I : Il aurait voulu une autre enfance.
Tu soupires, regardant ta petite sœur dormir. Elle est épuisée. Tu l’es aussi, tu as dû jouer avec elle toute la soirée, l’aider à faire ses devoirs, vous faire à manger, faire tes propres devoirs... Plus les coups de mains que tu donnes au garage non loin, après les cours. Tu es fatigué, épuisé. Mais il n’est pas encore l’heure pour toi d’aller te coucher. Alors tu fermes la porte tout doucement derrière toi, faisant tout pour ne pas réveiller ta petite Helenka, puis tu vas disparaître dans l’ancien bureau de ton père. C’est là que toute la paperasse s’entasse, c’est là que tu passes de longues heures à essayer de comprendre ce que les personnes exigent. Les factures, les dettes, les lettres... C’est bien compliqué de trier tout cela, surtout en sachant que tu n’as que onze ans. Mais si tu n’es pas là, qui le fera ? Ton père ? Non, il a disparu il y a déjà bien des années, alors que ta mère était enceinte de Helenka. Tu n’avais que deux ans, presque trois. Tu as bien peu de souvenirs de lui... Trop peu. Pourquoi a-t-il disparu ? Que lui est-il arrivé ? Mystère. Personne n’a jamais sut dire. Résultat tu es resté le seul homme de la maison et tu as bien vite appris à jouer ce rôle.
Un soupir t’échappe. Tu as des factures sous les yeux et les comptes de la maison sous la main. Tu n’aimes pas voir que, en faisant tous les calculs, il ne va presque rien vous rester. C’est difficile de joindre les deux bouts... Ta mère travaille beaucoup pour vous offrir un niveau de vie correct mais souvent c’est peu suffisant. Et toi tu es trop jeune pour travailler, pour rapporter un peu d’argent. Ce qui ne t’empêche pas de faire quelques petites choses à droite-à gauche pour essayer. Le patron du garage t’aime bien, il a prévu de te prendre comme apprenti. Tu espères que les choses s’arrangeront à ce moment là. En attendant, tu ne peux qu’attendre, espérer que la situation s’améliorera un jour. Il ne faut jamais perdre espoir, c’est ce que ta mère t’a toujours répété. Il faut croire en l’avenir mais surtout se battre pour que celui-ci devienne celui qu’on veut. Tu suis sa philosophie avec application. Elle est devenue tienne aussi, depuis le temps.
Une porte claque, tu sursautes et te lèves discrètement, silencieux comme une ombre, sortant du bureau. Oui, tu es sur tes gardes. Il faut dire que vivre dans la banlieue de St-Pétersbourg n’est pas ce qu’il y a de plus sécurisant et même si tu n’as jamais eu affaire à des agressions chez toi, tu restes prudent. Un bruit d’affaires qui tombent te fait sursauter ! Tu es alors sur tes gardes... Heureusement, c’est une silhouette féminine bien connue que tu vois aller s’affaler sur le canapé du salon. Une de tes mains glisse dans tes cheveux bruns alors que tu observes le sac qu’elle a laissé tomber et toutes les affaires qui se sont éparpillées au sol. Des dossiers, ses boîtes à repas... Tu secoues négativement la tête. Elle travaille bien trop. Lorsqu’elle rentre, elle est toujours épuisée ! Et elle rentre toujours à cette heure. Ton regard se tourne vers l’horloge accrochée dans l’entrée... 22h. Comme toujours. Ta cadette est au lit, elle a manqué le repas et tu as tout fait en son absence. Elle n’a plus qu’à aller se coucher pour se lever à 6h demain matin. Tu serres les poings. Tu en as marre. Pourquoi faut-il que vous galériez pour vivre alors que d’autres s’en sortent sans rien faire ? Pourquoi est-ce si injuste ? Pourquoi ? Mais surtout... Tu viens te positionner devant ta mère qui lève alors un regard fatigué vers toi...
-Maman. Arrête.
-Quoi donc, mon chou ?
-Ton travail. J’en ai marre, fais autre chose ! Helena ne te voit jamais ! Elle a besoin de toi, je peux pas jouer ton rôle et celui de papa en même temps !
-Vadik... Je sais que c’est dur à supporter mais ce sera bientôt fini... Je te le promets...
