Soraya & Alexian

La jeune femme était postée près de la fenêtre, bras croisés, fixant le soleil se coucher à l'horizon. Dans quelques minutes, les ténèbres allaient recouvrir toute l'île, laissant sortir les créatures de la nuit assouvir leur soif et accomplir leur méfait. Mieux fallait ne pas se trouver dehors si on n'était pas apte à survivre. Mais même en étant une bonne chasseuse, elle n'était jamais à l'abri de se faire avoir et de finir en steak. Ou pire encore, devenir esclave et être une continuelle poche de sang sur patte. Non, le fait d'être privée de liberté et réduit en esclavage était pire que la mort. Elle plaignait les humains qui vivaient encore sur l'île et qui n'avaient aucun cachette pour s'abriter. Elle se demandait combien d'humains avait survécu jusqu'à aujourd'hui. Étaient-ils nombreux ? Ou était-elle l'une des seules à survivre dans cette jungle hostile avec son frère ? Elle n'en savait strictement rien et à vrai dire, elle n'avait croisé que peu d'humains depuis qu'elle était arrivée sur l'île. Ceux qu'elle avait croisé, elle ne les avait vu qu'une fois, puis, plus rien. Sûrement morts ou capturés pour devenir esclaves. Elle n'en savait rien et ne voulait pas connaître la réponse à sa question. L'horreur était déjà partout, autant éviter d'y penser même si cela révélait être quasiment impossible. Elle se contentait de peu et qu'importe ce qui arrivait aux autres, il n'y avait que son frère et Nikholas qui comptaient sur cette maudite île. Tant qu'ils vivent tout les deux, elle pouvait dormir tranquillement. De nature individualiste, elle avait du mal à ne pas penser qu'à elle, justement. Elle voulait bien aider quand elle le voulait et quand il était possible de le faire, mais quand il était trop tard comme la capture d'un être humain, elle n'allait pas se jeter dans la gueule du loup pour le sauver. A moitié mort, cela n'aurai servi à rien qu'elle se sacrifie pour une personne qu'elle ne connaissait même pas ! Préférant la vie à la mort ou l'esclavage, elle n'hésitera donc pas à faire des choix plus que difficiles, mais nécessaires à sa survie ainsi qu'à celle des deux hommes. Traitez-là de tout ce que vous voulez, mais elle a bel et bien raison. Sur cette île maudite, mieux fallait préserver sa vie que tenter de jouer les super-héros ! Elle avait réussi à survivre presque huit mois dans cette jungle, faisant plusieurs aller-retour entre cette dernière et la ville. Un miracle ! C'est grâce notamment à ses compétences et à celles de son frère qu'ils ont pu survivre aussi longtemps. La prudence a aussi joué en leur faveur, évitant de sortir trop la nuit, n'allant qu'à des endroits peu fréquentés par les vampires. Ils avaient la carte de l'île en tête et les trajets de la plupart des vampires. Ils étaient des survivants, se battant pour sauver leur peau et quitter cette île. Jusqu'à quand tiendront-ils encore ? Soraya pensait souvent au moment où ils se feront capturer - si cela arrivait un jour -, et elle ne peut s'empêcher de ressentir de la colère mélangée à de la tristesse. Elle n'a pas peur de mourir, elle n'hésiterai pas à donner sa vie, elle n'en a rien à faire ! Mais le fait de savoir qu'elle n'était pas seule compliquée les choses. Le fait d'avoir son frère à ses côtés la poussait à redoubler d'efforts et de prudences. Certes, bien qu'inconsciente en générale, elle évitait de l'être sur cette île, du moins, elle diminuait ce fameux penchant bien fâcheux ! Car, si elle venait à se faire prendre, elle mettrait en danger Caleb et Nikholas et c'était cela le problème ! Elle ne pourra pas mourir en paix en sachant qu'elle laisse derrière elle deux partenaires ! A croire qu'ils ne sont plus rien sans elle... ce qui n'est pas tout à fait faux.


Elle laissa échapper un léger soupir, s'écartant de la fenêtre. Le soleil n'était plus présent et on pouvait admirer les étoiles du soir. Mais elle n'avait pas la tête à flâner, ni à rêver, pas son genre. Elle était préoccupée par autre chose. Elle commençait à faire les cents pas, mains posées sur ses hanches, marchant de long en large dans la cabane suspendu dans un arbre. Elle pensait en particulier à un vampire, Alexian. Ce dernier était un drôle de personnage, il fallait l'avouer. Elle avait fait sa rencontre pour la première fois en pleine jungle. D'un côté, on ne peut que trouver Soraya dans les parages. Elle avait complètement oublié de rentrer au refuge quand le soleil se mit à disparaître derrière les roches montagneuses de l'île. Elle avait profité d'une journée ensoleillée pour prendre l'air et ne plus penser à rien. Elle en avait besoin de ses moments de calme et de plénitude, même si elle ne montrait rien. Elle imposait toujours ce côté combatif aux yeux de tous. Voir qu'elle était sensible était impossible pour elle, mais aussi pour les autres. Elle devait se montrer forte, devenir pour une fois l'exemple de la famille. D'où le fait de toujours aller de l'avant, de prendre des risques, de protéger tout le monde. En clair, une guerrière ! Ou plutôt une kamikaze, selon le propre terme de son frère. Ainsi donc, se rendant compte qu'elle avait complètement oublié de rentrer à temps, elle se mit à courir à travers la jungle, sautant par-dessus les troncs d'arbres morts, évitant de s'empêtrer dans les lianes... Elle courait après le temps, tentant de le rattraper pour le dépasser, mais en vain. La jungle était vaste, il fallait plus que quelques minutes pour se rendre au refuge. Elle fût donc stoppée dans son élan par la silhouette soudaine d'un homme. Elle était encore loin de la cabane et elle se voyait déjà finir entre les canines de ce vampire. Elle n'avait qu'un couteau sur elle et à ce moment-même, elle s'était maudite de ne pas avoir pris tout son matériel. Elle allait mourir comme une merde, c'était le cas de le dire. Mais alors qu'elle s'attendait à ce qu'il saute sur elle pour lui pomper le sang, il ne fit rien, la contemplant plus qu'autre chose. Le trouvant plus que sans gêne, elle l'avait renvoyé sur les roses. Comme à son habitude, la diplomatie ne faisait pas partie de ses aptitudes. Et étrangement que cela puisse paraître, il était partie sans rien dire, laissant la jeune femme pantoise. D'un côté, c'était tant mieux pour elle. Cependant, elle avait attendu toute la nuit avant de rejoindre la cabane. Prenant le départ du vampire pour une ruse, elle s'était limite sacrifiée en restant dormir dehors, dans un arbre. Elle n'avait rejoint son frère qu'à l'aube, qui avait passé une nuit blanche en s'imaginant le pire ! Puis les jours passèrent et Soraya revit sans cesse le vampire. Courtois, charmant, respectueux, attentif... Bref, il était tellement bourré de qualités que cela en devenait très louche et dégoulinant de bonnes intentions, surtout venant d'un vampire ! Il ne lui a jamais fait aucun mal, mais Soraya s'en méfiait grandement. Un vampire reste un vampire et après tout, elle ne le connaissait pas.


Un bruit suspect se fit entendre aux pieds de l'arbre. La jeune femme s'arrêta immédiatement de marcher, retenant sa respiration, fermant les yeux et évitant de faire tout mouvements. Elle se concentrait sur le bruit, aux aguets. Une voix se fit entendre. C'était celle de son frère qui l'appelait à voix base, histoire de ne pas faire trop de bruits. Au moins, Caleb avait le talent de toujours rentrer à l'heure comparé à sa sœur. Soulagée, elle respira un bon coup, puis, fit descendre l'échelle en bois pour qu'il y grimpe rapidement. Avant qu'il n'arrive, elle s'était assise autour de la table, le regard quelque peu dans le vague. Elle repensait encore à Alexian et à ce maudit rendez-vous ! En effet, la jeune homme avait trouvé cela marrant de lui laisser un mot pour lui donner rendez-vous sans rien préciser de plus. Que lui voulait-il ? Pourquoi se donner rendez-vous ? C'était nouveau ça et Soraya n'aimait pas. Habituée à le voir en présence de son frère ou de Nik, ou même des deux, elle avait peu l'habitude de se trouver seule en compagnie d'Alexian. De plus, le fait de lui laisser un morceau de papier avec peu d'informations l'intriguait autant que cela l'énervait. Elle avait décidé de ne pas y aller. Mais plus les heures passaient, plus elle se posait des questions. Elle se demandait si elle devait y aller. C'était un vampire. Soraya était une humaine et même si elle était douée pour chasser la sangsue, elle n'était pas invincible, surtout face à un vampire. Cependant, Alexian ne lui avait jamais fait de mal alors, pourquoi lui en faire maintenant ? A moins que ce soit un jeu sadique de sa part ? Tenter de mettre en confiance avant de tuer la personne... Elle avait des doutes et cela la rongeait. Que faire ?


Elle prit alors le papier qui se trouvait dans la poche de son pantalon, jetant un dernier coup d’œil au mot avant de brûler le papier dans la petite flamme que contenait la bougie. Au moment où le papier se mit à brûler, Caleb fit son entrée dans la cabane, ayant finit de monter. « Toujours en vie ! » s'exclamait-il fier de lui, déposant ses armes et autres objets encombrant sur son lit. Il s'approchait de Soraya tout en s'étirant. « Tu n'as eu aucun problème durant mon absence ? » demandait-il, inquiet. La jeune femme lui adressa un mince sourire, en bougeant légèrement la tête en signe de négatif. Caleb semblait soulagé et partie à ses occupations. Soraya l'observa quelques instants faire. Dire qu'il était son seul frère, mais il était tout pour elle ! S'imaginer vivre sans lui était impensable. Rien qu'à cette pensée, cela lui déchirait le cœur. Elle souffla un bon coup, secouant la tête pour chasser ses pensées obscures. Se mettant rapidement debout, elle parcourue la cabane pour prendre ses armes dont sa fameuse ceinture où elle avait accroché des couteaux, de la verveine, un pieu et autres objets plus dangereux les uns que les autres pour les vampires. Elle avait décidé de s'y rendre et si jamais il prenait l'envie à Alexian de l'attaquer, elle aurait de quoi se défendre. Elle prit quand même le soin de tremper ses couteaux dans un mélange d'eau de vie et de verveine, suffisamment pour qu'ils s'en imprègnent. Voyant que Soraya se préparait, Caleb fit par de nouveau de son inquiétude. « Tu sors ? Tu vas où ? » La jeune femme ne répondit pas tout de suite, continuant à finaliser son équipement. C'est alors qu'elle sentit une main sur son épaule qui la forçait à se tourner vers le propriétaire. « Soraya... » souffla-t-il à cette dernière, la fixant droit dans les yeux. Elle le regarda un bref instant avant de prendre la parole. « Je vais faire un tour... on n'a plus rien à manger. » répondit-elle calmement. Après quelques instants d'hésitations, Caleb crût sa sœur. Il arrivait souvent à sa jeune sœur de sortir la nuit, ce n'était pas une première fois. Il la laissa donc faire, mais avant qu'elle quitte la cabane, il lui déposa un baiser sur son front. « Fais attention. » Il était toujours tendre et doux avec elle, ce qui l'a fit sourire. Un sourire plein de tendresse avant de hocher de la tête pour le rassurer. Elle ne voulait pas l’inquiéter.


Le temps passa rapidement, mais Soraya n'avait pas de montre à sa portée. Elle ne pouvait donc pas savoir à quelle heure elle devait se rendre au lieu de rendez-vous, ni même si elle était en retard ou en avance. Qu'importe, elle prendrait son temps. Tout le monde n'avait pas les objets basiques du quotidien telle une montre ! Depuis huit mois, Soraya se guidait en fonction du soleil pour deviner l'heure, approximativement. La nuit, c'était plus compliquée. Elle marchait donc hors des chemins battus, continuant sa route tout en restant méfiante. Arrivée au lieu de rendez-vous, elle pu apercevoir Alexian déjà présent. Elle soupira. « Que me veut-il encore... » chuchota-t-elle à elle-même, presque dépitée. Elle l'observa un instant avant de descendre la pente pour le rejoindre. Restant à une bonne distance, elle croisa les bras sous sa poitrine, l'air exaspéré quand il se retourna pour la regarder. Toujours ce regard bienveillant ! Elle se demandait pourquoi tant d'attention à son égard, mais surtout, elle ne méritait pas ça. Être aussi sympathique envers elle, elle n'en avait pas l'habitude. Il pris alors la parole, parlant de l'heure tardive de son arrivée. Il était plus de vingt-deux heures trente. Soraya se retint de rire, gardant son sérieux. « Je n'ai pas de montre... » commença-t-elle d'une voix calme. Elle le fixait, méfiante et sur ses gardes. Il avait beau être gentil avec elle, il restait un vampire. « Et puis, la ponctualité n'a jamais été mon fort. » finissait-elle amusée, aimant ses propres défauts. Elle marcha alors de long en large, gardant toujours la même distance entre eux avant de remarquer qu'il avait une rose dans la main. Elle leva un léger sourcil, perplexe. Que faisait-il avec une rose ? Puis elle déclara amusée et légèrement surprise. « Vous êtes venu me demander conseil en matière de cœur ? Désolée, mais vous n'avez pas frappé à la bonne porte ! » Elle pensait tout simplement qu'il avait un rendez-vous galant et qu'il voulait demander conseil à elle. Ce qu'elle trouvait encore plus louche. Elle cessa donc de marcher pour se tourner vers lui, recroisant ses bras sous sa poitrine, le regard confiant et ferme. Il était temps de connaître le motif de cette entrevue mystérieuse. « Bon... que voulez-vous ? Dépêchez-vous, je n'ai pas que ça à faire. » Toujours aussi aimable et patiente ! Percevez ici toute l'ironie ! Mais comprenez aussi qu'elle n'était pas forcément à l'aise de se retrouver seule face à un vampire et de ne pas savoir ce qu'elle faisait là, pour quelle raison. Elle n'aimait pas les surprises depuis qu'elle survivait sur cette île. De plus, elle n'était pas patiente, quel cocktail !

Soraya & Alexian

Apparemment, le vampire avait senti l'odeur de la jeune femme avant même qu'elle descende la pente. A croire ses dires, il lui aurai avoué un jour que son parfum corporel lui faisait penser à l'Orient, emprunt de voyage et de sensualité. Soraya ne pensait guère que l'humain avait une odeur particulière, propre à lui-même. Mais les vampires avaient cette faculté de sentir ce parfum inodore aux humains. Et chacun de ces derniers avait cette particularité physique, propre à lui. C'était son identité, son ADN. Pas étonnant qu'un vampire réussisse à suivre sa proie à l'odeur ! Elle était reconnaissable entre milles et rien ne pouvait y changer. Sauf si on s'approchait volontairement d'un putois ! Mais pour ça aussi, la jeune femme n'était pas sûre que ça réussisse à camoufler son odeur, peut-être un peu. Détentrice d'un parfum aux notes de fond douces, chaudes et ambrées, Soraya n'en avait pas l'impression. De toute façon, il n'y avait que les vampires qui pouvait le détecter. Les sens de l'être humain n'était pas capable d'une telle prouesse. La jeune femme en avait été gênée, voire très gênée qu'il fasse allusion à cela. Ce n'est pas tout les jours qu'on vous déclare que votre odeur est enivrante et ambrée, non, vraiment, personne ne s'attend à cela durant une conversation. Elle se souvient qu'elle avait vite changé de sujet de discussion, trouvant la remarque du jeune vampire déplacée – même si cela s'apparentait à un compliment. Depuis son arrivée sur l'île, la jeune femme ne portait plus de parfum. N'espérez pas trouver votre parfum dans un trou ou en ville, il n'y en avait pas. Elle devait se contenter des gels douches qu'elle pouvait trouver dans la cité. C'était largement suffisant pour elle et heureusement qu'elle pouvait se laver, ce serait le comble sinon !


Arrivée en bas de la pente, elle s'avança de quelques pas avant de s'arrêter à une distance suffisante à son goût. Jamais elle n'avait été en contact directe avec un vampire. Jamais elle n'avait était près de ce dernier, ni à côté. Elle imposait toujours une sorte de distance de sécurité. La seule fois qu'elle les touchait, c'était pour les exécuter. Rien de plus. La seule vampire qui avait eût le droit de l'approcher se nommait Umbrella. Une jeune succube pas expérimentée du tout, mais qui était tellement adorable que la chasseuse n'avait pu la décapiter ! Certes, cela lui arrive d'en avoir marre d'elle et de la prendre pour un boulet autant que son amie Opium, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'y attacher un peu plus chaque jour. Oui, Soraya a un cœur. De plus, la jeune succube était de bonne compagnie quand elle ne partait pas dans ses délires. Elle l'aidait à trouver de la nourriture, elle la prévenait quand un groupe de vampires approchaient... Elle était un peu une alliée dans ce monde hostile, même si elle n'était pas la plus douée des succubes, elle était sûrement la plus innocente. Ainsi donc, elle la laissait volontiers venir la voir même s'il lui arrivait d'en avoir un peu marre. Concernant Opium, c'était une autre histoire. Trop proche de son frère Caleb, elle voyait la jeune succube d'un mauvais œil. Cependant, elle la tolérait. Après tout,elle n'avait rien de méchant et elle aidait du mieux qu'elle pouvait les Grimm, tout comme Umbrella.

