Sujet: Beside the dying fire ► INGVAR Lun 24 Juin - 20:45
Ingvar & Kendrick
La Lune, éternel objet voué à un destin bien ennuyant, coincée dans un quotidien qu'elle n'avait très probablement jamais désiré. La Lune, Kendrick. Qu'est-ce qui pouvait bien séparer ces deux choses, hormis des milliers de kilomètres ? Elle, la femme aussi désinvolte que délicate, était bloquée sur une île habitée par des vampires. La Lune, quant à elle, était une lumière aussi fraiche que précieuse. Au fond, qu'est-ce qui différenciait ces deux-là si ce n'était le vide ? L'immense et perpétuel fossé creusé par le désespoir et l'absence de volonté, qui s'appliquait chaque jour à pousser Kendrick dans une victoire perdue. Son combat contre les vampires était un combat qui ne se terminerait probablement jamais, tout comme les tours infatigables que décrivait la Lune autour de la Terre. Alors comme ce soir, lorsqu'elle se sentait abandonnée par sa fureur et sa haine, Kendrick allait aux falaises. Elle n'avait en elle ni le courage, ni l'envie d'aller sur la plage pour se baigner. À cette heure tardive, l'eau devait très certainement être d'un froid glacial et mordant. Ce n'était rien de bon pour une naufragée. Un bras devant l'autre, Kendrick tendait des mains désespérées vers les étoiles. L'envie de s'envoler était forte, partir loin d'ici tel un oiseau fougueux et ne jamais revenir. Pour ça, il lui suffisait simplement de faire un pas en avant et la voilà qui tomberait dans le vide. On ne retrouverait que bien plus tard son corps sans vie, échoué sur la plage. Ou bien, elle se ferait emporter par les abîmes et elle serait destinée à pourrir dans les limbes de l'océan. Tant de possibités que jamais elle n'explorerait. Elle n'était pas suicidaire. Elle n'allait pas sauter du haut de la falaise pour se tuer. Et tandis qu'une chute de quelques centaines de mètres lui faisait de l'oeil, elle se laissa tomber lourdement sur le sol. Elle avait besoin d'air, sans aucun doute. Elle avait besoin de changer de paysage, changer de vue. Ce n'était pas que les falaises étaient désagréables, au contraire. C'était juste que ce soir, elle ne se sentait pas en sécurité ici. Elle avait grandement envie de fuir. Alors elle se leva d'un bond et courût à travers les arbres. La forêt était un endroit somptueux si l'on en oubliait les créatures qui la peuplaient. Entre animaux sauvages et monstres de la nuit, il y avait sérieusement de quoi détester cet endroit. Et par moments, Kendrick le haïssait si fort qu'elle s'imaginait le brûler. Mais de temps à autre, elle aimait la jungle. Elle aimait la chaleur à la fois étouffante et agréable qu'offrait ce lieu. Elle aimait s'allonger sur un matelas de feuille pour s'endormir en sécurité, cachée par les hautes herbes. Oui, Kendrick aimait vraiment cet endroit.
Pourtant ce soir-là, alors qu'elle marchait d'un pas lent et distrait à travers les bois, quelque chose lui inspira un sentiment d'insécurité. Elle se sentait comme épiée par une bête, ou plutôt par sa propre conscience. C'était comme si une ombre la suivait. Une ombre vive et adroite. Peut-être n'était-ce qu'un animal, mais l'imagination de Kendrick lui fit envisager le pire. Un vampire, une créature exquise ou bien un simple oiseau. Elle se devait de vérifier, juste pour être sûre. Pour s'assurer qu'elle n'avait pas encore sombré dans la folie comme bien des humains le faisaient. Le coeur battant à toute vitesse, elle accéléra le pas jusqu'à rejoindre un endroit dépourvu d'arbres. Là, elle se cacha derrière un tronc et attendit calmement. Elle attendit, encore et encore. Les secondes passèrent et finirent par devenir des minutes. Combien de temps resta-t-elle ainsi ? Elle ne le savait pas. Il n'y avait plus vraiment d'heures sur Heartkiller, simplement des jours et des nuits. C'était comme ça qu'elle se repérait ici et jusqu'à maintenant, lui-ci lui avait toujours convenu. Agaçée d'avoir perdu son temps à cause d'un possible agresseur qui n'existait pas, Kendrick sortit de sa cachette. Elle lâcha un bout de bois qu'elle avait ramassé quelques instants plus tôt et qui était destiné à être logé dans la poitrine de l'animal. Ou du vampire, bien évidemment. Comme elle semblait être seule, la jeune femme reprit sa route. D'habitude, il n'y avait que la Lune pour éclairer son chemin. Mais ce soir, les étoiles semblaient aussi décidées à donner un peu de lumière à la noirceur d'Heartkiller. Ainsi, elle s'enfonça un peu plus dans la jungle jusqu'à ce qu'elle atteigne les cascades. Il n'y avait rien à dire, l'endroit était tout simplement délicieux sous l'éclairage d'une nuit d'été. Soulagée par son arrivée, Kendrick sortit un récipient de sa sacoche et en profita pour le remplir d'eau. Elle but son contenu en une espace trop courte pour être défini. Malgré les cinq verres, elle ne parvint pas à atténuer sa soif ce soir-là, alors elle reprit sa route.
