’on appelle le mal que très récemment. Mes journées étant enfant se résumèrent à des choses, à des occupations bien futiles. Jouer. Jouer. Jouer. Pendant de nombreuses années. Et puis, à l’âge de mes 15 ans, le monde m’apparut enfin tel qu’il était. Les pauvres dans la rue. Le chômage. Des attentats. La guerre. Au lieu d’être choquée, j’allais voir mon père. Le soir, lorsque nous n’arrivions pas à dormir, nous avions l’habitude de nous asseoir près du feu de la grande cheminée du salon. Et nous passions des nuits à discuter philosophie, économie. Plein de sujets tous plus intéressants les uns des autres. Je ne me rendais pas compte que le fait de parler comme cela avec mon père étaient des moments de bonheurs intenses. Des moments privilégiés entre mon père et moi. S’il venait à mourir, je ne m’en remettrais pas ! Ma grand-mère, mon père. Ce sont deux personnes qui ont toujours été là pour moi. Les deux premières personnes que j’ai vues en venant au monde. D’autres sont venues après. La vie m’a offert des présents. La vie m’a offert aussi des cadeaux empoisonnés.


La lune éclairait les fleurs de ses rayons argentés. L’écho de nos pas dans l’allée qui menait à la serre. Lieu que je chérissais. J’y allais presque toutes les nuits, me reposant de ces moments harassants qui m’étaient donné de vivre. Gouverner, faire la justice. J’aidais mon père dans des affaires politiques, lui donnant des conseils qu’il écoutait presque tout le temps. Simplement, cette nuit, je n’étais pas seule. Bras dessus, bras dessous. Elysium se tenait près de moi. Sa voix douce s’élevant dans les airs. Des notes de musique. Quelques fois, quand elle venait chez moi, je lui demandais de chanter l’accompagnant au piano et au violon quand l’envie me le disait. Mais mieux que cela, j’aimais me promener en sa compagnie. C’était de ces moments où l’on pouvait se confier en toute discrétion.
-« Il est beau Light ! Il est fort ! Et il m’aime ! Je sens son amour pour moi ! »
Je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. Elysium était amoureuse d’un homme. Je ne pouvais pas comprendre encore ce sentiment. N’étant jamais tombée amoureuse, je n’avais qu’une très vague idée de ce que pouvait ressentir ma meilleure amie. J’étais inquiète. S’il lui faisait du mal ? Elysium était plus qu’une amie à mes yeux. Fille unique, j’avais découvert en Ely, une amie, une sœur, une confidente. On ne se voyait pas beaucoup et lorsque nous nous voyions, nous ne pouvions nous maitriser. Alors, nous nous serrions dans nos bras, nous embrassant. Et nous restions collées l’une à l’autre, ne nous quittant très rarement. C’était une relation plus intense encore qu’avec Jewel et Jezabel bien qu’eux aussi je les aimais comme des membres de ma famille.
-« Je te souhaite de tout cœur de découvrir ce sentiment Symphony ! Avec l’amour on peut soulever des montagnes ! Et avec Eleazar… »
Elysium ne termina jamais cette phrase mais le sous-entendu je le comprenais très bien. Je ne connaissais pas cet homme et je ne voulais pour l’instant pas le connaitre. Peut-être que je jugeais trop vite et force m’étais de constater que je faisais cela avec toutes les personnes que j’étais amenée à rencontrer. Encore aujourd’hui. C’est d’une voix que je voulais forte et puissante pour ne pas montrer mes sentiments envers cette discussion que je m’exprimais.
-« Je suis contente que tu ait pu trouver un homme qui te corresponde Elysium. Mais… s’il te plais, fait attention. Ne t’attache pas trop, les sentiments, quand ils sont trop forts, peuvent être dangereux. »
Son rire résonna dans toute la serre. Les fleurs ouvertes, dégageant un parfum agréable m’adoucirent comme le rire d’Elysium. Suave, sucré. Tout comme elle.
-« Tu as tellement peur de tout Light ! Arrête de t’inquiéter ! Je suis une grande fille qui a maintenant 222 ans. »
-« Mais… si tu es amenée à être déçue ? Si tu es… S’il te quitte ? Que deviendras-tu ? Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi ! »
Me prenant la main, me regardant droit dans les yeux, Elysium sourit et vint se coller à moi. C’était sa manière à elle de me rassurer et de couper court à la conversation.
-« On en rediscutera si tu le veux bien Light. Mais je sens que tu n’es pas prête à accepter ce genre de chose. »
Bizarrement, je ne voulais pas que la conversation s’arrête. J’aimais quand elle me parlait. Si la photographie avait existé à l’époque, je lui aurai demandé une photo du dît Eleazar. Malheureusement, nous vivions encore en des temps troublés par des guerres de religion, des famines. Mon père et moi nous efforcions à être le plus équitable possible avec nos sujets vampires. Mais nous ne pouvions empêcher quelques incartades. Me tenant droit et prenant la main d’Elysium dans la mienne, nous continuâmes à marcher et à parler de son île.