La belle brune observait alors le vampire, bras croisés sous sa poitrine, le regard méfiant. Il lui souriait. Il lui souriait toujours de toute façon, ce n'était pas une première. Pourtant, la jeune femme n'avait pas l'impression d'être d'une compagnie agréable. Souvent asociale, elle y mettait peu les formes pour être plus aimable. Surtout avec Alexian. Plus il était gentil avec elle, plus elle le repoussait comme si elle ne voulait pas qu'on soit gentil avec elle, justement. Comme si elle ne méritait pas d'être appréciée pour elle-même et ce qu'elle représentait. Comme si elle ne méritait pas le bonheur et l'épanouissement. Comme si elle fuyait la vie et ses cadeaux. Comme si le bonheur lui était tout bonnement refusé et qu'elle n'y avait pas le droit. Elle s'interdisait d'être heureuse, tout simplement. Pourquoi tant de dureté envers elle-même ? Elle se flagellait toute seule. Bon, certes, elle n'était pas non plus en constante fuite face au bonheur, elle le prenait volontiers à bras le corps quand elle le décidait. Mais elle refusait de recevoir la gentillesse et le bonheur de ceux dont elle ne voulait pas. Comme ce vampire... Elle ne voulait pas faire ami/ami avec lui. Elle ne voulait pas qu'il soit gentil, doux, adorable avec elle. Elle ne voulait pas non plus qu'il lui arrache la tête, mais simplement qu'il la laisse tranquille. Un vampire, qu'il soit bon ou mauvais, était toujours source de problème et de complication à venir. Ainsi donc, plus elle était loin d'eux, mieux elle se portait et se sentait en sécurité. Fréquentez un vampire, vous finirez forcément un jour en poche de sang ! Elle voulait éviter cela pour elle, mais surtout pour son frère, Caleb. Si elle se faisait prendre, elle mettait automatiquement Caleb en danger. Sans oublier qu'on pourrait remonter jusqu'à Nikholas qui été quand même un privilégié sur cette île. Protégés par le patron du Cursed Lair et par Rubis, elle ne voulait pas lui causer du tort, ni sa perte. Elle s'en voudrait terriblement. Elle n'avait donc pas le choix de rester loin des vampires, pour sa propre survie et celle des siens.


Toujours méfiante, elle pouvait cependant constater que la vampire se rapprochait d'elle doucement, mais sûrement. Par réflexe, elle fit quelques pas en arrière avant de se retrouver bloquée par cette fameuse pente qui lui avait permise de descendre. Elle râla contre elle-même. Elle n'aimait pas être mise au pied du mur, c'était le cas de le dire. Alexian ne se gênait donc pas pour continuer sa marche, réduisant de plus en plus la distance de sécurité. Il le faisait avec le sourire en plus ! Ça en devenait limite flippant ! Automatiquement, doucement, elle fit glisser sa main sur l'un de ses poignards qui se trouvait dans l'un de ses fourreaux, prête à s'en servir en temps voulu. Mais la réflexion qu'elle lui avait lancé sur les histoires de cœur ne lui avait apparemment pas plus. "Je ne suis pas venu vous demander conseils ma chère, je n'en ai pas besoin." Et il se vantait en plus. Soraya levait légèrement un sourcil, perplexe et sceptique. « Pourquoi êtes-vous là alors ? Avec cette... » elle fit un rapide geste de la main, las, détachée, pour désigner la fleur qu'il avait dans les mains. « ...rose... » Vu qu'il ne venait pas pour discuter des histoires de cœur, elle craignait sincèrement que cette rose soit pour elle. Jamais de sa vie on ne lui avait offert une rose ! D'ailleurs, les fleurs n'étaient pas sa tasse de thé. Elle redoutait cela. Limite si elle subissait une condamnation. Si cette rose était pour elle... cela pouvait représenter tellement de choses et elle ne voulait pas. Elle ne voulait absolument pas qu'on s'intéresse à elle, mais surtout pas un vampire ! Elle était vraiment mal à l'aise et encore plus quand Alexian repris la parole, confirmant les doutes de la jeune femme à son plus grand désespoir. "Nous ne sommes pas pressés, auriez-vous peur ? Pour commencer, acceptez ceci, cette rose est pour vous... Si, justement, Soraya était pressée et encore plus maintenant depuis qu'il lui tendait la rose. Elle avait l'impression de se retrouver dans un film d'horreur, qu'elle était la prochaine proie et qu'elle allait finir par se faire prendre. C'était ce qu'elle ressentait à cet instant, fixant la rose sans bouger, figée dans le temps. La jeune femme était limite tétanisée. Outre le fait qu'il lui tendait une rose, ce geste n'était jamais anodin. On n'offre pas une rose à son voisin, si vous voyez ce que je veux dire. Son cœur se mit à accélérer quelque peu, plus sous l’inquiétude que d'une émotion soudaine. Elle hésitait à approcher. Elle ne voulait pas la rose et s'il n'avait pas été un vampire, elle lui aurait tourné le dos en lui balançant des réflexions en pleine figure. Mais si elle refusait la rose, elle avait peur de la réaction d'Alexian. Il avait beau être gentil, il pouvait devenir colérique et impulsif, comme tout vampire sur cette île. Cessant de fixer la rose comme si c'était une immonde araignée, elle fixa le jeune homme, beaucoup plus méfiante dans le regard. Sa voix trahissait son inquiétude même si elle restait ferme. « Et si je refuse ? Vous m'arrachez la tête ?! » lança-t-elle moqueuse, voulant garder cette assurance qui la caractérisait. Elle lui lançait limite un regard de défi, comme pour lui montrer qu'elle n'allait pas se laisser faire facilement. Après plusieurs minutes – Soraya aimait faire traîner en longueur les choses -, elle s'approchait de deux, trois pas, hésitante et sur ses gardes. Son regard fixait tantôt Alexian, tantôt la rose. Elle surveillait ses moindres mouvements, prête à réagir s'il tentait quelque chose. Rapidement, d'un geste vif et sec, n'ayant même pas pris la peine de se rapprocher plus, elle tendit le bras pour lui ôter la rose et reprendre sa place initiale. Le vampire n'avait rien tenté, heureusement pour elle. Mais elle avait accepté la rose seulement pour éviter de le contrarier. On ne pouvait jamais prévoir la réaction d'un vampire, alors autant être un minimum courtoise. « Mais cela ne veut rien dire ! » rajouta-t-elle hâtivement pour prévenir le vampire, qu'il n'aille pas croire quoi que ce soit et s'invente des films. Son bras gauche longeait le long de sa cuisse dont sa main tenait la rose, la tête en bas. Elle repris donc la parole, inquiète, mais voulant connaître les raisons de cette attention. « Pourquoi cette rose ? Vous jouez à quoi là ? » demandait-elle d'une voix calme. Elle voulait rester sereine, mais ce n'était pas gagné. Même si elle le cachait bien, au fond d'elle-même, c'était un peu le chaos. Que lui voulait-il donc ?

Soraya & Alexian

Certes, elle n'avait pas été très douce en prenant la rose dans la main du vampire, mais elle craignait d'une entourloupe. Qu'il lui attrape le bras, lui plante les crocs... Bref, elle s'imaginait des scénarios par centaines. Elle savait très bien qu'il était gentil avec elle, mais avec toutes les atrocités qu'elle a vu sur cette île, elle ne pouvait pas faire confiance à un vampire, c'était au-dessus de ses forces. Elle les voyait comme des êtres immondes et sans cœur. Elle ne prenait même pas la peine de les connaître, elle se fermait automatiquement et gardait bien ancrée en elle tout ces préjugés. D'habitude ouverte d'esprit, sur l'île, elle faisait preuve de tout le contraire. Elle n'avait confiance en aucun inconnu et encore loin en un vampire. Le regard d'Alexian voulait tout dire. Il lui reprochait d'être si hostile à son égard, si distante, si brusque. Mais elle ne pouvait s'en empêcher, elle était comme cela. En aucun cas elle ferait preuve de plus de tendresse, elle était très loin de lui décrocher la lune. D'ailleurs, elle se demandait sérieusement ce qu'il lui voulait. Toutes ces intentions, elle ne savait pas quoi y penser. Elle tenait la rose dans sa main. Cela l'intriguait fortement autant qu'elle redoutait que cela ait une signification importante aux yeux du vampire. Dans son monde à elle, offrir une rose représentait plus qu'une simple petite touche d'attention. C'était synonyme de sentiments sincères, voire les prémices d'un amour fort. Dans leur monde à eux, les vampires, offrir une rose signifiait-elle la même chose ou cela était simplement un signe de politesse ? Elle ne savait plus sur quel pied danser. Elle jeta un rapide coup d’œil sur la rose. Elle était magnifique. Les pétales étaient grandes ouvertes, l'odeur enivrante. Le rouge flamboyant l'éblouissait. Elle s'étonnait même d'apprécier cela. Soraya n'avait pas l'habitude qu'on lui offre des fleurs, c'était même impossible. Enfin, hormis son frère Caleb, mais cela n'avait pas le même sens.


Elle détacha alors son regard de sur la rose pour le reposer dans celui d'Alexian. Il avait perdu tout son sourire, ce qui inquiétait quelque peu la jeune femme. Sans compter que son regard était dur. Elle savait que ses pics et ses remarques incessantes allaient finir par agacer le vampire. Elle le poussait à agir ainsi. Elle le cherchait et elle le savait très bien. Elle qui ne voulait pas avoir le moindre problème, elle ne s'aidait pas non plus en agissant ainsi avec un vampire. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, râlant intérieurement contre elle-même quand Alexian pris la parole. Son rire ne lui avait pas plus. "Pourquoi l'avoir accepté alors, vous pensiez vraiment que j'allais me rabaisser au point de vous faire du mal simplement parce que vous refusez un si modeste présent ?! Pourquoi Soraya l'avait accepté ? La réponse était simple pourtant, mais sûrement pas aux yeux du vampire. Elle avait accepté la rose pour éviter de le vexer, qu'elle se retrouve la tête détachée du reste de son corps. Mais pour cela, elle se retenait de le lui balancer. Il fallait qu'elle devienne plus courtoise. Elle respira un bon coup avant d'expirer, tentant de garder le contrôle. « Je l'ai accepté... comme ça. » Ni plus, ni moins. Elle lui avait répondu d'une voix calme, en haussant les épaules sans donner plus d'explications. Vous jugez bien vite les vampires que vous croisez ma petite, sachez que je n'ai rien à voir avec ceux qui vous menacent." Elle laissa échapper un rire amusé, presque énervée par ce qu'il venait de dire. Elle n'en revenait pas qu'il puisse lui dire ce genre de chose. Juger bien vite les vampires ? Ne se rendait-il compte pas de comment étaient ses congénères ? Elle avait l'impression qu'il se moquait d'elle, qu'il la faisait passer pour une ignorante sur le sujet. Elle se pinça les lèvres, serrant son poing droit, le regard dur. « Déjà, ne m'appelez pas « ma petite », ça a tendance à m'irriter. » répliquait-elle la voix tranchante tout en claquant sa langue contre son palais. Elle se mit à marcher de long en large tel un fauve en cage, retenant du mieux qu'elle pouvait son énervement. Elle ne détachait pas son regard de celui d'Alexian, voulant garder le contact. « Je juge les vampires comme ils sont ! Vous n'allez pas me faire croire qu'ils sont doux comme des agneaux ?! C'est aberrant ! » se mettait-elle à répondre d'une manière presque outrée, riant plus par nervosité que par réel amusement. Passant d'un geste las sa main sur son front pour relever sa mèche, fatiguée d'entendre de tels propos, elle repris. « Les vampires ne me sont d'aucune sympathie, plus je les évite, mieux je me porte ! » finit-elle par déclarer. Mais dans un élan d'énervement, elle se mit à avancer jusqu'à Alexian, oubliant de garder ses distances. Elle était tellement abasourdie par ses propos qu'elle devait régler ses comptes avec lui et comprendre pourquoi il tenait un tel discours. S'arrêtant juste en face de lui, le regard plongé dans le sien, elle le fixait sans détacher son regard, reprenant la parole d'une voix ferme. « Vraiment ? Vous n'avez rien à voir avec vos congénères ? Vous allez me dire que vous n'avez jamais planté vos crocs dans la chair d'une pauvre humaine ? » C'était plus une affirmation qu'une question, en réalité. Elle voulait entendre sa réponse même si elle la connaissait déjà. Il voulait se donner l'image du gentil petit vampire, serviable et chevaleresque. Mais Soraya ne pouvait y croire. Elle avait tellement croisé de monstres sur cette île qu'elle ne pouvait croire en la bonté d'un vampire. Cependant, elle ne voulait pas envenimer la situation. Elle baissa alors la tête, fermant les yeux pour reprendre son calme. Respirant et expirant un bon coup, elle releva la tête pour déposer son regard dans celui d'Alexian. Tout en croisant les bras sous sa poitrine, elle repris la parole, plus calme qu'auparavant. « J'ai tellement vu d'horreurs sur cette île... il n'est pas facile pour moi d'être compatissante envers votre espèce. Vous pouvez le comprendre ? » Sa voix était plus douce. Au fond, Soraya souffrait d'être si dure envers les autres, mais surtout envers elle-même. Déjà qu'elle n'était pas facile dans le monde réel, sur l'île, elle était devenue pire qu'une bête sauvage, aussi craintive qu'une biche, mais aussi féroce et courageuse qu'une lionne. Elle ne faisait confiance à personne et les scènes d'horreurs qu'elle avait pu voir l'avaient renforcé. Comment pouvait-on aimer les vampires alors qu'ils ne font que le mal autour d'eux ? Impossible aux yeux de Soraya, sauf si on en était amoureux d'un... Mais pour cela, c'était encore une autre histoire.


Il ne souriait plus, mais son regard était toujours chaleureux et bienveillant. Sérieusement, Soraya ne comprenait pas pourquoi il se comportait ainsi avec elle. Alors qu'elle se retrouvait juste en face de lui, il repris la parole. Elle n'avait jamais été aussi près d'un vampire, sauf d'Umbrella. Elle se sentait en danger tout comme elle se sentait sereine. Drôles d'émotions en un. "Ça n'a rien d'un jeu en réalité je l'ai trouvé sur le chemin et je me disais qu'une fleur vous plaira. Et j'espérais ainsi que vous seriez moins méfiante mais ça n'a pas totalement porté ses fruits." Il parlait de la rose qu'il lui avait offerte. Soraya pensait que tout cela était un jeu, une machination diabolique pour la prendre dans ses filets et la faire souffrir avant de la tuer. Apparemment non, mais seulement en apparence. Le fait qu'il soit un vampire la bloquait littéralement. Il continuait donc de parler. Elle l'écoutait dans rien dire. La belle brune avait l'impression de ressentir une certaine culpabilité. Était-elle allée trop loin avec Alexian ? Était-il si gentil et en aucun cas menaçant envers elle comme il le disait si bien depuis le début ? Elle affichait une légère moue, presque gênée. Étrangement que cela puisse paraître, elle ne voulait pas lui faire de la peine, surtout s'il était vraiment comme il se disait être. « C'est vrai que la rose n'a pas été très bien reçu... » répondit-elle d'une voix calme. « Et si... j'ai mes raisons d'être méfiante. » rajoutait-elle toujours calme, mais en soutenant fermement son regard pour lui faire comprendre qu'elle était toujours méfiante de lui. Elle s'était radoucie certes, mais elle restait tout de même sur ses gardes. C'était en elle, elle ne pouvait pas changer comme cela du jour au lendemain.


"Rassurez-vous, avec un vampire comme moi à vos côtés vous n'avez rien à craindre des autres. Vos jours ne sont pas en danger." Soraya resta quelque peu surprise. Il lui disait carrément qu'elle avait un vampire à ses côtés et que rien ne pouvait lui arriver. Ce qu'il oubli de mentionner, c'est qu'il n'était pas le seul vampire sur cette île. Comment pouvait-il la protéger des autres ? Surtout s'il était seul contre tous. Faisait-il partie de ces vampires qui ont été exclus de la société ? Ou était-il un vampire ayant un statut important dans le monde vampirique pour être aussi sûr de lui et affirmer une telle promesse. Car oui, Soraya prenait les paroles d'Alexian comme une promesse. Elle le regardait quelque peu perdue. Elle ne comprenait rien. Pourquoi elle ? Pourquoi voulait-il la protéger ? « Vous êtes en train de me dire que je suis en sécurité ? » demandait-elle surprise. Elle fit quelques pas sur le côté pour reprendre sa route, dépassant le vampire, continuant à marcher quelque peu. Elle réfléchissait et plus elle tentait de trouver des réponses à ses questions, plus elle se perdait dans les méandres de son esprit. Elle secoua la tête, tournant sur elle-même pour refaire face à Alexian qui s'était retourné pour ne pas la perdre de vue. « Soyez honnête... qui êtes-vous ? Pourquoi affirmez-vous que mes jours ne sont pas en danger si vous n'êtes pas un vampire important sur cette île ?! » Elle n'était point menaçante dans sa voix, elle parlait normalement comme si elle parlait à n'importe quel humain lambda. Soraya était intelligente, très même. Chaque parole qu'une personne pouvait prononcer, elle l'analysait rapidement avec soin. Décelant les sous-entendus et les indices qui pouvaient trahir la personne en question. Elle avait donc deviné qu'il jouait un rôle essentiel sur cette île ou encore dans le monde. Si ses jours n'étaient vraiment pas en danger, il devait y avoir une raison et Soraya voulait la connaître.

Soraya & Alexian

Soraya était quelque peu paumée, ne sachant plus quoi penser. Le fait de lui dire qu'elle était en sécurité à ses côtés l'a laissait perplexe. Elle se demandait si cela la rassurait de se savoir protégée par quelqu'un ou si ce n'était pas plutôt l'inverse ? Elle se demandait si elle n'aurait pas plutôt préféré ne pas être protégée. Car oui, ce n'est pas tout les jours qu'une créature de la nuit vous propose son aide. Habituée à se confronter contre eux, elle était plus que surprise de constater que l'un d'entre eux voulait simplement son bien. Il était vraiment étrange ce vampire... De plus, elle craignait de s'attirer des problèmes. Elle ne savait toujours pas qui il était et s'il faisait partie de ces vampires exclus, elle ne voulait pas s'attirer encore plus de problèmes qu'elle en a déjà. Courir, se cacher, se battre, chercher de la nourriture avant la tombée de la nuit, surveiller ses arrières, faire attention où on mettait les pieds, ne faire aucun bruit... Bref, le quotidien de la jeune femme n'était pas de tout repos. Depuis qu'elle est sur l'île, elle est devenue comme insomniaque, dormant très peu. Le fait d'être constamment sur ses gardes et que le danger rôdait, la faisait tenir en éveil. Il lui arrivait donc d'avoir une baisse d’énergie flagrante, obligée de rester au cabanon sous la surveillance et protection de son frère. D'ailleurs, il devait sérieusement se demander ce qu'elle faisait. Soraya n'avait pas de montre sur elle, elle ne pouvait pas savoir si elle avait abusé du temps qu'il lui avait accordé. Elle se pinça légèrement la lèvre inférieure, agacée. S'il venait à quitter le cabanon pour la rejoindre, il découvrirait qu'elle lui a menti et pire encore ! Elle pourrait très bien le mettre en danger. Il pouvait très bien croiser un ou plusieurs vampires sur sa route et sincèrement, Soraya ne voulait pas cela.


