When a Vampire becomes a Guardian Angel

C ela faisait déjà quelques heures que le soleil s'était couché. Je m'affairais aux Plaisirs Coupables quand j'eu un mauvais pressentiment. Je sentais que quelque chose allait se passer. Je ne pouvais dire d'où me venait cette sensation et encore moins l'expliquer. Tout ce que je savais était qu'elle concernait Melinda. La première fois que je l'ai aperçue je n'en croyais pas mes yeux. Je croyais voir ma sœur. Ou plutôt je croyais la revoir. Elle est décédée bien des années auparavant. Une sale pourriture de vampire qui avait voulu se venger de Lorcan. A l'époque ma sœur, Alaïs, était la compagne de Lorcan. La perdre avait été pour nous deux une épreuve très difficile à surmonter. La mort d'Alaïs avait au moins le mérite de nous avoir rapprochés plus que jamais. Cela faisait maintenant plus de 900 ans que nous étions inséparables. Plus de 900 ans que nous partagions presque tout. Chacun de nous considérait l'autre comme son propre frère. Apercevoir Melinda m'avait bouleversé au plus haut point. J'aurai juré qu'elle était la sœur jumelle d'Alaïs. Ce qui était absolument impossible. Melinda étant une humaine elle ne pouvait pas voir vécu aussi longtemps. Ce n'était nullement par hasard si j'étais à sa recherche la première fois que je l'avais trouvée. Lorcan avait fouillé dans les souvenir de l'un de ses esclaves. Il a alors vu cette jeune femme qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa défunte bienaimée. Il ne pouvait me cacher une telle découverte. Aussitôt qu'il m'en informa nous nous étions mis d'accord pour que je parte à sa recherche. Il me fallait alors savoir qui elle était et ce qu'elle faisait sur l'ile. La traque fut longue. Il n'était pas facile de retrouver une humaine, quand on ne pouvait sortir que la nuit, quand on ne savait ni où elle habitait ni quelles étaient ses fréquentations. Les humains qui vivaient dans la forêt et ses alentours savaient très bien se cacher. Je ne serai pas étonné qu'une colonie vive au cœur de la forêt…

Depuis quelques minutes je marchais en direction de la forêt. Il m'arrivait très souvent de partir rechercher Melinda et de la suivre. La première fois que je l'avais vue elle était sortie seule et de nuit en bien entendu. Heureusement rien ne lui était arrivé cette nuit-là. Mais depuis elle s'est faite agressée à de multiples reprises. Je m'étais déjà retrouvé dans l'obligation d'intervenir avant qu'il ne soit trop tard. Cela pouvait paraitre ridicule mais je ne voulais pas risquer de perdre Melinda. Etant le sosie parfait de ma sœur c'est tout naturellement que je me pris d'affection pour elle. Si elle n'avait pas cette ressemblance troublante avec ma sœur je ne me serai très certainement jamais attaché à cette humaine. Bien au contraire j'aurai pris un malin plaisir à m'amuser avec elle. Je devais reconnaitre que pour une humaine elle savait se défendre. Je l'avait déjà vue mettre une raclée à des vampires. Elle ne sortait jamais totalement indemne de la bataille. Toujours une égratignure par-ci par-là. Et elle était loin de se douter que parfois ses assaillants ne la rattrapaient jamais parce qu'ils avaient rencontré la mort éternelle de mes mains. Mais elle savait se débrouiller, parfois j'arrivais même à en être fier. Dommage que les humains n'avaient pas tous son audace et sa force. On aurait beaucoup plus souvent l'occasion de s'éclater un peu. Je tirais malgré tout une certaine satisfaction de pouvoir veiller sur elle. Toujours dans l'ombre. Il ne fallait pas qu'elle me voit. Il ne fallait pas qu'elle soupçonne que des vampires s'intéressaient à elle. A force de la suivre j'avais fini par découvrir où elle habitait et qu'elle vivait avec un vampire. Souvent je me demandais à quoi il pouvait bien penser celui-là. Ne pouvait-il pas surveiller l'humaine qui vivait sous son toit et l'empêcher de sortir la nuit? Je serai plus rassuré de ne pas avoir à la suivre pour m'assurer qu'il ne lui arrive rien. Même si démembrer des vampires risquait de me manquer.

