J'étais en plein rêve étrange. Dans un univers totalement déluré auquel je ne comprenais rien. J'entendais des bruits bizarres, de gros "grrrrr grrrrr grrrrrrrrrrr". Vraiment très étranges. Tout à coup j'émergeai en douceur, mais la tête toute embrouillée. Durant une fraction de seconde j'eus de la peine à me souvenir où j'étais. Aveuglé par la lumière de mon portable, je me risquai tout de même à lire ce qui était affiché. Logan qui tentait de me joindre. Sans réfléchir je lui bouclai au nez. Qu'il attende, le club n'était pas encore ouvert, qu'il me lâche un peu la grappe celui-là. Assis sur le bord de mon lit, le me concentrai pour lire l'heure. Je comprenais mieux pourquoi j'entendais des sons étranges dans mon rêve. Mon portable n'avait pas arrêté de sonner, le club était ouvert depuis une bonne heure déjà. Logan devait s'inquiéter de ne pas me voir arriver. Il attendra encore un peu. Je me levais péniblement et me dirigeai vers la salle de bain. Une bonne douche, rien de mieux pour se remettre les idées en place dès le réveil. J'espérais néanmoins que tout se passait pour le mieux au club. S'il y avait vraiment une urgence quelconque, quelqu'un serait venu me chercher. Même durant mon temps libre il fallait que je pense au travail. Incroyable ça! Comme quoi être vampire ne signifiait pas ne plus travailler de sa vie. Tout beau tout propre, j'enfilai rapidement des habits, un jeans et un t-shirt. Rien de bien sophistiqué ce soir, mais je n'avais pas pour autant l'allure d'un pouilleux. Plus le temps de trainer, je me mis en route pour arriver au club une dizaine de minutes après avoir quitté mon appartement. Comme à mon habitude, je regardais s'il y avait foule devant l'entrée du club. Une façon comme une autre de se faire une idée sur la quantité de monde que je trouverai à l'intérieur. Le monde se pressait, mais il n'y avait pas la queue jusqu'au bout la rue. Je fonçai donc vers la porte de service, à l'arrière. Je saluai le vigile qui surveillait cette entrée et filai directement au bar, là où j'étais certain de trouver Logan. A mon arrivée il se jeta à mon cou. – Te voilà enfin! Tu foutais quoi?! L'air sévère je lui répondis du tac au tac. – Ce ne sont pas test affaire mon cher! Alors, comment ça se passe? Lui demandais-je. Lorsque je loupais l'ouverture, c'est lui qui était chargé de prendre les choses en main. C'était donc vers lui que je venais me renseigner en arrivant. – Tout va bien. Aucun problème jusqu'à présent. Tant mieux. Je pouvais aller vaquer à mes occupations dans mon bureau l'esprit tranquille. Installé dans mon fauteuil je lisais attentivement les papiers que Nina m'avait laissés la veille. C'était son soir de congé. Rien de bien intéressant dans cette paperasse. J'étais vraiment ravi de l'avoir embauchée. Elle s'occupait à merveille de toute l'administration que je n'avais pas envie de faire. Une vraie parle cette fille. Une fois que tout était en ordre, je ressortis de mon bureau. Il était temps d'aller faire le tour de la salle et de serrer quelques mains.
Arrivé vers le coin des habitués, j'entendis une voix que je reconnus immédiatement. Celle de Satyne. Elle me sauta dans les bras, toujours autant chaleureuse cette fille. – Plein de monde ce soir hein? Son regard balayait la grande salle. Instinctives je fis pareil avec mes yeux. Au milieu de la foule, je repérais Anastasia. Je devais rester concerter pour faire comme si de rien n'était. Intérieurement je bouillonnais. Un homme qui était en train de s'offrir ses services. Je n'appréciais guère la scène qui se jouait sous mes yeux. Je n'appréciais même pas du tout. J'avais horreur de la voir collée à un autre que moi. – Oui je suis ravi. Lui répondis-je sur un ton enjoué, qui masquait totalement mon ressenti. En voyant Satyne, cela me fit remarquer que nous n'avions plus fait de soirée débauche depuis un bail. J'aimais ses nuits durant lesquelles tout était permis. Durant lesquelles nous nous abandonnions à tous les excès, sans limite. Torturer quelques humains, les vider de leur sang et plus si affinité. L'impératrice avait le sens de la fête et il me tardait de renouveler l'expérience. Après m'être assuré que tout allait bien à sa table, je continuai ma tournée. Je ne pouvais m'empêcher de jeter des regards en direction d'Anastasia. Je me contrôlai tant bien que mal pour que cela passe inaperçu. Personne ne devait être au courant que je commençais à avoir le béguin pour cette humaine, pas même elle. Pour l'instant elle devait l'ignorer. Inutile de lui faire miroiter quoique ce soit. Entre nous les choses allaient bon train et je voulais qu'elles continuent ainsi. Plus les positions qu'elle prenait avec cet inconnu devenait suggestives, plus je me forçai à saluer les gens. Taper la causette me faisait penser à autre chose. Malheureusement cela ne durait jamais longtemps, une dizaine de minutes tout au plus. Enfin je perdais quelque peu la notion du temps. J'avais serré tellement de main et fait tellement d'embrassade que je devais avoir fait le tour du propriétaire en 30 minutes à peine. Décidément ce type la voulait vraiment. Il ne lâchait plus. Etant arrivé en retard je n'avais pas eu le temps de lui parler. Tout de suite je l'avais sous les yeux dans les bras d'un autre. Pour moi la soirée commençait vraiment mal.Une vague de clients venait de pénétrer les lieux. Logan allait vite se retrouver déborder, je le pressentais. Je me précipitais vers le bar pour lui prêter renfort. Pour une fois je n'allais pas m'efforcer de trouver quelqu'un pour l'aider à assurer le service. Je ne me mettais derrière le bar que très rarement. Là au moins je ne verrai pas le temps passer et serai trop occupé pour poser mes yeux sur Anastasia. J'allais également devoir faire face aux clients pressés d'avoir leur consommation à la main, et qui se montreraient donc désagréables. Il me faudrait faire preuve d'une grande patience pour ne pas tout envoyer valser.
En cette fin d’après-midi, je venais de passer deux heures entières à me préparer avec soin au palais pour aller travailler. En réalité je me demandais si c’était plus pour les clients ou pour Zéphyr que j’avais fait ça ?! Ce soir il m’était impossible de me préparer directement au club car j’avais rendez-vous dès l’ouverture avec un vampire noble – ami de la famille royale – qui faisait une halte à Heartkiller. Pour l’occasion César avait vu les choses en grand et m’avait recommandée. Ainsi le vampire m’avait réservé pour deux bonnes heures. Deux heures entières où j’allais être à sa merci. César m’avait ordonné de faire tout ce qu’il me disait, et même de lui offrir mon cou si l’homme le souhaitait. Bref, je comprenais rapidement que mon enthousiasme à me rendre au club cette nuit n’était pas vraiment dû au fait que j’allais devoir assouvir tous les désirs d’un vampire âgé de plusieurs siècles, mais plutôt le fait que j’allais de nouveau revoir Zéphyr. Je n’avais pas revu mon patron depuis la fois où nous nous étions criés dessus dans le couloir qui menait à son bureau, ce fameux soir où je l’avais vu fricoter avec sa nouvelle employée. Je lui en voulais pour tout ce qu’il m’avait dit – ces mots que je ressassé encore et encore. Mais j’avais compris qu’il fallait que je reste à place sagement. Zéphyr me l’avait fait comprendre ce soir là.
La nuit tombée rapidement au mois de décembre, le froid s’était installé et je m’attendais presque à voir de la neige tomber. Mes jambes nues me faisaient un mal de chien tellement j’avais froid et mon manteau mi long ne suffisait pas à me réchauffer tout le corps. Je pressais donc le pas pour arriver rapidement. Lorsque j’arrivais dans la ruelle menant à la porte de service, le vigil m’ouvrit avec un grand sourire et je le saluais. Les employés des Plaisirs Coupables étaient tous très sympathiques même s’ils étaient vampires. Enfin, je ne comptais pas Nina, cette fille ne me plaisait guère – ça devait être du au fait que je l’avais retrouvée le postérieur en l’air juste sous le nez de mon patron. Ce même patron qui me rendait toute chose à chaque fois que je posais mes yeux sur sa personne. Quelle con je faisais des fois de m’enticher d’un vampire tel que lui, j’allais finir au fond de l’océan à cette allure là.
Lorsque j’entrais dans la pièce, la chaleur m’envahit tout de suite et des frissons me parcoururent le corps. Je longeais au pas de course le couloir, tendant l’oreille : Personne n’était encore arrivé, ou du moins quelques habitués du club qui tenaient à avoir leur entrée, j’avais le pressentiment que ce soir je n’aurais rien le temps de faire, ça allait être une très grosse soirée. La porte des loges alla se fracasser contre le mur lorsque j’entrais. L’une des filles qui se trouvaient là se tourna vers moi et me salua d’un geste de la main amical. Je le lui rendis avant de me jeter sur mon fauteuil. Je bus une gorgée d’eau, me remis du rouge à lèvre après avoir enlevé mon manteau, et me re-parfuma. Je m’habillais rapidement d’un body corset noir, de mes collants et mes talons, je passais ma main dans ma chevelure blonde pour lui redonner un peu de peps et me levais.
La salle était déjà presque bondée lorsque je faisais mon entrée par la scène – nous avions pour ordre de toujours arriver par là, histoire que les clients puissent voir la « marchandise ». Les regards avides et pervers se tournèrent dans ma direction, tous se posèrent sur mon corps et firent un rapide passage sur mon visage – mais, après avoir balladé le mien dans l’assistance, je ne vis pas celui que j’attendais, Zéphyr n’était pas là, il ne m’avait pas vu, ou alors n’avait pas cherché à me voir, peut-être étais-je redevenue cette danseuse lambda... mais malgré le poids qui me pesa soudainement sur le cœur, je continuais de sourire, toujours sourire … Dans ce métier là, il ne fallait jamais faire la gueule car on avait moins de chance d’être prise par un client, et bien que le corps joue le plus gros rôle, c’était le visage qui apportait le dernier jugement. Puis je le repérais au loin, César me l’avait décris et m’avait également montré un portrait de lui, c’était un vampire d’apparence jeune, attirant tout de même bien qu’il ne soit pas mon genre et aux yeux perçants, aussi bleu que l’océan et qui vous donnaient envie de regarder le sol tellement ils donnaient l’impression de vous transpercer de part en part. Ces mêmes yeux se posèrent à leur tour sur moi et je lui fis un petit signe de main. En quelques secondes il fut là, à me présenter sa propre main pour m’aider à descendre les escaliers qui menaient à la scène. « Merci Monsieur Ibrahimovski. » Lui dis-je avec un sourire qui se voulait des plus aguicheur possible – ce vampire allait rapporter à Zéphyr un gros pactole, je me devais donc d’être parfaite. J’avais d’ailleurs, durant les jours précédents, sentis la jalousie des filles à mon égard. Elles ne comprenaient pas pourquoi moi, la dernière venue, avait le droit d’avoir le gros lot alors qu’elles se tapaient toujours les habitués … J’avais ris, si elles souhaitent prendre ma place auprès de César je la leur laissais volontiers. « Mais je t’en prie Anastasia … Mon fidèle ami César m’a réservé une soirée des plus fantastique, en quelle honneur ai-je le droit d’avoir la plus demoiselle de l’île pour moi seul ?! » J’avalais difficilement ma salive avant de me perdre une nouvelle fois dans son regard égal à un puits sans fond : « Certainement parce que mon maître souhaite vous faire plaisir et … je regrette de vous contredire mais je ne suis certainement pas la plus belle de l’île Monsieur. » Je baissais la tête pour éviter de perdre pieds. Soudain il me prit la main et la dureté de sa peau me dérangea. Il m’entraîna alors vers sa table où se trouvaient d’autres vampires mâles : « Mon enfant, je te présente ma garde qui m’accompagne ce soir. Messieurs voici mon petit cadeau pour la soirée, gentiment offert par notre Empereur adoré. » Je jetais un regard à l’assemblée, ne me détachant pas de mon sourire sexy. « Bonsoir Messieurs. » Tous grognèrent, posant sur moi un regard carnassier. Je respirais un bon coup lorsque la voix de mon client me fit sursauter : « Détends-toi poupée, ces hommes ne te mangeront pas tant qu’ils auront un verre d’O négatif sous la main et de toute évidence tu es mon cadeau … » Je ris et me retournais en direction du bar où Logan semblait s’afférer : « Et pour vous Monsieur ? » demandais-je en tournant ma tête : « D’après toi ma belle ? » me lança-t-il tout en humant l’air.
Afin de fendre la foule je du pousser quelques badauds qui trainaient là avant de pouvoir atteindre le bar. Je posais mes bras sur ce dernier en me prenant la tête entre les mains. Respire Respire Respire, tout va super bien se passer. Tentais-je de me rassurer intérieurement tout en respirant par à-coups. Je me pinçais les lèvres avant de relever la tête et de regarder en face de moi, de l’autre côté du bar … je n’aurais jamais dû ! Ce que je vis me coupa le souffle : Zéphyr plus beau, plus attirant, plus effrayant que jamais aux côtés de Logan, derrière le bar. Mon dieu. J’écarquillais les yeux avant de me mordre la lèvre inférieure : « Bonsoir Monsieur Romanov. Salut Logan. Hmm je viens chercher les boissons pour la table de Monsieur Ibrahimovski. Il me faudrait six verres de O négatif et un de … AB positif s’il te plait … » A présent je comprenais mieux pourquoi César m’avait recommandé à son ami, j’étais tout à fait à son goût comme on dit. Je me retournais pour lui jeter un coup d’œil et croisais son regard, je souris et me détournais de lui pour reporter mon attention sur … Logan. Je devais rester à ma place. Rester à ma place et donc ne pas prêter plus attention à cela à mon Patron qui m’avait clairement fait comprendre qu’il ne se passerait plus rien d’autre entre nous. Mais malgré toute ma persévérance, il ne fallut qu’un soupire de sa part pour attirer toute mon attention. Je levais les yeux vers lui et fus soudain incapable de le décoller de lui. Il était si … aucun mot ne correspondait, aucun mot ne suffirait pour le décrire. « Ce tee-shirt vous va très bien Patron. » Je me giflais mentalement. JE NE DEVAIS PLUS LUI MONTRER AUCUNE ATTIRANCE. A quoi pensais-je des fois ?!
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Ll n’était pas rare que je vienne aider au bar. Quand le club était plein, comme ce soir, il fallait être fêlé pour aimer faire un boulot pareil. Les gens deviennent parfois hargneux quand ils ne sont pas servis dans la seconde… C’en est parfois insupportable. Nina et Logan ont du courage d’être là tous les soirs. Il fallait une bonne entente entre les barmen et une bonne coordination aussi. Ne pas se rentrer dedans, ne pas utiliser les mêmes bouteilles au même moment. Toute une organisation. Courir dans tous les sens était exactement ce qu’il me fallait. Depuis l’altercation que j’avais eue avec Anastasia l’autre soir… Nous n’avions pas eu l’occasion de nous reparler. Elle ne voudrait sans aucun doute plus jamais me parler. Peut-être que c’était mieux ainsi. – Aah bon sang ! Mais regarde un peu ce que tu fais ! Logan, totalement absorbé par son monde venait de me bousculer, ce qui eut pour effet de renverser 3 cocktails que je venais de préparer. – Oops ! Excuse-moi ! Me lança-t-il sur un ton rêveur. Non mais celui-ci… J’étais déjà d’une humeur massacrante, mais s’il se mettait encore à faire tout un tas d’ânerie… Il ne passerait pas la nuit le bougre ! Recommençant la commande de zéro, je m’assurai de poser les verres à une distance raisonnable du danger ambulant qui me servait d’infant. – Ah ! C’est pas trop tôt dites donc ! Remarque très agréable quand on a de la peine à ce point à préparer les boissons de ses clients. De la chance que ce n’était pas un humain, pour la peine je l’aurai trainé dans l’arrière-boutique, et fait du concentré de ces boyaux. Je me contentai d’encaisser avec un sourire des plus faux. Pour une fois, j’aurai bien aimé qu’un problème survienne, quelque part dans le club. Avec un peu de chance quelques culs à botter. Mais non. Rien ne se passait. Maintenant que j’avais pris le service au bar, il me faudrait une bonne excuse pour le quitter, sinon j’allais passer pour un imbécile. Il me fallait rester coincé ici encore quelques heures…
Préparer cocktails sur cocktails. A force je commençais à prendre le pli. Bien que ce métier n’était depuis bien longtemps plus fait pour moi. Je n’avais plus la patience de me faire harceler par les clients, ni l’envie de taper la causette avec le premier venu. Les humains aimaient mettre tout un tas de choses plus étranges les unes que les autres dans leur boisson. L’un d’entre eux désirait des tranches de citron. Trop loin le temps où j’étais encore humain, mais personnellement je ne me rappelle pas avoir mis pareille fioriture dans ce que je buvais. Vraiment bizarres ces humains. Je ne pourrai plus jamais les comprendre. Concentré sur le découpage de ce fruit acide, je manquai de peu de me couper un doigt ! Non ce n’était pas une nouvelle frasque de Logan. Loin de là. J’eus de la peine à contenir ma joie débordante, lorsque j’entendis cette voix… Sa voix… - Bonsoir Monsieur Romanov. Salut Logan. Hmm je viens chercher les boissons pour la table de Monsieur Ibrahimovski. Il me faudrait six verres de O négatif et un de … AB positif s’il te plait … J’entendis Logan la saluer en retour. Toujours concentré sur mon citron, je ne daignai même pas lever les yeux vers elle. Sous le coup de l’énervement, je massacrai les quelques tranches de citron que j’avais soigneusement découpées. Je soupirai longuement, essayant tant bien que mal de ne pas trucider un autre citron innocent. Pour l’instant c’était plutôt un humain que j’avais envie de massacrer. Rien de tel pour détendre les nerfs ! Mais l’heure n’était pas à la détente. Enfin terminé cette fichue commande. Je m’empressai de la livrer et d’encaisser mon dû. Jetant un coup d’oeuil rapide à Anastasia, je vis que Logan avait déjà les mains prises. J’allais donc devoir m’occuper moi-même de la commande cet Ibrahimovski. Rassemblant les verres fraichement lavés, je commençai à les remplir. - Ce tee-shirt vous va très bien Patron. La surprise d’entendre pareils mots sortir de sa bouche me troubla. Si bien que je versais du sang à côté des verres. Heureusement que les vampires ne rougissaient pas, une tomate bien mûre passerait pour pâle à côté de moi. J’étais trop stressé pour laisser transparaitre le moindre signe indiquant que sa remarque me faisait plaisir. Pourtant j’avais presque envie de sauter en l’air. Après tout elle ne m’en voulait peut-être pas autant que ce que j’imaginais. Mais elle ne manquait tout de même pas de culot de se pointer au bar, tout sourire et de me faire un compliment. La dernière fois qu’on s’était parlé elle m’avait traité de salaud. A moins que ce ne soit une fille dérangée et totalement lunatique… - Et merde ! Pas assez de liquide rougeâtre pour finir de remplir tous les verres. – Tiens ! Prends déjà ces verres-là. Il faut que j’aille prendre des poches dans la réserve. Logan apportera les boissons quand elles seront prêtes. Je lui tendis les verres. Immanquablement ses mains touchèrent les miennes. Ce contact me fit froid dans le dos. Je la sentais aussi gênée que moi, à la seule différence que l’on pouvait lire ce sentiment sur son visage. Pour ma part je restais immuable, comme si rien de ce qui pouvait se passer ne réussirait à me déstabiliser. Et cela n’allait pas durer bien longtemps.
Elle repartait déjà en direction de la tablée de vampires. Entre temps, Logan avait eu la délicatesse d’aller rechercher de nouvelles poches. Je finissais de verser leur contenu dans les verres, pressant fortement sur ces dernières pour qu’elles se vident correctement, ou parce que cela me faisait du bien d’imaginer la gorge de cet Ibrahimovski. La commande fin prête, je glissais un regard interrogateur à Logan. – Désolé va falloir que t’y ailles ! J’avais l’impression que ma mâchoire allait se décoller et se fracasser sur le sol. J’allais en prime devoir servir ce type ? Ce n’était pas une blague… Soupirant je ramassai les verres, m’efforçant de ne pas tout jeter en l’air en hurlant des noms d’oiseaux à toute l’assemblée. – Attends ! Prends encore ça. Je sais qu’elle aime bien avoir un remontant quand elle stresse. Plein de bonne volonté ce petit Logan. Je ne l’avais pas choisi pour rien. A l’odeur il me semblait bien que ce devait être de la Vodka. D’ailleurs elle en buvait le soir où je l’ai rencontrée. Mais je m’égare là. La foule était compact et je peinais à me frayer un chemin au travers de celle-ci. Les bras levé au-dessus de ma tête, je priais pour que rien ne se renverse. D’ici je pouvais la voir, elle était dos à moi et c’était tant mieux. Elle aurait ainsi la surprise jusqu’au dernier moment. Le bruit dans la salle était tel qu’il m’empêchait d’entendre ce qui se racontait. Mais arrivé à hauteur de la table, ce que je vis me fit horreur. Ce vampire avait sa grosse patte posée sur la cuisse d’Anastasia. Je me forçai pourtant à sourire et avoir l’air chaleureux. - Bonsoir Messieurs. Le reste de votre commande. Apportée par le maitre des lieux en personne ! Je voulais m’assurer que tout se passe… Oooops ! En posant les verres sur la table, merci Logan, je ne te remercierai jamais assez, j’avais « malencontreusement » versé la Vodka sur les pantalons de ce goujat. – Je suis vraiment désolé. Non je ne l’étais pas, mais cela ne se voyait pas et j’en étais ravi !
