« Soraya ! Tu vas arrêter ?! » ordonnait Caleb d'une voix autoritaire, les mains sur les hanches, le regard dur et l'envie d'étriper sa sœur. Quant à cette dernière, elle releva la tête pour observer son frère, une légère moue au visage. Le corps entièrement ensevelit sous une tonne de feuilles mortes, on ne pouvait apercevoir que la tête de la jeune fille au-dessus. Elle s'amusait à plonger dans les feuilles pour ensuite les ramasser et les remettre en place. Un jeu qui amusait la petite et qui s'en donnait à cœur joie, n'écoutant pas les enseignements de son frère qui ne voulait pas lâcher l'affaire. Ni une, ni deux, Caleb se dirigeait d'un pas décidé en direction de sa sœur. « Soraya, sors de là ! Tu me fais perdre mon temps ! » finissait-il par décréter, fatigué par l'attitude de sa jeune sœur. Caleb était le frère exemplaire qui réussissait tout comme il devait de l'être avec le bon comportement. Quant à Soraya, elle réussissait aussi ce qu'elle entreprenait, mais pas de la même façon que son aîné. Il était dans les rangs, elle était en dehors des lignes. Sa façon de procéder pour réussir, dérivait toujours des valeurs et des principes familiaux. Au lieu d'aller tout droit comme tout le monde, elle prenait la sortie de gauche. Elle ne faisait jamais comme son frère, ce qui agaçait parfois ses parents. Ils se posaient même la question de savoir s'ils n'avaient pas loupé quelque chose dans leur éducation. La différence entre Caleb et Soraya, c'est que cette dernière ne savait pas faire semblant. Caleb pouvait devenir le pire hypocrite de la Terre tellement il était simple pour lui de mentir, de jouer un rôle. Certes, Caleb était le plus sérieux, le plus posé, le plus calme des deux, mais il cachait cette fougue et cette force derrière un masque de complaisance. Il était doué, mais pas seulement pour le mensonge, mais pour les armes. D'ailleurs, il tentait depuis tout à l'heure de lui apprendre à manier une arme à feu, mais au lieu de cela, il perdait son temps à la réprimander. Caleb avait vingt ans, sa sœur dix ans. Une différence d'âge qu'on ne voit pas souvent entre frère et sœur. Il voulait qu'elle sache se défendre.

« Caleb ! Laisse ta sœur jouer... cesse de vouloir la pervertir avec toutes ces armes atroces mon chéri ! Ce n'est pas parce que tu souhaites devenir Marshal que ta sœur dois le devenir. Laisse-la avec ses poupées, elle deviendra journaliste comme sa maman, hein ma fille ? » répondait sa mère à son fils avant d'adresser une mignonne grimace en direction de sa fille chérie qui tentait de refaire la même expression que sa mère, riant d'un rire cristallin en faisant virevolter les feuilles. Elle se leva alors du tas de feuilles pour déclarer. « Non ! Moi, je serais une super-héroïne, poursuivant les mézants ! » On pouvait dire qu'elle avait un léger cheveux sur la langue que sa mère tentait d'éradiquer avec une certaine difficulté. « Rêves enfantins ma chérie et cesse de zozoter comme ça, c'est énervant ! » finissait-elle par dire mécontente, avant de remettre ses lunettes de soleil sur son nez, profitant du soleil qui se faisait rare ces jours-ci. Vexée par la réponse de sa mère, Soraya sortie de son tas de feuilles pour rejoindre son frère. « Apprends-moi à tirer comme toi. » demandait-elle d'une voix fluette. Sourire aux lèvres, il pris la main de sa sœur pour l'emmener au fond du jardin. Son frère débutait un stage pour pouvoir ensuite entrer dans la section policière. Il profitait donc de ses instants avec sa sœur pour lui faire part de son savoir, comme il a l'habitude de le faire.
Quelques instants après, Soraya observait son frère tirer sur des canettes de soda. Le son bruyant tel un monstre qui rugissait forçait Soraya à se plaquer les mains sur les oreilles, pour atténuer le bruit. Les yeux plissés, elle tentait de les garder ouvert pour enregistrer ce que son frère faisait. Mais elle était impressionnée. L'arme que tenait son frère lui faisait peur. Plus encore, le bruit et les dégâts que provoquait l'arme faisait frisonner la petite. Elle n'aimait pas les jouets de son grand frère. Elle lui disait « oui », pour lui faire plaisir et non par réel envie. Elle voulait être comme lui, il était son modèle.

Soudainement, plus un seul coup de feu. Soraya avait toujours les mains sur les oreilles, les yeux fermés, les lèvres pincées. Elle n'avait presque rien vu des tirs de son frère. Ce dernier, accroupi devant elle, lui relevait le menton du bout de son index. « De quoi as-tu peur ? » demandait-il d'une voix douce, rassurante. La petite brune levait ses paupières lentement, pour déposer son regard dans celui de Caleb. Elle avait envie de pleurer, le peu de larmes embrumant déjà ses yeux noisettes. Elle n'aimait pas les armes à feu et cela était compréhensible. La peur... trop faible pour décrire ce qu'elle ressentait. Soraya était complètement terrorisée par ces engins depuis qu'elle avait vu son oncle se faire tuer sous ses yeux à l'épicerie du coin.






Tu avais sept ans au moment des faits. Tout deux devant un rayon, tu tenais dans tes mains une bouteille de lait, suivant de près ton oncle Robert que tu aimais tant. Il était flic, il faisait régner la loi et capturait les criminels. C'est de là ton envie de devenir une héroïne car, tu voyais en lui le superman, mieux que Clark Kent ! Ainsi donc, tu discutais avec lui en marchant dans les rayons. Il aimait bien t'appeler Cléopâtre ou Princesse, suite à ta naissance qui s'est déroulée au Caire, en Égypte. Loin, très loin des terres américaines, ton père en étant originaire. A cette époque, tu voulais devenir journaliste, comme ta maman. Mais ça, c'était avant le drame, n'est-ce pas ? La sonnerie de l'épicerie retentit, signe qu'un client rentrait. Il passa devant ton rayon. Tu l'as regardé. Tu lui as même souri comme à ton habitude. Trois secondes à peine ? Il a suffit de trois secondes pour qu'il passe furtivement, mais assez pour que tu enregistres chacun des traits de son visage. Un visage que tu n'as jamais oublié et que tu n'oublieras jamais. Tu entends au loin une voix s'élever, menaçante. « Tonton ? Y'a un monsieur qui cri sur quelqu'un. » faisais-tu remarquer avec toute l'innocence et la candeur qui te caractérisaient si bien à cette époque. Alerte, sur ses gardes, ton oncle avait le visage dur, il regardait au loin, bien au-delà de ce que tu pouvais voir. Il sortie son arme, étincelante sous la lumière du jour. Tu admirais l'objet avant que ce dernier se déplace en même tant que Robert, disparaissant à l'angle d'un rayon, te faisant signe de ne faire aucun bruit. Curieuse et aventureuse, tu n'as pas obéi. Toi aussi, tu voulais jouer avec l'objet. T'avançant dans le rayon par ta petite taille, tu voyais tout en grand. L'homme criait toujours, mais tu n'avais pas peur, la voix soudaine de ton oncle te rassurait. Premier coup de feu. Aussi rageur qu'un dragon en colère. Tu te figes. Des cris se soulèvent. Tu reprends ta route, tenant encore plus près de toi la bouteille de lait, craintive. Deuxième coup de feu. Tu vois des gens courir devant toi, la voix de Robert criait. Cette fois-ci, tu cours, angoissée par ce que tu entends, mais ne vois pas.
Soudainement, tu t'arrêtes. Pourquoi ? Ton oncle est allongé au sol, tendant son bras vers l'homme a qui tu avais souri quelques instants plus tôt. Cet individu qui porte une capuche, tu ne vois que le bas de son visage. Tu le fixes, tétanisée par la marée de sang qui se forme autour de ton oncle. L'individu tient dans ses mains deux armes, dont l'une était celle du flic, ce héros. Tu entends Robert articuler des mots que tu ne captes pas, que tu n'arrives pas à analyser tellement tu es absorbée par l'horreur de la scène. Vilaine petite fille qui n'a pas écouté son tonton... Le bras de l'individu se lève, pointant l'arme en direction de Robert... Tu ouvres grands tes yeux paniqués en criant « NON », mais le coup partie une seconde après. La bouteille de lait se fracasse sur le carrelage en même tant que l'individu fait demi-tour... Il marche en direction de la sortie, comme si de rien n'était. Lourde sa tête qui retombe au sol et lourd ton cœur devient-il soudainement. Une balle en pleine tête. Superman a été vaincu, ce héros... et toi, tu n'es plus...