-Tu me l’as déjà promis l’an dernier... Et l’an d’avant... Et l’an encore avant... Tu fais des promesses mais tu les tiens jamais... Maman...Tu fais la moue, tes grands yeux verts la fixant avec insistance. Tu n’es pas idiot, tu vois bien qu’elle souffre de cette situation autant que toi, autant que ta sœur. Mais tu voudrais vraiment que les choses changent pour vous, qu’elles s’améliorent. Tu quitterais volontiers ton quartier pour un autre, plus sûr pour ta petite sœur. Tu voudrais volontiers avoir une famille normale, des parents présents... Ta mère vous aime plus que tout, tu le sais bien, c’est aussi pour elle que tu prends beaucoup de choses sur tes maigres épaules. Mais parfois tu as un instant de découragement. Comme ce soir. La voir si épuisée te blesse. Alors tu baisses finalement le regard. Tu sais ce que tu dois faire : t’incliner, continuer comme tu le fais si bien à présent pour lui éviter de trop s’inquiéter, de trop culpabiliser. Tu as compris comment les choses tournaient, comment elles devaient tourner. Alors tu soupires. Seulement, alors que tu voulais te détourner, tu sens une main sous ton menton. Tu relèves alors la tête, plongeant ton regard dans celui de ta mère. Et elle t’attire contre elle. Tu souris alors et glisses tes mains de pré-adolescent dans son dos, serrant ta si fragile et si forte maman entre tes bras, enfouissant la tête dans son cou.
-Pardon... Je sais que je ne suis pas la meilleure des mères...
-Dis pas ça... Tu es la plus courageuse maman que je connaisse...
-Malheureusement le courage ne fait pas tout... Merci d’être là... Merci de m’aider... Je sais que je t’en demande beaucoup trop pour ton âge mais...
-Maman, c’est mon choix. Allez, au lit toi aussi, comme Helenka ! Il faut que tu dormes. Je m’occupe de tout éteindre et fermer, promis !Elle te sourit et te décoiffe avant de se relever, titubant quelque peu. Inquiet, tu esquisses un geste mais elle se redresse toute seule. Ah la la... Ta vie est tellement compliquée... À bien y penser, tu n’as jamais eu l’occasion d’être un enfant. Tu n’as jamais appris à l’être, parce que ton rôle est devenu celui du père, celui du chef. Tu dois t’en montrer digne, tu t’y efforces en te révélant bien plus mature, plus débrouillard que la plupart des enfants que tu connaisses. Et l’école est une torture. Tu trouves tous tes camarades tellement gamins, immatures... Et les cours ne sont pas mieux, tu as l’impression d’être pris pour un idiot. Tout est trop facile, alors tu décroches, petit à petit. Tu as hâte de pouvoir tout laisser tomber. Sur le coup, on ne se rend pas tellement compte de tes capacités... Et tu n’en as toi-même pas conscience. Tu es doué mais avec tes préoccupations familiales, les cours passent à la trappe. C’est malheureux à dire mais c’est ainsi...
-Va te coucher aussi, Vadik.Tu sursautes avant de reprendre contact avec la réalité... Et tu souris.
-Oui maman... Bonne nuit !Elle te répond puis disparaît. Et d’une nouvelle journée qui se termine... Il est grand temps pour toi de prendre un peu de repos aussi. Alors tu fermes tout, tu éteins toutes les lumières, un bref passage à la salle de bain puis tu files te glisser dans tes draps. Tu t’endors aussitôt comme une masse. Au moins, avec ton état d’épuisement perpétuel, tu ne peux pas dire que tu as du mal à t’endormir...
II : Ne jamais toucher à une Lesskov.
Tu observes les policiers, ton regard vert pétillant d’insolence et de provocation. Pourtant tu es incroyablement calme. D’un côté, tu sais que si tu t’énerves, ils vont à nouveau te maîtriser. Tu as mal aux côtes et quelques hématomes qui parsèment ta peau depuis ton arrestation. Ah la la. La police russe n’est pas tendre avec les jeunes délinquants. C’est ce que tu es à leurs yeux, aux yeux de tous. Tu as complètement lâché l’école, tu travailles actuellement au garage, comme prévu, et tu traînes avec une bande de jeunes. Des jeunes délinquants, des dealers, des... Tant de choses. Tu n’es pas idiot, tu sais que les plus vieux ont déjà réalisé quelques braquages de petits commerces, tu les y as accompagnés, une fois. Toutes les bêtises que tu peux faire avec eux, tu les a faites. Il était évident que tu te ferais remarquer. Mais là, tu es présent pour quelque chose de bien plus grave. Et si la bande te remet la main dessus... Tu n’es pas certain de t’en sortir indemne. L’un des policiers plaque violemment ses mains sur la table devant toi. Tu arques un sourcil, pas impressionné le moins du monde.
-Et si on commençait ? Prénom, patronyme, nom, âge.
-Vadislav Grigoriovitch Lesskov. 16 ans.
-Sais-tu pourquoi tu es ici ?
-Tentative de meurtre plus ou moins préméditée ?
-Tu l’avoues.
