Je vis, je meurs: je me brûle et me noie, J'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure, J'ai grands ennuis entremélés de joie.
(louise labé)J'ai grandit dans la honte. Je n'étais jamais assez intelligent, assez fort pour mes parents. La beauté j'en avais aucune à leurs égards. Je ne crois jamais avoir entendu ma mère dire un jour sur mes photos : « Quel beau petit celui là. » Je n'ai pas pourtant grandit dans la haine ou la violence. Je n'ai jamais reçu une claque que je n'ai pas mérité. Toutefois, l'indifférence fut mon seul et plus beau vêtement que je me suis drapé pour me construire. Je n'étais rien pour ceux qui avait déjà élu le grand vainqueur : mon frère aîné.
Je n'étais que le petit plaisantin. Le bouffon qui se cachait derrière son ordinateur alors qu'il aurait dû être dehors pour sociabiliser, pour apprendre la vie. Mais, finalement, j'étais content de cette vie, cette vie monacale, cette vie ou je pouvais passer ma vie dans ma chambre sans tirer les rideaux, sans voir le soleil dans le ciel, simplement plongé dans mes jeux sur mon ordinateur. Dans mes jeux de chevalier, de guerrier implacable, dans cet univers virtuel on me respectait. Je devenais un dieu. Le cercle vicieux était scellé et le serpent se mordait la queue. Plus je m'enfermais dans mon univers, plus mes parents se désespéraient de moi. Moi, le maigrichon au teint blême, intelligent, mais qui ne serait jamais aussi populaire que son frère qui emballait déjà les filles à l'arrière du jardin.
Pourtant, je n'étais pas contre le sport. Je pouvais même dire que j'en pratiquais un. La natation. Mais, pas à l'école, pas devant mes camarades. Comment supporter les regards des autres alors que je ne pouvais me supporter moi-même ? Et, de plus, je détestais la compétition, tout ceux qui n'avaient qu'une hâte, c'était épater les filles pour surement espérer être touché ici ou là. Toutefois, c'est pas ce que je voulais. Est-ce que j'avais un problème ? Pourquoi les filles ne me faisaient pas le même effet que pour mes camarades ? Pourquoi je n'étais pas complétement gaga devant-elle ? Pourquoi elle n'occupait pas tous mes moments de libido personnelle ?
Je me posais beaucoup de questions. Alors, je nageais. Je me faufilais après les fermetures et je me plaisais à ne faire plus qu'un avec la masse de liquide qui se compressait contre ma peau. J'aimais cette sensation de savoir que si j'arrêtais de battre des pieds, j'allais couler. Je le faisais parfois. Je me laissais toucher le fond. Je restais jusqu'à n'avoir plus d'air et je remontais. Quelle sensation d'euphorie, d'être envie et de sentir l'air redonner vie à son corps. Parfois, je me faisais des nuits blanches dans ces lieux. J'avais déjà l'âme d'un solitaire.
Puis, j'ai voulu partir très loin, loin d'eux, loin de tout ceux pour qui je n'avais jamais comptés. Mon père voulait que je devienne militaire comme lui. Il me voyait déjà une arme dans une main et une grenade dans la poche. Il était impossible pour moi de me plaire dans cet univers qui n'était pas le mien. Je n'avais pas peur. J'étais prêt à me battre. Mais l'univers de franche camaraderie virile me rebutait ; les douches, les nuits avec ces hommes. Il y avait quelque chose en moi qui naissait et que je ne voulais pas voir.
Je suis alors rentré malgré mes parents à l'université des Sciences de New York. Je sais que mon père a prit cela comme la pire des insultes. Mais, comment dire non, quand le doyen lui même de la plus grande université du pays se déplace en personne pour vanter mes mérites. Mon père a rigolé, ma mère m'a suspecté d'avoir des mœurs illicites et à traiter le doyen de pédéraste. Voici, ma famille, vous voulez que je vous la présente ?
Puis, j'ai commencé à faire des malaises en plein cours. J'ai pensé que c'était le surmenage, puis les résultats sont tombés. J'étais mourant. Mes reins étaient entrain de me lâcher et mon cœur allait suivre. Je crois que je n'ai même pas réagi à l'annonce des résultats. Ma mère est tombé en pleurs et mon père m'a accusé de n'apporter que du malheur à notre famille. Je me suis dit donc que si je quittais cette terre, je ne manquerais à personne. Je m'étais préparé à l'idée.