Définir un endroit précis pour dormir dans la jungle était quelque chose de dangereux. Si jamais sa cachette était repérée par un vampire curieux ou si un humain libre comme elle lui volait son abri, Kendrick ne pourrait jamais s'en remettre. Rien que le fait d'imaginer perdre ses quelques objets précieux lui donnait des frissons. Valait-il mieux changer de sujet. Se concentrant sur son futur lit d'un soir, elle se dirigea vers le côté ouest de la forêt. Peut-être fût-elle trop absorbée par ses réflexions, mais elle ne vit pas le tronc d'arbre qui jonchait le sol juste devant elle. Ses jambes furent bloquées par l'objet et elle s'écroula au-dessus en une cacophonie redoutablement bruyante. Comme une chute le présageait, Kendrick s'étala de tout son poids sur le sol. Son menton alla lourdement frapper le sol tandis que sa main gauche attrapa une tige, malheureusement parsemée de piques. Dès lors qu'elle ressentit la douleur coulée dans ses veines, Kendrick émit un faible cri. Elle lâcha rapidement la branche et se redressa sur un coude, puis deux. Elle se retourna péniblement et prit quelques secondes pour reprendre ses esprits. Kendrick, la courageuse et inconsciente naufragée que presque personne n'avait blessée se faisait attaquer par un tronc d'arbre. Bravo l'aventurière ! Un sourire sur les lèvres, elle ne pouvait s'empêcher de se moquer de sa propre bêtise. L'être humain se voulait parfois maladroit, mais là c'en était trop. La cerise sur le gâteau. La goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Sa soirée ne pouvait pas être plus pitoyable qu'elle ne l'était déjà. Lentement, elle se redressa et prit quelques minutes pour s'asseoir sur ce fameux tronc d'arbre. Elle appuya vivement sur sa plaie ouverte tandis que son sang commencer à se déverser sur les feuilles. Saigner dans la jungle n'était pas quelque chose de bon. Surtout pas pour une humaine libre. Elle eut envie de se lever, elle en ressentait même le besoin. Pourtant elle ne fit rien et préféra rester assise. C'est alors qu'une branche craqua. Elle se leva d'un bond et sa tête lui tourna. Malgré ça, elle mit tous ses sens en alerte pour se préparer à une possible rencontre avec un homme. Ou peut-être bien avec un vampire. Mais au vu de la chance qu'elle avait cette nuit, elle optait plus pour la seconde option.
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Sujet: Re: Beside the dying fire ► INGVAR Mar 25 Juin - 14:52
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Creeping in your dreams Coming, going as he pleases Stealing hearts, robbing minds Taking whatever he finds He's a bandit »
La jungle fourmillait d’humains, il pouvait les sentir, parfois les voir, et surtout les entendre. Leur cœur battait en un rythme singulier et si appréciable à la fois. Parfois, l’un d’eux faisait accélérer la cadence, rendant le rythme plus effréné, et Ingvar se plaisait à imaginer la raison de cet affolement. Tambour apocalyptique. Le vampire aurait pu rester ici toute la nuit, juste pour les écouter battre à l’unisson.
C’était une symphonie qu’aucun humain n’aurait la chance d’entendre un jour.
Parfois, il pensait à tous les tuer, là, d’un seul coup. A les réduire en plusieurs petits tas de chairs mais ce n’était pas dans son intérêt, de même qu’il répugnait à les vider comme de vulgaires cochons. La chasse était si importante pour lui, de même que de gagner la confiance de toutes ces petites vies. Rares étaient ceux qu’il tuait rapidement. Ingvar prenait toujours son temps, cherchant à savourer, toujours plus, ce sang, cet unique liquide qui le maintenait encore en vie, qui lui permettrait de traverser encore des siècles.