Elle respira un bon coup avant de poser sa question à Alexian. Elle voulait des réponses à ses questions. On dit souvent que la curiosité est un mauvais défaut, ce qui est parfois le cas. Mais il était utile et nécessaire d'être curieux. Sans curiosité, on ne s'intéressait à rien et aucune chose ne pouvait faire plaisir, ni même être intéressant à nos yeux. On restait dans l'ombre de l'ignorance, tout simplement. Se retournant donc pour lui faire face, elle osa poser la question qui lui trottait dans la tête depuis pas mal de temps. Elle retenait sa respiration comme si elle se préparait à plonger dans l'eau pour faire de l’apnée. Elle se préparait à entendre Alexian lui révélait la vérité sur sa véritable identité. Elle était nerveuse, mais pressée de tout savoir. Une légère brise se leva soudainement, caressant le visage de la jeune femme, faisant virevolter doucement sa longue chevelure auburn. Un frison la parcouru, happée par le froid soudain. En étant devenue plus calme, elle avait cessé d'être en colère et de bouger dans tout les sens. La tension retombée, elle pouvait sentir la fatigue faire quelque peu surface. Elle secoua légèrement la tête, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. En posant son regard de nouveau dans celui d'Alexian, il repris en même temps la parole. " Vous nous prenez pour des bêtes sauvages mais même nous les vampires vivons selon une hiérarchie stricte, nous ne sommes pas des barbares et nous savons vivre convenablement nous aussi. Si certains vampires se rabaissent à traquer les humains pour s'amuser, nous autres dans la haute société nous savons nous tenir, et nous sommes respectés des autres. Alors je vous le dis ma chère, avec un vampire comme moi à vos côtés vous n'avez rien à craindre ! Il s'était entre temps rapproché d'elle, plus avenant. Cependant, il gardait une certaine distance. Elle ne savait pas si cela était par crainte ou par correction, mais n'empêche qu'elle appréciait ce geste. « Ce serait bien de les tenir en laisse, ces 'fameux vampires' » suggérait-elle avec ironie. Puis, elle le regardait sans mot dire. Il parlait de hiérarchie vampirique. Que la façon d'agir des vampires était différente selon son éducation et son statut social. Ce qu'elle pouvait très bien concevoir, étant donné que c'était la même règle que pour les humains de ce monde. Selon son environnement, on grandissait autrement, avec d'autres principes, d'autres règles. Elle se demandait donc si ceux qu'elle avait tué depuis qu'elle avait fait ses premiers pas sur l'île n'étaient pas des sortes de marginaux. Ou des créatures sans principes moraux. Ce qui pouvait être fort possible, mais Soraya avait des doutes. Elle pensait sincèrement qu'en devenant vampire, on devenait un monstre à l'intérieur, changeant complètement notre personnalité et noircissant notre âme. Elle avait une vision très pessimiste et plutôt sombre sur la nature vampirique. Elle ne les enviait pas, ne les désirait pas. Elle pensait qu'ils étaient tous des êtres tourmentés ou entachés de vices. Pendant que certains haïssaient leur condition d'être vampirique, les autres en jouissaient ! Elle se demandait donc si les vampires pouvaient donc être vraiment civilisés. « Vous voulez dire que vous buvez le sang dans une flûte de champagne ? Ce genre de chose ? » demanda-t-elle perplexe, mais quelque peu amusée. Elle les imaginait tous guindés dans leur tenue du soir, adressant des centaines de sourires ultra-bright à tous les convives. Cela ne devait guère être bien différent des coincés du derrière du côté de chez les humains, hormis que les vampires avaient du sang à la place du champagne. Elle tentait de s'imaginer ce que pouvait bien être une soirée typiquement vampirique. Le problème, c'est que la seule image qui lui venait à l'esprit, c'était la décadence, les vampires profitant de la vulnérabilité des humains pour en abuser et les vider de leur sang. La jeune femme avait vraiment des pensées plutôt gore et morbides. Elle grimaça légèrement à cette idée. Elle n'arrivait pas à voir le côté positif de la chose. Être un vampire se résumait à ne plus être humain et à être condamné pour l'éternité à commettre les pires atrocités que la Terre ait connu.


Mais Alexian avait l'air bien différent. Le fait qu'il parle de hiérarchie laissait croire à Soraya qu'il était plus qu'un simple vampire. Un bourgeois ? Un aristocrate ? «Vous êtes quoi au juste ? » lança-t-elle intriguée. Elle l'observait, le détaillait plus attentivement pour trouver un indice qui pouvait lui révélait sa véritable identité. Elle avait remarqué qu'il était bien habillé, pas comme la majorité des vampires qu'elle avait croisé, tous habillés en haillons et crasseux. Cependant, elle ne l'avait jamais relevé. Elle repris donc la parole. « Un Duc ? Un Comte ? Un Vicomte ? » demandait-elle d'un air détaché, presque amusée de la situation. Ce serait très marrant de tomber sur un Comte ou autre, elle ne pourrait s'empêcher de retenir un rire. Si les titres de noblesse existaient toujours chez les vampires, elle en serait amusée. Elle repris donc sa marche, mains sur les hanches, longeant de droite à gauche, lentement. Elle aimait faire les cents pas cette petite. « Vous me dites si je brûle ? » s'amusait-elle à dire. A croire qu'elle commençait à se détendre. Elle se prenait au jeu, étrangement que cela puisse paraître. Elle aimait les devinettes aussi. Elle continuait donc dans ses réflexions, prenant dans ses mains l'un de ses poignards qui étaient attachés à sa ceinture. Elle vit alors le regard peu assuré du vampire. Elle souriait légèrement, son sourire était à peine visible. « C'est juste un moyen de me détendre... ne craigniez rien. » Sa voix était douce, presque comme le chant des sirènes. Son regard avait été perçant, persuasif. Au fond, elle aimait bien inspirer la crainte chez ses adversaires. Ce qui prouvait qu'ils n'étaient pas à l'abri du danger. Elle s'amusait donc à faire tourner le poignard dans ses mains, le bout de la lame touchant son index gauche. Elle marchait de long en large, tranquillement. Elle aimait avoir quelque chose dans les mains pour réfléchir, que ce soit un simple stylo ou un poignard, comme à ce moment-même. Les nuages commençaient à se dégager, laissant apparaître les rayons lumineux de la lune, faisant briller la lame qu'elle tenait dans ses mains. Éclairant au passage les visages des deux protagonistes. La peau du vampire était pâle et d'une blancheur absolument vampirique ! Le teint de Soraya était tout aussi diaphane. Elle aurait pu passer inaperçue dans la foule si elle n'avait pas eu cette touche de couleur et si son cœur ne battait plus. « A en juger par votre tenue... un bourgeois ? » finit-elle par dire en retenant un rire. Elle n'aimait vraiment pas les fils à papa, elle les trouvait trop coincés à son goût. Elle attendait donc qu'il lui réponde. Elle avait de nouveau croisés les bras, le fixant patiemment.

Soraya & Alexian

Le vampire venait de rire à sa remarque. Appréciait-il le fait de sa réflexion peu respectueuse envers ses semblables ? Il avait l'air d'approuver ce que la jeune femme disait. Il disait même ne pas appartenir à leur monde, qu'ils étaient des êtres peu scrupuleux, traquant les humains sans une once d'humanité. Le vampire se disait faire partie d'une autre catégorie, beaucoup plus élevée dans la hiérarchie vampirique. Il faisait partie d'un autre monde, beaucoup plus civilisé selon ses propres mots. Elle se demandait donc ce qu'il pouvait bien être, ce qu'il représentait au sein de la communauté vampirique, mais surtout, quel titre de noblesse il possédait. Car oui, il lui laissait croire facilement qu'il était un vampire hautement placé dans la société, d'où cette assurance peu commune. Soraya avait l'habitude de rencontrer des vampires se vanter, mais en aucun cas ils avaient la même assurance qu'Alexian. Ce dernier avait l'air bien sûr de lui et plus elle énumérait les différents titres de noblesse, plus il souriait. Il était limite ravis qu'elle se rapproche aussi dangereusement de la vérité. A croire qu'il voulait qu'elle sache réellement qui il était, ce qu'elle trouvait curieux. Il n'avait pas l'air de vouloir se protéger. Il voulait que la jeune femme connaisse tout de lui, à commencer par sa véritable identité. Elle appréciait cette transparence et cette franchise, tout comme elle trouvait cela très louche. La concernant, en aucun cas elle dirait quoi que ce soit de sa vie, de son passé. Elle a déjà une sainte-horreur de parler d'elle-même, alors parler de son passé, il n'y avait pas moyen. Osez vous aventurer sur ce chemin là et vous vous retrouverez face à un mur. Soraya plongée dans un mutisme tenace. Elle n'était pas facile à gérer. Ses proches lui disaient même qu'elle était une rebelle. Ceux qui ne la connaissaient pas, lui disaient simplement qu'elle était intenable ! Quant à son frère, il la voyait toujours comme sa petite sœur chérie. Ce qui amusait cette dernière. A croire qu'il ne cessera jamais de la surprotéger. Mais cela ne la dérangeait pas, enfin, ça dépendait des moments.


Ainsi donc, plus elle énumérait les titres de noblesse, plus elle sentait qu'elle se rapprochait doucement de la vérité. Prise soudainement dans le jeu, elle s'amusait à tenter de résoudre la devinette. Elle aimait les challenges et les relever ! Rien de plus excitant que de se jeter à bras le corps dans un défi, mais encore plus quand on réussissait. Cependant, elle était encore bien loin de la vérité, surtout en lui disait s'il était un bourgeois. La lumière de la lune venait éclairer la forêt, dévoilant un peu plus les deux protagonistes. Les traits étaient plus visibles, mieux dessinés. Soraya pouvait donc voir plus précisément le visage d'Alexian. Même s'il pouvait ressembler à n'importe qui, il possédait ce charme vampirique indéniable. Tout les vampires avaient ce « quelque chose » qui les rendait beaucoup plus beaux qu'avant leur vie humaine. Une personne banale devenait soudainement charismatique en étant un vampire. Cela était dû aux nombreuses armes dangereuses que possédaient un vampire. Hormis les canines, la vitesse, l'agilité, les sens sur développés... L'aura envoûtante qui émanait d'eux était sûrement la plus dangereuse de toutes ! Elle était capable de vous attirer dans son piège rien qu'en vous regardant, en vous parlant de sa voix cristalline. Oui, les vampires avaient ce don qui leur permettait d'attirer leur proie sans faire vraiment d'effort. Mais malheureusement pour eux, Soraya était assez rodée en la matière. Déjà peu apte à se laisser aller et séduire par un humain lambda, un vampire n'allait sûrement pas réussir. Déjà, parce qu'elle leur porte une haine tenace. Puis, parce qu'elle a déjà croisé une multitude de vampires et aucun d'eux ne l'a vraiment éblouie par sa beauté. Certes, elle n'était pas insensible, qu'importe sa force de caractère, le charme d'un vampire pouvait faire son petit effet, mais en aucun cas elle était hypnotisée. Elle était beaucoup trop forte pour se laisser happer par ce piège dangereux. C'est ainsi qu'en regardant Alexian, elle se rendit compte qu'il avait aussi ce même charme vampirique. Il affichait un sourire digne d'un acteur américain. Aucune ride, aucun défaut. Un vampire, tout en somme. Mais ce qui attira surtout son attention, c'était les yeux bleus du jeune homme. Elle a toujours était sensible aux yeux bleus. Son frère, Nik, maintenant Alexian... A croire qu'elle le faisait exprès, mais non.


Alors qu'elle continuait à marcher de long en large avec son poignard, elle vit subitement Alexian se rapprocher d'elle. Elle s'arrêta donc un instant, surprise de voir qu'il réduisait la distance. Mais elle ne disait rien, car, justement, rien dans son attitude laissait présager qu'il voulait lui faire du mal. Cependant, elle avait envie de le bouffer ! En effet, il s'était rapproché d'elle pour lui parler, mais aussi pour lui enlever le poignard qu'elle avait dans les mains. Premier contact physique. Sa peau était glaciale. Elle lui jeta un regard vif, mécontente. « Rendez-moi mon poignard ! » ordonnait-elle tout en essayant de l'attraper, mais Alexian avait rapidement rangé la lame. Elle eût un mini-choc, d'autant plus qu'il lui avait ôté des mains son bébé pour lui déposer un bijou qui scintillait de milles feux. Elle ouvrit de grands yeux surprises, tout en l'écoutant. " Bourgeois ? En parlant de Comte et de Duc vous étiez plus proche !" Elle fixait l'objet, sans bouger. Le seul son qu'elle pu sortir était un « Euuh » d'étonnement. Elle ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Elle fit donc quelques pas à l'écart du vampire, pour se positionner en pleine lumière. Levant le bijou vers la lune, elle pouvait ainsi contempler toute la splendeur de ce dernier. C'était une broche en or dont le cœur était sertie d'un saphir d'un bleu perçant. La broche avait la forme d'une fleur... elle plissait les yeux, concentrée sur l'objet... une fleur de lys, plus précisément. La lumière de la lune transperçait le saphir. Ce dernier brillait, déposant délicatement son reflet sur la blancheur de Soraya, l'éclairant d'une légère teinte bleue. Elle était comme envoûtée par ce bijou. Il fallait savoir que Soraya était très sensible à l'argent, à l'or, aux diamants etc... Bref, à tout ce qui brillait et qui avait de la valeur. Elle devait posséder tout cela. De plus, la jeune femme souffrait d'une forme de cleptomanie, la poussant à voler tout et n'importe quoi. Cela pouvait passer par une balle, un crayon tout comme cela pouvait être un bijou, un collier. Elle avait un penchant très prononcé pour le vol et elle aimait ça, fallait l'avouer. Depuis qu'elle était sur cette île, elle s'éclatait à dépouiller les vampires après qu'elle les ait tué ou tout simplement drogués en leur donnant du sang pas frais. Elle récupérait donc les objets les plus précieux et les pièces de monnaie. Grâce à à cette activité illégale, elle pouvait pénétrer en ville pour acheter ce qu'elle voulait, quand elle le souhaitait. Car oui, même avec de l'argent sur elle, elle ne pouvait s'empêcher de voler. Souvenez-vous, elle est un peu cleptomane sur les bords. Surtout qu'elle n'était pas seule dans cette activité illégale, mais elle le faisait en compagnie de Nikholas. Ce dernier était aussi très friand de l'argent et ensemble, ils aimaient dépouiller les vampires. Cependant, tout les deux plutôt radins sur leur butin, ils n'aimaient pas partager. Ce qui n'empêchait pas Soraya d'aller piocher dans sa réserve personnelle, ni vue, ni connue ! Enfin, presque...


Après avoir attentivement observé l'objet dans les moindres détails, elle se détourna de la lune, fixant toujours l'objet qu'elle avait au creux de sa main. "cherchez plus haut." Elle releva son regard vers Alexian suite à ces mots. Son regard était perdu, étonné. Soudainement, son visage peignait la surprise. Elle ouvrait de grands yeux, fixant le vampire sans rien dire. Elle venait de percuter l'information. Elle avait résolu la devinette, elle avait découvert son identité, elle savait. Oui, maintenant, elle savait ! S'il possédait ce bijou, ce n'était pas pour rien, hormis s'il l'avait volé comme elle qui avait l'habitude de le faire. Elle se rapprocha donc de lui, le frôlant de peu. Son regard observait toujours le bijou qui se trouvait dans le creux de sa main gauche. Elle ne pouvait y croire, elle ne pouvait le croire. Elle ne pouvait croire ce qu'elle avait découvert sans entendre la vérité de la bouche du vampire. Elle devait en avoir le cœur net. Elle releva donc son regard pour fixer celui d'Alexian. Elle était plus sûre d'elle. « Vous êtes français, il n'y a aucun doute. Vous appartenez à la monarchie française. » commençait-elle d'une voix assurée, lui tendant la broche d'or qu'elle avait en main. Cette dernière ouverte, elle incitait le vampire à la reprendre. Certes, elle avait envie de le garder pour elle, mais elle se retenait. Ce n'était pas bien, elle le savait. « Le saphir fait penser au Diamant Bleu de la Couronne. » continuait-elle, un petit sourire de satisfaction aux lèvres. Oui, les humains étaient cultivés. Après tout, elle avait parcouru le monde entier avec ses parents ambassadeurs. Elle avait découvert différentes civilisations, différentes coutumes et traditions. Chaque pays avait une histoire différente, très riche. Elle s'était nourrie de toutes ces années d'expériences et de découvertes, tout cela avant qu'elle ne tombe sur cette île, condamnée à y vivre sûrement jusqu'à sa mort. Les voyages lui manquaient cruellement, elle qui était une aventurière à la Indiana Jones. Elle avait donc appris l'Histoire de France en détail. D'où le fait que la broche d'Alexian lui faisait penser au Diamant Bleu, donc à la France. Elle hésita un moment avant de continuer. Elle se demandait si elle avait raison ou tort. De toute façon, le seul moyen de le savoir, c'est de demander. Elle pris une inspiration et déclara : « Vous n'êtes pas Roi, enfin, je suppose... un Roi ne quitte pas son pays ainsi... » Elle marqua un temps d'arrêt, observant les réactions du vampire avant de continuer. « Vous êtes... Prince ? » demanda-t-elle avec hésitation. Elle retenait sa respiration, attendant de prendre en pleine face la vérité. Tick Tock...

