Tic... Tac... Boom. Une bombe, l'horreur, le sang, les cries. La mort. Partout, qui rode, son odeur putride flottant dans l'air.

L'enfant se réveille d'un bond, essoufflé, en sueur et encore tremblant. Un rêve, ce n'était qu'une illusion pense-il. Encore une, il se réveille toujours dans le même état, il est perturbé, il a peur. Il ne se rendormira pas. Il le sait c'est toujours pareil de toute façon. Comment le blâmer ? Ce genre de rêve est horrible pour un enfant. Il ne peut pas aller se confier à sa mère ou son père, il doit être un homme, être fort. Un homme n'a peur de rien, il ne crains rien. Pourtant ce n'est pas encore un homme, c'est un enfant. Il a à peine 8 ans. Mais il sait que si il se lève pour demander du réconfort auprès de sa mère, son père l'enverra se recoucher sans plus de ménagement. Il a essayé une fois, il a été puni pour cela. Alors sans un bruit il pose ses pieds par terre et se dirige vers la chambre de sa petite sœur, son soleil. Il fait doucement, pour que le parquet en bois ne fasse aucun bruit sous ses pas. Ça marche, il arrive et se glisse sous les draps. Il n'y a que comme ça qu'il va se rendormir, prés de sa petite sœur. Sa Alice. Son ange blond dort, mais pourtant en sentant le corps de son frère dans son lit une place, elle ouvre un œil et vient se coller à lui, et enfouir son visage dans la chemise de nuit du jeune homme. Il la serre contre lui de ses petits bras. Et d'une petite voix, sa sœur brise le silence. « Encore un cauchemars Eli' ? » Le plus vieux ne répond pas, il se serre plus fort contre sa sœur et celle-ci comprend. Ainsi ils se rendorment. Et lui... Il se souvient.

Il s'appelle Elikan Cyal Sunshine. Il vit en Amérique maintenant, mais il est né à Édimbourg dans la capitale Écossaise. C'est le fils aîné de la famille Sunshine, et dans ses bras il tient sa petite sœur, Innocent Echo-Alice. Sa princesse, sa perle. Son ange ou du moins, la plus pure représentation sur terre de ces êtres célestes. Elle a 5 ans, lui 8. Elle est si fragile, si pure. Son père ? Un révèrent. Sa mère ? Il l'adore même si il ne lui dit pas assez. Elle est douce, calme, une mère au foyer exemplaire. Ils vivent dans une petite maison de Philadelphie, ils sont modestes mais ne manquent de rien. Ils sont protestants, très croyant par la force des choses. Pour tout avouer Elikan ne comprend pas grand chose à la religion, mais il se plie aux règles de son père.

Il vient d'avoir 10 ans, et ses rêves s'amplifient. Il ne dort plus, il a du mal. Il a peur de fermer les yeux, de s'endormir. Il ne se repose qu'avec sa sœur, quand il est prêt d'elle. Mais leur père refuse qu'il dorme avec elle. Ce n'est pas digne d'un homme dit-il. Mais il n'est pas un homme, il ne veut pas grandir il veut rester enfant. Pourtant il se sent devenir grand, trop vite même. Il sent qu'il doit protéger sa petite sœur, cela le rend adulte et plus mature. Sa princesse va bientôt partir pour une école religieuse. Il ne la verra que pendant les vacances. Il sera fort, pour elle. Pour faire sa fierté. Pourtant il a essayé de parler de ces rêves à son père, d'avoir son soutien ou du moins une explication. Qu'on lui dise qu'il ne crains rien, que ses parents sont là et qu'ils le protègent. « Ce n'est pas normal. Va prier, Le Seigneur n'abandonne pas sa brebis, même la plus égarée. » Mais ce n'est pas Dieu qui va l'aider, il le sait. Mais il ne dit rien, ce serait un blasphème. Alors devant son lit il s'agenouille et prie à voix basse. Il sait que son père écoute à travers la porte, qu'il le guette pour savoir si son fils est un bon croyant. Il l'est ou plutôt il le fait croire, qu'il se rassure.

Le royaume de Dieu est en toi et tout autour de toi. Pas dans les édifices de bois et de pierre. Fend un morceau de bois et je suis là. Soulève un morceau de pierre et tu me trouveras.


