Qui aurait pu croire que deux esclaves pourraient déjouer l'attention des vampires et la mort, pour passer un peu de bon temps ensemble et faire d'un enfant le fruit d'une passion défendue ? Personne, pas même la communauté de Heartkiller. Pourtant c'est ce qu'il s'est passé il y a de cela 25 ans. Deux esclaves, deux espagnols, ont pu laisser vivre un enfant dans le ventre de la femme, et le mettre au monde. Satyne Bridgestone, leur maîtresse, les a tuée le lendemain de cette mise au monde, furieuse. Si Maëlyss et Esfir Bridgestone n'auraient pas sauvé le nouveau-né, je ne serais plus de ce monde.

Grâce à Maëlyss et Esfir, j'ai grandit comme une fille normale, pas vraiment en tant qu'esclave. Bien sûr, je devais toujours rapporter des affaires à Satyne et à toute la famille royale lorsqu'on me le demandait, pareil pour faire certaines tâches ménagères. Mais j'avais vraiment l'impression d'être la petite fille d'Esfir et Maëlyss, d'être leur enfant qu'elles n'ont jamais pu avoir. Maëlyss était vraiment douce avec moi, me chouchoutant de manière à me voir sourire, à me voir grandir telle une jolie petite fille. Esfir, quant à elle, s'occupait de mon éducation. J'étais comme sa petite fille, sa poupée. Celle qu'elle habillait avec de magnifiques robes, celle à qui elle apprenait les bonnes manières et comment toujours faire plaisir à sa maîtresse et à la famille royale pour ne pas subir des châtiments. J'aimais vraiment ces deux soeurs, j'avais énormément d'affections pour elles. Je les voyais comme des mamans, comme des personnes qui n'avaient pas d'autre choix que de me laisser à mon statut d'esclave, sans pour autant me battre ou me faire subir de grave châtiments comme Satyne le faisait aux autres.

J'ai donc grandit de cette manière. J'ai grandit en apprenant à être une esclave modèle, à n'aimer et à ne servir que la famille royale. J'adorais Maëlyss et Esfir, pourtant aucune d'elle n'était ma véritable maîtresse. J'appartenais à Satyne, puisque mes parents étaient les siens. Satyne Bridgestone, dites L'Impératrice. Elle m'a toujours fascinée même si elle me faisait peur. J'étais jeune, et pourtant je voyais tout ce qu'elle faisait subir à ses esclaves, sans qu'elle me le fasse. J'avais pourtant cette envie d'en savoir plus sur elle. J'avais envie de lui faire plaisir, de la rendre fière de moi. J'avais envie qu'elle m'apprécie, au moins assez pour ne pas trop me torturer comme elle le faisait aux autres esclaves qui ne faisaient pas ce qu'elle souhaitait. Pourtant ce n'était pas gagné lorsque le premier jour où je lui ai revenu de droit, à mes 17 ans, elle m'a pris à la gorge et a tenté de me tuer. Je ne sais même plus comment j'ai réussi à survivre à ça vu la force qu'elle a, mais ce fut à ce moment là que je me suis décidé à vraiment faire tout ce qu'elle me dira de faire.

J'ai été une esclave exemplaire, une de ces esclaves que tous les vampires aimeraient avoir. Je faisais tout ce que Satyne me disait de faire, de jour comme de nuit. Sans jamais rien redire, sans jamais faire la gueule, sans jamais traîner les pieds parce que j'étais fatigué ou ne voulait pas le faire. C'était comme si moi aussi j'étais immortelle et infatigable, même si je l'étais au fond de moi. Mais je ne disais rien, et défendait toujours l'Impératrice lorsqu'on la critiquait, défendait toujours mon honneur d'esclave et que j'étais très bien avec ma maîtresse, jamais je ne la décevrais ou décevrais la famille royale. Même si à ce moment là, je n'avais pas encore eu le droit au mauvais côté de Satyne, à sa perversion et à son sadisme. Je devais avoir vers les 20 ans lorsqu'elle se décida à me pervertir, à me faire apprécier les mauvaises choses. Je ne sais pas pourquoi, si elle voulait me voir moins banale, ou si elle voulait tout simplement un nouveau jouet sans pour autant avoir à me tuer par la suite. Un jouet serviable. J'ai été son jouet. J'ai aussi été le jouet du Prince, Lorcan, à qui elle a demandé un coup de main dans ma débauche, dans ma tombée dans ce monde pervers et sadique. Et, contre toute attente, j'ai apprécié. J'ai eu mal, extrêmement mal. Je passais beaucoup de temps à soigner mes blessures de la façon dont je pouvais, pour ainsi satisfaire leurs besoins et envies le lendemain, et être toujours aussi serviable. Je me suis laissé faire comme un vulgaire pantin, comme un pantin qui a des pensées et des goûts. Ils m'ont fait goûter à ce monde de débauche, à ce côté sadique qu'ont les vampires, qu'ont Satyne et Lorcan. Ils m'ont fait apprécier toutes sortes de choses dont je n'avais vu qu'une infime partie. Je me demandais comment je survivais à tout ce qu'ils me faisaient faire. Je me demandais comment j'arrivais à ne pas être dégoûté d'eux, à être dégoûté de tout ce qu'ils me faisaient faire. Et j'ai compris. J'ai compris que j'aimais ça, que ce côté de moi était caché au fin fond de mon être et que les deux Bridgestone me l'ont fait ressortir. Ils m'ont fait apprécier le goût de mon propre sang dans la bouche, ils m'ont fait apprécier la douleur, la torture. Ma torture et la torture des autres, celle que je leur faisais subir. Ils m'ont fait apprécier le fait de blesser quelqu'un, le fait de voir la dernière lueur d'espoir dans les yeux d'un pauvre esclave désirant simplement que je sois solidaire avec lui et le laisse envie. Ils m'ont fait apprécier le meurtre, le sexe, la débauche.

Je ne vis donc que pour ça, et pour mon envie d'être un vampire, d'être du côté de la nuit, d'apprécier encore plus cette vie parfaite qu'ont Satyne et Lorcan. J'aimerais pouvoir encore plus détruire ces misérables moins que rien qui servent d'esclaves à Satyne, ces humains sur lesquels je marche dessus sans m'excuser, ceux que je rabaisse sans raison. J'aimerais pouvoir servir Satyne éternellement sauf si elle se résout à me libérer après quelques années de servitude en plus. Ce serait un tel honneur d'être transformée par Satyne Bridgestone ! Pouvoir enfin suivre son exemple, détruire encore plus de monde, et chasser pour elle. Pouvoir rendre ma maîtresse fière de moi.

Ma transformation m'aiderait aussi à me venger de Giovanni Handerson. Ce bel incube que j'ai rencontré en étant petite et qui m'a envoûté au premier regard, et avec qui j'ai eu une relation de deux mois il y a de cela quelques années. J'aimerais me venger de m'avoir laissé telle une vulgaire humaine sans intérêt et de retourner auprès d'autres vampires. J'aimerais enfin détruire ses jouets, ses idiotes qui tournent autour de lui. Le voir à la fois souffrir et l'avoir pour moi.