-On m’a chopé avant que je finisse l’autre, je me vois pas nier les faits.L’autre te regarde, visiblement très surpris. Qu’attendait-il ? Que tu nies les faits ? Comme tu viens de le dire d’une voix complètement neutre, on t’a pris en flagrant délit, tu ne vas pas nier. Ces tâches de sang sur tes poings ne sont pas les tiennes. C’est étrange comme tu sembles détaché de la situation. Tu as failli tuer quelqu’un, cela ne t’affecte donc pas ? Non. Même si c’était un membre de la bande, même si tu le connaissais bien, même si tu sais que les autres ne vont pas apprécier, tu n’en as rien à faire. Tu ne regrettes aucunement ton geste et il semblerait que personne ne puisse comprendre. Le remord ne fait pas parti de ton vocabulaire. Mais pour comprendre la situation, un bref retour en arrière serait sans doute utile, non ? Oui, alors tu te souviens... Tu te souviens de cette rage qui s’est emparée de toi, cette envie de meurtre incontrôlable.
Flash-back
Tu le hais. Tu le hais. Pour la première fois de ton existence, tu as la rage au cœur. Tu vas le retrouver. Tu vas lui faire payer ce qu’il a osé faire. Voilà une bonne demi-heure que tu as quitté ta chère petite sœur, après l’avoir consolée, rassurée, après avoir longuement parlé, elle dans tes bras... Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Elle est tombée entre les mains de Fyodor. Tu sais qu’il ne lui a rien fait de grave, tu penses qu’il n’en avait pas l’intention mais le simple fait qu’il ait osé poser ses mains sur elle alors qu’elle n’a que 13 ans, sans ton autorisation qui plus est, le fait qu’il soit parvenu à lui faire peur, à la traumatiser... Non. Non, hors de question que tu laisses passer. Alors quand tu vas le trouver, tu vas lui faire payer ce qu’il a osé faire. Il va le payer... On ne touche pas à ta famille. On ne touche pas à ta sœur, on ne la regarde même pas sans ton autorisation ! Sur ta planche de skate, tu attends de le repérer... Et quand c’est le cas...
-Oh, blondinet, arrête-toi ! Tout de suite ! lances-tu pas le moins discrètement du monde. Et il s’arrête, en effet, puis se tourne vers toi, un petit sourire provocateur accroché aux lèvres. Tu le hais.
-Qu’est-ce que tu me veux gamin ?
-Tu as osé toucher à Helenka.
-C’est pas vrai... Tu es encore là-dessus ? C’est bon, je ne lui ai rien fait !
-Tu n’avais pas le droit de la toucher. Les choses étaient claires pourtant.Il s’avance jusqu’à toi et passe une main sous ton menton. Tu affrontes son regard avec insolence, détermination et rage. Va-t-il comprendre que tu es prêt à péter un plomb ? Non, il ne semblerait pas. Il se penche vers toi, tu vires sa main d’un coup ferme et le fait reculer d’une main. Pas touche la chose. Et il ricane. Il ne te prend pas au sérieux, tu le vois bien. On ne te prend pas au sérieux. Peut-être parce que tu n’as pas la tête d’un voyou. Peut-être parce que tu es moins apte à te laisser emporter par tes impulsions. Tu sais te maîtriser et tu en profites. Mais aujourd’hui il semblerait que tu n’ait pas envie de te maîtriser.
-Ne joue pas à ça avec moi.
-T’énerve pas gamin. De toute manière, qu’est-ce que tu veux faire ? Tu es incapable de faire quoi que ce soit. Tu n’es qu’un chaton au sein d’une meute de loups. Tu ne pourras pas la protéger.
-Ferme-là au lieu de me sous-estimer.
-Oh, le chaton miaule. C’est mignon. Allez, va t’occuper de ton panier.Tu trembles de rage. Il t’énerve. Il t’énerve vraiment. Les poings serrés, tu cherches un moyen de l’arrêter, un moyen de laisser exploser ta colère... Qu’as-tu sous la main ? Hum... Ton skate. C’est sans hésitation que tu t’en empares et que tu le frappes à la tête avec. De toutes tes forces. Il titube mais tu ne lui laisses pas le temps de reprendre ses esprits que tu le pousses violemment la tête la première contre un mur. Sonné, tu n’as aucun mal à le faire tomber au sol. Tu t’installes alors au-dessus et tu frappes. Encore. Encore. Il s’agite, il proteste, il te frappe aussi sans que tu prêtes attention à la douleur, il essaye de t’échapper mais tu n’as pas envie de le laisser t’échapper. Ses plaintes, ses gémissements de douleur ne font que te pousser à continuer, étrangement. Alors tu frappes, de plus en plus. Dans les côtes, dans le ventre, au visage. Tes poings se recouvrent de sang, petit à petit. Tu ne veux pas t’arrêter. Tu vas le tuer cet enf****.
