3... 2... 1. Le soleil venait de se coucher pour laisser place à la nuit étoilée. J'ouvrais les yeux et sortais avec grâce de mon cercueil que je pris soin de refermer. Certes, je possède un lit dans ma chambre, mais malgré les rideaux, la lumière du jour y passe aisément contrairement au cercueil dans lequel je ne crains rien. La grande majorité des vampires dorment dans des cercueils, par tradition pourrions nous dire, et d'autres font enlever les fenêtres de leur chambre pour pouvoir profiter de leur lit. J'aurais pu, moi aussi, faire enlever les fenêtres pour avoir moins de risque et pouvoir ainsi dormir sur un matela confortable, mais je tenais, une fois la nuit tombée, à pouvoir observer l'extérieur. Je ne supportais pas d'être enfermé dans une pièce sans issue, une part de moi-même restait claustrophobe dû au traumatisme que j'avais eu étant petit. Mon père biologique m'enfermait toujours dans une petite pièce sombre et sans fenêtre après m'avoir battu. Comme vous devez l'imaginer, j'en gardais encore certaines séquelles. « James, Diego. Apportez-moi mon petit-déjeuner, j'ai une fin de loup. » La veille, recevant la charmante Ava dans ma chambre, je n'avais pas pris le temps de me nourrir convenablement, désirant ne pas m'abreuver à son cou, je m'étais donc abstenu, mais ma soif était encore plus grande.

Une charmante créature s'avança vers moi, elle devait avoir une vingtaine d'années et sa crainte était palpable. Ne souhaitant pas entendre crier dès le réveil, je pris la décision de l'hypnotiser pour l'apaiser. Prenant son menton entre mes mains, je plongeais mon regard dans le sien. « Vous n'avez pas peur, vous êtes en sécurité et vous désirais que je boive votre sang, vous adorez ça. » Sa peur s'apaisa jusqu'à disparaitre et je sentis le désir s'éveiller en elle. Elle dégagea les cheveux de sa nuque et se colla à moi, un regard plein de sous-entendus. Sans faire de manières, mes crocs pénétrèrent sa chair et le sang coula à flot dans ma gorge. Elle poussa des gémissements et sembla déçue quand je la repoussais, léchant les quelques gouttes de sang qui persistaient à la commissure de mes lèvres. Mes gardes lui firent quitter la chambre et je m'empressais de me changer pour aller à mon rendez-vous. Oui, je n'avais pas oublié qu'Ava m'attendait dans les jardins. Je lui avais donné rendez-vous et j'espérais de tout coeur qu'elle s'y rendrait, même si j'en doutais fort. Je descendis les escaliers et quitta le manoir pour me diriger à toute allure vers notre lieu de rendez-vous. J'étais le premier sur les lieux, j'espérais vraiment qu'elle viendrait.

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Après avoir quitté la chambre de Dimitri, je revins dans la mienne, soulagée. Bon au moins, j'étais assurée de ne pas mourir tout de suite. Enfin, si mon maître était sincère et qu'il m'appréciait autant qu'il le prétendait. Sinon... Je ne préférais pas y penser. Je me couchai sur le matelas et fermai les yeux, tentant de m'endormir. J'avais pris l'habitude de dormir habillée, étant donné que Dimitri venait souvent me réveiller durant la nuit pour boire de mon sang. Et bon, je préférais tout de même qu'il ne me voie pas à moitié nue, si possible. Bien que je parvins à m'endormir assez difficilement, cette nuit-là fut sans doute la plus paisible depuis mon arrivée sur l'île. Tout d'abord parce qu'avant, je m'endormais sans cesse avec la peur que le jour que je venais de vivre était le dernier, et qu'il n'y aurait pas de réveil. Ensuite parce que d'habitude, mon maître venait me réveiller en pleine nuit, enfin en pleine journée pour lui, afin de s'abreuver de mon sang. Et vu que j'étais une humaine à moitié endormie et qu'il était un vampire en pleine forme, je n'avais pas trop les moyens de riposter. Enfin soit.

Le lendemain, la journée se passa lentement, comme depuis six mois. C'était un peu ma faute, en fait, car à part lorsqu'on me demandait de faire telle ou telle chose, je restais cloîtrée dans ma chambre. J'aurais pu aller prendre l'air dans le jardin, ou avoir quelques conversations avec d'autres esclaves, mais bizarrement ça me faisait encore plus souffrir. Je préférais rester enfermée plutôt que de sortir, car la tentation de fuir, je le savais, serait trop forte pour que je puisse y résister. Et j'étais parfaitement consciente que je ne saurais pas aller bien loin dans ma condition.

Le soir venu, je pris rapidement une douche, étant donné que les esclaves ne disposaient pas de l'eau chaude je ne m'attardais pas trop! Je m'empressai ensuite de me rhabiller, toute grelottante, et séchai mes longs cheveux bruns. Une fois que ce fut fait, je m'apprêtais à quitter ma chambre, mais quelque chose m'arrêta. J'hésitais. J'avais envie d'y aller, de retrouver Dimitri mais en même temps... Je n'étais pas certaine de sa sincérité et puis, les sentiments que je commençais à éprouver pour lui ne présageaient rien de bon. Je souffrirai. Encore. C'était égoïste, je sais, mais j'en avais marre d'être blessée, d'être triste, et de pleurer. Ce n'était pas entièrement la faute de mon maître si j'étais aussi malheureuse mais il restait un meurtrier, un vampire, et moi j'étais en train d'en tomber amoureuse. Il n'avait pas l'air de comprendre ni même de s'intéresser à ce que je ressentais. Il m'avait presque ignorée pendant des mois, je ne comprenais pas pourquoi il me portait soudainement de l'intérêt. Prenant une grande inspiration, j'essuyai rapidement les larmes qui roulaient sur mes joues du revers de ma main puis quittai ma chambre pour me rendre aux jardins. La nuit venait de tomber, le ciel était dégagé et laissait apparaitre, tout comme la veille, de scintillantes étoiles. Les yeux rivés vers le sol, je faisais attention où je marchais. Dimitri avait beau être un vampire et avoir une super vue de félin, moi, avec mes pauvres yeux d'humaine, j'avais du mal à distinguer les choses dans une telle obscurité. Je finis par relever la tête et m'aperçut que je me trouvais juste en face de mon maître.

- Bonsoir ...