Sa surprise grandissait de minutes en minutes. Elle s'attendait à tout sauf à cette question. C'est avec un plaisir évident que je la vis se mordre la lèvre, signe qu'elle angoissait. Bien j'avais ma réponse quoi qu'elle dise. Elle me mentait et elle fuyait la nuit pour se balader. << Je ne vois pas de quoi vous parlez, désolée. >> Et elle me prenait pour un idiot également. Je n'aimais pas ça et elle le savait. Au moins elle n'osait pas me mentir en me regardant dans les yeux. Si je voulais je pouvais l'hypnotiser, mais je n'aimais pas utiliser se pouvoir sur elle. J'appréciais trop Ava pour ça. Elle n'était pas qu'une simple esclave ou du moins, pas depuis ce baiser. Un moment de tendresse. Le seul l'unique. Je n'avais pas osé recommencer. Elle était humaine et malgré la tendresse que je pouvais avoir pour elle, nous risquions tous les deux la mort si ça se savait. Mais pour elle peut-être étais-je près a tout risquer ? Allez savoir.

Ceci dit j'étais devant elle et elle me mentait. Comment lui faire confiance si toutes les nuits elle partait ? << Tu mens Ava. Je le sais. Tu te rends compte que tu pourrais te faire tuer ? >> Doucement je posa ma main sous son menton et lui fis relever le visage vers moi. Je ne voulais pas l'hypnotiser de toute façon elle ne craignait rien. J'aimais juste voir son regard. Je n'étais pas en colère loin de là. Je voulais qu'elle me l'avoue c'était tout. En revanche, si elle recommençait j'allais vraiment me mettre en colère. << Je ne suis pas en colère. Avoue moi tes fuites c'est tout. >> Du bout des doigts je replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. Puis je laissa ma main courir dans son cou et son épaule. Il m'arrivait souvent d'être tendre avec elle, mais dans l'intimité bien-sûr. Je craignais tout de même qu'elle pense que je voulais l'amadouer chose qui était fausse. Mais je m'attendais à tout.

Avec un sourire rassurant je l'invita à s'asseoir sur le canapé présent. Elle n'allait pas me parler si je la laissais debout au milieu de la pièce. Elle avait l'air d'une condamnée en plein jugement. Hors je ne la jugeais pas. Certes si cela avait été une autre esclave je l'aurais déjà tué. Pour m'avoir menti et surtout pour quitter le manoir en pleine nuit. Mais elle était différente. En tout. Je ne pouvais pas l'expliquer c'était comme ça avec elle j'étais plus... Compréhensif alors qu'avec d'autres, je les aurais déjà tués. Malgré ma haine pour les humains avec elle je pouvais pendant quelques secondes me montrer gentil. Mais pas longtemps... Je devais avoir le rôle du méchant.

Je priais pour que jamais son rythme cardiaque ne se calme jamais en ma présence. J'aimais trop sentir les effets que j'avais sur son petit corps fragile. Son cœur s'emballait quand je m'approchais trop près. Non je ne jouais pas avec elle, mais j'adorais savoir qu'elle perdait pied quand j'étais à quelques centimètres d'elle. Je fus soulagé lorsqu'elle prit place à mes côtés. << Je vous demande pardon pour vous avoir menti et être sortie sans votre permission. Je ne le ferai plus. >> Bien elle était sincère cela se voyait. Je lui fis un sourire de remerciement. Il fallait avouer qu'Ava n'était pas une petite rebelle je ne pouvais pas lui tenir rigueur de vouloir s'évader un peu. Et même si j'avais voulu lui porter préjudice, je ne pouvais pas. J'en étais incapable. Je la regarda faire et la laissa approcher doucement sa main. Puis elle accrocha son regard au mien que nos doigts s’entremêlèrent. Peau chaude contre la mienne, froide comme du marbre.