« Soraya ? Tu m'entends ? » La voix de son frère vient lui percutait l'esprit de plein fouet, comme un lance-pierre. Le regard dans le vide, Soraya remuait négativement la tête. Elle voulait partir, mais elle fût retenu par son frère. « C'est Robert... c'est ça ? » La jeune fille éclata alors en sanglot, se jetant dans les bras de Caleb. « Je n'aime pas les armes qui crache du feu comme les dragons... » chuchotait-elle péniblement. Son regard fixait les canettes de bière parsemées sur l'herbe du jardin, certaines encore fumantes par la balle qu'elles avaient reçu. Après un long silence, plongée dans les méandres de son esprit, elle daignait enfin parler, toujours dans les bras de son frère. « Je préfère les lames... elles ne font pas de bruit quand elles tuent... » Finissait-elle dans un murmure inquiétant. Elle se redressait, fixant son frère droit dans les yeux, glaciale. Soraya n'était plus la petite fille chérie de sa maman. Elle avait disparu, elle était une autre maintenant. Elle déposa un baiser sur la joue de son frère avant de tourner les talons pour rentrer dans la maison. Elle n'avait plus envie de jouer, de s'amuser. Elle voulait être seule, dans sa chambre.

Ta respiration est calme. Tu es concentrée. Le regard fixe, tu ne bouges pas d'un millimètre. Aucun bruit autour de toi, ni même le souffle du vent. Seul ton cœur et ta respiration, tu entendais. La chaleur t'écrases, mais tu restes stoïque, il le faut. Ta gorge est sèche, ta bouche est pâteuse, tes lèvres commencent à se dessécher, ta peau te brûle quelque peu. Mets-toi à l'ombre bon sang ! Mais non, tu continue à ne pas bouger d'un cil. Tu es aux aguets. Tu n'as pas peur, tu es concentrée et tu attends qu'il vienne à toi. Tu n'es pas la proie, mais la prédatrice. Et tu aimes cette position de force, tu es prête à attaquer, à te battre. Rien que d'imaginer ta proie se précipiter dans ton piège, cela t'amuses. Tu sais ce que tu dois faire. Soudainement, le vibreur de ton portable t'alerte d'un appel. Tu décroches sans même regarder le numéro, ton regard toujours fixé sur le carrefour désert. Postée en haut d'un immeuble délabré, tu observes par un trou ce qui se passe plus bas. Pas un chat, pas un chien. Le lieu était prévu pour attirer la proie. Un endroit dépourvu d'âme humaine, une ville fantôme. Idéal pour passer à l'action sans que personne ne soit témoin de tes agissements. Tu refermes le clapet du portable, prête à agir. On t'annonce que la cible approche, qu'elle se dirige tout droit dans ta zone de tir. Tu entends soudainement une voiture. Un 4x4 noir s'arrête devant un vieux bar, moteur toujours en route. Soudainement, tu vois un homme sortir de l'immeuble où tu es perchée. Il était donc là le rat ! Tu le vois qui s'approche de la voiture. Il observe tout autour de lui, craintif. Il est pressé de sauter dans la voiture, mais tu es là pour l'en empêcher. Tu attends le bon moment, puis, tu attaques. Tu actionnes le haut parleur, appuies sur le bouton du magnétophone qui diffuse un vacarme assourdissant. La bande contient le son d'une détonation qui passe en boucle. La cible entend les tirs, mais aucune arme à feu est pourtant présente. La proie perds ses repères, tu interviens. La voiture noire est partie sur les chapeaux de roues, abandonnant le colis. Tu te lèves et sors de ta cachette. D'un seul mouvement, tu pointes ton arme sur la proie. Arbalète en main, tu tires une flèche qui se plante dans la cuisse de l'individu. Pas assez pour le neutraliser. L'air grave, tu en retires une autre. Elle lui frôle le bras, le faisant saigner. Tu te mords la lèvre inférieur, il se met à courir pour s'enfuir. Tu dois le rattraper. Tu alertes ton coéquipier. La chasse a commencé...


« MIKE ! » Le signal été lancé tout comme Soraya. Descendant en quatrième vitesse les escaliers en fer de l'immeuble délabré, elle atteint le sol après une minute. Elle voit au loin la cible s'enfuir. Il court, mais il est ralentit par la flèche que la brune a planté dans sa cuisse. Lui courant après, arc en main, elle pouvait voir des gouttes de sang sur le bitume. Il devait sûrement saigner. Elle espérait ne pas avoir touché une artère car, il fallait que la cible soit livrée vivante et du moins, dans un bon état. Elle n'était pas médecin, ni infirmière. Si une complication se profilait, elle ne serait pas présente pour lui sauver la vie. Le son du moteur d'une voiture se rapprochait dangereusement d'elle. Mais la voix grave de l'homme la rassurait. Ce n'était que Mike, son coéquipier de « chasse ». « Monte dans la voiture, dépêche-toi ! » Sans attendre une seule recommandation de sa part, elle grimpa à l'arrière de la voiture, se mettant sur la plate-forme. Démarrant en trombe, ils partèrent à la poursuite de leur cible. Ils avaient une mission a remplir et ils allaient l’exécuter coûte que coûte ! Soraya se tenait fermement à une barre de fer fixée à la voiture. Elle fixait la cible qui se rapprochait de plus en plus. Il n'allait pas s'en sortir. Un sourire de satisfaction venait s'étirer sur ses lèvres pulpeuses, déjà ravis à l'idée de le capturer. La victoire était proche. Mais au moment où ils étaient sûrs de le prendre, il vira de bord pour se précipiter dans une ruelle. Une ruelle qui débouchait sur d'autres ruelles et ainsi de suite. Un véritable labyrinthe dans cette ville fantôme. Mike freinait brusquement, laissant les traces de pneus sur le bitume, Soraya se cognait l'épaule contre la vitre arrière. « Tu conduis vraiment comme une merde ! » râlait-elle à son égard avant de descendre du 4x4. Elle ne pris pas la peine de discuter avec Mike, coursant le fugitif. Elle ne perdait pas de vue ses objectifs. « Va de l'autre côté des immeubles, il va sûrement sortir par là ! » criait-elle au loin en courant. Cette fois-ci, elle était seule. Personne avec elle. D'habitude, elle travaillait en solo. Mais étant donné que l'affaire sur laquelle on l'a mise était assez risquée, elle a prévu de se prendre un coéquipier, un homme de confiance avec qui elle avait déjà fait équipe. Mike Stefano, un grand blond, roublard et rusé comme un renard. Parfois brusque et assez maladroit, mais un excellent stratège. Soraya l'aimait bien, il était l'un des rares à ne pas la sous-estimer. En effet, une femme était rare dans ce milieu, surtout si elle était compétente. Ce qui l'emmenait à enchaîner les contrats tout comme elle enchaînait les ennemis. Plus elle avait du succès, plus elle devenait dérangeante pour les équipes adverses. Qu'importe ! Au contraire, elle aimait bien savoir que certains enrageaient derrière son dos quand elle remplissait une mission.


