Les cris fusaient dans toute la pièce. Ceux d'une mère enceinte, et d'un père inexistant. Ceux d'un couple qui se déchire à cause d'un stupide oublie, d'un pur accident. Bien que mettre un enfant au monde ne devrait pas être source de conflit, cela allait séparer deux personnes. Une cigarette à la main, la femme ne se souciait nullement des dégâts que ce tabac ferait sur son bébé. Pourquoi ce soucier d'un intrus qu'elle n'avait pas demandé ? Au contraire, elle espérait que le tabac allait l'aider à s'en débarrasser, avec un peu de chance elle ferait une fausse couche. C'était aussi l'avis du père qui ne voulait pas avoir à gérer la présence d'un enfant, surtout venant d'une femme qu'il n'aimait même pas. Après tout, pour lui cette femme n'étais qu'une paire de seins et de fesses. C'est ainsi qu'il la voyait, elle n'était rien de plus à ses yeux. Il put alors partir sans regrets, sans état d'âme. Laissant derrière lui une mère célibataire et un enfant prêt à naître.
Beaucoup de temps était passé, les années avaient défilé à grande vitesse. Sebastian, c'est ainsi que l'enfant fut nommé lors de sa naissance. Sebastian avait 7 ans et il n'avait pas la vie idéale. Il voyait des hommes défiler chez lui pour voir sa mère et celle-ci ne se souciait même plus de l'enfant. Il avait apprit à se débrouiller seul dès la sortit du berceau. Il était bien plus mature que tout les enfants de son âge et la raison lui échappait.
Assis sur un banc avec deux de ses camarades d'école, il les écoutait raconter ce qu'ils faisaient chez eux. Il avait souvent du mal à retenir ses larmes lorsqu'ils évoquaient les parties de jeu vidéo faite avec leur père, les moments de tendresse partagés avec leur mère et tous les bons moments de famille passés avec leur parents. Et lui, où étaient ses parents ? Son regard faisait la navette entre ses deux amis, bien qu'aucun mot ne sortait de sa bouche il n'en pensait pas moins.
" Bah moi mon papa c'est le meilleur du monde, hier il m'a emmené au cinéma voir Nemo et après on a mangé une glace !" " Je m'en fou parce que moi mon papa il m'a acheté une Gameboy et même le jeu Pokemon " Ils se parlèrent ainsi un bon moment avant de tourner la tête vers Sebastian qui se contentait d'écouter.
"Et toi Seb ? Tu as fait quoi ce week-end ?" Son ventre se noua lorsqu'il pensa à ses occupations du week-end. Il n'avait rien fait de bien, ni avec son père, ni avec sa mère. Il s'était occupé de celle-ci, lui avait préparé lui même à manger du haut de ses 7 petites années, il était jeune mais savait chasser, le reste du temps il était resté enfermé dans sa chambre à réviser ses notes de piano. Il allait répondre lorsque la maîtresse arrive en tapant des mains pour signaler la fin de la récréation et le retour en classe. Une fois la journée d'école terminée, Sebastian rentra seul chez lui comme à son habitude. L'endroit n'avait jamais été rassurant mais il s'en fichait. Il ne risquait rien. Il était différent des autres enfants, il avait une facultait qui le rendait bien plus fort. Si jamais quelqu'un lui cherchait des ennuis il pourrait mieux se défendre que n'importe quel autre garçon de son âge. Son secret ? Un peu de sang de temps à autre.
Une fois chez lui, il courra pour se réfugier dans sa chambre avant que sa mère ne le voit, il ne voulait pas la voir, il voulait l'oublier. Il s'assit alors sur son tabouret et fis glisser ses doigts sur les touches du piano, la musique, c'est la seule chose qui l'aidait à oublier l'endroit où il vivait. Il avait soif, très soif, mais il ne voulait pas aller chasser, il ne voulait pas ôter la vie d'une autre personne pour son bien personnel. Il laissa alors sa gorge le brûlait pendant qu'il jouait en fermant les yeux, laissant ses maigres doigts bouger d'eux mêmes. Il rêvassait en même temps. Son rêve était d'avoir une famille à aimer, un père et une mère respectables, une vie de famille normal, et surtout, être humain. Ne pas avoir à mentir sur ses origines ni cachait sa véritable nature. Oui il était un vampire, et il avait vite comprit que le dire à ses camarades était une très mauvaise idée.
