Une seule fois dans sa vie un homme sera mené à gueuler sans le vouloir ... une fois minimum. A la naissance. Hace a pourtant une eu une naissance ordinaire sans aucun problème de santé. Il a toujours été bien portant, hormis les classiques maladies bénignes que tout gamin se ramasse dans le collectif des écoles. Mais dans la famille White depuis des générations, on plantait une règle au dessus de la cheminée de la grosse demeure familiale. Implantée dans le fond de l'Ontario, les White possédait un domaine assez conséquent , remontant à l'époque coloniale. Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres, mais le domaine avaient tenu bon. A la naissance de Hace, son unique fils, il décida d'en faire son digne héritier. Il était vrai que sans être sur fortunée, les White se portaient très bien niveau portefeuille et ils faisaient des jaloux dans une région marécageuse ou les opinions étaient rétrogrades. Mais pour le père Whte, et le grand père , le Canada sauvage était une source inépuisable pour satisfaire leurs désirs de traque d'animaux sauvages et les mises à mort d'ours et autres félins de grosse taille comme les pumas. Trés tôt , probablement trop tôt, ils emmenèrent le gamin avec eux, contre l'avis des femmes de la famille. A quatre ans, l'enfant fut témoin avec horreur du massacre d'un orignal et de son petit. Trop tôt aussi son père commença à lui raconter ses exploits de chasse, à dire au petit blond, qu'il serait comme lui.

Psychologie infantile oblige et domination du mâle dans cette famille, bien que la mère soit là pour les calins et les après midi crêpe et sirop d'érable, elle n'avait jamais le dernier mot et Hace fut éduqué à la dure. A huit ans, son père lui offrit son premier fusil de chasse. Il lui interdisait cependant de s'en servir hors chasse et quand il n'était pas là. Le gamin ne voyait pas vraiment son père, officier dans l'armée de terre, souvent envoyé en mission .... comme il lui disait : Papa va faire la guerre et quand je reviens, on ira s'amuser. Et le vieux papy veillait au grain en son absence, la confiance dans les femmes n'étant pas leur point fort. Il fallait avouer que la mère de Hace et sa grand mère était relativement soumise, et que bien des fois, Hace du haut de son jeune âge, les avaient vu frapper et humilier, mais lui n'était jamais dans les conflits ou pris à partie. Il devait au contraire prendre exemple. Quel triste principe. Il n'accepta cependant pas de faire comme eux , et bien qu'il soit encore jeune et malléable, le gamin considérer juste sa mère comme fragile et meurtrie, et il se mit à développer un besoin de protection à son égard. La pauvre femme s'était résolu à ne plus pouvoir changer son mari. Elle se réconfortait donc dans les bras de sa chair sans demander davantage, déjà rassuré de savoir que peut être que le caractère trempé de son fils allait le sauver de cette folie misogyne. Mais c'était sans compter le grand père qui tôt ou tard se rendit compte de la gentillesse du gamin et qui commença à lui coller deux trois calottes dans la tête sous ordre du père, après l'en avoir informé. Hace se renferma peu à peu , n'obéissant aux hommes de la famille juste pour éviter que sa mère souffre davantage et aussi par peur. Son père et son grand père étaient bien solides et plantés sur leurs aplombs, et se prendre une rouste de leurs paluches n'était pas une mince affaire. Il n'était pas encore formé, ni musclé. Juste agé de treize ans, il allait devoir encore attendre.

Un an plus tard , son père prit sa retraite militaire et revint donc définitivement au foyer. Il était temps d'assurer la relève et de la préparer. Sans lui faire négliger les cours et ses amis, Hace dut aussi assumer les chasses et les entraînements physiques. Au début , il dut s'enfiler, abdos, pompes, tractions, longueurs de natations, footing sur plusieurs kilomètres, puis son père alourdit peu à peu les obligations. Heures strictes de lever et de coucher, intolérance intellectuelle le surveillant pour tout devoir et lui coller une beigne au moindre écart de note. Il commença à prendre la douleur comme une information un temps soit peu maîtrisable. Une baffe ne lui faisait plus rien. Son père s'en rendit compte, et malgré les supplications de la mère, il passa son fils à tabac vers l'âge de dix sept ans. La police ne s'en mêla pas davantage, Hace expliqua qu'il était tombé sur une bonne de squatteur en forêt et que son père l'avait trouvé. Pourquoi le protégeait-il? Parce que son grand père n'était pas loin et que même si son père écopait de quelque chose, le grand père en remettrait une couche, et pas que sur lui. Les corrections n'étaient pas fréquentes, mais quand il en prenait, il les sentait passer. Bien vite , Hace eut son premier diplôme et aussi sa première petite amie. Il la cacha aux yeux de sa famille, lui expliquant que c'était un peu particulier chez lui. Mais la môme n'avait pas la langue dans sa poche et ses yeux fonctionnaient très bien, et quand elle vit arriver son petit ami , couvert de bleus... elle ne put s'empêcher de vouloir prévenir les flics. Alors Hace la retint et se prit la tête avec elle, lui gueulant des vérités misogynes, des reproches infondées, tout ça pour la blesser, les expressions du visage et la violence  du corps allant avec. Tout ça pour l'éloigner, et la protéger. Il finit de nouveau seul, avec sa haine contre lui , même , explosant deux trois troncs au passage , et rentra chez lui dans une humeur de chien ou même sa mère ne put rien dire. Il l'aimait. Oui , mais il n'avait pas le droit et il venait de l'apprendre à ses dépens, sous le regard caché de son père qui l'avait suivi en forêt et qui lui tira un rictus de satisfaction malsaine. Son petit chien de guerre était en train de naître. Il le manipulait depuis l'enfance, et il en voyait enfin les fruits.

