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 Les Enfants des Tenèbres + Aby

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Zéphyr E. Romanov
« The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
« The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
Zéphyr E. Romanov

✤ LETTRES A LA POSTE : 1421
✤ ARRIVÉE A HEARTKILLER : 15/10/2012
✤ AGE : 33
✤ OU TU TE TROUVES ? : aux Plaisirs Coupables
✤ EMPLOI/LOISIRS : Gérant du club aux Plaisirs Coupables
✤ HUMEUR : Emoustillé (a)

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MessageSujet: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptyJeu 17 Oct - 18:52




Les Enfants des Tenèbres

Musique

Florence, magnifique ville que Zéphyr appréciait énormément. Il aura parcouru ses rues un nombre incalculable de fois. La cité n’avait plus aucun secret pour lui. Une envie de nouveau, de changer radicalement de décor l’avait saisi il y a quelque mois déjà. Peut-être l’appel de sa Russie natale, dont il n’avait pas foulé le sol depuis plusieurs décennies. Ces derniers temps il avait de la peine à fermer l’oeuil. Une impression incessante d’avoir la gorge nouée, pressée. L’idée de quitter l’Italie lui trottait dans la tête à longueur de journée. S’il n’avait pas encore franchi le pas, c’était en partie à cause de tous les préparatifs que cela demandait. Les esclaves, leur sort était déjà scellé, il ne les emporterait pas. Une dernière orgie pour fêter son départ s’imposait d’elle-même. Il y avait tous ces meubles, les bibelots inutiles amassé au fil du temps, qu’il ne pouvait se résoudre à abandonner. Quelques vestiges de sa vie « d’avant » qu’il emporterait partout avec lui, quoiqu’il arrive. Ses rêvasseries se dissipèrent rapidement lorsqu’une de ses esclaves le percuta. Il leva instantanément le bras pour lui flanquer une correction mais se ravisa lorsqu’il vit toute la tristesse du monde qui s’était concentrée dans le regard de la jeune femme. Jamais il ne lui avait connu pareille expression. C’était peu dire qu’il lui en avait fait subir des atrocités. Elle avait souffert autant que toutes les autres vermines que Zéphyr avait pu avoir comme esclave. Ce ne sont que des défouloirs ambulants, réservoirs de nourriture, rien de plus. Ne prêtant pas plus d’attention que nécessaire à cette esclave il reprit sa route en direction de a salle d’eau.

Ses vêtements l’attendaient, soigneusement placés sur le fauteuil de sa chambre. Ses larbins étaient bien éduqués. Bien que certains demandaient plus d’efforts que d’autres. Lavé et habillé, il prit ensuite place dans le séjour. Une coupe de sang l’attendrait déjà sur la table, accompagnée de la gazette du jour, privilège encore onéreux pour une grande majorité de la population. Petit rituel pour commencer la nuit. Les nouvelles étaient peu réjouissantes, une nouvelle pandémie frappait la population. Le vampire parcourait les quelques pages qui composaient son journal. Lorsqu’il demanda un second verre, il ne fallait pas attendre bien longtemps pour qu’il le lui soit amené. Dès que son esclave eut mis un pied dans la pièce, il leva les yeux dans sa direction. Son cœur battait bizarrement. Il scruta la jeune femme quelques instants. Elle avait l’air d’être perturbée, ce qui attisa la curiosité du vampire. Que pouvait-il bien s’être passé qui puisse la déranger ? La vie des esclaves n’avait rien de trépident. Faire les courses, les corvées. Une sale besogne. Impassible, il reprit sa lecture là où il l’avait laissée. La coupe s’étala sur la table, le liquide visqueux courut le long de la petite table en bois pour aller s’écraser sur ses pantalons. Le vampire se leva d’un bon, envoyant les feuilles de papier voler à travers la pièce. Trop tard. Le tissu était bien imprégné de rouge. Il s’approcha dangereusement de son esclave et lui saisit le visage de sa main.

- Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

Lui demanda-t-il sur un ton tranchant. Il ne fallait pas le nier. Absynthe était une très bonne esclave qui était très rapidement sortie du lot. Cette attitude étourdie n’avait rien d’habituel. Il finit par lâcher prise. Les révélations qui suivirent l’ébranlèrent. Il n’avait jamais vraiment pensé à ce que les esclaves étaient contraints de laisser derrière eux lorsqu’ils entraient au service de leur maitre. Il était loin de s’imaginer le calvaire que son esclave avait pu vivre. Bien qu’il se doutait que quelque chose en elle s’était brisé. Il ne s’était pas imaginé que devenir la bonne d’un suceur de sang puisse se révéler bénéfique pour quiconque. Immanquablement, le visage de sa sœur lui traversa l’esprit. Il l’avait perdue il y a déjà bien longtemps. De manière brutale. C’est certainement elle qui l’aura poussé à prendre la décision d’aider son esclave. Il allait reprendre l’enfant des griffes de ce notable, qu’il soit consentant ou non. Il avait assez d’argent pour l’en convaincre. Si cela ne suffisait pas, il avait toujours quelques méthodes de tricherie en réserve.

Arrivés devant l'habitation, ce qu’elle voit la tétanise. Ils découvrent une bâtisse en flamme. Elle se rend compte qu’elle a retenu sa respiration lorsqu’elle voit une silhouette sortir des lieux, paniquée, exténuée et rampant vers le trottoir. Elle s’avance vers elle, mais se rend compte qu’il s’agit de César… et qu’Alessandro n’est pas avec lui. Horrifiée, elle se rue sur lui, l’attrapant par le col de sa chemise déchirée, le secouant comme un prunier, lui hurlant de lui dire où est son fils. Contre toute attente, le comte la reconnaît de suite. Ses yeux hagards se portent sur la porte d’entrée d’où s’échappe une fumée épaisse et étouffante. C’est alors qu’Absynthe perd le contrôle d’elle-même. Elle se détourne de ce lâche, puis s’élance à toute vitesse vers la demeure, prête à risquer sa vie pour sauver son fils. Rien ne vaut plus la peine d’être vécu si son bébé disparaît. Par malheur, elle n’a pas le temps d’atteindre la première marche du perron que Zéphyr l’attrape par la taille pour l’empêcher d’y aller. Il lui expliquera plus tard que la charpente n’aurait pas tenu et se serait écroulé sur elle. A cette révélation, elle avait haussé les épaules, et alors ? Elle aurait préféré mourir avec plutôt que de lui survivre.

Absynthe se débat, mais ses bras de fers ne la lâchent pas d’un iota. Elle ne sait plus si elle doit hurler ou pleurer. Les deux à la fois sans doute. « Mon bébé ! Mon bébé ! Mon dieu, pas ça ! Prenez-moi à sa place, mais pas lui ! » Répétait-elle sans cesse, sa vision rendue floue par les larmes.


Une fraction de seconde avait été suffisante au vampire pour rattraper son esclave. Pourquoi l’avait-il fait ? Il n’en connaissait pas encore la véritable raison. Même s’il connaissait Florence sur le bout des doigts, elle avait encore quelque chose à lui offrir. Un présent de taille, qui occuperait une place gigantesque dans sa vie. Il l’avait réalisé au moment où Absynthe s’élança en direction de la bâtisse en flamme. Elle se débattait et hurlait à la mort. Elle voudrait se venger de l’être ignoble qui lui avait enlevé son enfant, deux fois. Lui pouvait lui offrir les armes nécessaires pour parvenir à ses fins. Il décida que son calvaire avait assez duré. Il l’empoigna par la taille et la souleva pour la poser sur son épaule, comme les esclaves portent des sacs à provisions. Il s’éloigna du brasier. Dans la rue les gens se pressaient déjà pour admirer le spectacle. Certains se devaient se demander comment le vampire avait fait pour se déplacer aussi rapidement. Le bruit de la charpente qui s’effondre leur fit vite oublier ce détail insignifiant. Les cris ne cessèrent pas pour autant. Absynthe gesticulait et martelait le dos du vampire de ses poings fermés. Lassé de tout ce remue-ménage, il la posa au sol et lui tint le visage de ses deux mains.

- Je suis désolé.

Ce fut les derniers mots qu’il prononça à son esclave avant de l’hypnotiser, pour qu’elle se montre docile et accepte d’avaler une quantité de sang suffisante, une quantité suffisante à sa transformation. Lorsqu’il jugea que le moment était venu, il prit une nouvelle fois sa tête entre ses mains et la tourna vivement sur le côté, jusqu’à entendre des os craquer.