Soraya & Alexian

Si seulement elle savait ce qui se passait en ce moment-même dans la tête d'Alexian, elle prendrait sûrement peur. Heureusement pour elle qu'elle n'était pas télépathe, sinon, elle aurait pu lire en lui qu'il désirait la goûter. Enivré par son parfum aux senteurs orientales, le vampire rêvait secrètement de succomber à ses désirs, mais il se retenait. Ce qui était une bonne chose pour la jeune femme, même si elle ne se doutait pas un seul instant qu'elle était désirable et appétissante dans le premier sens du terme ! Depuis qu'elle vivait sur l'île, jamais Soraya ne s'était fait mordre. Aucun vampire n'avait eu le temps de lui planter ses crocs dans sa peau si diaphane, si fraîche. Et celui qui s'y risquait se retrouvait en un tas de cendres. C'était ce qui était arrivée à la plupart des vampires qui avaient voulu la croquer. Elle s'était défendue avec courage et force. Les haïssant du plus profond de son être, il était absolument impensable qu'on puisse la toucher, ni même tenter de lui sucer le sang. Aucun vampire n'avait réussi à la goûter et elle comptait bien continuer ainsi. Elle n'avait aucune trace de morsure dans son cou, ni sur ses bras, ni ailleurs. Quelques petites griffures dû aux nombreuses bagarres, mais rien de bien grave, ni d'irrémédiable. Soraya cicatrisait plutôt bien et vite. De plus, elle n'avait pas peur de se prendre des coups, ce qui faisait qu'elle n'hésitait pas à foncer dans le tas. Grâce à cette forme d'inconscience, peut-être, elle avait réussi à préserver sa vie. Celui qui lui plantera un jour ses crocs dans sa chair, il a intérêt à les avoir bien accroché car elle va fortement les arracher ! Elle ne faisait pas partie des petites natures fragiles et dociles, elle était tout le contraire. Plutôt mourir que d'être soumise, cet adage pourrait être sienne.


Elle s'était donc rapprochée de lui, le frôlant de peu. Elle en oubliait les distances de sécurité qu'elle s'imposait à chaque fois. A quoi bon après tout ? Il avait de lui-même cédé toutes les barrières et il n'avait pas été menaçant, loin de là même. Plus elle restait à ses côtés, plus elle le trouvait charmant. Ce qui l'agaçait quelque peu. C'était un vampire qu'elle avait en face d'elle-même et elle ne voulait ressentir aucune sympathie pour lui, ni pour quiconque. Si elle commençait à apprécier ce vampire, elle ne s'imaginait même pas ce qui pourrait lui arriver. Mais pour l'instant, on en est encore loin, Soraya appréciant la compagnie du jeune homme, sans plus. Elle avait contemplé longuement le bijou qui scintillait au creux de sa main. Elle en était sous le charme. Ce bijou était d'une telle beauté, sa forme était lisse, sa couleur éclatante et la pierre choisi était du meilleur goût. Sensible au saphir et à l'émeraude, la jeune femme trouvait cette broche d'or parfaite. Le vampire avait bon goût, elle ne pouvait le nier. Ainsi donc, après avoir observé attentivement la broche, elle s'était retournée pour rejoindre Alexian. Elle lui tendait le bijou, l'incitant à le reprendre. Elle avait flashé dessus, mais elle ne voulait pas le garder, du moins, elle ne pouvait pas, ce serait déplacé. Elle se voyait mal prendre l'objet, il ne lui appartenait pas. C'était assez curieux, car, d'habitude, elle ne se posait même pas la question. Quelque chose lui plaisait ? Elle le prenait sans demander l'avis de personne. Elle ne se gênait pas. Alors, elle se surprenait elle-même de ne pas tenter de le mettre discrètement dans sa poche ou de faire diversion. Elle voulait sincèrement le lui rendre. D'un côté, si elle le garder, ce serait risqué de sa part, le vampire étant juste à côté d'elle.


Paume de main ouverte, elle tendait son bras pour qu'il prenne la broche en or. Elle le regardait tout en émettant ses propres hypothèses. Elle était persuadée qu'il venait de France, l'un des plus beaux pays du monde, à son avis. La broche avec le saphir pouvait en attester. Elle aurait même pu le savoir bien avant, rien que par l'attitude du jeune homme, sa façon de se tenir et d'entretenir une discussion. Mais Soraya n'a jamais pris le temps de l'observer en détail. Leurs précédentes entrevues étaient généralement courtes et ils étaient rarement seuls. De plus, la belle brune ne faisait pas preuve d'amabilité envers lui. Elle était toujours brusque, hostile et sauvage. Une vraie lionne indomptable ! Alors qu'Alexian avait toujours était aimable et courtois. Parfois, elle se disait qu'elle y allait trop fort avec lui, mais c'était plus fort qu'elle ! Elle ne pouvait pas savoir à quel point elle était chanceuse que ce soit tombé sur lui. Un autre vampire lui aurait déjà arraché la tête rien que pour avoir osé l'offenser. Alexian avait dû l'être plus d'une fois, sûrement, cela ne faisait aucun doute, mais il avait toujours gardé son calme. Soraya était bien loin de faire preuve d'autant de plénitude et de patience. Elle démarrait toujours au quart de tour, impulsive comme elle est, il est impossible de la canaliser. Elle était comme une lionne non-apprivoisée qu'on avait libéré en pleine jungle, livrée à ses dépends. Imaginez donc le résultat. Laissez une femme d'une nature sauvage en pleine jungle, elle devient une Amazone ! Et c'était un peu le cas, elle était devenue une chasseuse en vivant sur cette île, car, guerrière, elle l'a toujours été tout au long de sa vie. C'est une battante, une téméraire. Être guerrière est un état d'esprit, pas une qualité. C'est forcément ce tempérament de feu qui l'a aidé à survivre sur cette île et a préserver sa vie. Alors, cette douceur dont elle faisait soudainement preuve devant le vampire était inhabituelle. Elle était – presque – détendue. Elle n'avait pas l'habitude d'être totalement calme, ni sereine. Elle était toujours sur ses gardes, mais en présence d'Alexian, elle se surprenait à se détendre un peu plus et ça, depuis la toute première fois qu'ils se connaissaient.


Quand elle suggéra enfin qu'il pouvait être un Prince, l'expression du vampire changea, laissant apparaître un large sourire de satisfaction. Elle venait donc de trouver ! Elle n'en revenait pas ! Les yeux emplit d'étonnement, elle lâcha un léger soupir de stupeur. Elle était abasourdie par la nouvelle. Elle allait reprendre la parole, mais fût de nouveau interrompu par Alexian, plutôt très entreprenant cette nuit. Dans un élan tendre, il avait pris la main de Soraya pour la refermer doucement de ses deux mains. Il emprisonnait ainsi la broche au creux de sa douce main. La peau d'Alexian était froide, contrastant avec la chaleur qu'elle pouvait émaner. Elle eût un léger frison par ce contact glacial, ses muscles se raidissant. Un mélange d'émotions montaient à la surface. Elle était à la fois surprise par ce geste, gênée par ce contact physique et quelque peu sensible à son élan. Même si elle était gênée, elle trouvait ce contact agréable. Surprise de ressentir cela, elle retira sa main de celles d'Alexian, rapidement, mais doucement, elle ne voulait pas être brusque. De toute façon, au même moment, comme s'il avait senti venir la chose, il avait dénoué son emprise, ouvrant ses mains pour laisser celle de Soraya s'échapper. Elle posa alors sa main fermée sur sa poitrine, la droite tenant son poignet gauche, gênée. Elle le regardait sans rien dire. Elle n'avait pas fini d'être surprise ! "Et bien maintenant je peux me présenter à vous comme à n'importe quelle autre aristocrate. Je suis Alexian Frederic Des Combes, Prince de France. Alexian, tout heureux de pouvoir enfin se présenter, prenait plaisir à cette tâche. Il venait de lui faire une révérence, ce qui fit sourire la jeune femme. Amusée et abasourdie, elle laissa échapper un rire nerveux, se moquant de lui gentiment. Elle n'arrivait pas à réaliser, d'où le fait de cette nervosité soudaine, les nerfs lâchaient. Elle avait du mal à encaisser la réalité. Elle se pinçait les lèvres, tentant de retenir son rire. Elle se repassait plusieurs fois la scène à l'esprit et se remémorait les paroles du vampire. Soraya qui avait toujours voulu connaître qui il était, avait maintenant la réponse ce soir. Elle ne s'y attendait vraiment pas et ne savait plus vraiment comment réagir. « Vous me dîtes que je suis en face d'un Prince ? Un vrai de vrai ? Un Prince qui m'offre un bijou et qui me fait la révérence... Et moi je suis la Reine d'Angleterre ! J'ai l'impression d'être sur une autre planète, je vais me réveiller ! » déclarait-elle abasourdie, complètement paumée. De ses deux mains, elle avait pris ses cheveux sur sa tête, n'en revenant pas. Elle faisait de nouveau les cents pas, ne regardant même plus Alexian, limite si elle ne l'avait pas oublié. Si son frère avait été présent, il aurai fait une crise cardiaque. Non, il aurai d'abord tué le vampire avant de faire une crise cardiaque. Elle s'arrêta alors, tentant de reprendre son calme. Limite si elle n'était pas plus angoissée de connaître son identité que de rester dans l'ignorance. Était-ce une bonne chose pour elle maintenant ? Le fait de savoir qu'il était Prince, cela n'allait-il pas lui attirer des problèmes ? Elle ouvrit alors des grands yeux, stupéfaite. Elle tourna alors la tête vers Alexian, angoissée. Elle s'avança rapidement vers lui, prenant à son tour la main de ce dernier pour lui déposer la broche. Elle força le geste, l'obligeant à fermer sa main sur le bijou qu'elle convoitait. « Je ne peux pas accepter... c'est trop. » Elle ne voulait pas avoir de problème. Si on la retrouvait un jour avec cette broche, elle finirait en chair à pâté. « Enfin, j'ai très envie de la garder, elle est très jolie, j'adore votre broche, vraiment ! Très bon goût, quel raffinement ! » Soraya déblatérait un flot incessant de paroles, ne sachant comment se justifier tellement elle était sous l'emprise de la panique et de l'étonnement. Elle tentait de lui expliquer ses raisons, pour tenter de ne pas le vexer. Elle posa alors ses deux mains sur son front, fermant les yeux. Durant un long instant, elle cessa de parler pour reprendre son calme. Inspirant et expirant doucement, sa poitrine se soulevait en même temps que sa respiration. Expirant un dernière fois, elle souleva de nouveau ses paupières pour regarder le Prince dans les yeux. Main sur une hanche, l'autre main toujours posée sur le front, elle repris la parole, presque fatiguée par cette entrevue. « Ce que je veux dire, c'est que... je risque d'avoir des problèmes si je garde la broche... » commençait-elle d'une voix calme, le regard soutenant le sien. « Et... le pire... c'est que je vous crois... » continuait-elle, laissant apparaître un mince sourire sur ses lèvres, gênée certes, mais elle tentait d'y mettre un peu de douceur. « Si mon frère savait cela ! Il s'en arracherait les cheveux ! » finissait-elle dans un rire, soufflant un bon coup. Elle ne s'y attendait pas à celle-là. « So... dois-je vous faire aussi la révérence ? Je vous préviens, je ne la ferais pas ! » finissait-elle par déclarer amusée. Elle était plus que surprise de se retrouver face à un Prince, mais elle trouvait cela quelque peu fascinant. Elle avait l'impression de replonger son nez dans ses livres d'histoire, même si ce Prince était un vampire, ce qui changeait pas mal la donne.

Soraya & Alexian

Soraya avait déjà du mal à encaisser la vérité, mais ce qui la rendait encore plus perdue et déboussolée, c'est la réaction d'Alexian. Pourquoi riait-il d'une manière aussi moqueuse ? Si pour lui, il était normal de dire qu'on était Prince dans son monde, dans le sien à elle, il n'y avait rien de normal ! A part la Reine Elizabeth et toute la fratrie et autres contrées, la jeune femme n'avait pas l'habitude de croiser du sang royal à chaque coin de rue. Alexian était le premier. Certes, il était un vampire, mais il restait cependant de sang royal. La jeune femme n'était pas très à cheval sur les règles et aimait bien les transgresser, mais étrangement que cela puisse paraître, elle avait un certain respect pour la hiérarchie monarchique. Passionnée d'histoire depuis sa plus tendre enfance, elle ne pouvait qu'aimer cela. Cependant, n'allait pas croire qu'elle allait devenir obéissante parce que le vampire est Prince et qu'il est justement un homme de pouvoir. Elle est intenable cette petite ! Elle n'écoute qu'elle-même et parfois son frère... quand elle le souhaite. Elle tentait donc de rester courtoise et agréable, prenant même plaisir à s'amuser un peu. Il fallait dire qu'elle faisait un sacré effort. Elle ne voulait pas simplement paraître désagréable, du moins, continuer à l'être. Elle tentait d'être avenante et sympathique, mais le ton moqueur du jeune homme eût le don de la fermer comme une huître. Elle se demandait sérieusement ce qui pouvait le faire rire ainsi. Son comportement ? Sa façon d'expliquer les choses ? Il est vrai qu'elle n'avait pas été très cohérente dans ses propos, déblatérant des mots bout-à-bout sans aucun sens logique. Mais soit, elle n'avait pas aimé qu'il se moque d'elle. Elle avait l'impression qu'il la prenait pour l'ingénue de service. Elle ne voyait vraiment pas en quoi être prudente était porteur de moqueries. Elle ne voulait tout simplement pas avoir de problèmes, que ce soit avec son frère ou tout simplement un vampire de passage. Imaginez donc qu'un vampire tombe sur elle et sur le bijou qui est en sa possession ? Imaginez que ce vampire soit assez cultivé pour comprendre que ce bijou n'a rien d'anodin ? Et bien, la jeune femme serait dans les problèmes jusqu'au cou, surtout si la sangsue pense ou prévient tout le monde qu'une humaine est en possession d'un bijou de famille du Prince Français ! A ce moment-là, elle imaginait le flot de vampires venir la décapiter ou la traiter de voleuse ou autre. Elle partait dans ses délires. Elle secoua alors légèrement la tête pour chasser ces pensées grotesques et croisa les bras, ne daignant regarder le Prince. La tête tournée, le regard mécontent, il l'avait quelque peu vexé.


"Je ne vous force à rien ma chère, nous ne sommes pas encore du même monde ! Il venait de lui parler, mais la jeune femme ne le regardait toujours pas. Elle était quelque peu sur les nerfs. Elle était sur ses gardes depuis le début, attentive au moindre mouvement. Elle devait surveiller ses arrières aussi. Elle pensait en même temps à son frère qui n'était pas au courant de cette entrevue. Elle pensait aux possibles vampires qui pourraient débarquer en une seconde. Elle tentait de garder son calme face à la situation, de retrouver ses esprits après la révélation d'Alexian sur son statut. Elle tentait, oui, elle tentait depuis le début de se contrôler, de ne pas se laisser happer par la fatigue. Mais elle était fatiguée, nerveusement parlant. La nuit continuait à défiler et elle avait de plus en plus froid. La fraîcheur était bien présente et la température était tombée en flèche. Et ce n'est sûrement pas le vampire qui allait la réchauffer, vu qu'il était aussi glacial qu'un mort ! Oui, quel jeu de mot, merci. Elle était tellement contrariée, qu'elle ne fit même pas attention à ce qu'il lui avait dit. Sinon, vous pouvez être sûr qu'elle aurait réagi. Elle était encore ailleurs. Cependant, elle fût attirée par le scintillement de la broche, que de nouveau, le vampire lui tendait. " et ne vous inquiétez pas pour cela, ce n'est pas un grand bijou de famille ! Vous pouvez le prendre il ne vous fera aucun mal si ce n'est vous ébloui! Elle y jeta un léger coup d’œil, curieuse et envieuse. Elle se demandait si elle devait vraiment le prendre, mais Alexian avait l'air de vraiment insister. Après tout, elle ne lui avait pas forcé la main. Elle ne l'avait pas volé. Elle resta alors quelques minutes de plus dans son mutisme avant de laisser échapper un long soupir las. Elle tourna alors le regard vers Alexian, l'air peu amusé avant de déclarer : « Puisque vous insistez... je veux bien... » Elle s'avança alors vers lui pour lui prendre délicatement la broche en or qu'elle mit au creux de sa main. Elle la contemplait quelques instants, un léger sourire aux lèvres. Elle le mit alors dans un petit sac en cuir qu'elle avait autour de la ceinture, adressant un mince sourire à Alexian, en signe de remerciement. « Après tout... si j'ai des problèmes, je saurai où porter plainte !  On ne sait jamais, ça peut mordre ! » lança-t-elle amusée. Et voilà qu'elle plaisantait aussi. Sûrement la fatigue.


« Bon... je pense que je vais rentrer... enfin, façon de parler.» riait-elle légèrement en regardant Alexian avec douceur. Elle dépassa alors le vampire pour continuer sa route droit devant elle. Elle comptait rentrer au refuge et écourter la conversation. Mais elle s'arrêta subitement, au moment-même où elle frôla le bras d'Alexian. Le regard soucieux. Elle affichait cette fameuse ride du lion qui montrait qu'elle réfléchissait et qu'elle se posait des questions. Elle tourna alors la tête vers le vampire, l'expression soupçonneuse et surprise. « Comment ça nous ne sommes pas encore du même monde ?! » déclara-telle étonnée. On pouvait sentir une certaine nervosité. Que voulait-il dire par là ? Au départ, elle n'avait pas réagi à ce qu'il lui avait dit, mais en y repensant, elle avait des doutes. Comme si elle allait se prendre une claque une nouvelle fois. Elle voyait au loin un nuage sombre s'avancer pour fondre à n'importe quel instant sur elle. Façon de parler, mais c'était une image qui résumait bien le moment présent. « Vous parlez du fait que nous ne sommes pas dans le même bateau ou... » Elle s'arrêta un instant, les yeux écarquillés. Elle recula de quelques pas, surprise. On pouvait lire l'angoisse dans son regard. « Ne me dites pas que... » Elle voulait se mettre à crier, courir, qu'importe, pour relâcher toute cette pression qu'elle avait en elle. On pouvait la sentir sur ses gardes, de plus en plus méfiante. Elle avait du mal à prononcer le mot qui était sans nul doute celui de la vérité!