"SEBASTIAN !" Le petit homme sursauta et arrêta immédiatement de jouer. Il n'aimait pas quand sa mère l'appelait, c'était souvent pour se défouler sur lui ou pour lui demander des tâches à effectuer. Il descendit alors les escaliers et alla se planter devant sa mère.
"Oui maman ?" Celle-ci prit sa veste et l'enfila en parlant sans même adresser le moindre regard à son fils.
"Je sors ce soir, quand je rentre je veux que cette maison brille, et ne laisse rien traîner." Il hocha légèrement la tête sans dire un mot. Cela n'aurait servit à rien, elle ne l'aurait pas écouté de toute manière. Il se contenta alors de regarder sa mère quitter la pièce en compagnie d'un nouvel homme que l'enfant n'avait jusqu'alors jamais vu. En temps normal il se serait hâté de vite faire ce que sa mère lui avait demandé, mais pour le coup, il n'en fit rien. Sebastian était toujours debout au milieu de son salon à fixer la porte d'entrée. Un tas de scène défilaient dans sa tête, des possibilités, des envies mais aussi des rêves. Celui de partir.
Le coeur de Sebastian battait plus vite que d'ordinaire alors que son regard faisait la navette entre la porte d'entrée et sa chambre. Tout se décida bien vite dans l'esprit de l'enfant, il grimpa les marches de l'escalier quatre par quatre pour se retrouver dans sa chambre. Il n'avait plus le temps de réfléchir, il fourra alors quelques affaires dans son cartable d'école, attrapa sa guitare, et repartit aussi sec. S'approchant de la commode de sa mère, il l'ouvrit et pris tout l'argent qu'il pouvait trouver. Bien sûr ce n'était pas bien moral mais Sebastian était tous sauf bête, il savait bien que sans argent il ne survivrait pas longtemps dans le monde extérieur. Sa mère avait été une mère indigne toute sa chaîne de vie, alors il n'allait pas prendre le risque de partir sans argent, tant pis pour elle. Cartable bouclé, argent en poche, le garçon sortit de chez lui sans se retourner. Il savait que s'il réfléchissait il risquait de changer d'avis et rentrer, et ça ce n'était pas envisageable.
Il ne marcha pas très longtemps, il ne savait pas où aller, la seule chose dont il était certain c'est qu'il devait partir loin, très loin. Sa mère le retrouverait facilement dans le cas contraire. Du moins si elle prenait la peine de le chercher. Un taxi était garé à quelques mètres de lui, il marcha jusqu'à celui-ci. Une fois arrivé à la fenêtre du conducteur, il se hissa sur la pointe des pieds afin de pouvoir voir l'homme. Celui-ci tourna la tête et sourit en voyant le petit homme.
" Bonjour monsieur, je peux monter dans votre voiture ? " Sebastian affichait un grand sourire, il était optimiste et savait comment fonctionnaient les gens, et d'après lui l'homme était quelqu'un de gentil. Malheureusement pour Sebastian, il n'eut pas le temps d'entendre la réponse du conducteur, une main lui attrapa le bras pour l'attirer en arrière. Surpris mais aussi contrarié, l'enfant essaya de s'en dégager sans vraiment comprendre, ce n'est qu'en entendant la voix de sa mère qu'il comprit.
Assis par terre, les genoux pliés contre lui même, Sebastian tremblait de tout son corps. Il ne savait pas où il était très exactement, dans un avion c'était certain, mais où dans le ciel ? Il n'avait même pas pris la peine de regarder la destination lorsqu'il avait embarqué à bord de l'appareil. Tout ce qu'il se souvenait c'était la colère de sa mère, sa rage et la violence dont elle aurait fait preuve s'il n'avait pas agis. Il se souvenait s'être dégagé de l'emprise de sa génitrice et avoir couru le plus vite possible dans le premier endroit qu'il avait vu. Ils vivaient prêt d'un aéroport, cette possibilité s'était alors présenté à lui comme une évidence. Ainsi sa mère ne le retrouverait jamais, mais lui non plus risquerait de ne pas s'y retrouver. Un nouveau pays, une nouvelle langue, une nouvelle monnaie. Comment un enfant de 7 ans pourrait survivre à tout cela ? Même en étant un vampire c'était presque infaisable. Et c'est ce qui faisait le plus peur à Sebastian, bien qu'il essayait de penser à autre chose. Au moins la violence de sa mère était à plusieurs centaines de kilomètres derrière lui.