... Quelques jours plus tard...


L’air était vif. La neige recouvrait le paysage. Seuls quelques mètres de ce superbe décor n’étaient visibles. Zéphyr avait emmené Absynthe en Russie, dans un petit village très reculé. Il n’avait encore jamais transformé d’humain, ne savait pas s’y prendre. Il était néanmoins passé par là et avait pleinement conscience de la rudesse de cette épreuve. Les jours qui allaient suivre seraient particulièrement éprouvent, aussi bien pour Absynthe que pour lui-même. Il restait à son chevet. Il ne voulait pas manquer le moment où elle ouvrirait les yeux, bien qu’il le redoutait.

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Absynthe E. DiLaurentis
Au goût de l'Absynthe...
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Absynthe E. DiLaurentis

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MessageSujet: Re: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptySam 19 Oct - 21:26

1464 – L’entrée dans les Ténèbres

Depuis quelques temps, Absynthe savait que le Maître comptait quitter Florence… Pire ! L’Italie ! Elle en était horrifiée, elle qui n’avait connu que cette ville, sa culture, son impressionnante vivacité d’esprit, sa langue chantante et séduisante. Certes, elle parlait aussi le français grâce à sa mère, mais ce n’était pas pareil pour elle. Et puis la Russie… Non, vraiment pas ! A ses yeux, sa ville était un joyau. Elle rayonnait à travers le monde car elle était la Cité de la Renaissance. Mais la jeune femme était bien loin de rayonner. Elle était au service d’un vampire cruel et sanguinaire. Mais encore, même si elle en bavait et qu’elle faisait tout pour ne pas lui déplaire, être son esclave n’était pas le pire. Enfin…ça c’est ce qu’elle croyait avant cet après-midi. En tant qu’esclave, la jeune DiLaurentis passait une grande partie de son temps à obéir aux ordres de Monsieur Romanov. Il avait à vrai dire une quantité non négligeable d’affaires personnelles qu’il comptait emporter avec lui. Alors avec ses autres « compagnons » de fortune, elle  se pliait à la tâche avec soin, sans jamais rechigner à la tâche. Il était exigeant… Mais il prenait plus soin de simples objets que d’eux, des êtres humains. C’était en tout cas son sentiment. Cependant, avec son passé et son vécu, Absynthe trouvait qu’au final, ce n’était si grave que ça. Elle n’avait aucune idée de quoi serait fait demain. Elle s’imaginait suivre son Maître. Maestro comme elle l’appelait. Mais à vrai dire, c’était plus une supposition qu’une conviction. Il n’avait rien laissé entendre là-dessus. Mais au cas où, elle avait décidé de se rendre jusqu’à la demeure de César une dernière fois.

Il n’était pas aisé de quitter la propriété de Monsieur Romanov, mais elle était à son service depuis assez longtemps pour avoir eu le temps de repérer où, quand et comment elle pouvait s’absenter sans que quelqu’un ne s’en aperçoive. Elle réussit alors à s’éclipser quelques heures pour se rendre devant chez César, son ancien amour et amant. Elle espère alors y voir son fils. Depuis qu’elle est entrée au service de ce vampire, elle n’a plus eu l’occasion de le revoir. Pourtant, elle ne l’a jamais oublié. Chaque jour, son cœur et son esprit ne pense qu’à lui. Mais elle n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Elle n’est qu’une simple esclave. Elle n’a aucun droit. Elle se voit mal demander au Maître la permission de quitter les lieux pour se rendre auprès de son fils. Surtout qu’elle a toujours caché son existence.

En tant qu’esclave, certains travaillent de jour pour assurer l’intendance, faire tourner la « boutique » pendant que le Maître se repose. D’autres sont de nuit et travaillent entièrement pour le confort et le bien-être de Monsieur Romanov. Au départ, elle ne travaillait que de jour, avant d’alterner, pour ensuite être exclusivement de nuit. Du coup, cela ne l’arrangeait pas cette fois-ci, mais tant pis. Encore une fois, elle ne dormirait pas. Peu importe, l’envie de voir son fils est bien trop forte pour penser à son propre sommeil.


‘’ Miracle, il fait beau ce jour-là, et son fils est dehors, dans le jardin, avec une femme. Une blonde aux yeux bleus. Mais elle ne lui accorde que peu d’importance. Seul son fils prend toute la place dans son champ de vision. Il est tout pour elle. Le revoir, si longtemps après lui donne l’impression qu’elle peut enfin respirer. Alessandro gambade un peu partout, ses boucles brunes offrant un contraste saisissant avec son teint de pêche et ses yeux verts. Il est son portrait craché. La même couleur de cheveux, les mêmes yeux.’’ Elle est saisie, ébranlée… Elle voudrait tellement le prendre dans ses bras, le serrer contre son cœur, embrasser ses joues rosées, caresser ses boucles brunes, s’enivrer de son odeur. Retrouver son bébé, tout simplement. ‘’C’est alors qu’il appelle la femme blonde « Maman ! ». Tout de suite, celle qu’elle avait soigneusement ignorée au début semble envahir tout son espace vital, manquant de l’étouffer. Elle manque de tomber, se rattrapant à la grille entourant la demeure. Elle ne s’y attendait pas. Elle a mal…Tellement mal. Le souffle lui manque, elle n’arrive plus à ordonner ses pensées. Non ! Non ! Non ! Non ! Non ! Elle veut juste crier, hurler que c’est ELLE sa mère, pas cette bonne femme. Ils n’y avaient aucune ressemblance entre les deux, c’était tellement flagrant. C’est elle sa mère, elle qui l’a porté pendant 9 mois, elle qui lui chantait des berceuses lorsqu’il était dans son ventre, elle qui l’a mis au monde dans la douleur et les pleurs. Elle qui l’aime comme une mère aime son enfant.

Alors avant que ses jambes ne se dérobent totalement, elle fuit, se retenant de vomir. Son cœur qui ne tient qu’à un fil bat si vite dans sa poitrine qu’elle a l’impression qu’il va exploser. Blessée, impuissante de se voir volé son rôle de maman, elle n’arrive plus à faire bonne figure.’’


Et malheureusement pour elle, le Maître s’en rend compte. Elle ne se souvient pas de comment elle a pu rentrer jusqu’à « chez elle ». Elle n’a aucun souvenir du trajet de retour. Exceptée qu’elle est restée prostrée sur sa paillasse pendant des heures, jusqu’à ce que le crépuscule descende enfin, réveillant les esclaves  « de nuit ». Absynthe n’avait pas pu fermer l’œil. Assise, tétanisée sur ce qui lui servait de couche, son esprit était resté obsédé par cette image, son cœur écrasé par une immense tristesse. Elle en était malade. Ses « compagnons » l’avaient secoué pour qu’elle arrête de « rêver » et qu’elle se mette au travail. Alors, tel un automate, elle avait obéit, plus par habitude que par réel envie. En traversant un couloir, elle n’avait pas pris garde où elle allait, et avait percuté quelqu’un. En levant la tête, elle avait croisé le regard du Maître. Elle n’avait pas réagi. Ce qui était inhabituel. Lui-même s’était retenu de la corriger, ce qu’elle n’avait même pas relevé, bien trop préoccupé par ses propres pensées. De toute façon, elle n’aurait été qu’un corps sans vie. On ne résiste pas au maître.

Ce soir, elle était de corvée. Il lui revenait de tout préparer à temps pour que Monsieur Romanov puisse se détendre après avoir pris un bain chaud. Tout devait être prêt en temps et en heure. Elle devait veiller à ce qu’il ait de quoi de sustenter, d’avoir son journal à disposition, et que ses affaires soient propres, pliées et à disposition. Mais elle n’arrive pas à se concentrer. Elle a beau tenter d’être la plus rigoureuse possible, le souvenir de son fils avec cette femme la hante. Cette femme qu’il appelle « maman ». Elle est partagée entre sa douleur de mère et sa revanche de femme bafouée. Haine, souffrance, rancœur, colère, désespoir… Absynthe est envahie par un trop plein d’émotions et elle n’arrive plus à rien. Alors qu’elle est demandée pour verser une deuxième coupe, elle se montre maladroite. Sa main tremble, touche le verre plein qui oscille et bascule. Le sang s’étale telle une rose, elle a renversé la coupe renfermant le précieux liquide. Elle ne réagit pas assez vite. Elle redresse le verre, mais n’a pas la présence d’esprit d’écarter les pantalons du Maître. Elle semble comme engourdie.

