L’enfance de Yugiri ne fut pas aussi heureuse que ses parents ne l’aient imaginé. Kita se faisait de plus en plus absent bien que l’amour qu’il éprouvait pour Minami était toujours aussi sincère, tout comme celui de sa femme. Toutefois, l’absence du père créa un réel déséquilibre dans la vie du jeune japonais. De plus, depuis l’accouchement, la santé de Minami se faisait fragile. Elle ne travaillait plus grâce à Kita mais passait parfois un mois clouée au lit pour un simple rhume au lieu de passer du temps avec son fils qui faisait ses premiers pas à l’école.

Yugiri était un bon élève, il voulait surtout impressionner ses parents et attirer leur attention en leur apportant ce qu’ils désiraient : les meilleures notes de sa classe. Toutefois, à l’école, les choses n’allaient pas aussi bien que l’enfant le faisait croire. Yugiri n’était pas accepté par les autres enfants. Au Japon, les gens faisaient souvent le nécessaire pour que tout le monde soit à l’aise, pourtant, entre enfants, ils pouvaient être cruels. Yugiri faisait parti des enfants rejetés. Cet enfant qui ne connaissait pas sa famille, qui n’avait de lien qu’avec sa mère, avait eut l’espoir de se faire des amis pour partager ses jouet, faire quelques sorties, jouer dans la rue avec des billes ou autre. A la place, il trouvait souvent ses chaussures pleines de colles, sa table était griffonnée ce qui lui valait les remontrances de ses professeurs. Le midi, il mangeait seul sur un banc dans la cour le repas que lui avait fait sa mère le matin même, lorsqu’elle le pouvait. Maigre, petit, sans défense, Yugiri ne cherchait pas à riposter, sachant qu’il aurait perdu d’avance. L’enfant se contentait d’encaisser, gardant tout cela pour lui, pensant que, d’une part, son silence lui vaudrait la sympathie des autres, d’autre part que ce silence n’apporterait pas ses propres ennuis chez lui, auprès de sa mère qu’il aimait tant.

Cet amour, Yugiri le chérissait. Ce n’était pas facile d’avoir des parents bien plus âgés que les autres, raison du regard méprisant de ses camarades de classe. Toutefois, voyant que son fils rentrait toujours sagement à la maison avec de bonnes notes, Minami commença à s’inquiéter pour son petit. C’est à ce moment là que le japonais décida d’errer dans les rues pour faire croire à se mère qu’il était avec des amis. Dans le quartier, tout le monde connaissait cet enfant, un enfant né d’un amour qui n’aurait dû être. Quelques voisines, probablement jalouses de sa mère, ne s’étaient pas gênées pour lui faire savoir qu’il n’aurait jamais dû naitre. Yugiri n’écouta pas ces ragots, se contentant de marcher dans les rues. Lui seul savait ce que ses parents éprouvaient. Malgré son jeune âge, il comprit que ses parents étaient au moins aussi seuls que lui. Rejetés. Rejetés par la famille, par les amis, par les voisins.

Un jour, pourtant, une petite nouvelle du nom d’Higashi fit son entrée dans son école. Elle était plutôt gentille, peut-être même belle et fut très rapidement rejetée à son tour par les autres. Être nouvelle et s’intégrée dans les groupes déjà formés était compliqué. Yugiri s’approcha d’Higashi et lui tendit la main. Ce fut la première fois que le petit garçon pouvait apprendre à aimer quelqu’un d’autre que sa mère. Rapidement, elle devint tout ce qui lui permettait de se détacher de sa honte, de sa peur, de sa solitude. Yugiri n’avait plus besoin de mentir à sa mère, il pouvait réellement passer du temps avec son amie, dans les rues, chez elle ou encore chez lui. Le petit garçon ne manquait plus de rien. Il avait l’argent de ses parents, l’amour de sa mère et l’amitié d’Higashi.

Higashi fut bientôt considéré comme un membre de la famille, Minami retrouvant même la santé grâce à cette petite fille qu’elle aurait tant voulu avoir. Yugiri fut enchanté de pouvoir considérer son amie comme sa propre sœur. Il était facile de reconstituer une famille sans lien. Durant plusieurs années, les deux enfants passèrent le plus clair de leur temps ensemble avec Minami. Jouets, repas, films, couchage. Tout cela faisait partit de leur quotidien, celle d’une famille.

