Je donnerais tous les paysages du monde pour celui de mon enfance.

De l'eau plein les poumons, je recrache ce liquide salée en toussant comme une tuberculeuse. Tout est flou... Le sable me donne l'impression de rapper mes mains, l'air frais brûle mes poumons en même temps que l'iode. Cette même substance qui me pique les yeux, rend le paysage flou. Je ne saurais dire où je suis. La fatigue prend le dessus, et dans un dernier soupir m'évanouis sur cette plage.

Un champ... La forêt au loin. Et du blé, partout. Un immense champ de blé recouvre l'horizon. C'est tout ce que je peux voir enfin... Distinguer à travers les rayons du soleil. Une enfant court à travers les épis, elle rit aux éclats, en chante, joue, danse, saute... Elle est heureuse. Cette enfant c'est Lilith. Une petite fille aux yeux verts et à la chevelure brune, magnifique. Un sourire à faire fondre un saint tellement elle était belle. Oui cette enfant avait la vie devant elle, qui pouvait croire que dans quelques années elle serait un modèle de déchéance ? Personne si on en jugeait par l'innocence inondant ses trais fins. Elle devait avoir 6 ans cette année là, le soleil baignait l'horizon, recouvrant les champs d'une lueur orangée magnifique. Une image paradisiaque tout simplement, sans doute la plus fidèle représente du jardin d’Éden. Oui cette époque était bénie. Son enfance fut bercée par l'insouciance. Elle ne manquait de rien, ses parents n'étaient pas riche mais elle était heureuse comme ça. Elle n'avait pas besoin d'une montagne de jouets, les rares qu'elle avait lui suffisaient. Et c'était mieux ainsi.

Une main puissante, ferme, se pose sur mon épaule pour me secouer sans aucune douceur. Je reviens lentement à la réalité alors que des paroles sonnent dans mes oreilles. Je suis toujours au même endroit, ce n'était pas un rêve. Je suis sur une plage. Un naufrage ? Oui sans doute... J'essaye de rassembler mes souvenirs... Je me souviens d'un avion. Du crash... Les cris, la douleur, la peur... La mort. Présente partout autour de moi. Nous guettant comme si nous n'étions que des proies. La faucheuse et son odeur répugnante... C'est la première chose que je remarque alors que j'ouvre les yeux. Des corps partout autour de moi, et du sang... Liquide de vie se rependant sur le sable blanc de la plage. Mais comme si j'étais déjà à moitié morte, un homme me prit par le bras pour me relever. Mes jambes me semblaient lourdes et ma tête tournait. Ma gorge me brûlait toujours, c'était sans parler de mes poumons. Chaque respiration me faisait souffrir. Au loin le soleil déclinait lentement. La nuit prend sa place,le danger rode. Soudain j'entends des pas au loin, l'homme qui me tenait me lâche pour partir en courant, je m'écroule au sol . Mes jambes incapable de me tenir.

Et si c'était à refaire ? Qu'aurait-elle changée dans sa vie ? Tout. Son adolescence ne ressemblait à la jeunesse d'une fille comme les autres. C'était une carnage sans nom. Pas qu'elle était malheureuse non, ses parents l'aimaient. Enfin... C'était ce qu'elle se disait. Jamais dans sa vie ils ne lui avaient beaucoup dit. Il existait une pudeur entre ses parents et elle, une sorte de gène quand il était question de se dire des mots d'amour. C'est comme si cela était honteux. Idiot oui... Mais elle avait appris à vivre avec. C'était ainsi. Et elle n'avait pas pu leurs dire à quel point elle les aimait... Ils venaient de mourir dans un accident de voiture. Sans qu'elle puisse leurs dire ce qu'elle avait sur le cœur... Non la vie était trop injuste. Elle avait 15 ans et se retrouvait orpheline. Souvent on lui disait que pendant la chute il y avait toujours le moyen de bien atterrir.. Connerie ! Il n’existait pas de fin heureuse. C'était simplement pour les contes ça... Dans la vraie vie ça n'existait pas. Mais comme tous les enfants du monde elle avait cru aux princes charmants. Non cela aussi c'est faux... Le prince saute la princesse dans le hall d'un immeuble de banlieue. Cela aussi elle venait de le comprendre. Elle fut placé en foyer avant qu'on lui trouve une jolie famille unis pour l'accueillir. Mais elle s'en foutait se leurs sourires compatissant, elle ne les supportait pas... Elle ne voulait pas de leur pitié. La vie poursuivit son chemin... Et alors qu'elle venait de faire 18 ans elle s'enfuit de cette famille adoptive. Ce n'était pas comme si elle les aimait après tout. Et elle devint une des nombreuses jeunes à vivre et dormir dans la rue. Sa famille d'accueil ne l'avait même pas cherché, c'était pour dire à quel point ils l'aimaient ! Puis deux ans après, un soir... Elle rencontra un homme qui allait changer sa vie, et la faire tomber dans les abysses.

