Je me souviens d'un visage. Un seul. D'après eux, le reste me reviendra bientôt. En attendant, eh bien je n'en peux plus d'attendre.. Attendre d'aller chasser, attendre une proie, attendre que cette proie sot en confiance, mais aussi et surtout, attendre de retrouver mon passé. Peut-être n'en ai-je pas franchement envie, tout compte fait. Mais j'ai ce visage, je m'y accroche. Ce ne peut être que ma mère. Pour la simple et bonne raison que seul le visage d'un mère peut exprimer tant de choses à la fois. Tendresse. Crainte. Amour. Bonheur. J'en passe et des meilleures... Tout cela pour dire que je la revois, c'est sans doute mon souvenir le plus fort puisque le seul qui me revienne. Mais je sens que toute cette tendresse, cet amour, ce bonheur, ont étés de courte durée. Je le sens, je le sais.


« Elwin Schwarz ! » L'interpellé s'avança, mains dans les poches, capuche rabattue sur ses cheveux courts et chewing-gum en bouche. Le regard mauvais et un peu trop insistant que lui lança la surveillante lui donna envie de l'étrangler, mais, au lieu de cela, il lui renvoya un regard écrasant de mépris qui finit de la déstabiliser. Il tourna les talons pour rejoindre le dortoir qu'elle lui avait désigné d'une main presque tremblante. Super, il s'était déjà fait une ennemie, et pas des moindres. Après un bref état des lieux, il dut se rendre à l'évidence: il n'avait rien à faire là. Pour le côté orphelinat, d'accord, parce que son père s'était tiré à l'annonce de son existence, et parce que sa mère... Sa mère n'était "pas suffisamment qualifiée" pour s’occuper de lui. Pas suffisamment qualifiée ! Elle avait tout donné pour lui, pour qu'il soit heureux, pour... Et on lui retirait sa garde sous prétexte qu'elle n'était pas qualifiée !? Sur le coup, il s'était emporté, avait crié, montré son désaccord de bien des manières différentes. Jusqu'à ce qu'on lui jette une phrase, une seule, à la figure. Presque crachée, cette révélation avait eut l'effet désiré: celui d'un électrochoc. " Ta mère est une pute pour survenir à tes besoins !"


Je n’avais rien à faire là, parce que c'était une bande de petites racailles minables qui, tôt ou tard, voudraient m'enrôler et se heurteraient à un refus catégorique. Ce serait le début de la guerre. Ça l'a été. Et, en quelques sortes, j'ai gagné. J'ai été adopté. Très franchement, je n'en avais pas la moindre envie. Je voulais seulement voir ma mère. J’avais quinze ans quand on m'a arraché à elle, dix-sept à mon adoption. Autant dire que cela n'a pas servit à grand chose, pour un an. Mais je les aimais. Bien. Pas comme une famille, mais plus que la plupart es gens jusque là. Les Hedberg. J'ai gardé leur nom, mais aussi celui de ma mère. Schwarz-Hedberg. Quoi qu'il en soit, j'ai vécu un an avec eux, j'ai rencontré des gens et cetera. Une seule personne m'a marqué. La meilleure amie de ma "soeur. Ça fait bizarre. Mais, ça aussi, ça me reviendra. Un jour.


