[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Les pressentiments. Cela vous ait déjà arrivé d'en avoir ? C'est le genre de chose qui vous prend aux tripes et qui refuse de vous lâcher tant que vous ne l'écoutez pas. Et bien Isalyss le subissait à l'instant même. Elle sentait que quelque chose n'allait pas. Elle ignorait quoi, mais quelque chose clochait et une petite voix dans sa tête lui répétait de retourner voir son maître avant de s'attirer des ennuis. Elle avait peur. Une boule d'angoisse s'était bloquée dans son estomac et essayait tant bien que mal de remonter jusqu'à sa gorge. Pourtant, elle n'avait rien à craindre. Que pouvait-il bien lui arriver ? Elle était un vampire et là où elle allait il n'y avait à priori que des humains. C'est justement pour cela qu'elle se rendait sur place. Le bruit courrait que des humains se planquaient prêt des épaves. Personnellement Isalyss ne trouvait pas cela bien intelligent, c'était tellement prévisible que pour elle c'était étrange que certains le fassent encore. Mais c'était des humains, ils n'avaient pas la même capacité à réfléchir que les vampires. Mais d'un autre côté, c'est Isalyss qui réfléchissait beaucoup trop. Elle craignait tellement le monde de nos jours qu'elle réfléchissait toujours à deux fois avant de faire quoi que ce soit. Belles précautions. Elle marchait donc en direction des ruines. Elle craignait toujours d'être surprise par le soleil lorsqu'elle s'éloignait de la demeure de son maître mais c'était une journée si nuageuse qu'elle ne pouvait pas imaginer l'ombre d'un rayon de soleil. Elle était rassurée dans ses moments là, au moins, elle n'avait pas à surveiller le temps pour être certaine de ne pas finir griller. C'est donc l'esprit tranquille qu'elle marchait. La boule d'appréhension était toujours coincée dans son estomac mais elle n'écoutait jamais ses peurs. De plus, elle n'avait ici aucune raison d'avoir peur, c'était une journée comme une autre, sur la même île que d'habitude.

Arrivant enfin devant les épaves d'avion et bateau échoués, elle ferma les yeux cherchant la présence d'humain. Si elle arrivait à en ramener un à son maître ce serait le jackpot, cela faisait pas mal de temps qu'elle n'avait pas ramener le moindre petit humain à Jewel et elle avait peur que celui-ci lui fasse remarquer. Elle s'occupait de tellement de chose ces jours-ci qu'elle n'avait plus le temps d'aller chasser, et elle espérait que son maître le comprenait. Après tout, elle n'y était pour rien, au contraire. Elle faisait tout pour satisfaire son maître et sa présence prêt de ces tas de déchets le prouvait bien. Que ne ferait-elle pas pour satisfaire les désirs de Jewel. Elle détestait l'idée d'un jour le décevoir, elle lui devait la vie à présent. C'était grâce à lui qu'elle était encore en vie, il lui l'avait sauvé après qu'un vampire ne l'ai agressé. Elle n'était alors qu'une esclave sans défense. C'est grâce à lui si aujourd'hui elle était là pour chercher de nouveaux esclaves à apporter à son master. Elle avait du mal à percevoir l'odeur des humains. Cela ne faisait que très peu de temps qu'elle était un vampire et elle n'avait pas encore l'astuce pour retrouver rapidement la trace des humains. La seule chose qu'elle percevait était les mouvements autour d'elle. Quelqu'un était dans les parages.