Le danger. Le risque de nous faire surprendre par un esclave ou pire, un vampire. Mais c'était ce danger qui était excitant. Et ma douce Ava avait un goût exquis d'interdit. Lentement et sa la quitter du regard je porta sa main à mes lèvres et déposa un baiser sur chacun de ses doigts. Un geste tendre et anodin de nos jours, mais qui à mon époque voulait tant dire. Je lui témoignais tout mon respect et mon affection dans ce geste. Et j'espérais qu'elle allait l’interpréter comme ça. << Alors si tu ne partiras plus tout va bien. Si il t'arrivait malheur je ne sais pas ce que je ferais. >>

Un instant volé, ils étaient tellement rare. Juste quelques secondes pour profiter de sa présence si indispensable avant de reprendre mon rôle de maître, et elle d'esclave. Mais alors que mon cerveau me hurlait de la lâcher. Ses yeux envoutant me poussèrent a faire tout autre chose. Reproduire le même mouvement que quelques semaine auparavant. Lentement je m'approcha d'elle. Prudemment car je craignais un refus qui aurait été logique. Mes doigts se posèrent sur sa joue pour la caresser tendrement alors que je posais mes lèvres contre les siennes. Si quelqu'un nous voyait nous étions mort c'était sur. Mais pour elle je pouvais prendre le risque,elle le valait bien.

Elle avait mit tant d'amour dans son baiser que j'en restais sans voix. En ce simple geste elle venait de me faire comprendre qu'elle m'appréciait bien plus qu'il ne le fallait. Et peut-être lui avais-je ouvert mon cœur également ? Avec un étonnement évident je la vis dégager son cou pour me présenter sa peau alléchante. Sous le coup je m'étais levé mais pas pour la mordre, juste pour qu'elle prenne place devant moi. Si elle me permettrait de la mordre ce serait face a face, comme si elle était mon égal. Car oui elle était humaine mais je ne pouvais pas me résoudre à la considérer comme ma simple esclave. Elle était tellement plus. Mais sa dévotion me touchait, c'était bien la première fois qu'une esclave s'offrait à moi pour que je la mordre. Mais avant de planter mes crocs dans sa peau douce je répondis à sa question << Vous feriez comme six mois auparavant, quand je n’étais pas encore ici. Je ne suis pas indispensable. >>

Si seulement elle savait à quel point elle se trompait. << Tu es indispensable pour moi. >> En quelques mots prononcé elle pouvait comprendre que je tenais à elle bien plus que de raison. Puis avec de la douceur je planta mes crocs dans son cou et, aspira quelques gorgés de sang. Asse pour calmer ma soif mais sans lui faire tourner la tête. Comme toujours son sang fut un délice pour moi, une drogue auquel je ne voulais pas me passer. Avec satisfaction je remarqua que sa plaie n'était pas profonde, juste deux petits trous trahissaient ma morsure. Bien elle ne saignait pas abondamment au moins. Mais par pure galanterie je lui proposa des soins. << Veux-tu désinfecter ou... Que je te soigne ? >> Si seulement il existait une solution à nous deux. Si elle avait été vampire je l'aurais séduite sans attendre, mais elle était humaine et je craignais de l'attaquer à tout moment. Son absence serait un vrai enfer. Jamais je n'avais été proche d'un ou d'une humaine, car tout simplement je les détestais.

Ils étaient responsables de la mort de mes parents a cause de leur ignorance. Ils avaient préférés tuer des gens bons plutôt que les comprendre. Ma haine pour eux avaient grandit d'années en années pour devenir sans limite. Les souffrances que je pouvais leur faire endurer étaient sans pareille. Mais pas Ava non, elle je ne pouvais me résoudre à la faire souffrir. De quelconque manière qui puisse exister, je lui trouvais des excuses pour justifier ses fuites ou autres. J'étais en tord sans doute mais je ne pouvais pas lui porter préjudice, j'en étais incapable. "Elle te rend faible" m'aurait-on dit. Oui sûrement étais-je faible quand elle posait ses yeux sur moi, mais elle le devenait aussi quand je la regardais. Elle avait quelque chose de spécial c'était tout. Et même si je me doutais qu'elle ne voudrait jamais passer l'éternité à mes côtés, j'étais prêt à accepter la moindre seconde avec elle. Comme un cadeau precieux que l'on protège.