Passer mes soirées à me faire tripoter, à sentir leurs mains – toutes différentes les unes des autres – me balayer le corps entier, et leur souffle plus insupportable les uns que les autres. Rien que d’y penser il m’arrivait d’en avoir des nausées, bien que j’adorais mon métier, les vampires étaient des êtres dépourvus d’humanité et de tendresse et il m’arrivait de tomber – très souvent – sur des barjots qui me faisaient faire des choses que je n’aurais jamais imaginé même dans mes pires cauchemars mais au final je m’en tirais toujours vivante. Bien sur tous n’étaient pas horribles et sans cœur, je savais que le vampire qui se trouvait actuellement en face de moi n’était pas ce genre d’homme – bien qu’il clair que cet homme était d’une cruauté sans nom, d’ailleurs j’avais entendu des gens parlaient sur lui et de son créateur, Lorcan, qui avaient saccagé une ville entière en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Oui, en effet je m’étais « renseigné » à son propos, du moins ce qu’il m’était possible de voir m’avait donné quelques informations de plus. Je m’étais infiltré dans le bureau de César, alors qu’il se reposait et avait lu quelques livres rapidement. J’avais même trouvé l’arbre généalogique de Lorcan, l’un des frères de César, où Zéphyr apparaissait justement. Je n’avais pas eu le temps de lire la date, mais il semblait être l’un des plus vieux de l’île.
Mes doigts me semblèrent être un sujet de distraction plus intéressant que le visage du vampire Russe, mais si je ne relevais pas tout de suite les yeux vers lui il se rendrait compte que finalement je me sentais mal à l’aise en sa présence et l’énervement que j’avais accumulé envers lui me donnait envie de lui hurler dessus en lui criant ses quatre vérités au visage, il en avait bien besoin croyait moi. Car je n’avais pas oublié l’épisode de la dernière fois, loin de là, mais si je voulais garder mon travail et continuer de satisfaire mon maître pour ne pas finir écartelée sur la table de la salle à manger, j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule de fille qui ressasse et croit des choses qui n’existeront jamais ! Après avoir envoyé un baiser dans l’air à Logan après qu’il m’ait rendu mon « Salut », je tournais mon visage vers celui de Zéphyr. Ce dernier glissa vers moi les premiers vers qu’il avait pu remplir grâce au fond de bouteille : « Tiens ! Prends déjà ces verres-là. Il faut que j’aille prendre des poches dans la réserve. Logan apportera les boissons quand elles seront prêtes. » Mais tout en prenant les verres j’effleurais rapidement ses doigts. Je restais scotchée à lui une demie seconde et, réalisant que je ne devais surtout ne pas montrer quoi que ce soit qui me trahirait, mais mes joues s’empourprèrent bien évidemment et je retirais ma main aussi vite, renversant presque les verres au passage. Je baissais les yeux quelques secondes tout en me mordillant doucement la lèvre inférieure – manie qui trahissait ma gêne. « Merci ! » Dis-je rapidement tout en me retournant, faisant voler au passage mes cheveux. Mes talons claquèrent sur le sol et comme s’ils s’étaient tous passé le mot, les gens s’écartèrent de mon chemin, me laissant passer avec les premiers verres de sang que je tenais dans les mains. J’essayais de bloquer ma respiration, non que l’odeur du sang me dérange, bien au contraire, j’avais toujours adoré le sang, je me rappelais même que lorsque j’étais enfant j’adorais sucer mon sang lorsque je me blessais … bref, là n’est pas la question. Donc, non que l’odeur du sang ne me dérange vraiment, mais quand je savais que ce sang provenait d’humains que j’avais peut-être connus, ou d’humains innocents, je me sentais quelque peu mal tout de même.
Je posais délicatement les verres sur la table en bois qui se trouvait aux pieds ses hommes. Ces derniers me jetèrent des regards aussi chauds que la braise, mais le firent très furtivement, visiblement ils venaient d’avoir une petite discussion avec leur boss : interdiction de me toucher. Je souris. J’aimais quand je devenais « la chose à ne pas toucher » des hommes, en réalité j’étais en danger tout en étant sous haute protection, ce qui regonflait considérablement mon égo, qu’on se le dise. Je m’approchais donc de mon client, gonflant un peu la poitrine au passage et dégageant ma nuque : « Le reste arrive Monsieur Ibrahimovski. » Lui dis-je d’une voix rauque. Il m’attira alors à lui ce qui me fit tomber sur ses genoux et m’arracha un rire, je devais impérativement me détendre ! Puis il se pencha vers moi après avoir découvert mon cou, comme l’avait fait quelques jours plus tôt Zéphyr. Je fermais les yeux fortement pour chasser les papillons qui me grouillaient dans le bas ventre. « Appelle moi plutôt Stan, ma Jolie. Mon nom est bien trop long à prononcer, on perd toujours trop de temps à le dire … Non que le mouvement de tes lèvres ne me dérangent d’ailleurs … je serais curieux de savoir l’ampleur des choses que tu sais faire avec cette bouche … » Je souris presque mollement. C’était une habitude pour moi d’entendre ce genre de chose, hein, j’avais connu bien plus cru, mais ces derniers temps je pensais bien trop à ce Russe pour pouvoir apprécier ce genre de « compliments » de la part de ce genre d’homme. Je pensais légèrement la tête du côté opposé d’où se trouvait mon client, lui offrant gracieusement mon cou. Stan posa alors la main sur ma cuisse et la fit glisser un peu plus haut, puis encore un peu plus, jusqu’à même effleurer mon intimité de son pouce. Je sursautais en entendant de nouveau cette voix : « Bonsoir Messieurs. Le reste de votre commande. Apportée par le maitre des lieux en personne ! Je voulais m’assurer que tout se passe… Oooops ! » Soudain un liquide qui sentait le desinfectant à plein nez me coula dessus. Je baissais les yeux vers mon entre-jambe et le pantalon du vampire et vit que visiblement mon verre de vodka venait de valdinguer juste sur nous deux. Je me levais précipitamment, ne sachant plus où me mettre. L’alcool me coula le long des cuisses puis m’arriva jusqu’aux chevilles. Stan Ibrahimovski se pencha vers moi et fit glisser de bas en haut son index afin de ramasser le liquide qui me coulait dessus, puis porta son doigt à la bouche tout en me foudroyant des yeux. Et enfin se leva pour faire face à mon patron. Tout en lui tendant la main, il lui dit, un sourire au lèvre : « Bonsoir Monsieur Romanov, je vois donc que je ne suis pas le seul à être émoustillé par le charme incroyable de votre salarié … » il coula un regard aguicheur vers moi, un rictus mauvais sur les lèvres. « Heum je vais tout de suite vous chercher de quoi essuyer tout ça, excusez-moi Monsieur Ibrahimov… Stan. » Je jetais un regard noir à Zéphyr et partis en trottinant vers le bar, et passait derrière celui-ci, me rinçant rapidement les mains. Je pris une serviette en papier, l’humidifia un peu avant de me la passer le long des jambes, par-dessus le collant, je ne supportais pas d’être toute collante, surtout pas pour un client de son envergure. Logan posa une main sur mon épaule tout en se penchant vers moi : « Eh chaton, ça va ? » Je fulminais : « Depuis quand les vampires sont-ils maladroits hein ?! Putain, il veut me faire crever ou quoi ?: » Je fis dos à la salle pour essayer de dégoter une fichue serviette en tissu dans tout ce foutoir pour pouvoir nettoyer mon client.
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Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
L'hopital qui se fout de la charité? Absolument pas. Ah bon? J'avais dit ça? Qu'elle ne devait pas faire de scène devant d'autres personnes? M'en rappelle pas…. De toute façon elle n'avait pas le droit d'agir comme elle l'avait fait. De me faire une crise de jalousie et de faire comme si de rien n'était lorsque nous étions au bar. Elle n'avait pas le droit point.
J'empoignai fermement la main que l'autre vampire me tendit, un large sourire qui se voulait chaleureux, mais qui en réalité voulait dire "tu la touche encore une fois, je t'arrache les dents une par une". Mais cela il ne s'en doutait pas bien évidemment. - Bonsoir Monsieur Romanov, je vois donc que je ne suis pas le seul à être émoustillé par le charme incroyable de votre salariée.
– Oui… Cette petite est absolument exquise. Mon sourire d'adressait à présent à la blonde. Je la voyais fulminer, mon geste l'avait contrariée. Mais après tout c'était elle qui voulait jouer. Elle était venue au bar et m'avait nargué. Je ne savais pas ce qu'elle avait derrière la tête mais je comptais bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Quand on me cherche on me trouve, et ça fait du bruit. Je ne suis pas docile, ni un petit vampire sage qui reste dans son coin et se laisse faire quand on lui pique ces jouets. Je mords et je cogne. Elle ne tarderait pas à le découvrir si elle me poussait à bout ce soir. Anastasia partit en direction du bar, pour aller chercher de quoi nettoyer son client. – Excusez-moi encore pour le désagrément. Pour me faire pardonner je vous pourrez boire quelques tournées au frais de la maison. C'est le moins que je puisse faire. Visiblement ce type était un vampire qui s'avait s'amuser, malgré mon cinéma il était resté courtois, mais cela ne m'enlevait en rien l'envie de l'étriper. – D'ailleurs je vais m'empresser de retourner au bar, demander qu'on vous en apporte une autre, sitôt vos verres terminés! Veuillez m'excuser Messieurs! Je serai une nouvelle fois la grosse patte de cet homme qui m'horripilait. D'un pas léger et l'air satisfait de ma personne, je me dirigeai vers le bar.
Dans un bon jour je me laisserai facilement aborder par une femme. - Salut mon mignon! Cette vampire était loin d'être un thon, mais je n'étais tout simplement pas d'humeur. Collée à moi elle jouait franco la carte de la sensualité. Je pris gentiment congé d'elle, prenant soin de lui glisser un petit compliment dans le creux de l'oreille et d'effleurer sa hanche de ma main. Une petite flatterie bien placée faisait toujours son effet. Je savais parler aux femmes, autant en profiter pour que cela rapporte de l'argent au club. Mais regardez qui voilà? Anastasia était de retour, se frayant un chemin jusqu'à la table de son client. Comme si ça avait été écrit quelque part, elle fut forcée de passer devant moi. La foule était compacte, j'en profitai pour être face à elle. Nos corps collés l'un contre l'autre. Cette fois-ci le cadre et la raison n'étaient pas les mêmes. Cette fois-ci c'était de la pure provocation. Je me délecterai inlassablement de sa réaction, de la variation de son rythme cardiaque, que je sentais très bien tant sa cage thoracique était écrasée tout contre moi. Il ne m'aurait pas été possible d'avoir un air plus sérieux, empli de fourberie et de défi. – Tu veux jouer ma douce? On va jouer. Elle ne m'avait pas encore laissé l'occasion de m'excuser convenablement, de lui expliquer ce qui s'était réellement passé avec Nina. De toute façon elle ne semblait pas en avoir envie. Je ne comprenais pas son manège, mais elle n'était pas au bout de ses surprises. Je n'allais pas me laisser faire par une petite humaine. Elle me désirait et c'était réciproque. Cela se lisait sans complexe dans son regard. Elle ne pouvait le nier. J'allais lui montrer que personne n'avait le droit de me marcher sur les pieds, que je réagissais toujours et fort. Je tournai vivement la tête sur la droite, tendis le bras et caressa le bras de la vampire qui m'avait accosté quelque secondes plus tôt. Lui prenant la main je la tirai vers moi. Regardant à nouveau Anastasia droit dans les yeux…. - Amuse toi bien avec ton client. Un léger sourire narquois se dessinait sur mes lèvres. Puis nous passions notre chemin, en direction du bar. - Qu'est-ce que tu bois? Demandais-je à la créature que j'avais sous les yeux. – Un verre d'O négatif, s'il te plait. Je passai derrière le bar pour nous servir. Je revins auprès d'elle, lui donnant sa boisson, trinquant avec elle. Avais-je le droit de jouer avec Anastasia de la sorte? Je n'en savais fichtre rien. Ce que je savais en revanche, si vous vouliez être respecté, il ne fallait pas avoir peur de frapper plus fort que son adversaire. Elle allait fulminer je le savais. C'était le but en réalité. Je savais pertinemment qu'une réaction ne tarderait pas à arriver. Je ne savais pas quel genre de réaction, mais elle m'avait déjà prouvé une fois qu'elle savait se battre pour ce qu'elle convoitait. Si elle m'en voulait toujours, j'allais la pousser à revenir vers moi… En la faisant sortir de ses gonds. D'accord, c'était une méthode peu conventionnelle, mais elle allait porter ses fruits, j'en étais convaincu. La femme en face de moi me parlait, d'elle, à vrai dire je n'écoutais pas vraiment, ses gestes me dérangeaient. Elle caressait mon torse de son index. Je n'aimais pas qu'elle soit aussi… tactile avec moi. Ce n'était pas elle que je voulais, elle était uniquement un objet. Logan nous passa devant, me jetant au passage un regard plein de remontrances. A présent elle se dandinait, me laissant entrevoir une partie de sa poitrine généreuse. Je commençais déjà à me lasser d'elle. Quand je disais que les vampires ne m'intéressaient plus vraiment, je ne mentais pas. – Il faut que je retourne bosser. Je serai les dents, comme pour indiquer un quelconque souci. – Mon patron va m'engueuler si je ne reprends pas le travail immédiatement. Oui il existait encore sur cette ile des gens qui ignoraient que j'étais le propriétaire du sol qu'ils foulaient. Et c'était tant mieux. Je pouvais ainsi m'éclipser, prétextant les sautes d'humeur d'un patron exigent.
Si Logan avait eu un canon scié à la place de ses globes oculaires, j'aurai été troué telle une passoire. – Quoi?! Lui lançais-je sèchement. – Tu exagères.– Parce que tu la défends toi maintenant? Elle était bonne. Monsieur qui se donnait un mal fou pour nous séparer. Il avait quand même inventé la présence de César dans le club… - Je sais comment tu es… De toute manière je ne pouvais rien y changer. Elle était avec ce goujat et moi ici. Je ne pouvais pas me pointer à leur table une seconde fois… Soit l'occasion de rattraper les choses se présentait, soit elles resteraient ainsi…
On s'est construit et j'ai tout détruit On s'est détruit, on a reconstruit On s'est construit, on a tout détruit Je me suis détruit, on a tout détruit On s'est puni
Logan s’activait à mes côtés alors que j’étais toujours accroupie pour trouver de quoi nettoyer mon client qui n’était autre qu’un ami de mon merveilleux maître – je ne pouvais donc commettre aucune erreur où je me ferais dilapider le matin même en rentrant au palais. Mais pour le moment, cet homme n’occupait pas mes pensées, un autre s’en chargeait très bien : Zéphyr Romanov, Vampire Russe de son état et vampire âgé de plus d’un millénaire. « Tiens un autre verre mon chou, ça te fera du bien. » Je me relevais après avoir enfin trouvé ce que je cherchais en vain, soit, une serviette. Je vins me poser sur le bar, éreintée, pas à cause du boulot non, mais surtout de savoir ce que la soirée me préparait. Rapidement, Logan me fit glisser le verre de vodka sur le bar et je l’attrapais en vol : « Merci Logan, j’en peux plus… » Il rit tout en remplissant une lignée de verre : « Laisse tomber Ana’, fais ton job et ignore le, il a un pet de travers c’tout. » Je fronçais le nez en riant, et mon rire cristallin résonna dans la pièce, j’eu la soudaine impression que tous les regards se tournaient vers moi. Je fis de nouveau dos à la salle en pouffant comme une enfant.
Après avoir bu la moitié de mon verre de vodka – je devais me requinquer un peu – je repartis en direction de la table du Polonais en traversant – pour la quatrième fois de la soirée déjà – la salle, tentant de me glisser entre les corps chauds et dégoulinants de sueur et habillés de désir ardent. La luxure me colla alors à la peau et je me sentis bouillir de l’intérieur. Les yeux bleu électrique de Stan me percutèrent alors, me faisant pratiquement perdre l’équilibre tellement ce fut intense. Mais je fus rattrapée de justesse par un corps de marbre qui se colla contre moi. Je me retournais, surprise de me sentir ainsi serrée, et fus compressée – littéralement, car mes seins se trouvaient écrasés contre le torse musclé de mon boss. « Amuses toi bien avec ton client. » me glissa-t-il à l’oreille, un sourire narquois voire même arrogant sur les lèvres. Je rétorquais rapidement, même s’il s’éloignait de moi, je savais qu’il m’entendrait très malgré la musique qui tambourinait et qui faisait vibrer tout mon corps à l’instar de ceux des autres : « Je ne m’amuses pas, patron, je ne fais que mon Boulot ! » J’insistais donc sur le dernier mot. C’était quoi cette réflexion enfantine ? S’il n’avait pas voulu que je prenne en charge ce client – bien que César ait été formel : JE devais me charger de monsieur Ibrahimovski – il n’avait qu’à le dire … Puis il devait s’estimer heureux, j’allais lui rapporter un sacré pactole surtout que César m’avait clairement fait comprendre que je devais lui offrir TOUT ce qu’il me demanderait, et je savais que si je prenais les devants, cela serait encore mieux. Lorsque j’arrivais à la table, Stan me choppa la hanche et m’attira une nouvelle fois à la lui, la pression de ses doigts contre ma peau m’arracha un petit cri de douleur tellement il était puissant – mais certainement pas aussi puissant que Zéphyr, du moins pas la même puissance. Il n’irradiait pas les mêmes choses d’eux deux. Je lui tendis donc la serviette que j’avais mis du temps à trouver : « Tenez monsieur ! » Voyant qu’il ne réagissait pas, callé au fond du siège, les bras écartés de chaque côté de lui, accoudé au dossier du siège, j’approchais donc timidement la serviette de son entre-jambe puis me mis à frotter avec langueur. Il se redressa pour se rapprocher un peu plus de moi : « Je t’ai déjà dis bébé de m’appeler Stan… Bon… » Ce dernier voulait tout dire. Je me relevais d’un seul coup, un sourire coquin sur les lèvres – je devais l’attirer et le faire raquer, que l’on soit bien clair ! « Vous désirez peut-être aller dans un endroit plus … hmm tranquille ? » Il se leva – avec la rapidité du vampire – et fut à côté de moi en un rien de temps, posant une main sur ma fesse gauche : « Je dirais plus intime … » Mais juste avant de partir avec cet homme qui n'avait visiblement qu'une chose en tête, je risquais un regard en direction de la salle et je le vis, collé serré à une femme que je ne connaissais pas du tout. Je restais bloquée quelques secondes - le temps que mon client aille dire à son armée qu'il allait dans un endroit plus intime que la salle pour faire des choses dont je préférerai certainement ne pas me rappeler. Zéphyr se pavanait comme un paon et cette pouffiasses semblait jubiler, je voyais presque ses tétons pointer sous son T-shirt de ... J'allais finir par m'armer d'un pieu et j'allais commencer par en crever quelques uns je vous le dis. Puis mon vampire russe se mît de nouveau à fendre la foule, le caniche brun dans son sillon, j'entendais presque ses paroles sans vie d'où je me trouvais,'mais ce qui me tua la plus dans l'histoire ce fut le rire de zéphyr. Il me transcenda et j'eu l'impression que mon cœur allait éclater comme un ballon de baudruche que l'on serre fort fort contre soi. Il ne sembla pas le voir pourtant je devais lancer des éclairs avec mes yeux, et si ça avait été le cas, la salle serait en feu depuis belle lurette. Je vis ses lèvres - que je rêvais de réembrasser - bouger et je crevais littéralement d'envie de savoir ce qu'il disait à cette ... À ce machin là qui semblait boire chacune de ses paroles. Je changeais d'objet de fixation, je ne devais plus réagir de la sorte, et croisais le regard massacrant du vampire polonais. Qu'allait-il bien pouvoir m'arriver ? Puis je l’entrainais à l’écart, dans un coin sombre, et réservé à ce genre de … pratique …
Trente minutes plus tard, je revenais au bar, titubant et ne sachant plus d’où se trouvait le plafond du sol. La main compressée contre mon cou, je m’affalais sur un tabouret, en bout de bar pour ne pas gêner les clients – bien que je doute que l’odeur de mon sang indispose réellement l’assemblée, entre nous. « Eh … Logan … t’aurais pas un bout de sucre, je crois qu’il m’a pratiquement vidée … » Je ne levais pas les yeux, non que je ne le veuille pas, mais simplement parce que j’étkais dans l’incapacité totale. Stan avait été goulu et j’avais bien cru qu’il allait me drainer de mon élixir de vie, j’avais même passé un temps fermé les yeux et attendu que la mort vienne me cueillir mais rien … finalement j’étais habituée de ressentir cette sensation, c’était une petite habitude de César de faire ça, de me laisser presque morte au beau milieu de son salon, alors pas étonnant que son ami le fasse également. Mon cœur battait et j’avais l’impression qu’il allait s’arrêter d’une minute à l’autre. Logan ne sembla pas m’avoir entendu, je me levais, manquant presque de tomber et de me briser au sol comme un lampe que l’on renverse.
La porte menant au couloir m’apparut, je l’ouvris de peu, je me faufilais et la refermais aussitôt. Le noir se fit, et, recroquevillée sur moi-même, d’une main, à tâtons, je tentais d’avancer. Mais soudain mes jambes se dérobèrent sous moi, et je tombais la tête la première. Quelques secondes plus tard, je me redressais à l’aide d’une main et me calais contre le mur, essayant de stopper le sang qui coulait, d’une main. Je fermais les yeux, attendant que tout arrête de tourner et que mon cœur cesse de s’emballer. Stan Ibrahimovski avait véritablement essayé de me vider avant de partir comme un sauvage en prétextant « une affaire à résoudre » avec un : « Sois en formé bébé, je reviens dans une petite heure… » Qu’il reste où il était, je voulais que l’on me laisse tranquille !