Soraya continuait à courir, suivant les traces de sang, seul repère qu'elle avait en main pour l'instant. Il avait pris un wagon d'avance, mais étant blessé, il n'allait pas continuer aussi bien. Soraya allait le rattraper. Cependant, plus elle avançait, plus les traces se faisaient discrètes. Elle cessa donc de courir, reprenant son souffle au passage, le regard dur en observant le bitume. L'air soucieux, elle tentait de pénétrer dans l'esprit de l'individu, de réfléchir comme lui, de prévoir ses faits et gestes. Se mettre à sa place, là était la clef de sa réussite. Elle tentait de deviner par où il avait pu passer. Les traces de sang n'étaient plus. La jeune femme se mit à râler de nouveau. « Shit ! » grommelait-elle entre ses dents. Elle repris son souffle, réfléchissant, mais vite. Elle devait faire vite car, plus elle restait statique, plus l'individu prenait de l'avance. Elle pensait seule, à elle-même. *Il n'y a plus de sang... il a dû se faire un garrot, il a dû avoir le temps de stopper les saignements ! Et merde !* Elle faisait de nouveau les cents pas, doigts sur ses tympans, le cerveau en éruption. « Il a enlevé la flèche ! Oui, c'est ça ! Il a enlevé la flèche pour se faire le garrot, il n'y a pas d'autres solutions ! » s'exclamait-elle toute seule dans la ruelle. Elle repris donc sa course, retrouvant l'espoir de le capturer. S'il avait enlevé la flèche, il l'avait sûrement laissé au sol. Pourquoi s'encombrer de ça ?
Soudainement, elle retrouva sa flèche dans une ruelle, ruisselant du sang de la victime. Une marque de sang s'était formée, montrant bien que le pauvre s'était davantage abîmé en enlevant la flèche que de la garder ! Soraya se mit de nouveau à sourire. Elle était proche. Un sac poubelle tombait derrière elle, des bouteilles en verre jouant de la musique en s'entrechoquant. Faisant volte-face, l'individu sortait de sa cachette pour s'enfuir. Mais il était trop tard, il était à sa portée. Arbalète en main, œil fermé et fixé droit sur la cible, elle tira. Et tout droit dans la fesse gauche ! Le cri de douleur, puis les grommellement l'a fit rire. « T'as perdu vieille branche ! Cesse de courir ! » lançait-elle sûre d'elle, presque vaniteuse. Mais apparemment, l'homme était soit bouché, soit con, car, il continuait à avancer maladroitement dans la ruelle pour partir. Soraya levait les yeux au ciel, exaspérée. « Ton instinct de survie est précoce dis donc... » Elle se moquait de lui avec aisance. Tout en avançant tranquillement en direction de sa cible telle une prédatrice sûre d'attraper sa proie, elle pris son portable pour passer un coup de fil à Mike. « Échec et mat ! Ramène tes fesses à la quatrième avenue, bâtiment six, près du magasin de vêtements. » finissait-elle, petit sourire taquin aux lèvres.


L'homme blessé menait tranquillement Soraya à la sortie d'une ruelle. La chaleur était toujours aussi écrasante et la proie dans un état pitoyable. La voiture de son coéquipier était déjà sur place, il s'approchait du malheureux. Le prenant par le bras, il se fit soudainement agressé par la cible, ce dernier gardant des forces. Soraya se précipita sur lui pour l'arracher à Mike. Le tenant par l'arrière du col, elle le plaqua sèchement sur la carrosserie de la voiture. « Tu bouges encore un pouce et je te descends ! » Menaçait-elle entre ses dents, revolver 9mn en métal argenté et crosse en ivoire en main. Mike ouvrit des yeux surpris, mais ne disait rien. Il n'était pas commun de voir Soraya avec un revolver et pour cause ! Il ne l'avait tout simplement jamais vu manier une arme à feu. Il pris donc grand soin de bien saucissonner le prisonnier, de le bâillonner et de l'enfermer pour le balancer sur la plate-forme arrière. Les deux protagonistes prirent le temps alors de se reposer et de prendre leur temps. Après tout, ils le méritaient bien. Soraya s'asseyait donc sur le capot de la voiture, observant l'arme qu'elle avait en main, le tenant du bout des doigts. Elle était plongée dans ses pensées, mais Mike avait le chic pour l'en extirper. « Depuis quand tu as un flingue ? » demandait-il sans cacher la surprise qui peignait sa voix. Elle souriait furtivement, quelque peu contrariée. « Ça fait longtemps que je l'ai en ma possession. Mais c'est une longue histoire ! » finissait-elle dans un rire, le regard peiné. « Ça ne va pas ? » Mike était attentionné et soucieux envers Soraya depuis qu'il l'a connaissait. Certes, son caractère explosif fatiguait souvent Mike, mais au moins, il l'appréciait telle qu'elle était. Alors, quand il ne la voyait pas énervée, ni râler, il s’inquiétait. Pas normal selon lui. « Je suis ton pote, tu peux tout me dire! » Il tentait de détendre l'atmosphère, ce qui marchait, en apparence. « Ce n'est que factice, un moyen de pression... Il n'est même pas chargé, c'est juste histoire de donner l'illusion... » Elle remit l'arme dans son fourreau, le camouflant sous sa veste. « On est plus menaçant avec un flingue qu'avec une arc. » lançait-elle amusée, se moquant légèrement d'elle-même. « T'es pas commune comme nana toi, j'aime bien. » Il marqua une pause. « Tu ne tires jamais une seule balle et pourtant tu es l'une des meilleures chasseuses de primes de l’État ! Pour une simple archer, t'es douée! » Il riait de bon cœur, lui donnant une tape dans le dos. « Et t'es sacrément sexy en plus pour une garçon manqué !» Il faisait son intéressant, caricaturant les dragueurs de première zone, faisant l'idiot. Soraya se mit à rire, trouvant la scène hilarante. « Je ne suis pas un garçon manqué, tu le sais déjà, arrête avec ça ! » râlait-elle, légèrement contrariée. Elle n'aimait pas être prise pour un garçon manqué car, outre exercer un métier d'action plus prisé par les hommes que par les femmes, elle restait féminine et n'avait aucune manière masculine. Hormis quand elle se battait, mais c'était normal. Elle était une femme, une vraie. Certes, quelques manies par-ci, par-là, mais c'est tout. Il fallait donc éviter de la prendre pour un garçon manqué si on ne voulait pas l'entendre râler durant des heures. Il s'éloignait donc d'elle pour aller se dégourdir les jambes, laissant seule Soraya avec ses pensées.