Le vampire ferma les yeux, humant l’air, cherchant à identifier toutes ces formes de vies qui gravitaient autour de l’île, toutes ces vies qui menaçaient de s’éteindre à tout moment.
Le sang. Cette odeur si particulière s’était répandue à travers toute la jungle. L’odeur était à présent si forte qu’il était incapable de dire d’où elle provenait. Par ici ? Ou peut-être là. Il était comme un animal fou. Le vampire se déplaçait à une vitesse effrayante, cherchant d’où provenait ce sang et surtout, si il appartenait à un humain. Car combien de fois s’était-il fait avoir ? De trop. Pourtant, après toutes ces années, il aurait du être capable de différencier le sang des animaux et celui des humains, mais non, l’odeur affolait tellement ses sens qu’il en devenait incontrôlable.
Elle était là, pauvre petite créature sans défense. Le regard d’Ingvar s’était immédiatement braqué sur la blessure de l’humaine. Pourquoi restait-elle au sol ? Pourquoi ne s’était-elle pas enfuie dans la jungle ? Il ne comprenait pas ce choix imprudent. De même que lui aussi était face à un dilemme. Il pouvait l’attaquer sans qu’elle ne s’en rende compte, tout comme il pouvait jouer avec elle. La seconde option était celle qu’il préférait. Les humains étaient bien assez naïfs pour boire ses paroles. Il s’avança vers elle, prenant soin de marquer sa présence. Une branche craqua. L’inconnue s’était relevée à une vitesse surprenante. La peur. Le vampire sorti des bois, dévoilant son inquiétante silhouette. Il avait parcouru la jungle à une vitesse si folle qu’il n’avait pas remarqué que sa veste était déchirée par endroits. Bien. A présent il avait l’air d’un naufragé et non plus d’un aristocrate du XIXème siècle.
« Vous allez attirer tous les charognards de cette île » - Un fin sourire se dessina, ce qui le rendit humain le temps de quelques secondes. Il s’était avancé, gardant tout de même une distance raisonnable, ne voulant pas effrayer sa future proie. Son regard n’avait pas quitté la curieuse blessure de la jeune femme. Elle semblait superficielle malgré la quantité de sang déjà perdue. « Vous auriez pu vous tordre la cheville, être piquée par divers insectes mais c’est… une plante qui a causé votre blessure. Curieuse malchance. » - L’ironie était clairement marquée dans ses mots, pourtant, l’intonation de sa voix resta curieusement neutre. C’était l’élément le plus dérangeant chez lui, cette étrange faculté à pouvoir être sarcastique sans que qu’aucun trait de son visage ne le trahisse, ni sa voix. Ses yeux se détachèrent enfin du liquide rouge carmin, tout en évitant de croiser celui de l’imprudente.
A ce stade, il savait pertinemment que son regard n’avait plus rien d’humain.
« Vous êtes seule ? Ou tous vos petits camarades attendent, cachés derrière un fourré, craignant de savoir si je suis humain ou non ? ... » - Les mots étaient terriblement ambigus et dangereux. A la fois il lui indiquait qu’elle devait le craindre, et en même temps, il feignait à nouveau une curieuse ironie.