Arrivé vers sa maison je ne pris même pas la peine de savoir si elle s'y trouvait ou non. D'un pas décidé, tous mes sens en éveil, je me mis à suivre le tracé qu'elle prenait habituellement. C'était assez étrange. Lorsqu'elle se rendait dans la forêt pour ses visites nocturnes elle suivait le même parcours. Jusqu'à ce que quelque chose attire son attention et qu'elle aille se perdre. Il ne fallait pas plus de quelques dizaines de mètres de marche avant que la végétation ne devienne très abondante. Même avec la vue d'un vampire il était difficile de repérer un humain parmi les arbres et les feuilles. Je m'efforçais de rester concentrer, à l'affut de n'importe quel petit indice qui pourrait me mettre sur la piste de sa présence. Je ne savais toujours pas pourquoi j'avais pensé à Melinda… Pourquoi ce pressentiment m'était tombé dessus. Tout ce que j'espérais c'était qu'il ne lui arrive rien le temps que je puisse la rejoindre. Non ce que j'espérais au plus profond de moi était qu'elle soit en train de dormir, bien au chaud dans son lit. Mais j'en doutais fortement. Je me stoppai net. Il m'avait semblé entendre un cri. Je redoublais d'effort pour tenter d'obtenir une idée plus précise de la direction à prendre. Je reconnaissais le cri d'un homme. L'auteur des cris semblait se trouver à une cinquantaine de mètres devant moi. Je pressais le pas inquiet que Melinda ne soit mêlée à l'histoire. La peur de la voir blessée.

En arrivant sur les lieux de l'attaque il y avait un vampire à moitié couché sur un… ou peut-être une humaine… Pas le temps de savoir de qui il s'agissait exactement que je fonçais sur l'agresseur. Je l'envoyais voler quelques mètres plus loin. Un bref coup d'œil sur la victime et je sentais l'effroi me saisir. C'était Melinda. Mon pressentiment n'était pas faux. Le vampire qui tentait tant bien que mal de se relever ne ignorait encore le sort qu'il n'allait pas tarder à connaitre. Une seconde fois je me dirigeais vers lui à une allure vampirique, lui saisissant la gorge au passage. Je plaquais contre un arbre et le soulevai de quelques centimètres. Dans une colère noire je me mettais à hurler sur un ton très sec : - Toi tu ne sais pas dans quoi tu t'es lancé! Plus jamais tu ne t'aviseras de la toucher! La colère m'envahissait totalement. Je prenais plus garde à ce qu'il se passait autour de moi. Je ne réalisais plus ce que je faisais. J'enfonçais ma main droite dans le buste du vampire et arrachai son cœur que je laissai tomber sur le vampire inanimé. Sous l'effet de la panique je m'empressais de faire volte-face et de fondre sur le corps de Melinda. La vie semblait presque l'avoir quittée la laissant inerte. Son cœur battait toujours, très faiblement mais il battait. Je ne pris pas le temps de me poser de questions. Prenant délicatement la tête de ma protégée je la posai sur mes genoux. Je portais mon bras à ma bouche et y planta mes crocs. Sa tête surélevée je parvenais à lui faire boire un peu de mon sang. Maintenant, il ne me restait plus qu'à attendre qu'elle se réveille et reprenne connaissance. Je ne prenais pas la peine de la déplacer. Si le moindre danger se présentait j'étais apte à y faire face.

Cela faisait maintenant quelque dizaines de minutes que j'observais son visage. Soupçonnant qu'elle risquait de se réveiller d'une minutes à l'autre je reposai délicatement sa tête sur le sol. Elle allait déjà être assez effrayée de me voir proche d'elle, réaliser que sa tête est posée sur les genoux d'un vampire inconnu qui vous observe risquait de lui faire avoir une attaque cardiaque. Je m'éloignais un peu et continuais de la regarder. J'avais de la peine à réaliser qu'elle n'était pas ma sœur. Que c'était une personne différente. Elle lui ressemblait tellement. Les mêmes traits du visage, la même chevelure, la même corpulence. Je pouvais même m'aventurer à dire qu'elle avait le même caractère. Alaïs était tout autant inconsciente de se laisser approcher par un vampire… Combien de fois l'avais-je mise en garde. A tort. Enfin presque. Lorcan ne lui aurait jamais fait de mal, lui… Mes sentiments face à Melinda étaient très partagés… J'étais quelques part intrigué par cette humaine, je désirais la connaitre pour découvrir à quel point elle ressemblait à Alaïs. Mais cette parfaite similitude physique me forçais à penser à ma défunte sœur. Cela me forçait à me remémorer sa perte. Même si cela me rappelait obligatoirement les bons moments passés avec elle l'idée qu'elle ne soit plus là, que ce n'était pas elle que j'avais en face de moi m'attristait. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que peut-être les choses redeviendraient comme avant. C'était normal d'y songer. Qui ne le ferait pas. Mais au fond rien ne pouvait apaiser la douleur, la douleur de savoir que jamais plus je ne la retrouverai elle, que je l'avais perdue à jamais.