Elle sent plus qu’elle ne le voit se ruer sur elle pour l’attraper fermement. Il tient son visage d’une main de fer. Elle sait qu’il peut la tuer d’une simple pression des doigts.


« - Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » Lui demanda-t-il sur un ton tranchant.

Il est vrai que la question est justifiable. Elle qui d’habitude se montre d’une rigueur quasi extrême n’est que l’ombre d’elle-même. En temps normal, une telle faute ne se serait jamais produite. La jeune italienne n’ose le regarder en face. Elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle tremble de peur…de fatigue…de désespoir. Elle sait parfaitement qu’elle n’aurait pas dû sortir dans la journée. Elle craint sa colère. Mais elle est si tourmentée par tout ça. Elle se sent si faible. Elle déteste ça. Alors après quelques secondes d’hésitation, elle murmure pour la première fois
« Mon fils ! ». A ses mots, il la lâche brusquement. Elle a visiblement toute son attention. Il s’imagine alors qu’elle porte un enfant. Les relations entre esclaves étant proscrites, elle coupe court à toute spéculation. Elle lui révèle alors son plus gros secret. En quelques minutes, elle lui explique son histoire avec cet homme, son enfant, l’arrachement de son fils, sa mise à la rue… Et puis aujourd’hui. Elle lui avoue qu’elle est retournée le voir…et ce qu’elle a vu. Durant tout son récit, elle a gardé les yeux baissés, mais sa voix trahissait ses sentiments. Cependant, à la fin, elle n’a aucun doute sur son sort. Elle sait qu’elle n’a plus beaucoup de temps à vivre. Alors elle ose le regarder. Elle ne veut pas mourir la tête inclinée. Si elle doit mourir, autant que ça soit la tête haute. Elle n’avait pas imaginé une seule seconde que ses révélations avaient pu ébranler un être tel que lui. Qui aurait pu de toute façon ? Alors la décision  dont il lui fait part la laisse sans voix. Elle croit rêver… Elle doit sûrement halluciner. Elle n’ose pas lui faire répéter. Pourtant, la suite de ses propos confirme ce qui vient de se produire. La seule chose dont elle est capable est de s’agenouiller, de saisir la main du vampire et de l’embrasser avant d’y déposer son front. Elle murmure un flot de remerciements, les yeux voilés par les larmes qui menacent à tout instant de dévaler ses joues. Puis se ressaisissant, -on ne touche pas le Maître sans autorisation, elle a peur d’avoir commis un impair- elle se relève, s’incline, puis sort de la pièce. Qu’avait-il à gagner en faisant cela ? Pourquoi l’aider ? Elle avait des doutes sur ses intentions. Normalement, il n’y avait aucun enfant parmi eux. Qu’adviendrait-il d’Alessandro une fois récupéré ? Il évoluerait dans un monde étrange, monstrueusement dangereux. En acceptant que le Maître le récupère, elle se montrait égoïste. Mais n’avait-elle pas assez souffert de ces années d’absence ? N’avait-elle pas le droit de l’avoir à ses côtés, d’endosser enfin son rôle de mère ?

Malheureusement, ce qui s’en était suivi n’avait rien d’une seconde chance. Mais plutôt d’un désastre complet. En fait… il s’agissait de la pire tragédie qu’Absynthe ait vécue. Pourtant, elle avait perdu ses parents, son oncle, puis sa tante, sa sœur. Son fils lui avait été arraché quelques heures après sa naissance. Mais là… Elle aurait tout donné. Sa vie sans hésiter une seule seconde pour que tout cela ne se produise jamais. Pour prendre sa place. Pour que son bébé ne périsse pas dans une demeure en flammes. Laissé à l’abandon par un homme qui était supposé l’aimer et le protéger du moindre danger. La scène s’était déroulée si vite. Les images semblaient pourtant si nettes dans son esprit qu’elle avait l’impression qu’elle allait se consumer sur place. Mais il était intervenu. Il l’en avait empêché. Non ! Ce n’était pas possible ! Il ne pouvait lui faire ça ! Pas là ! Pas maintenant ! Elle ferait n’importe quoi pour qu’il la lâche. Sa vie entière de servitude s’il le fallait. Mais pas ça. Elle était comme possédée. Elle en voulait à la terre entière. A César ! A Zéphyr ! Même à cette femme que son fils avait osé appeler maman. Elle frappait le Maître avec force, telle une démente, ne se rendant pas compte de la portée de ses gestes. Plus rien ne comptait ! Elle devait y aller. Il le fallait !

Puis en l’espace d’une seconde, elle se retrouva sur ses deux jambes, la tête enserrée par les deux mains du vampire, elle crut entendre un
« Je suis désolé. » Et elle ne souvient plus de rien. N’y de l’hypnose, de la quantité de sang ingurgité avant d’avoir les vertèbres cervicales brisées. Comme si sa mémoire…ou Monsieur Romanov avait voulu qu’elle ne se souvienne de rien. Elle n’en avait aucune idée.

~~ Quelques jours plus tard ~~

Elle ne sait pas où elle est. Il fait noir. Si noir ! Les Ténèbres n’ont pas envahis que sa vision. Elle a l’impression qu’elles (les ténèbres) habitent son corps tout entier. Pourtant, son corps la torture horriblement. Mais la douleur n’est en rien comparable à ce que son cœur peut ressentir. Elle ne comprend pas. Son cœur semble être là…sans l’être. Il semble habité de tellement…de sensations diverses et violentes. Ses émotions lui semblent incontrôlables. Elle ne comprend toujours pas pourquoi. Elle n’a jamais ressenti de sensations si vives. Elle a une envie de meurtre… Mais rien ne semble coordonné dans son esprit. Et en même temps, ce qui prédomine en elle à cet instant, c’est cette insupportable douleur ! Elle n’est pas physique. Elle est psychologique. La souffrance ! Si violente, si puissante qu’elle a le pressentiment qu’elle va se briser en mille morceaux. A tel point qu’elle n’a envie que d’une chose. Mourir ! Pourquoi ? Là est tout le problème ! Il lui manque une partie de l’histoire. Elle a l’étrange sensation de courir après ses souvenirs. Tout du moins, des derniers instants qui précèdent son endormissement. Elle ne se souvient pourtant pas s’être mise au lit. Puis des flashs lui reviennent. Une  propriété en flammes, une épaisse fumée…des cris, des hurlements…des sanglots déchirants. Mais d’où cela peut-il venir ? Elle est agacée et en même temps morte de peur. Elle ne saisit pas tout de suite. Elle voit César par terre…puis la porte d’entrée grande ouverte. Elle se voit se ruer vers elle mais…mais elle n’y arrive pas. Elle est retenue par quelque chose…quelqu’un… Elle se débat, mais rien n’y fait. Elle vocifère, frappe, hurle…Rien ! Elle se sent soulevée comme un sac de provisions et puis plus rien. Non ! Si… Des yeux ! Ceux de son Maître !

Brutalement, elle ouvre les yeux. Elle les referme aussitôt car la vivacité de la lumière lui brûle la rétine. Pourtant, il n’y a pas autant de luminosité qu’elle le croit. L’air est vif. Elle se souvient ! Pas de tout malheureusement…ou heureusement pour elle. Elle vient enfin de comprendre qu’elle a revécu une nouvelle fois toute la scène. Celle où elle n’a pas pu sauver son fils. Où César a lâchement abandonné son bébé. Où Monsieur Romanov l’a retenue contre son gré. Les yeux fermés, elle se rend enfin compte qu’il y a une présence près d’elle. Elle n’y avait pas pris garde auparavant, trop perturbée par le tumulte d’émotions intenses. Elle soulève doucement les paupières, tentant d’acclimater ses yeux à la luminosité des lieux. Le plafond au-dessus d’elle, elle n’ose dévier son regard vers la personne qu’elle sent à ses côtés. Pourtant, elle lui semble familière. Un espoir fou prend alors possession d’elle, et elle est persuadée qu’il s’agit de son fils. Que le Maître est parti le chercher dans ce brasier infernal. Elle en est persuadée. Elle y croit. C’est impossible autrement.

