Je suis née un certain 15 aout. Certains y verront là le signe de Dieu et de la Vierge Marie. Quant à d'autres, connaissant la véritable humeur vivant dans mon corps, ils sauront que le Diable se fichait de son père. Gaïa, en référence à la déesse mère, nourricière de la terre, me fut donné comme prénom. Je dois dire que je suis unique. Peu de personnes peuvent prétendre porter ce prénom aussi bien que l'être qui fait mon entité. Un vampire. C'est là ce que je suis. Certains vous diront en ce moquant que je suis une hybride, née d'une mère mortelle et d'un père damné. Pourtant, qui peut prétendre être pur de sang ? Ma mère est morte en me mettant au monde. Ce n'est pas étonnant. Le siècle de l'an 1300 n'était pas le plus ingénieux en terme de médecine. Je ne l'ai jamais connu. Mon père s'est rapidement remarié mais il se trouva une épouse immortelle. Une belle mère. Mon histoire ressembla à un conte de fée. Je m'entendais bien avec elle. Elle était comme ma confidente, plus qu'une relation maternelle s'était créée entre nous. J'étais heureuse. Elle m'appris à devenir une vampire dirigeante, qui ne se laisserait marcher sur les pieds et qui pourraient gouverner d'une main ferme sur le pays dans lequel j'étais né. Aujourd'hui, ils l'ont rebaptisé le Pays de Galles. Ma famille est toujours au pouvoir de ce petit pays. Il n'est pas bien grand mais occupe des places stratégiques dans le commerce et la politique. Et bien que tout cela ne m'intéresse guère, c'est à moi et ça marche bien. Je n'ai pas de souci à me faire. J'ai vécu environ quatre cent ans là bas, voyageant d'une année à l'autre. J'ai fait le tour du monde en oubliant volontairement quelques pays dont les accords étaient douteux et peu profitables. Durant tout ce temps, je n'ai pas manqué de faire connaissance avec les autres membres de mon espèce. Car oui je suis une espèce, tout simplement car je ne suis pas humaine. Je suis née du Chaos. Dans la mythologie grecque, le Chaos est père de Gaïa et de Ouranos, respectivement déesse mère et père fondateur. Je ne crois pas en Dieu, ni aux mythologies anciennes. Par contre, je sais que ma nature n'est pas respectable aux yeux des croyants, piètres personnages ayant peur du Diable. Mais tout ceci n'est qu'une parenthèse de mon histoire. Je suis immortelle et si le Chaos a décidé qu'il en serait ainsi pour l'éternité, c'est bien évidemment pour une bonne raison. Certains vampires ont essayé de mourir. L'existence éternelle ne leur apportait que souffrance. Moi, j'aime vivre. Je dirai même que j'ai peur de la mort mais je suis bien trop fière pour en avouer quoi que ce soit. Je ne vous en dirai jamais rien.
Durant mon voyage sur la Terre, j'ai côtoyé de nombreuses civilisations et j'ai eu de nombreuses relations. Plus ou moins illustres et acceptables. J'ai eu des amants, j'ai détruis des familles. Mais j'ai pris du plaisir à voir la souffrance dans le regard de ces pauvres humains. Ils sont condamnés à mourir de toute façon. Je n'avais pas de remord. J'avais eu ce que je désirai, le liquide chaud de leur corps et le plaisir charnel avaient eu raison de moi. Je ne pouvais vivre sans. Et je suis bien honnête avec moi, j'aime toujours autant ces deux plaisirs. Ils sont une partie intégrante de mon âme. Ils font partis de moi. Bien évidemment, j'ai eu le temps de grandir et de subtiliser ces plaisirs et ces désirs. Ils se montrent moins brutaux mais plus violents quand le masque tombe.
Lorsque je vivais sur mes terres natales, j'avais l'immense honneur et qui était une passion d'assister aux procès déjà perdus d'avance des jeunes femmes accusées de sorcellerie. Que j'aimais les voir brûler sur un buché. Cruel et inhumain. Mais je ne suis pas humaine, je peux donc me délecter de la souffrance. L'homme mérite ce qu'il vit. Un calvaire, un martyr pour ce qu'il avait fait de la terre et de son monde. Un monde que l'on doit côtoyer comme l'ultime châtiment. Le Pays de Galles n'est pas exclu de toute cette misère. C'est pourtant à HeartKiller, île loin de chez moi que j'ai trouvé le refuge que j'espérais. Les Vampires étaient maîtres et le sang ne manquait pas. Les humains étaient pris à leur propre piège et il était bon de les voir esclaves comme ils l'étaient. Personne ne ressortait sans dommage de cette île. D'ailleurs, personne n'en ressortait tout court et c'était ce qui me poussa à rester. Cela fait peu d'années que j'y vis. Peut être dix ans, voire quinze. C'est peu comparé à mon âge et à ce qu'il me reste à vivre. Mais pour l'instant je n'ai pas envie de repartir. J'y suis bien et mes désirs sont exaucés sans que je n'ai à me soucier de rien. Alors autant profiter tant que cela dure.

   
   TITRE ❖ ARTISTE