Je fus tiré de mes pensées par un petit gémissement. C'était Melinda qui se réveillait. Je lui tournais le dos un instant, le temps de m'assurer de ne laisser aucune trace de ce moment nostalgique sur mon visage. Puis je me retournai pour la regarder. Sur un ton protecteur j'engageai la conversation – Tu n'as pas à avoir peur. Je t'ai sauvé des griffes de ce vampire. Tu es en sécurité maintenant.


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When a Vampire becomes a Guardian Angel

Elle reprenait doucement connaissance. Elle regardait autour d'elle pour comprendre ce qu'il s'était passé. Elle faisait la moue. Si elle ne se rappelait pas ce qui s'était passé son corps allait se charger de lui rafraichir la mémoire. Elle comprit que quelqu'un était venu à son secours à la seconde où elle posait ses yeux sur le cadavre de son agresseur. Puis elle m'adressa un regard plein de gratitude, avant de parler. – Un grand merci à vous Monsieur pour m'avoir sauvé la vie des griffes de cet être infâme, sans votre intervention je ne serai plus de ce monde, je vous dois la vie, ma vie. Vous avez toute ma gratitude. J'étais troublé. Sa voix me pétrifiait. C'était la première fois que je l'entendais et j'étais ébranlé de constater que sa voix avait pratiquement la même intonation qu'Alais. Je devais certainement rêver, qu'elle soit sosie passait encore mais elle ne pouvait posséder exactement les mêmes caractéristiques que ma sœur. C'était impossible. Elle essayait en vain de se relever. Le manque de sang dans son organisme ne lui laissait pas assez de force pour y parvenir. Elle retomba instantanément sur ses fesses ce qui déclencha un rire chez elle. - Etant condamnée à rester assise, je vous invite à me rejoindre si le cœur vous en dis... Au faîte, je me nomme Mélinda Eden Kingston, enchantée. Personnellement je n'étais pas préparé à une telle ressemblance. Encore tout retourné je n'avais pas le cœur à rire alors je me forçais d'esquisser un sourire pour simuler mon amusement. Avais-je envie de m'assoir à ses côtés et d'apprendre à la connaitre? J'avais peur des réactions que je pouvais avoir face à elle. Ce n'était vraiment pas facile de se retrouver comme ça à entamer la discussion avec celle qui vous rappelle à chaque instant votre défunte sœur. A chaque regard je sentais comme un poignard qui s'enfonçait dans mon abdomen. Comme si on voulait me punir de ne pas avoir su tenir ma sœur loin ces êtres maléfiques qui ne vivent que la nuit. Oui je regrettais que ma sœur se soit laissée approcher par les vampires, qu'elle se soit laissée séduire… Ma sœur était naïve, très naïve. Forcément quand un bel homme ténébreux s'était approché d'elle, elle s'était laissée balayer par son charisme naturel et elle instantanément tombé sous son charme. Le monde vampirique, quand on ne le connaissait pas, était très attrayant. La supériorité, la force et surtout l'immortalité mettaient l'eau à la bouche de n'importe qui. Pourtant le facteur le plus important était toujours ignoré, l'amour du risque s'il ne prenait pas de suite le dessus, finissait toujours par y parvenir. Mais voilà, ce monde n'était que bien trop souvent dirigé par la loi du plus fort, par les coups bas, par la vengeance... Impossible pour n'importe quel humain que ce soit de vivre convenablement dans ce milieu. Survivre oui c'était possible. J'en avais la preuve sous les yeux. Mais elle avait bien failli y passer. Impossible de s'en sortir sans un protecteur et encore… Trop de souvenirs douloureux, trop de remords, trop d'événements qu'il m'était impossible de changer. Je me forçais à faire le vide dans mon esprit, à chasser ces pensées qui me torturaient. Je lâchais finalement quelques mots. – Enchanté Mélinda. Prenant soin de ne pas révéler mon identité. Je ne voulais l'entendre prononcer mon nom. Pas tout de suite.