-Celui. Qui. Touche. À. Ma. Sœur. Est. Mort.Chacun de tes mots est ponctué d’un nouveau coup. Tu veux le briser. Te rends-tu vraiment compte que tu es en train de lui éclater la tête sur le bitume. Il ne réagit même plus mais tu frappes toujours. Enfin, tu essayes parce que quelqu’un vient t’attraper les poignets. Tu te débats, tu veux qu’on te lâche. Raté, on t’arrache à ta victime et te plaque sans la moindre douceur sur le sol. Tu t’agites encore, les insultes fusent, celui qui te maintient au sol frappe. Ta tête tourne, tu fais alors un effort. Qu’est-ce qui se passe ? Tu regardes l’homme qui te tient. Un flic. Ok. Et l’autre blondinet est dans son sang. Il ne bouge plus. Tu ne te rends pas compte qu’on te parle. Tu fixes simplement l’autre, ton regard luisant de rage. Tu n’as pas fini de le massacrer, tu veux qu’on te lâche ! Mais petit à petit tu comprends que c’est fini. Alors tu éclates de rire. On va te prendre pour un fou, tu n’en as rien à faire. Tu ris du massacre que tu viens de faire, tu ris de voir jusqu’où ta colère est capable de t’emmener. Tes nerfs lâchent.
Fin du flash-back
Oui, voilà comme les choses se sont passées. Tu avais beau être parfaitement conscient de ce qui se passait, tu as continué à rire encore un long moment. Puis tu t’es calmé, tu as retrouvé un côté neutre, maîtrisé, comme tu en as l’habitude. Et depuis c’est la provocation qui domine. Tu sais que tu ne t’en sortiras pas aussi bien que les autres fois, tu sais que les charges contre toi sont trop lourdes. Tu pourrais jouer la carte du regret mais non. Ce n’est pas ton genre. Et de toute manière, tu vas l’affirmer au procès : si c’était à refaire, tu le referais. Tu le tuerais même, si tu en avais l’occasion. Mais il a eu son compte. Tu ne le toucheras plus s’il ne s’approche plus de ta sœur, et tu doutes qu’il s’y essaye à nouveau. Secouant la tête, tu reportes ton attention sur le policier qui semble toujours choqué par ton comportement. Hé bien ? Ah, au fait...
-Je veux un avocat.
-Tu crois vraiment que...
-Je veux un avocat. Je n’ai rien d’autre à dire.Sur ce, tu croises les bras et te tais. Tu n’as pas non plus l’intention d’aggraver ton cas alors tu vas jouer la carte de la prudence, pour ce coup. Tu vas payer pour cet accès de rage, tu vas ne plus pouvoir protéger ta famille... Elles devront se débrouiller sans toi le temps que durera ta peine... Tu sais qu’elles sont fortes, Helenka l’est quand elle veut. Mais être loin d’elles commence déjà à te peser... Alors tu aimerais bien qu’on diminue le temps que tu vas passer en prison. Il semblerait qu’il soit temps pour toi de payer pour tes actes. Mais qu’est-ce qui sera le pire ? L’enfermement ou être loin de ta chère cadette ?
III : La nature calme les esprits.
Tu souris. Voilà ce que tu cherches depuis des heures : une empreinte. Et elle est fraîche. Jackopt. L’animal que tu traques doit être passé il y a seulement quelques heures. Tu jettes un coup d’oeil à tes accompagnateurs, leur faisant signe que tu vas te poster en hauteur, et c’est avec ton sac sur les épaules que tu t’éloignes. Tu es loin de ta ville natale, très loin. Loin de la prison aussi. Tu suis une sorte de stage de réinsertion. On t’a envoyé au fin fond de la Russie, près de la frontière de la Mongolie. Tu es actuellement à la réserve naturelle de Saïano-Chouchensk, depuis six bons mois. Tu as eu tes 18 ans il y a peu, tu les as fêtés avec quelques verres de vodka emportés spécialement pour l’occasion, rien de plus. Aucun contact avec ta famille, rien. Juste la nature, les gardiens, et les scientifiques. Les longues balades, les explorations difficiles à la recherche de la faune et la flore locale... Un régal. Tu n’imaginais pas que quitter la ville te plairait à ce point. Tu te sens plus libre que jamais, loin des murs hostiles de la prison, de ta cellule, loin de l’agitation des autres prisonniers, de leurs bavardages incessants, de leurs trafics... Une paix incroyable. Pour la première fois depuis le début de ton existence, tu as réellement l’impression d’être en paix, de pouvoir être toi-même, sans contrainte... Tu es toujours toi-même pourtant, mais ici toutes tes responsabilités se sont envolées et c’est ce qui t’apaise...
Allez, tu n’es pas là pour prendre des vacances, même si c’est ainsi que tu le prends, avec un an et demi en taule. Tu escalades souplement les rochers, prenant garde à ne pas glisser et à ne pas faire tomber de cailloux. Si tu te fais repérer par le moindre animal dans les parages, les autres ne se montreront pas. Discrétion et précision. Il te faut quelques minutes pour te hisser au sommet de ton rocher. Tu as beau être souple, tu n’es pas le meilleur grimpeur. Tu te débrouilles mais c’est toujours avec ravissement que tu vois les scientifiques faire de même, avec beaucoup plus d’aisance. Tu t’allonges alors sur ton perchoir et sort tes affaires : un appareil photo dernier cri, avec un zoom extrêmement puissant, ainsi que son pied. Tu installes le tout puis commence une longue période d’attente. Ta patience a été mise à rude épreuve des derniers temps mais cela paye : tu as gagné en cette qualité.
