L'aube se lève sur Heartkiller, mais ici, dnas la bibliothèque, rien n'y parait. Certes, il est donc très tôt pour un vampire, mais Errol n'a pas sommeil. En fait, Errol ne dort que s'il doit se cacher de la lumière du jour. Dans les archives britannique, il n'est pas rare de le voir plus de 72 heures d'affilées sans dormir, puis il dort 36h et ça lui suffit pour un autre 72h d'éveil. Son père est du même acabit, alors personne ne s'en étonne chez les Britannique. Ici, c'est différent, le rythme de vie n'est pas le même, même le jour et la nuit ne se ressemblent pas. Errol souffre peut-être du décalage horaire, bien qu'il soit ici depuis plusieurs semaines. Ça ne devrait pourtant pas jouer, puisqu'il passe presque tout son temps dans les archives, un endroit dépourvu de fenêtres et de la moindre luminosité diurne.

Errol aime bien squatter la bibliothèque le jour. Silencieux et discret, il observe tranquillement les esclaves qui profitent du sommeil de leur maître pour venir lire un peu. D'un autre côté, la plupart se chargent surtout d'épousseter un peu, de passer l'aspirateur et de ranger les livres sorti durant la nuit par les vampires. Au début, quand il venait durant la journée passer le temps, les esclaves se demandaient bien ce qu,il pouvait y faire. Mais ils ont finit par s'y habituer. Errol est un vampire réputé globalement inoffensif par les esclaves. Jamais on a entendu dire qu'il aurait pu en maltraiter un seul. Ni même une seule. Il n'a ici qu'une seule esclave et on raconte des choses, comme quoi il aurait payé le triple de ce que l'encan prévoyait. Il est toujours très poli, même avec les esclaves, presque respectueux. Un respect flegmatique, certes, mais une sorte de respect, ce qui est nettement mieux que beaucoup de vampires, pour ne pas dire tous à quelques exceptions près.

Aujourd'hui, il n'y a qu'une seule âme qui ne soit pas vivante. Errol. Tous ceux présents dans la bibliothèque sont des esclaves, des humains, vivants. Errol, vautré dans un fauteui, les pieds sur la tablel, lit un roman qui l'a toujours amusé. Il le lit pour la millième fois, sans doute. C'est sa copie personnelle. Elle le suit depuis qu'il a acheté le premier exemplaire, il y a 25 ans. Les pages sont gondolées, les coins sont cornés, la couverture est éraflée par endroit et aucun doute que c'est un livre très usé. Il le connait par coeur et il lit à peine les mots, sa mémoire se rappelant plus rapidement les phrases que ses yeux ont de les lire. Avant, il traînait la version originale, mais elle était immense et l'agrégé de Goldman est nettement plus amusante. Moins de passages à passer outre. Autour de lui, les esclaves s'active à ranger et à nettoyer la bibliothèque. Il se fiche du bruit de l'aspirateur, pas plus que des chuchotement des esclaves.

Il est en train de relire le passage de l'affrontement entre le Terrible Pirate Robert et Inigo Montoya, quand il lui semble que les bruits ambiants sont différent. L'aspirateur s'est tut et même les chuchotement ont cessé. Il lève la tête de son roman favoris, puis aussitôt qu'il comprend la source de ce silence, il retire ses pieds de la table et en voyant apparaître la Dame, il se lève. On ne reste pas assis devant une princesse. Du moins pas avant qu'elle ne se soit assise elle-même. Il n'a jamais rencontré la princesse de Norvège de si près. Il l'a entrevu, surtout depuis qu'il est sur Heartkiller, mis c'est bien la première fois qu'il se retrouve seul et dans la même pièce qu'elle. Il ne peut s'empêcher de pense qu'elle porte très bien son prénom. Light, la Lumière. tout lui semble nettement plus brillant, lumineux maintenant qu'elle est là.

Il s'incline.