Le temps s’écoule, se reconstruit. Il coule et les humains ne le voient pas. Insouciants, ils vaquent à leurs occupations. Ils savent qu’ils vont mourir, mais le cachent. Ils font des enfants, ils fondent une famille. Et ils meurent. Etant vampire, je me sentais en sécurité. Immortel, j’avais l’éternité devant moi ! Je ne me rendais pas compte que les vampires n’étaient pas en sécurité et ressemblaient aux humains. C’est pour cela que je les aime, ces êtres mortels mais ô combien beaux et éphémère.
J’étais dans mon jardin, la nuit était tombée depuis longtemps. Le calme régnait et je me sentais détendue. Heureuse de ces moments de paix et de sérénité. Les fleurs écarlates montraient leur beauté avec puissance et sérénité. Respirant pour sentir les effluves des fleurs, je me levais pour rejoindre mon père. Celui-ci se trouvait dans le grand salon. Ma grand-mère à ses côtés. Me tendant les bras, je vins m’y blottir, heureuse de la sentir près de moi. Mais je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Le regard de mon père se posa sur moi. Pas de sourire, ni de mine réjouit. Avais-je fais quelque chose de mal ? L’avais-je déçu ? Au lieu de demander, j’attendis. C’est ma grand-mère la première qui me fit assoir sur un fauteuil en velours rouge. Puis, elle partit et revint tout de suite après avec une tasse de sang chaud à la main.
-« Bois mon enfant, cela te fera du bien. »
Puis mon père.
-« Light… Je ne sais pas comment te le dire, mais c’est le devoir d’un père d’avertir sa fille lorsque quelque chose vient d’arriver. Quelque chose grave Light-Symphonia. La famille régente à changer à HeartKiller. Ce ne sont plus les Levinson qui règnent. Ce sont les Bridgestone à présent. Mais ce n’est pas le plus grave. »
Il me prit alors le visage tout doucement. Il fallait que j’affronte avec dignité ce qui allait suivre. Si je devais me marier avec un Bridgestone, je l’accepterai.
-« Elysium est morte. »
C’est alors que la terre s’arrêta de tourner. Mon esprit également. Je ne voyais plus ce qui m’entourait. Je n’entendais plus rien. Il me fallait de l’air, il me fallait de la force. Mais j’étais dans un état catatonique. Un état que même les vampires ne pouvaient imaginer avoir. Je ne savais plus ce que je faisais. J’étais devenue un automate. Une machine. C’est en silence que je me levais, que je montais les escaliers. Le bruit de mes talons résonnant sur les murs. Entrant dans chambre, je fermais la porte. Je m’allongeais sur le lit en espérant de tout cœur mourir pour me retrouver près d’Ely.

