You're the Emperor

And I'm just me, a little succubus

♣ Crois tu que la nuit n'est que ce qui suit le jour ? Tu crois que le soleil est plus puissant que la lune. Penses tu que la lumière te protège du noir ? Tu penses que toute ombre meurt sous une illumination. Es-tu persuadé que tu peux survivre à la nuit ? Tu l'es. Te sens tu plus fort que les ombres du noir ? Tu te sens ainsi.

Tu as tort, tu n'es rien car nous sommes la nuit, et tu es notre proie.

Depuis quand avait on besoin de lire pour éduquer des incubes et des succubes ? Elle était tout à fait capable de le faire sans l'aide d'un foutu bouquin !! Elle l'avait montré à de nombreuses reprises et personne ne lui avait jamais rien dit sur sa façon de faire. Hormis une personne. Elle n'en démordait pas. Il lui cherchait vraiment des noises. Ellana avait passé sa colère sur son repas de la soirée.

La jeune fille était entrée très lentement dans sa chambre, comme si elle avait peur de provoquer le moindre mouvement d'air autour d'elle. Ellana avait bougé dès qu'elle avait entendu la poignée tourner. Elle claqua la porte d'une main et s'y adossa, les paumes à plats contre le bois. La gamine avait sursauté comme surprise en pleine faute. Elles étaient maintenant face à face. La succube esquissait déjà un sourire qui n'augurait rien de bon pour l'autre, machiavélique. Ses expressions se firent folles et son regard se vrilla dans celui de sa proie. L'humaine prit peur et recula si précipitamment qu'elle buta dans le tapis et se vautra par terre, ridicule. Ellana éclata de rire et vint plaquer les poignets de sa future victime avec ses mains. Elle fondait sur sa gorge et plongea ses crocs en quête de son désir. Elle s'était arrêtée à la première gorgée, l'humaine s'était mis à geindre en appelant sa mère et son père. Cela l'avait toujours excité d'entendre les cris de douleurs et de souffrances de ses victimes mais comment supporter ceux d'une gamine mal éduquée ? Celle-ci n'avait pas été dressée correctement à moins qu'elle ne l'ai pas été du tout. Elle la libéra dans un grognement et l'humaine la repoussa avant de la regarder, hilare, sortir en pleurant et en courant de la chambre.

Elle haussa les épaules, l'humaine n'irait pas loin, pas assez rapide pour lui échapper. Ellana sautilla sur place quelques instants, laissant un peu d'avance à l'infortunée qui allait lui servir ce soir là. Mais impatiente, elle sortit en vitesse de la chambre et trottina en suivant l'odeur du sang qu'elle avait fait coulé. "Petite, où te caches tu chérie ? Viens me montrer ton cou délicat.... Que je m'en occupe correctement..." chantonnait-elle doucement. Quand la piste se fit plus forte dans les couloirs déserts du palais, elle griffa les murs de ses ongles tout en avançant. La peur de l'humaine suinta sur sa langue. Le grincement que produisait la friction était sinistre, pour une brindille d'humaine. Quand la succube la trouva, elle s'était cachée dans l'angle d'une pièce inoccupée, recroquevillée et toute frémissante d'horreur. "Eh Chérie, t'aurais au moins pu te planquer un peu mieux ! Je t'ai trouvé !" lui souffla-t-elle après l'avoir attiré de force vers elle. "Bon on a bien rit, on a bien joué, tu as bien appelé tes poltrons de parents, et maintenant je vais te bouffer !" lui avait elle annoncé avant de finir son repas sous les cris de douleurs de la gamine. Une fois qu'elle fut vidée, mais encore vivante, Ellana la secoua dans tous les sens et la regarda avec consternation en soupirant : "C'est tout ? Les repas ne sont plus ce qu'ils étaient ici... Et elle n'était même pas éduquée correctement..."