On disait beaucoup de bien de la princesse de Norvège. Enfin, pour Errol, ce n'était que du bien. Pour beaucoup de vampires, elle était bizarre, refusant de s'abreuver à un humain, un peu trop adepte de bondieuserie, mais pour Errol, elle représentait une sorte de perfection. Évidemment, il n'était pas adepte lui-même de la perfection, mais il se complaisait dans ce qu'il déterminait comme un idéal. Entre les vampires sadiques et les vampires adeptes de bondieuseries. Mais personne ne reste insensible à la perfection et Errol ne fait pas exception, même s'il est le seul responsable de ce qu'il détermine comme une perfection.

- Je me porte à merveille, Ma Dame.

Errol devait avouer que la présence de la princesse de Norvège, fiancée du Prince Eleazar, est pour lui une pure bénédiction. La princesse était magnifique, non seulement à regarder, mais aussi à entendre. Il n'avait jamais vraiment bavardé avec elle, mais il avait surpris quelques conversations des plus intéressantes. On la décrivait douce, délicate et si généreuse. Qu'elle lui demande de se joindre à lui était une perspective si délicieuse. Il avait bien envie de voir si elle est si parfaite lorsqu,il se retrouve face à elle. Et surtout seul avec elle.

- Du tout, vous ne me dérangez pas du tout. Je lisais simplement un roman que je connais presque par coeur. Rapidement, il fait le tour de la table et vient délicatement tirer la chaise ou la princesse peut s’asseoir. Votre compagnie sera un plaisir, Princesse.

Il marque un bref temps d'arrêt et jette un coup d'oeil à l'horloge, tout en retournant à sa chaise. Il y reprend place une fois que la princesse est assise, pas avant.

- Si je puis me permettre ne indiscrétion, que faites-vous, si tôt le matin ? Vous ne devriez pas déjà dormir ?

Oui, ne devrait-elle pas être être couchée ? Dans sa chambre, plutôt qu'avec lui dans la bibliothèque ? Le matin se lève, elle devrait dormir. Peu-être est-elle insomniaque ? Dans ce cas là, mieux vaut effectivement qu'elle soit avec lui plutôt qu'avec d'autres. La bibliothèque est un endroit serein et paisible. Pas de danger dans la bibliothèque. D'autant plus qu'il est là. Oh, elle peut venir dans la bibliothèque quand il y est lorsqu'elle le veut, ce n'est pas lui qui va s'en plaindre. Elle est si parfaite. Errol se sent tout simplement paisible et serein en sa présence.

La nommer par son prénom serait contraire à tous les principes moraux d'Errol. La hiérarchie est utile, non seulement pour garder un contrôle sur les vampires, mais aussi pour savoir où se trouve la place de chacun. Et que chacun reste à sa place est essentiel chez des êtres tels que les vampires. Le chaos s'installe rapidement et il y a beaucoup de sang versé pour rien. Errol ne doute pas du tout de l'innocence de la demande de la princesse de Norvège, mais accéder à sa demande serait troubler l'ordre établit. Et un archiviste n'est pas fait pour troubler l'ordre établit. L'archiviste doit y donner un sens.

- Je doute fort pouvoir accéder à votre demande, votre altesse. Question de principe, vous êtes Princesse, ce serait mal avenu de ma part de passer outre.

Non, Errol est un homme de principe. Il est discipliné et protocolaire. Certes, il n'est pas tout à fait absolu dans ses méthodes, mais il se garde une ligne de conduite. Il n'a qu'une seule esclave, et c'est par accident, il ne tue que rarement des humains, mais jamais il n'oublierait un titre de noblesse et jamais il n'oserait nommer la Princesse par son prénom, surtout pas en public. Ce serait totalement indigne de la Princesse et de lui également. Non, il ne la nommera pas par son prénom. Par contre, si elle cherche un ouvrage, ça, il peut le faire. Il peut lui trouver cet ouvrage. Reste à savoir s'ils ont le dit ouvrage ici. Ça, c'est un peu plus difficile à affirmer en l'air.

