Chacun de nous a un ange. Un gardien au-dessus de nous. On ne sait pas quelle forme il peut prendre. Leur apparence peut être si trompeuse. Ils peuvent être aussi féroces que des dragons qu’inoffensif qu’une fourmi. Pourtant, ils ne sont pas là pour se battre à notre place. Mais pour chuchoter depuis les feux de la rampe. Pour nous rappeler que c’est nous qui détenons le pouvoir de notre propre vie. Que nous, nous sommes encore en vie. Ils aiment nous le rappeler amèrement, jalousant ce fait. Mais parfois, ce ne sont pas des anges… Si les anges existaient, ils empêcheraient les déchets de la nature de s’immiscer dans le quotidien des humains. A la place, ils laissaient le chaos régnait comme un maître.

Devant une toile vide, installée sur un chevalet, Aleksandra restait muette. Son pinceau à la main, sa seule envie était de peindre l'Océan. D'un mouvement habile elle prit différents tubes de peintures allant du gris foncé au blanc pour commencer à colorer sa toile d'un ciel nuageux. Son pinceau fin se mettait à tapoter avec délicatesse le blanc du papier et perdue dans ses pensées, elle se remémorait sa vie.

Aleksandra Amaria Mikaelson vit le jour un deux mai ensoleillé, dans une clinique privée à Londres. Elle ne manqua jamais de rien, à dire vrai. Ses parents faisaient partie des gens privilégiés. Son père, William Mikaelson, était un chirurgien plastique renommé et sa mère, Jade Mastrianni, ancienne mannequin, avait sa propre galerie d’art à Londres. En revanche, ils étaient souvent en déplacement et donc très peu présents. Celle-ci fut remise dans les bras d’une nourrice, Maya McAdams, qui s’occupa d’elle comme s’il s’agissait de sa propre fille. Ce fut d’ailleurs une des rares personnes pour laquelle Aleksandra témoigna autant d’affection et de sympathie.

Elle vécut donc dans les paillettes, les poupées et le luxe. Tout semblait lui sourire, jusqu’à ce que Maya meurt d’un accident de voiture alors qu'elle n'avait que quinze ans. Depuis ce soir-là, elle se sentit terriblement seule. Elle réalisa à quel point sa vie n’avait pas de sens. Son avenir était déjà tout tracé ; elle n’avait qu’à choisir entre les salles d’opération puantes et les couloirs interminables dont les murs étaient recouverts d’affreuses « œuvres d’art ». Non, ça n’était pas le futur dont elle rêvait. Elle ne voulait pas devenir comme ses parents. Oui, ses parents qui l’avaient laissée de côté durant toutes ces années. Ces ignobles êtres humains qui lui avaient souhaité son anniversaire une fois sur deux. Il aurait mieux valut pour eux qu’ils ne lui donnent pas la vie, si c’était pour la priver de leur affection par la suite.

Auraient-ils été capables de lui citer seulement un de ses petits amis ? Une de ses meilleures amies ? Une anecdote mémorable ? Sûrement pas. Ils ne savaient strictement rien sur elle, la vie qu’elle menait et les gens qu’elle fréquentait.


Depuis toute petite, Aleksandra était folle de tout ce qui s’accordait avec le verbe « écrire ». Et à peine 6 ans, elle composait déjà de petites histoires accompagnées de dessins mignons et elle prenait en photo, tout ce qui l'entourait avec son petit appareil photo. En grandissant, cette passion s’était développée jusqu’à devenir ce qu’elle souhaitait faire plus tard. Oui, et c’était ça et uniquement ça qu’elle voulait faire de sa vie. Elle n’opérerait personne et ne peindrait aucuns chefs d’œuvres ratés. Ses parents voulaient qu'elle devienne médecin et surtout qu'elle fasse de grandes études. Pour Alek, elle ne voulait pas de cette vie qui était pratiquement toute tracée. Elle voulait faire ce qu'elle aimait et surtout être son propre maître. Elle voulait devenir photographe.

Pendant ses années scolaires, Aleksandra avait été une excellente élève, toujours prête à travailler, ouverte, et curieuse d'apprendre. Elle avait toujours su se débrouiller, sans ses parents. Personne ne l'aidait à faire ses devoirs. C'est ainsi qu'elle avait appris à ne dépendre de personne après la mort tragique de sa défunte nourrice.

