« C'est quoi encore ce truc ? » Tu poussais un soupir devant la réflexion de ton incube. Déprimant. Il était déprimant. Combien de fois tu lui avais dit et répété d'être poli ? Au moins une centaine. Résultat des courses ? Rien n'avait bougé. Il était toujours aussi désinvolte. Il se prenait pour un Prince, comme si tu étais sa bonne à tout faire et lui le chef. Sublime inversion des rôles, vraiment. Et dire que tu voulais l'amener à la Loterie avec toi... Oui, normalement les incubes comme les succubes devaient se rendre à la chasse aux humains, toutefois ton incube n'était pas encore recensé comme incube, ça ne faisait que deux semaines qu'il vivait sous ton toit. Et puis, le laisser, lui, faire la chasse aux humains ce n'était pas possible. Nouveau-né qu'il était, il n'allait pas ramener des humains, il allait certainement les tuer. Or, tu avais juré aux Bridgestone, tu avais même prêté serment de veiller à ce qu'il ne fasse rien de mal. Tu étais responsable de ses faits et gestes, s'il faisait un pas de travers ce n'était pas lui qu'on allait maudire, mais c'était sur toi que la faute allait retomber. Donc la chasse aux humains, ça serait pour l'année prochaine. D'ailleurs, au plus tu y pensais, au plus tu te disais qu'inconsciemment, si tu avais choisi de l'emmener avec toi, c'était surtout pour garder un œil sur lui. Il te stressait. Tu avais constamment peur qu'il dérape. Tu ne pouvais pas le lui reprocher en même temps ; c'était bien là que résidait tout le problème. Il venait d'être transformé, son maître l'avait abandonné, il était guidé par ses instincts vampiriques. Dans un sens tu te retrouvais un peu en lui, non ? Quoi qu'il en soit, vue son attitude, tu commençais à te dire que tu avais fait une belle erreur ! Pourquoi il fallait toujours que tu joues les bons samaritains ? Tu n'étais pas mère Térésa ! Et tu ne le serais sûrement jamais avec tout ce que tu avais fait dans ta vie... Ah oui, tu l'avais aidé parce que son histoire était dans un sens similaire à la tienne. Et, même si tu te disais toujours ferme et désintéressée par les affaires des autres, il n'en restait pas moins que les nouveaux-nés abandonnés lâchement ça t’exécrais et tu ne pouvais pas passer outre. Mais il n'empêche que Won-Shik avait le don de te rendre chèvre. Tu adressas d'ailleurs un regard froid et noir à ton incube en réponse à sa réflexion. Et sans sourciller, aussi rigide que le marbre tu l'apostrophas pour lui rappeler deux/trois choses à savoir. Rappel des règles, oui tout à fait. « Saches, Oh grand Shiki, que le truc dont tu parles, ça s'appelle la Loterie aux vampires, c'est un des jeux présentés aux Jeux Olympiques, donc merci de le respecter si tu veux continuer à vivre ici. Deuxièmement, que tu le veuilles ou non tu vas venir avec moi. Et troisièmement, tu vas me faire le plaisir d'enlever tes pieds de ma table, merci. » Tout cela avait été formulé sur un ton calme et détaché. Mais on pouvait clairement sentir qu'au fond de toi, ça bouillonnait. Tu ne pouvais concevoir que ton incube méprise les traditions heartkilliennes, qu'il méprise les règles de la société vampiriques, tout simplement parce que toi, tu étais très à cheval là-dessus, tu ne rigolais avec la politique. Aussi, il avait intérêt à faire ce que tu lui disais sinon tu allais voir rouge. Enfin bon, aussi surprenant que cela puisse paraître il avait saisi le message. En le voyant se lever du canapé et se diriger vers sa chambre - bien que d'un pas traînant - pour aller se changer et être plus présentable, tu soupiras de soulagement. A croire que quand il voulait, quand il était aux pieds du mur, il pouvait... Ma foi, en fin de compte, elle allait peut-être bien se passer cette soirée même si ce n'était pourtant pas ton impression initiale.