Il a 12 ans depuis plusieurs mois, le soleil se couche et baigne l'horizon d'une couleur orangée magnifique. Elikan est debout dans un champ de blés, il regarde son ami courir vers lui, il est beau avec ses yeux verts, son sourire éclatant et ses cheveux blonds tel un ange, il s'élance dans ses bras. Ils sont à peine en vacance et cela fait plusieurs semaines qu'il ne se sont pas vus. Son ami s'appelle Kano, il a son age. Tel les enfants qu'il sont ils partent en courant dans les champs, riant, sautant, s'amusant comme ils ont l’habitude de le faire. Avant que la nuit ne tombe ils ce sont arrêtés sous un arbre, ils sont assis l'un à cotés de l'autre, ils parlent. Et sans prévenir, en une fraction de seconde Kano a ses lèvres sur celles d'Elikan. Un baiser chaste, du bout des lèvres. Un baiser d'enfant. Elikan ouvre les yeux, plonge son regard dans celui de son ami et son âme s'illumine. C'est quel sentiment qui brûle son cœur ? D’où viennent ces papillons qui battent de l’aile dans son ventre ? Et ce sourire heureux il lui est adressé ? Pourtant le rêve se brise, la bulle de bonheur s'éclate alors qu'Elikan sent une main le lever sans douceur, avec force et violemment. Il entend des bribes de paroles, son père. Il lui hurle des mots à l'oreille, mais l'enfant n'entend rien, il veut retourner vers Kano et pourtant il prend la direction inverse. Il ne le sait pas encore, mais ce sera la dernière fois qu'il verra son ami, son premier amour d'enfance.

Les conséquences de ce baiser seront catastrophique pour l'enfant. Son père est entré dans une colère noire, il l'a emmené à l'église, l'a forcé à prier, à se repentir et à demander l'absolution de son âme. Son père l'a traîné dans sa chambre. Il est persuadé que son fils est possédé, et pour avoir confirmation de ses dires il prend une fiole d'eau bénite et le force à boire. L'enfant s’exécute, grimace sous le goût fort du breuvage. Une seconde passe... Elikan tourne la tête vers l'entrée de sa chambre. Sa mère pleure, elle pense comme son père bien-sûr. Sa petite sœur le regarde et il lit dans ses yeux tant d'amour et de souffrance qu'il se sent défaillir. Il sait qu'il ne l'a pas déçu, mais elle ne comprend pas et c'est normal. 2 secondes... Son père le fixe, attendant de voir une quelconque forme de possession traverser les yeux de son fils. Mais rien, pas le moindre rictus ne déforme le visage du petit brun. 3 secondes... La gifle part, si fort que l'enfant sent sa tête lui tourner. Sa joue le brûle, il y porte ses mains froide pour apaiser la sensation de brûlure mais cela ne fonctionne pas. Alors il sent les larmes lui monter aux yeux, l'humiliation et la rage lui serre la gorge. Ce n'est pas le coup en lui même qui le blesse le plus, c'est le motif. Il aime Kano ce n'est pas le plus important? Dieu n'est qu'amour disait son père. Il mentait alors. Il entend sa sœur pleurer et immédiatement il s'en veut, il ose lever le regard vers elle, il lui murmure un pardon avant de fondre en larme. Son père est satisfait, si son enfant pleure c'est que le démon en lui quitte son corps. Qu'il a honte de ce qu'il a fait avec ce petit parjure de Kano. Le petit brun pleure plus fort, il se sent seul, incompris. Il se demande ce qu'il a bien pu faire pour que Dieu le déteste tant. Alors il comprend que Dieu n'existe pas, que c'est une invasion de l'être humain pour se sentir inférieur. Que l'être humain à besoin d’idolâtrer pour avancer, qu'il ne se sent bien que lorsqu'il pense que quelqu'un le regarde. Il le comprend, et il sait déjà qu'il déteste ce seigneur hypocrite et menteur. Il rend les hommes fous, il rend son père dingue. Il fait pleurer sa sœur et pour ça, il blasphémera autant qu'il le pourra.