Elle tourne alors lentement la tête. Même si elle est convaincue qu’il s’agit de son bébé, elle ressent une certaine appréhension, comme si sa mémoire tentait inconsciemment de lui rappeler qu’elle a tort. Contre toute attente, il ne s’agit pas de son Alessandro, mais du Maître. Malgré elle, Absynthe est profondément déçue. Que fait-il ici ? Et puis que fait-elle  allongée dans ce lit ? A-t-elle eu un malaise ? Elle le regarde sans comprendre. Peut-être qu’elle avait besoin de repos et qu’elle allait enfin pouvoir voir son fils ? Elle ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Sans prévenir, elle se redresse avec précaution. Peut-être a-t-elle chuté et qu’elle s’est blessée lorsqu’elle se débattait ? Il est vrai qu’elle avait frappé Monsieur Romanov avec véhémence, sans mesurer ses coups et les conséquences. Qu’elles soient physiques ou pas d’ailleurs. Mais rien. Du moins, pas de contusions. Elle reporte son attention sur son Maître. Il semble soucieux. Ce qui du coup augmente encore plus son appréhension qui se transforme vite en angoisse. Elle passe du coq-à-l’âne, émotionnellement parlant. C’est presque déstabilisant. Mais Absynthe n’est pas du genre à s’écouter. Elle ne fait pas attention à ce qui se passe en elle. Pour le moment dirons-nous… Reste à voir la suite ! Elle n’a qu’une obsession… Son fils ! Elle hésite, puis ose prendre la parole.


« Maître… Où est-il ? » Demanda-t-elle la voix enrouée, s’imaginant qu’il devait être derrière la porte, à l’attendre.

Absynthe, visiblement, n’avait pas compris la situation. Pour vous dire, elle ne s’était pas aperçu qu’ils n’étaient plus à Florence. Que cette pièce lui était inconnue. Son esprit la protégeait encore du choc. Elle n’avait en aucun cas percuté que son fils avait quitté ce monde… Mais que elle aussi, d’une certaine manière. Elle ne s’était pas rendu compte de sa situation. De son changement de statut. Certains prennent conscience de leur transformation très vite, dès qu’ils ont ouvert les yeux. D’autres ont besoin d’un peu de temps pour se faire à cette nouvelle vie. Apparemment, Absynthe faisait partie de la deuxième catégorie. C’est comme si sa mémoire continuait de la protéger car si elle l’apprenait, elle risquerait de sombrer définitivement dans les ténèbres. Il fallait craindre alors l’instant où elle se réveillerait enfin. Le cauchemar ne ferait alors que commencer…

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Zéphyr E. Romanov
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MessageSujet: Re: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptyMar 3 Déc - 17:33




Les Enfants des Tenèbres

Musique

Allongée sur le lit, encore plus pâle qu'à l'accoutumée, Ansynthe reprenait gentiment ses esprits. Zéphyr n'avait pas réellement réfléchis à son acte, aux conséquences que cela impliquait. Certainement avait-il agit par pure égoïsme, tout comme Lorcan l'avait fait plusieurs centaines d'années auparavant. Qu'allait-il lui raconter? Maintenant qu'il l'avait amenée ici, résidence secondaire en Russie, paumée au beau milieu de nulle part, il était trop tard pour reculer. Il ne pouvait pas non plus l'abandonner, même si elle ne pouvait pas mourir malgré le froid qui régnait à l'extérieur, il ne pouvait se résoudre à un tel acte. Il avait pleine connaissance du mal être que l'on ressent lorsque notre nouvelle nature nous explose en plein visage. Le désarroi qui s'empare de nous en réalisant que plus jamais rien ne sera comme avant, que tout votre univers, aussi restreint soit-il, est bouleversé, chamboulé, pratiquement anéantis. Il faut apprendre à vivre avec ce nouveau corps qui tout à coup nous parait étranger. Réapprendre à vivre, à se nourir et même à dormir. Personne n'est réellement prêt à affronter pareil changement. Non personne. A tout bien réfléchir, ils avaient plus de point communs que le vampire voulait bien se l'avouer. Il partageait un lourd passé avec son créateur, la mort de sa soeur. Zéphyr savait mieux que quiconque ce que produit en nous la perte d'un être cher. Peut importe que ce soit un enfant, un parent, une soeur ou un cousin éloigné. Le résultat était le même. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour saisir le sens de cette phrase. Il savait à quel point Absynthe souffrait et souffrirait de la perte de son enfant. Il partageait cette peine avec elle, même si le lui avouer ne lui serait pas possible. L'aider lui tenait à coeur, pour la simple et bonne raison, qu'elle, qu'elle au moins, avait la possibilité de se venger. Le meurtrier de son fils était toujours en vie. Ce monstre avait survécu. Le loisir de le torturer, aussi longtemps qu'elle le souhaiterait était toujours à portée de main. Zéphyr n'avait pas eu l'occasion de se charger du salopard qui avait massacré sa soeur, ce qui le rongeait depuis que Lorcan lui avait appris la nouvelle. Lorcan, il s'en était chargé et Zéphyr connaissait très bien la réputation qu'on attribuait à son créateur. Il l'avait torturer comme il se devait, le salopard avec souffert le martyr jusqu'à ce que la vie quitte son corps. Aider Absynthe à obtenir justice lui permetterait, en quelque sorte, de retrouver la paix avec lui-même.

- De qui parles-tu? De ton enfant?

Le vampire soupira, avant de lentement se détourner de son ancienne esclave. A demi voix il lâcha les quelques mots qui la détruirait de l'intérieur, une nouvelle fois, son coeur éclateraient en centaines de miliers de morceaux.

- Il n'a pas survécu.

Il savait qu'elle avaient entendus ses paroles, qu'à présent elle était des siens. Nouvelle qui lui restait encore à lui apprendre. Il ne savait comment s'y prendre. Pourtant il lui faudrait prendre son courage à deux mains et lâcher la seconde vérité qui la dévasterait.

Zéphyr ne pouvait immaginer plus beau cadeau que la vengence.

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Absynthe E. DiLaurentis
Au goût de l'Absynthe...
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MessageSujet: Re: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptyMer 4 Déc - 23:00



" Perdre un être cher, c'est perdre un morceau de sa vie, une pièce d'un puzzle que l'on ne pourra finir et qui restera à jamais inachevé au plus profond de notre cœur."

Musique

« De qui parles-tu? De ton enfant? »

Mais enfin bien sûr de son enfant ! Enfin de qui pouvait-elle parler ? Certainement pas de cette ordure de César. Elle ne lui portait plus aucun intérêt. Tout ce qui comptait, c’était son fils. Son bébé. L’attitude du maître attira tout de suite son attention. Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il se détournait d’elle. Oh…elle avait sûrement mal agit. Le fait de l’avoir frappé un peu plus tôt, de s’être comporté d’une manière totalement inadéquate n’avait sûrement pas été en sa faveur. Elle pivota sur le côté pour s’asseoir sur le bord du lit. Elle ne se sentait pas tout à fait au mieux de sa forme. Elle n’avait pas l’impression d’être  vraiment comme d’habitude.  Cela devait sûrement être le contre coup. Elle secoua la tête, comme si elle avait un vertige, sauf que ça ne ressemblait pas à ça. C’était étrange comme sensation, mais elle n’y prêta pas attention. Elle avait mieux à faire. Elle regardait successivement le maître, puis la porte qui se trouvait non loin d’elle, comme si elle allait s’ouvrir comme par enchantement sur Alessandro. Elle attendait, la boule au ventre et l’espoir au cœur, imaginant déjà son petit garçon pénétrer dans la pièce. Elle déglutit, un brin angoissé aussi par ses retrouvailles… Lorsque…

« Il n'a pas survécu. »

… tout s’effondra d’un coup ! QUOI ? Son regard qui était dirigé vers la porte se détourna brusquement sur Monsieur Romanov. Elle l’observait, abasourdie. Elle venait de se prendre une enclume! Non, c’était une maison toute entière qu’elle venait de se prendre sur la tête.
D’abord sonnée, elle se mit à trembler violemment, comme si elle était prête à exploser. Non, non, non, non, ce n’était pas possible ! Ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne pouvait pas se produire. Non ! NON !

