Nikholas & Soraya

« Tu sors ? » Drôle de façon de demander si on allait en pleine forêt. « Oui, je 'sors' de la cabane. » répliquait-elle d'une manière nonchalante. Soraya faisait dos à son frère, observant par la fenêtre ronde l'extérieur. Elle guettait, alerte. Son regard était fixé sur les alentours, au moindre craquement de branche, à la moindre feuille virevoltante, elle le remarquait. Se rendant compte qu'il n'y avait aucun danger, elle laissa retomber le morceau de tissu qui servait de rideau avant de se diriger vers son lit. Enfin, façon de parler. Son lit n'était autre qu'un vieux matelas qu'elle avait récupéré avec son frère en ville, lorsqu'il faisait jour. Il n'était pas très épais. Elle avait rembourré l'intérieur avec de la paille, histoire d'avoir quelque chose de plus consistant. Pour se réchauffer, elle avait une couverture en laine. Rien d'autre. Les conditions de vie était très précaires, mais elle s'y était habituée. Elle le devait si elle voulait survivre. S'il avait fallu qu'elle rechigne à la moindre difficulté, qu'elle embête son monde avec ses frasques et ses caprices, elle ne serait pas restée longtemps en vie. Elle serait morte par manque de débrouillardise. Elle admet volontiers que ce n'était pas plaisant tous les jours, mais elle avait assez de force pour supporter cette épreuve et la dépasser. Chose ainsi faîte vu qu'elle n'en avait limite rien à faire de dormir à même le sol ou encore, à manger des écureuils. D'ailleurs, elle ne pensait pas que c'était aussi bon que ça ces petites bestioles ! Elle faisait donc partie de ses survivants. Elle pense d'ailleurs qu'il ne doit pas en avoir beaucoup. Elle avait pourtant parcouru presque toute l'île entière et elle n'avait pas croisé grand monde, des humains en liberté, tout au moins. C'est sûr que si elle arrive habillée comme elle est souvent avec son arbalète, elle ne risque pas de mettre en confiance et de faire sortir de leur trou les humains apeurés. D'un côté, c'était une bonne chose. Moins il y avait de personne au courant de son existence, plus elle avait des chances de rester en vie. En effet, si jamais l'une de ses connaissances venait à se faire capturer par un vampire, cette dernière risquerai de tout balancer et de jeter Soraya en appât. Donc oui, la jeune femme préférait ne pas se mêler à la foule, rester discrète. Question de survie. Moins de personne vous connaît, mieux c'est.

Soraya se dirigeait donc vers son lit d'où était posés ses habits du jour. Tout en cuir, pour ne pas changer. Elle portait sur elle une chemise de nuit blanche. Elle avait les cheveux en bataille et sa tenue était quelque peu débraillée. Elle marchait pieds nus sur les planches froides en bois. Comme à la maison, elle s'y croyait. Elle jeta donc un rapide coup d’œil à son frère pour qu'il regarde ailleurs, le temps qu'elle se change. Ce dernier, sans même protesté le moins du monde, se leva de se chaise pour tourner le dos à sa sœur et regarder la table qui trônait vers le fond de la pièce. La jeune femme en profita donc pour se changer. C'était de coutume chez elle. Elle s'en fichait de se déshabiller alors que son frère était dans la même pièce, du moment qu'il regardait ailleurs. Dans de telles conditions de vie, l'intimité était assez compromise. Elle se disait souvent qu'elle avait cette chance d'avoir son frère à ses côtés. Elle sait très bien que si Caleb avait péri suite au crash, elle ne se serait pas relevée. Elle n'aurait été que l'ombre d'elle-même. Même si elle ne voulait pas l'admettre, son frère était son pilier, son repère. Certes, il lui tapait parfois sur le système avec ses principes et sa morale, mais elle savait que c'était pour son bien... ou pas. Pour dire qu'elle ne prenait presque jamais les recommandations de son frère. Ce n'est pas donné à tout le monde d'être un bon samaritain comme Caleb et Soraya laissait volontiers son frère endosser ce rôle, ce n'était pas pour elle. Jamais elle ne saura irréprochable, comme tout le monde et elle ne le souhaitait pas. Ce qui faisait cette différence entre une personne de bonne volonté et une autre qui était tout simplement irrécupérable. Soraya faisait partie de cette dernière catégorie.