Le malheur s’abattit pourtant sur la famille Yamamoto. Kita, qui ne revenait chez lui que le week-end, fut devancé par sa maitresse qui l’avait suivi jusqu’à chez lui afin de prendre contact avec sa femme. Cette maitresse attendit le vendredi pour se rendre chez les Yamamoto alors que Kita travaillait encore. Minami accueillit cette jeune personne avec beaucoup de soin, préparant pour la première fois du thé pour quelqu’un d’autre qu’elle-même. La demoiselle ne tarda pas à déballer la vie qu’elle entretenait avec Kita. Il dormait chez elle, mangeait avec elle et ils travaillaient ensemble. En d’autres termes, ils étaient un véritable couple. Choquée, Minami n’eut pas la force de s’énerver contre cette inconnue qui quitta la demeure après son long discours.

Seule, Minami resta dans le salon, fixant son thé froid. Aucune larme ne coula sur ses joues, son corps était totalement détendu. Elle n’aurait su dire si au fond d’elle elle était triste. Après tout, son mari n’était plus qu’une ombre qui faisait parti de sa vie. Elle comprit alors qu’il n’était pas l’homme qu’elle avait aimé. L’avait-il seulement été ? S’il ne l’avait jamais aimé, cela voulait dire que leur enfant n’était que le fruit d’une erreur. Tout ceci n’était que mascarade. Tout le monde se jouait d’elle ! Les Yamamoto avaient gagnés. Elle n’était plus qu’un déchet de la société au cœur brisé.

Lentement, le regard vide, elle se leva, prenant sa tasse de thé froid. Machinalement, Minami alla jusqu’à la cuisine, laissant le thé couler dans l’évier avant de nettoyer la tasse et de la ranger précautionneusement. Tout aussi naturellement, Minami alla jusqu’au tiroir où se trouvaient les couverts et prit un couteau. L’objet en main, la japonaise alla se placer devant la fenêtre pour admirer la superbe vu sur le jardin qu’elle avait soigneusement fleuri. Il faisait beau, l’été n’était pas loin. Les rayons du soleil vinrent inonder ses yeux sombres. Devant la fenêtre se trouvait un cerisier en fleur. C’est alors qu’une larme coula de son œil gauche. Entre ses mains se trouvait le couteau avec lequel elle jouait avec précaution. Un pétale rose pâle tomba de sa branche, se laissant emporter par la douceur de l’air. Avec la même douceur, Minami laissa la lame pénétrer dans sa peau tandis qu’elle fixait le pétale. Pas de douleur sinon celle du cœur. Puis elle passa à l’autre bras, le pétale disparaissant de son champ de vision. Elle observait à présent l’arbre, les bras branlants. Le sang commença à couler à l’intérieur de sa paume puis le long de ses doigts pour finalement tomber goute à goute sur le sol au parquet miroitant.

Yugiri avait passé une bonne journée en compagnie d’Higashi dont il ne pouvait plus se passer. Une fois encore, il lui demanda de rentrer avec lui. Ils préviendraient ses parents par téléphone. La petite fille fut enchantée, comme à son habitude. Ils rentrèrent ensemble, se tenant l’un prêt de l’autre tout en gardant un petit écart. Yugiri ouvrit la porte avec un large sourire, annonçant leur arrivé. Le cœur en joie, ils allèrent dans la pièce à vivre, cherchant Minami. Yugiri posa son cartable sur la table, laissant Higashi seule. Il prit la pomme qui se trouvait à l’intérieur de son sac et voulu se rendre à la cuisine, le sourire large sur son visage, sourire qu’il voulait offrir à sa mère.

Son sourire resta ainsi lorsqu’il vit une étrange flaque rouge sur le sol. Croyant que sa mère avait renversé quelque chose, il s’approcha. Son sourire se figea quelques instants avant de disparaître. Minami était là, sa robe beige absorbant le liquide rouge. Yugiri laissa tomber sa pomme et, sans un mot, s’approcha de sa mère. Il posa ses mains sur l’épaule de cette dernière, l’appelant en espérant la réveiller. Voyant que cela ne se produisit pas, il secoua l’épaule de ses petites mains, les yeux grands ouverts de peur qu’elle ne se réveil alors qu’il clignait des yeux. Encore une fois, cela ne servait à rien. L’enfant se mit alors à pleurer de toutes ses forces, ne comprenant pas ce qu’il se passait alors qu’il venait de trouver l’origine de tout ce sang qu’il y avait par terre.