« Non… Non ce n’est pas possible, il ne peut pas être… »  Mais le mot fatidique se refusait de sortir. Parce que lorsqu’on dit les choses à voix haute,  elles deviennent soudainement beaucoup trop réelles. « Non, ce n’est pas possible. Ce n’est pas vrai ! Alessandro est en vie. C’est impossible. Il est si petit ! »

Elle parlait de lui toujours au présent, révélateur de son déni total. Elle s’imaginait qu’il avait dû se cacher quelque part, dans un coin, pour échapper aux flammes. Il avait sûrement eu peur. Voilà pourquoi on ne le retrouvait pas… Sauf que… Sauf que le maître était un vampire aux sens extrêmement développés. Rien ne lui échappait. Il n’avait pas pu passer à côté de son fils sans s’en apercevoir. Même si Alessandro s’était tenu sage comme une image, recroquevillé dans un coin, sans faire de bruit, le maître aurait pu le repérer en un claquement de doigts. Par l’odeur qu’il dégageait, par les battements de son cœur, par le souffle de sa respiration… Jamais le maître ne serait passé sans le découvrir. Face à cette évidence, elle se prit la tête entre les mains, comme si elle tentait d’écraser sa boîte crânienne pour ne plus penser. Pour que ses pensées cessent enfin. Elle avait mal. Si mal…

On dit qu’il existe plusieurs étapes lors d’un deuil. Mais pour chacun, les étapes ne se font pas dans un ordre précis. Il n’y a pas de chronologie face à la douleur que l’on ressent pour un être que l’on a perdu et qu’on chérissait. On peut être submergé par la colère, avant de se recroqueviller sur soi et de finir dans un état de choc, dans une léthargie profonde. D’autres prennent la fuite car ils ne peuvent affronter le choc de l’absence…Quant à Aby, elle avait d’abord été sous le choc, avant de tomber dans le déni. Elle refusait de croire l’information qu’on venait de lui apporter. Elle rejetait entièrement cette idée horrible. Et puis… vient la colère lorsque la douleur est trop étouffante. Car seule la colère peut vous sortir de votre léthargie. Elle s’alimente de fortes contradictions. La colère est si violente, si soudaine, si douloureuse que beaucoup perdent pied.

Pour la jeune femme, il n’y avait plus rien de tangible. Comme si tout ce en quoi elle croyait n’avait plus d’importance. Elle poussa un long gémissement, déchirant, mais il n’était que le prémice de sa douleur. Elle était envahie d’une pléiade d’émotions, de sensations si ardentes qu’elle ne savait plus à quel Saint se vouer. Elle avait envie de hurler jusqu’à s’étrangler. Mais quelque chose semblait la retenir. Elle voulait cogner, frapper, se libérer de sa rage, de sa douleur. Tout réduire à néant et elle avec par la même occasion. Elle ne voulait plus rien sentir, ne plus rien ressentir, ne plus penser à rien. Elle voulait être une coquille vide. Juste mourir.

Dans sa tête défilait une multitude d’images. Du jour où elle avait appris qu’elle était enceinte jusqu’à son accouchement, en passant par le déroulement de sa grossesse. Puis le jour où son fils lui avait été arraché de force sans qu’elle ne puisse rien faire. Les six mois qui s’étaient déroulés après avoir été jeté à la rue, où elle se rendait quotidiennement devant la résidence de César pour espérer, ne serait-ce que quelques secondes, voir son fils. Et puis ce fameux jour où elle était revenue pour le revoir une dernière fois avant son départ… Le jour où elle avait alors appris qu’elle n’aurait jamais sa vraie place de mère auprès d’Alessandro. Et puis… Les images de cette funeste nuit où elle avait repris espoir avant que cette maigre étincelle s’éteigne aussi abruptement qu’elle était apparue.

Chaque détail était incrusté dans son esprit. La fumée et son odeur âcre, la maison en flammes, César avachi sur le trottoir, telle une loque et puis…et puis…son fils…son absence…
Elle s’était cramponnée physiquement à elle-même en se tenant la tête, mais rien ne la retenait vraiment. Et ses émotions l’étaient encore moins. Alors sans pouvoir se maîtriser une seconde de plus, emportant tout sur son passage, elle craqua. Possédée par des sentiments trop forts pour elle, le barrage avait enfin lâché prise, emportant le peu de raison qui lui restait. Tout avait éclaté en morceaux. Incapable de se contrôler, elle se rua dans la pièce, animée par une telle rage qu’elle balayait tout sur son passage. La table qui se trouvait juste à côté s’était retrouvée fracassée contre le mur opposé. Elle n’avait pas tout à fait conscience de ce qui était en train de se produire. Son regard s’était voilé d’un voile noir, obscurcissant sa pensée, sa vue, ses actes… Elle ne sentait pas sa force, encore moins le changement qui s’était opéré en elle. Trop aveuglée par sa rage et son chagrin… Elle hurlait de douleur.

« Ce n’est pas juste… Pourquoi lui ? Un enfant… Mon enfant ! »

Pourquoi avait-elle si mal ? Elle voulait tellement s’arracher le cœur. Pas besoin de se demander s’il était toujours là. Il devait brûler dans un brasier infernal car la torture était insoutenable. Il avait éclaté en mille morceaux, mais chaque morceau provoquait un déchirement cuisant. Elle était perdue. Entre ses émotions et ses souvenirs, tout s’embrouillait. Contre toute attente, elle n’avait pas passé sa fureur sur son maître. C’était comme si Monsieur Romanov avait disparu momentanément.  Oh, il était bien présent. Mais on va dire qu’à cet instant présent, elle n’avait pas les idées claires. Aby avait laissé derrière elle un vrai capharnaüm, mais peu importe, elle ne se rendait compte de rien, à part ce trop plein d’émotions. Combien de temps avait-elle mis pour saccager cette pièce ? 5 minutes ? 10 minutes ? 1h ? Elle n’en savait rien. A part que des débris jonchaient le sol et que les murs étaient parsemés d’impacts. Elle avait détruit bien plus qu’une table. Toutefois, elle avait l’esprit trop submergé pour réaliser pleinement ses actes et ses conséquences. Elle avait l’impression de perdre l’esprit. De devenir folle ! Comment avait-elle pu être à l’origine d’un tel désordre ? Ce n’était pas possible, elle perdait totalement la tête. Elle regardait effarée ce qui l’entourait, ne comprenant rien à ce qui venait de se passer.

Après être passé tel un ouragan, elle se sentit maîtrisé fermement mais sans brutalité. Le maître avait-il senti qu’elle perdait pied ? Qu’elle risquait de faire quelque chose de regrettable ? Tendue tel un arc, elle se mit alors à se débattre farouchement jusqu’à ce qu’il lui murmure quelque chose qui eut la faculté de l’apaiser presque aussitôt [Je te laisse toute marge de manœuvre ;-)]. Elle se laissa alors « couler » mollement contre le torse du maître, en proie à une plainte déchirante, entrecoupée de sanglots. Les larmes étaient venues sans prévenir, la prenant de court et trahissant un profond chagrin. A ses yeux, rien ne pouvait la guérir. Elle ne réalisait pas qu’elle n’avait pas à se comporter ainsi. Cette soudaine violence, sa crise brutale et intense, ce n’était pas quelque chose qu’une esclave comme elle pouvait se permettre d’exprimer. Encore moins face au vampire russe qu’elle avait pour maître. Elle risquait fort de ne pas survivre à cette journée, mais face à cette éventualité, elle trouvait cela réconfortant. Le maître avait à coup sûr tué le père de son fils. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il en avait pleinement le droit. Il était un vampire après tout.

Son fils… Une nouvelle vague de sanglots la submergea de nouveau en voyant apparaître dans sa tête son visage d’ange aux boucles brunes.
Et pourtant, en pensant à César, elle était emplie de haine. Entre haine, colère, chagrin et douleur, elle ne savait même plus comme elle s’appelait. Ses poings resserrés sur le haut que portait le vampire, elle s’accrochait à lui comme à une bouée de sauvetage. Si elle le lâchait, elle sombrerait à coup sûr. Pourtant, elle ne désirait qu’une seule chose : en finir ! Que tout s’arrête ! Une telle douleur et une telle fureur ne pouvaient pas cohabiter en elle. Elle avait l’impression d’étouffer.