Les jeux... Le poker, le bridge, le Blackjack. Tout laissait à croire que vous vous trouviez au beau milieu d'un casino de Las Vegas. Et pourtant. Tu étais seulement dans le grand salon du Palais Bridgestone, redécoré pour l'occasion avec des tons bordeaux et verts, comme les couleurs des tapis de jeux. Tu voyais là la touche d'Esfir, ta meilleure amie, qui avait programmé elle-même les Jeux Olympiques comme chaque année. D'ailleurs, tu trouvais le décor vraiment somptueux ! C'était très fin, très.... royal, en fait. Il n'y avait pas d'autres mots. Tu glissas une œillade vers ton incube pour voir qu'il se tenait droit comme un "i", visiblement tendu. Tu lui adressas un coup de coude, non pas pour lui reprocher quelque chose mais plutôt pour lui rappeler que tu étais là, que la soirée allait bien se dérouler et qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Dit comme ça, on aurait dit que tu étais sa mère, c'en était presqu'angoissant. Pourtant, tu ne pouvais pas t'empêcher d'être un minimum protectrice avec ce qui t'appartenait. Balayant la salle du regard, tu te disais en voyant les esclaves accompagner leurs maîtres que tu aurais pu prendre Crystal, ou une autre de tes esclaves. Tu ne l'avais pas fait parce que tu ne voulais pas risquer d'en perdre une au cours d'une partie. Oui, en fait tu étais venue à la loterie mais tu ne comptais pas jouer, logique. Enfin te connaissant, et surtout connaissant ce type de soirée - cela faisait tout de même plusieurs siècles que tu y participais - tu allais bien finir sur l'une de ces chaises en velours, assise autour d'une table avec des cartes en mains. C'était le truc des conseillers ça, de vouloir que vous participiez tous aux jeux. Toi, on peut pas dire que le fait de perdre une esclave, ou un esclave d'ailleurs, sans parler du fait de perdre de ton honneur en te faisant écraser par plus fort que toi, ça te fasse monter l'adrénaline. Prendre le risque d'être une perdante, non, ça ne t'excitait pas comme certains autres vampires. Tu n'étais pas une accro des dès. L'euphorie des salles de jeux ne semblaient pas t'atteindre plus que ça. Du coup, à défaut de n'avoir reconnu quelqu'un pour l'instant tu sirotais tranquillement un verre que tu avais pris au buffet. Tu avais bien vu Aaron, le cogérant du KillerBurger, mais avec toute cette foule à traverser... tu n'avais pas le courage d'aller lui dire bonjour. Quoi que... Tu n'allais pas faire cavalier à part, dans ton coin, à afficher clairement que toute cette musique, cette ambiance, te faisait mal au crâne. Allez, il te fallait prendre ton courage à deux mains et aller saluer le vampire, qui avait pour sa part l'air de bien s'amuser. Après tout, tu n'avais pas besoin d'être constamment sauvage, les Jeux Olympiques étaient une occasion de décompresser et puis ça faisait longtemps que tu n'avais pas joué au poker.

Spoiler:

Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Non, aujourd’hui a lieu les jeux olympiques version vampire. Je n’ai absolument aucun idée de comment ça se passe avec eux. En tout cas chez nous, les jeux olympiques sont surtout des compétitions sportives. Mais semble-t-il que sur Heartkiller, on trouve un peu de tout : un labyrinthe, des jeux de casino et une chasse aux humains. Rien que de penser à ce dernier jeu me fait frémir. J’espère que mon frère –s’il est toujours vivant – s’en sortira indemne ! Quant à moi, et bien j’ai le plaisir de participer aux jeux de casino en présence d’Axel. Je me sens quelque peu flattée et privilégiée car semble-t-il que tous les esclaves ne participent pas aux festivités. Et même si je ne suis pas la seule qu’il emmène – les esclaves ont la langue bien pendue pour la plupart -, je me sens un peu au-dessus du lot. Il suffit de voir la robe trônant sur mon lit. Simple, noire et pourtant tellement classe. Pas trop tape à l’œil pour ne pas que les gens jasent toute la soirée, mais elle ne laissera personne indifférent malgré tout. Et personne ne se posera des questions sur le fait que je sois habillée de la sorte, puisque même si je suis une esclave, il faut que j’ai un minimum de tenue pour ce genre d’événement ! Nous n’allions tout de même pas nous y rendre en guenilles alors que nos maîtres se sont mis sur le 31 !
Un sourire se dessina sur mon visage. Je me sentais un peu l’âme d’une Cendrillon. J’étais vraiment sous le charme du vêtement, mais aussi le charme de celui qui me l’a offert… mais ça c’est un secret bien gardé ! En tout cas, ma colocataire semble quelque peu jalouse du présent sur mon lit. Mais peu importe, je ne m’en accommode pas. Contrairement à moi et aux quelques autres, elle n’a pas la chance de participer aux jeux, et doit rester dans la chambre toute la soirée.

Mais à force de rêvasser, le temps s’est mis à filer à toute allure et maintenant j’ai pris du retard ! Ni une ni deux, je fonce sous la douche et me dépêche de me préparer. Malgré sa jalousie apparente, ma colocataire m’aide malgré tout à me pomponner et nous nous amusons comme deux gamines à pouffer et rigoler malgré tout. Un léger trait de crayon noir, un tout petit peu de mascara, et les cheveux relevés en un chignon déstructuré. C’est à ce moment qu’Axel toqua à la porte. « Daenerys ? » prises au dépourvu, nous nous taisons de manière à ce qu’il n’y ait plus un seul son dans la pièce. Et merde, je n’ai pas encore enfilé ma robe. Sans dire mot, je me dirige doucement et sur la pointe des pieds vers le lit. « Je rejoins les autres dans la salle de réception. Ne tarde pas trop à me rejoindre, je serai près de la porte. ». Dommage, je pensais qu’on arriverait ensemble dans le grand salon… Ma joie retomba légèrement. Me rendre seule dans la grande pièce ne m’enchantait pas trop…