Je n'avais vraiment pas envie de m'assoir à côté de Mélinda. Malgré tout ma curiosité me poussait à m'en rapprocher un peu. J'allais donc m'appuyer sur un arbre qui se trouvait à distance raisonnable, à environ deux mètres de sa personne. Si je ne voulais pas la faire fuir il fallait que je montre une once de courtoisie et de bonne volonté. Je voulais discuter avec elle, apprendre à la connaitre, mais je n'y étais pas encore prêt. – La forêt est loin d'être tranquille la nuit. Je reste debout au cas où quelqu'un nous ferait l'honneur d'une visite surprise. J'avais prononcé ces mots comme pour me justifier de rester debout. Même si je ne sous-estimais pas l'insécurité qui régnait sur cette partie de l'ile, c'était le terrain de chasse favori des vampires et la seule cachette pour les humains. Son regard interrogateur me tira de mes songes. Je me décidais donc à relancer la conversation. – D'ailleurs qu'est-ce qui t'as pris de venir te promener ici seule? C'est totalement suicidaire. Visiblement elle voulait sympathiser avec moi. J'allais en profiter pour mener ma petite enquête sur sa personne.


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Il fallait que je me ressaisisse, que je passe outre mes sentiments, que je m'efforce d'être aimable, sinon je n'allais réussir qu'à la faire fuir. Si je pouvais éviter qu'elle ne se mette à courir dans tous les sens et attire l'attention d'un autre vampire… Ce serait préférable. Elle éludait mes questions… C'était justifiable car après tout j'avais évité de causer un maximum. Ce silence devenait d'ailleurs très pesant, dérangeant. Heureusement elle reprit rapidement la parole, contrairement à moi elle était joviale et cherchait sans cesse à relancer la conversation. Attitude très étrange venant d'une humaine qui se retrouve face à un vampire… Je venais de lui sauver la vie mais cela ne justifiait pas une telle confiance. Quoique… Même si elle avait voulu rester méfiante, en imaginant que je l'attaque, elle ne pourrait pas aller bien loin… Pour être franche, j'ai entendus une voix masculine douce et rassurante dans mon sommeil qui m'as incité à sortir pour la retrouver, mais lorsque j'eus retrouvé mes esprits je m'étais rendus compte que j'étais perdue... Et vous à part sauver des Humaines en détresse que faîtes-vous dehors? Vous savez j'ai déjà vus des Vampires se battre en duel, cela peut être tout autant dangereux pour vous!

En entendant ces mots je devais me forcer pour ne pas ouvrir la bouche grand la bouche de stupéfaction, l'ouvrir à m'en décrocher la mâchoire. Comment dieu était-ce possible d'être à ce point naïve? Naïve, elle était carrément folle… Eviter qu'elle ne se fasse bouffer crue par un vampire était un boulot à plein temps. Je ne pouvais pas me permettre de suivre Mélinda à la trace, pas avec le club à gérer. Il allait peut-être falloir trouver quelques vampires à lui coller discrètement sur le dos ou alors lui passer la laisse. J'allais y réfléchir, à charger des gardes de sa protection, pas à lai laisse voyons! A l'entente de sa dernière phrase je ne plus me retenir de laisser un petit rire s'échapper. Elle voulait détendre l'atmosphère, c'était réussi. Ne t'en fais pas pour moi. Je suis assez âgé pour me défendre tout seul. Si un vampire se manifestait j'en arriverai facilement à bout. Il me fallait réfléchir, et vite. Tu n'es pas sans savoir que la forêt est le terrain de chasse favori des vampires. Si je t'ai sauvée c'est parce que vous, les humains, vous n'êtes pas très nombreux à être en liberté. Il faut donc vous préserver si on veut avoir le loisir de chasser. Il avait simplement dépassé son quota. L'excuse la plus bidon qu'il m'ait été donné d'inventer. Au vu de sa naïveté, je ne serai pas surpris qu'elle y croie. Ne sachant pas vraiment comment justifier mon geste, comment justifier que je l'aie sauvée, j'avais pris un ton très amusé, pour lui faire comprendre que je plaisantais. Il vaudrait mieux que je te raccompagne. Tu as besoin de repos. Je m'approchais d'elle et l'aidais à se relever en lui faisant prendre appuis sur moi. Ma force suffisait à elle seule à la porter et la faire tenir debout. Tant qu'elle évitait de me poser des questions trop personnelles nous éviterions un silence gênant. J'allais donc me contenter de lui donner des réponses évasives ou d'éluder les plus intrusives. Il ne fallait pas qu'elle se doute que ce n'était pas la première fois que je la voyais. C'est donc avec un naturel des plus convaincants que je lui demandai dans quelle direction se trouvait sa maison. M'indiquant une direction totalement erronée elle ne semblait pas réellement savoir où elle se trouvait. Cela m'étonnera. On va plutôt se diriger par-là, je sais qu'il y a des habitations de fortune dans cette direction. Je faisais mine d'avoir une idée à peu près fiable de l'endroit où elle pouvait habiter. Sans montrer que j'en avais pleinement conscience. Nous commencions à marcher, doucement, parce que Mélinda n'avait pas les force nécessaire pour presser le pas. Pour garder la conversation active je me m'intéressais à elle. Cela ne doit pas être facile de survivre dans la jungle. Comment t'y prends-tu? Je savais que pour répondre à cette question elle allait parler pendant un certain temps. Ce serait tout ça de moins que j'aurai à parler, non pas qu'elle ne soit pas agréable, mais cela provoquait une sensation bizarre. C'était vraiment très étrange de converser avec le sosie de ma défunte sœur. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je protégeais Mélinda. Après tout elle n'était pas ma sœur. Elle lui ressemblait c'était tout. J'avais pleinement conscience que ce n'était pas très sain de la considérer comme ma sœur. Mais c'était une réaction normale. Qui n'agirait pas de la sorte en trouvant quelqu'un qui ressemble autant à l'être perdu? Personne. J'accusais le coup petit à petit. Je n'étais pas prêt à faire ami-ami avec elle, bien que le désir de la connaitre mieux brûlait en moi. Je ressentais une certaine réticence à faire partie de sa vie. Faire partie de sa vie était un bien grand mot. Il nous fallait d'abord faire plus amples connaissance.