Il ne fallut que peu de temps pour Isalyss avant de tomber nez avec la personne en question. Elle n'avait fait que suivre les bruits de pas en essayant de faire le moins de bruit possible. Si c'était un humain, elle s'était gagné d'avance, mais s'il s'agissait d'un vampire, elle n'aurait qu'à rebrousser chemin. Et en l’occurrence, il s'agissait d'un vampire. Elle savait reconnaître des vampires des humains, elle l'avait apprit avec le temps. Ce n'était pas compliqué à deviner après tout. Tant de chose les différenciaient. L'homme était assez grand, et un corps à se damner. Mais ce qui attirait l'attention de la succube était ses yeux. Ce regard, elle l'avait déjà affronté auparavant. Elle l'avait revu dans bon nombre de ses cauchemars après l'attaque. C'était lui. L'homme qui l'avait rendu ainsi. Celui qui avait voulu la vider de son sang quelques mois avant. Lui revient alors le souvenir de cette journée de pluie, lorsqu'il lui avait bondit dessus alors qu'elle faisait une course pour son maître bien aimé. Puis, il l'avait laissé au sol, dans son sang, à l'agonie. Si Jewel n'était pas arrivé, elle se serait complètement vidée de son sang et ne serait plus de ce monde à l'heure actuelle. Voilà d'où venait la peur qui l'avait habitée en arrivant. Elle avait du sentir sa présence et tout ses sens s'étaient éveillé. A l’affût du moindre signe de danger. Isalyss avait peur. Et s'il était venu finir le travail ? S'il avait en tête de la tuer pour de bon ? Essayant de reprendre son souffle, la belle succube se mit à reculer de plusieurs pas en soufflant. « Ne m'approchez pas... » Elle eu alors envie de s'enfuir en courant, mais d'un autre côté, elle devait bien avouer que l'homme l'intriguait. Elle se devait de rester. Puis, au final, peut-être qu'il n'était pas aussi cruel qu'il le laissait paraître. C'était bien le genre de pensé d'Isalyss, pour elle, chacun avait une part de bonté en lui. Même l'homme le plus cruel au monde pouvait se montrer doux comme un agneau, du moins c'est ce qu'Isalyss aimait penser pour se rassurer.

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« La peur est une brume
de sensations »

Considérée comme notre sixième sens, l’intuition, véritable complément de la raison, permet d’appréhender différemment la réalité. Elle peut être considérée comme une passerelle entre la connaissance qui réside en nous et le monde qui nous entoure. Nous en sommes tous dotées, chacun à notre manière. Isaac est le genre de personne à avoir une approche rationnelle des faits, en laissant parfois de côté cette partie inconsciente de son être. La fonction bipolaire de son cerveau ne l’a pas échappé. Même s’il est dominé par la partie gauche, plus analytique et évaluatif, il cède parfois les rênes au droit, où réside le siège de l’intuition. Sans forcément se soumettre à un mode irrationnel, il s’intéresse de plus en plus à une vision plus globale de la réalité. Il essaye de jouer le jeu, sans chercher à en maîtriser les règles. De quoi bouleverser son rapport au monde, sans doute encore régi par la logique. La soirée s’annonçait être monotone, habituelle et sans grande surprise. Comme à son habitude, Isaac se « réveilla » un peu avant le coucher du soleil. Plus il vieillit, plus il se rend compte que ses heures de sommeil sont de moins en moins longues. Il en profita pour faire un petit tour à la caserne d’entraînement, où Seth l’informa qu’il n’avait pas besoin de lui pour la soirée à venir. Il était donc libre de vaquer à ses occupations. Dans ces cas-là, plusieurs choix s’offraient à lui : il pouvait rendre visite à la Dauphine, retrouver son amie Anastasia dans le cimetière ou effectuer son autre mission : protéger Mélinda, une humaine que l’Empereur souhaite garder à l’œil. Même si les deux premières alternatives l’intéressaient grandement, il choisit la dernière. En soit, il ne s’agissait pas seulement d’observer l’humaine et veiller à ce qu’il ne lui arrive rien ; Le vampire est obsédé par son sang. Il profite donc de cette mission pour s’abreuver en de très faible quantité de cet élixir délicat. Personne n’est au courant de son petit jeu, pas même Mélinda. Le vampire use de ses pouvoirs hypnotiques pour tout effacer de la mémoire de la jeune femme. Il est conscient qu’il risque gros sur ce coup, puisque l’Empereur veille au grain, mais c’est plus fort que lui.