QUOTE. Cat's Eyes - bandit ICON. onegirldisco
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Sujet: Re: Beside the dying fire ► INGVAR Mar 25 Juin - 19:49
Ingvar & Kendrick
Elle n'était qu'un murmure dans la nuit, une goutte d'eau dans un océan. Une humaine parmi tant d'autres. Jusqu'à maintenant, Kendrick n'avait pas pensé mourir. Mais une branche avait craqué, quelqu'un approchait. À une vitesse folle, elle se leva du tronc qui lui servait de banquette et se mit à guetter la jungle. Les bois étaient sombres, la pénombre envahissait peu à peu son espace et bientôt, elle parvint à distinguer une silhouette qui sortait d'entre les arbres. Tel un nuage dans un ciel bleu, l'apparition de l'homme lui parût étrange, presque impensable. Les chances pour croiser quelqu'un dans cette forêt étaient faibles. Trop faibles. Et pourtant, la voilà face à un humain tout aussi charmant qu'inquiétant. Une main sur sa blessure et l'autre le long de son corps, elle resta immobile, prête à fuir si jamais l'inconnu tentait quelque chose contre elle. « Vous allez attirer tous les charognards de cette île » L'homme profita d'un sourire pour avancer dans sa direction. Kendrick resta stoïque, bien que sur ses gardes. Elle aurait pu rendre son sourire à ce mystérieux visiteur. Elle aurait pu, en effet, mais elle ne fit rien. Son esprit était comme embrumé par cette étrange coïncidence que de croiser un humain quelques minutes après s'être blessée. Encore fallait-il que ce soit un humain et pour le moment, rien ne prouvait qu'il ne soit pas un vampire. « Vous auriez pu vous tordre la cheville, être piqué par divers insectes mais c’est… une plante qui a causé votre blessure. Curieuse malchance. » Kendrick baissa les yeux sur sa main couverte de sang avant de les relever vivement sur l'inconnu. Elle n'aimait pas la manière dont l'homme s'adressait à elle. Il y avait quelque chose de louche chez lui, quelque chose de précieux, quelque chose que seul le temps procurait aux humains. La sagesse. Oui, elle parvenait à desceller dans la voix de cet homme un brin d'intelligence qu'il prenait grand soin de maîtriser. La tournure de ses phrases était bien trop soignée pour être superficielle, mais était-ce là une preuve pour s'inquiéter de lui ? Elle n'en avait aucune idée. Peut-être que cet inconnu était tout simplement un naufragé comme elle, peut-être même était-il professeur avant d'arriver à Heartkiller. Cela expliquerait sans aucun doute son attitude et l'étrange présence qui émanait de lui. « Vous êtes seule ? Ou tous vos petits camarades attendent, cachés derrière un fourré, craignant de savoir si je suis humain ou non ?. ... » Toujours silencieuse, Kendrick passa sa langue sur ses lèvres. Elle avait encore soif, mais elle devait mettre ce problème du côté. Pour l'heure, elle devait mettre tous ses problèmes et ses interrogations de côté. Il était temps pour elle de faire ce qu'elle savait le mieux, à savoir se défendre d'un humain ou d'un vampire. Avec attention, elle détailla son interlocuteur. Lorsqu'elle eut fini son inspection efficace, bien que brève, elle fit un pas vers la gauche et laissa son regard se perdre dans la noirceur de la jungle. « L'êtes-vous ? » Elle fit une pause de quelques secondes et reprit avant que l'homme n'ait eu le temps de répondre « Êtes-vous humain ? » Elle évita de poser son regard sur lui, préférant observer le monde qui l'entourait. Après quoi, elle s'approcha de l'inconnu, mais veilla tout de même à laisser deux-trois mètres entre eux. D'une voix qui mêlait le défi au mépris, elle l'interrogea « Vous croyez aux coïncidences ?» Les sourcils froncés et la tête légèrement penchée, elle posa son regard sur le visage de l'homme. Les traits marqués et le visage sévère, il semblait avoir la quarantaine, peut-être plus. Il était difficile de définir une identité à quelqu'un que l'on parvenait difficilement à distinguer dans la pénombre.
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Sujet: Re: Beside the dying fire ► INGVAR Mer 3 Juil - 19:25
L’idée était parfaitement idiote ; se faire passer pour un humain alors que tout chez lui indiquait qu’il était une créature de la nuit. Et pourtant, il suffisait d’être assez patient avec eux. Les humains avaient cette étonnante capacité à se jeter dans la gueule du loup alors il n’y avait plus qu’à attendre et souhaiter que la petite aventurière ne soit pas trop farouche, quoique, le jeu n’en serait que plus amusant. Et malgré le fait que son repas était blessé, donc incapable de fuir, Ingvar n’en oubliait pas les autres occupants de la forêt. Il suffisait d’une minute d’inattention pour se faire attaquer par un groupe d’humains, ou même un animal. Les animaux n’étaient pas bien dangereux pour un vampire mais pour un humain, une panthère aurait vite fait de réduire l’inconnue en morceaux et ça, c’était inacceptable.