Après cet éprouvant choc émotionnel, le père s'en servit contre Hace qui fut surpris d'apprendre qu'il savait. Il commença à avoir peur et se contenta alors d'obéir, s’entraînant davantage, passant au combat contre son propre père et son grand père encore très leste, puis des collègues retraités et leurs fils. Ils étaient peu , mais la même mentalité régnait . Hace commença à avoir un sacré bon niveau , le père jouant de sa colère, qu'il ne puisse pas lui échapper pour engranger sa haine et sa rage et le faire un peu plus animal. Le regard de Hace commença à changer lentement ... se refroidissant , devenant plus acéré. les parties de choses reprirent aussi , et à ses vingt ans ... Hace se présenta de lui même à l'armée. Les résultats de ses tests étaient excellents, qui s'en étonneraient après ce qu’il avait subi. Il y avait vraiment des malades partout et le recruteur qui connaissait le père du gamin et au vue des résultats obtenues, tira rapidement ses conclusions. Il partit donc dans une optique d'éloigner le môme de cette surcharge émotionnelle et physique qui avait plus de chance de le transformer en tueur qu'en bon militaire. Il l'envoya dans un camp d'entrainement dans les terres d'Alaska , dans un programme d'échange militaire, entre le Canada et les USA, afin de les rendre davantage polyvalents à un possible travail en terrain international. Bizarrement , Hace ne le vécut pas du tout mal , et s'adapta avec une facilité qui fit froncer les sourcils aux instructeurs qui se référèrent alors au recruteur qui les mit dans la confidence. Ils recevaient parfois des cas comme Hace. Des gamins qui avaient été sous le joue de leur paternel , qui mettaient tout leur espoir déchus dans leur progéniture, et trop souvent, ils étaient eux même militaires, anciennement éduqués de la même manière, mais personne ne pouvait rien y faire et il y en aurait toujours des comme ça. Hace était donc plus alerte que les autres , plus réactifs, plus nerveux aussi , et plus endurant. Ils durent pallier à cette nervosité en le collant à des missions de surveillance et de ronde. Il était obligé de cette manière constamment son attention et sa nervosité finit par s'estomper lentement par épuisement forcé. Elle revenait après le sommeil , mais il avait trouvé le moyen de le canaliser. Ce gamin devait partir en opération à l'étranger. On lui fit passer des test avec d'autres et ils furent sept sectionnés, pour constitué une unité de soutien pour des para , en mission sur le Brésil. Une mission de rapatriement.

Ce fut le choc avec la réalité sanguinaire des guérillas et des autochtones réticents aux étrangers, mais ces têtes brûlées y avaient été envoyées justement pour prendre conscience de tout ça. Hace prit une sacrée claque mais continua d'apprendre, d'accepter les conditions, et devint une des meilleures recrues du bataillon auquel il appartenait. Les années s'écoulèrent et dans une de ses permissions, à la fête de la ville , il rencontra une certaine Choyanne Wenhellyei. Une amérindienne très mignonne. Elle fut patiente avec lui , et s'ouvrit , mais encore une fois , il fit tout capoté pour la protéger de cette famille de cinglé. Conscient qu'il se faisait aussi souffrir, il décida de quitter définitivement à l'âg de 26 ans , le domicile familial, expliquant à sa mère en l'absence de son père, que les chasses, les traques, les soirées sous l'alcool, les putains de passage et toutes ces conneries dont l'avait affublé son père depuis des années, il ne pouvait juste plus. Certes, c'était ancré en lui pour la vie, mais il devait s'éloigner pour tenter de combattre tout ça. Pour tenter de se combattre. Et coïncidence ou non , quelques semaines après son intégration en pension complète à sa caserne de rapatriement, son unité fut assigné à leur toute première mission de titulaire pour la Syrie. Il partit et ne revint pas, avant trois ans. Juste quand il devait rentrer après 1 an de mission, à trouver repousser les relèves des autres unités, ils furent envoyé en urgence en mission au Pakistan. Spécialisé dans les interventions par le ciel, ils furent largué sur une montagne pour détrôner une bande de cinglés notoires qui se terraient à moitié dans des terriers à taille humaine. Et comme si le succès de deux longues OPEX ne suffisaient pas, ils furent de nouveau déplacés vers le Congo , puis la Namibie ou ils virent les pires saloperies possibles. Son univers était là. C'était malheureux, mais pour lui , la banalité s'était plus ou moins instauré, et il ne s'étonnait même plus d'être emporté à gauche et à droite par leur supérieur. Il gagna d'ailleurs une promotion. Leur major mourut , et le chef d'unité aussi. Ils accueillirent deux petits nouveaux, et il fut nommé référent d'unité le temps qu'il soit autorisé à rentrer au pays, et qu'ils finissent ce pour quoi ils étaient là. Le travail fut terminé en temps et en temps, aussi proprement que possible... c'est à dire bien mochement vu les circonstances.