Son père se retourne et en quelques mouvements il fait disparaître tous les livres posés sur les étagères de son fils. Ils sont remplacés par des ouvrages bibliques, par des statuettes religieuses. Sa petite sœur c'est approchée pour se réfugier dans les bras de son frère. Mais leur père la prend par le bras pour l'emmener loin de cette chambre où traîne le démon parait-il. En un instant le jeune homme se retrouve seul, enfermé dans cette chambre, son ombre se dessinant contre le mur en face. Il regarde son reflet et prend une décision. Il jouera la comédie, plus jamais il n'acceptera pas une autre humiliation comme celle là. Pour ce soir l'enfant restera seul, affamé car son père à sans doute ordonné à sa mère de ne pas lui monter de quoi se restaurer, à la lueur d'une faible lumière il va s'endormir et encore rêver, tremblant car il a froid, des sanglots dans la voix. Le lendemain la porte de sa chambre est ouverte, il se lève et va réveiller sa sœur en l'embrassant sur le front. Le regard de son ange blond semble s'émerveiller en voyant son frère. Il la serre contre lui en lui promettant qu'elle ne reverra plus jamais ça, elle le croit, il en est fier.

Depuis ce jour Elikan change. Cet enfant pourtant turbulent devient un modèle de calme et d'assiduité. Il étudie la bible, lit les différents évangiles que lui donne son père. Il va à l'église, prie comme le veut sa religion, travaille beaucoup à l'école même si c'était un bon élève bien avant. Il devient le fils que son père à toujours voulu. Mais ce n'est qu'une image. Il s'amuse en réalité, il joue. Il est l'acteur de sa vie, et il joue actuellement son plus beau rôle. Il a évité le pire, son père voulait l'envoyer au séminaire, il voulait faire de lui un homme d'église. En devenant un modèle de vertu il évite de rentrer dans la religion. Il ne l'aurait pas supporté. Mais cet après midi encore son père l'a envoyé dans sa chambre pour étudier la bible. Elikan n'est pas fou, il ne va pas le faire. A la place il a glissé une feuille entre les pages de la bible et il dessine. Quoi ? Le visage de Kano qu'il n'arrive pas à oublier. Il part dans ses souvenirs sans prêter attention aux pas qui s'approche de lui, une petite tête blonde se penche sur son dessin alors qu'il sursaute. Il reconnaît sa sœur et un sourire illumine ses lèvres. Son petit ange relève ses yeux bleus vers elle pour lui demander doucement, en faisant attention à ce que leur père n'entende pas. « C'est qui Eli' ? » Il hésite... Il lui fait confiance oui mais il ne sait pas comment elle va réagir. « C'est Kano tu sais mon ami. » Elle hoche la tête silencieusement. « Pourquoi père à piqué une colère ? J'ai entendu son prénom ça avait un rapport avec ton ami ? » Toujours aussi curieuse... Il l'adore ainsi. Elle ne peut pas s’empêcher d'espionner. Il sent qu'il peut se confier à elle, il ne peut plus jouer un rôle devant sa sœur. Il ne s'en sent pas le courage. « Kano m'a embrassé Ali' et père l'a vu. Il a piqué une colère. » Sa sœur ne dit rien, que répondre ? Elle ne le juge pas et cela le rassure. Elle le regarde, lui dépose un baiser sur le front. « Je t'aime Eli' » « Moi aussi Ali' » Ali et Eli, seulement une lettre pour différencier deux enfants qui se ressemblent pourtant tellement.

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TITRE ❖ ARTISTE

Le temps passe mais les souvenirs restent...