« Maestro, je vous prie, faites que ça s’arrête. Je vous en prie… Ça fait trop mal. »  Murmura-t-elle d’une voix brisée.

C'était la seule et unique faveur qu'elle lui demanderait. A quoi bon souhaiter vivre à présent ? Elle n’avait plus aucune famille. Plus de parents, de sœur, de…d’enfants. Elle n’avait plus rien. Quelle vie lui restait-il à par la désolation ? Et s’il ne souhaitait pas l’achever, alors tant pis. Elle attendrait d’être seule et elle s’y emploierait elle-même. Et tout disparaîtrait. Toutes ces émotions trop fortes, tous ces souvenirs qui lui empoisonnaient l’esprit. Tout serait enfin fini. On en parlerait plus. La tête contre le torse de son maître, elle attendait le verdict.
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Zéphyr E. Romanov
« The last thing I want to do is hurt you. But it’s still on the list...»
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Zéphyr E. Romanov

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MessageSujet: Re: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptyJeu 2 Jan - 20:20




Les Enfants des Tenèbres

Musique

Ce qui devait arriver arriva. Cette nouvelle macabre, Absynthe la découvrait pour la deuxième fois. Quelques jours écoulés depuis ce jour terrible, mais cela, elle n'en avait encore pas la moindre idée. Elle s'emporta, la tristesse la dévasta. Elle fini par laisser exploser sa colère, détruisant les meubles sur son passage. Car au final, ne dit-on pas qu'avoir un enfant, c'est comme avoir un bout de vous qui marche à vos côtés? A présent, Absynthe devrait apprendre à marcher seule. Zéphyr ne l'abandonnerait pas. Il allait l'aider à réaprendre à marcher, seule, et ce, pour l'éternité. S'inquiétant de la voir briser les meubles les uns après les autres, il se décida d'intervenir. Elle n'avait plus l'aire d'avoir conscience de ce qui se passait autour d'elle. Quand Zéphyr l'appela, à plusieurs reprises, elle ne broncha pas, continuant de fraper dans le mobilier. Il avait peur qu'elle ne réussisse à se planter un pied de chaise en travers de la poitrine. Jugeant, que le massacre avait assez duré, il se jeta sur elle, l'empoignant par les bras. Ce geste brusque la ramena à la réalité. Il devait reconnaitre qu'elle n'avait plus la même force que quelques jours au paravant, mais elle ne faisait toujours pas le poids face au vampire. Les bras emprisonnés, elle se stoppa net. Les larmes avait rendus ses yeux tout gonfle. On y lisait sans peine le chagrin, une détresse infinie. Elle était perdue et ne savait pas quoi faire. Elle ne savait plus comment faire. les paroles que lachèrent ses lèvres finirent d'achever Zéphyr. Lui qui se revoyait le jour où il avait appris l'annonce du décès de sa soeur, ne pouvait pas rester de marbre devant cette mère désemparée. Au travers de ses gestes aussi vifs que violents, il se revoyait plusieurs centaine d'années en arrière, tout envoyer valser dans son appartement. Hurlant après Lorcan, que tout était de sa faute, que s'il n'avait pas croisé le regard de sa soeur, tout cela ne serait jamais arrivé. Que sa soeur serait toujours en vie. Au fil des siècles la douleur s'estompe, mais ne s'en va pas. Que tout s'arranchgerait, que tout finirait par aller mieux, Zéphyr ne pouvait le lui promettre. Ce serait lui mentir. Le temps passe, mais les blessures restent. Le temps nous laisse des balafres indélébiles, intemporelles, qui nous rappellent jour après jour ce que nous avons perdu. Alors que faire? Que dire? Il ne pouvait pas lui cracher cette triste et sombre vérité au visage, pas maintenant. Elle n'avait pas besoin que quelqu'un lui confirme ce qu'elle savait déjà, mais qu'on lui donne de l'espoir. Aujourd'hui plus que jamais elle avait besoin que quelqu'un lui montre le chemin et l'aide à tenir bon.

- Chut. Je vais t'aider. Nous allons te venger. Ne t'inquiètes pas.

Lui chuchota-t-il au creux de l'oreille.

- Je t'apprendrai comment faire.

Le plus dur restait à venir. Comment lui faire comprendre sa "nouvelle" nature? La nouvelle allait sans aucun doute la terrasser. Jusqu'ici le vampire ne s'était jamais soucié de ce que ses esclaves pouvaient bien penser de sa personne. Cela lui était bien égal, s'ils étaient encore en vie c'est parce que lui le voulait, parce qu'il leur laissait la vie sauve. Chez certains vampires les humains ne faisaient jamais très long, ils se faisaient vider de leur sang, ils se faisaient torturer, souvent jusqu'à ce que mort s'en suive. Zéphyr ne leur menait pas la vie facile, mais il se lassait rapidement de la torture et n'y voyait un intérêt qu'à certaines occasions bien particulières. La jeune humaine ne devait très certainement pas le porter dans son coeur, elle devait très certainement détester son espèce. Il était bien loin d'imaginer ce que cette révelation aurait comme effet sur elle. Il devait le lui dire. Il devait l'en informer. Un long moment d'hésitation s'installa. Puis, l'air intimidé, le vampire fit un pas en arrière, se détachant du corps tétanisé de l'humaine. Les larmes roulaient toujours sur ses joues.

- Je ne metterai pas fin à tes jours... Je... Je ne peux pas... Je ne peux plus...

Il soupira.

- A présent tu es comme moi. Tu es l'une des nôtres.

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Absynthe E. DiLaurentis
Au goût de l'Absynthe...
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Absynthe E. DiLaurentis

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MessageSujet: Re: Les Enfants des Tenèbres + Aby   Les Enfants des Tenèbres + Aby EmptySam 4 Jan - 15:48




« Les larmes d'une mère sont les seules qui donnent envie de mourir de chagrin. Mais dans toutes les larmes, s'attarde un espoir, car l’espérance berce le cœur comme une mère son enfant. »

Musique - Tears Of An Angel


Si Zéphyr avait essayé de l’appeler à plusieurs reprises et d’attirer son attention, cela avait été peine perdue. Absynthe ne l’avait pas entendu le moins du monde, comme si sa rage et sa douleur avait tout occulter. Peut-être qu’inconsciemment, elle avait perçu la voix de son maître, mais ses émotions avaient tout supplanté, ne laissant aucune marge à qui que ce soit. Elle savait qu’il était là, mais tout « ça » avait été plus fort qu’elle, comme si elle s’était totalement oubliée. Elle avait vraiment perdu le contrôle. Et pourtant, ce n’était pas son habitude. La jeune femme était ordonnée, perfectionniste, un brin autoritaire, scrupuleuse… Mais ça ne gouvernait pas si vie pour autant… Enfin, ça, c’était avant d’entrer au service du Maître… Parce qu’après, elle l’était devenue d’autant plus. Pourquoi ? Parce que le moindre faux pas pouvait être sévèrement puni, elle le savait pertinemment. Alors pour échapper au courroux du russe, elle avait fait encore plus d’effort. La preuve lorsqu’elle avait renversé ce verre de sang sur les affaires du Maître, cela ne lui ressemblait pas.
Du coup, apprendre la disparition de son fils avait tout déclenché. Il avait été le détonateur qui avait fait exploser la bombe. Aby, si maîtresse d’elle-même, avait laissé libre court à toute sa rage, son chagrin… Comme quoi, personne n’est immuable. Jamais elle ne s’était comportée de la sorte. Ni lorsque ses parents étaient décédé, encore moins pour la mort de sa sœur. Elle avait tout gardé en elle, maîtrisant ses sentiments pourtant difficiles à supporter. Mais là… Perdre Alessandro… C’est trop ! Beaucoup trop ! Inhumain ! On dit que lorsqu’un enfant n’a plus de parents, il est orphelin, que lorsqu’un conjoint perd sa moitié, il est veuf ou elle est veuve. Mais lorsqu’une mère perd son enfant, il n’y a pas de mot assez fort qui existe pour exprimer une telle souffrance, une telle absence. Perdre son enfant, ce n’est pas dans l’ordre des choses.