Tu es chasseuse de primes. Drôle de métier quand même ! Mais... comment es-tu arrivée là ? Tu le sais, mais le monde n'est pas au courant. Tu t'en moques, cependant. Tu aimes ce que tu fais, ce que tu es. Tu es libre et c'est l'essentiel. Libre de tout mouvement. Cela fait deux ans que tu vis à Phœnix, dans un appartement simple à quelques pâtés de maison de Caleb, ton frère. Tu as réussi à le rejoindre dans cette splendide ville pour devenir une super-héroïne ! Et c'est ce que tu as fait. Du moins, tu as tenté. Quelques semaines après ton arrivée, tu as décidé de passer le concours d'entrée dans la police. Tu voulais réaliser ton rêve. Tu passes les deux étapes de sélection avec facilité, ayant les connaissances et les capacités physiques nécessaires. Tout va bien pour toi. On t'accepte en tant que stagiaire avec d'autres personnes. Tu n'es encore qu'une candidate. Il faut faire tes preuves. Entre temps, tu apprends à vivre à la sauce américaine. Tu n'as pas l'habitude, les gens te paraissent si...américains ? Pourtant, tu devrais avoir l'habitude, ton père n'est-il pas américain ? Si, mais tu dis assez souvent qu'il ressemble plus à un dandy anglais qu'à un cow-boy. Ton oncle était ce fameux cow-boy. C'est d'ailleurs de lui que te proviens l'arme à feu. Cette arme qu'il avait dans les mains au moment des faits. L'objet scintillant qui t'avait tant fasciné. Tu l'as maintenant dans ton fourreau. Tu t'es permise de la garder, en douce. Plus par sentimentalité que par réel envie de voler. Cependant, c'était déjà les prémices d'une forme de cleptomanie...

Un jour, tu reçois une lettre de la part du département de la justice. Ce sont les résultats de trois mois de stage, pour, peut-être, être admise à la fin. Tu trépignes d'impatience. Ton frère est à tes côtés en compagnie de Michel et de Suzie, son perroquet. Tu n'es pas du genre à avoir des amis. Tu ouvres l'enveloppe. Tout espoir disparaît de ton visage, ton sourire s’efface lentement de tes lèvres. Tu es refusée. La bouteille de champagne attendra, tu pars au département pour de plus amples explications. Tu laisses tes invités en plan. Arrivée sur place, on te reçoit dans le bureau du patron. Tu constates que vous n'êtes pas seuls, une psychologue est présente. Tu te méfies. De toute façon, les psys et autres psychiatres n'ont jamais été ta tasse de thé. Tu ne les aimes pas, les ayant trop fréquentés suite à la mort de ton oncle. Tu la regardes donc d'un œil mauvais. Tu restes debout au lieu de t'asseoir. Et plus les deux guignols parlent, plus la colère monte. Tu te sens comme une merde, sonnée par leurs paroles biscornues. Tu laisses éclater ton courroux. Tes paroles assassines les percutent de plein fouet. Tu leur balances ta façon de penser, ton opposition à la décision et tu les emmerdes profondément ! Tu ne changeras donc jamais...

Dehors, tu tentes de reprendre tes esprits. Tu as retenu peu de choses, mais l'essentiel. Tu n'as jamais tiré et ta peur des armes à feu ne t'as pas aidé. Mais il était possible d'y remédier. Non... on t'a refusé pour ton caractère bien loin des schémas conformes. Tu es individualiste, personnelle, n'ayant pas l'esprit d'équipe et trop tête brûlée ! On te reproche ce qui est vraiment toi. Sans oublier de souligner ton penchant pour le vol. En trois mois, on t'a refait le portrait ! Une fêlure s'est créée en toi... ces salopards t'ont rendu plus barge que tu ne l'étais auparavant, renforçant ainsi ta pyromanie actuelle... toi qui aimes cramer des allumettes. Mais tu n'es et ne seras jamais la super-héroïne. Tu prends en maturité, balance aux oubliettes ce costume héroïque. Tu ne veux plus sauver les gens. A partir de maintenant, tu fonces et tu dérailles...

Et voici comment tu es devenue chasseuse de primes ! Tu traques tes proies. Tu ne reçois aucun ordre. Tu gagnes mieux ta vie et qu'importe la cible, tu la remets à ton client pour une belle somme d'argent, qu'elle soit innocente ou non. Tes propres intérêts avant tout... Ta liberté coûte que coûte...




Tu descends de la voiture, prête à reprendre la route quand tu entends une autre voiture venir au loin. Tu t'arrêtes, tu fixes l'horizon. La voiture se rapproche. Mike devient nerveux et te demande de monter dans la voiture. Mais tu l'arrêtes dans sa lancée. Tu sais ce qui va se passer. Tu connais la voiture. Tu connais surtout le conducteur. Debout, adossée à ta voiture, tu attends qu'ils arrivent à ta hauteur. Le moteur coupé, tu vois descendre ton frère, habillé en uniforme. Il était en service. Il s'approche de toi tandis que son coéquipier est sortie de la voiture, fusil à pompe en main, te fixant l'air soupçonneux. Comme si tu allais dégainer et tuer ton frère ! Vous entamez la discussion qui deviendra houleuse...


« Salut frangin ! » saluait-elle d'un sourire sincère, bras croisés sous sa poitrine, chevilles croisées aussi. Elle était fière de son frère. Il avait réussi sa vie. Il avait un job de rêve, celui dont il a toujours rêvé. Il existe plusieurs métiers différents dans le même secteur. Un Shérif n'a rien à voir avec un simple policier. Tout est question de grade. Caleb était Marshal. Il fait partie du USMS (United States Marshals Service) C'est une agence de police fédérale du département de la justice des États-Unis. Elle constitue le bras armé des cours de justice fédérale. Ses missions sont la protection des tribunaux fédéraux, le transport des prisonniers fédéraux, la protection des témoins menacés lors d'une procédure fédérale, la gestion des actifs saisis provenant d'activités illégales et la recherche et l'arrestation des fugitifs fédéraux. Bref, tout ce qu'il y avait de plus légale et de plus remarquable. Rien à voir avec les activités illégaux de sa jeune sœur...
« Tu viens prendre l'air ? » se moquait-elle légèrement de lui. Elle connaissait les raisons de sa présence. Tout deux étaient sur la même affaire, mais pas au service de la même personne. Soraya devait rendre des comptes à son client tandis que son frère devait le faire envers la justice. Il avait pour mission de retrouver l'individu et de le mettre sous protection en tant que témoin d'un meurtre. Quant à Soraya, elle ne savait en aucun cas ce qu'allait advenir l'homme dans la voiture. Elle ne pensait qu'à l'argent, qu'importe qu'il soit innocent ou coupable. Mike se tenait de l'autre côté de la voiture, avant-bras posés sur le capot, fixant le coéquipier de Caleb d'un regard dur. Le message était clair : « Fais un seul faux pas et j'te dégomme. » De vrais cow-boy... « C'est à toi que je poserais plutôt la question... Tu fais quoi ici ? » Caleb avait parlé. Sa voix grave et posée faisait de l'effet à la jeune femme. Son frère comptait énormément pour elle, elle se souciait de lui faire du mal, de la peine. Elle ne voulait pas voir la déception dans ses yeux. Mais son envie féroce de mener sa vie comme elle l'entendait prenait le dessus. Elle savait qu'en lui mentant, il allait la sermonner et lui rappeler l'importance de son métier. Que c'était capital, qu'il ne devait pas foutre l'affaire en l'air. Mais elle aussi, elle ne devait pas louper sa mission car, ce n'est pas qu'un simple sermon de son patron qu'elle recevrait à son arrivée, mais une paire de baffes suivi de coups ! Peut-être même la mort si son client était la pire des espèces. Et encore, cette jeune femme n'a pas peur de la mort... elle a simplement peur de la manière dont se déroulera cette dernière, dans quelles circonstances. « Ce que je fais là ? J'prends l'air ! » répondait-elle en toute innocence. Son cœur battait de plus en plus vite. Elle n'aimait pas lui mentir, mais elle le devait. « Dans une ville fantôme ? Soraya... cesse de me mentir... » Sa voix était douce. Il tentait de lui délier la langue, en vain. « Je ne te mens pas ! C'est une manie chez toi ça ! » « C'est aussi une manie chez toi de toujours mentir ? » Caleb commençait à perdre son calme, agacé par le comportement de sa sœur. La jeune femme lui adressait un regard noir, avant de détourner le regard. Elle boudait. Oui, vous avez très bien entendu, elle boudait devant son frère, n'aimant pas comment il se comportait avec elle.