Il reste un peu surpris, tout de même, qu'elle puisse pense que le Prince, son fiancé, puisse le forcer à travailler. Et pour Errol qui sait bien cacher tout son être sous un flegme à toute épreuve, le fait qu'il hausse un sourcil, perplexe cette idée est une victoire au tableau de Light. Mais en même temps, il connait la réputation du prince et la réflexion de la princesse est logique. Pourtant, une fois la surprise passé, le visage d'Errol esquisse un sourire qui semble plutôt amusé. D'autant plus qu'elle semble vouloir empêcher qu'il lui arrive quoique ce soit de fâcheux.

- Je suis sur Heartkiller justement pour travailler, Votre Altesse. Votre fiancé n'est en rien responsable de mes heures supplémentaires de travaille. Et je n'ai pas à me plaindre de la manière dont on me traite. Je vous remercie de votre sollicitude. Puis-je vous demander, si ce n'est pas indiscret, qu'avez-vous entendu, ou vu, qui puisse vous faire croire que je puisse être mal traité sur Heartkiller ?

Errol se posait effectivement cette question. Y avait-il des rumeurs ce sujet ? Ce serait gênant dnas ce cas. La princesse croit-elle qu'il est faible et misérable pour qu'elle ait souhait de lui venir en aide ?

Malgré son refus évident de la nommer par son prénom, la princesse de Norvège insiste. Il se voit mal la nommer par son prénom. Il a beau être noble, il n'est pas royal, il risquerait de contrarier quelqu'un, comme un certain roi américain. Non, ça ne se fait pas, ce genre de comportement, ce serait indigne de lui, surtout envers la princesse de Norvège. Sans parler qu'elle est la fiancée du frère d'Eleazar. Il sourit tout de même lorsqu'elle prétend ne pas suivre ce principe. C'est bien une princesse pour ne pas suivre les principes que sa caste a elle-même instaurée. Pourtant, son sourire s'efface lorsqu'elle parle d'amitié. Il fronce les sourcils. Pourquoi seaient-ils amenés à devenir amis ? Pourquoi sous-entendre une telle idée. Et soudainement, l'identité de son interlocutrice le frappe soudain. C'est la Princesse de Norvège, la fiancée d'Eleazar. Elle doit se sentir tristement seule ici, les vampires sont tous si différents d'elle. Il hoche la tête.

- Bien, Votre... Light, je ferai en sorte d'y penser, mais ne m'en veuillez pas si vous appeler par votre prénom ne me vient pas naturellement.

Il fait de gros efforts, pour lui être agréable, du moins à ce titre. Il faut beaucoup de volonté à Erol pour oser l'appeler Light. Mais pour le reste, il est bien prêt à faire n'importe quoi pour lui être agréable. Ses préoccupations au sujet de la bienveillance ou non de son fiancé renforce cette idée. Light est une vampire exceptionnelle, qui se soucie des autres, vampires comme humains semble-t-il. C'est une qualité rare, surtout chez les vampires. C'est d'autant plus dangeeux qu'elle est vampire. Il pourrait en être vexé, qu'elle veuille songer à le défendre, mais ce n'est pas le cas. Étrangement, venant d'elle, il croit sincèrement qu'elle est aussi bienveillante qu'elle le démontre.

- La royauté, ici comme au Royaume Uni, n'est pas très différente. J'ai peut-être un statut différent parce que les Bridgestone ont besoin de mon travail. Je viens travailler, mais je suis de lignée noble, dit-il, songeant tout de même qu'il est le seul spécimen de a lignée. Son père n'a qu'un seul descendant et un descendant biologique, ce qui n'est pas nécessairement courant pour un archiviste, même royal. Ne doutez pas, tout le monde ici a été des plus agréable avec moi, dit-il, songeant qu'elle est tout de même la plus agréable de toutes.

En même temps, Errol est quelqu'un de distant au premier abord, mais il est difficile d'être désagréable, puisqu'il est d'un calme et d'une placidité incroyable, ce qui impose un certain respect. Mais un respect poli, pas nécessairement mérité, contrairement à Light, qui avait des convictions et qui les dévoilait avec juste un peu de retenue pour que ça ne soit pas inquiétant. Par contre, il note qu'elle en sait beaucoup sur lui. Son attention à son égard est beaucoup plus pointue qu'il ne le mérite. Il ne croit pas être digne de son admiration, bien que lui-même détermine Light comme une vampire admirable. Mais il ne peut pas nier que son comportement pacifique et avenant envers les esclaves soit remarquable. C'est sans doute ce qui a attiré 'attention de la princesse sur lui. Il sourit, sincèrement cette fois et de manère beaucoup plus évidente qu'une esquisse de sourire.