Pendant que tu patientes, ton regard revenant très régulièrement dans l’objectif pour surveiller l’horizon, tu réfléchis. Un instant, ton regard tombe sur ce tatouage sur ta main droite. Un coucher de soleil. Il date de ton passage en prison. Tous tes tatouages datent de ton passage en prison de toute manière. Ils sont ta carte d’identité. Combien en as-tu eu ? Tu fais rapidement le compte... Huit. Tu as huit tatouages. Tous avec leur signification. Ce coucher de soleil est pour la liberté, les étoiles noires sur tes genoux viennent expliquer que tu ne t’inclineras devant personne, la rose sur ton omoplate symbolise ton emprisonnement en tant que mineur... Et tant d’autre choses... Ah, la prison... L’enfermement... Plus jamais. Non, plus jamais. Les brimades, les violences... Tu as eu du mal au départ, tu as dû exploser plusieurs fois pour gagner un peu de respect et surtout de la tranquillité. Mais c’était dur. Maintenant que tu es loin de toute cela, maintenant que tu as du recul... Ta volonté s’est affirmée. Tu as gagné en volonté, en tempérament. Mais tout cela est derrière toi. Ta révolte continuelle s’est endormie à présent. Tu veux laisser ce passé derrière toi. À ton retour à St-Pétersbourg, tu te rangeras, tu trouveras un boulot tranquille, pas trop mal payé, et tout redeviendra dans l’ordre. Tu essaiera d’être clean mais tu ne te fais pas d’illusions, ta haine pour les autorités et ton goût du risque ainsi que des bêtises ne te laisseront pas revenir sur les bonnes voies. Mais tu feras de ton mieux.
Un mouvement attire tout de suite ton attention, te tirant de tes pensées. Quelque bouge au loin, sur les pentes rocheuses ! Des bouquetins ! Tu souris. Voilà une bonne observation. Tu prends quelques photos, comptabilisant rapidement le nombre d’individus. Ils sont peu nombreux, tu supposes le le reste est caché quelque part, hors de ton champ de vision. Ce n’est pas ce que tu veux observer mais si la proie est là, peut-être que le prédateur n’est pas loin... Alors tu suis le groupe du regard à l’aide de ton zoom. Tu cherches à repérer le magnifique félin blanc et noir que vous traquez depuis des semaines. L’once, ou panthère des neiges. Un magnifique félin avec lequel les rencontres sont rares mais magiques. Tu cherches, mais tu ne vois rien. Tu retiens un soupir. Pas aujourd’hui... Pourtant c’est ta dernière journée sur le terrain, demain vous entamerez le chemin du retour. Alors qu’elle se montre, ne serais-ce que quelques secondes... Et là c’est le miracle. Un des bouquetins se fait attraper entre deux puissantes pattes et vite achevé par une paire de crocs acérés. Une once ! Les photos s’enchaînent durant les quelques secondes pendant lesquelles elle est dans ton champ de vision... Puis elle disparaît. Tu as eu ce que tu voulais. Tu peux partir heureux !
C’est avec un grand sourire accroché aux lèvres que tu ranges tout ton matériel dans ton sac avant d’entreprendre la descente de ton perchoir. Tu es heureux. Vraiment. C’était le plus beau cadeau qu’on puisse te faire, franchement. Toujours aussi souriant, tu rejoins les autres et laisse tomber toutes tes affaires dans un coin, allant te chercher un verre de vodka, histoire de te réchauffer. Ce n’est pas que vous êtes en décembre mais un peu quand même, donc il fait froid. Tu ne te mêles pas de la conversation des autres au premier abord, les images du félin tournant dans ta tête, comme un film... Tout bonnement magnifique. Soudain, ton prénom est prononcé. Tu relèves alors le regard, les observant tous. Oui ?
-Alors, tu as fini ta période de réinsertion ?
-Ouais, je vais retrouver la banlieue de St-Pétersbourg et ma famille !
-Tu vas nous manquer Snopard. Tu nous es bien utile ici. Tu es sûr de ne pas vouloir rester ?
-C’est gentil de proposer mais non, j’ai des choses à faire là-bas. souris-tu.
-C’est vrai, ta famille. C’est important. Mais si tu veux revenir travailler à la réserve, tu seras le bienvenu. Passe quand tu veux.
