Je suis né César Irving Bridgestone de mon père Henrik Majken Bridgestone et de ma mère Astrid Karlsson. Je suis originaire de Stocklom en Suède et je naquis en l’an 652 de notre ère. Oh. Je vois déjà vos traits surpris et bêtas se lire en vos visages. Vos yeux s’arrondissent et tentent de s’imaginer par quel miracle je puis vivre aussi longtemps. 1360 ans pour être exact. Je suis un Vampire. Mon père, un Vampire, a toujours désiré avoir un enfant. Il tâtait le terrain avec énormément de femmes humaines … Toujours les plus belles jusqu’à rencontrer ma mère Astrid Karlsson. Elle n’était qu’une roturière, mais sa beauté pouvait égaler celle de la déesse Frigg elle-même. Belle et aimante comme mon père l’avait toujours désiré. Et me voilà tout aussi parfait qu’elle, tout aussi vif que lui. Né durant le mois le plus lumineux de l’année, je me suis longuement questionné si cela était un mauvais présage. Ou bien, était-ce une destinée qui m’apporterait la force de combattre moult obstacle au-devant de ma route ? Ma mémoire s’étiole quant à mes premières années de vie. J’aurais pu être un enfant docile. Malheureusement, ma soif de sang était insatiable. Par mon père, j’appris très tôt à me nourrir efficacement. Alors que tous les bambins humains allaitent leur mère, moi j’allaitais mon père. J’étais totalement incapable de me nourrir seul. Jusqu’à mes quatre ans, mon père, ma mère et moi formions une véritable famille. Dans la nuit sombre de notre petit village, j’observais Henrik chasser. Il ramenait souvent ses proies et me les faisaient goûter. J’appris, ainsi, rapidement apprécier le sang O +. Bien malgré que tous les types de sang me fassent de l’effet, celui-ci savait me ravir plus encore. Mon visage rouge de sang, ma mère tâchait toujours de me l'en nettoyer. Mon père l’arrêtait assez vite. Il souhaitait que je sois digne de lui et non un fils poltron par la seule vue de violence et de torture. J’imagine, aujourd’hui, que je suis véritablement son digne héritier. Ma mère était peut-être très jolie, mais elle se trouvait aussi très soumise. Elle apprit à me faire goûter son sang si mon père ne pouvait pas aller chasser sous les ordres de ce dernier. Effectivement, la vie de famille n’était pas toujours facile. Puis, une nuit alors que je jouais à la lumière de la lune, mes sens m’avertirent d’un danger. Des bruits de course, des bruits de métal, de cuir, des chevaux aussi. Caché derrière ma mère, je vis l’un des hommes tirer une flèche qui lui transperça le cœur. Ma mère mourut devant moi. Elle s'écroula à mes pieds alors. Je cherchais encore à comprendre ce qui venait de se produire. Si ma mère allait se relever ... Ou non. Mon père me prit dans ses bras pour filer à la vitesse de l’éclair. Nous ne revivent plus à notre grande maison paysanne, mais je savais que quelque chose s’était passé en moi cette nuit-là. Je détestais les Humains, viles créatures. Ils ne sont bons que pour me nourrir … Rien de plus.

Nous continuâmes notre route jusque dans le centre de Stocklom. Cela ne prit guère plus de cinq jours et je vis passer devant mon regard d’enfant innocent plusieurs femmes toutes aussi belles les unes que les autres. Quoiqu’aucune ne remplacerait ma mère à mes yeux. Mon père s’occupait toujours de moi, mais nous avions à nouveau la compagnie d’une femme … Je me rappelle sa peau pâle, sa chevelure blonde comme les blés, mais surtout son ventre qui grossissait énormément : surtout après cinq mois.

- Pourquoi votre ventre est gros ?

- Parce que je suis enceinte.

Avait-elle dit sans me regarder dans les yeux. Observant mon air intrigué quant à ce nouveau mot, mon père vint à mon secours.

- Tu vas avoir un petit frère César.

- Un petit frère ? Je vais pouvoir lui montrer comment chasser, comme toi ?

- Oui. Tu seras son grand frère. Tu vas devoir lui montrer tout ce que tu sais et le protéger. Comme une véritable famille.