L'air est chaud, nous sommes en pleine nuit et pourtant j'ai l'impression d'étouffer. Je sens quelqu'un me relever comme si je ne pesais rien. Un homme se pose devant moi et me regarde, sa main se pose dans mon cou alors que je sursaute. Elle est glacée. Dans cette endroit où il fait si chaud l'homme à la main froide comme du marbre. « Elle va crever regarde là... » De qui il parle là ? De moi ? Je semble si faible que ça ? Sans doute... J'ai l'impression que la mort va me cueillir à chaque instant. Je sens son étreinte glacée, froide et malsaine. « Au pire le maître s'en fera un repas... » Un... Repas ? Sous cette dernière phrase la tête me tourna et je m'évanouis encore. Le manque devait se faire sentir...

Elle avait pourtant la vie devant elle, et il lui semblait qu'elle était déjà gâchée. Sa vie ne ressemblait à rien. Elle avait 20 ans, aucun métier, pas de diplôme... Rien. Elle fumait, buvait, et vendait son corps pour vivre. Combien de temps lui restait-il ? 10 ? 15 peut-être si elle ne touchait pas à la drogue. Non ça lui était impossible... Elle avait de plus en plus envie de se perdre dans des produits illicites, oublier son existence. L'homme qu'elle avait rencontré... Un proxénète. Il lui avait fait croire des merveilles, et encore une fois elle était tombée dans le panneau. Comme une idiote elle était tombée amoureuse de sa belle gueule, de son sourire ravageur et de son charme à couper le souffle. Avant qu'un soir il ne le force à s'habiller et la jeta sur le trottoir en lui promettant de lui refaire le portait si elle n’obéissait pas. Alors la prostitution devint un moyen de gagner sa vie... Plusieurs fois elle essaya de s'en sortir mais... Elle n'avait jamais eu de chance cela n'allait pas commencer maintenant. Alors pendant des années sa vie se résumait à ça, les passes rapides dans les hôtels la nuit. Et le jour sa chambre de bonne et une seringue dans le bras. Partir loin, oublier, s’enivrer de cette substance pour ne plus penser au présent. Ne pas sentir les mains de ces hommes sur elle, ne pas voir le visage de ses parents, mortifié par ce qu'elle était devenue. Elle n'avait plus rien de la douce enfant courant dans ce champ de blé non... Son corps était maigre, squelettique. Son teint blafard comme si elle était déjà dans la tombe. La peau de ses bras couvertes de bleus et de piqûres rouges, des témoins muets de la drogue qu'elle s'injectait tous les jours. Elle ne dormait plus sans avoir bu l'équivalent de 3 ou 4 bières. Sans alcool, son sommeil était peuplé de cauchemars, elle ne pouvait pas le supporter.

Elle se réveilla lentement, elle avait mal partout, la drogue courait encore dans ses veines et pourtant elle sentait déjà le manque refaire surface. Elle se laissa tomber hors du lit, son corps rampa jusqu'à un petit meuble où elle sortit une petite boite contenant un peu d'argent. Une petite somme certes, mais assez pour un billet d'avion et de quoi se payer de la nourriture et une chambre d’hôtel pour 2 ou 3 mois dans un autre pays. Partir ? Elle y pensait de plus en plus... Pour aller où ? Loin de l’Écosse, en Amérique. Faire sa vie, trouver un travail, enterrer ses vieux démons. Elle ne pouvait plus vivre comme ça. Elle avait froid... Elle frissonna. Elle reprenait ses esprits et la réalité revenait à la surface. Elle ramassa une veste sur le sol et l'enfila. Mais à cet instant elle sentit le parfum sur le tissu, un parfum d'homme. Son dernier client de la nuit... Un riche homme d'affaire. Alors la nausée lui prit et elle ne pu se lever étant trop faible. Son estomac régurgita sur le sol le maigre repas composé de pain et de bière qu'elle avait avalée 1H plus tôt.