-Merci beaucoup... J’ai beaucoup appris ici et je vous en remercie sincèrement...Ils se sourient avant de faire de même avec toi. Tu leur souris en retour. Ils t’ont montré que, après l’agitation de la prison, tu étais capable de te calmer, capable de te contrôler à nouveau. Brider cette rage qui peut s’emparer de toi... Au contact de la nature, tu te calmes. Il te suffira de te souvenir de tous ces espaces, de ce qui compte pour toi, de ce que tu as dû apprendre à leur contact pour ne pas te faire repérer pour garder le contrôle. Tu as les clés de ton impulsion entre les mains. Tu fermes les yeux tout en avalant ton verre... Tu as hâte de rentrer. Lenka te manque affreusement. Les rares échos que tu as eu te font peur... Surtout sur l’état de santé de ta mère... Non, vraiment, il faut que tu les retrouves, que tu reprennes ton rôle de soutien de la famille. Tu les relèveras, tu en es persuadé. Bientôt. Quelques jours de marche, l’hélicoptère doit vous retrouver et vous ramener à la civilisation. Tu as tellement hâte...
Il fait chaud. Enfin, non pas spécialement, mais toi, le Russe, tu as tellement l’habitude des basses températures que ce climat chaud et sec ne te convient guère. Tu préfèrerais être perdu dans un coin de l’Himalaya, limite. Pourtant il en doit pas faire plus de trente degrés... Vivement l’hiver, il pleuvra plus et il fera un peu plus frais. Un peu. Enfin, tu sais que tu te plains beaucoup, il pleut régulièrement. Mais aujourd’hui il fait particulièrement chaud... Ce qui ne t’empêche pas de continuer à marcher. Tu ne peux pas dire que tu ne bouges pas, pour ce qui est de faire du sport, tu es servi. Tu dois parcourir la jungle de longues heures pour trouver de quoi manger. Quelques fruits par-ci par-là, tu as quelques oiseaux dans ton sac-à-dos ainsi que des rongeurs. Beurk. Toi qui n’imaginais pas en être un jour réduit à attraper toi-même ta nourriture, la préparer, la cuire et tout... Tu es bien obligé. Les choses changent, il faut bien que tu t’y fasses.
Enfin, tu vois ton objectif : la rivière. Tu t’en étais éloigné pour aller récupérer tes pièges, maintenant tu y reviens. La partie la plus dure de ta journée va commencer : attraper les rares poissons que tu parviens à voir. Tu n’es pas un chasseur confirmé, ni même un pêcheur. Tu apprends sur le tas. Tu en as été obligé... Mais d’ailleurs, où es-tu ? Que t’es-t-il arrivé ? Tu as voulu faire plaisir à ta sœur, Helenka et toi avez dépensé vos économies pour partir voyager. Elle s’inquiétait pour toi, elle est parvenue à te convaincre de l’accompagner. Tu ne pouvais pas le lui refuser, la laisser seule était impensable, plus encore quand elle t’a sorti qu’elle avait peur de te voir finir comme votre mère... Ta mère... Elle est morte un an après que tu sois sorti de prison. Trop de travail. Son corps complètement usé. Une maladie un peu trop grave. Le cimetière. Suite logique des choses. Tu n’en as que travaillé plus durement pour garder la maison, pour que ta sœur ne manque de rien. Tu as fait de ton mieux, t’épuisant à ton tour au travail. Parce qu’elle est la seule personne que tu aimes, elle est la seule pour qui tu laisserais tout tomber. Alors tu l’as suivie. En traînant des pieds, certes, mais tu es avec elle. Et heureusement, parce que si elle avait échoué là, seule... Par Rod, tu n’oses même pas imaginer. En pleine cœur du Triangle des Bermudes, sur une île habitée par des vampires... Le danger est partout, dans la jungle où vous vous cachez, en dehors... Oui, heureusement que tu es là, avec elle.
Tu poses ton sac au sol, une main passe sur ta ceinture, t’assurant que ton couteau y est encore bien accroché. C’est bon. Alors, tu rouvres ton sac et cherches. Tu as tressé un filet très rudimentaire, avec des fils que tu as trouvé par-ci par-là dans les épaves. C’est mince, c’est léger et lesté par quelques pierres. Cela ne fonctionne pas à tous les coups, juste avec les plus gros poissons qui passent, alors tu n’as pas le droit à l’erreur. Tu retires ton jean usé et entres dans l’eau. L’eau froide te fait du bien, tu trempes des mains dedans et verses quelques gouttes dans ton cou. Ton t-shirt se colle alors un peu plus à ta peau. C’est agréable... mais tu n’es pas là pour te détendre. Tu t’installes là ou tu as pieds et tu attends. La patience fait partie de tes qualités maintenant, cela ne te pose donc plus de problèmes. Et puis, ton esprit divague facilement. Tu penses à ta cadette, tu espères que sa chasse aux fruits se passe bien... Elle n’est pas seule, bien sûr, elle est avec Enrique. Qui c’est celui-là ? Un Mexicain. Un naufragé, comme vous. Il est sur l’île depuis plus longtemps que vous, il vous a pris sous son aile... Et le moins que tu puisses dire, c’est que le courant passe mal. Peut-être un peu parce qu’il louche trop sur ta sœur à ton goût mais surtout parce que, à la base, tu en parles pas un traître mot d’espagnol et lui parle mal l’anglais, moins bien que toi. Alors pour vous comprendre, il a fallu vous inventer un langage de remplacement, en attendant. Maintenant tu es capable de tenir une conversation basique en espagnol, tu as appris, mais bon...