On pouvait sentir la tension monter d'un cran quand la cible se mit à crier, le son légèrement étouffé par le bâillon. Soraya regardait toujours ailleurs, faisant comme si elle n'avait rien entendu. Le coéquipier de Caleb, alerte, bougea de sa position, avançant lentement vers le 4x4. Mike voulu s'interposer, mais Soraya, lui jetant un regard assassin, ne fit plus aucun mouvement. « T'as entendu ? » demandait le coéquipier à Caleb. Il souffla un « Certes... », fatigué. Sa sœur la désespérait, pourtant, il ne pouvait jamais s'empêcher de lui en vouloir. Il admirait sa sœur même si ses méthodes n'étaient pas très catholiques. Elle avait cette audace qu'il n'aurait sûrement jamais. « Soraya... » commençait-il sur le ton du grand frère rassurant et moralisateur, « Tu dois me laisser l'emmener... il est dans une enquête judiciaire en tant que témoin et c'est de mon devoir de le mettre sous protection rapprochée. Ce type est innocent. » La jeune femme faisait mine de ne pas comprendre ce qu'il lui disait. Cependant, cela ne servait à rien de continuer à nier, elle était démasquée. « J'aurai dû lui foutre mon poing dans la figure... » Façon très charmante de vouloir le faire taire. Elle poussa un soupir, blasée. De nouveau son regard plongé dans celui de son frère, elle repris la parole. « Je dois l'emmener Caleb... Je l'ai trouvé la première. » « On n'est plus en maternel Soraya ! » s'exclamait-il impatient. « Mais je sais très bien qu'on n'est plus en maternelle, qu'est-ce que tu m'chantes là ?! » s'énervait-elle, se décollant de la voiture pour faire face à son frère. « Je parle d'affaire, pas de récréation ! J'étais là avant toi ! C'est moi qui l'ai capturé, qui a trempé sa chemise pour l'avoir ! Il est à moi ! Business is business ! Okay ? » Elle était plus qu'insolente et énervée, mais elle n'avait pas tort. Dans un sens, les premiers arrivés sont les premiers servis...


C'est alors que tu vois Mike s'agiter. Il sort son arme, tu restes figée. Tout te paraît aller si lentement comme si tu étais en apesanteur, défiant les lois de la gravité. Tu tournes la tête et tu constates que le coéquipier de ton frère avait perdu son sang froid. Il se dirigeait tout droit sur toi, arme à la main. Ton cœur s'accélère quand tu te rends compte qu'il pointe son arme droit sur toi, te menaçant de livrer la victime. Tes yeux grands ouverts, tu sens la panique monter en toi. Cette sensation d'être vulnérable venait s'implanter en toi tel un serpent répandant son venin. Tu as peur... Cette peur enfantine te suivait toujours. Tu avais peur des armes à feu, du moins, tu n'aimais pas en avoir près de toi. Mais le plus difficile était qu'on te pointe d'une arme. Là, tu sais vraiment ce que signifie d'avoir la boule au ventre, la panique au cœur. Tu trouves la force de prévenir ton frère d'un simple « Caleb », angoissée. Il ne fallu qu'une seconde pour que ton frère comprenne. La peur qui habitait son regard, il ne la voyait que très rarement. Rien ne lui faisait peur, hormis un flingue qu'on pouvait pointer sur elle. Ni une, ni deux, tu vois ton frère se mettre devant toi pour te protéger. Il hurle à son collègue de baisser son arme. Mais ce dernier a le sang chaud, il ne la baisse pas. Tu vois ton frère se précipiter sur son coéquipier, lui arrachant des mains son fusil à pompe. Quant à toi, tu restes figée, fixant la scène qui se déroule sous tes yeux. Alors que ton frère lui assène le premier coup de poing, Mike tape du poing sur le capot de la voiture pour te faire réagir. Tu sursautes. « Viens vite, on se barre ! » Oui, on se barre... Tu montes dans la voiture et Mike démarre sur les chapeaux de roues, les pneus crissant sur le bitume. Alors que la voiture s'éloigne du lieu de l'altercation, tu passes ta tête par la vitre pour observer ce qui se passe derrière-toi. Tu t’inquiètes pour ton frère. Tu le laisses en plan... mais tu as toujours l'homme avec toi. Tu te remets donc dans la voiture, un léger sourire de satisfaction sur les lèvres. « On les a eu ! » se félicite Mike. Oui, on les a eu... Pourtant, à cet instant, ton cœur se pince...


« Soraya ! SORAYA ! » hurlait son frère en la voyant s'enfuir. Mais il était trop tard, la voiture étant déjà loin. Caleb s'en voulait. Il n'avait pas rempli sa mission, mais pire encore ! On avait oser menacer sa sœur d'une arme. Il se plaça au-dessus de son pote allongé, qui avait été bien amoché dans la bagarre. « Plus jamais tu ne pointes ton arme sur ma sœur ! C'est compris ? » s'énervait-il entre ses dents, menaçant, tenant par le col son coéquipier qui était au sol, nez en sang. « Mais... » « IL N'Y A PAS DE 'MAIS' ! » s'énervait-il de plus bel, lui décochant une droite. Il perdait totalement son sang froid quand sa sœur était en danger. « Elle a peur des armes à feu, putain de merde ! MERDE ! » Il se relevait, mains croisées derrière la tête, celle-ci dirigée vers le ciel. Il soufflait, marchait de droite à gauche, tentait de reprendre son calme. Soraya n'était plus en danger. Cette pensée le réconfortait. Il avait eu peur pour elle. Il se doutait bien que son coéquipier n'allait pas tirer. C'était seulement de voir sous ses yeux sa sœur paniquée, menacée par une arme. Il connaissait son passé, il savait tout d'elle. Il ne voulait pas qu'elle revive ce cauchemar. D'où cette perte de contrôle, inhabituelle chez Caleb. « Je suis désolé mec... » Son collègue se tenait péniblement sur ses deux jambes, appuyé contre la carrosserie. « T'es désolé, c'est ça, t'es désolé. » Il se foutait de lui, le méprisant du regard. « Monte dans la voiture, on dégage ! » Durant tout le long du trajet, Caleb ne lui avait adressé aucun regard, aucun mot, yeux rivés sur la route qui les menait tout droit au département de la justice.

Tu es seule en pleine forêt. Enfin, pas vraiment. Ton frère se trouve loin devant toi parce que tu le veux bien. Tu marches hors des sentiers battus où il est difficile d'accès. Tu es partie faire une promenade, explorer les environs à la recherche d'une quelconque trouvaille que tu peux rapporter au repère. Depuis quelque temps, toi et ton frère avez plusieurs refuges, histoire de se cacher si quelque chose devait arriver. Un peu près au quatre coins de l'île. Ton repère principale reste une grotte enfoncée dans les terres, recouverte de branches et de fougères. Après plusieurs expéditions et vous êtes assurés que vous étiez en sécurité, vous avez pris possession d'une vieille cabane en bois située dans un arbre. Ne se trouvait même pas le strict minimum. Quand tu es arrivée en haut, tu n'as trouvé qu'une chaise en bois, même pas de lit. Qu'importe, tu dors à même le sol. Assez énigmatique, tu trouves encore cet endroit bien étrange, mais très utile pour monter le guet. Rien de mieux que de prendre de la hauteur. Il y a aussi les ruines... les fameuses ruines d'un ancien château. Il y a tellement de cachettes et d'endroits inaccessibles si on ne se donne pas la peine de chercher, qu'il est quasiment impossible de s'y réfugier. Pourtant, il existe plusieurs galeries souterraines. Un trou un rat si on est en difficulté. Tu vois rarement des vampires passer par-là, ce qui t'as conforté dans ton opinion. Tu as fait des ruines une nouvelle planque en cas de problème.