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
La vampire qui m'avait accosté ne quittait pas le bar. Elle restait accoudée à ce dernier, continuant de discuter avec moi. Personnellement, je n'étais pas vraiment intéressé par ses histoires. J'avais d'autres chats à fouetter. Mais…. Elle consommait beaucoup, en lui offrant quelques verres, elle gardait un bon rythme, je n'allais donc pas faire mon difficile. La soirée était stressante et mes nerfs commençaient à fatiguer. Je me contentais simplement de sourire, d'avoir un regard ébahi lorsqu'elle s'adressait à moi. A vrai dire, cela faisait déjà 5 bonnes minutes qu'elle parlait non-stop. Sauvé par le gong! Ou presque… Logan qui s'affairait autour de l'évier, droit à côté de moi, me fila une tape sur l'épaule. – Tu te comportes vraiment comme un goujat. Je le regardais d'un air surpris, de quoi se mêlait-il? – On sait tous les deux à quoi tu es en train de jouer. Et c'est pas bon… Il repartait déjà à l'autre bout du bar. Décidément, je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Tout d'un coup, sans crier gare, il se met à la défendre. La vampire tentait de capter mon attention, agitant son verre, un grand sourire aux lèvres. Je la resservis, lui rendant son sourire. Mais l'heure tournait, je devais refaire un tour dans le bar. Je n'aimais pas laisser le club en autogestion. Je devais m'assurer que tout se passait sans accroc. – Je te laisse gérer, je vais voir comment ça se passe ailleurs. L'afflux de clients assoiffés au bar d'était un peu calmé. Logan ne serait pas débordé durant mon absence. Profitant d'un moment durant lequel la vampire tournait la tête, je m'éclipsais rapidement, discrètement.
Inévitablement, en traversant la grande salle, j'avais une vue magnifique sur la table à laquelle se trouvait le fameux Ibrahimovski. Ne souhaitant pas m'y arrêter une nouvelle fois, je me contentais de lancer un regard rapide, puis de scruter le reste de la salle. A ma grande surprise, Anastasia et le vampire n'y était plus. Pas la peine de s'épancher sur les détails, tout le monde savait ce qu'ils étaient en train de faire. Je passai mon chemin, me dirigeant vers le couloir. Tout à coup je sentis une main m'attraper le bras. Finalement elle était peut-être simplement allée aux toilettes. Je me retournais, le visage illuminé. A quoi je pensais? – Je vais m'en griller une. Je t'accompagne. J'acquiesçais d'un signe de la tête. Pourquoi les vampires fumaient-ils? Je n'y voyais vraiment aucun intérêt, à par celui de sentir le cendrier froid. Peut-être que l'odeur des cendres se mariait parfaitement avec nous… Allez savoir. – Tout se passe bien par ici? Demandais-je aux vigiles. – La routine patron. La vampire me regardait, les yeux grand ouverts, l'air fascinée par ce qu'elle venait d'entendre. Mais je l'ignorais. – Excuse-moi, je dois finir de vérifier que tout se passe pour le mieux. A plus tard. Maintenant elle n'allait plus me lâcher, j'en étais convaincu. Pressent le pas pour traverser le couloir, je me dirigeais à présent vers la scène. Là aussi les vigiles veillaient à ce que les filles ne se fassent pas importuner par les vampires ou les humains ivres. Mais ici aussi tout se passait bien. Incroyable. Je n'avais jamais vu une soirée aussi calme. Pas le moindre problème, même Logan se tenait tranquille, il n'avait pas commis une seule gaffe. A croire que tout le monde se passait le mot pour se tenir correctement ce soir. Rassuré je retournais voir comment Logan se débrouillait au bar. Le club était toujours plein, quoiqu'un peu moins qu'à l'ouverture. – T'as encore besoin d'aide?– Si tu peux rester encore un peu, c'est pas de refus! Depuis que Nina gérait la comptabilité du club je n'avais pas beaucoup de travail en dehors de la gestion courante. Ce bar c'était mon bébé, cela ne me dérangeait pas de servir au bar de temps à autre. Cela restait tout de même assez exceptionnel. D'habitude j'ai bien d'autres choses à faire. Je n'étais pas très à l'aise avec la proximité qu'il y avait avec le client. Je ne supporte pas les élans affectueux, ou quand ils se mettent à vous raconter leur vie, parce que sincèrement, je n'en avais rien à faire. Heureusement Logan était beaucoup plus doué que moi dans ce domaine. Il avait encore un peu d'humanité en lui, certainement ce qui le rendait aussi joyeux et dynamique. Je rangeais quelques verres propres lorsqu'il me demanda d'aller chercher un carton dans la remise. Je disparaissais donc dans la pièce juxtaposée au bar. Je n'avais pas pour habitude de venir fouiller dans cette partie du club. Ne trouvant pas ce que je cherchais je revins auprès de Logan. – C'est où? Je trouve pas!
La vampire était de retour au bar. Quand je disais qu'elle n'allait plus cesser de me courir après…. Demain Nina sera de retour, je passerai plus de temps à travailler dans mon bureau. Elle n'aura pas beaucoup l'occasion de me chasser, je m'occuperai de lui faire comprendre mon désintéressement total pour sa personne un autre soir. – Sur la droite, à côté de l'étagère. J'y retournais, et cette fois-ci je ne revenais pas les mains vides. – C'est bon j'ai enfin… Anastasia était de retour. Comment pouvais-je le savoir sans qu'elle ne soit dans mon champ de vision? Son odeur, l'odeur de son sang. Je faillis tout laisser tomber par terre. L'air inquiet et le ton grave, j'interrogeai Logan. – T'as vu Anastasia? Elle est oû?- Je ne sais pas, je suis pas sa mère. Et puis d'abord c'est toi qui essaie de la faire fuir… Mais je quittais déjà le bar. Enfin tentais. – Alors, tu repars? Tu voudrais pas qu'on aille quelque par tous les deux? Apparemment elle n'allait pas s'enlever du passage si facilement. – Ecoute ma jolie. T'es bien sympa mais là j'ai autre chose de plus important à faire. Alors excuse-moi. Je la poussai de mon chemin et elle n'avait pas l'air d'apprécier, je l'entendis bougonner. Mais je n'avais que faire de son opinion, si elle n'était pas contente, qu'elle aille voir ailleurs, cela m'était égal. D'instinct j'allai directement vers la table de son client. Aucun d'eux ne s'y trouvait, ils avaient tous déserté les lieux. Je commençais à m'inquiéter. S'il lui avait fait quoique ce soit je serai capable de lui faire manger ses tripes, et sans anesthésie. Tournant la tête dans tous les côtés, je m'empressais d'aller vers la sortie principale. Tirant un vigile à part je le posais la même question qu'à Logan. Lui non plus ne l'avais pas vue, en revanche il avait vu un groupe de vampires qui parlaient une langue slave. Il y avait encore des chances pour qu'elle se trouve toujours à l'intérieur du club. Si elle n'était pas dans la grande salle ni sortie, la prochaine étape serait les loges. Repassant devant le bar je redemandais une fois à Logan s'il ne l'avait pas vue. Négatif. J'ouvris la porte de service à la volée, tentant d'allumer la lumière. Pourquoi était-elle éteinte? Après le coup que je venais de mettre sur l'interrupteur, elle ne risquait plus d'éclairer à nouveau. Je marchais dans le couloir, jusqu'à ce que je m'encouble dans quelque chose, manquant de justesse de m'étaler de tout mon long. Je pensais que c'était un objet quelconque jusqu'à ce je réalise que l'odeur du sang était plus forte et que l'objet quelconque ne gémisse. C'était Anastasia, appuyée contre le mur et apparemment plus réellement connectée avec notre monde. Je m'agenouillai rapidement à ses côtés. Je la soulevais rapidement, la tenant fermement contre moi. Toujours à la même allure je me précipitai devant la porte de mon bureau, fermée à clé. Pas le temps de tergiverser, un grand coup de pied dans la porte suffit à l'ouvrir, un coup d'épaule sur l'interrupteur et la lumière fut. Décidément cette pauvre porte en voyait vraiment de toutes les couleurs… J'avais changé la serrure il y a peine quelques jours… Je déposai Anastasia sur le canapé. Elle ne tenait quasiment pas assise toute seule, il était donc plus prudent de la coucher. Le sang coulait le long de son cou, ses vêtements étaient déjà rouges. Je répétai le geste que j'avais déjà effectué quelques fois pour elle. Une incision dans la peau de mon poignet, quelques goûtes sur sa plaie et elle se refermera aussi tôt. Elle avait un bleu sur le front. Ce salaud! C'était lui qui lui avait fait ça?! Je n'en avais strictement rien à faire de qui il était, un vampire important ou pas, il allait trinquer. Je bouillonnais de l'intérieur, mais l'état d'Anastasia était plus que préoccupant. Je fis donc couler un peu de mon sang dans la bouche, cela l'aiderait à se rétablir. Juste avant de quitter la pièce, je déposai un baiser dans ses cheveux. Il me fallut à peine 2 secondes pour rejoindre Logan au bar. Je le trainais aussi rapidement dans la remise, lui faisant lâcher quelques verres au passage. - Anastasia est dans mon bureau, tu vas t'occuper d'elle. Colle un des serveurs au bar, j'en ai rien à foutre, mais tu ne la quittes pas jusqu'à ce que je revienne. Tournant les talons, je me retournais pour ajouter… - Et dis-lui que c'est toi qui l'a trouvée. A ma voix, il savait que je ne plaisantais pas, mais je doutais tout de même qu'il le fasse, mais si elle était encore fâchée, je ne voulais pas qu'elle passe l'éponge simplement pour ça…
Je courais, sans même m’arrêter ne serait-ce qu’une seconde, comme si mes jambes étaient entrainées par une force inconnue, un moteur qui me faisait avancer sans que je ne puisse rien contrôler. J’avais l’impression de courir après le soleil qui filait à travers le ciel comme une étoile filante, poursuivit par des nuages aussi sombres que la mort. Et lorsque ces derniers furent juste au dessus de ma tête, j’eu la nette impression que l’enfer fondait sur moi. Le froid et l’obscurité envahirent les lieux. Lorsque je baissais les yeux pour regarder un flocons tomber à mes pieds et fondre sur l’herbe folle, je ne me reconnus pas tout simplement parce que je n’avais pas mon corps actuel, mais celui que j’avais lorsque je n’étais encore qu’une enfant âgée de sept ans. Je ne comprenais plus rien, mais la seule chose que je savais c’était que je rêvais. Puis j’entendis des gens au loin, mais il m’était totalement impossible de comprendre ce qu’ils disaient, leur langue était étrangère, mais plus le temps passa, plus les voix se rapprochèrent et alors ce fut comme si on avait placé un décodeur dans mon cerveau à l’instar du décodeur de canal plus : ils étaient russes. « Héé, je suis lààà ! » criais-je alors, mais le silence se fit, comme si je venais d’appuyer sur un interrupteur. Puis plus rien. Plus rien ne se produisit, subsistait seulement ce vertige qui me donna envie de vomir et ce bourdonnement incessant dans mon crâne… Le soleil disparu totalement, entrainant avec lui la lumière qu’il apportait. La pénombre - voire même le noir complet - se fit et je ne sus plus si c’était mes paupières qui s’étaient fermées ou bel et bien l’astre de jour qui avait décidé de foutre le camp …
L’air pénétra de nouveau dans mes poumons et je sursautais en ouvrant les yeux, laissant échapper un cri de surprise. Je portais aussitôt la main à mon cou : plus rien. Je n’avais plus rien. L’air hagard, je baissais les yeux sur mon corps, j’étais allongée sur un divan qui me disait quelque chose, j’étais toujours habillée comme je l’étais en début de soirée - quoiqu’un peu débraillée - mais par contre mon cou, ma poitrine, mon corset et ma main - jusqu’au poignet - étaient tâchés de sang : mon sang. Un gout de fer, de rouille, avait imprégné ma langue et je compris que l’on m’avait fait ingurgiter du sang. Je me souvenais de tout ce qu’il s’était passé en début de soirée, mais à partir du moment où j’avais perdu connaissance dans le couloir, c’était le trou noir complet. Entendant un léger raclement de gorge je relevais les yeux et découvrit non seulement que j’étais dans le bureau de Zéphyr mais aussi que ce n’était pas ce dernier qui se trouvait avec moi, mais son infant, Logan. « Qu’est-ce-que tu fous là Log’ ?! » Il sourit et malgré son statut de vampire je n’arrivais pas à le voir autrement que comme un humain. Il éprouvait encore tellement de choses, il avait encore tellement de manies humaines et je pouvais passer des heures à le regarder se torturer notamment avec ses incertitudes et ses prises de consciences vampiriques. [color:d59d=dar green] « C’est comme ça que tu remercies celui qui t’a ramené là ?! » La déception dû se lire sur mon visage car l’incube fit un pas dans ma direction. Je me relevais aussitôt et me dirigeais vers la porte. Alors finalement ce n’était pas Lui qui m’avait retrouvée à moitié à l’agonie dans le couloir et qui m’avait « sauvé » la vie - quoi que je ne serais pas morte, Stan Ibrahimovski m’avait laissé assez de sang dans le système pour pouvoir encore faire un peu mumuse ‘ avec moi et de toute évidence ce n’était pas dans son intérêt de me saigner à blanc. « Arf, excuses moi Log’, merci de m’avoir donné ton sang et tout ça, mais il ne fallait pas, juste me foutre dans un coin, j’aurai récupéré rapidos ! » Je lui souris après lui avoir envoyé un baiser. J’ouvris la porte qui semblait une nouvelle fois avoir subis un mauvais traitement et me dirigeait vers le local où l’on trouvait les produits d’entretien pour la salle et tout ça.
Dix minutes plus tard je venais juste de finir de nettoyer le couloir où j’avais laissé une tâche de sang morbide sur le sol à l’endroit où je m’étais écroulée comme je ne sais quoi. Je reposais tout mon matériel là où je l’avais pris et trottinait jusqu’aux loges. Le sang que m’avait procuré mon sauveur - Logan, à mon plus grand damne - m’avait revigoré, j’étais pleine d’énergie et de vitalité. Mais, en y réfléchissant bien, lorsque j’allais revoir Stan dans la soirée, il se rendrait compte que les trous de ses canines dans mon cou ne seraient plus là, et que j’étais d’une forme olympique, qu’allais-je lui raconter ? Les vampires avaient-ils le droit de donner leur sang à des humains et de les soigner ? J’espérais que tout ceci ne porterait pas préjudice à Logan !
Lorsque je revins dans la grande salle, après m‘être lavée et changée, j’allais directement vers le bar où je trouvais Zéphyr entrain de s’affairé - chose totalement incroyable à regarder, il était doué de ses mains et savait très bien manier la bouteille, ce qui n’était pas étonnant pour un vampire âgé de mille ans, d’un côté qu’est-ce-qu’un vampire ne sait pas faire ?! Je passais derrière le bar, à ses côtés et humais discrètement son doux fumet qui me remplit les narines et me fit frétiller le corps entier. Je pris la décision de l’aider à préparer les commandes et les clients préféraient toujours lorsque les femmes étaient derrière le bar, histoire de pouvoir les mâter et utiliser de vieilles techniques de drague toutes pourries. D’ailleurs Nina rameutait le quartier entier et en faisait les frais. Bref, malgré le fait que j’arrivais de moins en moins le contrôle sur moi-même et notamment sur mon désir irrépréssible de me jeter sur lui et de lui dire combien il me rend dingue, je levais la tête, d’un air de dédain et n’osait pas un seul coup d’œil dans sa direction, je le détestait autant qu’il m’attirait, ce qui était totalement atroce pour moi. « Votre porte a une nouvelle fois été défoncée par ma faute, vous retiendrez sur ma prochaine paie le montant des réparations. » Neutre, voire même un peu froide, au moins là je ne craignais rien, il ne risquait pas de me dire des mots doux à tout va - ironique bien sur. « Ah et Stan est parti faire une course, mais il risque de ne pas tarder et il m’a dit qu’il désirait vous voir, que vous veniez prendre un verre à sa table… » lui dis-je sans même un coup d’œil dans sa direction. Lorsque que le polonais m’avait dit de transmettre ce message à mon patron, je vous avoue que je n’avais pas vraiment été des plus ravie : je lui montrais que tout ce qu’il m’avait dit la dernière fois m’avait atteinte et que je ne voulais plus avoir à faire avec lui - bien que cela soit totalement le contraire - mais d’un côté c’était lui qui m’avait grandement conseillé de le faire, je suivais donc ses conseils. Serait-il jaloux que je danse pour un autre homme juste sous ses yeux ? J’en doutais fortement, visiblement il n’était pas du genre …
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Logan criait déjà après l'un de ses collègues pour qu'il vienne le remplacer au bar. Il savait m'écouter quand il savait qu'il risquait sa peau. Il savait pertinemment qu'on ne joue pas avec moi, enfin si, mais il faut être prêt à en payer les conséquences. Je quittais donc le club à toute hâte, prenant soin de demander questionner encore un peu les deux vigiles posté devant la porte principale. Je voulais dans quelle direction le vampire que j'allais exterminer était parti. Tous deux m'indiquèrent le sens dans lequel aller, direction le cœur de la ville. S'ils découvraient que je lui courrai après suite à Anastasia retrouvée pratiquement vidée de son sang… Peu importait, car la règle ici est clair : on ne maltraite pas les employées, un peu OK, mais pas à ce point. Il y avait déjà eu un cas à peu près similaire, il y a de cela quelques siècles. Aucun de mes employés n'était assez âgé pour avoir connu cette danseuse qui, malheureusement n'avait pas survécu à l'assaut d'un vampire violent et affamé. Le bougre n'avait pas survécu non plus à mon assaut de colère. Les plus anciens résident de l'ile s'en souviennent. J'avais défrayé la chronique à cette époque. Il n'avait pas jugé bon de faire ça en privé, mais au beau milieu de la salle. La pauvre fille venait tout juste de terminer son effeuillage, elle descendait dans la foule, pour continuer d'aguicher les mâles. C'est à ce moment-là que ce sauvage lui a sauté au cou, la vidant de son liquide vital. Un vrai forcené, il ne voulait plus la lâcher, ses crocs rivés à sa peau. Elle avait une partie de la chaire arrachée, il y avait du sang partout… Un véritable carnage. Moi en revanche, j'avais eu la délicatesse de l'emmener dehors avant de lui régler son compte. Dans la cours arrière peu importait qu'il y ait une marre épouvantable de sang. C'est depuis cette nuit-là qu'il y a des vigiles postés un peu partout et que le contact physique avec les danseuses est assez réglementé. Ce soir, il me serait de toute évidence impossible de faire croire qu'il s'agissait d'une affaire banale, vu l'état d'énervement dans lequel j'étais. Concernant Anastasia, elle avait beau m'en vouloir, ne plus vouloir me parler à vie, je ne la laisserai pas tomber. Remontant la rue, j'inspectais chaque ruelle qui s'en séparait, à l'affut, à la recherche de ce salaud. Mais les ruelles étaient tous vides. J'évitais les rues trop malfamées, peu de chance qu'un homme entouré de garde du corps les arpente. Je tournais en rond dans le centre depuis un peu plus de 15 minutes. Je ne le trouvais toujours pas. Il devait se trouver dans un hôtel, au palais, partout sauf ici. Je décidai donc de retourner au club. Il ne restait plus qu'à prier pour qu'il revienne au club, que son séjour à Heartkiller ne s'achève pas cette nuit, si ce n'était de mes propres mains. Je trainais le pas, des fois qu'il pointe le bout de son nez. Il ne serait pas seul. Il avait sa troupe de gorilles qui le suivait. Ils avaient passé toute la soirée à sa table, il n'y avait pas de raison que je tombe sur lui et lui seul. J'agissais très certainement de manière impulsive, mais certaines choses ne peuvent pas rester impunies, sinon c'est la porte ouverte à toutes les atrocités. Je ne savais pas non plus s'il allait rester sur l'ile ou non. Il fallait donc agir vite si je voulais lui filer la correction de sa vie.