Mais, un soir alors que je venais de sortir de la piscine municipale, j'ai ce brun sortir de nulle part qui est tombé comme une pierre au fond de la piscine. Je l'ai sorti de l'eau. Je l'ai vu ouvrir les yeux et quelque chose m'a traversé. J'ai tout de suite compris qu'il n'étais pas humain. Je suis resté pendu à son regard. Je me suis sentit entier en sa présence. Mais, le grand brun était faible et ne voulait pas que j'appelle les urgences. Finalement, je suis resté presque une semaine à ses côtés avant de sombrer à nouveau à cause d'une nouvelle crise.
Je pensais vraiment mourir cette semaine là, mais quand j'ai ouvert les yeux. Il était à nouveau là. Seth m'avait sauvé, comme je l'avais sauvé. Mais, quel cadeau empoissonné m'avait-il fait ? J'ai refusé ma transformation. Je l'ai détesté, puis j'ai finalement accepté.
Seth a été bien plus que mon créateur. Il a été mon ami, mon confident. Il m'a permis de contrôler la bête. Il m'a permis de m'accepter moi-même. Mais, il a été aussi mon amant. C'est comme s'il avait transpercé mon âme par son regard et qu'il avait lu à travers moi. Cette attirance pour les hommes que j'ai encore du mal à assumer. Ce même jeu que je lui joue depuis plus de vingt-six ans. Ma façon de lui dire non, de le forcer à prendre par la force ce qu'il désire. Notre façon de faire l'amour jusqu'à briser les meubles et finir encastrés dans les murs. Cette manière qui peut apparaître aux autres comme un viol. Mais, qui est si loin de tout ça, quand je pose mes yeux dans ceux de Seth, montrant à quel point j'ai envie de lui, comme lui a envie de moi.
Sur l'île des Bermudes, j'ai longtemps cherché ma place. J'ai connu la dépression. Si forte que les années se transformèrent en jour. Seth m'a vu dépérir, refusant de m'alimenter ou si peu. J'étais toujours fatigué et je quittais rarement ma chambre. Je ne voulais voir personne. Combien de fois Seth me retrouva recroquevillé comme un chiot dans son lit alors qu'il revenait de ses longs entrainements ? Et, quand j'acceptais de sortir, je refusais le contact avec ceux de ma race. Je n'étais pas un rebelle. J'étais courtois envers ceux à qui je devais le respect, mais je fuyais tout ce qui était fête et autres amusements vampiriques.
J'étais malheureux. Ma famille ne me manquait pas. Mais, même si j'avais accepté ma condition grâce à Seth. Je ne trouvais goût à rien. Qu'est ce que j'allais faire avec l'éternité comme cadeau ? Je regardais parfois mon créateur avec cette larme de sang sans que je puis-ce m'expliquer pourquoi. Je lui en voulais, je ne pouvais m'en empêcher, de m'avoir fait ce cadeau. J'ai alors parfois testé ses limites. J'ai agi comme un adolescent futile. J'ai défié son autorité. J'en ai subi de ses colères, mais finalement tout cela m'a permis de devenir la personne que je suis aujourd'hui.
Grâce à Seth et à son influence, je suis intendant et ce poste me plait. Peu à peu, je trouve ma place. Je m'occupe finalement que tout le monde soit content. J'obéis aux caprices des vampires les plus délurés, je fais rentrer et sortir les esclaves. Mais, je rentre aussi dans les confidences et les secrets qui se faufilent dans les couloirs. Parfois, on paye même mon silence. Il faut croire que mon visage d'ange m'accorde leurs confiances. J'arpente les couloirs. J'ai pris de l'assurance. Je ne suis plus cette chose fragile.
J'adore le montrer à mon créateur. J'aime l'attaquer par surprise, tester ses réflexes. Lui, montrer l'animal que je gère beaucoup mieux à présent. J'adore nos joutes à l'épée qui peuvent durer des heures. Bien sûr, qu'il me surpasse de très loin, mais je sais lui jouer des tours. J'aime me mettre torse nu quand nous combattons, jouer de mon bassin pour réveiller l'animal en lui. Moi, aguicheur, qui l'aurait cru ?
Mais, nous avons aussi ces moment où je l'écoute et où je lui donne mon opinion. Je prends ce temps presque chaque nouvelle nuit où je vais moi-même le laver. Il est hors de question qu'un esclave le fasse à ma place et je me moque de ce que Seth peut penser. J'aime ces moments à nous, comme quand je lui coupe les cheveux. Nous n'avons aucun moment tendre. Il m'a jamais prit dans ses bras et dit son affection. Toutefois, pour moi tout ça, c'est notre affection à nous. Ce lien si fort, fraternel et tellement d'autres choses en même temps.