Une vie ne s’amorce jamais sans le contrôle du Destin. Quoi que l’on y fasse. Il y a toujours une bavure dans les plus belles histoires, un côté sombre qui rôde derrière cette énorme parcelle de lumière que peut avoir une existence heureuse. Tellement de choses négatives qui font que la vie est ainsi, paraissant normale aux yeux des tous, car c’est bien connu, la perfection n’est malheureusement pas de ce monde …

Une myriade de cheveux blonds descendant sur de frêles épaules en cascade. Un regard affirmé par un maquillage tendance à consonance quelque peu provocatrice. Une démarche assurée imposant le respect et qui attirent tous les regards vers elle … Il en a pas été toujours ainsi malheureusement, mais tout le monde à au moins parler de cette fille qui du jour au lendemain est passée de l’ombre à la lumière. De la petite adolescente fragile et comme exposée au danger a quelque peu pris les traits de celles qui ne se laissaient pas marcher sur les pieds, qui fait partit de l’élite, qui sait exactement ce qu’elle souhaite.

« Tiens-toi droite. Tes coudes rentrés. La pointe, la pointe ! Tournes. La tête haute. Pas comme ça ! Regardes ta camarade Cassiopée et apprends. » Cinglait la voix stridente et autoritaire de Madame Thompson en repoussant la petite sur le côté d’un geste négligé. La jeune enfant observa son amie faire l’exercice d’un œil absent. Elle n’avait jamais voulu entrer dans ce cours de dance, sa professeur lui faisait réellement peur et la dance n’a jamais été sa passion. Elle préférait courir dehors, jouer à l’aventurière, épée en mains. Mais ses parents semblaient lui avoir tracé tout son avenir avant même d’avoir pensé à sa conception. Ils la voyaient mariée à peine sa majorité passé, porteuse rapidement de leurs petits-enfants avec un mari qui lui demandera ce que l’on demande à son épouse. Des personnes aux idées fermées qui ne laissait nullement place à la créativité et l’envie de liberté de la petite. Alors, en voyant tous les efforts et les espoirs que ses parents mettaient en elle, Cassie avait pris sur elle, sur ses envies de jouer l’héroïne de sa propre histoire pour accepter son rôle. Elle était jeune et déjà résignée à avoir gâché toute sa vie déjà. Alors assise dans l’herbe, elle regardait un papillon s’envoler et se mit à le jalouser car lui, il était libre.

Assise sur sa chaise, elle observait, réprimandant le dégoût dans son regard, son futur époux. Ses parents avaient trouvés l’homme parfait selon leurs critères et voulait tout de suite finaliser les choses. Cassiopée n’avait que seize ans et se trouvait affreusement trop jeune pour se voir mariée. Surtout à un homme qui ne lui plaisait sur aucuns points. Il n’était pas son style et malgré la promesse qu’elle avait fait à ses parents, acceptant d’épouser n’importe qui qu’ils lui proposeraient, elle n’avait aucune envie de devoir vivre avec lui. Imaginé qu’il la touche, encore moins. Une nausée la prit alors qu’elle imagina la scène et s’en servit d’excuse pour monter dans sa chambre. Retirant rapidement sa robe qui l’étouffait pour un vieux pantalon bien plus confortable, Cass emprunta comme à chaque fois la fenêtre de sa chambre pour sortir par le toit. Agile et silencieuse, elle partit vers la ville pour aller profiter des quelques rares amis qu’elle possède mais qui ne sont pas aux normes de sa famille et donc interdit. Mais la jeune femme savait qu’elle devra dire oui à ce jeune homme. Elle ne pourrait pas reporter autant de temps son mariage, l’impatience de ses parents devenait oppressante pour elle. Et elle voyait l’avenir qu’elle s’imaginait assise sur l’herbe fraîche du matin partir, elle sentait son besoin de liberté devenir encore plus grand et ce voir encore plus couper.  Mais une promesse la retenait, une promesse à sa famille. Et elle ne pouvait pas ne pas respecter ce genre de promesse.

« Nous sommes réunis en ce jour particulier pour unir ces deux jeunes gens. (…) Cassiopée Nora Shurley-Shulivan, voulez-vous épousez Monsieur Lindén pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort vous sépare ? » La demoiselle n’écoutait pas un mot de ce que le prêtre lui disait. Elle voyait ses lèvres se mouvaient mais ne percevait aucun son. Son regard se dirigea vers ses parents qui la regardaient, le sourire aux lèvres, s’imaginant sûrement quels prénoms ils donneraient à leurs petits-enfants. Elle regarda ensuite son futur époux, il était ridicule dans ses habits mais lui semblait heureux du mariage. En même temps avec son physique et son mental de moule, il ne trouvera sûrement jamais une femme. Encore moins une femme aussi belle et posée que Cassiopée. Cette dernière garda le silence trop longtemps, trop longtemps pour qu’elle puisse voir les sourcils de ses parents se froncer. Mais elle avait décidé de prendre son avenir en main. Elle avait dix-sept ans et elle n’avait pas envie de se marié maintenant. Regardant droit dans les yeux le prêtre, la futur mariée dit clairement un seul mot. Le mot qui changea son destin à jamais. « Non. » Tous le monde se levèrent et s’approchèrent de Cassie. Ses parents en premier pour lui crier dessus de ne pas faire la sotte, de l’épouser et de ne rien dire. Mais Cass ne les écouta pas et s’enfuit. Fuyant ses parents. Fuyant son mariage. Fuyant sa vie ici. Partant vers la liberté, vers sa vie à elle. Là où elle guidera son destin, là où elle ne sera pas manipulé, là où elle manipulera.