Tu as donc quitté ta cabane en bois pour explorer les environs. Il fait pourtant nuit, tu devrais être prudente. Seule en pleine forêt, les risques existent... Tu as l'habitude de sortir la nuit comme en plein jour et tu sais où passer pour éviter de faire des rencontres fortuites. Ainsi, tu ne sors jamais sans ton arbalète que tu as amélioré depuis ton arrivée. Grâce à tes nombreuses escapades en ville, tu as récupéré des tas de bricoles – que tu volais, la plupart du temps -, pour perfectionner ton arme. Plus rapide à la détente, ton arbalète peut envoyer trois flèches en une seconde. Tu es fière de cette arme qui te permet de tuer des vampires. En effet, tu es au courant que ces créatures de la nuit existent. Tu te souviens du ce fameux jour. Celui où tu rencontres pour la première fois un vampire. Tu l'as vu, mais pas lui. Tu es dans un arbre avec une paire de jumelles que tu as récupéré sur la plage. Tu observes les environs, tentes de trouver une quelconque civilisation dans un trou perdu. Quand soudain, tu entends un crie. Le crie d'une femme apeurée. Tu es en alerte, les traits soucieux et inquiets. Tu pointes tes jumelles en direction du crie. Tu aperçois à plusieurs mètres cette femme courir. Tu te demandes si tu dois descendre de l'arbre, pour aller la chercher. Tu fixes attentivement la scène. Elle crie... Elle court... mais tu ne vois personne à ses trousses. Tu lèves un sourcil, perplexe. « Cette fille a perdu toute sa tête... » dis-tu dans un souffle las, ironique. Tu t'apprêtes donc à descendre. Tu poses à peine le pied sur une branche que les cries cessèrent. Tu reprends tes jumelles. Et là... tout ce que en quoi tu croyais n'existe plus. Tu as sous tes yeux l'objet de tout l'anéantissement de tes convictions. A cet instant, tu es pétrifiée et dégoûtée. Tu ne peux pas croire que cela existe ! Tu as dû manger des champignons hallucinogènes à midi, ce n'est pas possible ! Tu es comme suspendue dans le vide, le sol s'étant dérobé sous tes pieds. Tu prends en pleine face la triste réalité de la vie. Tu regardes de nouveau à travers les verres des jumelles... un homme est penché sur la femme ensanglantée. Tu as pu voir de loin ses longues canines se planter dans la chair tendre de la victime. Il a bu son sang... Tu ne voulais pas croire que des vampires puissent exister... Mais tu as su te faire une raison en renvoyant les mêmes scènes d'horreur au fil des nuits. Il était temps de grandir. Les monstres sous ton lit existent... Tu es donc devenue chasseuse de vampires avec ton frère. Traquer fait partie de ta vie. Tu n'as beau ne pas avoir de crocs, tu as les capacités de réussir.

Mais ne perds pas le nord. Concentres-toi sur ce que tu fais. Arbalète dans le dos, sac en coton en main, tu t'apprêtes à rentrer au repère. Tu n'es pas restée longtemps en forêt. C'est alors qu'un craquement de branche attire ton attention. Tu es en alertes... la chasse est ouverte...


La jeune femme, prudente, se dirigeait vers le bruit suspect à pas de loup. Si c'était un vampire, il était impossible de fuir sans se faire attraper, alors autant l'affronter. Cependant, Soraya trouvait cela bien étrange. Un vampire ne fait aucun bruit quand il s'apprête à manger sa proie. Un humain ? En forêt ? Au milieu de la nuit ? Elle ne pouvait croire qu'un humain puisse être aussi inconscient que cela ! Certes, elle est en ce moment même en train de se promener en forêt en plein milieu de la nuit, mais ce n'était pas la même chose. Oui, Soraya pensait qu'elle seule pouvait survivre comparé à un humain lambda. Trop d'assurance tue, même si elle n'a pas totalement tort... Elle s'approchait doucement en direction du bruit. Puis, un autre. La jeune femme se mettait aussitôt à couvert, plaqua son dos contre un tronc robuste. Des pas se firent entendre. Elle ferma les yeux un instant pour tenter de capter d'où ils pouvaient venir. Une démarche assurée... inégale... Soraya semblait de moins en moins croire à la théorie du vampire. Pour s'assurer que c'était bel et bien un humain, elle se releva prudemment, prenant en main son arbalète. Dos au tronc, elle dévia la tête légèrement sur le côté pour tenter d'apercevoir l'humain sans être vu. Elle se tenait comme un flic, en position de défense, aux aguets, hormis qu'elle avait une arbalète à la place d'un flingue. C'est alors qu'elle vit au loin un homme marcher d'une manière très singulière et assez maniérée. Elle levait légèrement un sourcil, perplexe. Elle se demandait bien ce que pouvait faire un individu au milieu de la forêt, en pleine nuit. Vers l'horizon, derrière l'homme, elle apercevait des lumières, un son sourd qui avait peine à parvenir jusqu'à ses oreilles. En tout cas, l'homme devait venir de là-bas et avait pas mal marcher pour arriver ici. Elle se remettait à nouveau accroupi, tout en avançant. Située en hauteur, Soraya avait une belle vue sur le sentier. Idéale pour voir sans être vue. Postée derrière un tronc d'arbre abattu, elle observait silencieusement l'inconnu. Grand, brun... il avait tout ce qu'il y a de plus humain. Mais elle se demandait ce qu'il pouvait bien faire ici. De plus, il n'avait pas l'air d'être un humain en train de fuir un vampire, apeuré. Ce qui faisait redoubler sa vigilance. De plus, son accoutrement lui paraissait bien irréel. Il ressemblait vraiment à s'y méprendre à un pirate du XVIIème siècle ! La jeune femme souriait légèrement, amusée et intriguée... avant de se dire qu'il était peut-être bel et bien un vampire. Quelle personne s'habillait ainsi de nos jours ? Personne ! Enfin, pas à sa connaissance en tout cas. Et son calme olympien la faisait douter. L'une après l'autre, Soraya passait ses jambes par dessus le tronc d'arbre, s'avançant rapidement pour se planquer derrière un buisson. L'homme n'a pas tourné la tête. La jeune femme allait en faire son quatre heure ! Arbalète en main, elle enleva le cran de sécurité, des dizaines de flèches prêtes à l'emploi. Elle retenait sa respiration. Tentait de ne pas faire trop battre son cœur, qu'il ne puisse pas l'entendre. Elle le fixait derrière les buissons telle une prédatrice guettant sa proie. Au moment où elle allait se relever pour tirer, elle entendit une voix s’élever au loin.


