Olympe Kalixte Kingsley

La musique de Maroon 5 se répandait dans la chambre, air entraînant et dynamique qui me tirait bien vite de mes songes. Le Soleil n’avait pas encore montré le bout de son nez et la nuit emplissait ma chambre de noirceur et de froideur. Je levai péniblement la main pour éteindre mon téléphone avant de réveiller toute la maison puis m’accordai encore quelques minutes de répits. Enfin … C’était que mon demi-frère – plus âge de trois ans – ne viennent sauter sur mon lit et me secouer à m’en faire sortir les os de leurs emplacements. « La soeurette n’est pas encore réveillée ? J’ai pourtant entendu la voix d’Adam Levine résonner dans ces murs. Allez marmotte, les chevaux n’attendent pas ! » Je lui lançai des insultes très peu correctes tandis qu’il continuait à m’embêter. J’essayai de lui administrer des coups à l’aveugle mais ils furent vain, le manque de lucidité embrumant encore tous les recoins de mon cerveau. « Tu m’écrases face de rat ! » Lui lançai-je alors, en manque d’arguments. Son rire se propagea jusqu’à mes oreilles et m’arracha un sourire. Puis, sans vraiment le prévenir, je me suis relevée d’un coup, le faisant tomber sur le côté. « Haha, je t’ai eu ! » Fanfaronnai-je en lui tirant la langue. Ce dernier se redressa alors pour m’enfouir sous ses chatouilles qui me firent hurler. Au passage, je ne manquai pas de remarquer ses abdos si bien dessinés. Cette vue fit scintiller en moi l’espoir de, peut-être, le faire succomber à mes charmes. Je sentais déjà le rouge monter à mes joues et je me suis bien vite dégagée, le souffle court. « Va-t’en maintenant, je dois me préparer. » Son regard était devenu grave. Il acquiesça et s’en alla, me laissant seule. Je passai rapidement les mains sur mes yeux. Il ne t’appartiendra jamais. Pas tant que sa mère veillera au grain. Avec un soupir las, je me suis levée et préparée afin d’aller nourrir les équidés.

« Pourquoi me les as-tu cachées ? » Crachais-je au visage de mon père, les larmes de rage faisant légèrement trembler ma voix. « Tu n’avais pas le droit ! Je croyais qu’elle était morte ! Tu m’as dit ça depuis que je suis toute petite. Quel genre de personne es-tu ? » Sous l’emprise de la colère, je pris un vase qui se trouvait non loin et l’envoya se faire fracasser sur le sol. « Ce vase était à moi ! » Articula ma belle-mère tandis que mon géniteur fuyait mon regard. La mâchoire serrée, j’ai toisé celle qui se proclamait pour diriger ma vie. « Oh pardon, j’avais oublié que tout vous appartenais ici. Notre ranch, notre vie. Vous êtes une vipère ! Sachez qu’Arabesque m’appartient et que le Jockey que vous avez engagé ne sait pas l’amener au maximum de ses capacités ! » Un sourire en coin se forma sur son visage horrible. Enfin horrible … Pour moi car il est vrai qu’elle avait une beauté à couper le souffle. « Alors t’aimerais te proclamer Jockey à sa place, c’est ça ? Ma pauvre fille, tu n’es pas fichue de le garder dans une bonne cadence et regarde toi, tu es bien trop grosse, tu risquerais de le fatiguer plus que nécessaire. » Le rire qui s’échappa de sa gorge me fit la détester encore plus. Elle savait qu’il m’arrivait de complexer sur mon poids. Les poings serrés, j’attendais que mon père dise quelque chose, qu’il al rembarre car depuis toute petite, c’est lui qui m’a appris à monter mas rien n’y fit. Il faisait tout pour ne pas me voir. Et Nathan, qui se trouvait là aussi, ce demi-frère qui ne l’était que par alliance, celui qui me faisait sentir toute chose à ses côtés se contenta d’hausser les épaules. Histoire de dire ; laisse tomber, elle est plus forte que toi. Mais je ne me laisserai pas faire ! Oh ça non ! Je me dirigeai vers la porte, claquant la porte au passage et pris les rênes de mon cheval des mains du lad qui l’amenait sur la piste de course. Je l’ai amené sur cette dernière avant de monter prestement dessus. « Kalixte, descends immédiatement ! » Un frisson me parcouru l’échine. Mon père ne m’avait jamais appelé comme cela car c’était ma mère qui avait choisi ce prénom à l’époque. Mais je ne l’écoutai pas. J’ai serré mes doigts sur les rênes, pressé les flancs de l’étalon qui s’envola sur la piste. Son galop effréné amenait le vent et ses crins à me fouetter le visage mais je n’en avais cure car je n’étais plus rien. J’étais Arabesque, mon beau pur-sang, qui augmentait petit à petit la cadence tandis que je me penchai de plus en plus sur son encolure. Le martellement des sabots sur le sable, les battements de mon cœur dans mes oreilles. Il n’y avait plus que cela qui comptait à mes yeux. « Une minute et deux secondes ! » Hurla Nate du haut de la barrière où il était monté. J’avais fait mieux que leur stupide Jockey.

Je ne sais pas où je suis ni ce que je fais là. La mer se déchaîne tandis que je reste assise à regarder l’horizon sans vraiment comprendre ce qu’il se passe. Quelques heures avant, j’étais dans l’avion qui m’amenait rejoindre ma mère. Je l’avais contactée et la rejoindre avec Arabesque pour courir sous ses couleurs. J’étais alors partie en pleine nuit avec mon étalon pour la rejoindre mais la machine volante s’était emballée et nous avait fait sombrer dans l’océan. La plupart des passagers avaient péri, morts de fatigue mais j’avais pu retrouver la trace du pur-sang qui, par je ne sais quel instinct animal m’avait amené sur la plage d’une île qui semblait encore déserte. Le soleil se levait doucement sur l’océan, embrasant tout alentour. Mais où est-ce que je suis tombée ?

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