Mon enfance. Je serais bien incapable de la raconter en détail. Tant d’années ont passés que je ne saurais quoi dire pour me rapprocher de la vérité. Encore faut-il que j'ai l'envie de raconter ceci à quelqu’un.
Je peux sans l’ombre d’un doute, dire que je me rappelle du grand vide affectif qui m'a accompagné toutes ces années. Je me souviens de la grisaille monotone de cet orphelinat anglais dans lequel mes parents m'avaient mis alors que je n’avais que quelques jours. Je me souviens aussi du prénom de la vieille dame qui gérait ce trou à rat : Mrs Hollister. Une affreuse bonne femme prêt de ses sous. Je me rappelle des gamins avec lesquels je jouais. Je n’étais pas l’enfant qui menait les autres, ni celui qui se faisait martyriser. J'étais celle qui se fondait dans le groupe sans pour autant participer. Je restais invisible. Pour tout le monde. Voilà comment je pourrais qualifier mon enfance : invisible. La gamine dans le juste milieu. Qui ne pleurait pas, qui ne parlait pas.
Lorsque j'eus atteint l’âge de me prendre en main toute seule, la vieille femme m'ordonna de me couper les cheveux aussi court que possible et d'enfiler des vêtements d'ouvrir .. Une fois fait, elle me mis à la porte et me dit avant de fermer la porte sur moi qu'elle n'avait « pas les moyens d’engraisser une fainéante ». Cependant, elle m'avait laissé un baluchon contenant quelques affaires et une adresse. Le port de Londres cherchait des ouvriers. Ce fut donc à seize ans que la jeune femme que j'étais se mit à travailler sur les quais comme si elle était un homme, chargeant et déchargeant les navires marchands qui étaient amarrés au port. L’homme pour lequel je travaillais était un vieux filou. Il passait son temps à jouer de l’argent aux cartes dans les tavernes le soir. Il avait une jambe de bois, suite à un accident sur les quais. Quand il marchait, on l’entendait arriver à cause de sa claudication. Mes collègues, qui profitaient souvent de son absence pour se livrer à des trafics de cigarettes, avaient toujours le temps de prendre un air naturel quand il arrivait, traînant son éternelle jambe de bois.
Je ne me mêlais pas aux autres, je ne voulais pas qu'ils découvrent ma véritable nature. J'étais comme ainsi dire solitaire dans l’âme, je ne parlais presque jamais. Je me contentée seulement de faire mon travail et d’être payée, même si mon employeur m’arnaquait le plus souvent en me donnant moins que ce que j'étais censée gagner.
À l'âge de 18 ans, je fus la plus jeune ouvrière et la première femme à faire un métier destiné jusqu'à lors aux hommes .. Et c'est dans la plus grande discrétion, que je continuais à travailler pour le vieux bougre pendant plus de quatre longues années .. Il faut dire que la durée de vie des ouvriers n’étaient jamais très longue. Les conditions de sécurité étaient lamentables. Et de nombreuses fois, j'entendais parler d’accidents mortels s’étant déroulés de l’autre côté du port. J'avais assisté à l’un d’eux, un jour. Sur le quai voisin, quelques uns de mes collègues devaient décharger un navire marchand italien, le Vittoria. Quelqu’un avait mal sanglé la cargaison et des énormes caisses faisant deux fois ma taille s’étaient effondré sur le quai, réduisant le seul ouvrier qui n’avait pas eu le temps de s’écarter en bouilli. J'aurais du être choquée, traumatisée ou ressentir quelque chose. Mais rien. Je restais indifférente, regardant les hommes qui accouraient à grands cris pour dégager le malheureux.