L'enfant restait prêt d'un adulte pour que les hôtesses puisse croire qu'il s'agissait d'un parent à lui et qu'elles ne se posent pas de question à son sujet. Il restait roulé en boule sur son fauteuil et quand quelqu'un lui demandait ce qui n'allait pas il se contentait de répondre qu'il avait simplement peur de prendre l'avion. Bien sûr ce n'était pas la vérité, Sebastian n'avait pas peur de cela du tous, il savait bien qu'il avait autant de chance de s'écraser en avion que de gagner au loto. Il était confiant.
Armé d'un bout de bâton, Sebastian faisait des dessins dans le sable. Il faisait celui qui n'avait pas peur, et pourtant à l’intérieur il était terrorisé. Bien qu'il soit peu âgé, il n'était pas bête. Il savait que les hommes à côté parlaient de lui. Ils y étaient plusieurs, mais Sebastian avait compris que certains étaient plus puissants que d'autres. Certains lui faisait d'ailleurs peur. Faisant semblant de ne pas comprendre la discution des vampires afin de passer pour le petit enfant naïf qu'il aurait du être, il continuait de dessiner dans le sable, il n'avait rien d'autre à faire du temps. A part peut être chercher ses affaires dans tout les bagages qui étaient éparpillées sur la plage au milieu de plusieurs cadavre et autre débris. Pour le moment il n'avait pu retrouver que sa guitare et il avait perdu tout espoir de retrouver son cartable. De toute manière il ne pouvait pas chercher, s'il essayait de partir il risquait d'avoir de serieux problèmes, ou plutôt de mourir. De temps à autre il tournait son regard bleu vers le groupe pour les fixer un à un, pour les déchiffrer. Voyant que peu à peu les personnes commençaient à se dispercer certainement pour rentrer chez eux, Sebastian se releva en laissant tomber son bout de bois par terre. Il ne connaissait pas la décision qu'ils avaient pris à son sujet car il n'avait pu entendre leur dernière parole.
Une fois debout, l'enfant passa ses mains sur ses vêtements pour en enlever le sable, ce n'est qu'en relevant la tête qu'il vit un homme devant lui. Celui-ci s'accroupi pour être à la hauteur de l'enfant qui avait presque envie de pleurer.
" Salut bonhomme, je peux savoir ton nom ? " D'après ce que le petit avait comprit, cette homme était le seul à l'avoir défendu durant le débats. Pourtant il ne répondit rien, il se contentait de regarder l'homme devant lui. Celui-ci enchaîna alors.
" Bon on verra ça plus tard, moi je m'appelle John." Sebastian sourit enfin sans rien dire et le suivit sans vraiment savoir où ils allaient, mais tant qu'il pouvait rester envie ça lui allait.
La journée était terminée et Sebastian avait hâte que son père revienne. Il était resté dans sa chambre à dessiner en attendant le retour de John après avoir passé du temps avec un ami à lui. Ils étaient peu à avoir 7 ans sur l'île, et pourtant il était arrivé à trouver un ami parmis le peu qu'il y avait. En entendant du bruit, il prit sa feuille dans une main et se mit à courir pour sauter dans les bras de son père qui le porta alors.
" Papa ! Regarde le dessin que je t'ai fait !" Montrant les minis personnages présents sur la feuille, il se mit à les énoncer.
" Alors ça c'est toi, et ça c'est moi." En déposant un bisous sur la joue de son père, le petit tendit la feuille à John qui l'attrapa. Cela faisait six mois que Sebastian était ici, et il avait bien changé depuis le temps. Il était devenu câlin et croquait la vie à pleine dent. Il avait totalement oublié sa mère et pour lui John était son seul parent et ça lui suffisait amplement.