Un mouvement dans l’eau ! Tu reprends immédiatement contact avec la réalité et redeviens à l’affut. Poisson. Il ne faut pas que tu te loupes, sinon tu vas devoir dépecer les animaux que tu as attrapé et très peu pour toi. Allez, venez les poissons... Ahah. Tu sais qu’ils ne viendront pas si tu les appelles. Allez, patiente. Ils passent... Tu attends encore un peu... Et tu lances ton filet ! Raté. Ils ont tous filé, il ne reste que deux petits poissons... Tu soupires et va récupérer le filet, laissant les proies de la journée filer. Ils ne sont pas assez gros alors autant les laisser libres et grossir un peu plus. Tu retournes alors en position, surveillant de temps en temps les morceaux de ciel que tu vois à travers les arbres. Il ne faut pas que tu traînes trop, tu dois être rentré à la cabane avant le coucher du soleil. La jungle est dangereuse le jour, la nuit elle l’est plus encore. Des personnes disparaissent, leurs corps sont rarement retrouvés... Et quand ils le sont, c’est dans un très mauvais état. De quoi en faire frissonner plus d’un... Mais pas toi. Parce que les meurtres et compagnie, parce que les personnes en mauvais état, tu en as vues. Tu as fait tout et n’importe quoi en rentrant à St-Petersbourg, tu t’es fréquemment retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Mais tu t’en es toujours magnifiquement bien tiré. C’est la vie. Tu as eu de la chance de ne pas plonger une nouvelle fois. Allez, tu songeras au passé plus tard, il faut que tu attrapes quelque chose.
Malheureusement le temps passe et tu ne captures rien. Le ciel commence à s’assombrir... Il est temps de rentrer. Dans un coupir, tu sors de l’eau, non sans t’y baigner quelques minutes, puis tu regagnes la berge. Trempé, tu vas t’emparer des gourdes que tu as apportées avec toi et tu les remplies. Et voilà le travail. Les minutes passent encore, tu sèches... Et lorsque tu estimes que tu l’es suffisamment, tu remets ton jean, tes affaires dans ton dos puis tu reprends ta marche. Ne vas-tu pas te perdre ? Non, tes quelques mois à la réserve t’ont appris à te débrouiller dans la nature. Certes, le contexte était différent mais voilà plusieurs mois que tu es ici, tu connais tes trajets, tu sais que tu ne te perdras pas. Normalement. Tu passes une main sur ta nuque, tu la fais craquer. Cela fait mal mais, après coup, c’est mieux. Allez, assez rêvassé. Tu marches dans la forêt hostile, tu évites les racines et les trous, tu surveilles là où tu mets les pieds, de peur de déranger quelques scorpions autochtones ou autres animaux susceptibles. Tu es sur tes gardes mais tant que le soleil est levé, tu te sens en relative sécurité. La nature n’est pas ton ennemie, du moment que tu la comprends et la respecte. C’est ce que les gardiens t’ont appris, c’est ce que tu appliques.
En attendant de trouver un moyen de partir d’ici en tout cas... Tu attends de pouvoir retaper une barque à moteur ou n’importe quoi d’autre. Il faut que vous partiez d’ici... Tu as beau ne pas encore avoir eu affaire aux vampires, d’après les récits des humains qui les ont rencontrés, votre sort est plus qu’incertain s’ils vous trouvent... Et contre de telles choses, tu n’es pas sûr de pouvoir la protéger... Alors il faut partir. Tu construits un plan, petit à petit. Reste à savoir si tu vas avoir le temps de le mettre à exécution ou pas... Ici tu n’es plus maître de ton destin mais tu le subis. Tu détestes cette situation mais après, qu’y peux-tu ? Qui vivra verra. En espérant que ce que tu verras ne sera pas la mort de ta cadette... C’est tout ce que tu désires...
V : Emprisonné chez une sangsue.