C'est donc bredouille que je remettais les pieds aux Plaisirs Coupables. J'étais impatient que la soirée se termine, que je puisse rentrer, jusqu'à présent elle avait vraiment été affreuse. Logan n'était pas derrière le bar, Anastasia ne devait donc pas encore être revenue parmi les mortels. Le pauvre serveur lui était débordé, il maniait les bouteilles et jouait avec les verres très maladroitement. Je n'aurai pas été surpris qu'il en ait cassé quelques-uns. – C'est bon retourne faire le service. J'allais reprendre le contrôle du bar le temps que Logan réapparaisse. Je ne pouvais m'empêcher de scruter la salle dans les moindres recoins. Espérant le voir franchir le seuil de la porte. Mais en vain. A la place mes yeux croisèrent malencontreusement la vampire qui me suivait partout. Elle dansait avec un type, mon message avait dû passer. Préparer toutes ces boissons m'épuisait, courir dans tous les sens à cause d'Anastasia encore plus. J'avais bien envie de prendre une semaine de vacances loin de tout ce calvaire, m'échapper et ne plus entendre parler de cette ile sept jours durant. Ce serait un moment de répit des plus exquis. Mais je fus sorti de mes pensées agréables par une voix que ne m'enchantait guère. - Encore derrière ce bar? Tu ne te reposes jamais? Décidément elle, elle ne lâchait jamais l'affaire. Je me contentai de soupirer, longuement. J'avais encore plein de commandes à préparer et nullement l'envie de bavarder. Allant d'un bout à l'autre du bar une dizaine de verres dans les mains, je n'avais plus le temps de réfléchir à quoique ce soit. La vampire elle, ne faisait même pas la moue, elle continuait de m'observer, de scruter mes moindres gestes. Et puis… - Votre porte a une nouvelle fois été défoncée par ma faute, vous retiendrez sur ma prochaine paie le montant des réparations. L'espace d'un instant je me figeai, j'étais comme paralysé. Elle avait repris ses esprits et à entendre sa voix, on dirait qu'elle se portait bien. Bien qu'elle ne paraissait pas être vraiment ravie de se retrouver à mes côtés. Si elle ne m'avait pas sauté au cou cela voulait dire que Logan avait joué le jeu. Très bien. Les choses intéressantes pouvaient reprendre. A moins que ce ne soit la présence de celle qui me colle le train qui ne la refroidisse. Pour l'instant je n'avais pas envie de me rapprocher d'Anastasia. Je ne me sentais pas d'humeur. Un peu trop d'émotion ce soir, elle qui jouait avec mes nerfs et son bourreau qui la maltraitait… J'avais juste envie de rentrer et rien d'autre. J'allais pourtant rester jusqu'à ce qu'elle parte, et m'assurer que plus rien ne lui arriverait ce soir. Je ne répondis rien à ses paroles, je ne la regardai même pas. - Ah et Stan est parti faire une course, mais il risque de ne pas tarder et il m’a dit qu’il désirait vous voir, que vous veniez prendre un verre à sa table… Instinctivement je traversais les quelques mètres qui nous séparait à vive allure. Venant me coller à Anastasia, lui agrippant le bras pour la forcer à me regarder. – Tu viens de dire quoi là? La fixant droit dans les yeux. Alors comme ça Monsieur allait revenir? Et Monsieur voulait que je prenne un verre avec lui? Après ce qu'il venait de faire? Et bien… C'était courageux de sa part. Il ne savait pas quel sort l'attendait ici, non ça il n'en avait pas la moindre idée. Je ne supporterai pas qu'il remmène Anastasia dans les quartiers cloitrés. S'il se risquait à le faire, dieu sait ce qu'il pourrait se passer. Je lâchais son bras que j'avais peut-être serré un peu trop fort. – Je me réjouis de boire un verre avec celui qui pose ses mains sur toi! Je fis quelques pas en arrière, il l'avait pratiquement laissée pour morte et elle, elle voulait retourner à sa table? Retourner avec lui après ce qu'il lui avait fait? Et moi elle osait me faire la gueule?! Puis observant les alentours du bar je me mis à hurler : - Il est où Logan putain?! C'est lui qui doit être ici pas toi! Après tout vous n'avez qu'à bosser tous les deux, je m'en fous! Tu viendras me chercher dans mon bureau quand ton Ibrahimovski voudra que je vous rejoigne. Ce n'était pas ce soir qu'il fallait me chercher des poux. J'étais énervé au plus haut point. Avant de tuer quelqu'un, je quittai le bar et claquai la porte de service, pas trop fort pour ne pas attirer l'attention sur moi. Tous les clients n'avaient pas besoin d'être au courant de mes états d'âme. Quant à Anastasia, elle ne devait pas y comprendre grand-chose. Mais cela m'était bien égal pour l'instant.
En réalité je me posais des questions… je me sentais pleine de vie, puissante, comme si je ne risquais strictement rien, comme si j’étais une sorte de super héro. Or je savais que Logan n’était encore qu’un jeune vampire et grâce à quelques recherches à propos, je savais que le sang des « nouveaux nés » n’était pas très puissant, du moins certainement pas autant qu’un vampire âgé de mille ans… Après avoir annoncé à Zéphyr que mon client allait revenir et qu’il désirait le voir se joindre à lui pour boire un verre, je pensait qu’il hausserait les épaules d’un air dégagé et me dirait de retourner travailler. Mais il n’en fit rien , du moins il se mit à agir d’une toute autre manière : usant de sa célérité, il fondit sur moi et m’attrapa le bras, le serrant fermement. Mais alors que j’aurai dû avoir un mal de chien, son geste me chatouilla presque . Visiblement le sang que j’avais ingurgité - ou du moins que l’on m’avait fait boire afin de me remettre sur pieds - était vraiment puissant et je commençais à douter sincèrement que ce sang fut celui d’un incube à peine plus vieux que ma grand-mère … Zéphyr se planta devant moi, sa carrure imposante me faisant de l’ombre, et son regard noir planté sur moi. Ce dernier me scia et je dû me faire violence pour ne pas regarder ailleurs : « viens de dire quoi là? » Je haussais les sourcils, comme si un vampire avait pu ne pas entendre ce qu’on venait de lui dire à lui, un vampire ?! Il se foutait de moi ?! Je répétais donc : « Je viens de vous dire que Stan Ibrahimovski ne vas pas tarder à revenir et qu’il désire vous convier à sa table … » Je n’avais d’ailleurs pas compris pourquoi, enfin si, bien sur, Zéphyr buvait souvent un coup avec ses clients, mais je ne comprenais pas pourquoi cet homme, Stan, souhaitait absolument avoir Zéphyr à sa table… Décidement ce soir, je ne comprendrais pas ce qu’il se passe. « Je me réjouis de boire un verre avec celui qui pose ses mains sur toi! » Son ton ironique me fit grincer des dents et ce qu’il ajouta à la fin - bien que j’appréciais tout de même - m’embêta. S’il ne désirait vraiment pas que l’on pose ses mains sur moi, il fallait me virer, me renvoyer, me mettre à la plonge (haha) mais de là à faire le mesquin .. Il me lâcha alors, je vis son rapide coup d’œil vers mon bras, visiblement il ne s’était pas rendu compte de la force avec laquelle il m’avait agrippée. « Il est où Logan putain?! C'est lui qui doit être ici pas toi! Après tout vous n'avez qu'à bosser tous les deux, je m'en fous! Tu viendras me chercher dans mon bureau quand ton Ibrahimovski voudra que je vous rejoigne. » Hein ? TON Ibrahimovski ? C’était une blague non ? Si je faisais tout ce que cet homme me demandait de faire ce n’était pas pour ses beaux yeux mais plutôt pour son fric - qui allait ravir Zéphyr, je le savais - et surtout pour que César ne me fasse pas torturer pour ne pas lui avoir obéit. Zéphyr agissait comme un adolescent pré pubère et je ne comprenais pas du tout ses réactions : un coup il était des plus adorable, tendre, langoureux avec moi, la fois d’après il me hurlait dessus comme on hurle sur un enfant qui vient de pousser son petit frère du toit de la maison et ce soir il s’amusait à faire le jaloux alors qu’il n’avait aucune raison de faire ça puisqu’il m’avait clairement fait comprendre qu’il n’en n’avait strictement rien à faire de moi et que je devais arrêter de mettre mon nez de partout. Je croisais les bras et juste avant qu’il ne parte, je lui dis calmement : « Il n’y a qu’une seule personne que je désir et ce n’est certainement pas lui alors cessez de croire que ça m’enchante de faire cela ! Et même s’il y est allé un peu fort tout à l’heure, c’est aussi à cause de moi, César m’a fait la même chose hier soir et je n’ai pas vraiment encore eu le temps de me nourrir correctement … enfin, je ne sais pas pourquoi j’vous raconte ça. Je vais donc attendre Mon Ibrahimovski … » Je partis d’un pas décidé en direction de la salle. En tendant l’oreille, essayant de capter les paroles par-dessus le brouhaha que faisait la musique, une porte claqua et ce fut tout. Il ne me restait donc plus qu’à attendre le retour imminent de mon client.
Un jeune homme m’intercepta alors que je fendais la foule pour retourner à la table qu’occupait le polonais et ses gardes. L’homme me demanda si j’étais libre, mais je lui fis non de la tête. Pendant un quart de seconde je crus qu’il allait m’arracher la tête … que m’arrivait-il ce soir ? J’avais la poisse, un mauvais Karma, qu’avais-je donc fait ?! Tout me tombait dessus et je ne pouvais rien y faire. Assise sur le divan réservé, je sirotais le nouveau verre de vodka que Logan m’avait gentiment resservit. Je fixais la foule dans sa globalité, les yeux dans le vague, ne sachant plus discerné de ce qui était près de moi et de ce qui était loin. Je fus surprise de sentir une main froide, voire même congelée - comme si elle sortait tout juste du frigo - se poser sur ma cuisse dénudée et remonter le long de celle là jusqu’à mon entre-jambe. « Hmm tu sens si bon beauté … et je vois que l’on a pris soin de toi … je suis vraiment désolé de t’avoir abandonnée de la sorte, je pensais que tu tiendrais le choc jusqu’à mon retour. Qui donc t’a donné son sang ? » Me dit-il tout en me saisissant par le menton, faisant tourner ma tête à gauche et à droite pour exposer mon cou à la lumière - bien que tamisée. « Logan. » Dis-je, tentant de me convaincre moi-même de la véracité de ces propos. « Humm … » Me lança-t-il tout en humant une nouvelle fois mon fumet. Ce son me hérissa les poils sur les bras et je me levais précipitamment : « Bon eh bien je vais aller prévenir mon patron que vous êtes revenu… » Il acquiesça d’un signe de tête avant de se détourner de moi pour converser avec ses acolytes.
Lorsque j’arrivais devant le bureau de Zéphyr, je toquais contre la porte - oui, j’avais compris la leçon - et lui dis : « Monsieur Romanov, Monsieur Ibrahimovski est de retour, il vous attend … » et moi aussi eu-je envie de rajouter, mais je n’en fis rien. Je restais simplement plantée devant la porte de mon boss, une main posée sur ma hanche et le fessier légèrement en arrière. Je me mordis la lèvre inférieure et priais pour qu’il accepte de venir, qu’il accepte de ne pas me laisser seule avec cette homme copain comme cochon avec l’Empereur. Je priais pour que Zéphyr n’en ait pas rien à foutre de moi et qu’il comprenne que j’avais besoin de lui également …
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Je fulminais seul dans mon bureau. Logan qui disparaissait sans arrêt, impossible donc de le trouver quand on a besoin de lui. Il devait se pavaner dieu savait où… Anastasia qui jouait la fille frustrée et énervée, m'adressant à peine la parole et quelques dizaines de minutes plus tard, Madame joue la blonde provocatrice. Sérieusement, tout ce cirque commençait à me taper sur les nerfs. Si les choses ne se tassent pas rapidement… Aucune idée de ce qui pourrait bien se passer. En ce moment je priais pour que Logan se remette fissa à son poste et surtout, surtout, qu'il ne crie pas sur tous les toits avoir donné "sons" sang à Anastasia. Si cela venait à se savoir nous n'aurions tout deux plus nos têtes. Lui pour avoir fait cela à la cliente de "Monsieur" l'Empreur et moi pour ne pas savoir contrôler mon infant. Enfin... Valait mieux ne plus penser à tout ça, faire les cent pas me permettait de "décolérer", bien qu'un petit massacre se révélerait bien plus efficace. Pas un humain sous la main, pour l'instant il me faudrait reprendre mon calme seul, en continuant à faire les cents pas peut-être. Les sautes d'humeur devenaient de plus en plus fréquentes. C'était un tempérament habituel pour un vampire me direz-vous… Très certainement. Je tournais comme un lion en cage quand soudain, je me rappelai que nous avions gardé quelques humains que Logan nous avait rapportés. Ils sont stockés dans la réserve, nous les gardons de côté pour les clients privilégiés, ceux qui dépensent beaucoup d'argent et qui veulent de quoi s'amuser un peu, de manière, comment dire, plus violente. Si l'un deux disparaissait, personne ne s'en rendrait compte. Merveilleuse et délicate idée. Je m'empressais de quitter mon bureau puis d'entrer dans la réserve. En passant derrière je me rendis compte que mon cher infant avait regagné son post. Je n'avais pas envie de le questionner, je découvrirai le pourquoi du comment de son absence plus tard. Des choses plus importantes m'attendaient. Un large sourire aux lèvres j'ouvris la porte qui renfermait les repas encore vivants. Leurs conditions de détentions n'étaient pas mauvaises, bien au contraire. Pour dire qu'ils restaient en vie uniquement à des fins de tortures et de festin, ils étaient bien entretenus. Nourriture, boisson et de quoi s'assoir sans être trop à l'étroit, inconfortables. Tous ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient ici, ni même ce qui allait leur arriver. Forcément, aucun d'eux ne repartaient d'ici en vie, et surtout, aucun ne remettait les pieds dans cette remise. Non, aucun. Tous étaient voués à une mort certaine, douloureuse et passablement lente. S'ils avaient de la chance, ils mourraient rapidement, leur sang drainé en quelques secondes. Certains vampires, ivres de plaisirs et de cocktails sanguins, ne maitrisait plus leur appétit. D'autres en revanches, appréciaient le moment, se délectant de l'élixir pâteux qui s'échappait à vitesse irrégulière, des incisions dans la fine couche de peau de leur proie terrorisée. La troisième version, bien moins charmante, la torture à l'état pur. Une mort aussi douloureuse qu'effrayante. Ne pas savoir ce qui va se passer, quand elle frappera. Le plus tôt serait le mieux, mais le bourreau ne semble jamais très enclin à achever les souffrances atroces du tas de chair qu'il a entre ses mains.
Quelle option allais-je offrir à l'encas qui fonderait incessamment sous peu entre mes lèvres? Mon cœur oscillait entre les numéros un et trois. Je n'avais pas la patience de m'amuser avec un casse-croûte. Ni l'envie d'ailleurs et je manquerai cruellement d'inventivité. J'attrapai le bras d'une femme au hasard. Son regard était implorant et larmoyant. La pauvre ne se doutait pas de ce qui allait lui arriver. La peur paralysait sa bouche, qui ne s'ouvrait pas. Elle devait crever d'envie d'hurler, d'implorer qu'on la laisse repartir, qu'on lui laisse la vie sauve, qu'on ne lui fasse aucun mal. Elle se fourvoyait. Elle n'était malheureusement pas tombée sur le vampire le plus adorable de l'ile, loin de là. Pour éviter la moindre esclandre lorsqu'elle passera par la salle principale, je m'apprêtais à l'hypnotiser. Pas la peine de me faire remarquer avec une humaine qui hurle comme une truie qu'on emmène à l'abattoir. A présent elle était docile, et obéissait à chacun de mes ordres. Nous nous dirigions donc vers le bar, puis vers la porte de service. Elle me suivait comme un bichon suit sa vieille maitresse. A la différence qu'elle se jetait volontairement dans la gueule du loup. Arrivé dans la pièce qui m'était réservée, je ne pris même pas la peine de fermer la porte à clef, mais simplement de la claquer du bout des doigts. La petite humaine que j'avais choisie pour passer mes nerfs resterait sous hypnose. Pas très intéressant me direz-vous, mais je n'avais pas particulièrement envie qu'on débarque à la porte, ameuté par ses cris. Elle avait le parfum délicat de la peur, je sentais tout son corps trembler. L'existence des vampires ne fait partie que de la fiction, quelle frayeur que de constater qu'ils existent réellement, et de finir en amuse-bouche pour l'un d'entre eux. Elle avait pour seul ordre de ne pas crier. Elle pourrait bien se débattre tant qu'elle voulait, elle ne réussirait jamais à se défaire de mon emprise. Non, jamais. Pour elle il était déjà trop tard. Elle avait les cheveux courts, pas besoin de les écarter, son cou s'offrait tout entier à moi. J'allais planter mes crocs dans sa chair tendre, dans lequel je pouvais sentir son cœur battre, battre comme s'il allait exploser, la moindre petite incision et le sang jaillirait à n'en plus finir, repeignant les murs d'un rouge foncé, parsèment par-ci par-là de petit caillots qui donneraient du relief à cette couleur sombre.
On frappa à la porte. J'étais pari dans l'idée d'ignorer la personne ingrate qui osait me déranger en pareilles circonstances. Mais la voix d'Anastasia me transperça les tympans. Elle n'allait donc plus jamais oser s'aventurer dans mon bureau sans que je ne l'y invite. Et Nina qui ne voulait pas me croire que le message était bel et bien passé. Anastasia avait fini par comprendre qu'elle n'avait aucun droit de faire irruption dans mon bureau. Qu'elle devait toujours s'annoncer et que j'étais le seul ici qui pouvait décider de si oui ou non elle avait le droit d'entrer. Heureusement qu'elle ne rentrait plus dans cette pièce comme dans un moulin, la situation aurait été quelque peu gênante. Pas certain de sa réaction face à moi qui vide l'une de ses congénères de sons sang. Enfin, elle devait bien se douter que je n'étais pas doux comme un agneau, que moi aussi j'avais besoin de me défouler de temps à autre. Mon encas allait devoir patienter un peu sans moi. Toujours sous hypnose je lui donnai l'ordre de m'attendre, assise sur le canapé, sans broncher. Le devoir m'appelait. J'étais pressé de me retrouver face à cet Ibrahimovski qui, je ne savais pas pourquoi, m'invitait à sa table. Je ne savais pas vraiment si je devais m'en sentir honoré, ou au contraire, craindre cette rencontre. Il ne devait pas être plus âgé que moi et ne m'intimidait pas le moins du monde. Il en fallait beaucoup pour m'effrayer. A contrecœur, je lâchai ma proie et me dirigeai vers la porte. En l'ouvrant je ne pris pas vraiment soin de garder secret ce qui se cachait derrière la porte. Le sourire triomphant je la refermai et plongeai mon regard dans celui d'Anastasia. – Alors? On y va? Pour elle aussi il était l'heure de se jeter dans la gueule du loup. Elle aurait d'un côté un vampire sans gêne, qui n'hésitait pas à étaler son fric, toujours à se cacher derrière ses gorilles, et de l'autre un élément incontrôlable, au caractère bien trempé qui n'hésitait pas à sauter à pieds joints dans le plat. Cette rencontre pouvait très bien se passer comme tourner au cauchemar digne des plus grands films d'horreurs.
Postée devant le bureau de mon boss je tendais tout de même l’oreille pour savoir ce qu’il trafiquait. Il m’avait dit de ne pas fourrer mon nez de partout, mais pas de ne pas tendre l’oreille, je pouvais donc faire ce que je voulais. Mais avec le brouhaha de la musique, des gens qui rient, qui crient et qui parlent fort, je n’arrivais pas à entendre quoi que ce soit. Puis le silence se fit pendant quelques millième de secondes, et je tentais vainement d’écouter ce qu’il se tramait à l’intérieur : rien. Que dalle. Fallait dire qu’à force d’avoir de la musique assourdissante dans les oreilles, je devenais peu à peu sourde, et je n’avais certainement pas l’ouie fine des vampires. Ce qui m’aurait été d’une grande utilité d’ailleurs. Puis enfin, mon patron daigna ouvrir la porte. Je me redressais et lui fis face, jetant un coup d’œil à l’intérieur de la pièce et visiblement Zéphyr ne tenta même pas de me cacher ce qu’il faisait … ce que je vis de ne me ravie pas du tout et j’eu envie de le gifler de toutes mes maigres forces, mais bien sur je n’en fis rien, rien de rien car je savais que cette fois il ne se retiendrait pas de m’éclater la tête d’une seule pression de ses deux paumes contre mes tempes. Après tout il n’en n’avait rien à faire de moi. Lorsqu’il referma la porte derrière lui, l’image de cette femme élancée, jeune et vigoureuse aux cheveux courts et au regard perdu dans le vide, s’imprégna dans mes pensées et je sus que j’allais la voir pour le reste de la soirée. J’avais envie de me casser au plus vite de là. Ne plus voir Zéphyr et son air arrogant, il me foutait la gerbe … enfin … j’avais surtout le cœur en miette une fois de plus, comme s’il s’amusait à sauter à pieds joints dessus et d’y verser de l’acide sulfurique dessus histoire de bien m’anéantir. Mais que m’avait-il pris de croire qu’un jour cet homme et moi pourrions vivre quelque chose ?! J’étais bien trop naïve, et encore trop plongée dans ma vie d’avant pour me rendre compte que c’était un tout autre monde. Que je ne n’étais plus qu’une esclave, vraiment, et que plus jamais je ne vivrais de choses réelles – mis à part la mort bien sur. Je me foutais une grande claque mentale dans la gueule et repartie, suivant de près mon patron après qu’il m’ait lancé un petit : « Alors? On y va? » d’un ton arrogant, comme il savait si bien le faire. Lorsque nous arrivâmes dans la salle, les regards se tournèrent vers nous pendant quelques secondes, puis les badauds retournèrent vaquer à leurs occupations. Seul monsieur Ibrahimovski nous fixait, un sourire sadique fixé sur ses lèvres immondes. Bien sur il était attirant, mais le simple fait qu’il connaisse César, faisait de lui un être répugnant et horrible. Mais je devais montrer à monsieur Romanov que j’avais dépassé le stade où je fourrais mon nez de partout et que ma jalousie n’était plus – en apparence bien sur. Puis il serait des plus heureux lorsque je lui ramènerai la liasse de billets de ce vampire allait me donner en échange de mes « services ». Le petit geste de la main qu’il me fit me donner envie de rebrousser chemin et de me barrer d’ici, et son regard chacal me fit frémir l’échine. La sale besogne pour l’esclave récalcitrante.