Avait-il dit sur son ton de voix explicatif habituel. Ce ton de voix qui me permettait de tout apprendre très rapidement sans le lui demander à nouveau. Mes yeux bleus se furent plantés dans les siens et, le plus sérieusement que je le pus malgré mon jeune âge, je hochai la tête. Les mots qu’Henrik Majken Bridgestone me dit en cette soirée ne me quittèrent plus jamais. J’avais un but dans ma vie et il est resté intact aujourd’hui. Je suis le frère aîné des Bridgestone. Je me dois de protéger tous mes frères et sœurs. Des semaines durant, j’étais presque toujours resté assis devant la femme attendant la minute fatidique : la naissance de mon frère. C’était long. Je posais milles et une question apparemment. Je fis des crises à mon père stipulant que je n’avais pas faim et aucune envie d’aller chasser. Je voulais attendre que mon frère naisse. Que ce passerait-il s’il naissait pendant que j’étais sorti ? Mon père avait toujours les bons mots pour m'arrêter de bouder néanmoins. Il disait que je devais être un homme, un frère digne de ce nom : pas une mauviette qui boudait et tapait du pied. Alors, je repris ma vie et un beau jour, Eleazar naquit. Je l'amenait tout près de moi parfois alors qu'il fut plus grand. Je l'enlaçais entre mes bras lui rappelant les mots de mon père : que je vais le protéger, qu'on était une famille. Mon excitation se transforma en maturité en grandissant. Je devins plus fier et droit, mais aussi plus violent ayant une insatiable envie de torturer, de faire couler du sang. Je n’y suis pour rien. J’ai envie de ce sang. J’ai envie de le faire couler plus, toujours plus. J’ai envie de ressentir la douleur de mes victimes, de leur cri d’agonie. Quoi de plus jouissif ? Non. C’était bien revenir à la maison et retrouver mon frère. Je me souviens très bien d’une nuit où il me demanda ce qu’il me fut arrivé … Tout ce sang autour de ma bouche. J’avais 11 ans et il n’en avait que 6. En vérité, j’avais assassiné un humain, je l’avais démembré, je l’avais torturé et presque violé. Cela avait été trop bon. Je n’en dis rien à Eleazar. Je lui rappelais juste que je le protégeais et que nous étions une famille.

Justement, ma famille s’agrandit au fil des ans et des siècles. Lorcan et Satyne naquirent avec uniquement 15 ans d’écart puis, ce fut le tour de Seth et d’Esfir et enfin ma petite Princesse Suédoise Maëlyss. Je me souviens encore le rire cristallin de cette dernière enfant alors que je lui donnais ce surnom. Seth et moi, on se parlait et on se connaissait énormément. On passait des heures ensemble alors que père était à la chasse. On préparait des stratégies de chasse, de guerre même. On bataillait amicalement. C’était bien différent de ma relation avec Lorcan. Je ne l’ai jamais aimé. Dès qu’il m’a vu, j’ai eu l’impression de sa volonté à m’éliminer. Lorsqu’il était enfant, cela allait : il n’était pas assez fort pour me faire du mal. Sa croissance terminée, il était un adversaire de taille toutefois. Je ne sais pas, mais à chacune de ses paroles hautaines et emplies de hargne lorsque je suis présent je lui saute dessus … Je ne peux pas me retenir. Je dois lui donner une bonne leçon. Malheureusement pour lui, il n’a pas du tout changé. Il est toujours le même : égoïste, ne pensant qu’à sa propre personne. Tss !

Au fait, la famille Bridgestone n’était pas des moins que rien. Nous servions le roi Levinson une très forte famille de Vampires en Suède. Pour sa sécurité et nos bons et loyaux services, nous recevions un toit, des humains et des humaines pour nous nourrir. Ces humains, je les adorais. Non, évidemment, ce n'est pas dans le sens que vous l'entendez. Je déteste les humains ne vous en déplaise. J'en avais quelques uns préférés et dont je ne me sustentais pas uniquement de sang. La plupart de mes esclaves favoris étaient des hommes. J'aimais et j'aime encore ressentir leur force musculaire, cette virilité et l'excitation s'extirpant de mon être lors de nos rencontres. Il y avait quelques femmes aussi. À quelque part, j'ai souvent pensé - jusqu'à récemment - que ma mère était très supérieure aux autres femmes. Pour revenir au sujet du Roi Levinson, j’étais son bras droit. J’étais très proche de sa politique et je connaissais tous les secrets du royaume. Je fus l’un des premiers à m’apercevoir de sa soudaine folie après plusieurs siècles de droiture. Ses ordres devenaient violents, secs. Ils semblaient de moins en moins rationnels. Étant son bras droit, je me devais de le raisonner pour éviter une catastrophe avec les Humains voir pire une guerre entre royaumes vampiriques. Une nuit, je me dirigeais vers la salle du trône pour tenter à nouveau de raisonner ce vieux fou. Je m'arrêta, subitement, dans l'ombre de la pièce.