Higashi accouru alors pour voir le tableau. Sans aucune hésitation, elle appela ses parents qui ne tardèrent pas à arriver. Yugiri fut séparé du corps de sa mère dont il agrippait l’épaule. Son pantalon avait à son tour absorbé le liquide. Les parents d’Higashi le regardèrent tristement avant d’emmener leur fille loin de lui. Yugiri fut emmené par des étrangers dans un endroit qui ne lui était pas chaleureux. Il fut alors interrogé pour savoir s’il avait d’autres parents. A aucun moment l’homme en face de lui ne répondit à sa question « où est ma maman ? ». Ce ne fut que le soir venu que son père apparut pour le reprendre et lui dire que sa mère avait choisi de les quitter. Kita lui dit cela sans aucune lueur dans les yeux, une phrase lancée sans grande conviction, juste parce qu’il était petit et qu’il y avait des choses qu’il ne valait mieux pas dire.

Higashi et Minami disparurent de sa vie en ce jour alors que Yugiri allait commencer une nouvelle vie avec Kita, son père qu’il ne connaissait pas vraiment.

Evidemment, l’adolescence de Yugiri fut perturbée. Certes, il ne toucha pas à la drogue mais commença à fumer comme beaucoup de jeunes de son âge, essentiellement pour faire comme eux et ainsi espérer entrer dans leur cercle qui semblait bien fermé. A ses yeux, l’adolescent n’avait plus de parents. Cet homme nommé Kita ne le connaissait pas. Il ignorait tout de son propre fils et avait bien mieux à faire avec sa maitresse qui ne tarda pas à devenir sa nouvelle femme. Yugiri n’avait pas le choix. Il s’agissait de son père, sa seule famille qui acceptait encore de s’occuper de lui suite au décès de sa mère.

Kita ne semblait pas le moins du monde affecté par cette perte, ce qui ne pouvait que déchirer davantage l’adolescent qui ne comprenait ce rejet. Minami avait toujours décrit Kita comme son grand amour, Yugiri représentant leur unique bonheur. Le japonais s’était alors imaginé un père model, travaillant dur pour les besoins de sa famille. Au lieu de ça, ce père avait préféré prendre le travail comme prétexte pour retrouver une certaine Saku, simple office lady, encore une fois. Ce que Saku avait de plus que sa mère ? La jeunesse. Évidemment, lorsque Yugiri les rejoins dans leur luxueux appartement, Kita ne se gêna pas pour vendre leur maison, là où tous les souvenirs de son fils se trouvaient.

L’adolescent commença à fréquenter des bandes suite à cette vente, ne sachant plus qui il était, qui était sa famille, ce qu’il allait devenir. Une chose était sûr, il ne supportait pas d’être sous le même toit que Saku, devenue sa belle-mère. Cette femme d’une vingtaine d’année faisait du charme au père mais également au fils. L’ambiance à l’appartement sans Kita était des plus étranges. Yugiri ne savait comment se comporter vis-à-vis de Saku qui, il fallait l’avouer, était une très belle femme. Toutefois, il savait pertinemment n’être qu’un adolescent en soif de découverte et ne comptait pas se laisser avoir par cette femme qui avait détruit sa famille. Pire que cela, elle avait tué sa mère. Pour l’adolescent, l’amour était une chose qu’il ne voulait jamais comprendre, ne pas tomber dans les pièges de ces femmes prêtes à faire beaucoup de choses pour obtenir ce qu’elles désiraient. Après tout, rester isolé ne le changeait guère. La solitude faisait parti de lui.