Des pas retentirent dans l'escalier, sur le palier, se rapprochant de la porte. Elwin se glissa sous sa couette et se tourna vers le mur, faisant mine de dormir - tout habillé, qu'est-ce que c'était convaincant... La porte s'ouvrit, il ferma les yeux et adopta une respiration régulière. « Debout. » Aucune réaction, juste une respiration légèrement sifflante. « Elwin, lèves-toi. Si tu n'es pas sur le palier dans deux minutes, je te jure que tu n'auras jamais eu aussi mal de ta vie. » Elle quitta la pièce. Serrant les dents, le jeune homme se retint de balancer quelque chose à travers la pièce et, se levant péniblement, sortit de son dortoir, passa devant la surveillante, un sourire en coin devant le fait qu'elle mesurait une bonne tête de moins que lui. « Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Si c'est pour le retard de la semaine dernière, et bah c'était la semaine dernière quoi ! Et si c'est pour mon repas d’hier, je sais pas comment il s'est retrouvé dans les toilettes. » fit-il, un air angélique et innocent sur le visage. Pour toute réponse, la femme lui ouvrit une porte et lui fit signe d'entrer. « Vous ne venez pas ? Comme c'est dommage, vous allez atrocement me manquer ! » fit-il, goguenard. Il monta les quelques marches le séparant de la pièce principale et pénétra dans le bureau de la direction sans frapper. Se tenaient là, la directrice de l'établissement, un couple d'un peu plus de trente ans et une fille d'à peu près son âgé. Un autre jour, il lui aurait dit quelque chose de manière à ce qu'elle rougisse jusqu'à la racine des cheveux, mais le regard de la directrice l'en dissuada. C'était bien la première fois, il avait déjà fait fuir trois familles de cette manière... « Elwin, je te présente la famille Hedberg... Tu ne dis rien ? Elwin... » Le jeune homme hésita. Se montrer totalement insupportable et rester ici une année de plus ou être un garçon charmant pour passer un an dans une famille normale... Il prit sa décision. « Enchanté. »

La directrice était soulagée, elle lui adressa un discret sourire, auquel il ne répondit pas. S'avançant dans la pièce, il serra la main au couple et, ne sachant quelle attitude adopter avec sa potentielle future soeur, lui adressa un sourire amical, auquel elle répondit de la même manière. Pour la première fois de sa vie, Elwin ne savait plus où se mettre... « Pouvons-nous commencer ? » La voix de la directrice le tira de l'embarras, tout le monde se tourna vers elle. Présentations, rires, sourires. Les papiers furent remplis.


Je sais pourquoi je suis là. Ce n'était pas évident à deviner, mais, maintenant, je sais pourquoi je me suis retrouvé sur la plage pareil une baleine échouée. Loïs. Mon enfer, mon amour, mon tout, mon rien.

Waking up without you, it doesn't feel right. To sleep with only memories is harder everynight and sometimes I think I can feel you breathing on my neck. Tonight I'm reaching out to the stars I think that he owes me a favour. It doesn't matter where you are I'll hold you again. I wish I could hear your voice don't leave me alone in this bed. I wish I could touch you once more don't leave me alone in this bed. Not tonight, not tomorrow... I've got the feeling that this will never cease living in these pictures it never comes with ease. I swear if I could make this right, you'd be back by now...


« Je suis enceinte. » Loïs baissa la tête. Elwin glissa un doit son son menton et la força à la reever, à le regarder dans les yeux. Sa réaction parut totalement irréelle... « C'est... génial ! J'suis sûr que ce sera un garçon... On pourrait l'appeler Sam. Non, Jeremy ! Ou Natan ! Non, non... Attends, je sais, Damen ! C'est joli, Damen.. T'en penses quoi ? » Apparemment, pas du bien. Son expression donnait l'impression qu'elle allait pleurer, crier et rire à la fois. Mais surtout pleurer. Le jeune homme s'approcha et ouvrit la bouche pour la réconforter, la referma, voyant qu'elle prenait la parole. « On ne le garde pas. » Il ouvrit la bouche et la referma sans rien dirent à trois reprises. On ne le garde pas... Il avait la mauvaise impression de ne pas être vraiment englobé par le pronom... « T'es pas censée demander son avis au père ? T'y a pas p... » « Je lui ai demandé. » Il recula d'un pas, deux, serrant les dents. « Tu ne... Qui ? » Son ton s'était fait dur, Loïs secoua la tête: elle ne lui dirait pas. « Tu veux le protéger en plus... Comme c'est mignon. Eh bien tu as commencé la partie, autant la terminer, tu veux jouer, on va jouer. Je le connais ? Hum... Oui, je le connais. En fait, tu e connasi parce que je le connais, c'est ça ?! Ça réduit les recherches... Dan ? Non, pas lui, quand même pas. Robb ? Oooh, d'accord, je vois. C'est Robb. Eh bien on va aller rendre une petite visite mon très cher meilleur ami ! »