Devant moi, le Roi Levinson tua mon père. Le grand Henrik Majken Bridgestone fut poignardé par ce Roi devenu totalement fou. La colère emplissait l’entièreté de mon être. Levinson venait de tuer celui qui était mon mentor, celui qui m’apprit tout et dont j’avais un énorme respect. Je fis appeler Seth. J’avais besoin de parler à une personne digne de confiance, de laisser sortir mes émotions, cette colère emprisonnée depuis ma retraite en catimini de la salle du trône. Rapidement, Seth et moi préparions la déchéance et la mort du Roi Levinson. Maëlyss fut au courant un peu trop rapidement à mon goût toutefois. Je ne pouvais rien cacher à ma sœur apparemment. Enfin, pour revenir à notre plan de vengeance et nous débarrasser d’un fou furieux qui finirait bien par tuer tous ses sujets, nous fîmes appelle aux autres royaumes Vampires. Danemark, Finlande, Russie, Germanie, mais surtout Angleterre. Chacun voulut aider à sa manière dans ce coup d’état. Le royaume Anglais fut le plus loyal à notre cause. Une nuit, Seth et moi on fit venir Maëlyss, Esfir, Satyne, Eleazar et même Lorcan dans mon bureau. Oui, même Lorcan se fut joint précédemment à notre plan : un plan inventé en partie par mes soins. Ce fut, probablement, la première et la dernière fois que des mots sortant de la bouche de mon frère me donneraient de la vigueur. Quelques nuits suivantes, nous étions en position dans le château pendant que les armées des royaumes voisins créaient une diversion à l’extérieur. Rapide comme l’éclair nous nous retrouvâmes dans la salle du trône. Un poignard tenu fermement dans ma main droite, je me tenais là où mon père rendit l’âme. Levinson se tenait recroquevillé au sol sur mes devants. L’attaque de mes frères et sœurs fut trop rapide pour les quelques soldats restés à l’intérieur du château. On fut trop rapide et organisés pour le Roi lui-même.

- Roi Levinson ! Nous croyons que vous n’êtes plus en mesure de diriger ce royaume ! Ici, là et maintenant, je mettrai un terme à votre folie qui tua Henrik Majken Bridgestone !

J’avais parlé d’une voix claire et forte pour bien me faire entendre. La seule réaction du vieux fou fut un rire sadique, monstrueux. En un éclat de colère, j’abaissai l’arme pour la planter dans son cœur ... Je fus, cependant, fort surpris de trouver la fille du Roi trucidée. Encore plus surpris d’entendre Eleazar hurler contre moi. Un moment déstabilisé, je me repris rapidement. Satyne et moi observions Eleazar trembler de rage. Son regard était cloîtré sur la Vampire agonisant au sol son sang ruisselant sur mon poignard. Mon frère décampa. Pendant moult moments, je cru ressentir de la culpabilité. J’avais faillit à la tâche de protéger mon frère, de le mener sur le droit chemin. Cette émotion se tarie dès que mes yeux azurs se reportèrent en Levinson.

- Roi Levinson ! Nous n’en avons pas fini tous les deux ! Ne vous en déplaise, le sang de votre fille ne viendra pas se souiller dans le vôtre.

Fige-je tout en léchant le poignard faisant disparaître toute trace de rouge pouvant être encore présente. Peut-être fut-il aussi là un moyen de m’excuser envers mon frère Eleazar. La seconde suivante, j’enfonçai profondément le poignard dans la chaire de Levinson. Un bruit de succion se fit entendre. Je pressais et pressais retournant le couteau dans sa plaie. Un regard sadique remplit de satisfaction trônait sur mon visage. Ce fut la dernière chose que le Roi Levinson vit avant de s'éteindre pour de bon.

On ne revit par Eleazar pour 10 ans. Pendant plusieurs siècles suite à cela, on régnait comme une véritable famille sur le royaume de Suède. Enfin, Eleazar me montrait des signes de vengeance. Il me promettait de se venger … Tout comme Lorcan qui me promettait de me tuer. Je me tenais sur mes gardes. Je n'avais guère confiance en mes deux frères. Ne vous en déplaise, nous continuâmes de vivre ... Les esclaves ne désemplirent pas ni même mon adoration pour cette décadence. Plusieurs âmes en moururent tout comme des Vampires. J'étais celui de mes frères et sœurs à faire respecter les lois des Vampires. Chaque créature de la nuit devait y obéir. Il n'y avait pas de pitié ni de deuxième chance pour le rebelles et les traîtres. Je les tuais tous.