La douleur avait été présente pendant la morsure,je l'avais senti se tendre contre moi. Pour m'excuser, quand elle passa son doigt sur le coin de ma lèvre pour récolter un peu de sang, j'embrassa tendrement son pouce. Comme ça, indirectement je lui demandais pardon pour la douleur causé. Quelques minutes passèrent ou nous restâmes accroché l'un à l'autre. Puis je lui proposa de la soigner afin qu'elle n'est pas besoin de se désinfecter. Son visage si doux prit un air enfantin. Comme si je venais de lui proposer le plus beau des cadeaux. Puis d'une petite voix fluette elle me demanda << Me soigner ? Comment ? >> Sa naïveté me fit sourire. Mais un sourire franc et amusé. Oui avec elle je riais, elle était la seule à vraiment me faire rire. Malgré l'horreur dans lequel nous étions, enfin surtout elle, régulièrement on pouvait nous apercevoir le sourire aux lèvres.

Plutot que de lui expliquer nos pratiques, je préférais lui montrer. Donc avec un sourire je porta mon poignet à ma bouche et planta mes crocs dedans. Mais pas asse pour que le sang coule abondamment. Juste quelques gouttes pour que sa plaie se referme. Puis je vins caresse sa bouche de mon poignet blessé. << Je sais ce n'est pas bon. Mais prends et tu verras. >> Je ne lui laissais pas le choix non plus. Qu'elle accepte mon sang était comme un cadeau, elle aurait quelque chose de moi. Pas pour l'éternité mais c'était mieux que rien. Peu de vampires donnaient leur sang à des humains. Mais pour elle j'étais près à me couper les veines si elle me le demandait. Je devenais fou tout simplement. Fou d'elle et de son humanité. Fou de sa présence et de son visage d'ange. Elle allait me rendre malade d'amour si je ne prenais pas de distance. Mais comme m'éloigner alors que j'étais déjà accroc ?

Je fus satisfait lorsqu’elle porta mon poignet à ses lèvres. Elle ne prit que quelques gouttes de sang, le gout devait être écœurant pour elle alors que pour nous il était délicieux. Quel drôle de contraste. Je remarqua que sa plaie cicatrisait dans les secondes qui suivaient. Il ne restait rien de ma morsure, aucune trace ne venait souiller sa peau. Alors que mon regard se posa sur son visage, il restait une goutte rouge sur sa lèvre. La seule et unique, aussi attirante qu'une drogue. J'approcha mon visage du sien et, du bout de ma langue vint cueillir la petite gouttelette rebelle. Puis un peu trop brusquement je posa mes lèvres sur les siennes. J'espérais ne pas l'avoir brusqué et surtout, ne pas l'avoir blessé.

Comme un drogué en manque je l'approcha plus près de moi. Je voulais la sentir, la gouter encore et encore. Elle me rendait fou et ivre d'elle. Je sentis sa main glisser sous ma chemise, lentement comme une douce torture. Elle allait me rendre fou c'était certain. Avec regret elle mit fin au baiser et ses doigts quittèrent ma peau. Me laissant une brulure et un manque évident. A minutes que les secondes passaient je me rendais compte que j'étais accroc à elle bien plus que la normale. Si tout cela se savait nous étions tout les deux morts. L'empereur ne supportait pas les histoires d'amour entre esclaves et vampires. Ils m'éprisaient les humains à un point innimaginable. Enfin... Je devais avouer que j'étais comme lui avant de la rencontrer. Elle avait définitivement tout changé en moi, mon avis sur les humains et sur la vie en général.