Tandis qu'elle s'apprêtait comme il le fallait, son frère, toujours de dos, continuait à lui parler. « Et tu vas où comme ça ? » La jeune femme émit un léger râlement, las. « Explorer les environs... » Elle attachait sa ceinture en mettant dans leurs fourreaux les couteaux et autres armes nécessaires pour se la jouer Indiana Jones. « Ce n'est pas ce que tu as fait hier ? » On pouvait sentir le mécontentement, en même temps qu'une certaine inquiétude. Il se demandait sincèrement ce qu'elle pouvait faire de ses journées, seule en pleine forêt, mais surtout, avec qui elle y allait. Il avait surtout peur qu'il lui arrive quelque chose sans qu'il ne soit là pour la protéger. Plus elle partait seule, plus il angoissait. Il était son aîné de dix ans et il a toujours été présent pour veiller sur elle. C'est son job, sa mission. Sur cette foutue île, il n'avait que Soraya. Elle était son trésor, aussi précieuse que la Caverne d'Ali Baba, voire plus ! Alors, certes, il était quasiment toujours sur son dos à lui faire la morale, mais ce n'est pas pour autant qu'il arrêtera. Il se devait de veiller sur elle, quitte à faire un peu de ménage dans ses relations... trop intrusive dans la vie privée le frangin ? Énormément et rien que pour cela, Soraya rêvait de l’assommer ! «Si, mais je n'ai pas fini.. l'île est vaste et regorge de lieux encore inconnus. » répliquait-elle posément en se peignant avec ses doigts. « Et... tu y vas seule ? » Sa voix était plus qu'inquisitrice, soupçonneuse. Il redoutait qu'elle lui parle d'une certaine personne qu'il ne portait pas dans son cœur. C'est alors que Soraya bougea de sa place pour passer devant son frère – histoire de montrer qu'elle était bien habillée et qu'il pouvait vagabonder dans la cabane à sa guise – et ainsi, se diriger vers la table rectangulaire. S'y trouvait quelques fruits cueilli hier. Alors qu'elle se demandait si elle voulait manger une banane ou une pomme pour aujourd'hui, elle répliquait d'une voix toujours calme et posée. « J'y vais seule... mais si je croise quelqu'un sur la route, certes, je ne le serais plus. » Le calme olympien de la jeune femme ne lui ressemblait pas. Elle ne voulait pas se disputer avec son frère, c'est ainsi qu'elle tentait de garder son sang froid en se disant qu'elle allait très vite quitter la cabane. Son frère se posta à ses côtés, posant sa main gauche sur l'épaule droite de Soraya. Son regard était dur et inquiet, mais la jeune femme ne le regardait pas, ignorant royalement son habituel regard de frère protecteur. « Ne me mens pas... si tu pars rejoindre le boulet, dis-le moi... » Soraya émit un léger rire au surnom que lui avait donné son frère à ce fameux « boulet », sans compter qu'il en avait d'autres en réserve. « Oooh il n'est pas si boulet que ça. » tentait-elle de dédramatiser. « Donc tu vas rejoindre ce boulet, j'en étais sûr ! » s'exclamait Caleb comme s'il avait trouvé l'idée du siècle qui s'avérait être en faite une véritable catastrophe. La jeune femme fit donc volte-face, fixant son frère droit dans les yeux, banane en main, pointée en sa direction. « Ne l'appel pas comme ça !  Et je ne vais pas le rejoindre ! Cesse de ne jamais me croire ! » Juste histoire de le contredire. Elle n'aimait pas qu'il la traite de menteuse, même si cela était dit indirectement. Alors qu'elle disait simplement la vérité, il avait toujours le chic pour mettre sa parole en doute et Soraya en avait sérieusement assez. Caleb croyait sa sœur quand elle criait qu'un vampire arrivait. Alors, pourquoi serait-ce différent sur ce sujet ? Soraya avait vraiment l'impression que son frère ne lui faisait pas confiance.