Soraya & Alexian

Plus les secondes passaient, plus on pouvait sentir l'angoisse de la belle grimpait en flèche, lentement, mais sûrement. S'étant reculée de quelques par prudence, elle tentait d'analyser au mieux la parole d'Alexian. Elle se repassait inlassablement la même phrase en tête, tout en fixant les moindres faits et gestes du vampire. Elle le voyait donc se gratter la tête comme s'il était gêné, dans l'embarras, comme si ce qu'il venait de dire allait lui porter préjudice. Ce qui n'était pas faux, vu à la rapidité à laquelle Soraya réfléchissait en ce moment-même. Il ne lui faudrait pas longtemps pour découvrir les réelles intentions du vampire. La seule question était de savoir qui allait être le premier à le dire. La jeune femme observait l'homme faire donc les cents pas. Elle leva légèrement son arcade sourcilière, quelque peu perplexe et amusée. Voici qu'il commençait à lui piquer ses tics ?! A croire que faire les cents pas était une forme de contagion. Pour Soraya, c'était un moyen de réfléchir et de mettre ses pensées au clair. Ce que devait sans doute faire le vampire, vu son attitude soucieux de trouver une solution. Il venait de se mettre dans l'embarras tout seul et il tentait de s'en sortir. Il en oubliait même la présence de l'humain, enfin, c'est ce que ressentait cette dernière sur le moment. Elle en profita alors pour reculer doucement de quelques pas encore. Dans son esprit, elle s'apprêtait à quitter les lieux discrètement, à pas de loup. Elle ne voulait pas se faire remarquer et vite partir pour trouver une cachette. Laisser Alexian seul avec ses pensées ne la dérangeait guère. Ce qu'il lui avait dit lui faisait plus peur qu'autre chose. En effet, suite à la fameuse parole « nous ne sommes pas encore du même monde » du vampire, la belle brune avait subitement repris ses automatisme. De nouveau sur ses gardes, de plus en plus méfiante, elle allait finir pas devenir hostile comme au début si Alexian ne se dépêchait pas de donner des explications. Elle était une lionne sauvage. Tentez de l'apprivoiser, mais si vous ne garder pas le contrôle, il est facile qu'elle reprenne ses droits et encore plus difficile de s'en approcher de nouveau. A cet instant, c'était ce qu'elle était. Elle commençait lentement à se refermer sur elle-même, prenant une attitude de plus en plus guerrière et très loin d'être détendue. Elle hésitait à porter sa main à sa ceinture, signe évident qu'elle allait imposer l'hostilité et peut-être une confrontation que elle-même ne souhaitait pas. Sur ce, elle se contrôler pour ne pas se laisser happer par l'envie de prendre une arme en main, rien que par sécurité. Le vampire pourrait prendre cela pour une attaque alors que la jeune femme ne ferait cela que par simple prudence. Elle serra donc son poing droit, non par colère, mais pour éviter de saisir un couteau ou même un pieu. Elle tentait de contrôler sa respiration tout en fixant toujours le vampire qui faisait les cents pas. Dès qu'elle le pouvait, elle reculer à chaque fois de quelques centimètres, discrètement. Pour l'instant, le vampire n'avait pas eût l'air de remarquer sa petite stratégie subtile d'évasion.


Pendant ce temps, Soraya réfléchit aussi rapidement que possible à ce qu'il avait dit. Elle avait tout de suite compris que cela n'avait rien d'anodin. On ne sort pas ce genre de phrase si on avait pas quelque chose d'autre à rajouter ou une arrière-pensée. Elle voyait le coup venir. Plus elle réfléchissait, plus elle avait cette évidence qui lui venait naturellement à l'esprit. Mais elle ne voulait pas l'accepter. Elle niait carrément ce qu'elle pensait. Elle savait au fond d'elle-même qu'elle avait résolu l'énigme, qu'elle connaissait le sens véritable de la phrase, mais elle ne voulait le dire, elle ne pouvait le dire. Par peur, peut-être, d'implanter cette idée saugrenue dans l'esprit du vampire qui en avait certainement pas pensé. Mais qu'importe, à un moment donné, si Alexian ne se décidait pas à tout lui révéler sur ses véritables intentions, Soraya prendrait les grands moyens et l'obligerait à faire face à la vérité ! Soudainement, le jeune homme avait cessé de faire les cents pas. La belle cessa alors de reculer alors qu'il tourna son regard vers elle, affichant une expression sereine et curieuse. La belle brune l'observait sans rien dire. Vu la distance qu'elle avait subitement imposé, le vampire s'en était sûrement rendu compte. Passé d'à peine quelques centimètres de lui à plus de trois mètres, oui, il y avait de quoi remarquer cette distance soudaine et volontaire. La jeune femme ne disait rien, faisant mine qu'elle ne l'avait pas fait exprès. On aurait dit la petite fille de son enfance, affichant la même expression quand elle faisait une bêtise et qu'elle jouait à l'innocente. Alors, Alexian déclara : " Qu'est ce que cela signifie pour vous ? " Soraya reste quelques instants muette, ne s'attendant pas à ce qu'il lui pose ce genre de question. Elle pensait tout simplement qu'il allait tenter d'argumenter, de trouver des excuses ou de lui dire simplement la vérité, mais non. Il employait un subterfuge pour tenter de prêcher le vrai du faux. Avec un hameçon de mensonge, on pêche une once de vérité, c'était bien connu. Elle l'observa alors en détail, prenant son temps pour réfléchir à ce qu'elle allait répondre. Elle croisa elle aussi ses bras sous sa poitrine, fixant Alexian, se mordillant légèrement l'intérieur de ses lèvres. Elle était en pleine réflexion. En réalité, elle redoutait de lui faire partager son idée, de ce qu'elle pensait vraiment. Mais à un moment donné, il fallait bien se lancer et Soraya ne manquait pas de courage à ce niveau-là. Elle respira un bon coup avant de répondre calmement, même si on pouvait sentir un léger agacement. « Ce que cela signifie pour moi ?! » finit-elle par dire quelque peu surprise, même presque choquée. « C'est assez simple... » Elle marqua un temps d'arrêt, affichant un air calme même si elle était de plus en plus nerveuse. « Vous comptez... me transformer en l'une des vôtres ! » lâcha-t-elle rapidement d'un seul coup comme si elle venait de se libérer d'un bombe accrochée à elle. On pouvait lire la crainte dans son regard dès qu'elle avait osé dire ce qu'elle pensait réellement. Elle souffla un bon coup, presque soulagée avant de reprendre sa respiration, en attendant que le vampire réagisse à ce qu'elle avait dit. Elle savait au fond d'elle-même qu'elle avait raison. Le vampire ne pouvait pas se défiler ainsi. Il pouvait peut-être trouver un autre subterfuge, mais ça ne passerait plus auprès de Soraya. Peut-être avait-elle tort aussi ? Mais elle en doutait fort. Alexian voulait la faire devenir une créature de la nuit, elle le craignait fortement. Par contre, si cela était bien le cas, elle ne connaissait pas encore les raisons. Elle se demandait même s'il n'était pas complètement cinglé ! Elle ? En vampire ? Il a lu Mickey ou quoi ? Même pas en rêve et surtout pas elle ! Elle se voyait vraiment mal dans la peau d'un suceur de sang, non, c'était inimaginable pour elle.


Voyant qu'Alexian ne répondait toujours pas, elle lui força quelque peu la main, impatiente. « Bon... continuez à être honnête jusqu'au bout ! Ai-je raison ou tort ? » Elle avait déclarait cela comme une sorte d'ultimatum, comme si le juge allait rendre son verdict. Plus elle y pensait, plus elle se demandait sérieusement ce qu'il pouvait lui trouver s'il comptait la faire devenir l'une des leurs. Elle finirait par tous les massacrer, ce serait un avantage d'être doté de capacités vampiriques pour tuer les vampires ! Mais elle le pensait alors qu'elle était toujours humaine, à voir maintenant ce qu'il adviendrait si elle devient un jour une vampire, mais pour cela, il va falloir courir très loin et très longtemps. Ce n'était pas prévu, ce ne sera jamais prévu ! Jamais elle n'a pensé à cela ! Elle commençait sérieusement à angoisser en même temps qu'elle s'énervait, mais elle gardait tout cela en elle, laissant seulement transparaître une attitude calme et méfiante.

Soraya & Alexian

Le temps passait et la jeune femme se posait sérieusement des questions. Elle attendait qu'Alexian lui réponde, mais apparemment, il n'était plus si pressé que cela de lui confier ce qu'il avait sur le cœur... ou en tête. Il avait l'air d'hésiter de plus en plus. Il réfléchissait alors que Soraya levait légèrement son arcade sourcilière, perplexe. Bras croisés sous sa poitrine, elle assistait à la scène sans vraiment quoi penser. La seule chose qui la préoccupait, c'était de connaître la vérité et que le vampire avoue enfin ce qu'il pensait. Elle tentait au mieux de garder son calme, mais à l'intérieur, c'était un tourbillon d'émotions ! Angoisse, inquiétude, énervement, fatigue... Tout se mélangeaient, se croisaient et fusionnaient ensemble, pour finir par faire un concentré explosif, faisant de Soraya une bombe humaine à retardement ! Elle n'allait pas tarder à craquer, mais comment ? En criant ? En s'énervant ? En pleurant ? En tuant ? Personne ne pouvait le savoir, même pas l'intéressée. Elle se savait d'une nature rebelle et explosive, mais en aucun cas elle pouvait prédire ses réactions, justement poussées par son impulsivité légendaire qu'elle avait encore du mal à gérer. Elle était tout simplement intenable ! Une vraie tête de mule saupoudrée d'une tête brûlée ! C'est sûr qu'à ses côtés, vous ne risquez pas de vous ennuyer, ni même de souffler. Intenable, oui. Même son frère avait du mal à la gérer, même si elle était plus encline à l'écouter. Mais quand il n'allait pas dans son sens, elle n'en faisait qu'à sa tête, quitte à le provoquer. Alors imaginez donc ce qu'elle ferait devant des inconnus ?! Soraya était et est un électron libre. Difficile alors de la contrôler, de la canaliser.


Pour ce qui est de canaliser ses émotions, Soraya faisait preuve d'un calme olympien remarquable, même surprenant. Alors que c'était plutôt les montagnes russes au fond d'elle, elle pouvait constater que le Prince avait d'étranges réactions. Elle ne l'avait vu jamais aussi... tendu ? Il n'était pas comme à son habitude : sûr de lui, confiant, souriant. Non, il était bien différent. Il paraissait plus... humain ? Ou plus vulnérable ? Ou n'était-ce qu'une stratégie de sa part pour amadouer la jeune femme ? Qu'importe, cette dernière assistait à une scène bien irréelle, mais pourtant comique à ses yeux. Ce qui eût le don de lui faire apparaître un mince sourire à peine visible sur ses lèvres rosées. Elle le trouvait presque charmant, ce qui était vraiment irréaliste ! Il commençait à avoir de drôles de tics. Il semblait vraiment nerveux. C'était très étrange de voir un vampire dans cet état, Soraya n'en avait pas l'habitude. Elle croisait sans cesse des vampires bourrins qui avaient souvent le visage fermé et quand ce ne l'était pas, c'était même tout le contraire : la gueule ouverte ! Pour vous dire que la jeune femme n'a pas croisé des gens aimables depuis qu'elle est arrivée sur cette île, concernant les vampires en tout cas. Le seul qui a vraiment été charmant avec elle depuis le début alors qu'elle s'est comportée comme une peau de vache, c'était bel et bien Alexian. Ce même Alexian qui se trouvait justement devant elle et qui avait des expressions bien humaine. C'était bizarre de voir un vampire si... humain ? Il n'avait vraiment pas l'air d'être comme ses contemporains. Il n'était pas froid, ni hostile, ni dangereux, aux premiers abords. Toutefois, il fallait rester prudente, même très prudente, on ne pouvait pas savoir à qui on avait affaire en face de nous. Même devant la personne la plus gentille du monde, il pouvait y avoir une part d'ombre en elle, comme pour n'importe quelle personne dans ce bas monde. La jeune femme y connaissait quelque chose. Elle avait cotôyé des gens pas très fréquentables, avait parfois traîné dans des magouilles ou encore acceptée des missions à risques pour des mafieux et autres. Elle n'avait pas vu la beauté du monde, elle avait vu ses travers. C'était sûrement cela qui l'a rendait si sauvage au quotidien. Le monde était cruel, elle se protégeait donc de ce parasite.


Elle continuait donc à observer ce fameux vampire qui ne faisait que remuer dans tout les sens, ayant du mal à dissimuler ses émotions. C'était assez marrant à voir, dans le sens où ça le rendait plus humain, donc plus gentil, si on pouvait le dire ainsi. Il était nerveux et son anxiété sautait automatiquement aux yeux de la jeune femme. Elle avait touché la corde sensible, elle le savait. Elle était satisfaite tout comme elle appréhendait le moment où il ouvrirait la bouche pour lui annoncer la vérité. Elle se préparait psychologiquement à recevoir une bombe en plein visage. De toute façon, Soraya s'imaginait toujours le pire, comme ça, elle n'était pas déçue, ni effrayée quand cela était moins pire. Elle attendait... encore... encore... et toujours jusqu'à perdre patience et lui forcer la main. Elle le hâtait à se dépêcher. Elle avait l'impression de se retrouver face à un collégien qui tentait de répondre correctement à la question du professeur. Elle pensait sérieusement à s'enfuir, c'était le cas de le dire. De partir loin, très loin, même si elle savait que sa fuite en avant n'allait pas la mener bien loin ; Si Alexian avait décidé de lui parler, de la garder ou autre, il arriverait en cinq secondes devant elle pour la stopper dans sa démarche. Le seul moyen qu'elle avait d'échapper à un vampire, c'était, soit de parler tranquillement entre adultes responsables – ce qui était rare quand on croisait des vampires affamés -, soit, de se battre ! Soraya avait souvent choisi cette dernière option, souvent sous la contrainte. Elle n'avait pas le choix, c'était soit elle, soit le suceur de sang qui y passait. La réponse n'était donc pas compliquée à trouver. Bon, elle avoue aussi qu'elle y prenait plaisir à répandre en cendre un vampire, mais elle n'allait pas s'en vanter, surtout pas devant un Prince de France ! Ce serait pire que suicidaire !


Soudainement, alors qu'elle élaborait un plan d'évasion dans son esprit, elle vit Alexian s'arrêter brusquement de marcher, fixant de nouveau la jeune femme. Elle le fixait à son tour, ne bougeant toujours pas. Vu son regard et son fameux sourire, il avait trouvé une solution sur la façon d'aborder le sujet. Elle avait l'impression qu'il s'aventurait sur un chemin sinueux et que, inévitablement, il allait l'entraîner avec elle. Ce serait le comble ! "tout d'abord, sachez que je ne vous force à rien." Cela commençait bien... D'un côté, si on connaissait bien Soraya, on ne la forçait jamais à rien. C'était elle qui décidait, on ne pouvait pas lui forcer facilement la main. Il préparait déjà le terrain pour lui annoncer une nouvelle qui semblait de plus en plus effrayante aux yeux de la jeune femme. Elle croyait sincèrement qu'il allait confirmer ses dires, ce qui signifiait qu'il souhaitait, effectivement, la transformer en vampire. Quelle joie ! Appelez les amis, sortez le champagne et faites péter les confettis, un jour spécial est arrivé ! Soraya en vampire, prochainement sur vos écrans ! Bref, elle continuait à le fixer d'un air concentré. Elle ne voulait pas perdre une miette de ce qu'il lui disait. "Je suis un Prince comme vous l'avez si aisément remarqué..." Elle affichait un sourire ironique, regardant ses ongles d'un air détaché. « En effet... j'ai eu le temps de digérer la nouvelle... enfin, je tente. » Elle cessa de l'ignorer pour reposer son regard dans le sien. « Et alors ? » demandait-elle d'une voix calme. Il est vrai que se présenter de nouveau n'allait pas faire avancer les choses. C'était comme une façon de rassurer la jeune femme, comme pour lui dire qu'en étant Prince, il avait un certain statut et qu'il allait lui annoncer une nouvelle digne de son rang ! Qu'allait-il lui annoncer ? Soraya commençait vraiment à avoir la migraine à force de réfléchir. "Je ne vous veux aucun tort, bien au contraire, du fait de mon statut j'ai le pouvoir de vous libérer de cette île croyez l'ou non !" La jeune femme resta quelque peu surprise suite à ce qu'il venait de lui avouer. Elle n'avait pas tort concernant le statut, mais elle ne se doutait absolument pas qu'il suggère une possible évasion de cette île. Rêvait-elle ou il lui proposait qu'il pouvait la faire quitter l'île comme bon lui semble ? C'était donc cela qu'il voulait lui annoncer ? Lui faire quitter l'île ? Elle n'en revenait pas. Elle avait l'impression qu'il lui mentait, qu'il se moquait d'elle. Mais au fond, elle espérait de toutes ses forces qu'il soit honnête avec elle. Il l'avait toujours été depuis le début, pourquoi cela changerait-il cette nuit ? Mais aussi, pourquoi avait-il attendu tout ce temps si son seul but était de lui faire quitter l’île ? Elle se rapprochait alors doucement de lui, sans pourtant le rejoindre, mais réduisant la distance avec prudence. Elle s'avançait, sur ses gardes, totalement perdu par ce qu'il venait de lui annoncer. « Vraiment ? Vous voulez me faire quitter l'île ? C'est pour cela que vous prenez des gants ? J'ai du mal à le croire ! » continuait-elle de plus en plus sceptique. « Vous... allez le faire ? Me faire quitter l'île ? » finissait-elle par demander avec une certaine crainte. On pouvait sentir tout l'espoir refaire surface. Cet espoir si longtemps disparu, elle le retrouvait à cet instant-même. Elle avait du mal à le croire, mais pourtant, elle souhaitait du plus profond d'elle-même qu'Alexian soit honnête. Mais surtout, qu'il lui fasse quitter l'île. C'était assez étrange, car, elle souhaitait quitter l'île comme elle voulait y rester. Elle appréciait grandement le goût du risque, cette liberté totale, sans règle, ni d'ordre à suivre. Elle créer ses propres règles. Et même si elle survivait parmi une horde de vampires assoiffés de sang, elle appréciait, d'un certain côté, ce danger permanent. Cela la tenait en éveil, elle avait l'impression d'être plus vivante et que justement, elle appréciait davantage sa vie éphémère, ce qui la faisait encore plus précieuse à protéger et à apprécier.