« Mon cher ami ! » Le deuxième homme avait parlé. Soraya assistait à la scène sans broncher. Il n'était pas très ingénieux de se faire remarquer. Elle resta donc tranquille en tant que simple spectatrice... pour une fois. « J'espérais bien te trouver ici. » disait-il d'une voix joviale pourtant emprunte d'une certaine hostilité. Le premier homme en question que Soraya appellera Popo, s'était retourné pour faire face à son interlocuteur. En observant de plus près, la jeune femme avait pu constater qu'ils étaient tout les deux habillés de noir et de cuir. Elle jeta rapidement un coup d’œil à sa tenue... qui était tout en noir et de cuir, avec du marron ! Elle s'amusait de la situation. « J'ai raté une soirée S&M ou quoi ?! Tous en cuir, c'est la vie ! Yeah ! » Elle se parlait toute seule, se foutant royalement des deux protagonistes sur le sentier. Le deuxième homme qu'elle appellera Dédé – désolée des surnoms ridicules, elle n'est pas là non plus pour faire connaissance -, avait l'air nerveux. Quant à Popo, il ne faisait que parler. Un vrai moulin à paroles ! Sans oublier qu'il avait une gestuelle... Comment dire ? Bien à lui ? Sûrement parce que Soraya n'avait jamais vu personne se dandiner de cette façon, hormis Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes. Question originalité, on repassera. Tandis qu'elle s'amusait à tailler tour à tour les deux hommes, elle tentait de capter leur conversation. « Oooh mais voyons ! Vous n'allez pas vous enrager pour si peu, n'est-ce pas ? Un p'tit verre d'alcool n'a jamais fait de mal à personne. » Popo avait parlé. C'était maintenant au tour de Dédé. « Un verre ? Tu veux dire la bouteille, oui ! Et de l'eau de vie...» Il n'avait pas l'air d'apprécier la plaisanterie de Popo, faîte plus tôt dans la soirée, sûrement. « Vous exagérez un peu là ! » Cette fois-ci, Dédé avait décidé de bouger de sa place, se dirigeant lentement vers Popo. On pouvait percevoir la colère sur ses traits. Soraya sentait qu'il y allait avoir une bagarre, vu l'attitude menaçante de Dédé. Et se rendait bien compte qu'elle s'était trompée sur Popo. Il avait tout d'un humain, bien mortel et qu'à ce moment-même, il était en difficulté. Elle avait failli l'empailler. « La poisse ! » soufflait-elle discrètement. « Vous exagérez un p'tit peu alors... » Le plus hostile continuait à avancer. « Même pas un petit peu ? Juste un mini-chouilla ? » Encore quelques pas. « Vous n'êtes vraiment pas marrant, va falloir vous décoincer mon vieux ! » lançait Popo d'une manière très théâtral. En fait, à chaque fois qu'il parlait, il ne pouvait s'empêcher de le faire avec des gestes très théâtral. Alors que Dédé était presque nez-à-nez avec Popo, ce dernier trouvait l'intelligence même de signer son arrêt de mort. « Vous saviez que j'avais un chat du nom de Mia ? Je dis bien un chat, parce qu'une chatte porterait à confusion, à moins que vous aimiez ça, mais vous deviez sûrement aimer ça, à moins que... ? » Il se tût un instant, faisant semblant de réfléchir. « Ah non, il s'appelait Félix ! Comme Feliz Navidad en espagnol. » finissait-il par conclure avec un large sourire charmeur et ironique qui faisait sourire Soraya. Pour être con, il était vraiment con ! Pourtant, il la faisait rire intérieurement.


C'est alors que Dédé prit Popo à la gorge ! Il fallait s'en douter quelque part. « Tu te moques de moi, insecte ?! » grommelait-il entre ses dents. Popo avait l'air d'hésiter un peu, avant de répondre. « Un p'tit peu . » Il le serra encore plus fortement à la gorge, l'obligeant à se mettre à genoux. Soraya le voyait presque suffoquer alors qu'il portait ses mains à son coup pour desserrer l'emprise du vampire. « Tu n'as que ce mot à la bouche ! Je vais te faire payer ton insolence saleté de chair à pâté ! » Soraya aurait très bien pu partir, mais non. Pourquoi tenter de le sauver lui plutôt qu'un autre ? Parce que ce soir, elle était d'humeur généreuse. Et puis, se faire un vampire avant d'aller dormir aller égailler sa nuit ! Dans un mouvement rapide, elle se releva, se dévoilant aux yeux de Popo. Car, oui, Dédé était dos à elle. « Feu ! » soufflait-elle, doigt sur la détente, regard fixé sur la cible. Trois flèches vinrent se planter dans le dos du vampire, toutes vers le cœur. Dans un élan de fureur, il balança le pauvre humain qui se cogna contre le tronc d'un arbre avant de s'écraser au sol. Il bougeait encore, s'étant mis en position assise, secoué. Mais elle ne devait pas s'attarder sur lui. Soraya sauta par dessus les buissons pour dévaler la pente jusqu'au sentier. Dédé n'était pas content, mais alors pas du tout. Alors qu'elle allait tirer une autre flèche, le vampire la plaqua au sol, l'arbalète glissant sur ce dernier. Penché sur elle, c'était la première fois que la jeune femme voyait les canines d'un vampire d'aussi près. « T'aimes ça, hein ? Gros pervers, prend ça ! » s'énervait-elle en lui mettant un bon coup de poignard dans les parties intimes. Même les vampires étaient sensibles à cet endroit. Déconcentré par cette attaque surprise – et sournoise -, le vampire gémissait, d'autant plus énervé. Soraya en profita pour le faire basculer sur le côté et se mettre à califourchon sur lui, pieu en main. « Dis bonne nuit ! » chantonnait-elle ironiquement avant de lui enfoncer de toutes ses forces le pieu en plein cœur, mâchoire serrée et la rage au ventre. Le vampire partie en poussière, entourant Soraya au passage.