Depuis combien de temps on marche ? La nuit noire couvre l'horizon et je ne sais même pas où je suis. Pas en Amérique c'est certain. Une île oui... Et entouré de deux colosses qui me mènent à travers des sentiers dont je n'aurais même pas soupçonnés l’existence. Me remettant de mes émotions je les suis sans broncher, peu sure de ce qui va m'arriver. Ils ne ressemblent pas à des sauveteurs non. On sort de la forêt et à cet instant une immense porte se présente devant moi. Une citée... Mais bon dieu ou je suis ?! Ils continuent le chemin en me poussant derrière eux. Leur poigne de fer me faire mal au bras et pourtant je n'ose pas leur dire. Ils me semblent mauvais, presque dangereux. Nous traversons ce qui semble être une citée pour arriver devant un palais. Certes je n'ai jamais été studieuse à l'école mais je n'ai jamais entendue parler de cet endroit... Je m'en serais souvenue... Enfin j'espère. Nous entrons dans le palais, traversons des longs couloirs avant qu'ils ne me posent devant une porte de ce qui semble être une chambre. Ou un appartement. Je suis poussé à l’intérieur de la pièce par les mêmes hommes qui m'ont trouvés sur la plage. Ils me tirent jusqu'à un canapé immense dans ce qui semble être un salon... Devant moi passe une femme en tenue extravagante... C'est le moins qu'on puisse dire ! « Maître nous avons quelque chose qui peut vous intéresser. » Tu sais ce qu'elle te dit la chose ? Alors que je tourne ma tête pour répliquer les deux hommes me jettent violemment au sol, et je me retrouve à genoux, soumise comme je l'ai toujours été... Pas cette fois. Pas encore non... Silencieusement un homme se lève et j'ose lever les yeux pour le voir. Grand, fin, blond... Magnifique tout simplement. Les yeux rouges, menaçant. Mes yeux croisent les siens et au même moment un violent coup vient s'abattre sur mon visage. « Baisse les yeux ! » Je n'ai même pas la force de répliquer, je suis épuisé, j'ai faim, soif et mon sevrage est trop violent. C'est un des gardes qui vient de me frapper... Et je n'ose même pas me rebeller. Cela fait 4 ans que je me drogue, 24H que je n'ai touché aucune substance. Mon corps en a besoin, il me le fait sentir de la pire des manières qui puisse exister.

Le précieux billet dans la main elle attend l'heure de son vol. Elle a besoin du dernière dose, le manque lui ronge les nerfs, le cerveau, les poumons, le cœur, tout le corps sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle ne pense qu'à sa dernière dose. Dans son unique sac de voyage elle à tout ce qu'il lui faut. Elle n'a pas emporter grand chose juste quelque affaire, une photo de famille, un livre de Dan Brown. Avant de partir elle a prit une douche, comme si l'eau allait laver ses péchés. C'est absurde certes, mais ça lui a fait du bien. Et au fond c'est tout ce qui compte. Elle court vers les toilettes les plus proches, elle s'enferme dans une cabine et sort une seringue, une aiguille, une cuillère qu'elle tord pour l'occasion et un petit sachet de poudre blanche. Il lui en reste assez pour une dernière dose. Le sevrage ? Elle n'y pense pas maintenant car elle sait qu'il sera dur et surtout violent. Alors elle sort également une petit bouteille d'eau qu'elle a acheté avant de venir. Elle verse un peu d'eau dans la cuillère et vide le sachet dans le liquide. Elle sait comme faire elle à l'habitude. Avec son doigt elle mélange l'étrange mixture qui devient trouble. Maintenant elle sort son briquet et allume la flamme sous la cuillère. Le mélange met quelque seconde à chauffer et les cristaux blanc de drogue fondent sous la chaleur. Elle prend son temps, elle va déguster cette dernière injection même si au fond elle se déteste. Enfin son injection est prête, elle remplit sa seringue et se pique. Elle ne sent pas la douleur de la piqûre, ça fait des années qu'elle ne la sent plus. Le bien-être l'envahit presque instantanément, une sensation de chaleur également. Maintenant elle peut partir elle s'en sent le courage. Elle quitte le monde de la prostitution, son maquereau va sans doute la chercher mais elle sera loin. Et si cette injection était la dernière ? Peut-être allait elle faire une overdose là maintenant. Possible... Elle n'avait plus peur. La mort était son quotidien. Combien d'amis avait-elle vu mourir sous la drogue ? Beaucoup trop quand on a 24 ans. Elle jette son matériel dans une poubelle, efface la fine gouttelette de sang qui coule de son bras et sort des toilettes. Elle s'arrange dans le miroir. Son regard est vide, terne... Il est ainsi depuis 10 ans. C'est l'heure, elle doit prendre l'avion... Elle va partir. Alors elle quitte la pièce et part vers son destin. L'esprit embrouillé mais le sourire aux lèvres.

Je n'ose bouger, le moindre mouvement m'apporterait encore des coups. Ma lèvre saigne sous la gifle que l'homme m'a administré. J'essuie le sang sans trop trembler, j'ai peur oui, j'ai affreusement faim et pourtant la nausée me prend. L'héroïne à quitte mon corps, mon sevrage commence alors que je n'ai aucun médicament pour calmer le manque. Rien... Je vais devoir faire face seule. J'ai l'impression d'avoir soif, mais est-ce l'eau de mec qui brûle toujours mes poumons qui me donne cette impression ? Je ne saurais dire. Je ne sais qui est cet homme mais il à l'air important.

Eleazar S. Bridgestone. Monsieur le frère du roi. Je suis son esclave et il est un vampire. Combien de temps il me reste à vivre ? L'enfer je l'ai trouvé, et malheureusement je suis sous les ordres du diable en personne.