La succube l'attrapa par les chevilles et la traîna jusqu'à ce qu'elle rencontre quelques serviteurs oisifs dans les couloirs. Elle lâcha la servante et interpella les trois humains : "Vous là ! Nettoyez moi ça !" gronda-t-elle en leur désignant l'inanimée. Ce qu'ils s'empressèrent de faire en disparaissant. Ellana s'était bien rassasié pour une fois. Elle prit donc le chemin de la bibliothèque, plus sereine que quelques minutes auparavant. En passant devant un miroir et s'y arrêta, elle rayonna quand elle vit qu'elle n'avait ni taché son short cuir ni son débardeur noir, aucune trace de sang sur elle hormis sur son menton. Elle se tourna plusieurs fois pour bien vérifier et finir par s'applaudir comme une enfant quand elle confirma son exploit. Il faudrait qu'elle le raconte à son maître plus tard. Elle déposa un baiser sur les lèvres de son reflet et reprit son chemin. Un grand sourire naïf illuminait son teint quand elle y arriva, pour un peu elle aurait sauté au cou du premier venu tant elle était fière.

Sauf qu'elle n'avait pas prévu ce qu'elle venait de voir. En un millième de seconde, la joie céda place tout à tour à la surprise, la colère, la rage et la haine. César Bridgestone - l'Empereur - se trouvait endormi dans le temple du savoir du palais. Qu'auriez vous fait ? Passer son chemin, le réveiller, ou l'ignorer... Auraient été épuisé une magnifique ouverture. Ellana ne se le fit pas dire deux fois. Elle songea à son maître, à son amour sans borne pour lui et aux idéaux qu'il lui avait inculqué. Elle était déjà au niveau du bureau sur lequel dormait le dirigeant des vampires. Un autre millième de seconde pour passer en revue les moyens de le tuer. Le soleil ? Non pas à 3:00 du matin. Arracher son cœur ? Trop long. Le décapiter ? Lui planter un pieu dans le cœur ? Le pieu était plus douloureux. Mais le décapiter dans cette position était plus faisable. Ou les deux. Elle attrapa un crayon de papier et le lui planta dans le dos, il rencontra un os et sa course fut interrompue. Aussitôt cet échec de débutante, ses mains fondirent la gorge et la nuque de l'empereur, cherchant la bonne prise pour ôter la tête en un seul coup. Une seule chose compte dans ce cas là, hormis l'aura meurtrière : rendre fier son maître.

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Quand on est fou un jour, c'est pour toujours.
Mais entre folie et génie, la frontière est mince.

Se faire surprendre comme une débutante... Ellana pestait contre elle même. Comme si avoir raté son coup, intentionnellement ou non, ne suffisait pas, l'Empereur venait de réussir à lui saisir les épaules. Mais il n'était pas question de montrer ne serait-ce qu'un signe de faiblesse. Elle accusa la douleur du choc et gronda légèrement quand il planta ses ongles dans sa chair tendre. Le vampire ne la connaissait pas, c'était certain. Une blessure n'était pas un mal pour elle, la douleur lui était trop familière pour ça.
Dos à lui, maintenue par sa poigne de fer, elle était littéralement immobilisée mais Ellana ne se laissait pas faire aussi facilement, elle aurait utilisé ses jambes pour faucher son nouvel agresseur si celui-ci n'avait pas choisi ce moment là pour la tourner face à lui.

Elle les avait vu, ces yeux. Une sacrée colère les emplissait, en même temps si quelqu'un avait tenté de l'assassiner elle, elle aurait peut être été un poil moins passive, mais tout aussi furieuse. La succube ne détourna pas le regard et soutint effrontément le regard bleu acier de l'empereur. Que dire sur ce qu'elle ressentait à cet instant ? De la colère bien sûr, de la haine et de la rage, mais aussi de l'ironie et du défi. Ellana alla même jusqu'à relever le menton en signe de provocation que le patriarche le lui saisit durement. Énervée, elle se mit à mordiller sa lèvre et continua lorsqu'il rompit bruyamment le silence qui s'était installé. - Ellana Pearl, succube de mon frère … Aurais-tu oublié tes bonnes manières ! maugréa-t-il. Elle continuait de soutenir son regard, il était le premier en faute selon elle. Si il avait réussi à s'endormir en pleine bibliothèque, tentant tous ses assaillants potentiels, ce n'était en aucun cas de sa faute, et à l'inverse, cet incident ne serait jamais arrivé.
Mais le sourire de César Bridgestone se transforma quand le crayon, à l'origine planter profondément dans son dos, se retrouva dans sa main, devant le visage d'Ellana. Elle montra les crocs quand il reprit sa ritournelle moralisatrice : - Heureusement que tu es la Succube de mon frère. Au contraire, tu n’aurais même pas remarqué avoir perdu ta tête.
Ce fut à son tour d'afficher un sourire ironique. Perdre la tête ? Elle l'avait déjà perdu depuis longtemps, alors une fois de plus une fois de moins...