Tout en continuant à garder espoir, elle écoutait Alexian continuait sur sa lancée. Ce qui annihilait complètement et définitivement tout l'espoir qu'elle avait partiellement retrouvé. "dire que j'ai le dessein de faire de vous l'une des nôtres est vrai, vous voulez que je sois honnête et je le serais. Je vous trouve intéressante, bien plus que vous le pensez mademoiselle. Cela eût l'effet de la refermer comme une huître, le regard ne pétillant plus. Elle n'avait donc pas tort, il voulait la transformer en vampire, mais pourquoi ? Pourquoi la transformer au lieu de la dévorer comme ses congénères ? Le regard totalement perdu dans le vague, embué par l'incompréhension la plus totale, elle le fixait sans le faire. Elle était ailleurs, totalement assommée par la nouvelle. Elle avait du mal à respirer, sa tête commençait à tourner. Elle se tenait le ventre, prise soudainement de nausées. Que lui arrivait-il ?! Elle était totalement chamboulée et effrayée par cette nouvelle fracassante, improbable, irréelle. Soraya... une vampire ? Elle tentait de reprendre ses esprits, elle fermait les yeux et souffla un bon coup. Les paupières toujours fermées, elle adressa la parole à Alexian, avec difficulté. « Comment ça intéressante ? Je ne suis pas d'intéressante... Pourquoi ? » Sa voix se brisa sur le dernier mot, l'empêchant de continuer à parler. Elle avait la gorge bloquée par l'émotion, l'improbable révélation qui lui faisait monter les sanglots jusqu'à sa gorge. Mais elle ne voulait pas pleurer, elle ne pouvait pas. Ce n'était pas dans son caractère de pleurer, elle faisait partie de ces personnes qui ne pleuraient presque pas et montraient rarement leurs sentiments. Elle respirait comme elle expirait, lentement, mais avec difficulté. Elle retenait tout ce qu'elle avait en elle. Elle s'était à moitié assise contre un arbre, mains posées sur ses genoux, regard fixé sur le sol. La jeune femme tentait de remettre de l'ordre dans son esprit. mais ne vous méprenez pas sur mes intentions, elles ne sont pas mauvaises loin de là ! Je ne veux pas faire de vous n'importe quel vampire... " Elle voulait rire, mais ne pouvait pas. N'y avait-il rien de mal à transformer une humaine en vampire ? Aux yeux de la jeune femme, si. Il souhaitait depuis tout ce temps la transformer en l'une des leurs. Il avait ce projet funeste dans son esprit. De plus, il précisait qu'il ne voulait pas faire d'elle n'importe quelle vampire vivant sur cette misérable île ! Y avait-il donc une différence entre les vampires ? Un vampire restait un vampire, que voulait-il dire par faire d'elle une vampire plus que spéciale? Elle se releva alors de l'arbre dont elle s'était adossée pour s'approcher d'Alexian. Une explosion d'émotions s'entrechoquaient en elle tel un tourbillon infernal ! « Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi voulez-vous me transformer en vampire ? Je suis une chasseuse, je tue vos semblables, j'ai du mépris pour eux et vous voulez que je sois comme ces derniers ?! Vous voulez me maudire, c'est ça ? » commençait-elle à s'emporter avec un certain self-control. On pouvait sentir les sanglots dans sa voix, mais rien n'apparaissait sur son visage, hormis la rage et l'incompréhension, la peine et la souffrance. Soraya... si on apprenait vraiment à la connaître, on pourrait alors constater qu'elle était une femme à multiples facettes et riche intérieurement. Derrière cette image de guerrière qu'elle imposait sans cesse et ce qu'elle était, elle cachait au plus profond d'elle-même la petite fille de six ans qui n'a jamais oublié la mort de son oncle. Elle a grandi avec ce traumatisme, la rendant sûrement plus barge suite aux nombreuses péripéties de sa vie. Elle n'avait pas eut une vie facile et encore moins depuis qu'elle s'était crashée sur cette île. Elle avait l'impression que l'univers entier voulait l'achever, rien que par cette dernière révélation. Après avoir vécu une vie en tant que marginale, elle allait finir par être transformée en vampire ? Pourquoi ? Où était la logique dans tout cela ? Elle était damnée avant l'heure.


Cependant, il ne fallût pas attendre longtemps avant qu'Alexian lui révèle enfin le pourquoi du comment à toutes ces questions. "Il existe dans mon pays une tradition qui oblige les enfants du Roi de se lier à un mortel. Dans son esprit, tout apparaissait comme une évidence. Il devait se lier à une humaine... elle ? Elle était presque en train de défaillir, suspendue à ses lèvres pour connaître la vérité. Peut-être que sous la détresse et la beauté de sa souffrance, le vampire n'avait pas pu laisser durer le suspens. "en clair je veux faire de vous Soraya Grimm, une Princesse de France ! Dernier coup de massue, elle chavirait. Elle recula de quelques pas, fixant toujours Alexian avec frayeur, le visage décomposé, peignait par l'incompréhension. « Moi ? Une Princesse ? » Sa voix était chevrotante, brisée. Elle commençait soudainement à trembler. Elle se retourna alors rapidement, se dirigeant à l'opposé du vampire pour reprendre ses esprits. Elle se méprisait de réagir de cette façon, d'être aussi faible. Mais comment pouvait-on réagir après une telle nouvelle ? N'importe qui aurait eu la même réaction que Soraya, tout dépendait la vision qu'on avait des vampires. Certains auraient réagi avec violence, d'autres avec joie, tandis que les derniers, avec peur et souffrance. Soraya faisait partie de ces derniers. Longtemps dos au vampire, elle tentait de se concentrer, de regagner son calme même si ce n'était pas facile. Après une grande inspiration, elle se retourna lentement vers Alexian, étrangement calme. Le regard dur, le visage fermé et limite sévère, elle fixait Alexian du regard, les poings serrés. « Depuis combien de temps avez-vous cette idée honteuse de me transformer ? C'est pour cela que vous êtes si adorable avec moi ? Pour m'amadouer ? Me manipuler ? Depuis le début, vous me mentez ! » Elle se persuadait toute seule qu'Alexian avait été gentil avec elle simplement pour la manipuler et rien que pour cela, elle ne le supportait pas. Elle le pensait réellement sincère parce qu'il l'appréciait pour ce qu'elle était. Elle le voyait comme toutes les personnes qu'elle avait rencontré dans sa vie et qui avaient toutes tenté de la changer. Alexian se rajoutait dans le même panier. Étrangement que cela puisse paraître, elle était déçue. Pourquoi ? Elle se surprenait à l'être... peut-être qu'au fond, elle appréciait le vampire même si elle montrait le contraire.


Elle fit donc demi-tour, tournant le dos à Alexian. Elle voulait partir et c'était ce qu'elle faisait. Ne prenant même pas la peine de demander l'avis de ce dernier, d'être respectueuse et autres manières pompeuses de la politesse, elle voulait tout simplement quitter les lieux sur le champ ! Alors qu'elle partait en sens inverse, s'enfonçant dans la jungle, elle fût soudainement stoppée par un vampire planté à quelques mètres devant elle. S'arrêtant subitement de marcher, elle fixait ce malotru avec mépris. Elle n'était vraiment pas d'humeur et l'arrivée de ce suceur de sang fit exploser la jeune femme. « Dégage de mon chemin avant que je t'arrache les tripes sale merde ! » maudissait-elle entre ses dents, le regard méprisant. Alexian n'était pas loin et de là où il se tenait, il pouvait assister à la scène. Soraya n'avait pas totalement quitté l'endroit du rendez-vous, elle ne s'était pas encore engouffrée dans cette jungle hostile, restant à l'orée de cette dernière. « Et bien ! On est de mauvaise humeur ma jolie ?! » se moquait-il allègrement, la contemplant d'un regard alléché, déplacé. Il jeta alors un coup d’œil vers Alexian. Apparemment, il ne devait pas savoir à qui il avait à faire vu de la façon dont il lui adressait la parole. « C'est ton dîner ? Si tu veux, on partage ? Elle est tellement appétissante et j'ai les crocs ! » Ni une, ni deux, il fit sortir ses longues canines. Soraya avait envie de lui fracasser la tête contre un rocher, mais vu dans quel état elle se trouvait à cet instant, elle n'était vraiment pas apte à se battre correctement et même si c'était le cas, elle se retrouvait dans un piteux état à la fin. La jeune femme fit alors quelques pas en arrière alors que le suceur de sang avançait d'un pas menaçant. En position de défense, redevenant la jeune femme guerrière et forte, elle sortie un long poignard qui étincelait sous les rayons de la lune. La lame était imbibée de verveine et d'eau de vie, une mixture qui était fatale pour les vampires. Elle lui lançait un regard de défi. « Vas-y ! Lance-toi ! » le provoquait-elle avec aplomb. C'est alors que le vampire plongea soudainement sur la jeune femme... mais la sangsue ne s'attendait sûrement pas qu'Alexian – le vampire qu'il ne connaissait absolument pas – intervienne...

Soraya & Alexian

Soraya provoquait volontairement le vampire, ce qui n'était pas très intelligent. D'habitude, elle n'était pas ainsi, elle faisait beaucoup plus preuve de prudence et d'intelligence qu'en ce moment-même. Ce comportement suicidaire était provoqué par l'entrevue avec Alexian. Ses révélations l'avaient totalement chamboulé, c'est le cas de le dire. Elle ne savait plus quoi dire, quoi penser, comment réagir. La seule solution qui lui venait à l'esprit était de partir. Oui, quitter les lieux au plus vite. Elle ne voulait pas rester plus longtemps à ses côtés, à l'écouter parler et raconter ses projets. Des projets qu'il comptait mettre en œuvre, mais pas sans elle. Cette dernière faisait partie de ses plans. Il voulait faire d'elle une vampire. Il voulait la transformer pour en faire l'une des leurs. Non par pur plaisir de transformer n'importe qui, ni parce qu'il faisait partie de ces collectionneurs du coin qui aimait changer les humains en vampires ; mais parce qu'il avait décidé de faire d'elle une vampire pas comme les autres. Elle aurait pu devenir une simple vampirette lambda, ayant pour un maître dont il ferait d'elle son infant ou tout simplement livrée à elle-même. Non, Alexian avait bien décidé de l'élever dans la hiérarchie vampirique. Il souhaitait la transformer pour en faire une Princesse, rien que ça ! Et pas seulement une Princesse, mais celle de France ! Ce qui signifiait qu'il voulait qu'elle règne à ses côtés. Ce qui impliquait forcément tout le reste. S'il voulait en faire sa Princesse, elle deviendrait automatiquement sa femme et c'est vraiment cela qui déstabilisa soudainement la jeune femme, complètement abasourdie par une telle révélation. Pourquoi voulait-il la prendre pour épouse ? Était-il amoureux d'elle ? Elle en doutait fortement et n'y croyait pas de toute façon. Il était impossible qu'on puisse être amoureux d'elle, encore moins un vampire. Elle n'avait pas cette prétention de dire qu'elle avait attrapé un vampire dans ses filets, c'était même tout le contraire. S'il était réellement amoureux d'elle ou simplement attiré, elle en était fortement désolée. Soraya n'était pas une romantique, une fleur bleue. Elle n'était pas attirée par les rendez-vous galants, ni les dîners aux chandelles surtout si on faisait preuve de mièvrerie en face. Le pire dans tout cela, c'était que si l'homme était de ceux qui avaient toute la panoplie du parfait romantique, elle ne pouvait pas l'aimer. C'était assez étrange. Elle n'était pas comme toutes ces femmes qui étaient désespérément à la recherche de l'amour et couraient les dîners et autres rendez-vous pour trouver chaussure à leur pied. La jeune femme fuyait tout cela, elle n'en voulait pas. Cela lui tapait plus sur le système qu'autre chose. Non qu'elle était une femme coincée, aigrie et tout ce qui va avec, c'est seulement qu'elle ne comprenait pas comment on pouvait aussi facilement fondre pour un homme. Il lui faut du temps, de la confiance. Elle n'arrive pas à s'ouvrir, elle trouve cela trop douloureux. L'amour est synonyme de souffrance, tout comme l'attachement. D'où cette perpétuelle barrière qu'elle s'impose à chaque fois. Elle ne veut pas tomber dans les méandres de l'amour et se perdre. Elle pense que cela peut être un frein, tout comme cela peut être une motivation. Elle le sait avec Caleb. Certes, ce n'est pas de l'amour pure qu'elle ressent pour lui, mais l'amour fusionnel d'une sœur. Quand il était en danger, elle ne pouvait s'empêcher de le secourir. Quand il était peiné, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Quand il était joyeux, elle ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était ainsi et pas autrement. Soraya ne pouvait pas réprimer ses sentiments pour son frère, elle savait que quoi qu'il lui arrive, elle serait toujours présente pour lui. Et donc, forcément, elle est au courant que s'il lui arrivait malheur, elle ressentirait une grande douleur, indéfinissable. C'est pour cela qu'elle évitait de trop s'attacher aux gens pour éviter, justement, de souffrir d'une potentielle séparation dû à la mort, à l'éloignement ou à la haine. La belle brune prenait des risques au quotidien, elle se mettait souvent en danger. Mais concernant les sentiments, elle prenait peu de risque, là est tout le paradoxe de cette dernière. Elle serait prête à sauter d'une falaise, mais pour oser dire « Je t'aime » à un homme, elle serait limite paralysée ! Elle était donc difficile à comprendre et la plupart du temps, on ne prenait même pas la peine de la connaître. On ne lui donnait jamais sa chance. Suite à cela, il était forcément certain qu'elle ne soit pas très démonstrative. Surtout si elle avait en face d'elle un romantique qui réclamait sans cesse des attentions, des câlins et autres choses. Soraya n'était pas comme cela, elle avait du mal et elle n'allait pas jouer l'hypocrite pour faire plaisir à la personne. Donc, forcément, l'homme ne tentait jamais plus, se rendant bien compte qu'il avait en face de lui un mur en béton, mais surtout, qu'il n'était pas assez patient pour la percer à jour. D'un côté, cela ne la dérangeait pas, on lui fichait la paix comme ça ! Elle n'avait pas à s'expliquer, à rendre des comptes à qui que ce soit. Mieux faut vivre seule que mal accompagné, cela pourrait être son adage. Au fond, le jour où elle tomberait sincèrement amoureuse, elle serait capable de grandes choses, de tout donner et d'aimer sans aucune retenue, ni gêne. Soraya est une femme passionnée, mordante, fonceuse ! En amour, elle le sera, forcément. Sauf que pour l'heure, elle était bien loin des sentiments amoureux, elle était même bien loin d'être amoureuse de qui que ce soit. Peut-être était-elle une romantique refoulée ? Cela restait à voir...


Donc, plus que le fait de devenir Princesse – ce qui amusait plus la jeune femme qu'autre chose – c'était la perspective de devenir la femme d'un vampire, en même temps d'en être une ! Sans compter que cela devait passer automatiquement par le mariage... ce qu'elle détestait ! Oui, Soraya n'était vraiment pas la jeune femme innocente et naïve, croyant à l'amour et aux belles promesses basées sur des « toujours » ! Elle n'avait jamais rêvé de se marier, de trouver un mari, de fonder une famille, de pouponner, de cuisiner et de littéralement se faire chier en tant que femme au foyer et mère de famille ! Non, vraiment et sincèrement ,ce n'était pas pour elle ! Elle trouvait cette vie tellement banale et insignifiante qu'elle ne voulait absolument pas s'y aventurer, ni y mettre un seul pied ! Elle voyait le mariage comme une prison dorée. Le mariage est une place assiégée... ceux qui y sont veulent en partir et ceux qui n'y sont pas veulent en faire partie...Quant à Soraya, elle ne voulait ni l'un, ni l'autre. Elle n'a jamais été mariée et n'a pas pour projet de le devenir prochainement. De toute manière, la mariage, ce n'est pas pour elle et encore moins avoir des enfants et leur changer les couches ! Si vraiment Alexian cherchait la petite femme parfaite, il était vraiment mal tombé avec Soraya ! Déjà, elle n'était pas une femme facile à apprivoiser, ni à influencer ! Alors, si en plus elle refusait tout ce qui était lié à l'engagement, il ne risquait pas d'aller bien loin avec elle. Peut-être que si elle osait lui révéler son opinion sur le mariage, il la laissera tomber ? Sans pour autant lui arracher la tête au passage, mais la laisser simplement tranquille ! Si Dieu existe vraiment, qu'il entende sa prière ! Laissez-la tranquille !


