Encore une fois, tu te parais de tout ce que la nature ne t'avait pas donné. Tu passais des heures et des heures à embellir ton corps, à le changer. Ton imagination débordait, tu n'avais pas de limite. Tu t'inspirais des reptiles, des oiseaux et des félins, pour lesquels tu vouais une grande adoration. Asiatique, ta peau était sans défaut, tu étais imberbe. De petite stature, tu mesurais autant que ces femmes européennes, mais en rien cela ne diminuait tes charmes. Tu étais si étrange, maquillé de toutes ces façons... mais c'est ce qui faisait ton charme. Personne ne pouvait te résister, toi qui incarnais l'extravagance et le côté sauvage de l'animal et de l'homme.

« Tae, mon amour... ne me quitte jamais, tu m'entends ? » Cette phrase, tu t'en souviens ? C'est ce que le maître te disait à chaque nouvelle nuit qu'il passait à tes côtés, des nuits toujours plus nombreuses. Le temps avait fini par faire de toi un esclave serviable et obéissant. Tu étais là depuis déjà cinq années et tout désir de fuir ou de rejeter les ordres du maître t'avait abandonné. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, au début, mais les représailles furent si terribles, et tu mis un long, un si long moment à récupérer que tu n'as plus jamais retenté de te rebeller. Puis, ce n'était ce dont tu avais toujours rêvé ? D'être plus qu'un simple humain, parce que cette faible condition d'être de rien du tout te mettait en horreur. Tu étais maintenant au service d'un vampire, un être doté d'une éternelle jeunesse, d'une habilité et d'une rapidité hors du commun, de sens sur-développés, d'une beauté et d'une passion sans égales. Il t'avait même offert ce que peu d'humains ont eu la chance d'obtenir, un jour de leur misérable vie : être toi aussi un vampire. Seulement, il y avait un prix à payer, et pas des moindres. Il te fallait céder à toutes les directives du maître. C'était ta beauté et ton originalité qui avaient touché son cœur asséché. C'était pour cela qu'il avait fait de toi un incube. Il te demandait de ramener des humains et de jouer ensuite avec eux. Tu étais alors âgé d'une vingtaine d'années. Tu avais déjà eu des fantasmes, oui, et fait l'amour avec quelques filles. Mais, oh, ce que tu ignorais, c'est qu'en quelques centaines d'années d'existence, la perversité qui se cache dans nos cœurs grandit, grandit à un point tel que tu ne peux l'imaginer ni le comprendre, si tu n'es qu'un simple mortel. [la suite la semaine prochaine o/]