Heartkiller ne fut pas créé récemment. Non. Nous avions décidé de changer d’air et de voyager au même titre que les humains s’activant à explorer le nouveau monde. Ce fut au 19e siècle que les rumeurs de disparitions étaient à son comble aux États-Unis dans un certain «Triangle des Bermudes» au large des îles du même nom. Ma première hypothèse fut que des Vampires s’amusaient à jouer avec les nerfs des Humains. Trop curieux sur ce qui pouvait s'y produire réellement, je m’aventurai seul dans l’océan Atlantique. J'étais à la recherche de quelque chose qui pouvait faire mystérieusement disparaître les gens. Bien au contraire, une idée germait dans mon esprit lorsque je m'en sortit indemne. Nous pourrions bâtir notre royaume sur une île du Triangle des Bermudes. Les rumeurs de disparitions seraient, au moins, fondées et jamais personne ne suspecterait notre présence. J’en fis part à Seth puis, à Maëlyss et Satyne.

Heartkiller naquit. Il était petit au premier abord, mais plusieurs Vampires reconnurent en le royaume une sécurité respectable. Comme précédemment, personne d’entre-nous devint le chef unique. Pour ma part, je m’occupe de faire respecter la loi comme en Suède avec l'aide de Satyne et Maëlyss. Nous sommes la Justice. Satyne est appelée l’Impératrice et moi l’Empereur par nos sujets Vampires et les esclaves humains. Évidemment, nous ne sommes pas mariés. Nous sommes frères et sœurs après tout ! Je me devais de prendre plus de responsabilités que mes frères et sœurs. Je suis l'aîné soit celui qui a le devoir de travailler au bien-être, à la protection de sa famille. Je ne me vois pas arrogant en m'accaparant toutes les tâches. Bien au contraire, j'aurais pu m'en départir de plusieurs et les laisser à Lorcan. Tss ! Quoique, je ne voulais certainement pas faire cela. Celui-là aurait trop créé de problèmes en se sens.

Et Heartkiller grandit, grandit. Nous interdisions la reproduction entre humains et Vampires, mais pas la fierté d’obtenir des esclaves humains ou même un Vampire qui en amènerait d’autres. Ainsi, je dois faire mention de Melinda Eden Kingston. Vous avais-je dit que je suis fiancé depuis deux siècles et que je me marierai bientôt avec Jezabel Scarlett Harrington la princesse d’Angleterre ? Eh bien oui et l’organisation d’un mariage, cela me fatigue énormément. J’avais voulu m’éloigner de toute cette organisation un moment pour aller marcher en forêt. Ce fut un parfum endiablé qui me sidère sur place. Un parfum de force, d’innocence … Et je l’a vit : Melinda Eden Kingston. Elle se baignait dans l’eau d’une cascade. Je n’avais pas vu plus belle femme humaine depuis ma propre mère. Pendant les minutes qui suivirent, je me délectais de cette vision charnelle. Il me l’a faut pensais-je fermement. Un autre Vampire semblait avoir la même idée … Elle cria ... Son cri était emplie d'une terreur sans nom ... Je m’élançai et mordit ce Vampire rebelle au cou. Je le vidais de son sang. Pour moi, il n'avait plus le droit de vivre. Il avait voulu tuer une humaine si belle, si pure. Pour lui, elle n'était qu'un liquide chaud et délicieux ? Foutaises. Elle pouvait être bien plus que cela. Approchant de la jeune femme, je l’a rassura avec mon sourire et des mots doux. Je l'a caressa sur la joue : elle était chaude. Je l’hypnotisai et lui fit oublier l’horreur de l’attaque … Elle n’en garda que les faits. Que je la sauva d'une mort certaine. Je l’a cacha ensuite. Je fis de mon mieux. Je refusais qu’on la trouve. Encore moins que ce soit Lorcan ou même Eleazar. Je n’avais aucunement confiance en eux.

Malgré tout, je dois avoir moins confiance en les Roumains. À toute autre famille liée au Roi déchu Levinson de surcroît. Les Roumains nous priment en souricière. Si ce n’était pas de ce soldat qui écoutait aux portes, je n’aurais jamais su pour la véritable venue des Roumains à Heartkiller. Ils voulaient venger la mort du Roi Levinson. On les leur fit payer en secret … Nez à nez avec le Roi de Roumanie, je lui fis bien vite comprendre de ne pas recommencer ce petit manège. La sentence pourrait alors être plus terrible encore que la perte de quelques soldats. Je sais qu’ils ne vont pas abandonner. Ils vont désirer nous tuer tous mes frères et sœurs. Moi le premier pour avoir tué le Roi Levinson. Croient-ils que ce sera si facile ? Maintenant, nous savons qu’ils sont prêts à tout. Je les attends de pied ferme.