Je n’avais jamais été habituée à être réellement méfiante, dans ma nouvelle famille. Ils avaient tout fait pour me mettre à l’aise, faire de moi une jeune fille bien comme il faut, normale quoi. Ils ne voulaient pas que je reste avec mes mauvais souvenirs. Ils ne voulaient pas non plus que je les cache, que je les enterre loin pour ne plus il pensait. Ils voulaient seulement que j’en sois libéré, que je sois à l’aise avec eux et que je puisse vivre normalement avec eux. J’ai appris à faire confiance aux gens, à ne pas avoir peur de tout et tout le monde. Cependant, j’ai rapidement dû perdre ces bonnes habitudes. Sur cette île, on ne peut pas faire confiance à tout le monde, on ne peut faire réellement confiance à personne. À tout le moins c’est très complexe, pour moi en tout cas. Je ne fais présentement confiance qu’à deux personnes, mais je reste tout de même sur mes gardes, en tout temps. Ma tête est mise à prix, je ne peux pas prendre de risque. C’est bien pour ça que je voyais Ambroise ce jour-là. Je devais retrouver mes plus bas instinct, je devais apprendre à être intelligente, plus qu’eux, plus rusée. Je ne pouvais me défendre contre eux au corps à corps c’était tout bonnement impossible. J’étais beaucoup trop petite, passe assez forte, je ne pouvais me battre contre eux ainsi. Par contre, je pouvais apprendre à me défendre contre les humains, apprendre à me cacher et m’entraîner pour être plus forte.

J’étais donc là, assise près des sources à attendre mon «maître» d’entraînement. J’étais relativement détendue, camouflée par les buissons, mais j’étais tout de même sur mes gardes. Je portais attention aux bruits autour de moi, les branches qui craquent, le vent dans les feuilles, les petits animaux qui se promenaient autour dans les bois. Ou bien les pas d’un homme qui arrivait vers moi. Un grand sourire apparut sur mes lèvres lorsque je l’ai entendu me faire une proposition que je ne pouvais refuser. « Tu veux une sucette avant de commencer ? » Il n’y avait que lui pour proposer des choses du genre durant un entraînement. Au moins, cela prouvait ce que je croyais, il n’était pas seulement mon entraîneur, il était aussi mon ami. J’ai hoché la tête pour consentir à ce cadeau sucré

«Ouais je veux bien merci. »

Mon ami se retourna, marchant fasse à moi, longeant de long en large mon horizon, me laissant languir à propos de la leçon du jour. Tout à fait son genre. Y aller dans la théâtralité, faire un spectacle de lui. Soudainement, il s’est tourné vers moi pour faire son effet. Comme à son habitude, ça a fonctionné, même si j’y étais habituée. Leçon du jour ! Comment attaquer un vampire par ... Surprise !»

Un grand sourire vint se loger sur mes lèvres. Je n’aurais pas pu avoir un meilleur maître d’arme qu’Ambroise. Son côté artiste me touchait, je me considérais moi-même comme une artiste. Je jouais dans la musique, je composais des chansons, la poésie me touchait au plus haut point. Les vampires ... ont une ouïe surdéveloppée. Un odorat surdéveloppé. Une vue surdéveloppée.... et un corps trèèèèèès musclé, et dur, bien plus que le nôtre... C’était la base. J’avais pu remarquer tout ça assez rapidement quand je suis arrivée sur l’île. Disons que mon ancien maître m’avait montré tout ça, malgré moi. Son ton laissait présager un secret, qui ne l’était pas vraiment. C’était pour l’effet, comme toujours. Conclusion ? Question piège ou trop évidente ? Les yeux d’Ambroise étaient plongés dans les miens et attendaient une réponse de ma part. J’ai inspiré une fois et pris la parole, toujours assise au sol.

«Ça ne vaut pas la peine que j’essaie de les avoir ? S’ils me touchent ils me bouffent ? »