Boum. Tenu par le col, les pieds dans le vide, peinant à respirer, Robb venait de se faire plaquer contre un mur. « Arrêtes ! Elwin, je t'en prie, arrêtes, fais-le pour moi. Viens, on rentre. On rentre, on garde le bébé, ce sera notre bébé. Allez, viens. » D'une violente secousse, il dégagea son bras de l'emprise de la jeune femme. Il continua à tenir Robb en l'air mais détourna son attention et ses reproches de lui pour les tourner vers elle. « Pour toi ? Qu'est-ce que TOI tu as fait pour moi ? C’est pas suffisant d'avoir été voir ailleurs, tu veux en plus me faire passer pour un imbécile crédule et obéissant !? Je ne ferais plus rien pour toi, et j'veux pas de ton gosse, garde-le, le garde pas, c'est pas mon problème. Je... J'te faisais confiance, moi, Loïs ! J'aurais fait n'importe quoi pour toi. Et tu... tu... avec lui ! Mon meilleur ami. Tu... Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous me dégoûtez. »


Je n'avais jamais autant souffert. Je n'avais jamais eu aussi envie de tuer quelqu'un. Par... un immense effort de volonté, j'ai lâché Robb, repoussé Loïs et quitté la pièce. L'immeuble. La rue. La ville. Le pays. Le continent. Et je me suis retrouvé dans un avion en plein crash. Je ne dis pas que j'aurais préféré mourir, mais cette vie n'est pas pour moi. Je joue les gentils petits vampires obéissants, ce n’est pas moi. Mais, de cette façon, je ne me fais ni d'amis, ni d'ennemis. Ne voulant ni n'ayant besoin de l'un ou l'autre, cela me convient. C'est sans doute le seul avantage de ma condition actuelle. Incube. J'ai toujours été comme ça, charmant et charmeur pour parvenir à mes fins. Je pensais ne plus en être capable, je me trompais. Lorcan s'en est aperçu. Mais je ne lui ai jamais été d'une grande utilité et, au fond, je n'avais pas l'instinct de survie. Maëlyss m'a "récupéré" avant qu'on ne décide de me tuer. Avec elle, je ne me sens pas redevable,et je sais qu’elle n'attend pas grand chose de moi. Je lui ramène des esclaves, je sais pertinemment qu'elle les relâche. Je préfère cela. Même si je ne le montre pas. Même si je me fiche de leur misérable existence. Maëlyss... Si je lui parlais, je devrais l'appeler "Maîtresse". Qu'est-ce que c'ets rabaissant ! Moi qui ai toujours détesté l'autorité, recevoir des ordres,tout ça... Sans doute n'ai-je pas à me plaindre, je suis tranquille. Mort aussi, je serais tranquille. Pessimisme, pessimisme... Mais c'est la vérité. Mort, je veux dire vraiment mort, pas "mort-vivant" vampire comme je le suis aujourd'hui, mort et enterré, pour de bon, j'aurais été tranquille. Et ce Stepan qui se pense tellement héroïque , à qui je serais éternellement redevable pour quelque chose que je ne lui ai jamais demandé de faire ! Et ce besoin de planter mes crocs dans toute personne dont le coeur bat encore. Cette excitation dans la traque. Et pourtant ce sentiment d'être une abomination innommable. Ce sentiment qui ne me quitte plus. Que je ressens quoi que je fasses, où que je sois. A chaque pas, chaque pensée, chaque geste, chaque soupir. rire, sourire.

Les quelques feuillets trouvèrent presque naturellement leur place entre l'ancien testament et le nouveau, au creux de la Bible. Celle-ci se referma sur eux et disparut sous un matelas. La porte s'ouvrit, se referma. le silence retomba sur la pièce vide.