Toutefois, alors que Yugiri entrait dans sa dernière année avant le diplôme, les choses se compliquèrent. L’image de sa mère sur le parquet ne cessait de le hanter. Il avait le sentiment qu’il devait faire quelque chose pour se défaire de cette image. Au début, il se contenta d’aller sur la tombe de Minami très souvent, puis fréquenta de plus en plus les gangs, fumant à en perdre les poumons. Un soir, alors qu’il rentrait énervé à cause de réflexions de ses professeurs qui ne comprenaient pas la chute de ses notes et qui ne cessaient de lui donner rendez-vous sur rendez-vous, il alla s’enfermer dans sa chambre. Saku était seule à l’appartement, ayant vidé une bouteille de vin rouge français.
Alors qu’il s’était allongé sur son lit en espérant se détendre, une cigarette à la main, Saku ouvrit la porte, posant son verre presque vide sur le premier meuble qu’elle trouva. Elle aurait aussi bien pu prendre la bouteille directement, cela n’aurait rien changé à la quantité qu’elle avait déjà bue. Yugiri lui demanda simplement de quitter la pièce mais cela ne servit évidemment à rien. Saku s’approcha du lit, laissant l’adolescent fixer le plafond sans lui prêter attention. Elle du s’appuyer sur les jambes de l’adolescent pour venir s’asseoir, ou plutôt trébucher à ses côtés. Yugiri, ressassant ce que lui avait dit son professeur au sujet de ses notes, ne réagit pas à la présence de cette dernière jusqu’à ce qu’elle lui caresse la joue droite, jouant avec ses fins cheveux passé du noir au blond à ce moment là. L’adolescent attrapa cette fine main, offrant un mauvais regard à sa belle mère en essayant de lui faire comprendre qu’il était dans son intérêt de quitter cette pièce. Au lieu de l’écouter, Saku se contenta de rire.

Yugiri sentit pour la première fois une main fine et délicate se glisser sous sa chemise d’uniforme, jouant avec son collier en forme de lapin. Saku l’embrassa alors sur la joue, un simple baisé qui désorienta l’adolescent. Jamais personne ne s’était conduit ainsi avec lui. Malgré la mauvaise halène de sa belle-mère, Yugiri se laissa faire, la laissant déposer ses lèvres sur les siennes, laissant par la même occasion le parfum du vin rouge l’envahir. L’adolescent posa alors ses mains sur les hanches de Saku qui était montée à cheval sur lui, continuant à l’embrasser, ses caresses se faisant de plus en plus insistantes. Il était presque torse nu lorsque son père ouvrit la porte de la chambre. Si Yugiri faillit avoir une crise cardiaque, Saku resta impassible, se contentant de se redresser maladroitement et de récupérer son verre, buvant la dernière gorgée que contenait ce dernier. En passant devant Kita, elle lui offrit un long et langoureux baiser.

Seuls dans la pièce, Kita et Yugiri se fixèrent. Évidemment, tout ce qu’il venait de se passer était entièrement de la faute de son fils aux yeux de Kita. De son côté, l’adolescent n’attendait que les reproche de son père, une bonne raison pour quitter définitivement l’appartement. Rien de tout cela ne se produisit. Kita referma la porte derrière lui, laissant son fils dans sa chambre qui se décida enfin à se reboutonner.

Kita semblait avoir gardé son rôle de père, laissant son fils vivre sous son toit sans faire la moindre histoire. Après cette scène, il se décida enfin à se séparer de Saku et de s’occuper un peu plus de Yugiri. Malheureusement, il était déjà trop tard. Il n’y avait plus aucun lien au sein de cette famille. Tout deux étaient des étrangers l’un pour l’autre. Yugiri termina ses études en voyant ses notes à la hausse, juste de quoi avoir son diplôme qu’il ne prit pas la peine de fêter avec ses amis qui n’étaient plus. De nouveau seul avec lui-même, l’adolescent vagabondait dans les rues à la recherche de visages familiers ou qui lui semblait sympathique. S’il avait pu, l’adolescent aurait appuyé sur le bouton reset pour recommencer entièrement sa vie. C’est à ce moment là qu’il apprit à se détacher de sa mère et ainsi oublier la dernière image qu’il avait d’elle tandis que son père lui permettait de poursuivre ses études pour devenir architecte.