L’homme se déplaçait tout autour d’elle sans pour autant se rapprocher. Il avait cette attitude des loups qui préfèrent encercler leur proie avant même de faire le moindre pas. Heureusement pour elle, il ne pouvait pas s’approcher plus au risque de l’égorger. L’odeur du sang le rendait de plus en plus faible à chaque seconde, il suffisait que son regard s’attarde sur la blessure pour que ses yeux trahissent la bête qui était tapis au fond de lui. Il l’a sentait gronder dans ses entrailles, là, bouillir dans le sang qui circulait encore dans ses veines, tentant vainement de faire battre un cœur qui n’existait plus. C’était une sensation si singulière. Il pouvait sentir le sang pulser dans chacun de ses organes mais si il plaçait sa main à l’endroit où son cœur devait se trouver, il n’y avait rien. Pas de battement. Il n’y aurait plus jamais rien, c’est pourquoi il appréciait tellement d’écouter le battement des cœurs humains. En parlant de cœur, Ingvar se focalisa sur celui de la jeune femme qui s’était approchée de lui. Curieux. Il n’y avait plus cette danse effrénée.
L’homme arqua un sourcil devant les paroles et l’air effronté de la jeune femme. « L'êtes-vous ? » Il refreina un sourire. « Êtes-vous humain ? » Avait-elle déjà deviné ? Probablement que non. Elle avait certainement appris à se méfier de tout le monde.
Il balaya la clairière du regard, avant de porter ses yeux sur sa défunte veste. N’en restait que quelques larges lambeaux. Il poussa un léger soupir de désespoir, et choisit de la retirer. « Ne jamais entrer sur le territoire d’un animal, c’es une très mauvaise idée »
Les ombres dansaient. C’était un spectacle fascinant qu’il avait apprit à apprécier, essayant alors de remplacer la beauté du soleil.
Ingvar leva enfin son regard vers elle, afin de la détailler aussi crument qu’elle le faisait en cet instant. Il était habitué à ce genre de regard, même de la part des autres vampires qui ne comprenaient pas toujours pourquoi il avait cette curieuse allure. Que pouvait-elle bien voir dans cette obscurité ? Voyait-elle ses yeux ? Les traits marqués et usés de son visage ? Il en doutait. Les yeux des humains étaient si faibles dans la nuit, alors que les siens… il voyait chaque détail avec une précision étonnante. Les feuilles qui bougeaient au gré du vent, les gouttes de sang qui perlaient sur le bras de la blonde. « Vous les avez donc déjà rencontré… n’est-ce pas ? » - la question était faussement innocente si bien qu’il reprit la parole aussitôt, ne lui laissant pas le temps d’ouvrir la bouche. « Quelle preuve pourrais-je vous donner ? Hum… Si j’étais l’une de ces créatures, croyez-vous que vous seriez encore vivante avec une telle blessure ? » Il haussa un sourcil et fit quelques pas en direction de la jeune femme. « Vous pensez qu’un vampire, car c’est ce qu’ils sont, prendrait le temps de parler avec sa nourriture ? » A nouveau les mots étaient particulièrement ambigus. Il jouait avec elle, essayant de la mener sur la bonne piste tout autant effaçant toute trace de doute. Il voulait voir jusqu’où elle se montrerait téméraire, jusqu’où elle irait avant de connaître la vérité.
« Je peux… peut-être, vous aider ? » Il fixa plus intensément la blessure.
