« Tu sais Evie, la douleur, c’est toi qui la provoque. C’est en te recroquevillant sur toi-même que tu te fais du mal. Laisse-toi aller ma douce » Me susurra-t-il d’une voix rauque au creux de l’oreille, sa langue glissant déjà sur la peau fine de mon cou. Je sentis le désir monter au creux de mes reins tandis que ses mains s’attardaient sur ma peau qu’il aimait tant pour sa douceur et sa saveur. Déjà, je fermais les yeux alors que je laissais aller mon dos vers son torse si musclé. « Ethan … » Murmurais-je dans un souffle profond, emplit de désir. Je perçus son sourire quand ses lèvres vinrent se poser sur ma carotide. Je savais d »jà ce qu’il allait se passer mais, aujourd’hui, je n’avais pas peur. Non, j’en avais même envie. Mon chemisier en soie se déchira et mon cœur se tendit sous l’assaut de la passion puis ce fut le délice le plus exquis. Une douleur qui se déchaina par vague mais qui me fit hurler de plaisir. Je sentais ses crocs et je m’abandonnais à lui. « Ma tendre esclave. Tu es si jeune, tu ne connais rien encore de ces choses-là. Pourquoi a-t-il fallu que ta route croise la mienne. Tu n’as beau avoir que dix-huit ans, tu as déjà tous les charmes d’une femme. » Le liquide vermeille se déversa sur ma peau, suivit de près par sa langue. Hmmm … Quel délice. « Je t’aime Evalouane. »


Les larmes me serrent la gorge tandis que mes mains s’activent sur le papier que je griffonne plus qu’autre chose. J’essaye de transformer ma peur en une chanson, ce qui, autrefois me permettait de me calmer. Hélas, même ces quelques mots tracés d’une main tremblante ne parviennent pas à m’insuffler assez de courage pour résister à la tension qu’exerce l’aiguille des secondes. Tic, tac, tic, tac … Tout s’étire lentement, ces bruits me donnent la chair de poule. A part eux, rien ne vit dans cette maison. Deux jours qu’il n’est pas revenu, deux jours que je ne cesse de m’inquiéter pour mon amant. Car oui, il faut bien l’admettre, il est devenu beaucoup plus que mon maître. Chaque nuit, je me réveillais en espérant sentir ses crocs dans mon cou, savoir qu’il se collait à moi tandis que je me préparais un repas digne de ce nom alors que lui se contentait de quelques litres de sang. Nous étions un couple assez bizarre mais un couple quand même. Je ne sais pas ce qui a changé entre nous. Mais sa distance, ses remarques parfois blessantes me font me sentir menacée. Mais par qui ?

« Mon amour, tu es … »
« Pas ce soir » m’interrompit-il. Immédiatement, je me suis arrêtée de dévaler l’escalier. Ma main s’est crispée sur la rampe tandis qu’il passait à côté de moi, gagnant son bureau sans même me lancer un regard. Je suis restée plantée là, comme une idiote, à fixer la porte d’entrée qu’il n’avait même pas pris la peine de refermer. Un frisson glacial se répandit le long de mon échine alors que les flocons d’un blanc immaculé venaient s’échouer sur le tapis du vestibule. Dérangée par son ton si froid envers moi, je me suis exécutée à jour la bonne petite esclave sans rechigner, m’empressant de faire toutes les tâches ménagères possibles et inimaginables. Mon cerveau c’était éteint et mes pensées avaient cessé de se répandre dans ma boîte crânienne. J’agissais comme un robot pour ne pas croire en une chose ; étais-je en train de le perdre ? C’est avec un air résigné que je lui ai apporté son plateau repas ce soir-là. Il ne vint pas m’ouvrir la porte, ne daigna pas bouger lorsque je me cognai le long d’un meuble en étouffant un juron entre les dents. Non, il resta penché sur ses écrits comme si tout lui était étranger. C’est avec un regard noir que je me suis détournée pour regagner l’ambiance si réconfortante du couloir contrairement à celle-ci où je me sentais si oppressée. Mais avant que je n’ai pu atteindra la poignée, je me suis retrouvée plaquée au mur. Je sentis l’air s’échapper de mes poumons tandis qu’une douleur aiguë me transperçait tout le corps. Immédiatement, je me suis débattue alors que ses crocs s’enfonçaient dans ma peau beaucoup trop brusquement. Un hurlement de rage m’échappa et je tentai, tant bien que mal, de le griffer là où je le pouvais. Mais je ne faisais pas le poids face à un vampire et, bientôt, je vis des points noirs danser devant mes yeux tandis que je m’affaissais au sol, me laissant tomber dans un puis sans fond.