Yugiri avait enfin son diplôme d’architecte en poche. Cela n’avait été possible que grâce à Kita mais l’adolescent avait toujours été clair à ce sujet : cet homme n’était qu’un étranger à ses yeux et ne chercherait pas à le remercier de ce qu’il faisait pour lui. Toutefois, le jour venu, il ne put s’empêcher de remercier Kita pour tous les frais qu’il avait fait à son égard avant de lui annoncer qu’il abandonnait le Japon. Il désirait se rendre en France pour exercer ce métier qu’il allait devoir faire à présent pour gagner sa vie. Avant cela, Yugiri voulu faire un voyage aux Etats-Unis, ses premières vacances avant de repartir dans le travaille, l’épuisement et la solitude. Ce voyage se voulait plus être un test pour savoir s’il était capable de se débrouiller. Partir en Chine était trop facile car la culture restait proche de celle du Japon. Les Etats-Unis étaient l’endroit idéal. Moins loin que la France et pourtant si éloigné de sa culture.

Au bout de cette semaine d’intégration, Yugiri jugea qu’il était temps pour lui de partir pour la France. Il avait déjà quelques contacts grâce à des américains qui s’étaient montrés intéressés par le travail qu’il avait montré durant ce séjour, entre dessins et plans, il semblait avoir tapé dans l’œil de certains employeurs. Enfin il pouvait commencer une véritable vie. Il allait vivre …

C’était du moins ce qu’il pensait. Peu après le décollage, l’avion commença à montrer des signes de faiblesse. Les lumières clignotaient, les passagers semblaient, pour la plupart, trouver cela étrange et les hôtesses multipliaient les allers-retours du cockpit à l’arrière de l’avion. Un américain voulu savoir ce qu’il se passait et attrapa l’une d’entre elle. Celle-ci se contenta de lui expliquer qu’ils entraient dans une zone de perturbation. Mal à l’aise, Yugiri s’agrippa à son siège, regardant aux alentours. Les passagers ne pouvaient se calmer alors que les perturbations commençaient à se faire ressentir.
- Le triangle des Bermudes ! Lança finalement l’un des passager catastrophé.
C’était probablement l’endroit où ils se trouvaient mais les perturbations n’avaient rien à voir avec cette légende. C’était du moins ce que pensait le japonais jusqu’à ce que les hôtesses viennent s’asseoir, bouclant leurs ceintures tandis que le capitaine de vol passait une annonce. Les difficultés de vol étaient réelles. L’appareil était presque hors contrôle. Presque … jusqu’à ce qu’il ne le soit totalement plus. L’avion fit un son étrange, tout le monde se sentait tomber. Yugiri se laissa enfin envahir par la peur, fermant les yeux de peur de voir la mort arriver.

Un grand bruit, puis plus rien. Le noir, le silence. Pas la moindre douleur. Juste le vide.

Lorsque Yugiri ouvrit à nouveau les yeux, il était dans la carcasse de l’avion. Comment était-il resté en vie sans la moindre égratignure ? Il n’en avait pas la moindre idée. Lorsqu’il sortit de l’avion, ce fut le chao. Soudain, il avait l’impression de voir son cœur en image. Des corps inertes, le sang, les débris, le ciel couvert presque noir. Ce paysage, c’était lui. Déboussolé, Yugiri fit quelques pas avant de voir des personnes qui ne semblaient pas venir de se vol. Il cru d’abord à des sauveteurs jusqu’à ce qu’il voit une réaction étrange d’un des passager. D’abord énervé, il se radouci soudain pour suivre la personne qui lui venait en aide tel un zombie, une coquille vide incapable de penser par elle-même. Tout ceci ne sentait pas bon. Le japonais voulu partir se cacher mais, en se retournant, il tomba nez à nez avec un visage totalement inconnu. Encore une fois, cette personne ne semblait pas faire parti des passagers. Yugiri n’eut pas le temps de détourner le regard. La seconde suivante, il se sentait étrange, comme absent de son propre corps, incapable de penser par lui-même, se contentant de fixer les lèvres de la créature

Lorsqu’il reprit conscience, Yugiri était dans un bâtiment, encore à moitié endormi, face à une nouvelle personne qu’il ne connaissait pas. L’autre, son sauveur s’il pouvait le dire ainsi, était là aussi. Que se passait-il ? Le japonais ne comprenait rien à ce qu’il venait de se produire. Tout ce qu’il comprenait était que cela n’avait rien de normal et qu’il fallait vite partir de là.