Elle se relevait immédiatement, enlevant les restes de macchabée qu'elle avait sur son pantalon. « Ravissant ! » lançait-elle d'une voix emprunte d'ironie et de dégoût. Regardant une dernière fois le vampire qui n'était plus, gisant dans sa propre merde, Soraya repris son arbalète qui avait glissée plus loin. Le remettant sur son épaule, elle observait si elle n'était pas abîmée. La voix de Popo lui rappelait qu'elle n'était pas seule, même si elle comptait aller le voir, son attitude montrer tout le contraire. « Quel spectacle ! Beau travail ! Quelle explosion de chair et de sang, très appétissant ! » s'exclamait-il sur le ton de l'humour. Soraya ne daignait lui adresser un seul regard, le visage impassible. Elle reprenait donc son chemin en remontant la pente. Popo avait l'impression qu'on le laissait en plan. « Vous partez ? » demandait-il d'une voix surprise. « J'en sais rien, je réfléchis. » lançait-elle d'un ton détaché, récupérant son sac en coton et celui qu'elle avait en bandoulière. « Vous n'allez pas me laisser ici ? C'est vraiment très inhumain de votre part ! » Sérieusement, même si Soraya sentait qu'il employait beaucoup l'ironie et l'humour, cela ne cachait pas le fait qu'il était pire qu'une pie ! La jeune femme poussa un soupir d'exaspération avant de redescendre la pente, se dirigeant vers Popo. Debout à ses pieds, elle le regardait. Il avait l'air mal en point, du moins, assez pour qu'il grimace légèrement de douleur en bougeant. « Vous avez mal quelque part ? » Sa voix était calme. Elle tentait d'y mettre un peu plus de chaleur, mais à ses yeux, il n'était qu'un inconnu pour qui elle avait risqué sa vie. Elle n'en revenait pas elle-même. « Non, non. » Il tentait de se relever en même temps, mais avec peine. Il était légèrement courbaturé. Ce qui pouvait se comprendre après un tel choc. Il n'était pas non plus à l'agonie, mais Soraya avait l'étrange sensation qu'il en rajoutait une couche. « Bon... si tout va bien, je vous laisse. » Menant le geste à la parole, elle fit demi-tour, mais eut à peine le temps de faire trois pas que la voix de l'homme se fit entendre. « Non ! Restez... en effet, j'ai un peu mal... » Il se met à réfléchir. « Là ! » Soraya se retourna pour le regarder d'un air fatigué. « Où ça, là ? » Popo lui montrait donc ses épaules, plus précisément le dos. La belle brune restait quelques secondes au même endroit, se demandant ce qu'elle devait faire. Sans un mot, elle passa derrière l'individu pour s'assurer qu'il n'avait pas une écorce de planter entre les deux omoplates ou autres. « Un p'tit massage ne serait pas de refus. » Voici que rentrait en action le charmeur de ses dames, le Don Juan des bac à sables. Ignorant ce qu'il disait, elle se remit en face de lui, le tenant par le bras pour qu'il se remette pleinement debout. « Remuez les épaules, ça ira tout seul. » Soraya voulait s'en tenir qu'à cela, mais sa curiosité la poussait à en savoir plus. « Vous vous appelez ? » demandait-elle poliment, croissant pour la première fois son regard bleu azur. En effet, de loin, elle ne voyait pas totalement son visage, mais de près, elle avait fait en sorte de ne pas le regarder droit dans les yeux. Allez savoir pourquoi. Peut-être une forme de distance volontaire qu'elle s'imposait avec n'importe quel inconnu. C'est alors qu'elle remarqua une égratignure au niveau du cou, là où le vampire l'avait agrippé et griffé, vu les marques rouges. Sans gêne, Soraya pris le menton de l'individu pour faire pencher sa tête sur le côté et tirer sur son col, histoire de mieux voir les griffures. Popo avait l'air d'apprécier le fait d'être gêné. « Euuh... Nikholas... » « Nikholas comment ? » continuait-elle d'un air détaché. « Bergmann... Nikholas Bergmann. Vous savez, si vous faites tout ça pour me faire un suçon, dîtes-le, on pourra s'arranger. » Toujours en affichant cette tête de charmeur, il s'amusait de la situation. A cette dernière remarque, Soraya le lâcha, commençant à le trouver lourd. « Bon, vous n'êtes pas à l'agonie, tout va bien, je vous laisse ! Tchao ! » finissait-elle par un léger salut militaire. Elle reprit son sac et son arbalète pour partir. « Vous n'allez pas me laisser ici, seul en pleine forêt? » déclarait-il d'une voix charmeuse. La belle brune ne pris même pas la peine de se retourner pour lui adresser un « Si ! » tout en continuant son chemin. Elle entendait alors ce cher Bergmann suivre ces pas. « Mais vous ne pouvez pas ! Vous me sauvez la vie et vous me laissez comme ça?! » Soraya riait légèrement, sourire amusée aux lèvres qu'elle adressait volontiers à Nikholas. « Ouais. » répliquait-elle spontanément. « Je ne connais même pas votre nom, c'n'est pas gentil. » Elle s'arrêta un instant dans sa marche, se retournant pour lui faire face. « Soraya. » Bref, net, clair et précis. « Soraya comment ? » « Soraya tout court. » Elle restait impassible, sourire moqueur aux lèvres. C'est alors qu'elle se rendit compte que ce cher Nikholas avait son sac en coton dans les mains. Elle s'approchait donc de lui pour le lui reprendre. D'un geste rapide, il leva son bras en l'air pour ne pas qu'elle l'atteigne. Affichant un air pas du tout amusé par la situation, elle le fixait dans les yeux d'un air de dire : « Rend-moi ça. » C'est alors que Bergmann prenait un malin plaisir à la faire patienter, marchant de long en large devant elle, en parlant, encore et toujours. « Ahah ! Vous aurez votre sac dès que j'aurai ce que je voudrais ! » « Non » Au moins, la réponse avait le mérite d'être clair. « Je me demande bien ce qu'il y a dans ce sac... » s'amusait-il à dire d'un air curieux. « A votre place, je ne ferais pas ça. » Soraya avait la gentillesse de prévenir. Malgré tout, Nik' ouvrit quand même le sac pour y découvrir... des écureuils morts ! Il lâcha le sac d'un air dégoûté. « Des écureuils ?! Vous tuez des écureuils ?! Vous êtes gore ! » Il s'essuyait les mains machinalement sur son par-dessus en cuir tel un réflexe. « Je vous l'avais dit... » chantonnait-elle, pas peu fière de l'effet qu'a provoqué les écureuils sur lui. Sur ce, elle repris son sac pour partir définitivement. Bergmann la suivait de près, la rattrapant pour se mettre à sa hauteur. « Laissez-moi venir avec vous, rien que pour ce soir. » Soraya ne répondait pas. «Soraya... » Le ton charmeur qu'il avait employé en prononçant son prénom lui fit un peu d'effet, aimant la musicalité dont il avait fait preuve. Elle s'arrêta alors, tournant la tête pour le regarder, lui adressant la parole d'une voix calme. « Vous n'avez pas de maison ? » « Hmm... si, mais un peu de changement ne fait pas de mal. » Elle le fixait dans les yeux sans un mot. Ainsi, elle reprit la route jusqu'à une cachette pas très loin d'ici. Elle ne pouvait pas le conduire jusqu'à son frère et leur repère, cela serait inconscient de sa part. Elle dormira donc en la présence de Bergmann, chacun à l'autre bout de la pièce. Ce dernier regardait Soraya partir. « C'est un oui ? » Aucune réponse. « Je vais prendre ça pour un oui, j'arrive ! » C'est ainsi qu'il suivait ses pas d'une manière bien singulière et d'une façon qui le faisait passer pour un touriste visitant les lieux. Soraya... Si elle savait ce qui l'attendait...


C'est ainsi que tu fais la connaissance de Nikholas Bergmann, homme charmant, quelque peu énervant pour ta santé mentale, mais sympathique dans son genre. Cela fait maintenant pas mal de temps que tu le vois. Il te permet même d'aller en ville en pleine nuit. Une chose que tu ne faisais pas avant, par soucis de ne pas te faire prendre. Tu te rends compte qu'il a l'air d'être un de ces humains plus privilégiés que les autres. Alors, tu ne t'inquiètes plus de venir en ville la nuit en compagnie de Nik'. Il est un peu pour toi ton passeport. Avec le temps, il a appris ton penchant fâcheux pour le vol. Du moins, il t'a surpris, ne déformons pas les mots. Et alors que tu pensais qu'il allait te dénoncer même si tu t'en fichais, il ne fit rien, bien au contraire. A partir de ce jour, tu as à tes côtés un partenaire de vole et de magouille en tout genre. Tu prends plaisir à faire équipe avec lui pour dépouiller les vampires. Ce que tu n'aime pas en revanche, c'est quand il a une plus grosse part du butin que toi. Cependant, il t'arrive d'aller piquer dans sa réserve personnelle, histoire de te satisfaire pleinement. Tu es comme chien et chat avec lui, n'hésitant pas à lui faire des crasses tout comme lui t'en fais. Tu te demandes parfois que tu as bien fait de le sauver. Tu as sauvé une personne que tu trouves enfin intéressante, chose rare de ta part. Mais tu restes cependant sur tes gardes. Tu ne voudrais pas trop d'attacher à quelqu'un qui pourrait te faire un crasse définitive ou tout simplement mourir. Car oui, tu trouves que l'attachement est une absurdité conduisant tout droit à la douleur. C'est cette douleur qui t'as été épargnée envers ton frère... Cette douleur qui peut peut-être se manifester envers Nik'... Après tout, à quoi bon ? Tu n'es pas censée aimer les gens... donc à ne ressentir aucune douleur...




Psaumes 23:4