Aujourd'hui il a 16 ans. Cela fait 4 ans qu'il joue au fils modèle. Qu'il se tient en société, qu'il apporte de bons résultats à ses parents, qu'il est un pratiquant exemplaire. Et son père n'est plus sur son don, il le guette parfois Elikan le sent, mais il laisse son fils, il est rassuré car il pense avoir fait fuir le démon qui sommeillait en lui. Nous sommes en hiver et le soleil se couche plus tôt. Ce matin il a reçu une petite lettre, un mot composé d'une seule phrase. Ce soir 21H ne sois pas en retard. Il sait de qui vient ce mot. Demain sa petite sœur revient, elle sera enfin en vacance et Elikan compte bien profiter d'elle. Il a un peu travaillé et a mis de l'argent de côtés pour elle, ils vont se faire plaisir et il va l'emmener promener. La gâter, faire d'elle une princesse, à l'image de tout l'amour qu'il lui porte. Ce soir ses parents ne sont pas là, ils sont invités à un repas. Il a bien jusqu'à minuit avant qu'ils rentrent. Ils le laissent seul, le pensant sage. Ils se trompent. 20H arrive, ses parents partent alors que le jeune homme file dans sa chambre pour se préparer. Il prend une douche rapide, froide pour gagner du temps, il ne sent pas la morsure de l'eau glacée, il a tellement hâte. Il enfile un pantalon en toile blanche, une chemise a jabot ainsi qu'une veste noire. Il met ses bottes et se coiffe rapidement. Le jeune garçon maigre à laissé place à un homme bien bâti, au cheveux noirs comme la nuit et au yeux sombres. Une légère barbe orne également son visage, assez pour le vieillir de quelques années. Sa voix autrefois fluette a laissée place a un son grave, rauque, chaud. Sans bruit il sort de chez lui, dans l'obscurité de la nuit il marche vite, il est pressé. Son cœur déborde de joie il le sent. Au bout de plusieurs minutes il le voit, enfin. Il aperçoit sa silhouette massive, il voit se déssiner les contours de ses épaules, de son visage à mesure qu'il s'approche. Dieu qu'il peut-être beau ! Yeckcim, un jeune homme qu'il à rencontré au détour d'une promenade, un ami d'abord, un amour ensuite. Le jeune homme est brun, le teint cuivré, les yeux noisettes, un amérindien qui fait littéralement craquer Elikan. Ils s'aiment depuis plusieurs semaines, en cachette. Ce soir Yeckcim à installé une couverture par terre ainsi que des bougies. C'est une petite attention, mais qui fait craquer Eli'. Leurs lèvres se rejoignent, leurs mains s’agrippent. C'est une effusion de sentiments, l'amour, la passion, le désir. Et bientôt ils s'allongent sur la couverture alors qu'ils ne sont que gémissements et soupirs.

Le jeu recommence encore et encore, de plus en plus souvent. Ils s'aiment partout et n'importe quand. Parfois ils prennent des risques, mais ils s'aiment et c'est plus fort que tout. Un soir il se prépare à sortir, sa sœur est à la maison. Elle le voit faire et comme il s'en doute elle veut venir. Ses parents sont absents encore, et ils lui ont ordonnés de s'occuper d'elle. Cela ne le dérange pas bien-sûr, il adore être avec elle. « Tu fais quoi Eli' ? Tu vas où ? Emmène moi ! » Elle à 13 ans, et tel un grand frère protecteur il refuse... Juste 3 secondes. Elle lui fait ses petits yeux et il cède, car il l'aime trop, car elle sait se jouer de lui. Mais ce soir il ne va pas rejoindre Yeckcim, il sort dans un saloon de la ville, il va prendre un verre et s'amuser un peu au rythme d'une musique entraînante. Le lendemain son père va lui présenter une jeune fille afin qu'il l'épouse. Il ne veut pas mais il n'aura pas le choix, dans 1 an il devra faire sa demande si il ne veut pas que son paternel le répudie. Il réfléchira demain, il trouvera un moyen de ce sortir de cette situation. « Va t'habiller petit ange, ce soir nous sortons ! Mais à une seule condition, je t'interdis de t'éloigner de moi compris ? » Il prend un ton dur, ou du moins il essaye mais cela ne fonctionne pas. Sa sœur est si heureuse de sortir qu'elle accepterait tout ce qu'il lui demande. Elle hoche la tête avec un grand sourire et va enfiler une robe. En attendant il part dans la chambre de ses parents, fouille dans leur coiffeuse pour sortir de quoi maquiller légèrement sa sœur. Assez pour faire d'elle une femme, pour qu'elle fasse illusion. Il ne veut pas l'avouer mais il est heureux de l'emmener. Son petit ange revient et se laisse maquiller, sous les doigts habiles de son frère elle se transforme, d'enfant elle devient jeune fille. Il la trouve belle, presque trop, et il déteste déjà l'homme qui volera le cœur de sa petite perle. Mais ce sera dans tellement longtemps, il ne préfère pas y penser.