Dévastée, impuissante, Absynthe ne bougeait plus, figée dans les bras du Maître, attendant une sentence qui tardait à venir. Peut-être qu’au final il se montrerait clément et l’achèverait sans douleur, vivement, sans qu’elle ne s’en rende compte. Il est vrai qu’elle s’était mal comportée, qu’elle n’aurait pas due s’emporter de la sorte, mais rien n’aurait pu la retenir. Sa raison avait pris la poudre d’escampette. Ce n’était pourtant pas une raison. Elle n’était qu’une simple esclave. La seule chose qu’elle voulait, c’est que ça s’arrête.

« Chut. Je vais t'aider. Nous allons te venger. Ne t’inquiète pas. » [...] « Je t'apprendrai comment faire. »

Au début, Absynthe était tellement ravagée par le chagrin qu’elle n’avait pas saisi l’importance de ses propos. Oh, la jeune femme avait parfaitement entendu le Maître, rien à voir avec son audition. Elle n’avait juste pas enregistré la portée de sa promesse. Parce qu’elle était trop dans sa douleur, avec une seule envie, en finir. Mais dans les secondes qui suivirent, l’italienne se figea l’espace d’un instant, ne saisissant pas tout. Comment ça « Je vais t’aider » ? « Nous allons te venger » ? « Je t’apprendrai comment faire » ? Avait-elle bien entendu ? A faire quoi ? A se venger ? Ces mots-là, Aby n’y était pas habituée. Surtout que ce genre de propos sortait de la bouche de cet homme si redoutable et imposant. Non pas qu’elle ne le pensait pas capable de se venger, c’était tout le contraire. Elle avait passé assez de temps à son service pour savoir à quel point il était dangereux et cruel. Mais qu’il lui fasse une telle proposition… C’était totalement inattendu. Ses oreilles auraient pu lui jouer des tours, mais elle avait la nette impression d’être en parfaite possession de son ouïe et de ses facultés intellectuelles. Même si au vu de ce qui venait de se produire dans la pièce, on pouvait fortement en douter. Toutefois, la jolie brune semblait tout à fait capable de passer d’un état à un autre ce qui était déstabilisant, vous en conviendrez.

Evidemment, dans l’esprit d’Absynthe, elle ne voyait pas comment se venger. En fait, pour elle, César était déjà mort, et vu qu’elle était une simple humaine, elle ne risquait pas de faire grand-chose. Oh, oui, si elle en avait eu la possibilité, elle l’aurait écorché vif, jusqu’à ce qu’il crie grâce. Mais elle n’en aurait jamais l’occasion. Comment comptait-il s’y prendre ? A moins qu’il ne l’ait pas tué ? Qu’il l’ait emprisonné ? Serait-ce possible qu’il soit en vie ? Une lueur d’espoir venait tout juste de naître en elle, mais elle ne voulait pas que cette étincelle se transforme en brasier. Elle ne voulait pas être déçue. Cet espoir naissant n’avait rien à voir avec le désir irrépressible de tout à l’heure de revoir son fils. Non, ça se rapprochait plus d’une possibilité pour elle de pouvoir laisser éclater sa colère…sa haine… Elle n’osait pourtant lui poser la question.  

Et puis il se détacha d’elle, s’éloignant d’un pas. Elle en ressentit un grand vide, et en même temps, une impression de paix…et d’inachevée. Oui d’inachevée ! Parce qu’il lui avait parlé de vengeance et Absynthe ne savait plus trop si elle pouvait y croire ou pas. Car pour elle, s’il prenait ses distances, c’était afin de lui faire rejoindre son fils, pour de bon cette fois. A ses côtés, elle reposerait enfin en paix, sans douleur, sans souffrance, sans avoir l’impression que son cœur avait été broyé. Sans plus rien pour se raccrocher, Absynthe serra les poings pour se donner une contenance. Elle ne voulait pas mourir tête basse, comme une esclave. Elle souhaitait mourir tête haute, mourir comme elle avait vécu avant de rencontrer son Maître. Comme une femme libre. C’était la dernière chose qu’elle voulait. Elle leva la tête, passant une main sur ses joues pour effacer les larmes qui avaient ravagées son visage. Elle devait sûrement être affreuse, mais jamais une telle pensée ne lui aurait traversé l’esprit dans un tel moment aussi dévastateur. Et alors qu’elle se préparait à passer de l’autre côté, il lui sortit la chose à laquelle elle ne s’attendait pas du tout.

« Je ne mettrai pas fin à tes jours... Je... Je ne peux pas... Je ne peux plus... »

Surprise, elle le contemplait d’un regard douloureux. Il semblait…désolé ? Pour qui ? Pour elle ? Absynthe plissa les yeux, se demandant s’il ne se jouait pas d’elle. Ainsi donc il ne mettrait pas fin à ses jours… Elle était étonnée sans l’être réellement. Elle était partagée entre le désespoir et la colère. Elle s’en voulait, mais elle lui en voulait aussi. Certes, son comportement était inqualifiable, mais elle aurait préféré subir une sentence mortelle et donc mourir, plutôt que de supporter ce qu’elle était en train d’endurer. La laisser en vie pour éprouver un tel supplice ? Une lueur de défi passa dans son regard. Elle le trouvait bien trop cruelle de la punir de la sorte. C’était inhumain ! Cette pensée la fit rire intérieurement. Depuis quand les vampires étaient humains ? Ils avaient bien des qualificatifs comme mort-vivants, buveurs de sang, sangsues, goules… Monstres !!! Mais jamais d’humain ! Personne ne l’était en basculant de l’autre côté. Elle n’arrivait pas à croire qu’il lui sorte ça. Comment ça il ne pouvait pas…il ne pouvait plus la tuer ? Qu’est-ce qui avait changé chez lui pour qu’il se montre aussi…cruel ou clément ? Dans les deux cas, ça ne lui plaisait pas du tout. Et ses émotions jouaient aux percussions dans ses tripes, ne sachant à quel Saint se vouer.

Pourtant, en se concentrant un peu plus, en l’observant avec attention, elle pouvait noter que son regard n’avait rien de féroce ou de sadique. C’était déstabilisant. Elle aurait voulu que ses émotions arrêtent de jouer avec elle. Parce qu’elle avait du mal à analyser ce qui se passait, ainsi que les propos du maître. Elle avait vraiment l’impression que quelque chose lui échappait, mais elle n’arrivait pas à trouver de quoi il s’agissait. C’était frustrant ; réellement ! Et puis tout à coup, alors qu’elle pensait que plus rien ne pouvait faire basculer son monde après la mort de son fils, le maître vampire lui révéla l’impensable.

« A présent tu es comme moi. Tu es l'une des nôtres. »

Elle eut un léger sursaut, ses yeux s’écarquillant sous le choc. Quoi ? C’est une plaisanterie de mauvais goût !? Elle ne pouvait pas être comme lui. Elle n’avait rien demandé, rien fait pour. Il ne pouvait pas avoir fait une telle chose. C’était insensé !

« Une des vôtres ? » maugréa-t-elle entre ses dents, comme si les mots de cet homme avaient réussi à la sortir de sa torpeur.

Oh, elle avait parfaitement entendu. Mais visiblement, l’information avait du mal à être assimilée parce qu’elle semblait abasourdie par ce que Maître Romanov venait de lui dire. Ses yeux verts scrutaient l’homme se tenant en face d’elle. Elle avait beau chercher une quelconque trace de mesquinerie, il semblait vraiment sincère. Elle prit une respiration saccadée, comme pour reprendre contenance, mais se rendit compte alors qu’elle n’avait pas besoin d’air dans ses poumons. C'était un réflexe purement humain après avoir autant pleuré. Rien de plus. Elle posa une main sur sa poitrine, comme si elle s’attendait à entendre les battements de son cœur. Le néant ! Une lueur d’angoisse traversa son regard céladon, n’arrivant pas à croire à une telle éventualité. Elle ne pouvait pas y croire. Si elle n’était plus humaine, alors elle perdait…toute possibilité de mener une vie normale. Elle contempla ses mains, comme si ces dernières pouvaient lui prouver que le maître avait tort. Puis…elle porta son regard à ses pieds...et autour d’elle, considérant les dégâts dont elle était visiblement à l’origine. C’était effrayant et surprenant à la fois. De nombreux débris jonchaient le sol. Avait-elle vraiment démolie cette chambre ? Une simple humaine n’aurait pu faire de cet endroit un champ de bataille. Pas avec ses petits poings et sa force de moineau. Alors…

*Dites-moi que c’est un cauchemar !* pensa-t-elle si fortement que son visage devait trahir ses pensées.