« Monsieur Ibrahimovski » Lui dis-je d’un ton mielleux en accentuant les « i », tout en me penchant vers lui, lui offrant une vue plongeant sur mon décolleté. Je posais ma main sur sa cuisse et remontais lentement vers son entre jambe, m’arrêtant juste à temps pour lui provoquer seulement des frissons. « Voilà Monsieur Romanov, voulez vous que je vous laisse discuter ? » lui glissais-je à l’oreille, de façon assez provocatrice, je l’avoue. Et tandis que j’étais penchée vers le vampire, j’offrais une vue improbable sur mon postérieur à mon patron, après tout … « Non beauté, reste là. Il me faut bien un peu de distraction et je ne te paie pas pour te voir ailleurs … » J’acquiesçai d’un signe de tête avant de lancer un regard à Zéphyr. J’espérai sincèrement que tout ne tournerai pas au vinaigre, sinon j’avais bien peur de me faire tuer entre deux vampires, tous crocs dehors …
Je me penchais alors au dessus de la petite table basse en bois massif – comme le reste de la décoration du club – et servis un verre de liquide rouge et soporeux à Zéphyr. J’en mis un peu à côté et eu un geste habituel de tendre le doigt pour ramasser la goutte, mais me retins … quelle horreur. J’adorais sucer mes plaies lorsque je me faisais mal au dos par exemple, le gout de mon sang ne me dérangeait pas du tout, mais boire celui d’un autre humain comme moi … un frisson me fit sursauter et je relevais les yeux vers le polonais qui me fixait, un sourire vicieux accroché à son visage. Je me redressais et tendis le verre que je venais de servir, à Zéphyr. « Tenez Monsieur Romanov… » Je n’allais certainement pas l’appeler autrement que par son nom de famille, il était bien au dessus de moi et je ne pouvais me permettre de me montrer familière avec un vampire de son rang, du moins pas en présence de témoins. « Alors, Monsieur Ibrahimovski … » il me coupa : « Stan ! » C’était un ordre visiblement et je n’avais pas trop trop le choix : « Stan, pardon, donc … euhm … vous souhaitez boire quelque chose ? » Bien plus rapide que moi, je ne vis pas son bras m’enserrer la taille, juste la douleur due à sa force surhumaine, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire je me retrouvais collée à lui. Mon sang ne fit qu’un tour et visiblement Stan le sentit lui aussi. Je lançais un regard désespéré à Zéphyr, mais il était trop occupé à regarder les gardes qui se trouvaient juste dernière nous. Etait-il entrain de planifier quelque chose ? La voix de Stan me fit sursauter, juste au creux de mon oreille, je sentais son souffle chaud et emplit de cette odeur âpre : « Je planterais bien de nouveau mes crocs dans ta chair si tendre hmmm… » Je ris tout en me dégageant de son emprise. En me relevant, je donnais un rapide coup de genou – imperceptible – à Zéphyr, mais laissais ma main posée sur la cuisse de mon client : « Alors Stan, vous restez à Heartkiller pendant combien de temps ?! » Il rit de nouveau – je ne pouvais plus entendre ce son qui me faisait saigner les tympans. « Ahah pressée de passer une nouvelle soirée avec moi ?! Cette fois un peu plus intime … trêve de plaisanterie, l’Empereur avait besoin de moi pour régler quelques affaires à propos de son frère le traite … mais je me taperai bien une belle blonde, après tout il m’a dit que je pouvais faire de toi ce que je souhaitais … » de sa main, il me prit le menton et me fit pivoter la tête vers son visage, m’obligeant à le fixer … je priais pour qu’il évite de m’hypnotiser, surtout sous les yeux de mon boss. Puis il me lâcha soudainement et je me rendis compte que j’avais cessé de faire entrer l’air dans mes poumons. « Romanov … Romanov … ça me dit vaguement quelque chose ? Russie, je me trompe ? » Fouuh ! Son attention était toute reportée sur Zéphyr qui me paraissait tendu … quant à moi, je gardais les yeux fixés au sol, histoire de me faire oublier quelques instants…
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Toujours maquillé de mon air satisfait je la suivais à travers le couloir, la foule était étouffante et très compacte. Arrivé à la table du polonais Anastasia lui servit un numéro des plus pathétiques. Si cela lui faisait de l'effet, il avait des gouts bien médiocres. Elle se dandinait tout en lui touchant la cuisse… Je me demandais si elle faisait vraiment ça pour son travail ou s'il n'y avait pas une intention cachée… Ce petit manège me fit sourciller et lever les yeux au plafond. Je prenais place à la table. Il me tardait de connaitre la raison de ma présence, mais cet ibrahi.. truc ne semblait pas enclin à me la révéler. Bien trop occupé à jouer avec Anastasia. J'étais particulièrement surpris de la maitrise de moi-même dont j'avais su faire preuve. Malgré la musique et le brouhaha ambiant, j'avais parfaitement saisi ses paroles. Mon sentiment face à cette attitude était partagé. A jouer les provocatrices, il fallait bien qu'elle tombe sur un goujat sans nom, prêt à la vider de son sang. Cela pourrait être marrant de la laisser mariner un peu, et d'intervenir que si les choses allaient trop loin. Mais ce vampire lui avait déjà fait suffisamment de mal et malgré toutes mes tentatives, je n'avais pas réussi à me calmer. Je bouillonnais toujours et cette irrésistible envie de lui sauter à la gorge ne désemplissait pas, bien au contraire. Le voir poser ses mains sur elle comme ça, ses pattes dégoutantes, j'avais envie de lui faire manger son cœur et de le laisser cramer au soleil. Bien que les couper les mains me paraissait une option bien plus plaisante, il pourrait toujours me faire pendre haut et court sur la place publique. Ce n'était donc pas la solution. Dommage. Ce petit manège devenait de plus en plus inconfortable. Je ne savais pas où il voulait en venir et le voir aguicher Anastasia de la sorte, sous mon nez, commençait à me rendre fou. Devant mes yeux défilaient tout un tas d'images plus sordides les unes que les autres. Des façons diverses et variées de mettre fin à son éternité. Au fil des siècles, Loran m'avait donné énormément de conseils précieux sur la façon de torturer n'importe quel être vivant. Ils finissaient tous par vous supplier d'arrêter, d'abréger leur souffrance, de les achever. D'ailleurs sa réflexion à propos de mon créateur me déplaisait au plus haut point. Pourtant je restais planté là, avachi dans mon fauteuil. A attendre sagement qu'on en vienne au fait. A moins que la lassitude ne se fasse trop pesante et que je prenne congé de moi-même, un prétexte bidon pour appuyer mon geste. La situation ne plaisait pas non plus à Anastasia, je le voyais bien, ses signaux étaient clairs. Mais pour l'instant je ne pouvais rien faire pour elle. Je n'allais pas me jeter sur ce vampire en présence d'autant de témoins. Ce serait du suicide. Sans compter qu'il avait des gardes du corps. Je savais que je pouvais compter sur Logan et les vigiles du club ne mettraient pas longtemps avant d'intervenir. Il fallait rester rationnel, le club n'avais pas besoin d'un tel esclandre et pour quoi passerai un patron qui fait la tête au carré à l'un de ses clients? Il s'agissait également de l'honneur de Lorcan, mais l'importance de ce vampire aux yeux de l'Empereur était non négligeable.
Je fus tiré de mes pensées lorsqu'il me demanda si j'étais bien russe. – Vous avez raison. Je suis bel est bien russe. Nous sommes voisins d'après ce que j'ai pu comprendre. Je les avais entendu parler et avait reconnu la langue dans laquelle ils parlaient sans cesse. Il continuait pourtant d'observer le visage d'Anastasia. A la seconde où il avait posé les yeux sur elle il avait compris que quelqu'un l'avait soignée. Quelque part j'espérais qu'elle lui ait dit de qui il s'agissait. Je fronçai les sourcils. Une chose venait d'attirer mon attention. Où sont passé ses deux gardes du corps? A présent il n'y en avait plus qu'un seul des trois. Elle avait dû lui raconter. Je n'osais pas lancer un regard en direction du bar. Je redoutais que Logan ne se fasse importuner par deux vampires désireux de se bagarrer un peu. Ou pire, qu'il ne soit déjà plus derrière le bar…Je m'efforçais de rester calme. De ne pas me laisser démonter par mon pressentiment. Peut-être étaient-ils simplement allés admirer les danseuses de plus près ou chercher une nouvelle tournée. Il n'y avait pas de quoi paniquer. Du moins pas pour l'instant.Je vous connais bien Monsieur Romanov. Cette phrase me surprit. Personnellement je ne le connaissais pas du tout. Son nom ne me disais rien, ni sa tête d'ailleurs. S'il n'avait eu vent de ma personne que par le biais de César, il ne devait pas avoir une bonne estime de moi. Les minutes qui allaient suivre promettaient d'être encore plus inconfortables que les précédentes. - Je crois qu'il est temps pour vous d'aller vous occuper de votre infant. Je n'ai pas apprécié qu'il s'occupe de celle que je paie pour m'amuser. Je vais régler les consommations et nous allons nous en aller, dans un endroit plus, intime. Il la serrait contre lui. A présent j'en avais la confirmation. Ses gorilles étaient en train de corriger Logan. Et ce pourri allait avoir le loisir de partir avec Anastasia à son bras. Dans le fond elle ne risquait pas grand-chose, même si César autorisait ce vampire à faire ce qu'il voulait d'elle, il n'allait pas prendre le risque de tuer l'esclave de l'empereur. Logan quant à lui n'avait que 30 ans, il ne faisait clairement pas le poids face à deux vampires d'au moins deux cent ans. Je me levais, le regard noir, le sourire aux lèvres. - Vous pouvez vous assurer qu'il recevra la correction qu'il mérite. Il ne se doutait pas une seule seconde de ce que j'éprouvais pour Anastasia, qu'il continue de l'ignorer. Je lui serrai la main avant de me diriger vers le bar. En me conseillant d'aller m'occuper de Logan il avait regardé vers le bar, ce qui voulait dire qu'ils étaient dans la cour arrière. Une fois la porte de service franchie je filai à toute allure, manquant d'envoyer la porte arrière valser dix mètres plus loin. Les vampires se retournèrent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Logan était à terre, le visage en sang. Le moment de me défouler venait enfin d'arriver. Il m'était servi sur un plateau d'argent. Même si je n'allais pas pouvoir m'en sortir sans une égratignure, les deux vampires que j'avais en face de moi allaient prendre cher. Ils étaient sur le point de découvrir ce qui arrive quand on touche à quelqu'un de mon entourage. Le premier fondit sur moi, avec la rapidité qui est propre à mon espèce, je lui attrapai le bras, alors qu'il tentait vainement de me donner un coup de poing, je sentis ses os craquer. Il ne pourrait plus se servir de ce bras pendant un petit moment. Il se tordait de douleur au sol. Ce qui me laissait tout le loisir de m'occuper de son acolyte.
Les banalités entre deux vampires étaient peu courantes, ou alors elles pouvaient cacher de gros sous entendus, que seuls eux étaient capables de comprendre, bien évidemment. Une petite humaine âgée d’à peine vingt quatre ans tel que moi, ne pouvait pas saisir le sens véritable de ces phrases. Voulait-elle dire en clair « c’est moi qui ai décimé touuuute votre famille. » ou alors « vous comprenez donc bien que je peux vous tuer en un clin d’œil, vous connaissez bien les façons de faire des gens de l’Est »… qu’en savais-je après tout ?! Je ne pouvais pas comprendre ce qu’il se passait entre les deux hommes. Le ton de Zéphyr ne me rassura tout de même pas. Bien qu’il gardait un air confiant et hautain, je savais qu’il était tendu, et que la chose qu’il souhaitait le plus c’était se barre de là en me laissant seule aux mains de ce pervers, vicieux et sadique. « – Vous avez raison. Je suis bel est bien russe. Nous sommes voisins d'après ce que j'ai pu comprendre. » Mon visage était fermé et je voyais quelques regards s’attarder sur moi, je devais faire attention et ne pas donner une mauvaise image. Alors rapidement, pour parer aux mauvaises idées que les clients se feraient, j’affichais un grand et large sourire. « Je vous connais bien Monsieur Romanov. » Je relevais d’un coup la tête, haussant les sourcils… mais j’abandonnai vite mon air surpris, après tout Zéphyr avait des centaines d’années, des centaines d’histoires, il avait pu vivre des millions de choses, être n’importe qui et principalement, je le savais pertinemment, il avait eu des milliards de maîtresses … « Je crois qu'il est temps pour vous d'aller vous occuper de votre infant. Je n'ai pas apprécié qu'il s'occupe de celle que je paie pour m'amuser. Je vais régler les consommations et nous allons nous en aller, dans un endroit plus, intime. » Je manquais de m’étouffer avec ma salive en entendant ces paroles. Je lançais de nouveau un regard alarmé à Zéphyr, mais ce dernier s’en contre fichait et semblait songer à autre chose de bien plus important.
Le regard de Zéphyr se perdit vers le bar, il fronça les sourcils et répondit d’un ton brusque. « Vous pouvez vous assurer qu'il recevra la correction qu'il mérite. » OULAH. J’avais l’impression de voir une lumière rouge clignoter au dessus de sa tête. Ca sentait le roussit et je savais parfaitement que c’était à cause de moi, à cause du fait que Logan m’ait soigné et que Stan m’ait demandé Qui m’avait donné du sang. Mais … attendez… cet Ibrahimovski avait clairement dit que je pouvais crever comme un vieux déchet parce qu’il m’avait vidé de mon sang comme un goulu ? C’est ce qu’il avait dit. Il me payait, je pouvais donc souffrir le martyr et mourir comme un vieux chien. J’avais loupé le coche pour lui répondre quelque chose et il m’aurait certainement crevé sur place – surtout que j’aurai bien accompagné mes paroles d’un crachat en pleine face. Il me prenait pour un bout de viande que l’on pouvait mâchonner pendant des heures et ensuite le jeter à la poubelle puisqu’il n’y a plus rien à manger. Je tuerai cet homme. Mon boss se leva alors, serra la main du Polonais avant de filer comme une fusée vers la porte de secours qui menait dans la ruelle arrière, sombre et effrayante, où il semblait se passer quelque chose de grave. Et je savais ce qu’il se passait. Je savais que Logan en prenait pour son grade alors qu’il n’avait fait que me « sauver la vie ». Je m’en voulais affreusement. Alors, sans même réfléchir une minute de plus, je me levais à mon tour sans même lancer un regard à l’Ibrahimovski et fonçais à mon tour vers l’extérieur. J’entendis le rire sardonique de mon client mais tentais de ne pas m’arrêter en chemin.
J’ouvris la porte à la volée, elle manqua de taper contre le mur et je bénie le ciel dans ma tête, car si le métal avait tapé le béton, cela aurait sans doute fait un bruit assourdissant qui n’aurait pas manqué de prévenir toute l’assemblée, et il ne valait mieux pas. Mais ce que je vis me coupa le souffle. Je ne sus que faire. La porte se referma derrière moi, nous bloquant à l’extérieur. Mon dieu. L’air me manquait et je commençais à avoir la tête qui tournait. Logan était à terre, le nez fracassé, je ne pouvais même plus savoir s’il s’agissait de son os ou seulement de sa peau. Il gisait à terre, tentant de se battre même avec un œil à moitié crevé. J’admirais quand même sa force, mais j’oubliais toujours qu’il n’était pas humain, mais bel et bien un vampire – certes jeune – mais tout de même, il avait toutes les caractéristiques del l’être surnaturel. Quant à Zéphyr … Majestueux, fort, vivace et d’une rapidité fulgurante, il frappait avec vigueur le visage d’un des gardes, faisant gicler le sang un peu partout – pour dire, j’en reçu même une goutte. La jointure de ses doigts s’ouvrait à chaque coup qu’il assénait, avant de se refermer presque aussi rapidement, puis se rouvrait au moment où sa main frappait la peau dure de l’autre. Mais alors que tout tournait à l’avantage pour Zéphyr, le garde se rebella et alors que Zéphyr lançait un bref coup d’œil vers son infant, l’autre en profita pour frapper mon boss à son tour. Un cri m’échappa. Je mis aussitôt ma main sur mes lèvres pour éviter de nouveau de crier comme une jouvencelle en détresse. Mais le voir se faire attaquer de la sorte, sous mes yeux, je ne pouvais pas. C’était tout simplement impossible pour moi. Sa lèvre fendue, son œil bleu, je voyais déjà l’homme de main de Stan fondre sur mon russe. Il fallait que je me contrôle, je savais pertinemment que Zéphyr serait plus fort que ce machin.
Mon regard se porta de nouveau sur Logan qui s’était relevé à présent. Je l’entendais grogner comme un dingue mais les mandales continuaient de lui retourner le cerveau. Il fallait que j’intervienne ou au moins l’un de mes deux « hommes » allait crever et je pariais fortement sur Logan. La folie me prit une nouvelle fois, je me ruais alors sur l’autre garde – grand, blond, un petit bouc et un air niais – et lui tapotais assez fortement le dos tout en lui disant : « Excusez moi monsieur … » lorsqu’il se tourna vers moi, je préparais ma plus belle droite avant de la lui foutre en pleine tronche. Comme je l’espérais, Logan profita du fait que le mec était totalement surpris pour lui arracher d’abord un bras, et avant qu’il ne puisse hurler, la tête. J’en restais bouche bée. Interdite. La bile me remonta le long de l’œsophage.
Cinq minutes plus tard, deux cadavres gisaient au sol, l’un tué par Logan – avec un peu de mon aide quand même – et l’autre par le vampire russe. Mais il était bien amoché, visiblement l’autre lui avait arraché la moitié de la gorge et Zéphyr semblait être très mal – même si, comme tout homme fier – mais je savais qu’il avait besoin d’aide. Logan avait réussi à se soigner seul, ou du moins, ce qu’il subsistait n’était pas trop grave. Je courrais alors vers Zéphyr et me jeter sur lui, tout poignet en avant : « Buvez ! » Il ne sembla pas réagir tout de suite. A tâtons, je cherchais sur l’asphalte quelque chose de tranchant : bingo. Un petit bout de verre, minuscule. Je m’entaillais légèrement les veines du poignet droit et collais ce dernier contre les lèvres de Zéphyr : « Bois bordel ! » J’étais passée au tutoiement, certes, mais j’avais besoin qu’il aille mieux et tout de suite.
Mais bien sur, tout ne pouvait pas rouler toujours sur des roulettes. La porte s’ouvrit à nouveau, mais cette fois sur un Stan furieux. Il se jeta littéralement sur nous. Mais contrairement à ce que je pensais, ce n’est pas Zéphyr qu’il attrapa, mais bel et bien moi. Il me prit par le cou et me souleva, collée contre le mur, me privant d’oxygène. Une lueur barbare, vicieux, perfide dansait dans ses yeux noirs. Et alors qu’il m’embrassait presque, il dit d’une voix grondante : « Je savais que ça se passerait comme ça … César m’avait prévenu … tu vois tout est de ta faute, t’aurais mieux fait de crever dans ton coin bien sagement … Mais alors, si je te crève là tout de suite… qu’est-ce-que ca va donner ? » impossible de respirer, je n’entendis pratiquement pas ses paroles, mon cœur battait déjà bien trop fort dans mes tempes. J’allais juste mourir étouffée ? Visiblement non car Stan sortit ses crocs et se mit à me mordre un peu de partout. Le sang se mit à couler le long de mon cœur, de mes bras, les gouttes me chatouillaient presque le bout des doigts. J’allais me vider de mon sang tout en mourant également d’asphyxie … pour m’achever un peu plus encore, Stan me lécha le cou avant de m’embrasser goulument, me faisant gouter mon propre sang … Je pensais alors à Zéphyr, une fois qu’il en aurait finit avec moi, ça serait son tour, tout cela parce que j’étais là, ce soir …
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Les choses tournèrent mal, très mal… Et ce en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Comment la soirée avait-elle pu déraper à ce point? Comment? S'il y avait bien une chose qui devenait évidente pour moi, c'était bel et bien que tout ce qui était en train de se passer arrivait pour une seule et unique raison. Cette raison portait le doux prénom d'Anastasia. Doux comme un chat aux griffes acérées, un fruit défendu auquel il ne fallait pas toucher, sous peine de déclencher toute une suite de catastrophes. Elles avaient déjà commencé à se succéder ce soir. Peut-être fallait-il se rendre à l'évidence, admettre que tout ce manège ne rimait absolument à rien, qu'il fallait tout stopper avant qu'il soit trop tard, avant qu'il soit impossible de faire demi-tour. Cette femme allait causer ma perte, j'en étais certain. Il fallait m'en éloigner le plus rapidement possible. Notre rencontre avait été parfaite, le courant était immédiatement passé entre nous, peut-être un peu trop bien. Depuis cette soirée les événements jouaient contre nous, le destin semblait s'amuser à nous mettre des obstacles en travers de notre route, en travers de la route pour nous rejoindre l'un l'autre, des obstacles toujours plus gros, bientôt infranchissables. Peut-être nous étions-nous rapprochés pour mieux nous éloigner. Nous étions en train de nous éloigner, la rancune nous empêchant d'aller vers l'autre, de pouvoir tout d'abord régler le malentendu d'il y a quelques jours, pour pouvoir rétablir le dialogue. Je ne me voilais pas la face, tout avait dérapé, la situation nous échappait, nous étions en train de prendre des chemins différents, bientôt trop espacés pour nous apercevoir au travers de la forêt de problèmes qui poussait entre nous. Je ne comprenais toujours pas comment les choses avaient prendre une telle tournure. Comment j'en étais venu à être couvert de sang, du mien et de celui d'un autre. Mais je n'allais pas tarder à mieux comprendre la situation, à comprendre ce que cet Ibrahimovski faisait ici, pourquoi il était dans mon club et surtout pourquoi il souhaitait tant me parler.
