Zéphyr était tranquillement assis sur son fauteuil, concentré et passionné par la lecture d’un livre. Tout à coup il sursauta à en tomber à la renverse, on frappait sauvagement contre la porte à la faire exploser. –Zéphyr ouvre! Il reconnut la voix de Lorcan qui hurlait, ce qui n’annonçait rien de bon, rien qu’à l’entendre il avait l’air d’être hors de lui. Zéphyr se dirigea vers la porte et l’ouvrit. Lorcan entra comme une furie, le bousculant au passage. –Que se passe-t-il ? Demanda Zéphyr. –Assieds-toi. Nous ferions mieux de nous assoir. On pouvait lire sur le visage de Zéphyr l’incompréhension mêlée à la peur. Ce dernier ne semblait pas vouloir s’assoir. –Tu as l’air dévasté Lorcan, que se passe-t-il ?! –J’ai une mauvaise nouvelle. Les larmes montèrent aux yeux de Lorcan. L’estomac de Zéphyr se retournait sous la pression de l’atmosphère qui régnait au fur et à mesure que les secondes, qui paraissaient être des heures, passaient. -Ta sœur est morte. Je suis désolé, un vampire s’en est pris à elle pour se venger de moi. Je suis désolé… Tellement désolé… Je te demande pardon. Zéphyr sentait la colère monter en lui. Puis il éclata et se mit à hurler. –Comment ça elle est morte ? Qui l’a tuée ? Dis-moi qui a fait ça ! Je vais le pulvériser de mes propres mains, il va payer pour ce qu’il a fait ! –Je m’en suis déjà occupé. Crois-moi j’ai fait regretter à cette vermine le jour où il a été transformé. Inévitablement, dans les minutes qui suivirent, Zéphyr tenait Lorcan pour responsable de la mort de sa sœur. La tension était palpable, tous les deux débordaient de rage et de tristesse. Après s’être mutuellement hurlé dessus Lorcan sorti de ses gonds le premier. Il se jeta violemment sur Zéphyr et déchaina toute la fureur qu’il avait en lui. A ce moment-là il n’avait qu’un seul désire, transformer Zéphyr en vampire. Ainsi il aurait quelqu’un avec qui partager sa peine, qui savait ce que c’était que de vivre sans elle. Quelqu’un qui pourrait l’aider à surmonter la mort d’Alaïs. Une fois Zéphyr transformé les deux hommes discutèrent longuement de ce qui s’était passé. Zéphyr ne regrettait pas le geste de Lorcan, il ne lui en voulait pas non plus. Il comprenait que Lorcan était de son côté, que jamais il n’avait souhaité que sa sœur soit la proie de ses ennemis. Il savait que Lorcan tenait plus que tout à Alaïs. Maintenant qu’il la savait vengée il était déjà un peu plus serein. La mort d’Alaïs n’aura pas été veine, Lorcan et Zéphyr se considèrent l’un et l’autre comme des frères, ils savent qu’ils peuvent avoir une totale confiance en l’autre, ce funèbre événement aura le mérite de les avoir rapprochés plus que jamais.

A peine quelques minutes après s’être réveillé, Zéphyr se dépêchait déjà de se préparer pour aller au club. Il ne lui pas fallut plus de dix minutes pour être paré à sortir. Le trajet jusqu’au club ne prenait guère plus de temps. Dès qu’il arrivait dans les environs du club, c’était comme un rituel, il ne pouvait s’empêcher de guetter en douce si les clients se pressaient déjà pour entrer. Une fois rassuré, il se dirigeait vers la porte de service, à l’arrière du club. L’allée n’était pas très bien éclairée, pour éviter que des détraqués n’attaquent les filles, un vigile se tenait près de l’entrée. -Bonsoir Monsieur lançait ce dernier à Zéphyr qui lui faisait un signe de la tête. Une fois entré Zéphy faisait un petit tour rapide du propriétaire pour s’assurer que tout était en ordre. Il avait pour habitude de finir par la salle principale. En y entrant une odeur délicieuse lui arrivait au nez, lui retournant l’estomac. Après avoir observé les personnes qui se trouvaient dans la salle il s’aperçu que l’odeur provenait d’une femme. Elle était au centre de la scène et s’intégrait magnifiquement bien dans ce décor aux allures burlesques. La lumière rouge des projecteurs, atténuée par les fumigènes, lui donnait un air d’aguicheuse, très envoûtant mais absolument pas vulgaire. Pour l’instant il ne pouvait l’observer que de derrière. Elle se déhanchait délicatement, se tenant les cheveux à l’aide de ses deux mains, tout en fléchissant lentement des genoux. « Some of them want to abuse you. Some of them want to be abused. » ces paroles résonnaient dans sa tête. Quand enfin il pouvait l’admirer de face, il tomba sous le charme de ce visage qui prenait des traits angéliques au milieu des deux gros rideaux qui bordaient chacun des deux côtés de la scène. Avec une démarche franche elle faisait un tour de l’estrade, elle s’assurait d’avoir tous les regards posés sur elle à l’aide de gestes amples et gracieux. De retour au centre de la scène, elle se lançait dans un déhanché langoureux. Une fois la chanson terminée, Zéphyr reprenait enfin ses esprits puis il s’occupa de trouver qui était donc cette femme. D’après les informations qu’il avait réussies à récolter, elle répondait au doux patronyme d’Anastasia. A l’entente de ce nom qui sonnait familier aux oreilles de Zéphyr, ce dernier se fit la promesse de posséder cette envoûtante danseuse. Mais voilà, elle appartenait déjà à quelqu’un. Elle était l’esclave de César Bridgestone. L’idée que ce roi de pacotille puisse faire ce qu’il veut de celle qu’il désire le rendait fou. Cela ne faisait que renforcer la haine qu’il éprouvait envers César. Oui il détestait César. Lorcan lui-même ne peut supporter son frère. C’est de lui qu’il détient cette haine. Vous devez certainement vous demander pourquoi. Et bien Zéphyr l’ignore, il n’a jamais osé poser la question. Ce soir il en avait l’intime conviction, la détermination de conquérir Anastasia, par tous les moyens.