Du bonheur, brut, natif, volcanique. Du bonheur à l'état pur, mieux que tout, mieux que la vie.

Le froid leur mord les jours, leur fait claquer les dents et pourtant ils rient, ils se tiennent la main et courent à en perdre haleine. Dans la nuit il l'arrête, la fait danser, tourner alors qu'elle ouvre les bras comme si elle allait s'envoler. Comme quand ils étaient enfants, un instant ils ont 5 et 8 ans, un instant ils ne sont plus de jeunes adultes. La religion, la souffrance, la peur, leur éducation rigide ne les atteins plus. Ils ne sont plus Alice et Elikan, ils sont un. Une même âme dans deux corps. Ils finissent par se calmer, et alors qu'elle tremble il la prend contre lui, la réchauffe en lui frictionnant les épaules. Ils arrivent au saloon. Elikan laisse passer sa sœur, ce n'est pas un habitué mais il vient assez souvent pour que le barman connaisse son visage. Ils vont à une table tranquille, ils rejoignent des amis du jeune garçon. Sa petite sœur s'assoit sur ses genoux, il lance un regard assassin à ses amis. Sa sœur on ne touche pas, il le fait comprendre. Le barman leur apporte deux verres de Whisky, et même si il n'est pas totalement d'accord, il laisse sa sœur tremper ses lèvres dans le liquide ambrée. Ce soir il peut la laisser s'amuser. Il sait qu'elle a une éducation rigide dans son établissement protestant, et qu'elle ne rêve que d'une chose c'est s'évader. Il le comprend... Ils sont pareils. Ce soir et depuis longtemps, enfin ils s'amusent. Sous une musique entraînante il lui prend la main et la fait danser, valser, tourner. Elle rit dans ses bras, elle est heureuse, elle est vivante. Et lui ne se sent humain que lorsqu'il entend son rire.

Il a maintenant 18 ans. C'est un homme qui part pour l'armée aujourd'hui. Il c'était promis de trouver une solution pour ne pas épouser la fille que son père lui avait présenté. Il a réussi, il part pour l'armée. Il n'a rien trouver de mieux pour faire enrager son paternel, la seule chose qui l'attriste ce sont les larmes de sa sœur. Plusieurs fois elle l'a supplié de ne pas partir, mais sa décision est prise. Il a besoin de ça, d'aider, de se battre, de servir son pays. Il a joué pendant des années, il n'en ai plus capable dorénavant. Il vient d'enfiler son uniforme de l'armée Américaine, il a beaucoup d'allure. Son père lui sourit, devant sa femme et sa fille il a le beau rôle, il joue au père aimant, fier de son fils. Elikan et son père font ça depuis des années, mais l'un comme l'autre ils savent qu'ils se supportent difficilement. Pourquoi ? Car Eli' fait encore et toujours ses rêves, et qu'il doit se taire. Cela fait des années qu'il n'en parle pas sauf à sa sœur. Toujours la même chose. Du sang, des larmes, de la peur. Il ne s'habituera jamais totalement à ses illusions. Il veut fuir la religion, enfin il peut. Partir pour une cause juste, quelque chose qui lui ressemble. Il est fait pour ça. Sa sœur, elle, continue ses études dans les établissements protestants. En quelque sorte ça la protège de la folie de leur père et au fond... Il se rassure. Il doit aussi dire adieu à Yeckcim, et même si cela lui déchire le cœur il ne peut faire autrement. Ils n'ont aucun avenir ensemble, ils doivent se rendre à l'évidence. Alors la mort dans l'âme il embrasse une dernière fois son homme, un dernier baiser pour lui dire adieu. Il ne le reverra plus. Sans se retourner il part, un dernier regard ferait trop mal.

19,20,21,22 ans...