Son envie de la faire devenir vampire pour qu'elle soit sa Princesse, l'avait mise alors dans un état atroce. Elle ne se reconnaissait plus tellement elle était secouée par cette nouvelle. Elle avait donc pris l'initiative de quitter les lieux, de partir loin, qu'importe si Alexian la rattraper ou pas, elle n'y pensait même pas, la seule chose qu'elle désirait, c'était de fuir loin, le plus loin et le plus vite possible. Partant donc en sens inverse sans demander son reste, elle fit face à un autre vampire. Il s'était posté devant elle, ne bougeant pas d'un cil, l'observant avec amusement. Il avait faim et cela se voyait dans son regard. Ce qui eût le chic de mettre la jeune femme hors-d'elle, se défoulant littéralement sur le vampire. Elle avait besoin de libérer toute cette pression. Elle avait évité de le faire sur Alexian, elle s'en allait en partie pour cela. Mais quand elle tomba nez-à-nez avec ce suceur de sang qui ne pensait qu'à la dévorer, elle craqua ! Déversant toute la haine qu'elle avait pour eux et toute la rage qu'elle contenait. Elle n'avait vraiment pas envie de perdre son temps, de discuter ou autre, elle voulait tout simplement partir ! Mais le vampire s'y était interposé. Pas de chance pour lui, il était tombé sur une chasseuse qui n'était pas de très bonne humeur. Elle avait donc décidé de se jeter tête la première dans la gueule du loup, comme à son habitude, sauf que ce soir, elle n'avait pris aucune précaution. Elle savait pertinemment qu'un poignard n'aiderait pas à tuer un vampire, à l'exception si on le plantait correctement, mais elle n'en avait que faire. A croire qu'elle était réellement suicidaire ! Ou kamikaze... ou même les deux, qu'importe, elle était totalement inconsciente, mais vraiment ! Elle avait donc reculé de quelques pas, prête à attaquer pour se défendre. Quand le vampire plongea sur elle, elle n'eût le temps de faire aucun mouvement qu'Alexian se mit devant elle pour faire valser l’intrus au loin, se fracassant contre un arbre. Surprise d'une telle intervention, elle le voyait soudainement venir vers elle pour lui arracher le poignard de sa main. Elle n'imposait aucune résistance. De toute façon, cela ne servait à rien à part se briser le poignet ou autre. Cependant, elle en avait un peu marre qu'on lui prenne des mains ses jouets ! Enfin, ses armes ! Elle répliqua alors à Alexian. La scène paraissait vraiment comique. « Mais vous allez arrêter de me piquer mes poignards ?! » tandis que ce dernier lui avait déjà tourné le dos pour rejoindre l'autre vampire. En clair, quand elle lui criait cela, il était déjà aux pieds du vampire. De toute façon de près ou de loin, il allait l'entendre. Cependant, ce qu'elle vit soudainement sous ses yeux l'étonnait plus qu'autre chose. Le vampire inconnu semblait cracher son venin sur le Prince. C'était sur, il ne savait vraiment pas à qui il parlait ! Et même si Soraya n'aimait pas les vampires, elle avait pourtant ce certain respect de la hiérarchie. D'où le fait qu'elle ne l'ai pas insulté lui, mais l'autre. Elle l'entendait alors hurler, injuriant Alexian en même temps qu'elle. Elle leva un sourcil d'étonnement, presque outrée. « Non mais ! Il manque pas d'air ! » fit-elle tout en croissant les bras sous sa poitrine avec mécontentement. Mais elle appris quelque chose qui n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. L'inconnu venait d'injurier le Prince, certes, mais il avait aussi mis le doigt sur quelque chose de totalement interdit chez les vampires ! Une histoire d'amour entre un vampire et une humaine était totalement impossible, voire condamnable vu qu'il l'insultait de traître. Soraya était surprise. Elle ne pensait déjà pas que des vampires puissent entretenir des liens affectifs autres que charnels avec les humains, mais quand plus, il était tout bonnement interdit ! La jeune femme était sur l'île depuis presque un an, mais elle ne connaissait pas toutes les lois. Tellement de choses qu'elle ignorait encore. Alors, suite à cette révélation, elle ne pouvait cacher son étonnement. Cela devait être courant et un sujet tabou une histoire d'amour entre race différente. D'où cette soudaine fureur du Prince, qui ne laissa aucune chance à son interlocuteur. Non qu'elle pensait qu'il était amoureux d'elle, comme dit précédemment, mais qu'il ne devait pas forcément tolérer qu'on l'insulte... ou autre. Alexian avait saisi le vampire par le col de sa chemise pour lui enfoncer carrément le poignard dans le cœur. Soraya resta surprise qu'il tue l'un de ses congénères, la rage peignant son visage. Elle ne savait pas quoi dire à part à assister à la scène. Elle ne bougeait pas. Elle se demandait sérieusement si les vampires pouvaient se tuer entre eux. C'était très... étrange. Elle n'avait jamais assisté à une telle scène. Elle n'avait pas peur, elle n'était pas horrifiée, ni apeurée, elle avait vu pire ! Mais c'est le geste qui l'avait surprise. Elle n'avait jamais vu un vampire en tuer un autre, là résidait la différence. « Vous... pouvez tuer vos congénères ? » demandait-elle surprise. On pouvait sentir l'étonnement dans sa voix autant qu'on pouvait le lire dans ses yeux. Elle pensait alors qu'il s'était permis de le faire parce qu'il était un Prince vampire, mais quand bien même ! Le président des États-Unis était au sommet de sa hiérarchie, mais en aucun cas il tuait des humains, ce qui poserait quand même problème. A croire que dans le monde vampirique, résidait toujours la loi du plus fort, qu'importe si on est de la même espèce ou pas.


Soraya pouvait constater les cendres du vampire partir au loin, portés par le vent alors qu'Alexian lui jeta son poignard à ses pieds dans un geste violent. Heureusement qu'il savait viser. Cependant, la jeune femme n'avait pas bougé d'un cil, ni sursauté. Elle avait l'habitude de manier les armes blanches depuis qu'elle était enfant, donc voir une personne s'en servir à son tour ne l'intimidait pas du tout. Elle fixait cependant le poignard à ses pieds, avant de fixer le vampire à son tour. Ce dernier était littéralement hors-de-lui, la pointant du doigt. Étrangement, alors que Soraya n'était pas vraiment la meilleure en terme de politesse, elle trouvait que pointer une personne du doigt était malpoli, voire insultant. Mais elle ne disait rien. Elle écoutait ce que le vampire lui balançait au visage dans une rage mal contenue. Son visage en était presque déformé, ses yeux devenant plus sombres. Elle ne l'avait vu jamais se comporter ainsi avec elle. Alors qu'elle pensait qu'il était en colère à cause du vampire, il était en train de lui hurler dessus. Manque de bol, c'était contre elle qu'il avait la rage ! " N'insulte plus jamais ma race en ma présence ! Plus jamais tu m'entends !" Elle avait appuyé là où ça faisait mal. Elle avait réussi à mettre Alexian, ce vampire si calme et serviable, dans un état de colère à la limite du supportable. Elle l'avait réussi à le provoquer sans le vouloir. Elle venait d'insulter cet inconnu et en le faisant, c'était comme si elle l'insultait lui. Ce qu'elle avait cependant du mal à comprendre vu que quand on insultait un humain, elle ne se mettait pas sur ses grands cheveux. Hormis si on insultait son frère, là, oui, c'était comme si on l'insultait, mais ce n'était pas le cas pour Alexian. Il ne connaissait pas ce vampire, alors pourquoi se mettre dans un tel état ? Sûrement le fait d'avoir craché son venin au visage d'un vampire, elle insultait sa propre espèce, ce qu'il ne tolérait pas. Elle croisa alors les bras sous sa poitrine, le fixant dans les yeux sans broncher, se disant à elle-même : « Oui, j'ai entendu ! Pas la peine de gueuler pour si peu... » Elle l'avait pensé au lieu de le prononcer à voix haute. Il était déjà en colère, mieux fallait éviter les dommages collatéraux. " Je conçois parfaitement que tu ne souhaites pas devenir l'une des nôtres, mais ne dis surtout pas que l'idée de te transformer est honteuse ! Tu peux mépriser les vampires qui vivent sur cette île, je comprends tu as sans doute assisté à des choses horribles ici mais nous ne sommes pas tous des montres sanguinaires je te l'aie déjà dit-il me semble ! " Parce qu'il trouvait cela génial de transformer une humaine en vampire ?! Vraiment, la jeune femme avait du mal à le comprendre. Il venait de la tutoyer. Rien de bien dérangeant pour la jeune femme. Elle employait le tutoiement et le vouvoiement selon les personnes et les circonstances. Elle ne voyait donc pas cela comme une insulte, hormis ce que prononçait le vampire avec véhémence. Tout le monde à une part de noirceur... Alexian ne dérogeait pas à la règle. « Vous me l'avez déjà dit... mais il me faut des preuves ! Les mots ne me suffisent pas ! » répondait-elle d'un air calme. Elle ne voulait pas envenimer la situation, mais elle ne voulait pas non plus se faire écraser. Elle était humaine, certes, mais en aucun cela donnait aux vampires de se sentir supérieur parce qu'ils étaient plus forts qu'elle. Ils usaient de la force pour dominer et s'il fallait utiliser le même procéder pour se faire respecter, Soraya n'hésiterai pas.


Il venait de détourner son regard noir de la jeune femme. Cette dernière ne l'avait pas quitté des yeux. Il semblait être las de la situation... il n'était pas le seul, au moins, ils étaient d'accord là-dessus. " Vous les humains, vous êtes si pathétique, vous vous permettez de juger ce que vous ne pouvez comprendre... J'aimerais te montrer à quel point nous sommes différents des vampires que tu as l'habitude de chasser mais... " A ce mot « pathétique », Soraya ne pût contenir son mécontentement. Elle était outrée et énervée. Encore une preuve qui montrait bien que les vampires se croyaient au-dessus de tout et de tout le monde ! Il n'avait aucun droit d'insulter les humains de cette manière ! D'un côté, Soraya en avait fait de même pour les vampires, mais l'avait-elle au moins insulté lui ? Jamais ! Elle pouvait très bien comprendre qu'il puisse être en colère suite à ce qu'elle avait balancé sur ses congénères car, à ce moment-même, elle ressentait la même chose. Elle qui avait cette vision du monde où tout le monde était égaux, Alexian lui faisait clairement comprendre que ce n'était pas le cas. « Pathétique ? Vraiment ? Vous vous croyez meilleurs que nous parce que vous êtes dotés d'une force que nous, les humains, nous ne posséderons jamais ? Parce que vous êtes immortels ? Parce que vous avez vos sens sur-développés ? Vous vous dites respectueux de l'être humain, mais ce n'est pas le cas ! Oui, j'ai insulté votre race, mais jamais je ne vous ai insulté, vous ! » finissait-elle par déclarer en appuyant bien sur le dernier mot. Elle reprit : « Les vampires ne sont supérieurs à personne ! Je sais très bien que pour vous, vous êtes les meilleurs, les plus grands, les plus forts ! Et que nous, pauvres humains que nous sommes, nous ne servons qu'à vous nourrir ! Mais vous vous trompez ! Nous avons le droit de vivre et d'exister en paix. Si seulement la majorité de vos congénères avaient le respect de l'être humain, je pense que nous ne serions pas à discuter de cela à ce moment-même ! » finissait-elle par dire avec fermeté. Elle ne voulait pas être méchante, ni méprisante, mais elle ne supportait pas l'injustice et le mépris de l'être humain. Oui, l'être humain n'était pas que bonté et honneur, il était aussi un être de péchés qui ne retenait jamais de ses erreurs. Tout comme les vampires. Le fait qu'il lui parle ainsi l'avait outrée, mais elle savait au fond d'elle-même qu'il avait été blessé qu'on insulte son espèce. Elle pouvait le comprendre, ressentant la même chose pour sa propre espèce. Ainsi donc, Alexian lui adressa une dernière parole. "Je ne suis pas sûr que tu sois digne de rencontrer la noblesse vampirique. Soraya resta quelque peu surprise. Elle ne pensait pas qu'il souhaitait lui faire rencontrer des vampires de la haute société. Il était vraiment déterminé à l'avoir pour elle ! Enfin, plus maintenant, vu de la manière dont il lui avait annoncé cela. Soraya se sentait vexée d'être traitée de cette manière. On l'avait toujours rabaissé, sous-estimé au cours de sa vie et elle ne cessait jamais de se battre pour faire ses preuves, jusqu'au jour où elle a arrêté de se battre pour les autres, mais pour elle-même, histoire de montrer qu'elle n'en avait plus rien à faire des autres. D'un côté, cela ne la dérangeait pas. Se retrouver au milieu d'une horde de vampires ne la rassurait pas, pourtant, elle en était vexée. Allez savoir pourquoi ? « J'm'en fiche! » fit-elle en haussant les épaules, d'un ton calme. Soraya... charmante personne si on oubliait son caractère intenable!


Elle le fixait alors dans les yeux sans rien dire, bras toujours croisés sous sa poitrine. Le vent soufflait quelque peu, déposant sur leurs épaules la fraîcheur de la nuit. Personne ne parlait. Les deux protagonistes ne faisaient que se regarder durant de longues minutes. Soraya se baissa alors pour ramasser son poignard qu'elle mit silencieusement dans son fourreau. Elle ne parlait toujours pas, avait cessé de fixer Alexian. Elle était satisfaite de cette entrevue. Si Alexian la méprisait maintenant, elle ne l'aurai plus sur le dos et elle serait enfin tranquille. Plus de mariage, plus de transformation. Oui, elle était contente de cela, mais d'un autre côté, elle s'étonnait à être vexée. Tout simplement parce qu'elle avait encore réussi à se faire haïr par une autre personne. Elle ne savait faire que ça. Elle ne supportait pas qu'on s'intéresse à elle et faisait tout pour mettre de la distance. Mais quand elle réussissait, elle ne pouvait s'empêcher de s'énerver contre elle-même. Elle voulait qu'on l'apprécie telle qu'elle était, mais elle faisait tout pour éloigner le monde d'elle ! Elle voulait être aimée, mais elle se l'empêchait toute seule ! A croire qu'elle avait un comportement auto-destructeur... « Bon... On va s'arrêter là... » déclarait-elle en faisant comprendre que c'était la fin de l'entrevue. Elle fit donc demi-tour, tournant le dos à Alexian pour partir. L'entrevue avait assez duré et elle ne souhaitait pas continuer à se faire rabaisser de cette façon. Et puis, même si elle lui disait ses quatre vérités, elle n'aurai jamais le dessus physiquement. L'injustice était partout, malheureusement... Alors qu'elle allait s'enfoncer dans la jungle, elle s'arrêta un instant. Après une poignée de secondes, sans se retourner, elle adressa la parole à Alexian. De là où elle se situait, ce n'était pas la peine de parler fort, rien qu'un chuchotement suffisait pour qu'il l'entende. « Que nous soyons vampires ou humains, nous sommes tous au même pied d'égalité ! Que mon cœur puisse battre et que le vôtre non, ça ne change rien. Nous avons tous des sentiments... c'est ce qui nous rend égaux... » Soraya se surprenait à parler ainsi. Elle le pensait certes, mais jamais elle n'avait tenu de tels propos au cours de son existence. Elle n'était pas du genre à faire preuve de tolérance, surtout envers les vampires. Elle se surprenait. « A condition qu'on sache contrôler ses pulsions.» Elle ne pouvait s'empêcher de rester elle-même! Chassez le naturel, il revient au galop! Cette phrase n'était pas contre Alexian, mais pour les vampires en général! S'ils arrivaient à se tenir en place et à cesser de toujours afficher la noirceur de leur âme, peut-être et elle dit bien 'peut-être' qu'elle serait plus indulgente avec eux. Ainsi donc, elle s'enfonçait dans la jungle, persuadée de ne plus jamais revoir Alexian...

Soraya & Alexian

Profondément enfoncée dans la jungle, loin de toute civilisation, une violente dispute avait éclaté entre un vampire et une humaine. Entre le prédateur et la proie. Une proie plus coriace et un prédateur plus doux qu'on ne le pense. Deux caractères forts qui divergeaient complètement sur la vision qu'ils avaient des vampires, des humains, de la vie en générale. Ils étaient tout l'opposé, mais pourtant, aucun des deux n'avait tenté quoi que ce soit. Malgré cette dispute plus que virulente, les deux protagonistes n'avaient pas sortie leurs armes pour se livrer une guerre sans pitié. Tout avait été dans les mots, involontairement, poussé par l'impulsivité. Soraya sait pertinemment qu'elle aurait pu finir décapiter, la tête à dix kilomètres de son corps, éventrée ou encore vidée de son sang. Alexian avait beau être un gentil vampire comparé à ses congénères, il n'était pas pour autant inoffensif. La preuve par son geste et ses paroles virulentes, porteurs d'un message haineux à l'encontre de la jeune femme. Le comportement du jeune vampire l'avait contrarié autant que cela l'avait outré. Elle ne supportait pas de se faire marcher sur les pieds ainsi, ni de se faire traité de minable, d'être humain pathétique et sans logique. Les vampires étaient persuadés d'être supérieurs à quiconque, ils se permettaient donc tout, quitte à écraser par des paroles biscornues les êtres humains. C'était comme cela qu'elle l'avait ressenti. Elle était une humaine, elle prenait donc les réflexions d'Alexian en pleine figure, sachant pertinemment qu'il l'a comptait dans le lot des pathétiques. D'un côté, elle l'avait cherché aussi. Elle avait été virulente dans ses propos, sans cesse ne train de faire des remarques acerbes et désobligeantes. Elle était provocatrice et elle aimait cela. Elle savait qu'elle avait un vampire vieux de plusieurs années devant elle et qu'il pouvait très bien lui donner la mort en deux temps trois mouvements, mais rien à faire ! Aussi têtue qu'un troupeau de mules et aussi dérangée qu'une folle alliée ! Elle n'avait pas de limite et c'était peut-être cela le pire ! Elle finirai par se jeter toute seule dans la gueule du loup, sans personne pour l'en empêcher. Ainsi donc, elle avait provoqué Alexian encore et encore jusqu'à temps qu'il fasse exploser son courroux. Ce n'était pas le résultat escompté, elle ne voulait pas de cela. Elle voulait le titiller, le faire bouger, le faire réagir, lui faire ouvrir les yeux, mais pas le mettre dans une fureur noire. Elle était passée à deux doigts du trépas, elle le savait, elle l'avait senti. Mais encore une fois, elle avait ce calme olympien à toute épreuve. Elle savait pertinemment au fond d'elle-même qu'Alexian ne lui aurai jamais fait de mal. Et pourquoi autant d'assurance et de confiance en sois pour oser penser cela ? Tout simplement parce que quelques minutes plus tôt, il lui avait proposé d'être son épouse, de devenir sa princesse et de la transformer pour qu'elle puisse vivre à ses côtés pour l'éternité. Alors, fûtée comme elle était, Soraya n'avait point craint pour sa vie, mais si elle avait quelque peu été inquiète pas la réaction du vampire. Elle savait très bien que la vampire ne lui avait pas fait partagé ses projets pour la tuer ensuite. Il la voulait pour elle, il la voulait sienne, tout simplement. Mais elle ignorait toujours pourquoi. Pour quelle raison ? Y en avait-elles plusieurs de ces raisons ? Soraya n'en savait rien, c'était cela le problème. Elle s'inquiétait à ce sujet. Elle se demandait sincèrement pourquoi il la voulait elle et pas une autre. A moins qu'il ai fait cette proposition à toutes les jeunes humaines qu'il a pu rencontrer dans la jungle, histoire de récolter au moins une réponse positive. Ce qui le faisait passer pour un homme désespéré. Mais la jeune Grimm avait bien jugé le vampire. Il n'était pas prince pour rien, il avait ces qualités qui faisaient de lui un homme honorable. Elle savait donc qu'il ne lui mentait pas et qu'elle ne risquait pas de se retrouver encerclée par d'autres prétendantes. Si Alexian lui avait déclaré tout cela, c'est parce qu'il l'avait choisi elle et personne d'autre ! Soraya savait qu'il n'était pas un homme à faire des promesses à tout le monde. De ce fait, elle se sentait quelque peu flattée d'une telle attention, mais elle avait peur aussi. Peur de devenir un vampire, un suceur de sang. Elle ne voulait pas perdre le contrôle d'elle-même, se laisser dominer par ses pulsions meurtrières, faisant d'elle un monstre sanguinaire dépourvu d'âme humaine. Les vampires devenaient-ils des monstres en tant que nouveau-né ? Perdaient-ils leur humanité avant de retrouver une partielle de celle-ci quelques années plus tard ? Soraya n'en savait rien. Elle n'était pas sur l'île depuis longtemps et elle n'avait pas pris le temps de discuter avec le premier vampire qu'elle voyait passer. D'ailleurs, elle s'étonnait elle-même de ne les avoir jamais interrogé. Certes, elle avait parfois tenté d'installer un dialogue, histoire d'éviter un carnage, mais pour la majorité du temps, cela n'avait servi à rien, l'obligeant à utiliser la violence pour ne pas y passer. Elle devrait peut-être songer à poser les questions qui lui trottaient dans la tête depuis un bon moment...