L'épaule broyée, le vampire ne pouvait se battre plus qu'à l'aide de son bras gauche. Malheureusement les vampires étant des êtres supérieurs physiquement, il n'est pas difficile de s'accommoder de ce genre de détails, la force était la même dans chacun de nos membres. Mon adversaire trouva donc le moyen de répliquer, le combat était engagé. J'avais l'avantage sur lui, mais pas pour longtemps. Profitant de sa diminution physique, je lui assignai une vague de coup, libérant ainsi la rage accumulée ce soir, ces derniers ou même ces derniers mois. Le pauvre bougre que j'avais en face de moi allait payer pour tous, il ne s'en sortirait jamais vivant. Pourtant, il ne fallait jamais sous-estimer la capacité régénératrice des vampires. Alors que je croyais en avoir pratiquement fini avec sa carcasse, je tournai la tête en direction de Logan. Je sentis une drôle de sensation me parcourir l'échine, certainement le genre de sentiment que l'on ressent alors que votre infant est mal en point, sous vos yeux, à se faire rouer de coup. A cet instant c'est mon rival qui en profita pour me frapper de toutes ces forces au visage. Sonné je réalisai avec difficulté ce qui était en train de se passer. Puis les événements s'enchainèrent très rapidement. Les coups pleuvaient à vive allure, chacun de nous en prenant de plus violents les uns que les autres. Je ne voyais plus ce qui se passait autour de moi, je priais intérieurement pour qu'il n'arrive rien de trop grave à Logan, que je n'arrive pas trop tard pour le débarrasser de son assaillant. C'était une chose que jamais, jamais, je ne pourrai me pardonner. Tout ceci arrivait par ma faute, à cause de mon orgueil. Je ne parvenais toujours pas à reprendre le dessus. Mon adversaire savait se battre à merveille et ne cessait de frapper, encore et encore. Jusqu'à ce que j'entrevoie une brèche dans sa défense. Dès lors, les festivités reprenaient de plus belle. Peu à peu je reprenais le dessus, la force de frappe du vampire diminuait, il commençait également à se fatiguer. A n'en pas douter, il devait être bien plus jeune que moi, il devait avoir la moitié de mon âge tout au plus. Il esquiva quelques coups, mais n'avait pas été assez rapide pour éviter le boulet qui le frappa de plein fouet au visage, droit sur la tempe. Quelques coups de plus suffirent à lui faire poser un genou à terre. Le combat s'arrêtait là, du moins pour lui, ici il n'y avait pas d'arbitre pour mettre fin à la bagarre. C'était une mort subite, l'un de nous devait perdre la vie et ce n'était pas mon tour. A quatre pattes, alors qu'il tentait péniblement de se relever, j'attrapai sa chevelure, juste assez longue pour tenir fermement dans ma main. Je le soulevai de quelques centimètres, jusqu'à ce que ses mains ne touchent plus le sol. Comprenant ce que j'étais sur le point de faire, dans un geste désespéré, il me saisit à la gorge, mais il était déjà trop tard. Je le projetai au sol de toute ma force et répétai ce geste plusieurs fois, la colère m'empêchant de me concentrer, je ne savais pas combien de fois exactement et je ne parvenais pas à m'arrêter. Voilà ce dont j'avais besoin, une bonne bagarre pour me défouler, c'était comme une séance de spa ou de yoga, en beaucoup plus intense et avec l'adrénaline en plus. Il ne restait de son crâne que de la bouillie, le sang recouvrait l'asphalte et continuait de se propager tout autour de nous. Pour être certain que jamais plus il ne se relèverait, je tirai de toute ma force sur mon bras gauche, le doux craquement des os me fit sourire. Puis, dans un geste ample et vif, j'envoyai sa tête voler à quelques mètres de là. Le bruit assourdissant de la tôle du container m'indiquait où elle avait fini sa course. J'étais à genou au beau milieu d'une marée de liquide rouge. Je ne savais expliquer pourquoi, mais je me sentais de moins en moins bien, la tête me tournait. Je n'avais rien senti mais le vampire s'était fermement agrippé à mon cou, emportant une pièce de chair dans son poing serré. Voilà d'où provenait tout le sang que j'avais sur moi. La réalité me rattrapa quand je senti quelqu'un me saisir l'épaule et coller son poignet contre mes lèvres. Je reconnu immédiatement l'odeur de sa peau, de son sang, malgré la quantité que mes habits en avait pompé. Anastasia. Elle n'était donc pas partie avec l'autre brute. J'en étais soulagé, elle ne risquait plus rien à présent. Comme disait l'autre : "le cœur a ses raisons, que la raison ignore." Charmant personnage qui savait pertinemment de quoi il parlait. Je refusais catégoriquement de boire une goutte de plus de son élixir de vie. La fierté certainement, elle avait servi mon infant sur un plateau d'argent à l'ami de son maitre. C'était en majeure partie de sa faute si nous nous étions retrouvés dans une situation pareille, si les choses avaient dérapé. Je n'en avais rien à faire qu'elle ait lâché l'information pour sauver sa propre vie, c'était de Logan dont il s'agissait, de mon infant. Ou peut-être qu'elle l'avait fait pour servir son maitre, parce qu'il n'y avait que lui qui puisse réellement compter à ses yeux. L'instinct vampirique finissait toujours par reprendre le dessus. J'allais céder à l'envie viscéral de planter mes crocs dans son poignet quand la porte s'ouvrit une nouvelle fois…
Un malheur n'arrivant jamais seul, voilà que le polonais apparut dans l'embrasure de la porte. Il se jeta sur Anastasia, la plaquant contre le mur. Elle lui avait échappé pour venir nous rejoindre, et ça, il ne l'avait pas apprécié. Tout ceci n'était donc qu'une mise en scène, il voulait mettre la main sur elle et l'avoir pour la soirée, l'utiliser comme son jouet, jusqu'à ce qu'il s'en lasse. Il avait encore moins apprécié que je la soigne tout à l'heure, il perdait le contrôle sur l'objet de ses désirs et cela le rendait fou. Un sanguinaire, un impulsif, voilà ce qu'il était. - Je savais que ça se passerait comme ça … César m’avait prévenu … tu vois tout est de ta faute, t’aurais mieux fait de crever dans ton coin bien sagement … Mais alors, si je te crève là tout de suite… qu’est-ce-que ca va donner ? Ce n'était pas l'envie qui me manquait de fondre sur lui, de lui faire la peau. Il avait ordonné l'attaque qu'ils avaient perpétrée contre Logan. Lui aussi avait été amoché dans la bagarre, et je ne le supportais pas, le fait qu'il s'en prenne à Anastasia n'arrangeait en rien la situation. Mais je n'avais plus la force de me battre, j'étais exténué et ma blessure ouverte ne s'était pas encore guérie, il fallait encore un peu de temps pour que l'auto guérison se fasse. J'eus à peine la force nécessaire pour me redresser, l'équilibre n'était pas non plus au rendez-vous. Il planta ses crocs dans le cou de la blonde, et la sirotait goulument. J'assistais impuissant à la scène, incapable de pouvoir tirer Anastasia des griffes de ce barbare sans gêne. Il ne semblait pas vouloir s'arrêter, je tentai une approche timide, utiliser le reste des forces qu'il me restait pour l'éloigner d'elle et si le destin le voulait, lui faire la peau pour ce qu'il avait osé nous faire, ce qu'il avait osé me faire. S'en prendre à Logan ou s'en prendre à moi c'était du pareil au même. Je n'eus pas le temps de bouger le petit doigt qu'il relâcha son emprise, tenant Anastasia à bout de bras. Elle était faible, il avait pris soin de laisser la quantité minimale de sang dans son système, pour qu'elle survive, pour qu'elle soit consciente et puisse se rappeler sa courte vie durant la scène qui allait suivre. – Peut-être que je pourrai tuer Monsieur Romanov sous tes yeux? Tu aimerais ça, n'est-ce pas ma belle?! Il me jeta un regard noir et je ne me laissai pas démonter pour autant. Je n'étais pas certain de survivre à ça, ni d'en avoir la force nécessaire, j'étais toujours pris de vertige, j'avais perdu une grande quantité de sang, le cycle de régénération de mon corps en était plus que ralenti. – Après tout c'est bien pour ça que je suis là, c'est bien pour ça que je suis venu dans votre club ce soir Monsieur Romanov. Il me fixait de ses yeux persans, me scrutant dans les moindres détails, à l'affut de ma réaction. Visiblement il avait quelque chose derrière la tête. Quelque chose de pervers et de très fourbe. Je n'avais plus vraiment les idées claires et ne comprenais vraiment pas où il voulait en venir, ni pourquoi il s'en prenait à Anastasia, si c'était moi qu'il voulait, pourquoi la maltraiter elle? Il ignorait tout de ce qui se passait entre nous, impossible qu'il en soit autrement. Mon regard interrogateur le poussa à cracher le morceau, sans que je n'aie quoi que ce soit à demander. – Varsovie, Praga, vous vous en souvenez Monsieur Romanov, j'en suis sûr. Bien sûr que je m'en souvenais, comment aurai-je pu oublier cela? Finalement c'était bel et bien pour moi qu'il était venu ici, uniquement pour moi je l'ignorais, mais il n'avait pas manqué de sauter sur l'occasion de tenir la promesse qu'il m'avait faite, il y a un peu plus de 300 ans. Il était revenu, revenu pour se venger, se venger de notre soif de pouvoir qui s'était soldée par la mort d'une vampire. Dommage collatéral, mais il en avait que faire, il me tenait pour seul responsable de cet accident, alors que je n'avais rien fait, cette fois-ci juré, je n'y étais pour rien.
Collée contre le mur, la gorge enserrée par la poigne de fer du Polonais aux yeux tueurs, je ne pouvais strictement rien faire. L’air ne rentrait plus dans mes poumons, ou du moins très peu, un tout petit filet qui me permettait de ne pas perdre connaissance tout de suite. Il suffisait d’une pression légèrement plus forte pour que tout s’arrête, visiblement Stan Ibrahimovski savait parfaitement ce qu’il faisait et comptait me garder en vie quelques minutes encore. Je compris dans son regard qu’il souhaitait voir Zéphyr souffrir et moi avec. Je ne comprenais pas pourquoi il tenait tant à s’en prendre à moi devant mon patron. Ce dernier en avait raz le bol de moi, je le savais, toutes ses remarques ce soir, qu’il m’avait faite, et sa façon d’être avec moi, tout montrer qu’il souhaitait me voir déguerpir le plancher, alors que Stan me tue sous ses yeux, que cela pouvait-il lui faire ? Mais visiblement mon « client » semblait parfaitement savoir ce qu’il fallait faire pour atteindre le russe.
Le sang continuait de couler le long des mes membres, marquant ma peau de sillon rouges. L’odeur du fer vint me chatouiller les narines. Je savais que pour que je sente le fumet de mon propre sang, c’était que je venais d’en perdre beaucoup. Et si moi je le sentais, alors qu’est-ce que ça devait être pour les deux vampires ? – Logan était rentré dans le club, je ne sais quoi faire. Il n’avait certainement pas abandonné son créateur, il l’aimait beaucoup trop pour faire ça. Les pieds à vingt centimètres du sol, seul mon cou supportait le poids de tout mon corps et j’avais peur de bientôt perdre la tête, parce qu’on se le dise, à un moment ou un autre ma nuque allait lâcher, ou ma colonne vertébrale et alors, qu’on soit tous bien d’accord, je serais bel et bien morte pour de bon.
Bien que mon cerveau ne soit plus très oxygéné j’arrivais encore à réfléchir. Et plus je voyais la scène – les deux cadavres des soldats du polonais, ce dernier qui me torturait et Zéphyr qui essayait difficilement de tenir debout, la gorge déchiquetée – et plus je me rendais compte que c’était de ma faute. Il fallait donc que je fasse quelque chose pour rétablir la situation. Si j’avais eu le temps de me rétablir un peu avant d’aller bosser, après que César m’ait pratiquement pompé tout le sang, alors jamais je ne serais tombée dans les pommes après que Stan se soit reput de mon sang. Et donc jamais Logan ne m’aurait donné son sang pour me soigner, jamais Stan ne m’aurait demandé qui m’avait aidé et alors je n’aurais pas répondu que c’était l’infant de mon patron qui l’avait fait. Le jeune vampire ne se serait jamais fait fracasser la tête et cela n’aurait jamais mis le beau russe dans une rage folle. Les deux soldats du polonais ne seraient pas morts et nous n’en serions pas là. Qu’avais-je donc fait au bon dieu pour mériter ça ? En réalité, je me demandais à ce moment précis, pourquoi étais-je venu au monde si j’attirais tellement le malheur ?! Tout était de ma faute. Et j’allais mourir sans rien pouvoir réparer, jamais.
J’aurais pu mourir le jour où je m’étais échouée sur cette fichue île, une barre de fer plantée dans mon flan. Mais il n’en fut rien. Visiblement mon destin en avait décidé autrement. Il était plus préférable que je foute d’abord le bordel avant de mourir comme une poupée de chiffon, tuée par un grand ami de mon maître et ennemi de celui qui avait réussi à refaire battre mon petit cœur d’humaine. J’osais un rapide coup d’œil vers cet homme avec qui le feeling était si vite passé. Je sentais la vie me quitter doucement. Mes muscles ne réagissaient pratiquement plus aux impulsions que je donnais. Des tâches blanches dansaient devant mes yeux, comme des milliers de petits feux d’artifice. «Peut-être que je pourrai tuer Monsieur Romanov sous tes yeux? Tu aimerais ça, n'est-ce pas ma belle?! » Je ne sais pourquoi, mais je me mis soudainement à rire – enfin une sorte de rire bizarre, comme si j’étais enrouée, mais cela était dû au fait que Stan me compressait la gorge. Je posais une main sur son poignet et tentais me relever un peu histoire de décharger un peu mon cou. « Non ! » Lui dis-je dans un souffle. Il n’avait pas intérêt de faire ça, car je le jure, je le tuerai de mes propres mains. Il se mit à rire à son tour, me humant une nouvelle fois. Encore une menace. Ce geste signifiait qu’en moins de deux il pouvait me vider entièrement de mon sang me privant de mon élixir de vie. Je fermais les yeux et essayais de faire entrer le plus d’air possible dans mes poumons. Ibrahimovski ne m’empêcha pas de le faire. Souhaitait-il voir jusqu’où je pouvais aller ?! J’étais une battante. J’avais vécu des choses que certaines personnes n’auraient pu supporter. J’étais bien plus forte que j’en avais l’air et lorsqu’on s’en prenait aux personnes que j’aimais, je devenais un bête enragée, même si cela impliquait qu’il fallait que je me batte contre mille fois plus fort que moi, quitte à en payer de ma vie. Je savais que ce Stan me traitait comme une humaine, une simple poche de sang avec des os et un peu de chair, mais j’étais bien plus que ça, il fallait qu’il le comprenne.
Je fis donc la « presque morte », écoutant chaque bruit, chaque parole … tout ce qui me permettait de trouver une faille, le moment propice pour achever ce connard. « – Après tout c'est bien pour ça que je suis là, c'est bien pour ça que je suis venu dans votre club ce soir Monsieur Romanov. » Ah tout s’expliquait à présent. Ce mec était venu non pas pour profiter de ma compagnie en contre partie d’une grosse somme. Qui l’avait commandité ? César certainement. Tout était prévu depuis le départ. Car en faisant tuer Zéphyr cela serait une attaque contre Lorcan. Et alors une guerre serait déclenchée bien évidemment.
« Varsovie, Praga, vous vous en souvenez Monsieur Romanov, j'en suis sûr. » Que s’était-il donc passé à Varsovie ? Un nouveau regard en direction de Zéphyr me suffit à comprendre qu’il savait parfaitement de quoi parlé Stan Ibrahimovski. Mon patron lui lança un nouveau regard noir, un regard qui en disait long, du genre : « essaies pour voir, on verra ce qu’il se passera. » Et alors que le polonais semblait concentré sur l’attitude du Russe, attendant une réaction mais jubilant devant sa prochaine victoire, mon genoux se leva tout seul. Une montée d’adrénaline, un dernier élan de vie, et mon genou allait s’écraser dans les parties intimes de mon agresseur. L’homme se pencha en avant, me lâchant et serrant ses parties intime entre ses mains. Je retombais mollement au sol, mais ne prenais pas mon temps pour récupérer encore un peu de force. De mes ongles acérés et longs je griffais le visage du polonais avant de lui donner un coup encore plus fort dans les parties. Je farfouillais rapidement dans mon soutien gorge avant d’en sortir une petite fiole que je gardais toujours sur moi. Je ne me séparais jamais de mon échantillon de verveine. C’était en cas de besoin extrême, lorsque ça dérapait méchamment avec un client un peu trop brutal ou quoi. Et ce moment précis était un cas d’extrême urgence. J’envoyais valser le bouchon de la fiole avant d’y jeter le contenu au visage de celui qui voulait la peau de mon beau russe. Le vampire hurla en essayant de se frotter le visage pour enlever la substance, très mauvaise idée, cela ne ferait qu’empirer la chose. Le visage de mon client se mit à fondre, crépitant. L’odeur de la chair décomposée, brulée se fit sentir dans l’air. Mais je ne perdais pas mon temps à regarder ce spectacle macabre. Je sautais sur Zéphyr, lui collant une nouvelle fois mon poignet blessé contre ses lèvres – cela me fit un choc de sentir sa peau contre la mienne, des papillons dansèrent dans mon bas ventre, mais il valait mieux que je zappe cette sensation et que je me concentre sur l’action présente. Je ne laissais pas le choix à mon patron, soit il buvait soit nous crevions tous les deux : « BUVEZ, SI VOUS NE VOULEZ PAS MOURIR ! Dépêchez vous, la verveine n’agit pas très longtemps et vous êtes gravement amoché. » Je portais ma main à son cou, compressant la blessure, mélangeant une nouvelle fois nos sangs. Il devait se soigner pour le bien de tout le monde. Mais je ne savais pas le moins du monde comment nous allions nous en sortir sans tuer cet homme et déclencher un très gros conflit – si ce n’est une guerre.
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Le passé qui me rattrapait, qui ressurgissait au moment où je m'y attendais le moins. Comment avais-je fait pour ne pas le reconnaitre? Certainement parce qu'à l'époque il n'était qu'un vampire insignifiant, que le temps avait passé. La mémoire m'avait fait défaut et je le regrettais amèrement. Il me tenait pour responsable de la mort de cette vampire. Il avait promis de se venger, de me retrouver. L'orgueil avait le pouvoir nous pousser à faire n'importe quoi pour atteindre notre but. Le destin se plaisait à nous jouer de mauvais tour. Je me souvenais de Varsovie. Premier établissement que j'ouvrais en dehors de la Russie. Dans le quartier il y en avait un autre, celui de Stan et de sa sœur. Ils l'avaient ouvert ensemble et ne supportaient pas d'avoir de la concurrence. Ils avaient pour habitude de l'éliminer d'abord en jouant carte sur table, puis en tentant de persuader le propriétaire de lâcher l'affaire avec des moyens plus conséquents. Je ne m'étais pas laissé intimider, je répliquais aussi fort qu'eux. Stan menait un business pas très clair, je ne devais pas être le seul vampire qu'il était parvenu à se mettre à dos. Une nuit son établissement alors fermé pour travaux prit feu. Sa sœur enfermée à l'intérieur n'avait pas réussi à s'en échapper. Sa dépouille fut retrouvée au milieu des décombres carbonisés. Depuis ce jour il est persuadé que c'était moi qui avais allumé le feu. Il avait proféré tout un tas de menace à mon encontre, mais ne les avais jamais mise à exécution. Cet incident me décida à ne plus remettre les pieds en Pologne, à implanter mon business dans d'autres pays. Je ne l'avais jamais revu jusqu'à aujourd'hui. La vengeance est un plat qui se mange froid, celui de Stan avait bien eu le temps de se refroidir. Il était remonté et prêt à tout. Il commençait par s'en prendre à Anastasia. Elle lui avait dit que c'était Logan qui lui avait donné son sang, mais il n'était pas dupe. Il avait senti mon odeur sur elle et savait que c'était du mien qu'il s'agissait. Dès lors, il se doutait quelque chose se tramait, que s'il voulait m'atteindre moi, il devait s'en prendre à mon infant et à l'humaine. Quel plan. Soudainement je pris peur, réalisant qu'il m'avait annoncé être ici pour régler quelques affaires pour César. Plus particulièrement concernant son frère le traitre. Était-ce un moyen d'atteindre Lorcan? Me liquider pour lui en faire baver? Ou César était-il au courant de ce qui se passait réellement entre Anastasia et moi? S'il l'avait hypnotisée nous étions foutus d'avance. Après ce soir il nous faudrait éviter de se fréquenter, nous serions donc forcés de nous séparer, pour ne pas attirer l'attention sur nous. Vu la fermeté avec laquelle Stan la tenait en l'air elle ne resterait pas en vie très longtemps. César devait bien se moquer d'elle, de savoir ce qui lui arrivait en ce moment. J'aurai tellement voulu récupérer mes forces pour aller coller la branlée qu'il méritait à ce vampire. Mais les forces me manquait, c'était comme si mes jambes refusait de m'obéir, la bagarre de tout à l'heure m'avait laissé dans un sal état. Je ne parvenais pas à me mouvoir, j'avais l'impression que le sol allait se dérober sous mes pieds, que j'allais m'effondrer. Anastasia ne bougeait plus, ses jambes pendaient toujours dans le vide. Je me devais de foncer sur le vampire, au moins parvenir à la lui faire lâcher. Sans comprendre ce qui se passait, je vis Anastasia retomber au sol, comme un vieux mouchoir et Stan se plier de douleur. Puis elle se précipita vers moi, me collant une nouvelle fois son poignet à la bouche, m'hurlant de me nourrir. Cette fois-ci elle n'avait pas tort, une fois sur pied, Stan ne manquerait pas de nous faire la peau à tous les deux, il me fallait donc trouver la force nécessaire pour le combattre. A contre cœur, je buvais quelques gouttes de son sang, pas trop, juste de quoi tenir un peu debout. Son corps était couvert de liquide rougeâtre, il ne lui en restait plus beaucoup, je ne voulais pas qu'elle meurt dans mes bras, je n'étais pas prêt à la laisser partir ainsi, pas maintenant, pas comme ça. J'écartais son poignet de ma bouche, l'attrapa par les épaules et pressait rapidement mes lèvres contre les siennes, puis la poussais en direction de la porte. – Va-t'en de là. Il fallait qu'elle s'enfuie tant qu'elle le pouvait encore. La rage de Stan n'avait rien avoir avec elle et elle n'avait nullement besoin d'assister à cette scène. Il fallait reconnaitre que ce baiser avait un léger goût d'adieu, comme si je pressentais ne pas m'en sortir "vivant". Je doutais sérieusement qu'elle m'écoute, mais priais pour qu'elle le fasse.