<< Je peux rester avec vous cette nuit… ? >> Comment lui refuser ? Alors qu'elle venait de me demander ça avec le visage le plus adorable qu'il m'est été donné de voir. Son petit air timide et géné me comblait totalement. Et me faisait craquer aussi. Pour le meilleur et surtout le pire. Je pris sa et la fis glisser sur ma joue comme une caresse. Un besoin de tendresse de sa part. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas partagé un moment de tendresse avec une femme. Et la sentir si près de moi m’apaisait. Je souria et embrassa la paume de sa main avant de lui répondre << Bien-sûr reste... J'ai un peu de travail mais ça ne prendra pas longtemps. Si tu veux venir près de moi ça ne me dérange pas. >> Comme si je pouvais accepter qu'elle ne me quitte rien que quelques secondes. Je laissa passer un instant pour que la tension dans la pièce retombe. Je sentais son cœur battre à toute vitesse. Et bien quel effet ! Je lui souris et déposa un autre baiser sur ses lèvres, rapide et chaste. Je devais me remettre au travail pour m'occuper d'Ava après.

<< Et ensuite... Je m'occuperais de toi... Et je serais tout à toi >> Ceci sonnait plus comme une promesse que comme une menace. La promesse d'un instant rien qu'a nous où notre différence humain/vampire n'existerait plus.

Comment me concentrer alors que j'avais l'une des plus belles créatures qui m'aie été donné de voir près de moi ? Mais il le fallait car j'avais des responsabilités, et mes dossiers n'allaient pas se remplir tout seul ! Avec un soupir résigné je m'installa à mon bureau alors qu'Ava prenait place dessus. Je commença ma lecture d'un air distrais, en effet j'avais une vue imprenable sur ses jambes dénudées. A croire qu'elle le faisait exprès ! Je souria dans ma barbe et repris ma lecture. Le temps passa rapidement pour moi, mais apparemment j'avais été long si j'en jugeais par l'air endormie de ma douce esclave. Je sentis quelque chose me chatouiller la hanche et découvris avec un sourire qu'Ava me faisait du pied. En me levant lentement, je m'approcha d'elle pour venir goutter à ses lèvres. J'approcha nos corps un peu plus alors que nous partagions un baiser enflammés. Je sentais ses jambes entourer mes hanches dans une étreinte possessive et prisonnière. Lentement je mis fin au baiser et la regarda tendrement. « Tu sais que c'est un jeu dangereux... Si on tombe Ava... » Je préférais prendre le soin de la mettre en garde, nous avions commencé une relation dangereuse voire mortelle si quelqu'un l’apprenait. Et autant je me moquais de mon sort, autant celui de ma douce esclave m'était primordial.

Un instant je me perdis dans son regard, bon dieu qu'elle emprise elle avait sur moi ! J'avais plus ou moins aimé une femme autrefois, cela semblait si lointain. L'époque avait changé, les mœurs aussi. Tout ceci me paraissait si loin, et j’appréciais moyennement les temps d'aujourd'hui. Pour en revenir à mon amour de jeunesse, je ne sais même plus son prénom, je me souviens juste de sa couleur de cheveux, d'un noir corbeau, comme la nuit. Son souvenir traînait en moi, a vrai dire je me moquais de l'oublier, elle n'avait été qu'une amourette d'adolescence. Avais-je seulement connu l'amour ? Je pouvais dire que maintenant oui. Quand j'étais tombé irrévocablement et dangereusement amoureux de la jeune fille que je tenais dans mes bras. Et je savais que tout ceci n'avait rien de bon, était dangereux et pouvait nous emmener à l'impossible. Quel avenir pouvions-nous avoir. Aucun à moins qu'elle ne décide de devenir comme moi sauf que j'en doutais. Jamais elle ne m'avait exprimé son désir de devenir vampire, et je me doutais que notre condition l’intéressait réellement. A vrai dire, si nous n'avions pas été attaqué à l'époque je n'aurais sûrement jamais été une créature de la nuit. Jamais ma mère ne m'aurait transformé sans une bonne raison. Mais la raison je la gardais jalousement enfouis dans ma tête... Enfin peut-être un jour pourrais-je lui révéler le pourquoi du comment je détestais autant les humains. Mais pour l'instant nous avions d'autre projet si je ne me trompais pas. Et la divine créature dans mes bras m’annonçait le meilleur à venir. « Nous disions ma douce ? ». Autant revenir à l’essentiel, c'est à dire Ava.