Alors qu'elle s'enfonçait dans la jungle, elle sentit son bras soudainement tiré vers l'arrière, mais d'une douceur extrême telle une caresse. Elle compris que ce n'était autre qu'Alexian qui la retenait. " Attendez ! Avant de partir j'ai une proposition à vous faire." Elle avait arrêté de marcher. Elle ne bougeait pas durant plusieurs secondes, réfléchissant à ce que lui avait dit le vampire. Elle pensait sincèrement qu'il allait la laisser partir, sans la retenir. La laisser vagabonder dans la jungle et ne plus jamais la revoir. Cette perspective avait réjoui la jeune femme en même temps que cela l'avait contrarié. Elle ne savait plus quoi penser. Elle se demandait ce qui lui arrivait. Sûrement la fatigue. Elle poussa donc un léger soupir de résignation avant de se tourner à moitié vers le vampire. Elle était de profil. Plongeant son regard dans le sien, elle répondait posément. « Quelle proposition ? » Elle était à la fois curieuse et blasée. Comme si le fait de savoir l'importait peu. Limite si elle s'en fichait, mais par politesse, elle allait l'écouter. C'était finit les disputes pour cette nuit, elle en avait la migraine alors autant évité de tout recommencer parce que mademoiselle était de mauvaise humeur. Soraya avait cependant remarqué qu'il l'avait de nouveau vouvoyé. Preuve qu'il la respectait, du moins, qu'il s'était calmé. Elle enleva donc doucement son bras de la main d'Alexian qui n'imposa aucune résistance. Elle le fixait avec appréhension. " Je suis convaincu que je peux vous faire changer le regard que vous portez sur ma race. À condition que vous acceptiez bien sur... Elle laissa échapper un léger rire amusé, quelque peu nerveux, tout en levant les yeux au ciel. Elle était fatiguée, l'entrevue avait été virulente, cela l'avait épuisé moralement autant que physiquement à cause du froid qui la saisissait depuis le début de la soirée. Il devait être approximativement vers les deux heures du matin et Soraya n'avait pas fermé l’œil depuis plus de vingt-quatre heures. Elle avait donc férocement besoin de repos. Cependant, elle lui adressa un mince sourire amusé, reposant son regard dans le sien. Elle était curieuse de savoir ce qu'il allait lui proposer. « Il y a encore du chemin à parcourir avant que mon regard change... » répondait-elle calmement, d'une voix presque doucereuse. Elle repris donc. « Mais qui ne tente rien n'a rien ? » Et joueuse comme elle était, elle s’amuserait forcément de la situation. Savoir qu'Alexian allait tenter de lui faire changer d'avis serait comique, voire rocambolesque. Cela se voyait qu'il n'avait pas tout à fait cerné la jeune femme, au plus grand bonheur de cette dernière qui avait la chance de pouvoir le surprendre encore et de conserver un certain mystère autour de sa personne. Elle s'approcha donc d'Alexian pour se retrouver juste en face de lui, le regardant avec amusement. « Alors ? Qu'est-ce donc ? » Elle posa ses deux mains sur chaque côté de sa hanche, le fixant du coin de l’œil, une idée soudainement ayant germée dans son esprit. « Si je dis oui, je demande aussi une seule condition ! Celle de répondre à toutes mes questions, même les plus insensées à vos yeux ! Restez honnête et je pense que tout ira bien... » finissait-elle par dire, énigmatique. En effet, vu qu'elle avait beaucoup de questions à l'esprit et qu'elle en aurai sûrement dans un proche avenir, cela lui permettrait d'assouvir sa curiosité. « Et que personne ne touche à mon frère aussi ! Mais je ne sais pas si vous avez le droit de faire comme bon vous semble sur cette île... » Elle était songeuse en parlant de cela. Il était Prince, certes, mais vu qu'il ne gouvernait pas l'île, pouvait-il mettre un droit de veto sur son frère pour que personne n'y touche ? Elle n'en savait rien, mais ce n'était pas faute de demander. Elle laissa échapper un nouveau rire. « Je vous pose mes conditions alors que je ne connais même pas la vôtre! » Elle venait de se rendre compte qu'elle avait mis la charette avant les boeufs. Elle ne changeait jamais, toujours à foncer droit devant, prenant les devants sans même attendre quoi que ce soit. Amusant, parfois épuisant si elle écoutait son frère, mais elle était comme ça, tout simplement.

Soraya & Alexian

Soraya s'était radoucie au cours de la discussion. Il était clair qu'elle n'était pas facile à gérer. Elle admettait elle-même qu'elle avait un caractère de cochon bien prononcé. Elle ne pouvait s'empêcher de dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas ou encore, d'exprimer ouvertement tout ce qu'elle pensait sans mesurer la porter de ses mots. Ce qui pouvait lui attirer pas mal de problèmes... Enfin, elle s'en est beaucoup attirée en agissant ainsi. Forte tête, elle ne lâchait jamais le morceau même quand la situation semblait impossible à surmonter ou comportait des risques. Pourtant, au fond, elle savait qu'elle tirer trop sur la corde. Elle savait que si elle continuait à provoquer, elle risquait de faire sortir hors de ses gonds son adversaire. Cela lui attirait généralement des ennuis. Le fait de toujours exprimer ce qu'elle pensait. Certes, même quand elle avait raison, ce n'était pas pour autant que son interlocuteur allait acquiescer pour autant. Donc, plus elle continuait à être une vraie tête brûlée doublée d'un caractère de cochon, plus elle s'attirait la foudre de ses adversaires. A croire qu'elle le faisait exprès. On pourrait dire oui et non. Oui dans le sens qu'elle aimait la provocation et titiller la personne et non dans le sens où elle n'est pas du genre à chercher les problèmes volontairement. En clair, elle aime régler ses comptes frontalement, mais n'espère pas non plus qu'une bagarre éclate à cause de sa trop grande franchise. Malheureusement, pour cette nuit, Soraya n'avait pas pu échapper à cela. A force d'être toujours sur la défensive, d'être méfiante ou encore d'attaquer son adversaire et de dire explicitement toute la haine qu'elle ressentait pour les vampires, il était clair qu'Alexian n'allait pas se laisser faire. Il fallait vraiment être folle pour provoquer un vampire ! Il fallait vraiment être complètement barge ou avoir mangé des champignons hallucinogènes pour affronter une sangsue ! Mais Soraya était ainsi, barge et tête brûlée. Alexian avait beau être une de ces créatures aux longues canines, elle n'en avait que faire ! Elle préférait largement mourir pour avoir défendu sa peau et ses idées au lieu de s'écraser par peur. La mort était beaucoup plus douce que le goût amer de la soumission. C'était sûrement cela qui lui permettait de survivre dans cette jungle, d'avoir cette soif de liberté coûte que coûte. En espérant que son caractère explosive ne la mène pas tout droit à sa propre perte...


Soraya venait donc de poser quelques conditions à Alexian. Elles étaient simples, sans grande difficultés, mais pour elle, c'était important. Elle venait de lui exprimer ce qu'elle avait en tête pour le moment, cela ne voulait pas dire qu'elle n'avait pas d'autres conditions. Ce serait mal la connaître, mais pour un début, il fallait commencer doucement et ne pas trop en demander. Elle souhaitait donc qu'il reste honnête jusqu'au bout, ce qu'il accepta sans rechigner. Cela ne l'étonnait guère, elle savait que ce vampire était franc et honnête, il finissait toujours par dire la vérité, qu'importe le chemin qu'il empruntait pour y arriver. " posez donc vos questions, je jure de répondre en toute honnêteté !" La jeune femme se mit à sourire légèrement, satisfaite. « Je vous poserais mes questions en temps voulu. » finissait-elle d'un air mystérieux comme si elle lui réservait quelque chose. Elle ne voulait pas se précipiter. Elle voulait avant tout réfléchir et poser ses questions au fur et à mesure du temps. Elle savait qu'elle pouvait lui poser toutes les questions inimaginables qui pouvaient sortir de son esprit barge. Elle savait aussi qu'il allait lui répondre même s'il allait sûrement se confronter à des questions sûrement naïves de la part de la jeune femme. Mais étant une humaine, elle n'avait pas toutes les connaissances concernant les vampires. Ce n'est pas en vingt-six ans d'existence qu'on pouvait acquérir toute la connaissance du monde, sinon, cela ce saurait.


Elle venait à nouveau de prendre la parole pour mettre des conditions que son frère. Elle voulait le protéger, qu'il ne lui arrive rien. Elle n'avait pas besoin de mettre des conditions sur sa propre personne, elle savait déjà qu'elle était protégée par Alexian. Depuis le début, il était doux et adorable avec elle. Avant, cela restait un véritable mystère aux yeux de la belle, ne sachant pourquoi il était aussi gentil avec elle. Maintenant, elle le sait. Connaissant les motivations secrètes du vampire, elle savait maintenant à quoi s'attendre et pourquoi il était si avenant. Il voulait l'épouser pour en faire sa princesse et la transformer. Quel programme ! Elle voulait bien être plus agréable avec lui car, il ne lui avait jamais fait de mal. Il s'était pourtant énervé au cours de la soirée et pourtant, il ne l'a en aucun cas touché physiquement. Il ne l'a pas brutalisé, ni mordu, ni rien du tout, hormis l'assommer de remarques vexantes et désobligeantes. Il aurait pu la tuer, mais il n'en a rien fait. Ce qui prouvait qu'il était très loin de lui vouloir du mal. Ce qui faisait qu'elle posait ses conditions uniquement sur Caleb, sachant qu'elle avait déjà Alexian de son côté. Ce dernier répondait positivement, trouvant un stratagème qui surprenait quelque peu la jeune femme, mais apparemment, il n'y avait pas d'autres moyens. " pour ce qui est de votre frère, j'essayerais de lui conférer un garde rapproché pour être sûr qu'il ne lui arrive rien, si je ne peux pas interdire les autres vampires de l’île de s'en prendre à lui, je peux en revanche le faire passer pour un futur servant." Elle le regardait quelque peu perplexe avec un brin de méfiance. Elle ne savait pas quoi répondre à cela, ni quoi penser. Vu qu'il ne dirigeait pas l'île, il n'avait pas les pleins pouvoirs. Il ne pouvait pas faire comme bon lui semblait. Sa stratégie était sûrement la bonne, sachant pertinemment qu'il ne ferait jamais de Caleb son servant. Elle en était persuadée ! Elle se détendit alors, mince sourire aux lèvres. « Si Caleb est désiré par un Prince, il ne sera pas approché... Je pense qu'il ne sera pas fou de joie d'apprendre qu'il est surveillé, mais c'est pour son bien ! Enfin... s'il est au courant, évidemment. » finissait-elle dans un rire. Charmante quand elle le voulait. Elle savait que son frère allait sûrement péter un câble d'être surveillé ainsi, de savoir que des succubes le suivent dans la forêt pour assurer sa sécurité, mais qu'importe ce qu'il pourrait dire, Soraya ne changerait pas d'avis. Elle savait que si elle s'était retrouvée à sa place, elle n'aurait pas apprécié. Elle serait même pire que son frère, une vraie boule d'énergie ! « Merci... » Oui, Soraya savait être reconnaissante quand il le fallait, surtout quand on rendait service à son frère. Elle avait détourné le regard suite à son remerciement. Elle se sentait toujours mal à l'aise quand elle faisait preuve de douceur. Elle avait l'impression de fissurer sa carapace, ce qui n'était pas le cas.


"Vous en demandez moins que ce à quoi je m'attendais mais cela me va." Elle se mit à rire, cette fois-ce de bon cœur. Tournant de nouveau son regard vers lui, elle répliqua : « Oooh ne vous en faites pas ! J'ai encore des conditions en réserve, j'attends seulement le bon moment pour les dégainer. » finissait-elle malicieuse, bien contente d'avoir les cartes en main et de mener un peu le jeu. Oui, elle était joueuse, très même. Le fait de pouvoir lui poser des questions par centaines, cela ravissait sa curiosité. C'est alors qu'Alexian posa subitement son blazer pour les poser sur les épaules de la belle. Surprise, un « Euuh » d'étonnement s'échappait naturellement de ses lèvres, le fixant avec des grands yeux étonnés. Elle ne s'attendait vraiment pas à cela. Certes, elle avait froid, mais jamais elle avait pensé lui demandé de lui passer son blazer pour qu'elle se réchauffe. Elle trouvait cette attention très délicate, elle n'avait pas l'habitude. Seul son frère se comportait en gentleman avec elle. Concernant les hommes, jamais elle n'avait été dans cette situation. En clair, jamais elle ne s'était sentie unique aux yeux d'un homme. Non qu'elle pensait cela d'Alexian, mais il prouvait au moins, que pour un vampire, il était policé. S'il était ainsi, peut-être que les vampires royaux l'étaient aussi ? Soraya n'en savait rien. Elle le remerciait d'un hochement de tête pour le blazer, le regardant dans les yeux. Elle rapprochait les extrémités du blazer, serrant les deux côtés d'une main pour fermait un peu devant elle.


" pour ma part, j'aimerais vous montrer une autre face dès la vie des vampires, je vous propose de venir avec moi au palais des gouvernants de cette île, rassurez-vous il ne vous arrivera rien du moment que vous êtes avec moi. Elle ne fût pas surprise par sa demande. Elle savait qu'il souhaitait lui faire partager son monde, la faire rentrer dans son univers pour qu'elle ait une autre vision des vampires, ce qui était mal partie. Elle savait aussi qu'il ne lui arriverait rien à ses côtés. Elle était même surprise de ressentir cela. C'était pourtant un vampire ! Mais avec tous ceux qu'elle avait croisé, elle préférait mieux être auprès d'Alexian que d'un vampire lambda. Elle hésitait à répondre, le regardant sans mot dire. Après une poignée de minutes, elle pris enfin la parole. « Je... je veux bien faire un effort... Venir au Palais pour constater si les plus nobles sont différents que le peuple, mais... » Elle marqua une pause, hésitant à continuer. « Si je viens au Palais, je vais me faire repérer... Je pense que personne n'est au courant de mon existence et si jamais cela est le cas, personne est venue m'embêter hormis des incubes et vampires que j'ai neutralisé pour sauver ma peau. » Elle se baissa pour s'asseoir à même la terre, sur la pente. Ce qui faisait qu'elle était à moitié assise, à moitié debout. Se mettre à découvert, venir au Palais... Elle risquerait sa vie et se ferait repérer. Elle fixait le sol un instant, perdu. Elle replongea alors ses yeux vert/noisette dans le bleu azuré de ceux d'Alexian. « Me montrer conduirait à ma perte Alexian... Je n'ai pas envie qu'on me connaisse, je préfère rester dans l'ombre... » Elle se leva alors pour prendre les deux mains d'Alexian qu'elle enferma dans les siennes, soutenant son regard, pour tenter de le convaincre de sa sincérité. « Je veux vraiment faire un effort, ne croyez pas que j'invente ce prétexte pour ne pas venir, ni quoi que ce soit d'autre ! » Son regard était presque malheureux. Elle ne voulait pas le vexer, ni même qu'il puisse croire qu'elle le faisait exprès. Elle ne voulait simplement pas se faire repérer. Si elle arpentait le Palais, même en compagnie d'Alexian, elle serait la bête curieuse, la nouvelle arrivante dont tout le monde voudrait connaître, approcher. Adieu son anonymat ! Au fond, elle souhaitait qu'Alexian puisse réussir à la convaincre, à trouver une solution.