- C'est parce qu'il n'y en a pas deux comme moi, dit-il, un éclat évident de malice dans la voix, mais qu'il dissimule aussi rapidement qu'il est apparu, revenant à une conversation nettement plus sérieuse. Je ne crois pas à la torture et au régime de terreur pour se faire respecter et obéir, dit-il sans élever la voix, parce qu'il doit tout de même y avoir quelques oreilles indiscrètes autour. Je préfère le terme domestique qu'esclave, même si leur liberté est impossible. Je suis persuadé que de les garder dans la peur dela mort et surtout de la douleur n'en fera pas de meilleurs serviteurs.

Avec Chiraz, il appliquait ces principes, parce qu'il y croyait et parce qu'avant de l'acheter par négligence de sa part, il ne comptait pas avoir d'esclave privé. Son père en avait d'ailleurs été bien étonné qu,il l'ait gardé, mais Errol ne pouvait pas se résoudre à la revendre. Il avait été distrait et c'était le résultat. Il allait en assumer les conséquences.

- À ce que je sache, vous n'avez pas d'esclaves personnels, n'est-ce pas ? Sans être indiscret, puis-je vous en demander la raison ?

Errol était curieux, de savoir si ses raisons de ne pas vouloir posséder d'esclaves étaient les mêmes que lui. sincèrement, sa réponse lui importe, un peu comme s'il cherchait son approbation. Il ne saisit pas vraiment pourquoi il voudrait obtenir son approbation. Ce serait plus logique qu'il cherche à obtenir celle de Jewel ou de Jezabel, mais ce n'est pas le cas.

Elle semble ravie qu'il accède à sa demande de l'appeler par son prénom. Tout de suite, il se dit qu'l n'aurait pas du céder à sa demande. Premièrement parce que ça brise plusieurs conventions et la structure de la hiérarchie. Deuxièmement, parce qu'il lui sera très difficile d'y penser et de s'y faire. Dernièrement, comme il n'ose pas lui dire que jamais il ne l’appellera par son prénom en présence d'autres vampires, il se dit que la situation peut finir par s'avérer délicate. Mais il est trop tard, il a déjà accédé à sa demande. Il devra faire avec. Et en même temps, comment aurait-il oser contrarier le Princesse ? La contrarier est bien la dernière chose qu'il souhaite. Elle est si douce et si radieuse que la contrarier serait un peu comme ajouter du lait et du sucre au Earl Grey. On y perd tout le caractère spécial du goût et de l'odeur.

Il écoute attentivement sa réponse et il se dit que c'est tout à fait idéaliste de penser pouvoir libérer un esclave. C'est surtout dangereux. Le libérer pour aller où ? Le libérer en ville ? Le libérer dans la jungle ? Libérer un esclave n'est pas admis par les vampires et bien qu'elle soit princesse, elle risquerait gros à libérer un esclave et le relâcher parmi les humains. Ce serait risquer pour le secret vampirique. Tout ça est bien complexe et malheureusement, Errol arrivait à faire la part entre ce qui serait une utopie et ce qui doit être raisonnablement appliqué, ce qui le mettait parfois dans une fâcheuse position. Un peu comme lorsqu'il avait "acheté" Chiraz.

- Votre raisonnement est tout à fait charitable, mais je crains que ça ne soit un peu utopique. Je ne crois pas qu'un esclave libéré soit une position enviable, du moins pas plus qu'un esclave bien traité. Errol se déteste aussitôt de peut-être contrarier Light. Il hoche la tête. Toutes mes excuses, je n'ai pas à juger vos convictions.

Il bouge un peu sur sa chaise, légèrement mal à l'aise.