----- C'est l'heure de se coucher, Esfir se met dans mon lit et commence à me lire une histoire pour m'endormir, tous les jours le même rituel, déjà petite j'avais des troubles du sommeil. Je m'endors peu à peu dans mon lit douillé, la moindre des choses lorsque l'on vit chez les Bridgestone. Mais seulement quelques heures après que mes yeux se soient fermés, des cris dans la rue me réveille, toujours les même cris, des cris aigus, des cris de douleurs, je frissonne. Me cachant un peu plus dans mon lit, les couvertures tout autour de moi j'attends que ces cris cessent mais comme toujours je me mets à pleurer, j'ai peur, je ne sais pas ce qui se passe et ma voix se met à appeler Esfir et Maëlys. Ces deux jeunes femmes sont toute ma vie, tous les jours et toute la journée je me trouve avec elles, elles s'occupent de moi comme de leur propre fille mais je sais pertinemment que cela n'est pas possible, elles sont bien trop jeunes, un jour j'aimerais bien comprendre toute l'histoire mais pour le moment le sujet à l'air tabou, secret défense. Chaque jours un peu plus j'avance dans la vie entourée des Bridgestone, je ne sais pas pourquoi mais il y a cette jeune femme, l'Impératrice, Satyne, elle m'effraye à chaque fois que je la vois je ne peux m'empêcher de me cacher dans la jupe de Maëlys comme si mon ange gardien allait me protéger de cette dame aussi impressionnante que méprisante, elle me fait peur et tout simplement je ne l'aime pas ! Souvent le soir avant de dîner, je m'amuse avec Esfir à me déguiser, à devenir une future femme de la société, une robe un jour, une robe toujours comme on dit ! Tous les jours une nouvelle robe faisait son apparition sur mon lit de petite fille comme si Esfir n'était jamais satisfaite ou bien qu'elle m'aimait assez pour me faire de tels cadeaux, grâce à elle j'oubliais un peu la vie qui allait s’offrir à moi, celle qui allait faire de moi une esclave, une jeune femme soumise à l'autorité de la famille qui règne par ici, l'autorité des Bridgestone, je redoute un peu ce moment où fini les jeux, fini l'insouciance. Je ne sais pas ce que la vie me réserve mais je sais qu'elle sera des plus dure car à chaque fois que j'entends parler les servants, les esclaves, ils ont un petit air, un air malheureux, totalement soumis et en même temps de personnes qui ont peur pour leur vie.

----- C'est à dix sept ans que je rencontra Satyne réellement pour la première fois, une petite entrevue, j'avais l'âge de devenir esclave et j'allais devenir la plus officielle des esclaves, j'en avais peur mais en même temps j'en étais des plus honorées. De cette première entrevue je ne me souviens pas de grand chose, nous étions en train de discuter, la voix de Satyne était fascinante, mystérieuse et ne demandait qu'à nous hypnotiser, puis d'une minute à l'autre le trou noir, quand je repris mes idées je me trouvais dans mon lit dans la cave du palais. Fini les lits confortables auxquels je m'étais habituée dans le passé, une simple planche de bois comme matelas, à vous en donner mal au dos après seulement deux minutes allongées, les nuits étaient longues, les cris perpétués dans la nuit mais fini les cauchemars je me devais d'être forte, digne de mon rang. Souvent dans les couloirs du palais, je croisais mais deux anges gardiens, elles étaient sublimes, magnifiques mais il y avait quelque chose qui s'était cassé comme si depuis que j'avais Satyne je ne pensais plus qu'à elle, elle m'obsédée, son corps parfait, sa voix diabolique et si sensuelle, son regard flamboyant et son côté mystérieux. Je en me reconnaissais pas, j'étais aux ordres de Satyne et j'avais du mal à comprendre pourquoi je le faisais, pourquoi je tolérais qu'on me martyrise, Satyne avait ce don sur moi, j'obéissais aux moindres de ses envies, souvent elle me faisait faire des choses étranges, mais j'obéissais sans me poser de questions, tel était mon rôle. Je savais que si je la satisfaisais j'aurais des avantages, et je ne m'étais pas trompée, rapidement je devins l'une des plus serviables, des plus dévouées, je voulais être la meilleure esclave qui sait peut-être que j'étais un peu sado mais j'aimais être à ses ordres.

----- A l'âge de vingt ans, pour la première fois réellement j'ai rencontré Giovanni, je l'avais déjà entrevu étant petite mais il n'avait pas daigné poser un oeil sur moi, depuis la première fois que je l'avais vu, j'étais tombée sous son charme, il était tellement beau, tellement fort et séduisant, dès que je l'apercevais mon corps était en émoi, je ne me contrôlais plus, je voulais m'abandonner en lui pour le restant de ma vie. C'est finalement ce qui se passa quelques temps plus tard, devenus tout d'abord amis puis amants, je le désirais chaque jour un peu plus, je devenais dingue de lui et il s'offrait à moi comme si j'avais gagné une bataille, j'avais même cru gagner la guerre et pourtant. Ce rêve ne dura qu'un petit mois, un mois de folie, de désir, de plaisirs charnels, la première fois que j'appartenais à un homme, la première fois que je me sentais réellement vivante. Sans explications il mit fin à ce mois merveilleux, ce mois comblant mon amour et mon désir pour lui. Du jour au lendemain,Giovanni ne faisait plus parti de ma vie, il s'en était allé comme un voleur, comme un connard, c'est alors que détruite je me suis soumise encore plus à ma maîtresse. A partir de ce moment là, je suis devenue une autre femme, une femme redoutable et redoutée. Mon éducation parfaite réalisée par Maëlys et Esfir se fendilla petit à petit sous les ordres de plus en plus atroces de Satyne et son frère Lorcan. Souvent je devenais en quelque sorte le maître des esclaves, j'avais plus de pouvoir sur eux, je pouvais en faire ce que je voulais, ce que bon me semblait. Je m'amusais avec eux, et je m'amusais également avec Satyne, comme si nous étions les même, nous aspirions à la même chose être des monstres. Fini les sentiments, l'attachement maintenant mon existence était de pourrir la vie des autres, et chaque jour un peu plus ma vie se noircissait sous les ordres de plus en plus précis et horribles de Satyne. Pour elle, j'avais tué des esclaves, des humains, je contentais ses fantasmes sans broncher parce qu'au fond de moi j'aimais ça, lui appartenir, être son esclave privée et première de la liste. J'aimais ça être crainte par tout le monde, je n'avais plus peur de rien ni même de Satyne, elle ne me faisait pas peur mais je me gardais bien de lui dire car sinon elle aurait pu m'exécuter sur le champ. J'étais un peu devenu son jouet, aux moindres appels j'accourais en vitesse et m’exécuter à lui convenir.

----- Maintenant je rêve de devenir comme eux, je veux qu'elle fasse de moi une femme différente, immortelle comme elle car oui bien sûr que je suis au courant, elle ne vieillit pas alors que chaque jour sur mon visage des rides commencent à se dessiner. Fidèle jusquà présent, je le serais toute ma vie. Aujourd'hui, Maëlys et Esfir sont des jeunes femmes que je côtoies que très peu, elles sont trop simples, trop banales, souriantes, joyeuses et gentilles, ma vie n'est plus la même, j'aime le mal, subir le mal et faire la mal. Je me rapproche encore un peu plus de mon modèle : Satyne, je sais que jamais je ne pourrais l'égaler mais au moins je sais que pour toujours je lui appartiendrais.