J’étais toujours penchée sur ma table en train de repenser à ce terrible épisode. Il avait voulu me tuer pour je ne sais quelle raison. Mais je m’étais réveillée dans un canapé, lui me tournant le dos et semblant être plongé dans une terrible souffrance. Depuis ce jour, il m’évite et se contente tout juste de subvenir à mes besoins. Tic, tac, tic, tac … Tais-toi misérable pendule ! Ton son est une douleur de plus dans cette attente insupportable. Un soupir s’échappe de mes lèvres, profond, tremblant. Il me manque cet homme fier que j’ai su conquérir, lui le vampire de haute noblesse. Que lui est-il passé par la tête p… « Vas t’en Evalouane, tu es en danger ! » Il est là, devant moi, la neige lui cinglant le dos et les traits tirés par de la tristesse. Abasourdie, je me lève avant qu’il ne colle ses lèvres aux miennes. « J’ai tenté de te protéger mon amour, je me suis éloigné pour que tu vives mais elle est plus forte que moi. Ses gardes arrivent bientôt. Prends ça avec toi, vite ! » Sans comprendre, j’ai saisi les papiers qu’ils me tendaient ainsi qu’un sac qu’il avait déjà préparé. « Ce taxi t’emmènera à l’aéroport. Tu pars pour la France. Je t’aime mon Ange, n’oublie jamais ça ! » Puis il m’a poussée sous la neige, seulement vêtue d’une robe blanche en dentelle. Je ne sais pas pourquoi j’ai écouté ses ordres mais je me suis engouffrée dans la voiture qui s’est précipitée dans les rues de Montréal pour m’amener à un petit aéroport. Là, un jet privé m’attendait déjà. Anxieuse, je suis montée à bord sans attendre, l’esprit embrouillé par ce soudain revirement. Quelques minutes plus tard, l’avion a sombré …

Mon amour,

Combien de fois ai-je tenté de ne pas céder à ton charme. Tu étais jeune, pleine de vie et tu as découvert au fond de moi ma véritable nature. Deux ans se sont écoulés, deux ans de pur bonheur. En toi, je retrouvais ma part d’humanité. Je me serais sacrifié pour que tu puisses vivre. Ces lignes, je te les écris avant de te tuer. Tu ne prendras jamais connaissance de cette lettre mais ça sert à libérer ma pensée. Peut-être que l’au-delà existe et que tu verras ces lignes malgré tout ?
Ma tendre Eva. Si tu savais ce que je te cache … Depuis des années j’étais promis à la chancelière du Canada de par ma naissance. On m’a transformé car elle était un vampire et moi un simple humain juste issu d’une grande famille de noble. J’ai donc été transformé à l’aube de mes 23 ans. Mais je n’ai jamais aimé cette femme qui m’a fait devenir ce que je ne voulais pas. Hélas, il fallait que j’honore le nom qui est le mien. Seul bémol, tu as fait revivre ce cœur qui, pourtant, est mort depuis longtemps. Tu m’as donné ce que jamais je n’avais reçu. Je t’aime. Je t’aime à me sacrifier pour toi.

Anastasia, c’est son nom, s’est aperçu de mes sentiments à ton égard et m’a forcé à te tuer ce que j’ai voulu aire car, si je ne le faisais pas, elle s’en chargerait et Dieu seul sait ce qu’elle t’aurait fait. Me tuer n’aurait servi à rien car le déshonneur serait tombé sur elle du fait que je sois son futur époux. Aujourd’hui, ces lignes sont celles que je t’écris avant que tu ne m’apportes mon repas. Adieu ma tendre amie …

PS : je n’ai pas pu me résoudre à te voir mourir. Dans quelques temps, je pars lui annoncer ta mort bien qu’elle soit fausse. J’espère que sa confiance sera totale. Si ce n’est pas le cas, je te dis au revoir. A présent, tu connais toute la vérité. Avec cette lettre, tu trouveras des documents importants la concernant ce qui pourra, peut-être, t’assurer d’être protégée par des personnes importantes. Ces données peuvent être utilisées si une guerre se déclenche.

Ton vampire,

Ethan.