1810. Révolution industrielle, les hommes avaient progressé dans la technologie. Les vampires en profitaient également. Usines, matières premières. Un tournant décisif dans l’histoire. Et moi, petite âme, j’avais vu. J’avais observé ce que les hommes faisaient. Elysium était morte, je ne m’en étais toujours pas remise. On m’avait laissé pendant 3 semaines dans ma chambre. Je vivais ermite de la société, essayant de digérer la mort d’Elysium. Mon père ne m’avait pas dit comment Elysium était morte. Pour ta préservation, ma fille… avait-il dit. Que pouvais-je répondre à ça ? J’ai vécu dans ma chambre un certain temps. Puis, les trois semaines écoulées, ma grand-mère prit soin de moi. Elle montait me voir. Elle me disait de faire des choses. Peinture, piano, s’occuper du jardin. Elle savait et mon père également que je ne pouvais pas encore les rejoindre pour retrouver mes fonctions. De la fenêtre, je regardais la neige tomber. Un moment de calme. Mais je n’avais plus cette sérénité en mon cœur. Parti. Envolé. Elysium n’était plus et j’avais perdu une partie de moi avec elle. C’est à cette brève période de ma vie que je me rendis compte qu’Elysium était plus qu’une sœur, qu’une amie. Elysium était mon double. Elysium était le miroir de E. Light-Symphonia Engen. Et je pleurais. Je pleurais. Les larmes coulaient à longueur de journée. Et je marchais en rond dans ma chambre n’ayant plus gout à rien. Je voulais me laisser dépérir, mes amis et ma famille m’en empêchèrent. Je voulais fuir l’endroit où j’avais vécu toute ma vie. Mais ma grand-mère m’arrêta. Et puis, cette accalmie s’arrêta. Et je réfléchis. Je réfléchis pendant des heures au sens de la vie. A l’amitié. A la politique. Et j’écrivais. Et cela m’aidait. Oui toutes mes pensées m’aidaient à ne pas baisser les bras ! Je ne repris pas tout de suite gout à la vie. Et encore aujourd’hui. Je profite simplement de certaines heures de joie.
C’est un soir de janvier que mon père vint me voir dans ma chambre comme il avait l’habitude de le faire. Le salon étant devenu pour moi un lieu saint, sacré qu’il ne fallait pas que je pénètre de peur d’abimer les souvenirs que j’avais d’Ely. Souriant de toutes ses dents, il m’avoua qu’il y avait un sir Bridgestone dans le salon. Il me dit qu’il fallait faire fi du passé, de sourire au monde qui s’offrait à moi. Mais Elysium était morte.
-« Tu sais… Ta mère et moi nous aimions d’un amour sauvage, pur et immortel. Ta mère est morte sans que tu ne la connaisses Symphonia. J’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre. Te voir dans cet état me rappelle ce que j’ai également subit. Perdre un être cher est une très dure épreuve. Mais cela fait plus d’un siècle maintenant. Tu auras toujours Elysium dans ton cœur. Mais il est temps de penser un peu à toi. »
Il me laissa et ce soir-là, je ne vis pas le sir Bridgestone.