Après le lycée, âgée de dix-huit ans, elle continua ses études. Elle réussit son bac avec mention et continua sur sa lancée par le BTS photographie, dans une grande université à Londres. Durant ses études, elle quitta le foyer froid familial pour aller s'installer dans un appartement sur le campus pour clarifier totalement son indépendance. Elle n'avait plus besoin de ses parents. De toute façon, ils ne s'occupaient pas d'elle. D'ailleurs, elle ne voulait plus toucher à l'argent de ses parents. Après ses cours, elle avait trouvé un petit travail en tant que serveuse dans un restaurant très réputé de Londres. Elle ne se plaignait pas de sa vie, elle l'appréciait. Elle n'était plus la petite victime qu'elle était dans cette grande maison luxieuse, attendant, espèrant un peu d'attention, de l'amour de ses parents.

Son BTS dura deux ans, deux années où Evangéline apprit pas mal de choses très intéressantes. A vingt ans, elle était jeune femme exemplaire, qui avait réussi son BTS. Entre-temps, elle avait pris une option d'Art pendant ses études. Elle voulait devenir photographe à part entière, et elle ne faisait rien à moitié. Elle voulait mettre toutes les chances de son côté.

Aleksandra fit la rencontre d'un grand photographe, très rénommé en Angleterre et dans d'autres pays. Il voyageait dans de nombreux pays. Il avait été très intéressé par le talent de la jeune femme, bien qu'elle n'était encore une débutante, même jeune diplômée. Il lui proposa un travail dans son équipe qu'elle accepta avec plaisir. C'est ainsi qu' Alek devient la petite protégée du photographe rénommé. Pendant deux longues années, à ses côtés, il lui apprit le métier et d'autres horizons. La jeune femme quitta l'Angleterre pour aller visiter plusieurs pays. L'Inde, l'Australie, la Chine, l'Egypte l'Afrique et encore pleins d'autres. En deux ans, elle avait vu pas mal de choses, d'autres cultures très intéressantes.

A vingt deux ans, Aleksandra était devenue une jeune femme indépendante, et elle était une photographe professionnelle, grâce à son professeur qui était devenu plus qu'un guide dans sa profession, mais presque un père. Elle était devenue l'assistante du photographe.

Son dernier voyage était un état situé en Afrique, appelé « Malawi » avant de revenir dans son pays natale, l'Angleterre, en compagnie de toute l'équipe professionelle qui était devenue pratiquement sa famille. Avant de retourner à Londres, un de ses collègues, très proches, devait aller voir sa famille qui résidait au Canada. Nullement pressée de retourner chez elle, elle accepta l'invitation de l'accompagner avec plaisir. Ils prirent donc l'avion ensemble...

Deux jours, après l'arrivée sur l'île mystérieuse:

Tu es là. Prostrée dans l’obscurité. Tu voudrais crier. Laisser percer le tintement de ta voix. Mais la nuit étouffe la respiration, déjà saccadée. La nuit… Tu fermes les paupières. Tu ne veux pas voir l’horizon déjà sombre. Non. Tu ne veux pas observer le soleil qui lentement se meurt. Qui lentement t’abandonne. Alors tu ouvres la bouche. Cette fois, tu vas y parvenir. Tu le sens. Seulement l’épuisement ne t’autorise qu’un simple souffle hésitant. Tu n’es plus certaine de savoir comment faire. Parler. Prononcer les mots. Et les syllabes qui s'enchaînent. Les liaisons que l’on fait. Tu ne sais plus très bien. Qu’est-ce que c’est ?... La panique envahie ta tête. Broyant entre ses doigts de fer, ton esprit. Tu voudrais te relever. Fuir. Raisonner encore. Mais la brume derrière tes yeux s'épaissie. Et tu ne sais plus. Le cœur prend peur. S’extirpe de ta poitrine avec rage. La douleur t’arrache finalement une légère plainte. Tu es confuse. Tu ne comprends plus. Ce que tu fais là ? Et pourquoi tout ce blanc autour de toi ? Tu te redresses avec violence. Écorchant tes avant-bras aux chaînes de ta propre existence. « Calmez-vous ! » Entends-tu au loin. Mais la langue se déforme. Devient chuchotement persistant. Comme autant de petits susurres sinueux à tes tympans. Non ! Un chuintement emplit ton crâne. Ton hurlement. Il lacère ta gorge. Comprime tes poumons. Le manque d’oxygène te saisit. Tu suffoques. L’étau se resserre. Tu le sens. Pourtant, la libération s’abat. Telle une gifle. Assommant tes songes. Ton corps se liquéfie. Tes membres s’engourdissent. Petites fourmis de la paix à travers tes bras et tes jambes. Le sommeil est pressant. Déjà, tu n’es plus… Et tu te demandes où tu es exactement...Est ce cauchemar? Quand allait-il se terminer? Jamais, il ne faisait que commencer....Bienvenue en enfer, jeune demoiselle. Pour le meilleur et surtout...oui surtout pour le pire dans cette île envahie de sombres créatures de la nuit.