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La différence entre le rêve et la réalité était parfois très fine, imperceptible même. La perte d'un être cher peut nous rendre fou, se complaire à se remémorer des souvenirs heureux, ne pas réussir à tirer un trait sur le passer pour enfin aller de l'avant, rester prisonnier du passé. Mais retrouver une personne qui nous le rappelle à chaque instant, de par sa manière d'être, son sourire, ses expressions ou tout simplement par son physique était tout autant redoutable voire pire. J'avais l'impression de revoir Alais, de l'avoir elle appuyée contre moi et inévitablement plein de souvenirs, bons ou mauvais, se bousculaient dans ma tête, m'embrouillant légèrement les idées. Celui qui me vint en tête était assez comique. Alais qui portaient des chaussures qui lui faisaient mal aux pieds n'arrivait plus à marcher. Plutôt que de les enlever elle préférait s'appuyer sur moi, que je la soutienne pour minimiser la douleur. Les femmes, quand elles ont une idée en tête, impossible de les faire en changer. Melinda était à la fois une rencontre intrigante et chaleureuse et le boulet qui me tenait attaché au passé. L'avoir à mes côtés me forçait à me laisser submerger par les images de ma sœur, à me rappeler chacune de ses particularités, à revivre tous nos moments passés ensemble. La douleur de sa perte était constamment présente, savoir que je l'avais perdue à jamais, mais aussi l'espoir que Melinda pourrait soulager cette perte étaient ancrés an moi. Voir Melinda se faire agresser m'avais mis hors de moi. Il fallait dire que c'était appuyer là où ça mal. La pire chose qui pouvait m'arriver était de la voir mourir et je refusais d'avoir à revivre ce moment. Revivre la mort d'Alais. Pas une nouvelle fois je n'y survivrais pas. Plus que de vivre attaché au passé, me remémorer cette instant, l'annonce de sa mort, me rendrait fou.

Mon initiative n'avait pas l'air de lui plaire, une fraction de secondes elle ouvrit grand les yeux. Elle devait avoir peur de me "montrer" où elle habitait. A sa place, je devais avouer que je ferai pareil. Non, je ne loge pas dans la Jungle auprès des autres rescapée, mon "habitation" se trouve sur la plage, au niveau des grottes non loin des épaves, c'est une cachette idéale contre les Vampires. Elle était en train de me mentir. Je le savais. Elle n'habite absolument pas dans cette direction... Il fallait que je trouve un moyen de vérifier qu'elle savait où elle allait... Ce don je doutais fortement au vu du nombre de fois où elle s'était égarée dans la jungle. Je l'avais déjà sauvée auparavant, à plusieurs reprises même. Jusqu'à présent j'avais toujours réussi à intervenir dans l'ombre, elle ne devait même pas se douter que quelqu'un veillait sur elle. Ou peut-être que si finalement, sinon il ne m'aurait pas fallu intervenir aussi fréquemment. Avec un tel niveau d'inconscience elle devait se douter que quelqu'un ou quelque chose la suivait. Je restais sceptique quant à la direction que prenait notre petite escapade. Au lever du soleil elle serait en sécurité, je pourrai partir la conscience tranquille où qu'elle se trouve.