Deux semaines passèrent. Je méditais sur les paroles de mon père. Oui, Elysium resterait toujours près de moi, dans cœur. J’avais écrit tous mes souvenirs avec elle dans un journal auquel je tenais plus que tout. Me regardant dans le miroir, je vis une femme. Une femme qui se voulait un tantinet hautaine. Une femme qui ne montrait pas ses sentiments. Je ne pouvais plus. Il fallait que je me préserve de cette douleur de perdre un être cher. Ma robe de soie rose épousait mes formes. Mes cheveux attachés en chignon simple, quelques mèches relâchées çà et là, j’étais prête à être présenter au sir Bridgestone. Il était de mon devoir de me présenter, étant fille du roi de Norvège. Prenant une grande respiration, je descendis les escaliers. Mon père et ma grand-mère au bas des marches, j’allais les rejoindre. Ils m’accompagnèrent dans le large salon qui avait changé. Nos vieux meubles remplacés par des modernes. Les murs aux couleurs chaudes. Les larmes me montèrent aux yeux mais je les retenais tant bien que mal. Je le vis. Un homme élégant. Un homme fort, viril. Il se retourna plantant son regard dans le mien. Pétrifiée, je ne pouvais rien faire. Lui aussi ne bougea pas pendant quelques minutes qui semblèrent une éternité. Ses yeux bleus océan m’engloutissaient toute entière. J’étais perdue dans une mer profonde. Il s’approcha de moi. Sa démarche de prédateur lui allant à ravir. Il me tendit la main et se présenta.
-« Eleazar Bridgestone. Pour vous servir mademoiselle. »
Je perçais l’ironie dans sa voix. Etait-ce une protection pour lui ? Puis… Eleazar me revint. Elysium, tout à coup me revient. Son visage, ses mains délicates. Ses yeux bleus-gris. D’un reproche, elle me fit savoir qu’il ne fallait pas que je m’approche de lui. Me reprenant, je dévoilais ma main gantée, aussi froide que possible.
-« Enchantée de vous rencontrer Monsieur Bridgestone. »
Un sourire à ses lèvres, un air narquois au visage, il embrassa ma main. Je me sentais attirée vers lui. Comme un aimant a besoin de métal. Détournant la tête et mon regard, j’allais me poser près d’un grand fauteuil attendant l’autorisation de mon père pour m’assoir.
-« Voici Sir Eleazar Bridgestone, ambassadeur et gouverneur d’HeartKiller. Monsieur Eleazar, voici ma fille : Light-Symphonia Engen. »
Et les présentations continuèrent. Les discussions, le repas. Je pus enfin retourner dans ma chambre après des heures et des heures. Je ne m’étais pas ennuyée, loin de là. Mais le savoir près de moi, en face de moi. Savoir que je ne pouvais contrôler mes émotions, je me sentais complétement impuissante. Je devais faire bonne figure envers mon père, ma grand-mère… Et Ely.

1997. La guerre était terminée depuis quelques années. Les mœurs avaient changé, les humains également. Bouleversement politique, bouleversement démographique. Le sang avait était versé dans plusieurs pays. Le monde devait être reconstruit. Ma famille et moi-même avions regardé de loin le massacre qu’avaient perpétué les nazis. Nous avions d’autres choses à régler. J’avais repris mes études avec la bénédiction de mon père et d’Eve. Etudes de littérature, j’avais découvert en Victor Hugo, Proust, Musset, des écrivains, des génies. La littérature était pour moi une grande source de réconfort. Me plongeant dans des histoires passionnantes, dans des essais. Cela me faisait réfléchir, découvrir la vie sous un autre jour. Le soir, deux profs d’université venaient. Et je travaillais dans le calme et la sérénité. J’avais repris le piano. C’est toujours avec un pincement au cœur que je jouais. Je jouais pour Elysium. J’espéré qu’elle m’entende là-haut, au paradis. Les nuits passaient. Je me sentais de mieux en mieux, faisant mon deuil d’Elysium. Quelques fois je revoyais Sir Bridgestone pour des affaires. Je me trouvais toujours près de mon père puisque l’avenir de mon pays me regardait. Puis… mieux que tout…