Je la voulais c'était certain. Mais il ne fallait pas. Un interdit et aussi mignon soit-il, tout aussi dangereux que n'importe qu'elle autre chose. Je la laissais déboutonner ma chemise en répondant à son baisée, puis quand tout ceci allait trop loin à mon goût je l’arrêtais en bloquant ses mains. En entendant mon prénom je reviens à la réalité. Mais seigneur qu'est-ce que je faisais là ?! « Dimitri ... ». Je relevais le visage vers elle et la regardais un instant. Sa phrase me revenait en tête, m’obsédait comme un air qui nous hante toute une journée. « Alors nous tomberons ensemble. » Non... Si quelqu'un devait tomber c'était moi et moi seul. Je n'accepterais pas qu'elle me suive c'était... Impossible. En 600 ans d’existence je n'avais jamais connu ça... Et j'étais près à tout perdre si cela se savait. Je m'en foutais de risquer ma vie, c'était la sienne la plus précieuse. Elle était mortelle et donc tellement vulnérable. Tout pouvait la tuer à n'importe quel moment, et malheureusement je ne pouvais pas être derrière elle tout le temps. Si seulement... Je ne pouvais pas lui imposer de devenir comme moi, ça aurait été inhumain, et j'étais déjà damné pour l'éternité, pourquoi lui imposer ça ?

Tendrement je la regardais et remis une mèche de cheveux rebelle en place, derrière son oreille.« Soyons raisonnable... Nous ne devrions pas. » Avec un regard désolé je me reculais d'elle et reboutonnais ma chemise. Je m'en voulais bien-sûr, mais je ne pouvais pas passer au dessus. Je ne voulais pas qu'elle prenne de risque c'était... Ridicule sûrement, mais à mon époque les hommes étaient comme ça. Et malheureusement j'avais gardé ces vieilles habitudes. J'espérais qu'elle n'allait pas penser que je ne la voulais pas où quelque chose comme ça car c'était faux, totalement faux. Je me détournais de son regard en baissant les yeux. Puis lentement je partis m'installer sur le canapé. Elle ne connaissait rien de moi, et quand on regardait bien je ne connaissais rien d'elle non plus. Je voulais tout savoir sur elle. Et je ne voulais pas qu'elle pense qu'elle était juste une esclave comme une autre, une avec qui je couchais et que je jetais le lendemain venu. Je relevais le regard vers elle avant de parler. « Je suis désolée... ». Et je l'étais, vraiment. Je lui fis signe pour qu'elle prenne place à mes cotés si elle le désirait.

600 ans... 600 longues années qui c'étaient écoulés. Et tel un spectateur j'avais tout vu, tout entendu et tout fait. J'avais tout expérimenté, tout ce qui était nouveau ou à la mode, j’asseyais. Et malgré tout ça, même après avoir tout vu j'arrivais à être surpris. Et alors que je sentais la lassitude me gagner, j'étais tombé sur elle. Sur Ava. Certes je ne l'avais jamais frappé ni torturé, un record quand on savait tous les sévices que je faisais subir à mes esclaves! Mais je n'avais pas été tendre... Car devant elle, inconsciemment j'étais faible. Elle savait faire sortir le meilleur en moi. Une partie que je pensais enfouis depuis longtemps, depuis la mort de mes parents. Et pourtant... 600 ans plus tard, j'étais encore surpris.