Puis l'Empereur se détourna et retourna à son bouquin. Laissée en plan, sans aucune autre réaction de sa part, Ellana fulminait sur place. Elle avait réellement pris en horreur son attitude à son égard, elle n'aimait pas être ignorée, vraiment pas du tout. Il lui fallut tout de même quelques menues secondes pour se calmer et réagir. La succube se détourna vers l'empereur qu'elle voyait de dos et grimpa sur un des bureaux. Elle s'assit en tailleur et lentement glissa ses doigts sur les dessins du meuble sculpté. "Mes bonnes manières ne vont qu'à quelques personnes, et pour le moment, vous n'en faites pas partie." déclara-t-elle nonchalamment. Elle arrêta net ses mains et fusilla l'Empereur du regard : "Mais je vous en prie, tuez moi ! Je suis persuadée que votre frère, mon maître, appréciera que vous assassiniez une de ses deux succubes. Je ne serais qu'une morte de plus à votre tableau de chasse il me semble."

Ellana faisait preuve de beaucoup de sérieux pour une fois, bon en étant totalement insouciante des conséquences, et complètement immature. Une crise de rire monta dans sa gorge et lui mit des larmes de sang aux yeux. Son délire fut tel que sa puissance la renversa en arrière. Quand enfin ce fut calmé, elle s'immobilisa instantanément. Puis la succube se redressa sur ses coudes et s'adressa à l'empereur : "Attendez ! Stop ! Temps mort ! 2 minutes..." Elle s'arrêta pour se souvenir de ce qu'elle devait dire. "Si vous voulez toujours me tuer, dites le moi et laissez moi enlevez mes habits avant, j'ai promis de ne plus trop les tacher de sang quand je m'amuse."
Très fière d'elle même, elle se rassit en laissant ses jambes glisser le long du meuble. Elle se mit à pencher la tête à droite puis à gauche, et à titiller ses canines sensibles.

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Soit, l'Empereur semblait soudain intéressé... Lentement, il entrait dans le jeu qu'elle avait amené. Il avança, elle se redressa vers lui. A chacun des pas du vampire tout puissant, son corps répondait automatiquement. Un mouvement d'épaule, une jambe qui s'écarte un peu plus.... Tout cela n'était jamais qu'un jeu pour elle. Comme tout ce qu'elle faisait. Un doigt léger vint effleurer sa propre bouche quand sa voix se fit plus rauque :

"Je ne suis pas la meilleure succube, dans le top trois tout au plus..."

Il se rapprochait, son regard changea. Ellana suivit son avance. Elle ne perdit pas une miette de ses mots et son esprit s'égara très brièvement dans un fantasme. Et encore le regard de l'Empereur. Une conscience aigüe de ses déplacements incita la succube à accepter ce regard lubrique qui la déshabillait. Il aurait voulu qu'elle soit sienne ? Elle ne le voulait pas. Elle savait pouvoir utiliser ce vœu à son avantage, dans de sombres pensées, elle aurait certainement voulu lui faire payer son échec, le forcer à lui succomber... Mais il était l'Empereur, elle restait assez lucide pour s'en souvenir.

"Peut être vaut il mieux que je ne sois pas à vous.."

Essai Philosophique ? Non, impossible, pas avec Ellana. Les mots lui venaient dans la gorge sans qu'elle ne les cherche. Il l'encadrait de toute sa stature, de ses mains, de son regard. Sans équivoque. Puis la référence à la douleur la renvoya dans une vague floue. Souffrir et faire souffrir, jamais l'un sans l'autre.

"Empereur, la souffrance que je peux endurer va bien au-delà de celle que vous m'avez procurée..."

"Procurer", évidemment. Elle ne l'a pas subie cette souffrance, Ellana l'a accepté, l'a aimé.
L'écart entre eux disparaissait lentement. Une main sur son menton, douce, vraisemblablement érotique. Cette main qui glisse contre sa peau dans un frôlement inconnu. Ellana qui réagit naturellement, tel un chat, elle pousse son corps vers cette main, cherchant la caresse, le ronronnement de ses pensées.
Jusque là, elle ne l'a pas vraiment touché, lui non plus. Pourtant, c'est elle qui cambre son dos vers lui. Elle qui ondule vers le vampire qui lui fait face. Elle n'est pas faible, elle n'a pas peur.
Elle répond à ses injonctions comme on répond à une provocation. Son regard se braque dans les yeux de César avec arrogance. Il la surplombe, mais elle ne baisse pas les yeux. Elle continue son chemin, un sourire mi luxure mi machiavélique souligne sa bouche de laquelle des canines pointues continuent de torturer la lèvre inférieure. Les mots se détachèrent lentement de sa bouche, dans une formule limite lascive :

"Votre seigneurie préférez vous les chats ou les chiens ?"