Cette absence de sentiment m'isolait du reste du groupe. Je ne récoltais que des regards méfiants. Les rares paroles que j'échangeais avec ses collègues se comptaient, en quatre ans, sur les doigts de la main. Je regardais passer les jours avec une indifférence effarante.
Mon existence prit un tournant trois mois avant mes dix-neuf ans. Noël était passé, et avec elle, la joie que cette fête répandait. Chacun s’attelait à son travail sans la moindre volonté. La nouvelle année s’annonçait déjà difficile. Surtout pour les ouvriers du port de Londres, soumis au froid glacial de cette période et au vent qui venait de la mer. Ce jour-là, je travaillais avec les autres pour décharger un navire irlandais dont je ne me souviens plus du nom. Le froid avait rendu les planches humides du quai glissantes. Si bien que le moindre mouvement était des plus risqués.
Alors que je tenais une lourde caisse pour la déplacer, je dus m’approcher du bord pour laisser passer un de mes collègues qui tenait de lourdes planches. Quelqu’un siffla derrière nous et moi, tout comme mes collègues, je me retournais. Cependant, mon collègue avait oublié qu’il portait des planches jusqu’au moment où l’une d’elle  me percuta violemment. Je cherchais à retrouver mon équilibre mais le quai était une véritable patinoire. Et tout ce que je réussis à faire fut de précipiter ma chute dans les eaux glaciales de la baie. Je ne savais pas nager mais, je parvins tout de même à remonter à la surface pour respirer. L’eau était si froide qu’elle accélérait mon rythme cardiaque et m’obligeait à faire plus d’effort que nécessaire. Par chance, une jeune homme et témoin de l'accident savait nager et plongea à son tour dans la baie pour me remonter avant que je ne finisse par me noyer. Trempée jusqu’aux os, je grelottais. Pour ne rien arranger, il y avait beaucoup de vent ce jour-là. Le bellâtre se porta volontaire pour me ramener chez moi avant que je ne tombe vraiment malade. Mon employer s’y opposa avec animosité. Mais, le jeune homme n'en fit rien, m'aida à me relever et m'aida à rentrer chez moi.
Je vivais dans une petite chambre dans les quartiers ouvriers de la ville. Mon sauveur m’y emmena et me somma de me reposer. Et lorsqu'il m'aida à me déshabiller, il pût constater avec beaucoup de surprise ce qui me rendait différente des autres ouvriers ..
J'étais trop faible pour dire quoi que ce soit, seul mon regard le suppliait de ne rien dire aux autres. Et ensuite plus rien, tout ce que je me rappelle c'est de mettre laisser aller sur l’oreiller, pour attendre la mort avec lenteur. Les heures qui suivirent furent intenses. La montée de fièvre était à la limite du supportable et même moi j'avais du mal à l’endurer. Il m'arrivait de pousser des cris intenses, tant je souffrait. La nuit s’achevait. Et je ne sentit pas qu’on me transportait pour m’emmener dans un endroit que je ne connaissais pas.
Je me réveillais dans ce que j'identifierais comme une sorte de maisonnette. Il y faisait doux et la seule lumière provenait d'une unique cheminé situé au fond de la pièce. Je me redressais, m’adossant au dos du lit. Je fis le tour de la pièce du regard jusqu’à m'arrêter sur une porte s'ouvrir dans un long grincement. Il s’agissait du jeune homme qui m'avait sauvé la vie sur la baie qui, à la lueur du feu, était d'une beauté éblouissante. Il vint s'avancer au bord du lit avant de s'accroupir pour me regarder droit dans les yeux et un long silence s'installa entre nous avant qu'il ne prenne la parole d'une voix naturellement rauque et chaude ...