Elle m'en voulu quelques secondes... Pas longtemps car elle se tourna vers moi et je la sentis fondre. Un sourire vint effleurer ses lèvres alors qu'elle se levait pour me rejoindre sur le canapé. J'étais soulagé qu'elle ne se sente pas vexée trop longtemps car je n'aurais pas supporté qu'elle me fasse la tête. Pas longtemps du moins... Voire pas du tout était le mieux. « Vous n’avez pas à l’être. C’est moi qui… J’aurais pas du. » . Un sourire naquit sur mes lèvres en entendant sa phrase. Comme toujours elle se jetait toute les fautes et pourtant j'étais le seul fautif. C'était bien moi qui l'avais embrassé sans la prévenir... Un instant la pensée que c'était une erreur me vint en tête. Bien-sûr que ça l'était enfin... Elle était humaine et moi vampire, la proie et le prédateur. Je pouvais la tuer en un instant et pourtant l'idée de lui faire du mal me révulsait. J'étais un monstre je le savais déjà mais avec elle je voulais être autre chose. Un peu plus humain ? Sûrement. Mais comment être humain alors que je tuais mes esclaves dans d'atroces souffrances. Les vampires peuvent avoir des remords ? Non... Je n'en avais pas.

Elle prit place à mes côtés mais loin de moi. Trop loin à mon goût. Ma main vint frôler la sienne et, en prenant ses doigts entre les miens je la fis s'approcher de mon corps. « Vous êtes déjà tombé amoureux ? » Cela était sûrement arrivé mais... C'était il y a tellement longtemps que le souvenir de son visage m'était flou. Sans doute quelques minutes étaient passés quand elle parla à nouveau, je me rendis compte que j'avais laissé un blanc dans la pièce. Ma main tenait toujours la sienne et jouait avec ses doigts fins. « Vous n’êtes pas obligé de répondre… J’aimerais juste faire connaissance avec vous. Vous m’intriguez. » . Un sourire rassurant vint sur mes lèvres, lui signifiant que je n'étais pas vexé ni dérangé par sa question. Il était normal qu'elle se pose des questions et à vrai dire, je me doutais que plusieurs de mes esclaves se posaient des questions sans oser me les demander mais il était normal. Je n'étais pas un modèle de gentillesse. Elle se rapprocha de moi alors que je rassemblais mes souvenirs.

Tout ceci remontait à loin mais j'avais encore des beaux souvenirs en moi. « Oui mais... Je devais avoir 16 ou 17 ans. Tu sais je n'ai jamais un gros romantique à courir après les filles. De mon époque une femme on lui faisait la cour ce n'est pas comme maintenant. » De nos jours les filles n'étaient plus les mêmes, et les hommes non plus d'ailleurs. A mon époque nous n'avions pas de "petite copine" ça ne se faisait pas et surtout ça n'existait pas. On épousait une jeune fille de sa condition et c'était comme ça. Mais grâce à la condition de mes parents mes prétendantes ne se bousculaient pas. Pas que je ne plaisais pas non, mais des histoires plus morbides les unes que les autres hantaient notre famille et obligatoirement, les villageois et nobles étaient effrayes à l'idée de laisser leur fille avec un "montre" comme ils le disaient. Peut-être ma haine envers les humains venaient de là aussi. Mes parents malgré leur condition de vampires étaient des gens adorables, sûrement pas sanguinaire ni cruel. Et pourtant l'être humain a peur de ce qu'il ne connait pas et de ce qui le dérange. C'est ainsi qu'ils décidèrent de tuer mes parents lâchement. Mais je n'étais pas ici pour raconter un passé douloureux. Je changeais donc de sujet. « Et toi ? Tu as déjà été amoureuse ? » Banal certes, mais j'étais intéréssé à l'idée qu'un autre homme lui fasse tourner la tête.