Sa réponse à ma dernière question me surprit. Vous savez cette île comporte de nombreuses ressources pour nous Humains: nous pêchons dans l'océan, attrapons les fruits en haut des arbres ou dans les buissons, et les plus chanceux arrivent à chasser les animaux. Après c'est vrai que notre survie dépend de nos cachettes la nuit ou si nous sortons ou pas explorer au même moment où vous vous éveiller
J'étais dépassé. Comment les humains pouvaient avoir le courage de sortir la nuit en sachant que les vampires rôdaient en surnombre dans les parages? A part l'amour du risque inconsidéré et l'envie de se faire prendre ou pire se faire tuer je n'y voyais aucun intérêt. Vraiment aucun. Tu pourrais m'expliquer pourquoi sortir la nuit? Je voulais connaitre ses motivations, savoir quelle raison la poussait à pointer le bout de son nez à l'extérieur. Jusque-là ses révélations tendaient à la faire passer pour une fille un peu démente. Elle m'avait avoué être sortie parce qu'elle avait entendu une voix l'appeler. Je commençais à penser que les quelques fois où je l'ai protégée ne servirait à rien avec un tel raisonnement… C'était peine perdue de la suivre et d'assurer sa sécurité si "une voix" suffisait à la pousser à faire des choses totalement insensées. Le vampire qui lui avait sauté dessus avait bu une grande partie de son sang, elle peinait à reprendre des forces, il allait nous falloir pas mal de temps pour rejoindre la plage, sans vraiment savoir où nous allions exactement.


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Ses remarques me surprirent. Comment pouvait-on vivre sur une gouvernée par les vampires et ne pas être au courant de leur existence? Cela me dépassait. Les humains étaient réellement devenus plus naïf que ce que je pensais. Pour d'autres les mots courage et téméraire rimaient avec suicidaire. Chasseur de vampires? Il fallait bien que la vermine de cette espèce mettent tôt ou tard les pieds sur cette ile. Mais pensaient-ils réellement pouvoir venir à bout d'êtres qui les surpassaient physiquement? Balivernes. Je n'y croyais pas une seule seconde. C'était vraiment ridicule. Vivre ou mourir, chaque humain qui foulait le sol de cette ile en avait le choix. Et puis, si ces humains voulaient s'amuser, nous aussi. Le challenge de pouvoir enfin trancher leur gorge n'en serait que plus ardu, et nous apprécierions davantage le gout de leur sang.

Je ne savais plus comment réagir aux révélations de Mélinda. J'avais envie de la saisir par les épaules et de la secouer en lui demandant ce diable pouvait bien lui passer par la tête. Sérieusement, ne se rendait-elle pas compte que les vampires étaient loin de tous être des gens agréables et aimants? Nous n'étions pas une émission télévisée pour bonne femme, c'était la réalité, les vampires étaient des êtres sanguinaires, violents et qui considéraient les humains comme une race inférieure. En tant normale je pensais pareil que mes congénères, à quelques exceptions près. Il était vrai que les humains ne sont bons qu'à une seule chose, et encore, à nous servir. Beaucoup d'entre eux arrivaient encore à ne pas accomplir cette mission convenablement. Ceci expliquait sans nul doute l'espérance de vie très minime de ces petites choses fragiles. Plus la conversation allait de l'avant et moins je comprenais les pensées de mon interlocutrice. Mieux valait que je ne réponde rien à ces paroles totalement dénuées de sens. Mais je ne pus me retenir. – Des chasseurs de vampires? Vraiment? J'aimerai bien voir ça! S'ils croient pouvoir se battre à armes égales avec un vampire millénaire. Ces mots étaient emplis d'ironie, accompagné d'un petit rire narquois. – Tu ne devrais pas sortir la nuit. Tu es bien naïve si tu penses que tous les vampires sont gentils. Très peu le sont. Tu as peut-être eu de la chance jusqu'à maintenant, mais cela ne devrait pas tarder à changer. Rien que ce soir, si je n'avais pas été là, tu ne serais pas là avec moi. Surtout lorsque c'est une voix qui te le demande… Elle ne réalisait pas son infériorité par rapport aux vampires. Vraiment pas. Le danger qu'ils représentent pour elle passait à des années lumières de son cerveau. Sans vouloir être méchant.