Les années passent, il devient un soldat. Un des meilleurs de sa section. Il fait la fierté de ses supérieurs. Il est souvent retourné chez lui, voir sa sœur. Lui apprendre à devenir une femme accomplie. Il lui a apprit à monter à cheval, à tirer au fusil. Jusqu'à ce que leur père les surprenne et qu'il pique une colère. Alors depuis il a l'interdiction formelle d'apprendre quoi que ce soit à sa sœur. Bien-sûr ils n’obéissent pas, et maintenant sa sœur tire aussi bien que lui, sans parler de l'équitation, elle est une cavalière d'exception. Il est tellement fier d'elle, il l'aime tellement. Et quand il croise son regard il ne peut s’empêcher de ressentir une énorme bouffée de tendresse pour sa perle. Ali' et Eli' à jamais.

C'est à l'age de 27 ans que la guerre d'indépendance éclata. En 1775. En tant que soldat Elikan fut appeler en premier et c'est avec une grande fierté qu'il partit. Le front... Il ne l'avait pas imaginé ainsi. C'était pire que tout. La guerre était une horreur dont il se serait bien passé. Mais il devait servir son pays c'était plus important que tout, des gens mourraient tout les jours, il n'était qu'une question de temps avant que ce soit son tour. Il côtoyait la mort, elle rodait, à travers chacun de ses pas il pouvait la sentir. Il n'avait plus peur.

Il changea d'avis quand sa sœur rejoignit les rangs. En tant qu’infirmière. Il ne pouvait être plus fier d'elle encore. Il combattait, elle s'occupait des blessés. Tous les soirs il venait la voir, tous les jours elle craignait qu'il ne revienne pas. Il avait tant vu d'amis partir au front et ne pas revenir, il avait tant perdu... Il ne lui restait qu'un ami, un seul de son age. Aussi épuisé que lui. Mais avec assez d'énergie pour essayer de charmer Alice, avec de belles paroles, un beau sourire. Elikan le laisse faire, sa soeur est adulte elle sait ce qu'elle veut maintenant. Il la protègera malgré tout. Pour toujours. Il avait 29 ans, 2 ans de guerre sans repos, 2 ans de morts, de peine, de souffrance, de sang... Son rêve prenait vie et ça l'effrayait. Pourtant un jour le combat fut calme, Elikan revenait vers les rangs, en traînant les pieds certes... Clic... Clic... Boom.

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TITRE ❖ ARTISTE

Le noir, le silence. Il ne voyait plus rien, il ne ressentait plus rien. Il reprit ses esprits instantanément, il avait mal à la tête, au corps, partout. Une bombe vient d'exploser prés de lui. Ses oreilles lui sifflaient, cela le brûlait. Il avait du mal à reprendre ses esprits. Un visage penché au dessus de lui, un sourire, une main froide qui se pose sur son front et qui l’apaise un instant. Puis la douleur, la morsure. Un liquide qui coule dans son corps, qui le brûle. Un hurlement s'échappe de ses lèvres. Il se débat, frappe et pourtant l'homme ne bouge pas. Le visage d l'inconnu est dans son cou, Elikan sent sa vie s'échapper de son corps. Il pense à sa sœur, la seule femme qu'il n'a jamais aimé. Son visage est la dernière personne qu'il voit, son sourire... La dernière lumière qui l'accompagne avant la fin.

La mort n'est que le commencement...

Alors c'est à ça que c'est résumé sa vie ? Si jeune. 29 ans... Il n'a rien vu passé, il n'a eu le temps de s’arrêter sur rien. Sa sœur, si douce, fragile. Un ange sur terre, un peu perdue dans ce monde ravagé par la guerre. Sa mère, douce et aimante, mais pourtant soumise aux décisions de son mari. Son père, un homme de religion, pourtant devenu fou au nom d'un Dieu qui n'a jamais vu. Et ses amis ? Il n'en a pas, il n'en a jamais réellement eu à part Kano. Après ce baiser il ne l'a plus revu, mais pourtant il pense souvent à lui. Il aurait tant aimé le revoir, il aurait tellement voulu l'aimer. Yeckcim... Son dernier amour qu'il à quitté pour la guerre. Pour la gloire. Il a tellement été idiot, il aurait voulu le revoir une dernière fois.