La soif de sang a toujours été un problème de taille chez le vampire. À ses débuts en tant que nouveau-né, des villages entiers ont été massacrés et décimés. Humains démembrés et vidés de leur sang offraient un tableau qui lui insufflait satisfaction. Il eut beaucoup de mal à se contrôler, mais il a finalement réussi à passer le cap. Ses excès de folie devenaient de plus en plus espacés, jusqu’à disparaître complètement. Il lui arrive de franchir cette barrière qu’il s’est imposée, mais cela reste exceptionnel. Pour preuve, son dernier dérapage date de son arrivée sur l’île. Il parcourait timidement la jungle, sans trop savoir quel chemin emprunté ni quel comportement endossé. Par le plus grand des hasards, il a croisé la route d’une jeune femme, elle semblait humaine et inoffensive, mais un détail l’avait perturbé : elle ressemblait beaucoup à sa créatrice. Beaucoup trop même. Sans s’y attendre, ce mur de contrôle qu’il gardait intact métaphysiquement s’envola. Il fut alors entraîné par une ribambelle d’émotions qui le poussèrent à commettre l’inévitable : attaquer la jeune femme en question. Il réussit à reprendre ses esprits tant bien que mal, mais c’était trop tard pour l’humaine, qui gisait inerte sur le sol. Il venait tout juste d’arriver et ne souhaitait pas être réprimandé pour cet incident. Cela ruinerait sans aucun doute sa couverture. Il décida alors de s’en aller, laissant la jeune femme pour morte. Il est revenu plus tard, pour tenter de découvrir ce qui était arrivé à l’humaine, mais il n’y avait aucun corps. Il était certain de l’endroit où il l’avait laissé, sauf qu’il n’y avait plus personne. Il s’est surpris à espérer que sa proie s’en soit tirée, qu’elle soit saine et sauve. Depuis qu’il est devenu soldat de la garde royal, Isaac s’est racheté une conduite. En outre, il fait beaucoup plus attention à ses faits et gestes. Le vampire s’en veut toujours d’avoir attaqué cette fille qui a mystérieusement disparu. Ne sachant guère ce qui lui est arrivé, il cherche tout de même à retrouver sa trace.

Maintenant que la nuit était tombée, Isaac pouvait sans problème quitter la cité pour rejoindre la jungle et sa délicieuse Mélinda. Il emprunta son chemin habituel, suivant les différents repères qu’il avait trouvé dans cette faune abondante. À l’orée d’un chemin, le vampire sentit une présence inhabituelle. À force exécutoire, il commençait à reconnaître les odeurs de ceux qui parcouraient les lieux. Cependant, cette nouvelle fragrance était toute nouvelle, ou presque. Elle lui rappelait quelque chose, mais impossible de se rappeler quoi. Curieux, il se mit en quête de celle-ci, se rapprochant de plus en plus du coin des épaves. Finalement, il se retrouva nez à nez avec un vampire, ou plutôt une Succube. Il n’avait aucun doute là-dessus, ses traits angéliques et enjôleurs étaient une preuve suffisante. Quelques secondes lui suffirent avant de la reconnaître. C’était elle, l’humaine qu’il avait attaqué. Combien de chance avait-il de la retrouver par hasard ? Pratiquement aucune, et pourtant, ils étaient face à face. L’espace d’un instant, il ne sut comment réagir. La jeune femme était tétanisée, ce qui était compréhensible. Elle recula lentement mais sûrement de quelques pas, puis s’exprima à demi essoufflée : « Ne m’approchez pas… ». Contrairement à ce qu’Isaac imaginait, la demoiselle ne s’enfuit pas en courant. Elle s’était éloignée, mais elle était toujours là. Le vampire profita de cette opportunité pour s’expliquer : « Je ne vais pas te faire de mal ». Le tout était de se montrer calme afin de ne pas effrayer la succube. Il ajouta alors : « Je suis navré pour la dernière fois, j’ai perdu mes moyens ». Et il était sincère. Soucieux, il attendit bien sagement que la jeune femme prenne une décision : fuir ou essayer de comprendre.