Tout autour de nous j'entendais des bruits, des feuilles qui bougeaient, des branches qui craquaient. Je sentais que Mélinda n'était pas rassurée. Pourtant il n'y avait rien à craindre. C'était simplement la faune qui vivait tranquillement sa vie. Probablement les seules animaux sur l'ile qui ne risquaient rien et ce peu importe l'heure du jour ou de la nuit. Nous continuions de marcher, toujours en direction de la place. J'avais l'impression que nous marchions depuis des heures. Ce qui n'était absolument pas le cas. Et il nous restait tout de même un petit bout à parcourir avant de rejoindre les plages. Tout à coup il semblait que Mélinda avait eu une révélation. Elle avait enfin réalisé qu'elle me conduisait tout droit chez l'une de ses amies. Grave erreur. Trop occupé à écouter les bruits qui émanaient des bois, je ne répondis pas à sa première question. Tôt ou tard elle allait bien finir par me donner les détails de sa requête. J'avalai de travers quand j'entendis sa demande. Ne jamais attaqué cette humaine chez laquelle elle allait se réfugier? C'était un peu trop demander. Afin de la rassurer je fis un geste affirmatif de la tête. Faisant mine de toujours me concentrer sur les sons qui parvenaient à mes oreilles. Si nous n'étions pas seuls, personne n'étaient vraiment proche de nous. Nous ne risquions rien pour l'instant.

Toujours autant curieuse elle désirait connaitre mon âge. Je pouvais bien lui donner cette information. Rien que par mon prénom il était facile de me retrouver en ville. Patron du seul club de strip-tease, ce n'était pas compliqué, tout le monde le connaissait, et beaucoup de vampires me connaissaient. Mais enfin, elle n'irait jamais en ville. Et pour elle je ne suis rien de plus que le vampire qui passait par là. – Sache que je suis assez âgé pour te briser la nuque avec une seule main. Je m'empressai de rigoler, pour lui faire comprendre que je plaisantais et qu'elle n'avait rien à craindre de ma part. – Plus sérieusement, je dois avoir un peu plus de quarante fois ton âge. Non je ne crains pas vraiment les autres vampires. Beaucoup ont à peine la moitié de mon âge. Trop facile pour moi d'en venir à bout, ils ne sont pas suicidaires. J'avais le pressentiment que le jour n'allait plus tarder à se lever. Il devait nous rester quelques heures. J'étais incapable de prédire le temps exact que nous avions encore à disposition, l'épais feuillage des arbres m'empêchait de voir le ciel. – Nous sommes encore loin de chez ton amie?