Il pensait partir pour un monde qu'il ne connaissait pas, il pensait son passage sur terre terminé. Il ne croyait pas au paradis et à l'enfer, il n'était pas si naïf. Pourtant pour la première fois il eu réellement peur, et si cela existait ? Il serait damnée c'était certain. Il accepterait son châtiment il ne pouvait faire autrement. Pourtant ses yeux s'ouvrirent une nouvelle fois. Comme une nouvelle naissance, alors que ses pieds se posaient sur le sol il se sentit neuf. Ses yeux se posèrent autour de lui mais il ne savait pas où il était. Étrangement il entendait très bien, trop même, comme si il percevait certain détails qu'il n'était pas censé entendre. Il marcha doucement, s'attendant à souffrir. Comme si chaque pas allait lui coûter, pourtant il ne ressentait aucune douleur. Il se souvenait de la bombe, du feu brûlant son visage. Il devrait être mort non ? Il arriva devant un miroir dans cette chambre, se regarda. Il semblait tout à fait normal, aucune cicatrice, il était debout. Seul ses yeux avaient changés. D'un noir profond ils arboraient maintenant un rouge sang troublant. Et cette soif lui serrant la gorge, pourtant aucun verre d'eau à l'horizon. Au même moment un grand homme entra dans la chambre, imposant par sa carrure et son charme. Tout en lui inspirait au respect. « Tu es enfin réveillé ! Comme t'appelle-tu ? » Il devrait craindre cet homme, il ne savait même pas qui il était. Mais à la grande surprise du jeune homme il ressentait pour lui une grande attirance, une tendresse et une soumission sans faille. Alors, obéissant il répondit en baissant les yeux, incapable de regarder cet homme encore une seconde. « Elikan. Où suis-je ? Qui êtes-vous ? »

L'homme le regarda et sourit avec tendresse. Il s’appelait Galaad, il était aussi vieux que la nuit des temps, il venait de loin, très loin. Trop loin pour qu'Elikan comprenne. Galaad lui expliqua tout pendant des heures et des jours. Il lui expliqua la vie, leurs nouvelle vie. Un vampire... Un être damné. Une abomination comme jamais il n'aurait pensé. Voila ce qu'il était devenu. Elikan se détestait, il n'était plus humain. Son père avait raison, il avait le diable en lui. Il était un démon de la pire espèce, il se faisait honte. Pourquoi lui était en vie alors que tant de ses amis étaient mort au combat ? Il aurait mérité les honneurs, la mort sur le champ de bataille. La gloire suprême. Et même ça on lui avait volé, il n'avait jamais pu décider de rien, même pas de sa mort. Il se nourrissait de sang, ne supportait plus l'argent et le soleil. Il avait tant aimé ce dernier et il devait renoncer à sa douce chaleur maintenant. Plusieurs fois il pensa se jeter sous les rayons de l'astre de feu. Il renonçait toujours, ce sentiment qu'il ressentait pour Galaad l'en empêchait. Pendant les 5 premières années de sa nouvelle vie il refusa de se nourrir de ce que son créateur lui donnait. Il s'affamait à l’extrême, la soif le rendant fou avant qu'il ne s'attaque à des malades, des blessés de guerre ou des vieilles femmes. Il sortait de ces attaques plus malade qu'il n'était déjà. La soif... C'était comme un pieu d'argent qu'on lui enfonçait dans la gorge. Une douleur indescriptible. Pourquoi lui ? Pour ses capacités au combat lui répondit Galaad. Il devint son garde rapproché, et accessoirement son amant.

Un jour il osa poser une question sur sa petite sœur Alice. Il demanda à Galaad où elle pouvait être. « Morte. » Un seul mot, une gifle des plus violentes, le choc fut si rude que le nouveau né sentit le sol se dérober sous ses pieds. Il fut obligé de s'asseoir alors que des larmes rouges sangs coulèrent de ses yeux, traçant des sanglants sillages sur ses joues. Non... Pas sa sœur, pas elle. Pas sa perle, sa princesse. Pourquoi lui et pas elle ? Elle méritait tant de vivre, elle était si belle, si douce. Si pure. Elle méritait tout l'or du monde, la vie, l'éternité et l'immortalité. Pourquoi ?!