J’avais trouvé une fille. Une infant. Me promenant un soir dans les ruelles d’Oslo, j’entendis des pleurs. Des pleurs très bas, très doux. Les pleurs d’une enfant. Je ne pus m’empêcher d’aller plus près. C’est ainsi que je la vis. Petite rousse aux joues pailletées de tâches de rousseurs. Elle se trouvait sur un trottoir. Doucement je m’accroupis pour ne pas l’effrayer et lui demandait d’une voix qui se voulait chaleureuse et pleine de sollicitude où était ses parents. Elle me répondit qu’ils étaient morts. Alors je lui demandais en retour son nom (Sigrid), son âge (7 ans). Je ne pouvais pas la laisser toute seule, frêle et sans défense. Il fallait que je l’héberge le temps de trouver une solution. Lui tendant ma main, elle la prit sans hésitation.
Et les jours passèrent. Je ne pouvais plus me passer de Sigrid. Elle était devenue une enfant que je chérissais. Ce n’était pas une amie. Ce n’était pas une cousine non plus. Sigrid était mon enfant. L’instinct maternel en moi s’était réveillé. Et Sigrid était là. Et je faisais tout pour elle. Cette gamine que j’avais rencontrée et sauvée des ruelles. Sigrid, petite poupée de porcelaine. Elle était la fille que je rêvais d’avoir. Belle, intelligente. Ma famille l’avait accepté comme leur fille. Elle était éduquée, avait tout ce dont elle voulait. Et les années s’écoulèrent. Je me sentais pleinement vivante avec Sigrid à mes côtés ! Je l’avais transformé à l’âge de ses dix ans… Et ce n’était pas une décision réfléchie de ma part. Mais je ne pouvais faire que cela. Sigrid était malade. Leucémie avait dit les médecins. Je ne pouvais la perdre. Sigrid était devenue une part de moi-même. Si elle venait à mourir... Je la voulais pour l’éternité. Et je n’avais pensé qu’à moi. Les larmes me montent aux yeux quand je repense à cette scène. Sigrid ne pourra jamais découvrir ce qu’est l’amour. Sigrid ne pourra jamais gouter aux joies de la vie. Elle restera à jamais dans ce corps de fillette gracile. Ce fut une erreur. Mais je ne regrette pas. Je me demande simplement si elle m’en veut. Sigrid est mon infant, mon enfant et je l’aime de tout mon cœur.


J’avais reçu la lettre de l’empereur Cesar Bridgestone qui m’annonçait mes fiançailles avec Sir Eleazar Bridgestone. Coup du sort ? Ironie cruelle du seigneur Tout Puissant ? Le soir même, toute ma famille m’attendait dans le grand salon. Mon cousin également, c’est lui qui me tendit la lettre cacheté. Puis je lu. Je lu tout ce que contenait la lettre.

« Mademoiselle Eva Light-Symphonia Engen.
Etant princesse de Norvège, je me dois de vous annoncer vos fiançailles avec mon frère Eleazar Bridgestone, celui-ci ayant besoin d’une femme aussi vite que possible. C’est avec bonheur que j’ai pensé à vous pour cette affaire matrimoniale.
C’est avec joie que je vous accueillerai sans plus attendre dans mon humble demeure. Vous et les membres de votre famille que vous daignerez emmener avec vous.
Au bonheur de vous voir le plus vite possible
Bien à vous.
L’empereur Cesar Bridgestone »

Alors j’allais me marier ? Mon destin était tracé. J’allais me marier avec Eleazar Bridgestone, l’amant d’Elysium ma sœur défunte. Je ne pouvais accepter ! C’est en relevant mon visage que je vis les regards émerveillés de ma famille. Ils attendaient de moi une réponse positive. Et je perçais la menace dans la lettre de cet empereur que je n’avais jamais vu. Si je refusais, la Norvège ne serait plus qu’un pays en sang. Je savais bien que nous n’étions pas assez puissants pour accepter ce genre de chose. Et c’était le devoir d’une princesse que d’accepter un mariage. Scrutant ma grand-mère, je voyais bien qu’elle ne voulait pas que je la quitte. Elle posait d’ailleurs une main féroce sur Sigrid. Elle ne voudrait jamais la laisser partir. Mais il me fallait ma fille à mes côtés. Egoïste de ma part, certes. Mais je ne pourrais survivre sans elle. C’est mon cousin qui m’annonça qu’il venait également, ayant reçu un poste haut gradé dans la société de HeartKiller.
Le lendemain, je fis mes bagages rapportant des livres, des robes légères, des affaires de toilettes. Je fis également la valise de ma fille. Celle-ci me lançant quelques fois des regards atroces de sous-entendus et un air de reproche sur le visage. Elle ne m’avait pas parlé de la journée. Puis, nous descendîmes toute les deux. Elle, de son pas guilleret. Moi… d’une démarche qui se voulait sûre. Puis les aux revoir. Les démonstrations d’affection qui pleuvaient.

Et le bateau s’en alla. Nous emportant toute les deux vers un nouveau destin. Un nouveau chemin.