« It's so easy you almost feel sorry for them. You'll get used to killing. Just forget about that mortal coil. You'll become accustomed to it, all too quickly. »
- Lestat de Lioncourt
Heartkiller n’est pas étrangère aux curieux. En fait, lorsque les pauvres naufragés d’un navire se trouve non loin de l’Île, leur instinct de survie s’empresse d’embarquer et les force à trouver refuge sur cet endroit qu’ils ne connaissent pas du tout. Lorsque la famille Bridgestone ait pris possession de l’Île, les naufragés se faisaient relativement abondants… Aujourd’hui, le nombre n’a pas augmenté ni dimunué, mais c’est plutôt l’excitation des vampires face aux potentiels esclaves, et l’inquiétude quant aux traitres qui les anime. Cesar a eu plusieurs esclaves, des hommes comme des femmes… Il prend vraiment plaisir à en avoir. Plus le nombre d’esclaves qu’il possède prend de l’ampleur, plus il est, sincèrement, heureux. Sa haine vorace envers les humains alimente cette fierté et ne ressens aucun remord quand il est question d’en éliminer un… Ou deux… Ou cinq… Mais jamais est-ce qu’il n’a vu une humaine aussi… Terrifiée. Crise d’hystérie, fuite, tremblements… Cesar a été témoins de plusieurs humaines craintives… Mais elle, elle sort du lot. Et elle l’énerve.
Entouré de vampires, il regarde cette humaine avec une fausse déception aux allures incroyablement sincères. Les bras croisés, son regard s’accroche à celui de l’hystérique et elle s’arrête complètement. Un soupire soulagé émane des lèvres de Cesar alors qu’il prononce
« Merci… », fit-il en référence à son silence soudain et causé par nul autre que l’emprise qu’il porte ainsi sur elle.
« Tu nous rends la tâche tellement plus facile lorsque tu es docile, ma jolie.. », murmure-t-il. Immobile, elle le fixe droit dans les yeux alors qu’il s’approche dangereusement vers elle.
« Dommage que tu sois si belle… »… D’un claquement de doigts, ses confrères se jettent aussitôt sur l’humaine, la vidant de son sang alors que Cesar s’éloigne tranquillement, un fin sourire animant ses lèvres. Les cris de l’esclave retentissent dans le palais, des hurlements inquiétants et significatifs… Puis, soudainement, le tout s’arrête.
[***]
« Shae... », souffle Cesar mêlé à un soupir exaspéré, se pinçant les sinus tout en se fermant les yeux. Toutes les fois... Toutes les maudites fois qu’il évoque le mot « humains » sa sœur devient... Quelqu’un d’autre!... En même temps, Shae n’a rien de similaire à ses sœurs. Elle a toujours été différente. Elle a toujours eu un petit quelque chose qui se démarquait aux yeux de Cesar... Et elle a toujours été celle qu’il adorait un peu plus que ses autres cadettes et la jalousie n’est pas du tout inconnue sous le toit de la famille Bridgestone.
« Pourquoi es-tu entêtée à... Vouloir en savoir plus sur ces créatures qui ne sont qu’inférieurs à nous?! Parce que c’est exactement ce qu’ils sont, Shae : inférieurs. », elle avoue qu’elle a de la compassion pour ces humains... Aveu qui provoque chez l’aîné des Bridgestone une montée de rage. Rage qu’il contient malgré lui en plaquant son regard sur sa sœur. Il se lève de la chaise sur laquelle il était négligemment assis et traverse ainsi la courte distance qui le séparait de celle qu’il appelle avec affection sa « poupée suédoise ». Il entremêle ses doigts dans les cheveux soyeux de sa sœur, allant jusqu’à glisser une mèche rebelle de ces cheveux derrière son oreille. Il laisse planer un long silence avant de hausser les épaules et de lui tourner le dos tout en s’avançant vers la sortie de la pièce qu’ils partageaient depuis maintenant plusieurs minutes déjà. Avant de traverser l’entrebâillement de la porte, Cesar tourne légèrement la tête, regardant sa sœur du coin de l’œil avant de prononcer
« Je t’aime Shae... Mais jamais est-ce que je ne pourrais comprendre cette fascination que tu portes à ces énergumènes. ».
Les humains… Il ne fait que penser à ces choses de bas niveau il devient automatiquement amer. Il ne comprend pas pourquoi certains vampires se tuent à les défendre, il ne comprend pas pourquoi certains vampires sont prêts à mourir pour eux… Et, surtout, il ne comprend pas pourquoi sa sœur ressent le besoin de justifier, ou plutôt de rendre légitime leur existence au yeux de Cesar. Ces humains (qui ne sont bons que dans leur rôle d’esclave) n’attirent pas la pitié de l’un des Roi vampires… Il n’a aucune compassion envers ces créatures imparfaites. Il n’a aucune empathie. Aucune tolérance… Que ce soit envers les humains ou que ce soit envers les vampires qui les mettent sur un vil piédestal.