ø Mon nom est Garance .. Comment-allez vous mademoiselle ?!

Je le regardais d'un regard neutre sans prononcer un seul mot .. Et Garance se mit à rire.

ø N'ayez crainte, je ne vous ferez aucun mal ...

Il me lança un sourire amical qui me donna confiance et qui me décida finalement à lui adresser la parole chose que je n'aurais certainement pas fait avec un autre ..

ø Je vais bien je vous remercie .. Où suis-je ?!
ø Vous êtes chez moi .. Je ne pouvais pas vous laissez seule dans votre sordide chambre et avec la fièvre qui vous prenez violemment, je ne pouvais pas me résoudre à vous laissez dans cet endroit .. Alors, je me suis permis de vous faire prendre un bain chaud avant de vous installez dans mon lit ..

Le sourire qu'il me lançait me rendit muette .. Il était tellement séduisant avec ses grands yeux noisettes. Je n'aurais jamais cru qu'un homme me ferait autant d'effet surtout celui qui m'avait sauvé la vie .. Il semblait à première vue être différent des autres, je ne me souviens pas mais, je ne me rappelle pas qu'il est abusée de moi lors de ma perte de connaissance du à la fièvre .. Non, je l'aurait quand même senti et puis, il n'avait pas la tête de celui qui profite d'une perte de connaissance pour violer la première inconnue venue .. Quoi qu'il en soit, je restais légèrement distante même si au fond, j'aimerais l'embrasser et lui dire toute la gratitude que je ressens à son égard ... Tout ce que je pus lui dire fût un simple :

ø Merci ...
ø Je vous en pris .. Vous devez avoir faim non ?! Je vais vous apporter un potage de légumes.

Il me lança un nouveau sourire avant de sortir de la chambre et revint dix minutes après un bol de potage fumant .. Je le mangea avec appétit sous le regard bienveillant de Garance qui n'avait cessé de me regarder de ce même regard protecteur .. Lorsque j'eus fini, il me débarrassa et m'essuya le coin des lèvres avec son pouce .. Nos regards se croisèrent et sans rien contrôler je me penchais de plus en plus près de ses lèvres .. Posant une main sur sa joue et lui sur la mienne, nos lèvres se rejoignirent pour ne forcer plus qu'une même bouche .. Le baiser dura une éternité, les secondes devinrent des minutes, les minutes devinrent des heures etc ... C'était alors, mon tout premier baiser, le plus beau et plus enivrant de toute une série ..
Les années ont passé, Garance et moi nous nous sommes promis fidélité et confiance mutuelle jusqu'à ce que la mort nous sépare .. Je n'aurais jamais que la mort arriverait si vite. C'est arrivé le jour de mes vingt-sept ans Garance voulait me faire voyager. Tout comme moi, il avait l'âme vagabonde et tout moi, il détestait la vie à Londres alors, il a décidé de nous emmener en Russie. Nous prîmes le premier bateau en direction de Saint-Pétersbourg. Le voyage dura assez longtemps mais, lorsqu'un enfin nous vîmes l'immensité, la richesse et la beauté du Royaume russe nous sûmes tout de suite que c'était ici que nous fonderions une famille et mourions dans les bras l'un de l'autre quand l'heure serait venue .. Malheureusement, la vie en décida autrement .. Un soir alors que nous marchions, dans un petit promenade de routine nous fûmes interpellé par un homme. La lueur de la lune frappa sur le visage de l'inconnu ce qui accentua la pâleur de sa peau .. Il était aussi beau que Garence et à cet instant, j'eus le souffle coupé devant ce visage que je trouvais parfait, sans le moindre défaut. Je me demandais même si cet être parfait était humain .. Ce n'est que lorsque qu'il se mit à nous courir après avec des yeux rouges que je compris que mes soupçons pouvaient à présent être fondés.
À bout de souffle, nous nous cachâmes dans une ruelle sombre et déserte .. Garance me tint fortement par la main lorsque soudain, la  créature apparu devant nous souriant de toutes ses dents immobile comme un I, elle nous toisa du regard .. Mon mari se plaça devant moi pour me protéger et fit de même pour le défier.. C'est alors, qu'il accourut vers nous et d'un geste Garance lui asséna un violent coup de poing en plein visage. L'homme se mit à rire l'attrapa par la gorge et le mordit à pleine dent .. J'hurlais de terreur alors que je voyais mon unique amour mourir sous mes yeux. Du sang lui coulant le long des lèvres, la créature balança mon mari comme un vulgaire sac et s'approcha de moi .. Il me plaqua durement contre le mur de la ruelle et ses yeux rouges prirent une autre forme. Ils étaient revenus à leur état d'origine et je restais hypnotisé par leur profonde clarté .. Il me caressa le visage et me dit d'une voix écarlate.

ø N'ai crainte ma jolie, tu ne finiras pas comme ton mari .. Comment pourrais-je tuer une femme d'une aussi grande beauté ?! Non, mon Maître trouvera bien quelque chose pour toi ma douce.

Sur ces mots, il m'attrapa par le bras et m'emmena devant son Maître .. Son nom Nikolaï Levinson Todorov, Prince de Russie. Lorsque je le vis, je fus mal à l'aise .. il était bien plus beau que l'autre vampire qui venait de tuer Garance .. D'ailleurs, il renvoya le vampire du nom de Vasiliy et je me retrouvais bel et bien seul avec le Prince .. Il me tourna autour comme un vautour tourne autour de sa proie et il me dit d'une voix courtoise tel un gentleman dans un gant d'écrin ..