Une vieille histoire lui remontait à l'esprit, chat ou chien, sadique ou masochiste, maître ou dominé, que de rapport dans une simple question...

Spoiler:

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Empereur, il l'est sans équivoque. Ellana le sait, le voit. Son regard ne fait pas que scruter le visage du vampire. Il observe, analyse, convoite son ennemi. Et elle voyait. Sa moue bougonne, le choc du contact... Ellana enregistrait le moindre des gestes qu'elle ressentait. Pourtant, c'est elle qui joue. Elle qui attrape sa main et l'accroche. Elle qui accepte qu'il s'approche à la toucher. Le jeu continue, continuera toujours. Il la rejoint sur cette table, ils se touchent. Elle continue de le regarder, ses yeux bleus semblant alors tels deux puits sans fond. Il est à côté d'elle, sa jambe sur elle, son visage qui se compare vers le sien mais qui se stoppe. Son visage qui s'enfuit, revient, avec un sourire. Un ronronnement qui râle dans sa gorge à elle. Lui qui sort ses crocs, elle qui goûte à sa puissance. Elle sait qu'elle n'en a pas tant. Ses facultés sont différentes. D'elle, se dégage un amas sensuel et langoureux, du plaisir et du désir mélangé, une tentation irrésistible. De lui, sort du pouvoir, du pouvoir brut.

Ellana comprend ce qu'il veut dire. Les mots n'ont jamais eu d'effets sur elle mais elle sent leurs sens, leurs poids. Sa voix a changé. Un air interrogatif s'affiche sur le visage de la succube ; bien vite remplacé par une demi-sourire sensuel. Elle imagine ce qu'il veut dire. Non, c'est même plus. Elle en rêve. Dominé ou être dominé. L'un sans l'autre n'est pas vraiment complet. Comment dominer sans savoir se faire surplomber ? Ses réflexions s'arrêtent là. La réponse ne lui semble que trop évidente, trop simple même.
Mais c'est cette main glissante sur sa jambe qui la ramène de ces pensées. Cette main qu'elle sent ferme sur sa peau, qui réveille en elle des choses qu'elle ne veut pas connaître.

Et encore ce changement, il retourne de lui-même vers ses yeux. Lui pose une question. Et encore ce sourire, il semble attendre. Le piège semble se tendre. Y sauterait-elle consciemment ? Peut être. Non certainement. Ellana soutient le regard qui lui fait face. Elle n'a pas peur de ce qu'il pourrait y lire, son avis lui importe peu, l’amuserait oui, mais serait trop plat pour elle.

"Pourquoi poser la question ? On ne peut être l'un sans l'autre, et je sais que vous le savez. Ce n'est pas une question de complexité sinon je serais la première à la subir."

Elle ne répondrait pas. Pas franchement en tout cas. Un petit rire de gorge éclata dans la bibliothèque. Ellana glissa lentement vers César, son souffle parcourut son cou respirant le sang puissant qui le remplissait. Après tout, un cou est un cou, qu'importe à qui il appartient. Mais elle ne s'y attarda pas. Sa course se stoppa près de l'oreille de l'Empereur. Elle murmura lentement :

"Et vous, Empereur que pensez vous de moi ? Chien ou chat ? "

L'envie de le mordre se fait trop forte. Elle a mangé peu avant, mais cette envie n'est pas due à la faim. Non, elle vient du désir, de sa capacité à attiser les tentations. Elle esquisse un retrait, rampe de nouveau vers sa gorge. Insolente, sans ambiguïté possible. Elle joue un jeu mauvais, et elle aime ce danger.
Et puis cette pulsion soudaine, elle se fige, sourit :

"Je suppose que vous êtes ce que vous souhaitez être. Vous êtes l'empereur, vous faites ce que vous voulez, où, et quand vous le désirez."