La jeune femme se dirigeait donc vers son lit pour prendre son sac et y mettre le fruit à l'intérieur. Son frère venait de l'énerver et elle commençait à râler en grommelant entre ses dents. Son frère tentait de la prendre par le bras, mais la belle esquivait toutes tentatives de sa part en s'éloignant de lui à chaque fois, s'occupant de remplir son sac pour vite partir. « Mais tu vas m'écouter bon sang ! » « Non, j'en ai suffisamment entendu et la menteuse n'a pas le temps de discuter, elle est déjà en retard. » « En retard de quoi ? Et je n'ai jamais dit que tu étais une menteuse... » finissait-il d'une voix blasée. Mauvaise foi, bonjour! Il s'asseyait donc sur une chaise, observant sa sœur parcourir le cabane de long en large, mettant n'importe quoi dans son sac tellement elle était énervée. « Un peigne ? Depuis quand tu prends un peigne pour partir toi ? » se moquait-il légèrement, connaissant les réactions de sa sœur quand on la contrariait. Soraya observait le peigne qu'elle avait en main avant de le jeter sur Caleb, histoire de lui faire ravaler sa langue. Ce qui avait le chic de le faire rire aux éclats, trouvant le comportement de sa sœur hilarant. Mais il repris vite son sérieux en voyant sa sœur se diriger vers l'entrée de la cabane. « Fais attention à toi... et pas de boulet, j'te préviens ! » La jeune femme s'arrêta nette, restant sur place quelques secondes avant de se diriger vers la table et de prendre un deuxième fruit, une pomme. « Voilà, comme ça, j'ai à manger pour deux. » répliquait-elle dans un sourire provocateur. On aurait pu croire assister à une attitude d'adolescente, mais non. Soraya n'avait rien d'une adolescente en crise qui voulait affirmer sa liberté et son identité. Quand elle vous répondez ainsi, mieux fallait se tenir à carreau. Ni une, ni deux, elle descendit de la cabane de branche en branche, se tenant à une corde qui tombait jusqu'au sol et qui sera remontée par la suite par Caleb. Elle avait vraiment besoin de prendre l'air.

Ainsi donc de nouveau sur la terre ferme, elle pris donc sa route en direction des ruines. En effet, Soraya avait décidé pour aujourd'hui d'aller explorer de nouveau les ruines, histoire de voir s'il n'y avait rien d'intéressant à trouver. Les Grimm avaient déjà un repère dans les ruines, mais d'après Caleb, cela n'était pas assez profond pour ne pas se faire repérer et que l'endroit était accessible pour bon nombre de personnes. Ainsi donc, Soraya avait décidé de trouver une nouvelle cachette, seule. En ce qui concernait les fouilles et autres découvertes, la belle brune se rendait bien compte qu'elle se débrouillait mieux seule qu'accompagnée. Elle suivait donc le chemin de terre sinueux avant de sortir des sentiers battus. Elle savait très bien où elle devait aller. Elle avait l'esprit plutôt léger, quelque peu sur ses gardes. Il faisait jour et en aucun cas elle risquait de croiser un vampire. Elle commençait vraiment à apprécier de plus en plus le jour, elle qui était autrefois une nocturne. Le temps passe et la jeune femme continuait à marcher. Elle avait la forme physique et mentale. Pour elle, parcourir l'île n'était qu'un échauffement. Sans compter que depuis qu'elle vivait par obligation ici, elle avait pas mal perdu de poids. C'est sûr qu'en ne se nourrissant que de soupe, de viande et de fruit, elle ne risquait pas de grossir. Mais ces derniers temps, on peut dire qu'elle se nourrissait à sa faim. Depuis qu'elle a rencontré Nikholas qui est ce fameux boulet, elle se permet volontiers d'aller en excursion dans la cité, que ce soit de jour comme de nuit. Cependant, la nuit, elle n'y allait jamais sans Nik' comme s'il était une sorte de ticket d'entrée. Il lui était bien utile quand il s'y mettait. Elle pensait d'ailleurs à leur activité plus qu'illicite, mais tellement amusante. Ils aimaient voler, c'était déjà un point commun, mais ce qu'ils aiment par-dessus tout, c'est de dépouiller les vampires tandis que l'un des deux les distraits. Rien de plus exaltant, palpitant et amusant aux yeux de Soraya ! Heureusement que son frère n'était pas au courant, il se péterai la rate ! Elle continuait donc à avancer, le sourire aux lèvres, se remémorant leur prochaine date pour passer à l'action.