Les chose sont ainsi. C'est ce que lui avait apprit son créateur, et sans vraiment l'accepter il se plia à cette règle. Tout les jours il pleurait sa défunte sœur, avant de revêtir son costume de garde et bras droit à la nuit tombée. Il obéissait à Galaad, si bien que celui ci lui fit voir du pays. Il l'emmena partout, le fit entrer dans les plus grandes cours royales du monde. Pourtant Elikan, fidèle à son créateur ne s'amusait pas. Tout lui semblait fade, et il ne supportait que difficilement sa vie de vampire. A chaque fois qu'il prenait une vie il ne se dégouttait qu'un peu plus, ses mains baignaient dans le sang. Les années passèrent jusqu'au jour fatal... Ils étaient en Russie en visite. Galaad traînait dans se sombre affaire, mais Elikan n'osait pas y mettre le nez. Il avait peur de ce qu'il pouvait trouver. Une nuit des gardes arrivèrent et emportèrent Galaad loin, très loin, dans un autre pays où il fut jugé. Plus par obligation que par choix Elikan eut l'interdiction formelle d'approcher son créateur. Meurtre, trahison... Ce dernier fut accusé du pire. D’après ce que le jeune vampire comprit, son maître avait bafoué la couronne Américaine en exécutant un haut fonctionnaire. Pour ça il eut la peine de mort. La mort... Encore une fois. Eli' ne pu s'opposer, que pouvait-il faire ? Il n'avait aucune emprise, aucun jugement. Il n'était rien. Il subissait, la mort de son créateur le ravageait. Son ami, son maître, son amant. Le seul qui le comprenait depuis qu'il n'était plus humain. Ainsi il était encore seul, abandonné. Et une terrible idée de vengeance naquit dans son esprit. Cela allait lui coûter la vie il le savait, mais il n'avait plus rien à perdre. Son charme l'aidant il réussit à trouver des informations sur l'exécution de Galaad. Cela c'était déroulé sur une petite île au milieu du triangle des Bermudes, HeartKiller. La famille Bridgestone aurait jugé son créateur pour une sombre affaire. Elikan prit un avion de nuit et partit pour l'île. Bien-sur aucun avion ne s'arrêter directement, et c'est avec une joie non dissimulé qu'il provoqua un accident non loin des côtes. Son passé de soldat lui permit d'entrer sur l'île en tant que garde. Il surveillait, se battait, cherchait des humains pour le compte de cette famille Royale qu'il détestait déjà. En quelque sorte il était à sa place sans oublier sa terrible vengeance. Esfir... C'était le nom de celle qui avait exécuté son créateur. Esfir Bridgestone. La sœur de l'empereur. Un peu hors du temps, une grande enfant. Un peu sauvage mais pas méchante, Elikan n'aurait aucune difficulté à l'approcher, ce serait un jeu. Et enfin, au bout de plusieurs moi alors qu'elle lui ferait confiance, il n'aurait plus qu'à planter un pieu en argent dans le corps mort de la Dauphine. Et enfin il tiendrait sa vengeance.

« Eli' ! Tu viens ? » Il tourne la tête vers son ami et lui adresse un sourire, en haut de la muraille entourant le château il pensait, à tout et rien.Au rêve de cette nuit, il voit sa soeur pourtant morte, mais dans son rêve elle est bien vivante. Elle lui sourit. Elle est réelle elle le touche, le serre contre elle. Mais il ne sent plus sa peau chaude, son cœur battre. Elle est de marbre, aussi froide que la pierre. Étrangement ses yeux bleus sont devenus rouges. Elle n'est plus humaine, mais elle a au fond d'elle cette chaleur. Ce qui fait fondre Elikan alors qu'il la serre plus fort et qu'il respire l'odeur de ses cheveux blonds. Les yeux plongés dans un champ de tournesols, l'image de sa petite sœur lui revint en mémoire. Il pensait souvent à elle, elle lui manquait tant. Il aurait tout donné pour revoir son sourire. Il avait l'impression de la croiser à chaque fois qu'il rencontrait une jeune fille blonde comme les blés. Mais il se trompait encore et toujours, et c'était sans doute le plus douloureux. Il soupira, tira une dernière bouffée de sa cigarette avant de la jeter et alla vers son ami, la mémoire est un puits de souffrance. Et il ne veut pas souffrir, juste pour quelques heures il ne veut plus rien ressentir.

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