Je me précipitai sur Stan, toujours à se tordre de douleur au sol, profitant de son état de détresse pour prendre l'avantage. Du moins pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Je le rouais de coup tout en hurlant, le plus fort que je pouvais. – Ce n'était pas ma faute! Nous savons tous les deux le business foireux auquel vous vous adonniez. Jamais je n'aurai foutu le feu à votre établissement en sachant votre sœur à l'intérieur! JAMAIS! Ne lui laissant pas le temps de se relever, je plongeai ma main entre ses côtes et lui arrachai le cœur. La porte s'ouvrit une nouvelle fois à la volée. Je fis volte-face en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Quel soulagement de voir apparaitre Logan, toujours autant amoché mais vivant. Il s'était faufilé à l'intérieur du club sans que je ne le remarque, Stan non plus ne devait pas s'en être aperçu. Il portait tout un attirail de pieux, mais était arrivé trop tard, je m'étais déjà occupé de Stan. Cette histoire se terminait enfin. Ou plutôt jusqu'à demain, le temps que l'on apprenne la mort du Polonais. Les ennuis allaient certainement me retomber dessus. Mais c'était un règlement de compte ouvert depuis plus de 300 ans. Qu'on me fiche la paix, je ne voulais plus entendre parler de la Pologne, au moins jusqu'à la fin du siècle. Je jetais le cœur spongieux par terre et me dirigeai vers la porte. – Occupe-toi d'Anastasia. Et fais-moi nettoyer ce bordel. Lançais-je à Logan. J'avais besoin de me reposer un instant et Anastasia aussi. Il valait mieux que nous le fassions chacun de notre côté. Le malheur s'était assez abattu sur nous deux pour ce soir. Je capitulais et voulais rester seul. – Je commence à avoir l'habitude de m'occuper d'elle. Lâcha-t-il sur un ton amusé. – Je n'aurai jamais pu me pardonner qu'il te mette en pièce. En revanche, je n'éprouverai aucun remord à mettre fin à tes jours moi-même. Il ravala sa fierté et comprit que non, ce n'était vraiment pas le moment de plaisanter. Je trainais le pas jusqu'à la porte. En l'ouvrant je me retournai, regardant Logan dans les yeux, puis en fixant Anastasia. – C'est moi qui t'ai trouvée dans le couloir. Je crois qu'on est quitte. La porte se referma derrière moi.
Les crocs acérés de Zéphyr ne me percèrent pas la peau, je sentis juste l’aspiration me tirer le sang des veines, sa langue s’activer contre la peau, titillant les deux trous préalablement fait par Stan Ibrahimovski. Zéphyr me saisit le poignet et le pressa un peu plus encore contre ses lèvres que je révais d’embrasser une nouvelle fois. Cet homme me rendait toute chose, même avec la moitié de la gorge arrachée. J’avais envie d’être à lui et je me prenais même à souhaiter qu’il se repaisse encore et encore de mon sang, et seulement du mien. Mais je savais que ça ne serait jamais possible. C’était évident. Il ne fallait pas se leurrer bien sur, je ne serais jamais sienne, il ne me désirait pas en tant que telle. Je n’étais que l’une de ses danseuses hein. Rien d’autre. Même pas une vampire, rien que dalle. Stop j’arrêtais de m’apitoyer sur mon sort. Cet homme était hors de ma portée, loin, très loin même, à des années lumières. Mes yeux firent la navette entre Stan et Zéphyr, le russe et le polonais. L’homme se tordait toujours de douleur sur l’asphalte, hurlant des insanités à tout va. Puis je reportais mon regard sur Zéphyr qui avait cessé de boire mon sang. La blessure se refermait déjà, la peau se reconstituant, reformant le cou parfait de mon patron dont j’étais entrain de tomber amoureuse. Il me repoussa, et je manquais de tomber en arrière. Je me rattrapais de justesse en posant un pied derrière et m’appuyais contre le mur. Mais Zéphyr fit quelque chose qui me surprit au plus haut point : il pressa ses lèvres fortement contre les miennes, m’empoignant par les épaules, comme s’il ne désirait qu’une seule chose, m’avoir et me voir vivre. Il aurait pu boire beaucoup plus de mon sang. Il aurait pu récupérer beaucoup plus de force, mais visiblement il souhaitait me voir debout plutôt qu’à terre, sans vie. Je souris tout en lui caressant le visage du bout des doigts. « Va-t'en de là. » C’était un ordre et il valait mieux que j’obéis rapidement. Il fallait que je file, que j’aille récupérer des forces. Après tout il ne voulait peut-être pas perdre une danseuse … et personnellement je n’avais pas du tout envie de voir ce qu’allait faire mon boss à cet homme qui lui en voulait à mort – c’était le cas de le dire. Je m’avançais donc vers la porte de service, l’ouvrais puis me stoppais. Je regardais Zéphyr qui s’approchait de Stan, toujours à terre. Il lui donna quelques coups – assez violents qu’on se le dise. Mais j’avais peur que l’homme se relève, qu’il le tue, notre baiser ressemblait beaucoup trop à un adieu, à ce genre de baiser que l’on se fait lorsque l’on sait que l’on ne se reverra plus jamais. Non ce n’était pas possible. Cet homme ne mourrait pas, pas sous mes yeux. Je décidais donc de rester là, à regarder la scène. Je devais être sure à cent pour cent que mon vampire russe s’en sortirait vivant. J’avais bien trop peur qu’il m’abandonne, lui, l’homme qui me rendait vivante.
Quelques minutes plus tard le bel Appolon tenait le cœur tressautant de Stan Ibrahimovski entre ses doigts. Il jeta l’organe qui alla cogner contre une benne à ordure – la personne qui tomberait dessus aurait une belle surprise. Zéphyr resta inanimé quelques secondes, fixant le corps sans vie du Polonais. Ce que ce dernier reprochait à Zéphyr n’avait pas lieu d’être, alors mon patron s’était vengé tout de même de toute cette hargne qu’il avait eu envers lui. Tant pis, il n’avait eu qu’à pas vouloir le tuer après tout. Logan arriva à ce moment là. «Occupe-toi d'Anastasia. Et fais-moi nettoyer ce bordel » Je lui lançais un regard noir qu’il ne sembla pas voir du tout. Je n’avais pas besoin que l’on s’occupe de moi. J’allais bien. Parfaitement bien même. Je me sentais vivante, pour une fois. J’avais l’impression de vivre ma vie pleinement et je venais de me rendre compte comme ma vie ne tenait qu’à un petit fil finalement. J’aurai pu mourir ce soir mais grace au sang de Logan, j’avais réussi à m’en sortir vivante, et Zéphyr aussi – et bien sur Logan. « Je commence à avoir l'habitude de m'occuper d'elle . » Il rigolait, je le savais, car il me lança un clin d’œil qui se voulait amical. Mais Zéphyr ne sembla pas le prendre pareil : « Je n'aurai jamais pu me pardonner qu'il te mette en pièce. En revanche, je n'éprouverai aucun remord à mettre fin à tes jours moi-même. » Gloups. Je ravalais ma salive, en lançant un regard penaud à Logan. Il ne valait mieux pas fâcher le boss ce soir. Je me décalais donc pour laisser passer Zéphyr, évitant de le frôler le plus possible. Il ouvrit la porte et avant de passer cette dernière il se retourna vers nous. Jeta un regard à Logan et me fixa, tout en me disant : « C'est moi qui t'ai trouvée dans le couloir. Je crois qu'on est quitte. » Quitte pour quoi ? Hein ? Je ne comprenais plus rien. Le claquement de la porte en ferraille me réveilla, comme un grand coup de tambour dans mes tympans. « QUOI ? » J’ouvris la porte à la volée, et me mis à courir en direction du bureau de Zéphyr – oui car il avait eu le temps de le rejoindre le temps que je comprenne tout ça.
Je ne pris pas le temps de toquer cette fois ci, et je me fichais de qui pouvait bien se trouver là. Il fallait que je sache, et tout de suite. « C’EST VOUS QUI M’AVEZ SOIGNEE ??? » Hurlais-je après avoir claqué la porte derrière moi. Je me calmais aussitôt, je n’avais plus la force d’ailleurs de crier, je venais d’user le peu qu’il me restait pour rattraper Zéphyr. « Zéphyr … c’est vous qui m’avez donné votre sang ? » Je voulais une réponse et il le savait. J’étais campée devant lui, les bras croisés, le regard inquisiteur. Il ne pouvait pas se défiler maintenant.
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
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✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
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✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
La vérité venait d'être révélée, comme un gros caillou dans la mare aux canards. Cela ne me faisait ni chaud ni froid de connaitre son ressenti à ce sujet. J'avais simplement envie de rester seul, de récupérer et pourquoi pas de passer à autre chose. Arrivant dans mon bureau je faillis avoir une attaque. L'humaine que j'avais embarquée tout à l'heure était toujours là, assise sur le canapé, à attendre sagement mon retour. Quand je refermai la porte derrière moi elle ne bougea pas d'un millimètre. Je ne savais pas depuis combien de temps elle était assise là, encore aujourd'hui j'étais stupéfait de l'efficacité de l'hypnose. Au vu de tout ce qui venait de se passer, j'avais mérité mon moment de répit, de vider cette humaine. J'avais bien besoin de me nourrir, de me ressourcer. Alors que je commençais à m'approcher dangereusement de ma proie, que la porte s'ouvrit à la volée, se fracassant dans le mur. Tout de suite j'entendis hurler. - C’EST VOUS QUI M’AVEZ SOIGNEE ??? Je reconnaissais la voix douce et agréable d'Anastasia. A cet instant je savais que la situation n'était pas prête de s'arranger. Si elle n'avait pas remarquer la présence de l'humaine tout à l'heure, c'était chose faite à présent. - Zéphyr … c’est vous qui m’avez donné votre sang ? Une nouvelle fois, elle venait de débarquer dans mon bureau comme une furie. Apparemment le message n'était pas très bien passé. Je me retournai et vins me plaquer contre elle, déposant mon index sur ses lèvres. – Pas un mot de plus. L'air sévère je voulais qu'elle se taise, j'en avais déjà assez enduré comme ça. J'avais besoin de calme. Je tournai les talons et retournai auprès de l'humaine et l'invitai à se lever. Plongeant mon regard dans le sien, d'une voix douce, je lui donnai l'ordre de retourner au bar, demander à ce qu'on la remette avec les autres. – Va au bar, demande Logan, il saura quoi faire de toi. Et surtout ne parle à personne. L'esclandre de la dernière fois avait fait assez de ravage, pas la peine d'avoir une humaine qui hurle à qui veut bien l'entendre que j'ai sauvé une esclave d'une mort certaine. Sans un mot elle se retourna et parti en direction de la sortie, passant à côté d'Anastasia, qui ne devait très certainement pas apprécier la scène. Je ne lui laissai cependant pas le temps de répondre quoi que ce soit. – Les vampires aussi on le droit de se nourrir. Ne me regarde pas comme ça. Je marchais vers elle, calmement. Je lui passais à côté, frôlant son bras, pour aller fermer la porte… A clé. – Simple précaution. Certains ont de la peine avec le concept de la porte fermée. Sa présence me faisait du bien. Je n'arrivais cependant pas à m'en réjouir totalement. Certainement parce que je savais que d'une seconde à l'autre elle allait exploser, comme elle avait l'habitude de le faire. Comme elle avait l'habitude de le faire? Quelle expression étrange pour une femme que je ne connais pas depuis bien longtemps. Il était vrai que nous avions passé plus de temps à nous provoquer qu'à nous apprécier. Pourquoi avais-je renvoyé l'humaine et pas Anastasia? Je l'ignorais encore. La curiosité était un vilain défaut, tout le monde le savais mais personne ne pouvait lutter contre. – Tu veux des explications, je vais t'en donner. Posté derrière elle, je jouais avec une mèche de ses cheveux, qui sentaient toujours aussi bon. – Oui c'est moi qui t'ai donné mon sang. Tu étais en piteux état lorsque je t'ai trouvée dans les couloirs. Si Logan était auprès de toi quand t'es tu t'es réveillée, c'est parce que j'étais parti à la recherche de Stan. Tu connais très bien les règles, ici on ne fait pas de mal aux danseuses. Ce qui était à moitié faux. Stan avait payé pour avoir Anastasia, il avait en prime la bénédiction de César pour lui faire tout ce dont il rêvait, aucune limite. Et ça, je ne le supportais pas, mais je refusais d'entrer à ce point dans les détails. C'était absurde, sans aucun sens. - La suite tu la connais. Je soupirais. - Je n'aurai jamais dû dire à Logan de te mentir. Tout cela ne serait jamais arrivé. Ou du moins pas comme ça. Le passé qui me revenait violement en pleine figure. Jamais je n'aurai dû le mettre dans une situation pareille. Tout s'est bien terminé, ou presque. Dieu sait ce qui va encore me tomber dessus… Je ne cherchais pas à la faire culpabiliser, j'aurai dû me douter qu'elle ne saurait tenir sa langue face à un vampire comme Stan. Mais j'étais loin de me douter de ce qu'il avait derrière la tête. Je m'en voulais de ne pas l'avoir reconnu plus tôt. En réalité je ne l'avais pas vraiment fréquenté à l'époque, j'avais surtout entendu parler de lui. En revanche je connaissais bien sa sœur. Ils ne se ressemblaient pas du tout, cela ne m'avait pas aidé à le reconnaitre. Maintenant qu'il était mort de mes mains, je ne savais pas à quoi m'attendre. Surtout que certaines de ses paroles étaient vraiment très étranges. De quoi César était-il au courant? Se doutait-il de quoi que ce soit avec Anastasia? Avait-il déjà remarqué que sa blessure s'était refermée? – A mon tour de te poser quelques questions. As-tu parlé de nous à ton maitre? J'ai de la peine à croire que la venue de Stan soit une coïncidence. Il a mentionné des affaires à régler concernant Lorcan. Je me demande bien jusqu'où va cette histoire. Si tu sais quelque chose dis-le-moi. Pour obtenir des réponses je n'hésiterai pas une seule seconde à t'hypnotiser comme je l'ai fait tout à l'heure avec cette humaine. Je n'y allais pas avec le dos de la cuiller, mais après ce qui c'était passé je me devais de savoir ce qui se tramait vraiment là-dessous. Trop de coïncidences pour qu'elles n'aient pas un lien, il fallait que je creuse. Coûte que coûte, même si cela devait fâcher Anastasia. Une grande discussion s'ouvrait, elle aurait des milliers de questions à me poser et malheureusement je devrais y répondre, simplement parce que l'histoire avec Nina n'était pas du tout réglée. Nous ne nous étions pas encore expliqués à ce sujet, raison pour laquelle elle m'en voulait terriblement. Raison majeure à cause de laquelle nous commencions à nous éloigner. Après ce qui venait de se passer je ne savais plus à quoi m'en tenir, ni même quoi penser. Je ne savais pas où nous allions et la route me semblait semée d'embuches.
Une fois encore j’étais entrée comme une furie dans le bureau de mon patron, mais ce n’était pas par curiosité ou parce que j’étais « mal » élevée, non cette fois c’était bel et bien différent. Zéphyr avait omis de me transmettre quelques informations qui me concernaient de très près. De plus, de part son mensonge, j’avais mis Logan dans la mierda, il avait faillit clamser et qu’on se le dise, j’étais en droit de savoir qui m’avait soignée, qui m’avait permis d’être encore en vie bordel. Alors j’étais en droit de savoir, et peut m’importait si je le dérangeais ou non. En entrant je n’avais même pas remarqué la petite femme, assise bien sagement sur le sofa du Russe, les mains bien posées sur ses genoux, la tête baissée et le regard dans le vide. Lorsque j’étais entrée elle n’avait même pas daignée lever les yeux vers moi : hypnotisée, c’était évident. Il ne pouvait en être autrement, car vue la façon dont j’étais entrée avec fracas dans la pièce, c’était obligé que l’on lève le regard vers moi, même la personne la plus concentrée au monde – même une personne sourde comme un pot l’aurait fait – à moins d’être « ensorcelé » bien évidemment. A peine eu-je le temps de finir ma phrase, que Zéphyr collait pour la seconde fois son corps froid comme la pierre, contre le mien brûlant d’un feu ardent. Son doigts sur mes lèvres – j’eu l’envie folle de le prendre entre mes dents … il m’intima de me taire. Ce que je fis. Puis il s’éloigna de nouveau de moi. Il fallait toujours qu’il s’écarte si vite de moi, comme si je sentais le purin, comme s’il ne supportait pas être à mon contacte. Un soupir m’échappa et je croisais de nouveau les bras. Zéphyr quant à lui retourna près de la petite humaine, se pencha vers elle et fixa son regard dans le sien tout en lui susurrant, d’une voix langoureuse, enchanteresse : « Va au bar, demande Logan, il saura quoi faire de toi. Et surtout ne parle à personne. » La jalousie me frappa soudainement. J’étais une véritable jalouse, vous savez le genre de fille qui se rend malade lorsque la personne qu’elle convoite tourne autour de quelqu’un d’autre. Et à ce moment précis, la haine me prit les tripes, mais il fallait absolument que je me contrôle. Je ne regardais même pas la fille lorsqu’elle passa à côté de moi, complètement amorphe. J’espérais secrètement que jamais personne ne m’ait traité de la sorte – même si Zéphyr ne l’avait pas maltraitée … encore.
« Les vampires aussi on le droit de se nourrir. Ne me regarde pas comme ça. » Je levais les yeux au ciel en haussant les épaules. C’était évident que les vampires avaient besoin de se nourrir, je n’étais pas dupe, j’avais déjà moi-même servie de diner, à proprement dis. Alors si Zéphyr pensait m’apprendre quelque chose il se mettait le doigt dans l’œil. « Simple précaution. Certains ont de la peine avec le concept de la porte fermée. » Me dit-il d’une voix doucereuse après avoir fermé la porte à double tour. Je frissonnais, non de peur, mais plutôt d’impatience. Impatiente de quoi ?! Je l’ignorais totalement. Le fait d’être là, seule avec l’homme qui m’avait donné son propre sang pour que je vive. Faisait-il cela souvent avec les danseuses qui avaient quelques soucis ?! Je fronçais les sourcils sans m’en rendre compte, me plantant les ongles dans les bras. Le vampire russe se glissa derrière moi, se collant contre moi. Il prit une mèche entre ses deux doigts, jouant avec. Et ce fut à ce moment là que Zéphyr décida de tout me dire, de déballer le tout, poop, après tout je venais de lui demander la vérité, en quelques sortes : « Tu veux des explications, je vais t'en donner. Oui c'est moi qui t'ai donné mon sang. Tu étais en piteux état lorsque je t'ai trouvée dans les couloirs. Si Logan était auprès de toi quand t'es tu t'es réveillée, c'est parce que j'étais parti à la recherche de Stan. Tu connais très bien les règles, ici on ne fait pas de mal aux danseuses. La suite tu la connais. Je n'aurai jamais dû dire à Logan de te mentir. Tout cela ne serait jamais arrivé. Ou du moins pas comme ça. Le passé qui me revenait violement en pleine figure. Jamais je n'aurai dû le mettre dans une situation pareille. Tout s'est bien terminé, ou presque. Dieu sait ce qui va encore me tomber dessus… » Je restais coït et m’écartais de lui, courant presque vers son bureau où je restais face à ce dernier, réfléchissant, le regard dans le vide.
« A mon tour de te poser quelques questions. As-tu parlé de nous à ton maitre? J'ai de la peine à croire que la venue de Stan soit une coïncidence. Il a mentionné des affaires à régler concernant Lorcan. Je me demande bien jusqu'où va cette histoire. Si tu sais quelque chose dis-le-moi. Pour obtenir des réponses je n'hésiterai pas une seule seconde à t'hypnotiser comme je l'ai fait tout à l'heure avec cette humaine. » Je fis volte face, ahurie. Comme si j’avais pu livrer une quelconque information de ce type à César. Je faisais tout pour lui échapper, alors jamais je ne lui dirais quoi que ce soit quant à ce que j’éprouvais pour Zéphyr – du moins ce qu’il naissait en moi, seulement en moi. Ou encore ce qu’il avait bien pu se passer entre nous. Je me rapprochais d’un pas décidé vers Zéphyr avant de le pointer du doigt : « Non mais … vous croyez sincèrement que j’aurai pu dire quoi que ce soit à cet homme ?! Voilà donc l’image que vous avez de moi ? D’une sorte de « traitresse » … je ne ferais rien qui puisse vous nuire, du moins s’il se passe des choses qui vont contre vous, je ne le souhaite jamais … » Je secouais la tête en me prenant cette dernière entre les mains. « Cés… Monsieur Bridgestone ne m’a pas demandée ces derniers temps … enfin, il ne m’a pas vue … nue depuis quelques temps déjà, alors pour la blessure il ne peut rien savoir … s’il vient à me demander je … je … » Je réfléchissais tout en tournant en rond sous les yeux de mon patron : « Je me referai ma blessure, en moins profond, enfin … je ne vois pas d’autres moyens. Enfin, là n’est pas la question. Je ne sais pas ce que mon maître sait, et je peux vous assurer que je n’ai jamais été hypnotisée par lui, aucunes information n’a filtré… » Mais une question subsistait : « Cela n’explique toujours pas pourquoi vous ne m’avez pas dit que c’était vous qui m’aviez donné votre sang … Bon mis à part le fait que je puisse le révéler à mon maître … vous ne sembliez vraiment pas vouloir me l’avouer … j’ai l’impression de vous dégouter, vous répugner, vous agacer au plus haut point … d’ailleurs je ne sais même pas ce que je fais là, je vous importune plus qu’autre chose, je le vois dans vos yeux. Je vous ai fait louper votre repas … » Mes « vêtements » étaient couvert de sang, ma peau également, à chaque fois que je bougeais le moindre muscle, je sentais les morsures se déchirer un peu plus à chaque mouvement. Mais je devais sortir, je ne supportais pas « faire chier » les gens, encore moins ceux à qui je voulais plaire.