[***]
« Votre Majesté… Nous avons un problème.. », à peine avait-il frôlé ses dents sur le cou découvert de son esclave que Cesar lève les yeux vers l’un de ses conseillers. Fronçant légèrement les sourcils, visiblement agacé, il murmure
« Ça ne peut pas attendre? », souffle qui frôle la peau de l’esclave, causant à cette même envelope charnelle de se soulever en un frisson. Le conseiller lui dit que cela ne peut pas attendre, qu’il doit absolument se rendre à la Grande Salle. Cesar fixe ce même conseiller, serrant les mâchoires, partagé entre l’envie de l’envoyer balader et de le suivre. Bien que la première option est plutôt tentante, Cesar repousse son esclave avant de se lever de sa chaise, un sourire quelque peu narquois accroché à ses lèvres, attachant les boutons de sa chemise noire.
« C’est mieux d’être incroyablement important », avise-t-il avant de le contourner et de sortir de son bureau.
Resserrant sa cravate rouge autour de son cou, Cesar descend les escaliers lentement avant de se trouver dans la Grande Salle. Une fois arrivé, son regard s’accroche sur un vampire accompagné de deux gardes du corps, l’un de chaque côté de son corps frêle. L’air livide (plus qu’à l’habitude) ne tarde à s’accentuer à la vue de Cesar qui, un sourire aux lèvres, s’avance vers lui.
« Mathys… Vous ne pouvez imaginer la joie qui me possède en ce moment en vous voyant ici… », prononce-t-il, sa voix musicale emplissant la Grande Salle.
« Je vois que vous avez fait la connaissance des gardes du corps… », fait-il, désignant les deux vampires aux côtés du Mathys en question. Ce dernier glousse, visiblement craintif alors que Cesar, de son côté, ne montre aucun signe d’hostilité, mais plutôt une courtoisie qui parle pour elle-même.
« On te cherchais, j’imagine que tu le sais. », il s’immobilise devant le vampire, glissant ses deux mains dans ses poches.
« C’est vilain de jouer à cachecache contre l’autorité, Mathys. Très vilain. Et, j’imagine, que tu sais ce qui arrive à ceux qui se font trouver, n’est-ce pas? », Mathys hoche négativement la tête, pétrifié.
« Je te croyais plus perspicace que cela. Soit, j’ai le malheur de t’informer, cher confrère, que les choses ne s’annoncent pas très positives de ton côté… », Cesar hausse nonchalamment les épaules
« En même temps, histoires de complots.. En plus de sauver une vile humaine, une esclave qui plus est, du destin qui l’attendait… Et prendre la poudre d’escampette par après… Mathys, c’est très regrettable… » « Votre Majesté, je.. » « La ferme… » siffle Cesar entre ses dents serrées, sa courtoisie se faisant remplacer par un air incroyablement grave, fusillant sa victime du regard. Il jette un regard furtif aux spectateurs, ses frères et sœurs excluant Shae. S’il pouvait ressentir la moindre empathie, il aurait épargné ce vampire… D’autant plus qu’il est persuadé que Shae le maudit de tous les noms possibles et imaginables en ce moment… Et entre vous et moi, il ne peut s’empêcher de voir dans ses yeux le regard supplicier de Shae… Vision qu’il balaie de sa conscience en tournant les yeux vers son conseiller qui s’approche, tenant précieusement une boite en bois aux contours dorés.
« Votre Majesté, devrions-nous appeler votre sœur, Shae? », murmure ce même conseillé à l’oreille du Roi. Ce dernier, silencieux, hoche négativement la tête. Il prend la boîte et la dépose sur la table derrière lui. Il l’ouvre soigneusement et en sort un pieu en bois aux perles d’argent. Le manche, rétractable, allongé, plusieurs pierres précieuses y sont accrochées, le rendant d’autant plus majestueux et scintillant.
« Suite à ton départ, nous avons longtemps discuté avec le conseil de ton destin… Les avis étaient partagés, crois-moi. Mais il n’y a qu’une chose qui pourrait remédier à tes actes… » « Pitié, votre Grâce… », ennuyé, Cesar pousse un profond soupir en roulant les yeux d’exaspération. Dans un élan de violence pure, il enfonce le pieu à travers le corps du condamné, le faisant éclater en morceaux à travers la Grande Salle.
« Je hais particulièrement lorsqu’ils tentent de se justifier en jouant la carte de la pitié… », dit-il à l’un de ses cadets qui acquiesce aux paroles de son frère. D’un silence presque muet, l’un de ses cadets pointe la chemise de Cesar, indiquant clairement qu’une partie du condamné se trouve sur sa chemise.
« Putain.. Pas moyen de faire ça proprement… En plus avec l’expérience… On dirait qu’ils s’éparpillent de plus en plus.. », moment d’agacement, mêlé à de la légèreté, Cesar ne ressent le moindre remords, mais plutôt une exaltation sans pareille. Dommage que ce ne soit pas un humain…