Vise. Respire. Tire. Dans le silence de mort qui suivit le tire, sa balle fend l’air, aussi indomptable que sa tireuse. Elle se loge dans la poitrine de sa cible, transperçant sans aucune gêne tout ce qui passait devant sa course folle. Sa session de tire se finit et Cass posa dans un geste presque religieux son arme au sol, le viseur face à la cible. « T’as encore réussis à toutes les alignés Cassie ! Je me demande encore ce qu’ils attendent pour te grader. » Fit alors la voix tendre de Dimitri qui c’était approché d’elle pour lui faire une accolade. La jeune femme resta un instant sans réaction, digérant plus ou moins bien le prénom qu’elle avait voulu se donner pour remplacer celui qui la rattachait à son enfance. Finalement, Cassiopée sourit et lui rendit son câlin amical tout en lui répondant, d’un timbre taquin qu’elle utilisait toujours avec lui : « Tu t’ennuierais sans moi Dima. Et qui t’apprendrais à faire le poirier si je ne suis pas là ? » Le dénommé Dima fronça les sourcils et s’écarta d’elle, partagé. « On a dit quoi sur ça. » Sa phrase n’était pas une question, juste une réprimande. Il n’aimait définitivement pas le surnom que lui avait trouvé Cass. Cette dernière allait répondre mais son entraîneur arriva, l’obligeant à se mettre en garde à vous et à fermer la bouche. Il observa le résultat de chacun avec attention avant d’arriver devant la cible de Shurley. La demoiselle ne se démonta pas même si elle avait toujours peur de faire quelque chose de travers et se faire renvoyé, se retrouvant ainsi à la rue et obliger de retourner vers ses parents. Pourtant, la nouvelle qu’apporta son entraîneur lui ouvrait les portes d’un avenir des plus fournis en émotions et actions.

« Je veux pas de ce truc avec moi ! » Son nouveau supérieur lui lança un regard dédaigneux qui eut juste comme résultat une grimace de la part de la jeune femme. Daryl Nathanaël Scott. Un homme qui terrifiait au début Cassiopée tout en la fascinant. Leurs débuts ensemble furent laborieux mais elle ne se démonta pas, faisant son meilleur pour se faire plus ou moins accepter de son compagnon d’arme. Et ses efforts furent payants à force de dextérité. Daryl l’accepta à ses côtés, la trouvant au fond douée pour le tir. La demoiselle le suivait en mission, l’observait souvent le soir lorsqu’il dormait et était de garde jusqu’à ce qu’il accepte qu’elle dorme avec lui. Elle apprenait tout de lui sans se montrer trop insistante quand elle lui posait des questions. Cass savait où était les limites de Daryl et les respectaient toujours. L’admirant pour ses talents, elle se sentait entière avec lui et vide de tous sentiments loin de ce dernier. Elle croyait l’aimé comme le grand frère qu’elle n’a jamais eu mais comprit bien vite qu’elle l’aimait vraiment. A cette découverte, Cassie en fut déstabilisé un moment avant de cacher tous ceci au fond d’elle, sachant que Daryl ne voulait pas de relation amoureuse, courte ou longue, surtout avec un autre soldat. Chaque jour passé à ses côtés la partageait entre deux sentiments qui la déchirait lentement, mais encore une fois, elle refoula tous ceci. Pour lui. Pour eux. Elle l’oubliait, ne cherchant plus à le voir comme celui qui fait battre son cœur. Ce fut dur, elle perdit cette part d’elle qui faisait d’elle ce qu’elle était.

Elle avait à la suite du départ de son compagnon d’arme décidé d’arrêter. Son chemin pour sortir du champ fut pénible et difficile mais elle avait ses raisons et elle en avait marre de voir la mort partout. Cassiopée, à la recherche d’une nouvelle carrière fit des petits boulots rapides comme serveuse ou danseuse avant d’être repéré par un agent de mannequinat. Il disait qu’elle avait les formes parfaites et ses années de danse lui ont permis d’acquérir une démarche qu’il cherchait pour ses photoshoot. Elle s’y sentait à sa place, parfaitement bien même si certaines coéquipières ne la voyaient pas d’un bon œil, elle n’y faisait pas attention. Un jour, un très bel homme lui parla d’une séance photo où elle pourrait réellement percer dans le monde de la mode et être au-devant des plateaux. Inconsciente, elle l’avait suivi, contente de voir sa carrière décollée. Mais rien ne se passa comme elle l’aurait voulu. Une île, Heartkiller. Un maître. Des crocs. Du sang versé. Ses premiers mois là-bas furent flou. Elle ne s’en souvient pas spécialement car elle semblait ailleurs, dans un monde parallèle. Ce n’était pas possible, les vampires ne pouvaient pas exister. Pourtant elle en était un. Une succube comme disait son maître. Son job était simple, allé sur le monde humain, son ancien monde, se faire passer pour une fille en danger et les amener jusqu’à l’île, comme elle avait été amené. Elle le faisait car elle n’avait nulle part d’autre où aller. Plus d’une fois Cass fut tentée de s’enfuir mais n’avait nulle part où se cacher alors elle restait fidèle à son maître et lui obéissait. Tout se passa bien quand son maître, heureux de son travail et voyant qu’elle avait besoin de liberté lui demandait si elle voulait se faire affranchir. Il lui fallut toute une nuit pour qu’elle comprenne tout ce qui coutait de se faire affranchir, des points forts comme faibles. Il lui donna un an pour y réfléchir. Et cette année passée, Cassiopée accepta, désirant retrouver sa totalité liberté. Son maître l’affranchi, triste de perdre une succube aussi dévouée mais la laissa faire. Cela fait depuis maintenant quelques années qu’elle profite de sa condition de vampire normal.