ø Bienvenue dans mon Palais mademoiselle .. J'espère que Vasiliy n'a pas été trop dur avec vous .. Je me nomme Nikolaï Levinson Todorov, Prince de Russie .. Et vous quel est le votre ?!
ø Kiara ...

Il se mit à rire et me fit un baise main

ø Enchanté Kiara .. Dites moi cela vous plairait-il de travailler pour moi.
ø Qu'attendez vous de moi ?!
ø Que vous deveniez ma succube ...
ø Et si je refuse.
ø Si vous refusez, je serais obligé de mettre fin à vos jours et je croyais bien que j'en serais le premier désolé.

Je le regardais l'air hagard, vivre ou mourir ?! Quelle importance .. Vivante, elle serait la créature et sous les ordres de cette créature .. Au moins morte, elle serait dans les bras et aux côtés de Garance pour l'éternité ..

ø Alors que décidez vous ?!
ø J'accepte ...

Et dans un dernier sourire mauvais, il me planta ses crocs de plein fouet .. Je n'eus pas la force de me débattre où de faire que ce soit, je laissais mes bras pendre, fermais les yeux et laissa les choses suivre leur cours ..  Quand ce fut terminé, je me sentis partir et je compris que j'étais en train de mourir. Lorsque soudain, un liquide chaud coula dans ma gorge. Et une faim avide me saisit. Je voulais me noyer dans ce liquide, ô combien appétissant. Plus je m’en nourrissait, plus j'en voulais toujours plus. Je reçu une amère déception lorsqu'il m'arracha ma pitance. Et je m'écroulais dans ses bras et durant plusieurs heures une douleur intense me traversa de tout mon long, tellement insupportable que je souhaitais y succomber s'en y perdre une seconde. Et lorsque que tout se termina, j'ouvris les yeux et le vampire me regarda longuement d'un sourire éclatant .. C'est comme ça que je fus la succube de Prince de Russie.

Les années passèrent et je vécu au sein de la famille Levinson en tant que succube du Prince .. Je chassais à ma guise sur les terres russes et rapportés à la famille et surtout à mon Maître toutes les plus belles femmes que la Russie est jamais procrées .. Et lorsqu'il trouva que mon travail était réussi, il me laissait m'amuser avec l'une des humaines .. Et à chaque fois, c'était le même jeu qui se profilait .. Je disais à l'humaine de fuir aussi loin qu'elle le pouvait et le jeu du chat et la souris pouvait débuter .. Je m'amusais souvent à écouter le rythme cardiaque de ma victime pour connaître le taux de peur s'échappant de son être .. Et c'est toujours par surprise que j'en finissais et les cris de souffrance étaient aussi délicieux que le liquide chaud coulant dans ma gorge ..
Cependant, il m'arrivait aussi de me rebeller contre Nikolaï lorsque je n'avais pas la moindre envie de me soumettre à sa volonté et je peux vous dire que maintenant, je le fait que très rarement .. Si j'avais que les russes étaient si sadiques et brutaux je n'aurais jamais osé lever la voix sur lui .. Quoi qu'il en soit, je reste sa créature et il reste mon Maître à qui je devrais loyauté et obéissance jusqu'à la fin ds temps ..

Un nouveau millénaire s'acheva, la famille Levinson décida d'aller vivre à Heartkiller une petite situé dans le triangle des bermudes .. C'est tout naturellement que je suivis le Maître et sa famille .. En arrivant ici, la première chose que je fis, fut de visiter mon nouveau terrain de chasse pour me familiariser un peu avec avant de m'attaquer à tous ces petits poissons dans leur petite mare .. Je savais pertinemment que je n'étais pas la seule succube, ni que la famille de mon Maître était la seule famille d'anciens vampires sur plusieurs générations .. Qu'il existait une autre famille celle des Bridgestone, c'est cette famille qui avait prit le pouvoir de Heartkiller depuis la mort de l'Oncle de mon Maître .. Je dois dire que je connais peu de chose sur cette famille mais, elle me semble un peu louche .. Quoi qu'il en soit je resterais à ma place de succube et ne chercherais pas à faire d'histoire ce qui m’intéresse c'est de séduire .. Hommes comme femmes je ne fais pas la fine bouche ...