Cela ne faisait que deux semaines que je m’étais retrouvée ici, sur cette île. Pourtant, j’avais déjà l’impression qu’une éternité s’était écoulée. Aucun bateau, aucun avion ne se pointait à l’horizon. Je me retrouvai donc seule et désemparée. Heureusement, mon moral se maintenait au-dessus de la moyenne grâce à mon bel étalon, celui qui m’avais sauvée et à qui je donnerai la pareil sans hésiter. Un soupir s’échappa de mes lèvres tandis que je traçai avec un bout de bois des lignes dans le sable frais. Je savais que es rondes se faisaient sur cette plage et j’évitai à tout prix ces personnes singulières d’où émanaient une étrange aura. J’avais vu la cité au loin sans jamais oser m’y approcher. Quelque chose s’émanait d’elle, une sorte d’atmosphère tendue. Parfois, la nuit, il m’arrivait d’entendre des cris à vous en glacer le sang. Voilà pourquoi, avec mon cher ami, nous nous étions retrouvés à nous enfoncer dans la jungle. Certes, elle n’est pas si accueillante que ça mais au moins, là-dedans, nous sommes tranquilles. Mon regard se porta sur la course du soleil dans le ciel. La patrouille allait bientôt se pointer tout comme le crépuscule qui annonçait bien souvent une nuit agitée. Je sifflai mon pur-sang avant de monter prestement sur son dos. « Allez mon tout beau, un dernier plaisir pour la journée. » Je lui tapotai distraitement l’encolure avant de l’amener à la rencontre des vagues. Je sentais déjà ses muscles se bander sous mes jambes, prêts à partir dans une course folle. J’empoignai ses crins de toutes mes forces avant de presser ses flancs. Il s’élança, rapide, heureux, fier. Les rayons du soleil nous entouraient de leur chaleur et faisait briller sa robe et mes cheveux de mille feux. Des gouttes d’eaux venaient nous éclabousser tandis que ses sabots se posaient de plus en plus forts dans le sol. Il est mon champion, celui que j’ai entraîné, celui que j’ai soigné. Malgré tout, je suis heureuse que l’on soit ici. Loin des compétitions, loin de tous ces acheteurs et loin de cette famille qui m’a lâchement abandonnée. « Vas-y mon Ara', accélère ! » Ses oreilles s’inclinèrent en arrière, signe qu’il m’avait entendue. Arabesque bondit encore plus et le paysage devint flou, se transformant en une large bande où toutes les couleurs se mélangeaient. Le vent, comme à son habitude, vint me gifler le visage et me fit monter les larmes aux yeux. Nous étions libres, libres de tout. Libre de vivre, de survivre ou de mourir. Mais pas aujourd’hui ! « Okey, on ralenti ». Je me suis positionnée de façon à ce que l’étalon revienne au trot puis au pas. A bout de souffle, je lui indiquai d’une pression de jambe qu’il fallait à présent retrouver le couvert des arbres de la jungle.
Une bonne dizaine de minutes plus tard, la nature pleine nous accueilli dans en ses murs. La végétation nous offrit de l’ombre bien méritée après cette petite course effrénée. Nous avancions tranquillement dans le dédale des arbres lorsqu’un affreux rugissement se fit entendre sur notre droite. Immédiatement, Arabesque prit peur, se cabra et parti au triple galop sans se soucier de ma présence sur son dos. Je me suis accrochée tant bien que mal pour rester sur l’étalon mais plus il allait loin, plus vite il galopait. Les branches me taillaient la peau, déchiraient mes vêtements. J’étais à la merci du cheval. Je ne contrôlai plus rien. « Je t’en supplie Arabesque, arrête toi ! » Mais il était devenu fou et ma phrase se termina en un hurlement. Je sentais les larmes venir piquer mes yeux. J’étais effrayée, perdue dans un lieu que je ne connaissais pas. Alors que je pensais que cette course allait s’arrêter, une branche bien plus basse que les autres me percutèrent et me fit tomber au sol. Je tombai la tête la première, amortissant ma chute comme je le pouvais. Le souffle coupé, je me recroquevillai sur moi-même, toute tremblante. L’air semblait ne plus vouloir entrer dans mes poumons. Je suffoquai, trop secouée pour essayer de faire quoi que ce soit.