Non mais quel bazar. Tu désespères sincèrement. On ne peut pas dire que tu n’es pas habitué aux lendemains de fête mais quand c’est chez les vampires, tu as l’impression que c’est bien pire qu’en Russie, lors des soirées organisées par les garçons de ta bande. C’est... Non. Franchement non. Tu regrettes presque ces matinées où tu donnais un coup de main à la bande pour remettre un appartement en état. Là, tu vas devoir t’occuper seul de tout... Et très franchement, tu n’en as pas le moins du monde envie. Mais comme tu n’as rien d’autre à faire... Tu vas essayer de rendre le salon un minimum présentable, parce que tu n’as rien d’autre de prévu aujourd’hui et parce que tu as besoin de quelque chose pour t’occuper. Rester de longues heures à ne rien faire n’est pas pour toi. Certes, tu ferais mieux de te reposer, ta nuit va être longue, mais trop c’est trop. Tu as bien envie d’aller réveiller la chose qui dort dans la baignoire, au fond de la salle de bain, mais par mesure de prudence tu évites. Un vampire bourré, tu ne sais pas trop ce que cela pourrait donner. Plus encore ce vampire.
Vampire ? Hé oui... Finalement, tu t’es fait capturer. Tu t’es haï maintes et maintes fois pour t’être fait prendre mais le résultat est le même : tu as perdu ta liberté. Encore, tu es en vie, mais à quel prix... Ces marques de croc sur ton corps commencent juste à s’estomper. Tu as morflé. Tu es un révolutionnaire, tu es un rebelle et t’emprisonner à nouveau, tu n’as pas apprécié. Pas du tout même. Ta belle gueule et cette manie de ne parler qu’en Russe, comme si tu ne comprenais pas un traître mot d’anglais, t’ont évité de finir la gorge déchirée mais pas le reste. Tu frissonnes. Il ne faut plus que tu y songes. Tu détestes être impuissant, tu détestes qu’on décide de ta vie à ta place. Et là, depuis que tu as été forcé de quitter la jungle et ta chère cadette... C’est ce qui arrive. On te contrôle, on dirige le moindre de tes faits et gestes... Tu as tenté de t’enfuir, tu as été rattrapé. On s’est débarrassé de toi. Et tu as atterri là où tu es. Tu mènes la vie dure à cet idiot de vampire qui t’a récupéré, mais tu ne peux pas jouer la carte de l’incompréhension : il parle russe. Alors au final, tu as repris l’anglais avec lui. Il est étrange... Il est plus relax que ce que tu as pu voir ailleurs. Plus... Sympa ? Ahem. Il n’a tout de même pas le droit de te toucher. Mais il n’est pas comme les autres... Tu ne comprends pas tout chez lui.
Pendant que tu réfléchissais, tu as entrepris le nettoyage du salon. Tu entasses les poches de sang qui traînent, tu jettes les bouteilles, tu nettoies le plus gros... Ah la la. Ces moustiques ne valent pas mieux que les humains. Aussi pathétiques les lendemains de fête. Un animal vient se frotter à toi. Qu’est-ce que cette chose fait la, franchement ? Un coyote. Un coyote en plein cœur de l’archipel des Bermudes. C’est n’importe quoi. Et qu’est-ce qu’elle te veut cette chose ? Oui, tu es quelque peu désagréable mais tu es chargé de t’occuper de cette chose qui t’a mordu quelques fois lorsque tu es arrivé. Tu es plus félins que canidés... Enfin, il va bien falloir que tu t’y fasses, en attendant de trouver un plan pour sortir d’ici sans risquer de te faire rattraper. Tu regardes l’animal. Et un sourire quelque peu sadique vient étirer tes lèvres. Tu l’amènes jusqu’à la sale de bain et tu l’enfermes à l’intérieur. Qu’il aille mordiller son maître tient. Non non, tu n’es pas du tout un sale gosse.
L’animal n’étant plus dans tes pattes, tu retournes dans le salon. Voyons... C’est encore un beau bordel. Enfin, tu n’as pas envie d’en faire plus. L’autre se débrouillera, c’est lui qui a mis le bazar, c’est lui qui nettoiera. Point final. Oui, tu possèdes un très sale caractère mais tu n’es ni son chien ni sa bonniche. Tant pis pour lui, il se débrouillera. En attendant, tu commences à avoir sommeil... Tu n’as pas fermé l'œil de la nuit et il est bientôt midi... Oui, il est temps pour toi d’aller profiter de quelques heures de sommeil. Avant que tu ne doives te lever... Tu gagnes ta chambre, encore une bizarrerie de la sangsue, et te laisses quasiment tomber sur le matelas. Tu n’en peux plus. Tu réfléchis trop, tu t’énerves trop. Tu es constamment sur les nerfs, il faut que tu partes... Tu es tellement mal à l’aise, tu as tellement peur pour ta chère Helenka... Il faut que... Que tu partes. Et tu y parviendras. Tu n’es pas un animal domestique, tu es un animal sauvage, indomptable. Tu n’as jamais courbé l’échine, tu te calmes juste un minimum pour ne pas te faire bêtement arracher la tête... Mais un jour, tu éclateras. Encore. En attendant, ton plan prend forme... Tu le retraces mentalement, tu le corriges... Jusqu’à ce que le sommeil vienne te prendre, d’un coup.