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Sujet: Re: Beside the dying fire ► INGVAR Mar 16 Juil - 21:27
Ingvar & Kendrick
La jungle était un territoire néfaste et dangereux qui, au fil des jours, les encerclait un peu plus. S'il y avait bien une chose que redoutait Kendrick, c'était de se retrouver coincée dans de pareils lieux avec un parfait inconnu. La forêt abritait peut-être d'étranges créatures, mais l'île en elle-même était bien plus redoutable. Froide. Glaciale. Elle se sentait poussée par un sentiment profond qui coulait dans ses veines telle une encre noire et toxique. Toujours plus sombre, toujours plus douloureux. Son regard quitta celui de l'homme pour se perdre dans le lointain espace que lui offrait la forêt. La forêt, si étouffante et si petite. Sa tombe, pensait-elle. Leur tombe. Ils allaient tous mourir ici, perdre la vie et cracher leur dernier souffle, assassinés par la faim, la soif ou les semis-morts. Pourtant cette jungle, aussi ténébreuse et cruelle soit-elle, était également honteusement attrayante. Le noir, infini, les tourmentait tous, mais spécialement elle. Elle, la pauvre fille de Londres. Elle l'idiote qui s'aventurait seule la nuit dans la jungle. Elle aurait préféré mourir de soif. Elle aurait dû mourir de soif. Mais à la place de cela, elle se tenait là, devant cet homme. Tout en lui inspirait confiance et crainte. Son visage dégageait quelque chose de repoussant, mais d'incroyablement attirant. Il y avait un quelque chose, un quelqu'un, qui la forçait à lui accorder le bénéfice du doute. En temps normal, elle aurait déjà attaqué. Planter ses ongles dans la peau, tendre et délicate, de son cou. Rgarder le sang s'évader en un monde filet rougeâtre. Un frisson la parcourût tandis que l'homme retirait sa veste. L'image de sa mort la glaça. « Ne jamais entrer sur le territoire d'un animal, c'est une très mauvaise idée. » Elle plissa les yeux pour essayer d'apercevoir en détail le visage de son interlocuteur, en vain. Une blague, un humour décalé ou bien mal placé, l'importance n'était pas de savoir ce que venait faire cet homme. La véritable, et au combien, inquiétante question était de savoir ce qu'il voulait. L'assassiner ? La mordre ? Faire d'elle son esclave ? Pourquoi voyait-elle en cet homme, et en tout inconnu, une chose noire et ruelle ? Et s'il n'était qu'un voyageur, aussi perdu et ravagé qu'elle . Et s'il avait besoin d'aide ? En l'occurrence, de son aide ? Et s'il allait se rapprocher d'elle pour mieux la tuer ? Comme figée, Kendrick se sentait incapable de parler. Elle aurait voulu répondre d'un ton tranchant à cet inconnu, ô oui elle aurait voulu, mais elle en était incapable. Elle était hypnotisée par sa silhouette et par les centaines de questions qu'il soulevait dans son esprit. Des questions. Encore et toujours des questions, c'était donc cela la vie ? Des mystères et des énigmes, destinés à ne pas avoir de solutions ? Découragée et épuisée, elle soupira faiblement. Elle s'apprêtait à interroger l'homme ou à faire un geste quelconque afin de se prouver à elle-même qu'elle n'était pas une larve, mais elle se stoppa net dans son geste. Son regard venait de croiser celui de son mystérieux interlocuteur. Le monde s'arrêta, et avec lui sa respiration. Une seconde, deux secondes, puis trois secondes. Quand enfin elle s'autorisa à prendre une longue et profonde inspiration, l'inconnu reprit la parole. « Vous les avez donc déjà rencontré… n’est-ce pas ? Quelle preuve pourrais-je vous donner ? Hum… Si j’étais l’une de ces créatures, croyez-vous que vous seriez encore vivante avec une telle blessure ? » C'était là une excellente... question. Kendrick fût forcé de soupirer une énième fois tandis qu'un léger sourire éclairait son visage. Parfois dans des situations comme celle-ci, elle se montrait si sotte et si méfiante, que cela en devenait presque drôle. Et pourtant, la question du vampire humain méritait réflexion. Chose qu'elle n'avait pas envie de faire. Sa blessure la faisait souffrir, sans parler de la fatigue et de la soif. Kendrick se contenta donc de lâcher un bref « J'sais pas ». L'envie de rajouter un " et je m'en fous " était tentante, voire très tentante, mais elle se ravisa. S'il s'avérait que cet homme était un vampire, elle regrettait fort bien ses paroles. « Vous pensez qu’un vampire, car c’est ce qu’ils sont, prendraient le temps de parler avec sa nourriture ? » Quelques pas en sa direction et voilà qu'elle parvenait mieux à discerner les traits et la carrure de cet inconnu. Impressionnant, mais étrangement effrayant. Forcé de reculer tant bien que mal, Kendrick eut à agir avec maladresse. Presque ridicule, elle laissa un faible rire sortir de sa bouche. Dans un soupir quasi inaudible, elle marmonna une nouvelle fois un « J'sais pas » tandis que son regard se posait sur les vêtements du naufragé. « Je peux… peut-être, vous aider ? » Un sourire éclaira son visage l'espace d'un instant, puis elle rit. Un rire fort. Moqueur. Décidément, cet homme était réellement drôle. « À moins que vous possédiez une trousse de secours sur vous ou pourquoi pas un brancard, je ne pense pas que vous me soyez très utile. » Elle avait parlé avec légèreté, comme pour détendre l'atmosphère sinistre et lugubre. Son rire cessa brusquement et elle se racla la gorge. « Vous n'avez pas répondu à ma question. »