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Cette humaine m'intriguait. Intérieurement elle me faisait bien rire. Son côté naïf et totalement inconscient m'exaspérait. Il ne tarderait pas à lui arriver malheur si elle ne faisait pas plus attention à elle. J'avais une vie, des affaires à faire tourner, je ne pourrai donc pas la surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre, malheureusement. Il fallait qu'elle prenne conscience du danger qui la guette à chaque fois qu'elle mettait un pied dehors la nuit. La journée elle avait tout le loisir de se dégourdir les jambes sans que le moindre problème ne puisse lui arriver. Et connaitre les vampires… Une espèce qui se veut sanguinaire et violente. Qui aurait envie de les connaitre? J'aurai bien fuit la première fois que j'ai appris leur existence. Cela m'aurait évité bien des soucis. Alais… Enfin, si les rencontrer signifie devenir esclave bien entendu. Etre vampire cela signifiait avant tout avoir une force surhumaine, les sens surdéveloppés et l'immortalité (dans la mesure du possible, bien évidemment). Une vie remplie de débauche durant laquelle seul notre instinct animal est notre guide. En réussissant, en gagnant un peu notoriété vous ne connaissiez plus de limites. Vous pouviez agir pratiquement comme bon vous semble. Les humains imaginaient les vampires comme des âmes sensibles et romantiques. Certainement que c'est ce qui attirait les femmes. Ou plutôt l'idéologie du prince sur son cheval blanc. Quand vous êtes coincé à jouer la bonne à tout faire pour un vampire qui n'a que faire de votre personne, qui profite de la moindre occasion qui se présente pour vous maltraiter, vous devez forcément espérer qu'un être fort vienne vous libérer. Un humain? Non, ce n'est tout bonnement pas possible. Pour rivaliser avec un vampire vous avez besoin d'un vampire. Voilà pourquoi les humains se mettaient à apprécier les vampires aussi facilement. Penser à ma vie d'humain? A quoi elle pourrait bien ressembler? Cela fait plus de neuf cents ans que j'ai oublié ce que c'était que d'être humain. Sentir le soleil me réchauffer la peau, manger de bons repas, toutes les sensations que l'on éprouve. Les humains ont des vies bien trop courtes pour que l'on s'y attache, pour qu'elle signifie quelque chose dans notre existence. Les vampires ont quant à eux une vie bien trop longue pour qu'on désire s'enticher de l'un d'entre eux. Je préférais ne plus penser à ma vie d'avant. Ne pas imaginer ce à quoi elle ressemblerait maintenant. Enfin, maintenant. Elle se serait déjà terminée depuis bien longtemps. – Qu'est-ce qui te fait dire que j'ai été humain un jour? C'est vrai. Elle n'en savait rien. Elle ne pouvait pas savoir si j'avais été humain ou non. – Cela fait plus de neuf cents ans que je ne le suis plus. J'ai oublié ce qu'était ma vie d'avant ma transformation. Ce n'est pas bon de remuer autant le passé. Pas bon du tout. Tout le monde à des remords. Tout le monde a eu à un moment donné envie de changer quelque chose. Moi y compris. Les questions qui fâchent. Le passé. Ma vie d'avant. Alais. Ma sœur bien aimée. Je ne sais pas ce qu'elle dirait si elle savait ce que j'étais devenu. Que je sois devenu l'un d'entre eux ne la dérangerait certainement pas. Après tout, elle était tombée amoureuse de Lorcan. Peut-être que c'est une chose plus facile à accepter quand elle n'arrive pas un membre de notre famille. Personnellement, je n'aurai jamais accepté qu'elle soit transformée sans moi. Je ne sais pas non plus si j'aurai vraiment souhaité un jour que l'on me transforme. Si Lorcan a fait de moi son infant c'était bien sans m'avoir consulté au préalable. Il n'en avait que faire de ce que je pouvais en penser à ce moment-là. Il n'y avait que ça rage qui comptait. Que son désir de vengeance. Bien entendu c'était moi qui avais trinqué. Bien sûr que j'aurai aimé changer des choses de mon passé. A commencer par ma sœur. J'aimerai qu'elle soit encore parmi nous. Que le salopard qui s'en est pris à elle ne soit jamais venu au monde. A présent je pourrai plus dire que j'aurai souhaité qu'elle ne croise jamais le chemin de Lorcan. Après neuf cents ans passés à ses côtés je ne le souhaiterai plus jamais. Oui je l'ai souhaité. Qui ne l'aurai pas fait. Réaction tout ce qu'il y a de plus normal. A l'époque je le tenais pour responsable de ce qui était arrivé à Alais. S'ils ne s'étaient pas rapprochés d'elle jamais elle ne serait morte comme ça. Je l'aurai gardée auprès de moi, j'aurai veillé sur elle comme un frère a le devoir de le faire. Je ne souhaitais pas faire part de ce regret-ci à Mélinda. Je n'avais pas envie d'étaler ma vie ainsi. J'avais menti. Je n'avais rien oublié de ma vie d'avant. Je n'aimais simplement pas en parler. – La vie d'avant la transformation et celle que l'on a après sont deux choses bien distinctes. Tout change. Absolument tout. C'est un peu comme un nouveau départ, la possibilité de tout recommencer. La vie de vampire est bien différente de celle des humains, mais elle offre un tas de choses que les humains ne peuvent avoir.

Plus que quelques heures avant que le soleil ne se lève. Il nous fallait presser un peu le pas. Je savais qu'elle n'arriverait pas à tenir le rythme bien longtemps, mais si je voulais éviter de m'enflammer au soleil, il fallait faire vite. Je reportai mon intention sur notre chemin. Je tenais Mélinda un peu plus fermement, pour que ses pas soin moins difficile, pour qu'elle ne se fatigue pas trop vite.


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When a Vampire becomes a Guardian Angel