La nuit venait de tomber, Alexian avait attendu ce moment avec impatience, les journées où l passait au palais étaient parfois très ennuyeuse. Il faisait toujours la même chose, soit il prenait un bain, soit il allait voir comment se portaient les esclaves ou alors, lorsqu'il ne se disputait pas avec Nymphéa, il restait une après-midi entière avec elle, encore faut-il savoir la calmer la Princesse. En bref, sa vie sur île devenait intéressante une fois la nuit tombée. Il aimait se promener dans la ville, aller boire un verre au Killerburger avec des amis, acheter des esclaves et des incubes pour les libérer ensuite mais ce qu'il préférait, c'était ses petites excursions nocturnes dans la jungle, surtout depuis qu'il avait fait la connaissance de Soraya et de son frère qui sont pour être bref, des chasseurs de vampires.
C'est d'ailleurs en apprenant cela que son père a assuré que son fils soit toujours accompagné d'une escorte qu'il avait fait venir de France, le Roi voulait que son fils survive à son voyage quand même. Le Prince lui n'aimait pas avoir deux gardes lui coller au train constamment mais si ça pouvait rassurer Sa Majesté rester au pays qu'il en soit ainsi. Il avait alors prévenu ses gardes qu'il voulait sortir dans la jungle ce soir. Il c'était rapidement préparer, habiller simplement d'une chemise noire et d'un jean, il aimait la banalité alors inutile de s'entasser de chose inutile.
Il quitta rapidement le palais et dépassa la grande muraille sans trop s'attarder en ville. L’épaisse jungle s'ouvrait à lui, et pourtant il ne sentait pas libre, il ferma les yeux un instant et respira les délicieuses odeurs qui émanaient de cette densité de végétaux. Bientôt, il pourra sentir l'odeur du sang, il pourra entendre les cris des humains qui ne se réveilleront jamais demain ou qui alors deviendront des esclaves à la solde de ses frères et de ses sœurs vampires. Mais le Français ne prendra pas part à ce massacre, il n'était ni violent, ni sanguinaire, un "gentil vampire" disait-on, il ne cherchait qu'un peu d'air libre, une agréable promenade et rien de plus.
Le brun soupira un moment avant de se retourner vers ses gardes : " J'irais seul aujourd'hui, vous êtes libre ce soir faites ce qui vous plaît. " un ordre stricte que les deux vampires se gardèrent de réfuter. Il les regarda repartir en direction de la ville et s’enfonça dans la forêt. Il commençait à marcher, sous le clair de lune, Alexian aimait ses petits moment de solitude, calme et apaisant. Mais soudain, un bruit de cheval au galop se rapprochait de lui, il eut juste le temps de l’éviter que l'animal passe devant lui à toute vitesse. Le Prince resta un moment sans bouger puis se lança à la poursuite de l'étalon, grâce à sa vitesse il n'eut pas trop de mal à le rattraper, il semblait nerveux et essayait de le calmer : " " Tout doux mon bonhomme ! " non sans peine, il réussit à calmer la bête. Il n'avait jamais vu de cheval ici, il devait surement appartenir à quelqu'un, Alexian monta dessus, l'équitation il la pratiquait depuis plus de 500 ans, les chevaux n'ont plus de secrets pour lui. Il suivit les traces de pas et bientôt l'odeur d'une humaine qui était toute proche. Par instinct, c'est vers elle qu'il se dirigea en premier, c'était logique.
Il la trouva là à allonger sur le sol et descendit du cheval pour se précipiter à son chevet. Il s'agenouilla devant elle avant de dire un peu inquiet " tout va bien mademoiselle ? " Il s'inquiétait toujours pour les autres, c'était dans sa nature et puis, elle ne pouvait pas savoir qu'il était un vampire. Du moins c'est ce qu'il croyait, Alexian n'avait rien ingurgité depuis cet après-midi et sans s'en rendre compte, les odeurs de l'humaine, du cheval, firent sortirent ses deux canines, allait-elle remarquer cette anomalie ?
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