10 minutes plus tard, enfin prête, je me dirigeai vers le grand salon, et me stoppai net en haut des escaliers. La décoration était vraiment magnifique, à couper le souffle même. J’avais l’impression d’être dans un autre endroit et non pas dans ce château maudit d’Heartkiller. Il me fallut quelques minutes pour reprendre mes esprits, avant de balayer la pièce du regard, à la recherche de mon maître. La pièce grouillait de monde. Esclaves et vampires se mélangeaient naturellement. En tout cas, les vampires semblaient bien s’amuser et regardaient avec convoitise les humains autour d’eux. Mon estomac se serra et une angoisse me submergea. Il y avait VRAIMENT beaucoup de vampires... Il fallait que je retrouve rapidement Axel, afin de me sentir un peu plus en sécurité. Finalement, après une ou deux minutes à le chercher, mes yeux se posèrent sur lui, présent à une table de poker, en compagnie de Rozen et de quelques esclaves. Je ne pus réprimer un léger sourire. Qu’allait-elle encore inventer à notre sujet ?

Inspirant un grand coup, je descends les escaliers pour aller à leur rencontre, traversant la pièce en pressant légèrement le pas. Une fois à l’heure hauteur, je me mets à côté de mon maître parmi les autres esclaves, lançant, intimidée, un léger « bonsoir » à l’assemblée. Un autre vampire que je ne connais pas est déjà installé, avec son esclave à ses côtés, esclave qui semble être ravi d’être ici. Je parviens à me détendre quelque peu malgré mes « collègues » esclaves qui semblent me toiser du regard. Mais je fis comme si de rien était. Au moins je n’étais pas toute seule en tant qu’esclave dans cette aventure, même si je ne savais pas vraiment ce qui allait nous attendre…

Il dégustait son verre de vin avec délice, appréciant d'être là, apprèciant d'être dans cette vie mondaine à laquelle il n'avait pas put participer pendant des années. Il avait été privé de cela pendant trop longtemps et maintenant qu'il pouvait enfin en profiter, il ne s'en privait pas. Au tout départ, lors de son arrivée, il avait fait un peu n'importe quoi, il avait perdu le pied et s'était enfonçé dans un enfer du jeu et de débauche qui lui avait fait perdre l'esprit. Il ne se souvenait plus ce qui lui était arrivé, de ce qui avait provoqué un électrochoc et lui avait fait recouvrer la raison mais, il en était terriblement reconnaissant. Son regard amusé se posa sur son esclave à ses côtés. Il arrivait à voir son dégoût sur ses traits et surtout son incompréhension. L'irlandais savait qu'il choquait l'humain en faisant cela mais, le mortel allait devoir s'habituer à tout cela puisqu'un jour se serait son sang qui coulerait dans sa gorge. A cette pensée, sa pomme d'Adam joua le yoyo dans sa gorge et il ferma les yeux pour éviter d'avoir envie de se jeter sur le brun pour le mordre. Il devait faire autre chose comme, par exemple, répondre à la question qu'il venait de lui poser:

-"Bienvenue à la Loterie des Vampires, l'un desnombreux évênements qui ont lieu lors des jeux Olympiques Vampiriques. Tu as de la chance, on pourrait dire que c'est le plus pacifique de toutes les épreuves organisée. Ici, les maîtres jouent à des jeux d'argent mais, en guise de mise, il s'agit de leurs esclaves."

Il eut un petit sourire en finissant son verre laissant le temps au jeune homme d'assimiler l'information. Il se doutait bien que cela créerait une réaction plutôt négative et il eut un mouvement circulaire des yeux pour analyser la foule. Au loin, une chevelure rouge sang attira son attention. Elle était facile à reconnaître car plutôt inhabituelle et unique en son genre. Rozen était là et comme il ne semblait pas entretenir de relation avec qui que se soit d'autre dans la salle, il décida de la rejoindre. Tapotant l'épaule d'Ezra, il l'entraîna vers la demoiselle tout en lui murmurant à l'oreille:

-"Tient toi tranquille où je te joue contre un maître encore plus affreux que moi et sache que je suis très fort pour savoir qui te collera parfaitement mon cher!"

C'était une simple menace mais, il n'avait pas du tout envie d'avoir à la mettre à exécution et il espèrait vraiment qu'elle suffirait. Rozen n'était pas une grand amie, ni une grande connaissance mais elle avait le respect du jeune Lewis et c'était quelque chose de très difficile à gagner . Lorsqu'il arriva, la vampire était en compagnie de deux autres personnes: un homme et une humaine. Il les salua tous les deux, même l'esclave. Cela pouvait paraître très étrange mais c'était une habitude qu'il avait gardé de sa mère, personne pour laquelle il avait un grand respect.

-"Mademoiselle Rozen ravit de vous revoir! Messieur Dame, je me présente: Aaron Lewis, ravit de faire votre connaissance."

Politesse et diplomatie, ces soirées devaient être placées sous le signe de la paix et de l'amusement, alors faire de nouvelles rencontre ne pouvait pas être bien méchant!

Ca arrive demain là j'ai plus la force