Elle s'arrêta un instant. Les yeux plissés, elle fixait l'horizon pour tenter de savoir où elle se situait. Elle pouvait donc voir dans son champ de vision les fameuses ruines. Magnifique architecture réduit à néant. C'est ce qui faisait son charme, qu'il n'en reste qu'un tas de cailloux. Plus amusant à explorer. Elle n'était qu'à quelques minutes du lieu prévu. Observant attentivement les alentours, elle en profitait donc pour ramasser ce qui pouvait lui être utile. Elle se penchait pour ramasser des plantes médicinales, des orties pour faire de la soupe. Enfin, façon de parler, elle mettait plutôt les orties dans de l'eau chaude au lieu de vraiment cuisiner, son frère devait toujours passer derrière-elle. Elle enfournait tout cela dans son sac avant d'apercevoir un pommier. De quelques enjambées, elle se retrouvait au pied de l'arbre, levant la tête pour fixer les pommes. Certaines étaient tombées dont légèrement attaquée par la pourriture, tandis que les autres pommes n'étaient malheureusement pas à sa portée. Elle fixait les pommes, le regard mécontent, mais déterminé. Sans attendre, elle tentait donc de grimper dans l'arbre en s'accrochant aux branches, malheureusement trop fines pour supporter n'importe quel poids, hormis celui d'un chat ou d'un oiseau. Qu'importe, elle allait passer à la manière forte ! Prenant un caillou au sol, elle commença à le balancer en direction du pommier, histoire de voir si elle pouvait en faire tomber. Elle continua ainsi son manège quand des pommes prirent enfin la peine de se décrocher pour tomber au sol. Soraya se dirigeait donc vers les précieux fruits pour les mettre dans son sac... mais aucun sac dans les parages. Pourtant, elle était sûre de l'avoir posé à cet endroit. C'est alors qu'elle entendit du bruit derrière-elle. Automatiquement, l'esprit vif et alerte, elle posa sa main sur son couteau qui se trouvait à sa ceinture pour jeter un rapide coup d’œil par dessus son épaule. En voyant l'objet de son dérangement, elle poussa un léger soupir en demi-teinte, las et soulagée. « Ô ! Ce n'est que toi... Je vois aussi que c'est la journée mondiale du cuir...» finissait-elle ironique en regardant la tenue de l'homme, habillé en cuir tout comme elle. Elle remarquait que l'homme en question tenait dans ses mains son fameux sac. Elle leva les yeux au ciel, désespérée. Elle retira sa main de la ceinture pour faire face à l'individu, bras croisés sous la poitrine, posture nonchalante, l'observant d'un œil inquisiteur. « Ça t'arrive souvent de te promener dans les parages ? C'est loin de la ville... » Elle était à la fois amusée et embêtée. Elle avait prévu de rester seule pour la journée, d'aller visiter les ruines seules, de tout faire toute seule tout court ! Mais la venue de ce cher jeune homme bouleversait ses plans. A coup sûr, il allait venir avec elle. D'un côté, elle se sentirait mal de le laisser seul en pleine forêt, si loin de son précieux bar où il travaillait. Elle prit donc son sac des mains de l'homme qu'elle mis sur ses épaules. « Et ça ne m'étonnerait pas que tu m’aie suivi, ça va changer pour une fois... » lançait-elle d'une voix amusée empreinte d'ironie. « Alors Nik'... quels sont tes projets pour la journée ? » C'était donc le boulet, en chair et en os ! Soraya connaissait pertinemment la réponse, mais elle ne pouvait s'empêcher de lui tendre le bâton pour se faire battre. D'un côté, ça l'amusait de voir ce qu'allait répondre Nik'. Sans perdre de temps, elle lui fit dos pour se diriger vers les ruines. « Tant que t'es là... » lançait-elle calmement, limite fataliste. Genre, elle n'avait pas d'autres choix que de le garder à ses côtés et c'était un peu le cas. A part faire le touriste, il ne va pas servir à grand chose... à moins qu'il la surprenne.

Arrivée devant les ruines, elle observait les alentours pour tenter d'apercevoir quelqu'un. Mais rien à l'horizon, ce qui était une bonne chose. Une légère brise soufflait, faisant légèrement danser les quelques mèches de cheveux qu'avait Soraya devant le visage. Elle tourna la tête vers Nikholas. « Nous y sommes ! J'espère que tu n'as pas peur du noir ? » le taquinait-elle gentiment, limite moqueuse. Que voulez-vous ? Elle ne pouvait s'en empêcher.

Nikaya is in da place

J'ai pas oublié