Ou une bénédiction !? Tout dépendait de quel point de vue on se plaçait. Elle ne pouvait pas être un vampire !

« Ce n’est pas possible ! » souffla-t-elle plus pour elle-même que pour son interlocuteur, même si elle savait qu’il l’avait entendu sans problème.

Ces êtres marchaient sur Terre, éternellement, en s’abreuvant des humains. Sans ces derniers, ils ne pourraient survivre. Absynthe avait toujours pensé que la seule chose dont ils pouvaient se prévaloir, c’était qu’ils étaient puissants, rapides, possédant des sens redoutablement développés. Mais sans se liquide de vie, ils n’étaient rien. De plus, ils ne pouvaient même pas marcher en plein jour et profiter des rayons du soleil… Au fond, les humains étaient plus chanceux. Mais tout était relatif pour Absynthe. Elle ne savait pas si elle devait partir en courant ou au contraire, en être ravie. Ses émotions jouaient à saute moutons, et il y avait de quoi perdre son latin. En étant humaine, elle avait le choix. Ce qui n’était plus le cas en devenant…en devenant vampire ? Ça semblait irréel. Elle ne savait pas quoi penser, ni comment réagir. Elle était perdue. En étant un vampire, deviendrait-elle tout aussi cruelle et implacable que cet homme et que tous les autres vampires qu’elle avait vu ? Tuerait-elle des hommes et des femmes ? Des enfants ? Cette dernière possibilité la terrifia. Si elle touchait ne serait-ce qu’un cheveu d’un enfant, elle ne vaudrait pas mieux que César ou que certains vampires dont elle avait entendu parler au détour d’un couloir. Mais en pensant à César, une lueur de rage zébra son regard. L’espoir qu’elle avait senti naître tout à l’heure revint l’habiter. Serait-il vraiment possible que le maître ne l’ai pas tué ? Qu’elle puisse vraiment se venger ? Lui faire payer la mort de son fils ? Si tout ça était vrai, être un vampire était alors un réel avantage. Parce qu’en tant qu’humaine, elle n’aurait pas le pouvoir de le faire, ni les capacités. Alors qu’en devenant une créature de la nuit, rien ne pouvait se dresser sur son chemin, et certainement pas cet humain méprisable.

Mais entre sa possible vengeance et sa "nature" nouvelle, nature qu’elle avait encore du mal à assimiler, elle ne savait plus où elle en était. Elle avait bien senti tout à l’heure qu’elle n’était pas comme d’habitude. D’abord ces drôles de vertiges, qui n’en étaient pas vraiment, ses sentiments intenses qu’elle n’arrivait pas à contrôler et qui mettaient une véritable pagaille dans sa tête, et puis le carnage qu’elle venait de commettre, conséquences de sa rage et de son chagrin. Elle commençait à comprendre…
Elle se détourna des débris et des éclats de bois qui étaient éparpillés dans la pièce pour reporter toute son attention sur l’homme qui l’avait transformé. Absynthe n’arrivait pas à cacher son étonnement, mais aussi ses peurs, ses doutes et ce petit espoir au fond d’elle. Espoir qui raisonnait avec vengeance pour elle.

« Mais enfin pourquoi ? » demanda-t-elle perdue. Elle aurait voulu lui lancer qu'il n'avait pas le droit de faire une telle chose. Elle n'était pas préparée à un tel changement. Elle n'avait jamais imaginé une telle vie. Il n'avait pas le droit de la changer. Mais elle n'était qu'une esclave, et au fond, elle savait qu'il pouvait disposer de sa vie comme bon lui semblait. « Pourquoi m’avoir…transformé ? Je ne suis rien pour vous. »

Et elle le pensait ! Après tout, elle n’était qu’une simple esclave parmi tant d’autres, et les esclaves se remplaçaient très facilement. Elle ne faisait que le servir et s’occuper de lui et de son bien-être. Rien de plus, rien de moins. Absynthe n’avait jamais manqué de rien depuis qu’elle avait rencontré le vampire. Elle avait un toit, de quoi manger et se vêtir, se laver… Certes, sa liberté était très restreinte et elle ne pouvait sortir du domaine comme elle le voulait. Mais elle avait eu une vie bien misérable avant de le connaître. Surtout durant les 6 derniers mois avant de le rencontrer. Elle avait connu des obstacles qu’elle pensait insurmontables, croisée la route d’hommes mauvais, qui lui avaient fait plus de mal qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Pourtant, à chaque fois, elle avait su se relever. Chaque épreuve l’avait rendu plus forte, même si la douleur ne disparaissait jamais complètement et que les souvenirs l’accompagnaient chaque jour, elle avait toujours su aller de l’avant, mais là… Perdre son fils et devenir en une seule nuit –oui, elle n’avait pas encore pris conscience que plusieurs jours s’étaient écoulés- un vampire, c’était un peu trop pour elle. Cet homme n’était sûrement pas le meilleur maître vampire qui existe, mais elle n’avait pas eu à se plaindre. Certes, il était cruel parfois, comme la majorité des vampires. Néanmoins, elle n’avait jamais réussi à le détester. Oh, elle ne portait pas les vampires dans son cœur, mais Absynthe avait appris à faire la part des choses. Tout le monde ne pouvait pas être mis dans le même panier, n’est-ce pas ? Ce n’est pas parce qu’untel se comporte ainsi que les autres sont tous pareils. La jeune femme avait croisé d’autres vampires depuis qu’elle était à son service. Croyez-là, il y en avait de bien plus âgés et de bien plus sanguinaires. Dans ses moments de blues, elle se rappelait alors que sa place d’esclave, même si elle était difficile à vivre au quotidien, n’était pas la pire.

Néanmoins, une question lui brûlait les lèvres. Elle n’avait pas osé la poser, mais cela la rongeait tel de l’acide au point que ça risquait de la rendre folle si elle gardait ses doutes pour elle. La jeune femme voulait savoir. Elle avait besoin de savoir. Une étincelle nouvelle dans le regard, l’italienne ne voulait pas se laisser gagner par un espoir qui pouvait être soufflé sous le coup de la déception. Mais ses émotions ne semblaient pas vouloir la laisser tranquille. Visiblement, sa « nature » nouvelle  avait aussi ses inconvénients. Elle ressentait tout avec une telle intensité qu’elle devait lutter contre elle-même à chaque fois pour ne pas se laisser emporter. Serait-ce toujours ainsi ?

« Et puis comment ? Comment pourrais-je me venger ? Est-il toujours en vie ? Ne l’avez-vous donc pas tué ? » Demanda-t-elle un mélange d’appréhension et d’attente dans la voix.

Plus de larmes, plus de plaintes, ni de cris. Elle attendait, impatiente, les yeux encore gonflés par ses longs sanglots, que cet homme qui lui offrait ou imposait une nouvelle vie –tout dépend de quel point de vue on se place- lui donne des explications. A première vue, Absynthe semblait bien prendre la nouvelle. Disons qu’elle n’avait pas encore piqué une crise de nerfs. Cependant, elle avait d’abord été sous le choc en apprenant ce qu’elle était devenue. Puis l’angoisse, les doutes… Une impression qu’elle perdait quelque chose d’important. Mais… Il y a toujours un « mais » au fond. Absynthe ne pouvait se morfondre sur sa nouvelle condition. Oh, elle n’était pas tout à fait ravie, mais elle n’était pas non plus tout à fait contre. En réalité, une obsession semblait prendre place tout doucement dans sa tête et son cœur, supplantant cette préoccupation première. Il s’agissait des paroles que le vampire lui avait dites un peu plus tôt. « Je vais t'aider. Nous allons te venger. Ne t’inquiète pas […] Je t'apprendrai comment faire. » Si son maître ne l’avait pas tué, alors tout changeait… Et le vampire qui était en elle semblait trépigner d’impatience, n’attendant qu’un mot pour bondir. Elle avait lu quelque part que si quelqu’un t’a fait du mal, ne cherche pas à te venger. Va t’asseoir au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. Sauf qu’Absynthe ne voyait pas les choses sous cet angle. Oh, il y aurait bien un cadavre, mais elle ne comptait pas attendre tranquillement. Restait à savoir si elle n’était pas en train de tout s’imaginer…
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