L'unité qui prenait la relève se pointa enfin et ils furent pour la première depuis trois ans et demi , autorisé à repartir au pays , pour environ un an de permission , en récompense de leurs services à leur pays, les primes allant avec bien évidemment. Hace était heureux de rentrer. En mission, il était tombé amoureux d'une de ses collègues , Laura Beckett. Il s'était marié avec elle au Pakistan en douce, avec juste son unité en témoin, et ils allaient rentré ensemble au pays, avec comme projet de s'installer et Laura quitterait l'armée. Elle était enceinte de trois mois. Ravi comme un fou, Hace n'attendait qu'une chose, d'enfin pouvoir se poser avec elle, et les mettre à l'abri de tout danger. Elle avait réussi à lui faire sortir une part d'humanité peu commune. Elle le comprenait même dans ces plus noirs cotés, et arrivaient à le calmer ... Il n'attendait que ça...

Sauf que...
L'avion de rapatriement passa au dessus des Bermudes, dans une tempête sur les latitudes annexes, qu'il devait prendre. Sans comprendre, il fut dévié et après quelques heures de turbulences, l'avion lourd piqua du nez, direction la mer. Mais une mère moins profonde que prévu... La carlingue blindé du transporteur s'écrasa en biais dans une profondeur de trente mètres, se plantant dans le sable du rivage, et y restant immobilisée dans un éclatement de taule et de kérosène. Les ailes se brisèrent , l'avion se scinda en trois sous le choc, et Hace vit Laura se fait décapité pour une taule de revêtement intérieure, alors qu'il venait de se faire éjecter avec violemment contre un autre homme de l'unité. Il se sentit exploser de l'intérieur ... il chercha a détacher son corps dans la folie du désespoir, mais un de ses collègues le tira vers la surface pour le faire respirer, tentant de le raisonner. Le Kérosène s'enflammait tout autour d'eux... Ils replongèrent et nagèrent vers le rivage qu'ils avaient aperçu. Épuisés, ils se traînèrent sur la berge de sable et se laissèrent tomber quelques secondes. Hace jeta un regard en arrière, le visage meurtris par la douleur et les larmes, quand son collègue lui tapota le bras en voyant une môme en sang sortir des fourrés de ce qui semblait être une jungle. Aussitôt, ils se levèrent tous les deux , et remontèrent la plage pour s'y engouffrer, remarquant la démarche tordue de la fille qui était à une centaine de mètres de là et ne les avait pas vu. Étaient-ils encore en Afrique? Le climat était différent pourtant. Ils observèrent alors la scène. En quelques secondes, une autre personne s'approcha, avec une démarche légère et douce. Il faisait presque nuit , et le soleil était caché par les nuages, de manière à ce qu'on n'y voit pas grand chose, mais ils virent la tête voler dans un bruit qui n'était pas humain... c'était quoi ça...

Les jours suivirent , ils maintinrent leur position attendant que le rivage rejette doucement les reste de l'explosion de l'avion qui avait eu lieu quelques temps après le meurtre ... Il avait vu cette silhouette de plus près sans se faire repérer . Peut être que l'odeur de kérosène masquait le reste ... Hace en fut marqué. Des crocs... une démarche étrange.... Et son collègue Duncen se mit à divaguait à disant que ça ressemblait à des vampires. Pour Hace c'était plus un virus ou une connerie du genre. Ils firent avec prudence une exploration très lente du rivage et retombèrent des jours après au même endroit. Une ile... Merde... Ils étaient coincés avec cette saloperie sur cette ile. Oui , sauf que des saloperies, il n'y en avait pas qu'une. Une gamine de 9 ans, débarqua un soir des fourrés en mimant une blessure, pleine de sang et vacillante. Mais elle se jeta droit sur Duncen et lui arracha la carotide sans aucune douceur. Hace, loin d'être con , se barra en courant aussi vite qu'il put pour rejoindre la flotte et s'y jeter. Dissimulé derrière les débris de la carlingues qui restaient , il vit la silhouette pleine de sang arriver plus tard sur la plage , pour chercher tel un animal... Mais c'était quoi tout ça... Il était tombé où.... Il se mit à réfléchir rapidement ... Ok ... se protéger... Établir une stratégie... ou du moins un protocole de protection... Des armes, il lui fallait des armes et de quoi dissimuler son odeur. Visiblement ça marchait. A partir de maintenant , il ne pouvait pas partir d'ici, il allait devoir se démerder pour survivre... c'était là qu'on allait voir si tous ces supplices allaient enfin lui servir à quelque chose. Il plongea vers la carlingue pour fouillait ce qu'il pouvait de l'avion. De toute façon, il ne tirerait des armes à feu mais il allait trouver tout ce qu'il pourrait d'autres.