Eleazar se trouvait dans ses appartements, attendant patiemment son invité. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas vue, bien qu'ils aient gardé contact durant tout ce temps, s'envoyant des lettres régulièrement, et parfois des cadeaux. Il n'était pas allé en Russie depuis longtemps, et ce pays lui manquait. Il adorait la Russie, et par dessus tout la famille Russe. Il avait été chez les Todorov pour la dernière fois il y a plusieurs années, afin de discuter avec Nikolai de ses fiançailles avec Satyne. Fiançailles que le Bridgestone avait gardé secrètes jusqu'à ce que son ami vienne le rejoindre sur l'île. Depuis qu'elle avait appris la nouvelle sa soeur ne lui parlait plus, ou alors avec agressivité et ironie. Il ne doutait pas qu'elle ait envie de le tuer, de lui faire payer sa trahison - car c'est ainsi qu'elle le vivait - et de ne plus jamais l'appeler mon frère. Mais Eleazar était confiant, ces fiançailles étaient une des meilleures choses qu'il ait pu arrivé à sa soeur, et qui la propulserait jusqu'au trône sans que quiconque n'ait rien à y redire. Si Satyne voulait régner alors il fallait s'assurer que personne ne mette en doute sa légitimité. Nikolai était le prince héritier de la couronne des Amériques. Si César ne lui avait pas volé le trône, et avec la mort d'Elysium, Nikolai aurait dû prendre le trône à son tour. En l'épousant, et en faisant tomber César, Satyne aurait la légitimité de son rang d'Impératrice. Personne ne pourrait mettre en cause son pouvoir, ni la manière dont elle l'aurait reçu. Elle aurait été la femme de l'héritier, c'est tout.
Mais pour en arriver là, Eleazar avait dû se faire accepter de la famille Russe. Ce qui était plus facile pour lui que pour le reste de sa famille, car il était intimement lié aux Todorov par le biais de leur cousine : Elysium. Personne dans la famille n'ignorait leurs liens, bien que rien d'officiel n'avait été prononcé. Sans doute un jour Allan Levinson aurait annoncé les fiançailles de sa ville avec Eleazar Bridgestone. Celui-ci voulait y croire, se raccrocher à cet espoir perdu à jamais pour ne pas perdre la tête. Il avait aimé Elysium, comme il n'aimera plus jamais de sa vie. Son désespoir était si grand que même les siècles ne semblaient pas pouvoir l'éteindre. Il souffrait de la perte de son aimée comme au premier jour, et même l'arrivée de sa propre fiancée ne semblait pas l'avoir aidé à surmonter cette perte. Rien ne le pourrait, jamais. Il prévoyait simplement de quitter l'île, une fois sa vengeance exécutée. Il laisserait le soin à Satyne de faire de Heartkiller ce qu'elle voudrait, et il partirait, disparaissant à jamais de la lumière, et du monde. Il s'enfermerait dans son château en Norvège, avec sa femme, et ils attendraient la fin des temps.

Mais pour l'heure, il devait mener une guerre dans l'ombre de son frère, afin de le faire tomber de son trône. Le Club des Damnés allait être de plus en plus exposé à mesure du temps, et Eleazar plaçait ses pions les plus importants. Si Nikolai était sur l'île depuis déjà quelques semaines, ce n'était pas lui qu'Eleazar attendait avec le plus d'impatience, mais sa soeur : Nymphea Todorov. Une beauté flamboyante et cruelle, sadique et mauvaise, qui lui ressemblait si bien par le caractère que l'opinion. Ils partageaient beaucoup de choses, même si le départ entre eux fut difficile. Après tout ils s'étaient rencontrés officiellement alors que la famille d'Eleazar venait de faire tomber les Levinson, d'assassiner la cousine de Nymphea. Une cousine qu'elle adorait. Eleazar ne connaissait personne qui ait pu détester Elysium, ce devait être une chose impossible. Cette princesse avait été l'une des plus aimés au monde, un modèle d'amour, de beauté, de savoir-faire. Elle avait la capacité de se faire aimer par toutes les personnes qui croisaient son chemin. Si le roi n'avait pas été assassiné avant, alors qu'il devenait fou, c'était sans doute grâce à elle. Personne n'aurait voulu faire du mal à Elysium. Eleazar s'était donné pour mission de la protéger. Il avait failli à sa mission. Parce qu'elle aimait son père, elle avait voulu le sauver. Et cela personne n'avait su le prédire tant Allan Levinson était devenu fou et dangereux.
Aujourd'hui il ne restait que la vengeance. Tenter de rendre justice à Elysium. Et toutes les personnes qui l'avaient aimée étaient à présent sur Heartkiller.

SUCCUBE — Monsieur, Lady Nymphea Todorov est arrivée. Elle a bien reçu votre présent de bienvenue, et arrivera ici dans moins de dix minutes.
ELEAZAR — Fort bien. Vous la conduirez ici dés qu'elle franchira les portes de ce palais.

Il se leva, et exigea qu'on mène lui mène deux des humains qu'il gardait toujours en réserve. Ils avaient été cueillis dans la journée afin d'offrir l'accueil qu'il convenait à Nymphea. Ils se postèrent autour des deux fauteilles qu'il possédait dans ses appartements, et ne firent aucun bruit. Le vampire alla s'habiller, ne portant qu'une serviette cachant une nudité plus qu'évidente depuis le début de la soirée. Il mit un jean noir, et un t-shirt blanc large qui laissait percevoir ses muscles. Il laissa ses cheveux décoiffé, et il attendit. Deux minutes après sa succube ouvrit les portes de sa chambre sans plus de cérémonie, présenta l'invité, et les laissa seuls. Eleazar se tourna vers celle qu'il considérait comme sa meilleure amie, la seule vampire qu'il aimait plus que sa soeur. Il souriait, mais ne vint pas la prendre sans bras. Ce n'était pas leur genre. Ils n'étaient pas tendres physiquement l'un avec l'autre. Ils étaient des créatures de la nuit, sadique et violente.

ELEAZAR — Vous vous êtes faite désirer, Princesse.

Dit-il d'un air ironique, alors qu'il s'avançait vers elle rapidement. Il l'a saisie alors par le cou et l'embrasse violemment, lui mordant la lèvre au passage. Heureux de la retrouver, de la sentir contre lui. Plus belle encore que dans son souvenir elle le rendait plus fou encore. Il la serrait contre elle d'une manière possessive, et un jeu de domination se joua entre eux. Il finit par se retirer en riant.

ELEAZAR — Bon retour à Heartkiller, Nymphea. C'est une joie immense de te retrouver. Tu m'as manqué.