Bien sûr c'est faux. Même pour quelqu'un à qui la politique semble être une vaste blague, Ellana sait que le trône de la hiérarchie n'est pas comme cela. Et pourtant elle l'a dit. Et dans sa bouche, c'est un défi. Sa voix toujours rauque et basse semble faire écho à la sienne. Elle est comme une friandise interdite que l'on a par dessus tout envie de saisir. Mais justement. Ellana n'est pas saisissable. Elle séduit, mais n'est pas séduite,cela une seule personne le peut.

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Domination, soumission, rien qu'un jeu envoutant, presque dérangeant. S'y complaire et s'y noyer est tentant, souvent alléchant. Les adultes connaissent ce gouffre, les enfants n'en discernent pas le fond. Et Ellana n'est qu'une succube trop immature. Elle aime cet abysse de jeu, s'y vautre, s'y enseveli, mais elle n'y aime personne. Elle ne connait pas de limites à ses jeux, pas de bornes ou de cran d'arrêt, si désinvolte qu'elle aime être sa propre perte. Car c'est bien à sa perte qu'elle court. Si il n'est qu'un nouvel amusement, les conséquences de son inconstance ne sont jamais légères. Plus elle avance dans sa débauche et moins elle discerne la raison dans sa tête. Ellana sombre encore et toujours plus, sans retenue. Et César l'y pousse. Il continue le jeu, l'alimente, le souffle. Une réponse si vive que les mots la traverse, une respiration un instant trop hachée, la succube s'en nourrit, les avale comme elle boirait du sang. Elle apprécie le compliment, en sent la nature double, mais le goûte quand même.

Puis la violence d'un choc, elle sent tout contre son dos le bois dur et frais de la table. Il la domine avec sa taille, son regard, puis ses mains. Sa main qui glisse de son ventre à ses seins contre sa peau nue.
Elle répond, c'est dans sa nature, elle laisse échapper un gémissement naturel, se cambre contre cette main qui la détaille. Elle aime ça, la contact de l'homme. Elle renverse légèrement sa tête en arrière, dévoilant son cou de manière effrontée. Elle le regarde sans détour. Que va-t-il faire ? L'attaquer ? La dominer encore ? L'attiser à nouveau ? Une incertitude qui réchauffe son corps, mélangeant ses faims. Car oui, corps et esprit crient famine. Pas de lui, de quiconque d'autre, mais de son maître. Lui seul la rassasie complètement. Mais ici, à cet instant, ce n'est pas lui, mais son frère, le grand empereur qui remue son désir. Chose nouvelle pour elle, séduire ne lui suffit plus, quelque chose d'autre lui vient à l'esprit. Être séduite, être prise et posséder. La réalité se mélange à l'imaginaire. Seul ses mots l'attirent encore hors de cet océan dans lequel elle se noie.

Qu'elle le pense ou non... Comment répondre à cela. Sa tête n'est qu'une anarchie où règne un chaos de perversion. Les idées passent et souvent, trépassent. Oh, qu'elle aimerait qu'il essaye de l'emmener dans une nuit de débauche. Mais une infime partie d'elle se mettrait à crier au loup. Elle est tiraillée, désir, devoir, envie, vérité... Quel sens y trouver ? A nouveau, elle se tait. Son silence laissant percevoir que peut être derrière son masque de légèreté, se cache une âme plus tortueuse que les escaliers d'un donjon. Elle va répondre, elle ne peut s'en empêcher. C'est dans sa nature, on le dit toujours.

"Le pensais-je ? Non, qui peut penser cela... Être responsable, ce n'est pas être libre."

Sa voix est rauque, elle halète, de désir, oui. A-t-elle repris réellement conscience ? Non, jamais. Mais la succube en elle revient au galop quand il reprend sur ce même ton qui la fait frissonner à nouveau. Le jeu emplit même le sens caché des paroles. Et Ellana ne sait pas résister. C'est à son tour d'agir. En un mouvement, elle inverse leurs positions. C'est lui qui est allongé sur le bois, elle qui est au dessus de lui, proche à le toucher de tout son corps. Elle se penche vers sa bouche, l'effleure à peine des lèvres.

"Qui n'aime pas les secrets... Mais lesquels préférez vous ?"

Elle sait qu'elle donne sa main au feu, mais elle n'a pas peur, elle ne connait pas la peur liée au jeu. Seule l'attente est là, et toujours, toujours, les désirs inassouvis.