(c) Spinelsuns
Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Elle se retourna à toute allure, m'adressant un regard des plus noirs. - Non mais … vous croyez sincèrement que j’aurai pu dire quoi que ce soit à cet homme ?! Voilà donc l’image que vous avez de moi ? D’une sorte de « traitresse » … je ne ferais rien qui puisse vous nuire, du moins s’il se passe des choses qui vont contre vous, je ne le souhaite jamais … Je ne la qualifiais pas de traitresse… Aaah les femmes! Toujours à tout amplifier, à déformer la vérité… Elle faisait peine à voir. S'agitant sous mon nez, désespérée que j'ose lui poser cette question. Pourtant rien de plus légitime, elle avait donné Logan à Stan alors qu'il ne représentait rien d'autre pour elle qu'un simple client. Certes il était ami avec son maitre… Allez savoir ce qu'elle aurait été capable de livrer à César. Par le simple fait d'être l'infant de Lorcan je n'étais pas dans ses petits papiers, imaginez s'il apprenait que je tournais autour de son esclave… Et voilà une révélation intéressante. Ravi d'apprendre ce qu'il se passait entre eux deux. Je reculais d'un pas, cette vérité, aussi sincère soit-elle, n'était pas du tout agréable à entendre. Lui aussi la voyait nue… "Aussi" Inconsciemment, je serrais les poings. En réalité, je me voyais dans l'obligation de dire, lui y a eu droit au moins une fois. Je préférais me reconcentrer sur les paroles d'Anastasia plutôt que de penser à des horreurs pareilles. Son comportement m'indiquait bel et bien qu'elle n'avait rien révélé à César. Elle tournait en rond comme un lion en cage, cherchant désespérément une solution à l'unique possibilité qui s'offrait à elle : César allait finir par remarquer que sa blessure s'était refermée. - Si César n'a pas encore remarqué pour ta blessure… Tu n'auras qu'à dire que c'est Stan qui t'a soignée! Il est mort, il ne pourra pas vérifier si tu dis la vérité. Enfin.. Si… Il a toujours la possibilité de le faire… Aargh… Je… Hmm… Je t'interdis de faire une chose pareille! Tu m'entends? Je baissai rapidement les yeux au sol, réalisant que les mots étaient sortis seuls de ma bouche, sans que je ne parvienne à les retenir. Bien sûr qu'il pouvait découvrir la vérité. Il lui suffisait d'hypnotiser Anastasia et il pourrait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il saurait tout, absolument tout. Cette femme c'était l'enfer incarné, en l'approchant de trop près je m'attirais tous les problèmes possibles et imaginables, absolument tous. Tout cela pouvait bien entendu se solder par ma mort. Pourquoi, mais pourquoi étais-je autant attiré par elle? Après tout ce qu'il s'était passé, toute la poisse que l'on a eue, je n'avais pas envie de la voir partir, encore moins d'abandonner l'idée qu'un jour elle puisse m'appartenir. – Je te considère pas comme une traitresse, tu amplifies. Je me contenterai de te rappeler que tu as donné Logan en pâture ce soir… J'imagine bien que cela venait de toi, tu étais la seule au courant et Logan avait pour ordre de n'en parler à personne. Je ne le lui avais pas explicitement dit, mais il le savait. Il était prêt à faire n'importe quoi pour attirer l'attention ou pour faire l'idiot, mais jamais il ne me mettrait en danger, jamais. Sur ce point il était l'une des personnes les plus fiables que je connaissais. - Cela n’explique toujours pas pourquoi vous ne m’avez pas dit que c’était vous qui m’aviez donné votre sang … Bon mis à part le fait que je puisse le révéler à mon maître … vous ne sembliez vraiment pas vouloir me l’avouer … j’ai l’impression de vous dégouter, vous répugner, vous agacer au plus haut point … d’ailleurs je ne sais même pas ce que je fais là, je vous importune plus qu’autre chose, je le vois dans vos yeux. Je vous ai fait louper votre repas …Sur le moment, ma seule réaction avait été de lever les yeux au ciel. Non je n'allais pas me livre à elle aussi facilement. Pourquoi? Parce que même si mon désir pour elle était aussi flagrant que le nez au milieu de la figure, il me fallait être prudent. Le passé avait déjà su revenir frapper à ma porte, je n'osais imaginer ce que le présent était capable de faire. De peur qu'elle ne tente de partir je pris ses épaules dans mes mains. Une fraction de seconde plus tard je me rappelais avoir fermé la porte à clé, elle ne pouvait pas sortir d'ici… Malgré tout je me risquai à lui donner un semblant de réponse. – Réfléchis un peu, veux-tu? Si tu me dégoutais je ne t'aurai pas embrassée tout à l'heure. En y repensant, un léger sourire apparut sur mes lèvres, mais reparti aussi sec. - Je n'aurai même pas accepté ton sang, ou peut-être que je t'aurai simplement vidée… La finesse d'un chien dans un jeu de quilles, bravo Zéphyr! Quelle remarquable performance. Cette idée de toujours torpiller les pas qu'elle fait dans ta direction. – Tu avoueras que la situation n'est pas facile. Ce n'est pas comme si tu m'avais rendu la vie simple. Tu m'as mis dans une position délicate avec Nina. Tu te souviens de l'accueil chaleureux que tu lui avais réservé? J'ai passé un sal quart d'heure face à elle à négocier pour qu'elle ne cherche pas à t'arracher la tête à la seconde où j'aurai le dos tourné. Tu n'as peut-être pas tout vu, mais j'ai fait pas mal de chose pour toi, pour t'éviter des problèmes. Je ne te permets pas de me sortir des insanités pareilles. La nuit ne tarderait pas à toucher à sa fin, nous étions tous les deux fatigués et complètement sales. Il fallait qu'elle stoppe d'être sans arrêt sur la défensive ou je n'aurai bientôt plus qu'une envie, celle de rester seul.
Je venais de lui soumettre l’idée que je puisse me rouvrir le flan si César venait à m’appeler, pour palier à un quelconque soupçon de sa part. Mais visiblement Zéphyr ne sembla pas très enjoué par cette option : « Si César n'a pas encore remarqué pour ta blessure… Tu n'auras qu'à dire que c'est Stan qui t'a soignée! Il est mort, il ne pourra pas vérifier si tu dis la vérité. Enfin.. Si… Il a toujours la possibilité de le faire… Aargh… Je… Hmm… Je t'interdis de faire une chose pareille! Tu m'entends? » J’en restais bouche bée Aargh… Je… Hmm… Je t'interdis de faire une chose pareille! Tu m'entends? venait-il vraiment de m’interdire de sauver notre peau en me refaisant ma blessure – qu’il m’avait soignée quelques jours auparavant ? Je restais interdite, une lueur bizarre flottait dans ses yeux, comme une sorte d’inquiétude. Le vampire, pour la première fois depuis notre rencontre, baissa les yeux au sol, presque « gêné » de ce qu’il venait de dire. J’avais envie de lui prendre la tête, de le regarder droit dans les yeux et se comprendre ce qui était entrain de se passer dans sa tête. Puis soudain, je me le revoyais serrer les poings après mon aveux quant à la possibilité que je me retrouve une nouvelle fois nue comme un ver devant mon maître. Je ne comprenais pas cette réaction. Il avait également reculé d’un pas. Avait-il envie de me frapper pour lui avoir dit cela ou était-ce totalement autre chose ?! Aah, si seulement je pouvais savoir ce qu’il ressentait … si seulement ce n’était pas un vampire millénaire, rancunier, sanguinaire et incompréhensible. Si seulement … Depuis le début de ma misérable existence, j’avais tellement été déçue par tant de choses, j’avais tellement dit « si seulement… » que j’aurai pu refaire le monde entier.
« Je te considère pas comme une traitresse, tu amplifies. Je me contenterai de te rappeler que tu as donné Logan en pâture ce soir… J'imagine bien que cela venait de toi, tu étais la seule au courant et Logan avait pour ordre de n'en parler à personne. » Je crus bien que mes yeux allaient sortir de leurs orbites tellement ce que je venais d’entendre était énorme. J’allais sortir de mes gonds – qui ne tenaient avec rien du tout, croyez moi. Il fallait donc que je prenne sur moi car visiblement mon patron n’aimait pas les esclandres et qu’on se le dise, je n’avais plus du tout de forces, je venais de me faire vider de mon sang, à moitié étranglée et j’avais frôlé l’amour de près. Et il fallait dire que voir Zéphyr dans une telle position m’avait ébranlée au plus haut point. J’avais réellement eu peur pour lui, même si je savais que le Russe battrait toujours le Polonais… J’étais éreintée et je ne rêvais plus que d’une seule chose : mon lit. Mais avant il fallait que nous mettions tout cela au clair, que je prenne une douche, et que je rentre … au palais. Rien qu’à l’idée de retourner dans cette prison dorée j’avais envie de fuir, partir loin, me faire oublier. Mais cela m’était impossible bien évidemment. Bref, je prenais sur moi, serrant les poings avant de croiser encore une fois les bras : « Monsieur Romanov … ahah. Je crois que vous ne comprenez pas qui je suis vraiment. Si je pouvais crever le cœur de ce pervers dégueulasse et insupportable homme qu’est l’Empereur, je le ferais. Alors pensez bien que jamais je ne l’avantagerai, encore moins l’un de ses amis. Lorsque Stan m’a demandé qui m’avait soigné, je n’ai fais que dire la stricte vérité – et j’imagine que si je ne le faisais pas il m’aurait brisé la nuque avec son petit doigt en moins de temps qu’il ne m’en faut pour le dire. Je ne pensais pas que ça provoquerait une telle chose, et je ne pensais pas que le fait de me soigner soit si terrible pour Logan. Croyez moi, Monsieur, que je n’ai JAMAIS fait ça pour nuire à Logan et encore moins à vous… Je suis vraiment désolée mais je n’ai fait que répondre à la question qu’il me posait… » D’ailleurs en repensant à cette histoire, j’en voulais terriblement à cet homme qui m’avait laissé clamser comme un vieux chien sans même me proposer quoi que ce soit. Il s’était servi, avait bien mangé, avant de m’abandonner à mon triste sort. Certes, les choses avaient fait que César m’avait déjà drainée la veille, que je n’avais pas eu le temps de manger et donc qu’il m’avait été impossible de reprendre des forces. Sans quoi j’aurai tenu et ne serais pas tombée dans les pommes, au bord de l’anémie.
Et comme si tout cela n’était pas déjà assez compliqué, j’eu la merveilleuse idée de lui dire ce que je ressentais – à propos du fait que j’avais l’impression de lui donner la gerbe, que je l’énervais au plus haut point. Il posa violemment ses mains sur mes épaules, mes les enserrant, m’empêchant d’aller plus loin. Souhaitait-il que je reste avec lui ? « – Réfléchis un peu, veux-tu? Si tu me dégoutais je ne t'aurai pas embrassée tout à l'heure. » Un sourire fugace tinta ses lèvres. Un sourire que j’eu envie de revoir immédiatement après qu’il soit partis. Après tout ce n’était pas faux, si je le dégoutais, pourquoi m’avait-il embrassé avant d’aller tuer le polonais ? Une sorte de baiser d’adieu qui m’avait totalement chamboulée. « Je n'aurai même pas accepté ton sang, ou peut-être que je t'aurai simplement vidée… » … qu’ajouter de plus à cela ? « Ah. » Un petit bruit m’échappa tout de même. « Tu avoueras que la situation n'est pas facile. Ce n'est pas comme si tu m'avais rendu la vie simple. Tu m'as mis dans une position délicate avec Nina. Tu te souviens de l'accueil chaleureux que tu lui avais réservé? J'ai passé un sale quart d'heure face à elle à négocier pour qu'elle ne cherche pas à t'arracher la tête à la seconde où j'aurai le dos tourné. Tu n'as peut-être pas tout vu, mais j'ai fait pas mal de chose pour toi, pour t'éviter des problèmes. Je ne te permets pas de me sortir des insanités pareilles. » Cette Nina, cette dominatrice en cuir, j’avais envie de l’étriper, c’était moi qui aller lui arracher sa petite tête plutôt que l’inverse oui. Je me rappelle parfaitement ce soir là, lorsque j’étais entrée dans le bureau de Zéphyr, pressée, et que j’avais retrouvé cette femme que je ne connaissais pas sur les genoux de mon patron, le cul en l’air, riant tous deux aux éclats. Oui j’avais eu envie de tout fracasser, mais après ce que m’avait dit Zéphyr, je m’étais calmé, il pouvait bien faire ce que bon lui semblait après tout nous n’étions pas ensembles et visiblement ce n’était pas prêt d’arriver. « En effet, à chaque fois que je fais un pas vers vous, il est de travers. Je dois donc comprendre que je dois me tenir éloigné de vous donc … Visiblement lorsque nous sommes ensembles, je suis un véritable aimant à ennuis. J’en suis navrée, veuillez m’excuser. D’ailleurs pour Nina, … j’ai été excessive, ça ne se reproduira PLUS jamais … » Je reculais d’un pas et le fixais en me mordillant distraitement la lèvre inférieur. Qu’on se le dise, je priais pour qu’il veuille de moi à ses côtés … mais ça ne semblait pas prêt d’arriver non plus haha. « Pour ce qui est de … » Je m’arrêtais, il fallait que je me taise, que je m’éloigne de lui, car après tout il disait vrai, je m’étais les pieds dans les plats et A CAUSE de moi il avait dû négocier avec Nina pendant des heures, avait failli perdre son infant, avait failli mourir et pour finir avait tué un vampire – bien que ce dernier point, je n’avais fait que servir de bouc émissaire en réalité, je n’y étais pour rien dans leur conflit qui semblait dater de plusieurs siècles…
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Zéphyr E. Romanov « The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
Anastasia était restée incroyablement calme. Je m'attendais à la voir éclater de fureur. Apparemment elle avait bien compris que je n'étais pas très friand des scènes de ménage. Bien que cela doive fortement venir du fait que quand un vampire aussi vieux vous dit de vous taire, vous le faites, j'étais cependant totalement incapable de lui faire le moindre mal. Je venais quelque peut de me démontrer qu'elle n'y était pour rien dans cette histoire, que ce n'était pas sa faute si elle avait lâché le nom de Logan à Stan. Quelques heures plus tôt il l'avait quasiment vidée de son sang. Qui oserait lui tenir tête après ça? Personne ou très peu de monde. - Monsieur Romanov … ahah. Je crois que vous ne comprenez pas qui je suis vraiment. Si je pouvais crever le cœur de ce pervers dégueulasse et insupportable homme qu’est l’Empereur, je le ferais. Alors pensez bien que jamais je ne l’avantagerai, encore moins l’un de ses amis. Elle ne cessera donc jamais de me surprendre! Qu'elle déteste son maitre me paraissait être une évidence. Il n'était pas tendre avec ses esclaves, comme la majorité d'entre nous, mais que ces mots sonnaient doux! J'avais envie de m'exclamer, de sourire autant qu'il m'était possible, de l'embrasser, de la prendre dans mes bras pour m'avoir offert une révélation aussi réconfortante. Je n'en fis rien. J'avais déjà assez risqué ma peau pour ce soir. Quand toute cette histoire sera connue de tous, j'en prendrai suffisamment pour mon grade sans encore lancer la rumeur que je hais César par-dessus tout. Il fallait rester discret à ce sujet là, absolument rien ne devait filtrer. Je restai donc impassible, même si intérieurement je bouillonnais de joie. - En effet, à chaque fois que je fais un pas vers vous, il est de travers. Je dois donc comprendre que je dois me tenir éloigné de vous donc … Visiblement lorsque nous sommes ensembles, je suis un véritable aimant à ennuis. J’en suis navrée, veuillez m’excuser. D’ailleurs pour Nina, … j’ai été excessive, ça ne se reproduira PLUS jamais … Excessive? C'était peu de le dire. Même les sourds l'aurait entendue insulter Nina et ce sans aucune raison! J'étais furax ce soir-là. Abasourdi qu'elle ose proférer autant d'insanités à propos d'une femme tout à fait charmante qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Pour l'heure, j'étais dans l'incapacité totale de lui en vouloir, sa précédente révélation me laissait encore rêveur. En réalité, je n'avais rien contre les scènes de ménage, simplement que j'avais une sainte horreur qu'on m'en fasse en public. En privé je pouvais tout à fait m'en accommoder. Absolument hors de question d'étaler ma vie devant des inconnus ou des personnes qui ne méritent pas d'en connaitre plus que nécessaire. Pour elle je pourrai bien m'en accommoder. Concernant le pas de travers je me devais de reconnaitre qu'elle n'avait pas tort. Notre rencontre semblait si lointaine. Nous étions animés par la passion, je n'en avais plus rien à faire de ce qui se passait autour de moi, la charmer, l'attirer vers moi, voilà les seules choses qui m'importaient. Si je ne l'avais pas sous les yeux, couverte de sang, je me mettrai à croire que ces moments agréables n'étaient qu'illusions, inventées par mon cerveau dans le seul but de me torturer. Je ne regrettais rien, absolument rien, si ce n'était que cet avant gout de bonheur devenait de plus en plus amer. Au fur et à mesure que les nuits passaient. Comme si tout ce qu'il y avait autour de nous nous se liguait pour nous empêcher de nous rapprocher. Je ne m'étais jamais réellement attaché à quelqu'un depuis la mort d'Alais. La perte d'un être cher était bien trop douloureuse, bien trop difficile à supporter. Le souvenir des longues heures que j'avais inconsciemment passées à attendre qu'elle passe le pas de la porte me revint en mémoire. Que tout redeviendrait normal, comme si rien ne s'était passé. L'espoir. Une arme destructrice qui pouvait vous entrainer vers le fond sans jamais vous laisser regagner la surface. Mais cette femme me redonnait envie d'y croire, j'avais envie de m'attacher à elle, dans tous les sens du terme. Nous étions si différents et cela ne nous empêchait en rien d'avoir de nombreux points communs. Les contraires s'attirent comme on dit, tout comme qui se ressemble s'assemble. Il devait certainement y en avoir un peu des deux, peut-être le juste équilibre qui nous permettrait de faire un bout de chemin ensemble. J'aurai bien aimé coller mon corps au sien, une nouvelle fois, mais je ne voulais pas faire preuve d'un élan aussi prononcé. Ce n'était pas mon genre. Chaque parcelle de ma peau, de mon corps était attirée par elle, pourtant, je restai incapable de briser la glace, d'avoir un geste agréable. Comme si une force invisible me retenait. Ce ne pouvait être que le fantôme de ma sœur. Qui me suivait où que j'aille, qui me rappelait chaque jour sa présence et à quel point il est dur de perdre les personnes auxquelles ont tient. D'ailleurs, les paroles d'Anastasia me réconfortaient dans cette idée. Elle aussi avait conscience de la difficulté que nous avions à passer ne serait-ce qu'une seule soirée tranquilles, sans le moindre tracas. Il y avait comme un malaise dans l'air, tous deux étions épuisés et l'envie de dormir se faisait de plus en plus insoutenable, pour ma part du moins. Je me décidai pourtant à franchir le pas. A enfin faire quelque chose de gentil, à ne pas gâcher les choses comme j'avais pu le faire jusqu'à présent. Je me rapprochai d'elle. Lui caressant la joue, le regard plongé dans le sien, je pris la parole, sur un ton à la fois doux et las. – Tu as peut-être raison. Nous devrions essayer de passer du temps éloigner l'un de l'autre.. Le temps que les choses se tassent. Surtout après ce qui vient d'arriver… Mais… Ce n'est pas pour tout de suite. Je me retournai, attrapai un stylo et arrachai un bout de papier d'une feuille qui trainait sur mon bureau. Je griffonnais quelques mots dessus puis retournai auprès d'Anastasia. - J'ai besoin d'une bonne douche et de me reposer. Toi aussi d'ailleurs. Je vais rentrer avant que le soleil ne se lève. Je pris délicatement sa main dans la mienne et y glissai le bout de papier avant de la refermer. – Tu devais certainement être réservée pour la journée… Je me disais que… Nous pourrions en profiter, que tu pourrais me rejoindre chez moi. Je la fixai, le regard empli d'étoiles, l'espoir de la voir accepter me submergeait. – Il faut que j'aille voir vers le bar, je te laisse retourner dans les loges. A cette heure il ne doit plus y avoir de fille, tu n'auras pas à donner d'explication sur l'état de tes vêtements. Tenant toujours sa main dans la mienne, je l'emmenais vers la porte. Une fois arrivé sur le seuil, je fermai la porte à clé et déposai un baiser sur le front d'Anastasia. – A toute à l'heure j'espère. Puis je tournai les talons pour rendre au bar. Prévenir Logan que je quittais le club. Le pauvre s'affairait toujours au bar. Il ne semblait pas avoir pris de pause depuis la bagarre de tout à l'heure. Il était comme ça, il aimait sont travail et c'était toute une aventure pour le lui faire quitter quelques heures. Heureusement, ce soir était son soir de congé, il allait pouvoir récupérer. Je passai derrière le bar et donnai une tape amicale sur l'épaule de Logan. – Je m'en vais. Ne tarde pas trop, laisse quelqu'un d'autre fermer. Tu as bien gagné le droit de te reposer. Il ne prit même pas la peine de me répondre, bien trop absorbé par la préparation de cocktails.Le ciel commençait à s'éclaircir. On devinait que les premiers rayons perceraient dans un peu plus d'une heure. J'avais largement le temps de rentrer avant que le soleil ne commence à me bruler la peau. L'air était frais, je me sentais revigoré, même s'il ne me restait pas énormément de force. Il me tardait de rentrer chez moi, de me quitter ses habits souillés par le sang et de m'allonger. Je pressai donc le pas, sans pour autant user de ma célérité, profitant encore quelques instants de l'air ambiant qui me fouettait le visage. Il ne m'avait jamais autant tardé de tourner la clé dans la serrure que ce matin. Je claquai la porte et me dirigeai immédiatement vers la salle de bain. Je ne pris pas la peine de mettre mes vêtements à laver, ils finiraient directement aux ordures. Au vu de leur état, ils étaient irrécupérables, imbibés de sang et déchirés par endroit. La douche fut rapide, je ne pris même pas le temps de jouer à régler la température de l'eau, me savonnant le plus rapidement possible. Je ne rêvais que d'une seule chose : mon lit. Mes jambes se faisaient lourdes et mes paupières aussi. Je n'allais cependant pas pouvoir résister à la curiosité. J'allai attendre un peu. Attendre de voir si Anastasia allait venir me rejoindre. Je me contentais d'enfiler le strict minimum, un boxer. Je ne dormais jamais en pyjama. Premièrement parce que c'était moche et deuxièmement parce cela me donnait l'impression d'être à l'étroit.Couché dans mon lit, je me forçai de rester éveillé, tout ouïe, au cas où Anastasia frapperait à ma porte.